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16/09/2014

Effondrement ?

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Je reproduis ici l'essentiel d'un commentaire que j'avais récemment destiné à l'ami @Eisbär sur Fortune, complété par un autre à l'intention de @polomnic. L'ensemble résume ma position actuelle sur la question, archi-débattue dans les milieux, plus ou moins sérieux, qui espèrent un effondrement des économies occidentales. Celui-ci devant permettre, selon certains, une sortie du consumérisme et de la modernité, destructrice de tout un tas de choses auxquelles tiennent les fossiles comme nous (identités, valeurs morales, qualité culturelle et civilisationnelle, etc.).

L'intention est bonne, même si elle vire parfois à la croyance religieuse, mais outre le fait d'idéaliser voire de fantasmer les alternatives, probablement cette vision catastrophiste prend-elle le problème à l'envers. On ne démolit pas une maison en se contentant d'enlever la toiture. Les fondations de la modernité et du consumérisme sont en nous, pas dans un système extérieur. Nous en sommes tous responsables et tous coupables, nous sommes les briques de l'édifice et la démolition ne peut se faire qu'en nous. La véritable révolution, c'est nécessairement celle-là, d'abord et toujours.

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01/03/2014

Dominants, complotisme, mondialisme

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« (...) Qui sont "les dominants" ? A supposer qu’on puisse les désigner précisément, dans quelle mesure peut-on connaître leurs projets ? Et d’ailleurs, dans quelle mesure ont-ils des projets exactement déterminés ? Vaste débat…

Ce qui est clair, c’est que le système de contrôle déployé par les classes supérieures est aujourd’hui traversé par un certain nombre de leitmotivs qui tournent parfois à l’obsession : transparence, traçabilité, archivage-mémorisation systématique en temps réel. Au départ, ces techniques de gestion, qui sont désormais envisagées dans l’espace social, viennent souvent de l’industriel. Il est d’ailleurs fréquent que leur déploiement à des fins sécuritaires soit opéré dans la continuité d’un projet logistique.

Il est difficile de dire s’il s’agit d’un tropisme spontané produit par le système de management, ou s’il y a un projet délibéré global. Pour le dire autrement : est-ce l’esprit mécaniste qui surdétermine la conception que la classe dirigeante semble se faire du contrôle social, ou cette conception est-elle à l’origine du déploiement des projets de contrôle logistique, simple prétextes ? La question mérite d’être posée, parce que nous sommes en présence d’un système global qui autorise des gaspillages monstrueux, mais qui, par ailleurs, déploie fréquemment les systèmes de suivi industriels prétendument pour garantir le zéro gaspillage. Paradoxe qui doit nous mettre la puce à l’oreille.

(...) ce qu’est le complotisme.

Les défenseurs du concept ont tendance à le présenter comme "le fait d’admettre l’existence des complots". Ses adversaires ont plutôt tendance à le définir comme "le fait de voir des complots partout". D’où un débat sans intérêt entre gens qui ne parlent pas de la même chose.

Pour ma part, je définirais le complotisme comme un biais cognitif consistant à présupposer que derrière une évolution coordonnée sans structure de coordination visible, il y a nécessairement une structure de coordination invisible. C’est oublier que la coordination peut résulter d’un phénomène spontané, produit par les acteurs coordonnés au fur et à mesure que leurs trajets propres se croisent ou s’influencent mutuellement – phénomène qui a de fortes chances d’être observable dès lors que les acteurs partagent en outre un mode de pensée, ou plus simplement un ensemble de préoccupations.

Il existe d’ailleurs un biais inverse, qu’on pourrait nommer l’anticomplotisme, et qui consiste à présupposer que s’il n’y a pas de structure de coordination visible, c’est qu’il n’y en a pas du tout. Ce qui, là encore, est omettre une possibilité.

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02/02/2014

Quelle pérennité pour le système dissipatif ?

22/04/2012

Merci à l'ARSIN

 

Je reproduis ici le commentaire que j'ai rédigé sur le site de l'ARSIN (Association Républicaine pour le Socialisme et l'Indépendance Nationale), à l'occasion d'un billet publié par celle-ci hier, sous forme d'un tour d'horizon de ses partenaires, dont mon blog :

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Avant tout, le clivage droite-gauche me paraît obsolète, sauf dans le cadre imposé de la comédie électorale.

S'il faut absolument se situer dans une telle distinction, revenons à une classification historique et non propagandique.

A nouveau, comme avant l'affaire Dreyfus, ceux qui se veulent « de gauche » aujourd'hui, du PS jusqu'au NPA et à LO, n'ont en réalité rien à voir avec les Rouges, avec le mouvement ouvrier historique, auquel pourtant ils ne cessent de se référer mensongèrement en parlant à tort et à travers de « travailleurs », sans jamais distinguer, notamment, travail productif et rente sociale.

Jean-Claude Michéa, en plus de décrypter cette évolution, a plus ou moins fait justice de la classification trop conformiste des droites par René Rémond.

A partir de, disons, 1791, sont schématiquement en présence les Blancs, les Bleus et les Rouges (rien à voir avec les couleurs de notre drapeau national).

Contrairement à un réflexe mental courant, dûment conditionné, les ancêtres de la droite et de la gauche actuelles et, avec elles, de l' « extrême droite » et de l' « extrême gauche », se trouvent essentiellement parmi les Bleus (petit rappel, l'Assemblée législative de 1791 et les Conventions postérieures ont été élues avec une très faible participation populaire, d'abord au suffrage censitaire puis au suffrage universel masculin, et les Blancs et les Rouges n'ont pas été représentés en leur sein, dans la mesure où la Révolution française a été d'essence bourgeoise et libérale).

La pseudo-droite des Blancs et la pseudo-gauche des Rouges, avec lesquelles on nous bassine pour effrayer les foules avec des épouvantails « fascistes » et « soviétiques » (alors que non seulement elles ne sont pas à l'origine des dictatures du XXe siècle, mais qu'elles ont par ailleurs quasiment disparu du champ politique, voire idéologique), n'ont en fait rien à voir avec la droite et la gauche, ni avec l' « extrême droite » et l' « extrême gauche » des Bleus.

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05/11/2011

La loi du 3 janvier 1973 : l'arbre qui cache la forêt

Notre ministère des finances, aussi laid qu'une banque

 

Lassitude : c'est le premier mot qui m'est venu à l'esprit en lisant le sujet du jour sur Fortune.

Il n'est pas question, en ce qui me concerne, de dénier au sympathique @Borowic ou à @JoeLeTaxi, autre courtois et espiègle commentateur sur cet excellent site, tous deux manifestement spécialistes de la finance, la sincérité et la bonne foi de leurs analyses.

Mais le sujet de la loi de 1973 et de ses successeurs européistes est d'un ennui mortel si on l'aborde sous l'angle exclusivement comptable, ce qui n'est heureusement pas (entièrement) le cas de l'intéressant article de @Borowic.

Au-delà de cette lassitude, à mes yeux, la comptabilité, c'est juste une technique qui permet de présenter sous forme de chiffres une réalité complexe ; en l'occurrence, la réalité des comptes publics depuis 40 ans et, dans la mesure du possible, celle de l'intervention de la finance privée dans ces comptes.

Pour autant, est-ce que la comptabilité explique vraiment cette réalité complexe ? Je ne le pense pas.

Il suffit de sortir du cadre comptable, de se pencher un peu sur les motivations idéologiques et politiques, sur la nature de l'argent-dette telle que nous le connaissons, sur le lobbying financier (affirmer, comme certains le font, que Pompidou, grand ami d'André Bettencourt, serviteur zélé de la grande bourgeoisie d’affaires et ex-directeur de la Banque Rothschild, n'avait en tête que l'intérêt de la France, me paraît tout de même un peu naïf), sur les contraintes extérieures et les systèmes de transfert de richesses, sur le clientélisme électoral, sur les causes de l'immigration et des délocalisations, sur la nature humaine enfin, pour comprendre que l'abord comptable ne suffit pas et même, qu'il n'est certainement pas la clé de décodage déterminante qui permettrait de répondre à toutes les questions posées par ce qu'il faut bien appeler la ruine de la France.

Pour expliquer 40 ans de dérive budgétaire française, les spécialistes de la finance prétendent à une explication qu'il n'est tout simplement pas en leur pouvoir de donner, parce que la réalité est trop complexe pour pouvoir être circonscrite à de simples données comptables.

L'argument d'autorité du technicien n'en est un que dans son domaine restreint. Et encore.

Nous vivons, néanmoins, dans une société techniciste, technologiste, dans la société de l'expertise, dans ce qui est une altération, au plan de la perception collective (ce que Michel Drac, après Howard Bloom, appelle le « cerveau global »), de tout ce qui fait sens, au profit de groupes d'influence réputés détenir, de par leur expertise technique, une vérité supérieure.

Par exemple, notre ministre de la santé est systématiquement un médecin ou un pharmacien, comme si la perception collective de la santé devait, et pouvait légitimement, être représentée par un seul de ses acteurs (financièrement intéressé) et que tous les autres ne pouvaient et ne devaient que s'y soumettre.

Cette domination des spécialistes a-t-elle des effets bénéfiques ? Bien au contraire, il est aisé de constater que les intérêts du lobby médico-pharmaco-chimique ont largement pris le pas sur l'amélioration de la santé collective. Preuves innombrables à votre disposition, malgré les discours contraires des « spécialistes »...

Idem, dans le domaine agricole et alimentaire, dans celui de l'énergie, dans celui de l'éducation, dans celui de la culture, dans celui de la politique (les « politiciens professionnels »), etc. Dans tous les domaines, en fait.

Pour en revenir au domaine financier... ah oui, tiens. Pourquoi ce domaine-là devrait-il échapper à la règle générale qui veut que les techniciens, les spécialistes, les experts, font toujours pire pour la collectivité, que ne le feraient, peut-être, de simples représentants de cette collectivité, dotés d'une vision plus large et, surtout, désintéressés (ce qui me paraît être le problème central de l'Occident matérialiste et consumériste) ?

A noter quand même, exception qui confirme la règle, qu'en tant que ministres des finances, nous n'avons, en général, depuis quelques temps, que des non-spécialistes, souvent avocats, comme l'inénarrable Christine Lagarde ou François Baroin. Ces histrions ne comprennent évidemment pas grand-chose aux subtilités techniques, le ministère étant, en réalité, géré par des hauts fonctionnaires qui, eux, sont tous plus experts les uns que les autres.

Vous me direz, ça évite peut-être que le ministre ne meure d'une crise cardiaque en mesurant l'ampleur de la catastrophe, comme François Fillon, pourtant seulement juriste de formation lui aussi, a failli le faire en 2007.



Mettons que je n'ai rien dit.

Mettons qu'en ma qualité de pauvre béotien, ignorant comme tout un chacun des arcanes de la finance et de leur insondable subtilité, disqualifié de naissance pour en parler puisque tout cela est tellement complexe que mon petit cerveau non préalablement spécialisé dans une école ad hoc ne saurait le décrypter, je me désintéresse des causes techniques des déficits abyssaux de la France et de sa dette colossale, comme des moyens techniques d'y remédier.

Tout de même, je peux voir que chaque année, le déficit s'alourdit de 45 milliards d'euros, uniquement constitués des intérêts de la dette, à payer aux banques privées qui seules, ont le droit de prêter de l'argent à la France pour qu'elle continue de s'enfoncer dans l'insolvabilité et la ruine.

Merde, quand même, que je me dis dans mon petit cerveau pas expert, ces spécialistes de la finance, quels génies !

Ils ont trouvé le moyen d'aider la collectivité en lui prêtant de l'argent (bah oui, s'ils arrêtaient, on serait mal, dis donc), ce qui l'endette de plus en plus, et, en même temps, ils s'en mettent plein les poches avec des intérêts qui paient... quoi, d'ailleurs ?

Ah oui, tenez, tant qu'à être ignorant et bête, je me pose une autre question : quels sont donc ce travail, cette plus-value, cette peine probablement infinie que se donnent les banquiers, pour que nous les payions annuellement 45 milliards d'euros (l'équivalent du produit de l'impôt sur le revenu, tout de même) ?

Ils doivent en avoir, du mérite, les banquiers, pour que nous leur achetions si cher le droit de nous endetter toujours plus ! Non ?

Eh bien, figurez-vous qu'ils en ont, du mérite. Si, si.

Ils achètent des emprunts d'Etat avec leur argent-dette créé ailleurs (comment l'ont-ils gagné, on se le demande, ils ne créent tout de même pas de l'argent à partir de rien, si ?) et inscrivent, dans une colonne de leurs livres comptables, les intérêts correspondants : à eux tous, 45 milliards. Comment est-ce possible ? Ah ça ! C'est de la magie.

Vous et moi, nous n'avons quasiment pas la possibilité de faire cela. Eux, si. Ce qui prouve qu'ils ont forcément un grand mérite, parce que pour avoir ce droit, ils ont forcément dû faire quelque chose d'extraordinaire.

Non, parce que quand même, dans une société correctement organisée, morale et tout et tout, quand quelqu'un bénéficie du droit de toucher 45 milliards par an en contrepartie d'un clic sur un clavier d'ordinateur, c'est qu'il a dû, au moins, rendre des signalés services à la collectivité, sauver la patrie plusieurs fois, sacrifier sa famille, se sacrifier lui-même... et encore, pas qu'une fois.

N'étant qu'un béotien, je ne peux vous en dire plus et laisse donc aux spécialistes le soin de vous expliquer tout ça (bon courage, ce charabia pseudo-scientifique est rigoureusement imbitable).

M'est avis, si je les en crois, que l'argent doit être une chose trop complexe et trop dangereuse pour être laissée aux citoyens et à leurs représentants, à une banque centrale, etc.

D'ailleurs, dans l'intérêt de ceux-ci, ne devrait-on pas le leur enlever complètement ?

Mais on me souffle que c'est ce qui est en train de se passer.


Allez, je reviens d'Ecosse. Redevenons sérieux cinq minutes.

En comptabilité pure, il est vrai qu'on peut se demander, compte tenu des gaspillages de nos gouvernements depuis 40 ans, si la loi de 1973 et ses successeurs nous sont réellement revenus plus cher que ce que nous aurait coûté, en inflation, le financement des déficits principalement par une banque centrale restée souveraine.

Par ailleurs, en ce qui concerne l'inflation, la loi de 1973 devait soi-disant nous protéger : échec. Idem, d'ailleurs, en ce qui concerne sa prétention à dissuader l'Etat d'emprunter à tout va : échec.

@Borowic a le mérite de nous expliquer que la vraie cause en est « la dérégulation financière du milieu des années 80 (...) la création d’un marché à terme de la dette de l’État et l’abandon des emprunts individualisés remplacés par des souches périodiquement abondées (...) Car pour la première fois le négoce de la dette publique va devenir pour les banques une source de profits réguliers. Pour l’État qui ne demandait pas mieux c’est l’assurance de pouvoir émettre du papier à volonté. »

Admettons. D'autant plus volontiers que cette « dérégulation » (déréglementation me paraîtrait un terme plus approprié, mais passons) a des effets négatifs bien connus dans d'autres domaines (je pense notamment à la séparation des activités bancaires et au processus, débuté dans les années 80, ayant abouti à l'abrogation du Glass-Steagall Act en 1999). Mais si la loi de 1973 n'avait pas existé, la « dérégulation » ultérieure n'aurait pas pu avoir les effets décrits, sauf à comporter elle-même une telle loi.

Quoi qu'il en soit, ce qui est sûr, en premier lieu, c'est que si les avances au Trésor Public par la Banque de France n'avaient pas été interdites en 1973, la « dette » ainsi créée se serait (éventuellement, ce n'est pas si sûr) traduite par de l’inflation, due à l’augmentation de la masse monétaire consécutive à ces avances, et non par des intérêts annuels versés à la finance privée majoritairement étrangère.

Résultat : aucun endettement durable ni aucune dépendance vis-à-vis de l’étranger et, en plus (éventuellement, toujours), une inflation décourageant la rente et correspondant à une dévaluation susceptible de rendre les entreprises françaises plus compétitives.

Après, la question est bien sûr de savoir quelles auraient été les politiques des gouvernements successifs au regard de l’éventuelle inflation, en fonction de son ampleur et de ses conséquences.

Ce qui est sûr, en second lieu, c'est que vouloir exonérer Giscard de sa participation à la création de la dette publique française serait aussi ridicule que de prétendre que le coût du transfert, qu’il a organisé sous Pompidou, du financement de cette dette aux marchés financiers, se serait simplement substitué à l’inflation générée antérieurement par les avances de la Banque de France au Trésor.

La vérité, c’est que les emprunts aux banques privées, rendus incontournables par la loi du 3 janvier 1973, sont responsables de la moitié au moins de l’endettement actuel du pays, en vertu, notamment, de ce qu'on appelle l'anatocisme.

Simplement, quand ledit Giscard s’est fait éjecter en 1981, la mécanique exponentielle de la charge des intérêts de la dette ne s’était pas encore réellement mise en branle.

Outre les aggravations systémiques des années 80, évoquées par @Borowic, il y a nécessairement un décalage temporel entre la mise en place du système et le moment où la croissance de la dette commence à faire naître des intérêts annuels plus importants.

C’est pourquoi, en 1981, la dette publique (officielle) ne s’élevait encore « qu’à » 110 milliards d’euros.

D’ailleurs, il est tout de même à noter que l’accroissement de la dette a été tout à fait régulier DEPUIS LE DEPART.

Et cela s’explique, non seulement par la quasi-homogénéité des politiques publiques suivies depuis lors (notamment, en ce qui concerne le libre-échange et l’immigration), mais aussi par l’obligation croissante, pour l’Etat, de recourir à des emprunts à plus long terme pour financer la dette, générant ainsi des intérêts de plus en plus lourds.

Sans parler, d’ailleurs, de la création monétaire délirante imputable aux banques privées, principale cause, en réalité, de la crise et dont les effets sont toujours négligés quand on parle de dette publique.

Il n’est pas du tout certain, enfin, que la gauche aurait fait pire que la droite, tout autant responsable de l’augmentation de la dette publique depuis 1973.

Il faut bien voir que la croissance de la charge de la dette est une mécanique inexorable : « La charge des intérêts de la dette, c’est-à-dire le paiement annuel des échéances des emprunts souscrits, devrait "augmenter en valeur de plus de 9% par an en moyenne, soit cinq fois plus que l’inflation", souligne ce document. Elle devrait ainsi passer de 42,45 milliards d’euros en 2010 à 55,19 milliards en 2013.  »

Le graphique d’évolution de la charge totale de la dette publique dans son entier est difficile à trouver, comme a pu le constater A. J. Holbecq ; parce qu’il est, à mon avis, défavorable tant au libéralisme financier cher aux banquiers, qui se gavent de ces intérêts d’emprunts que nous nous passions de leur verser aussi systématiquement avant 1973, qu’aux « entrepreneurs politiques », comme les appelle Jean-Claude Werrebrouck, qui sont responsables de la gabegie des dépenses publiques.

Voilà ce graphique, qui, il faut le reconnaître, est assez impressionnant (voir les pointillés en mauve) :

Je vous recommande également la lecture d'un excellent article de Michel Drac et notamment, des critiques qu’il comporte envers les positions de A. J. Holbecq, tant (mais de manière très relative) en ce qui concerne son évaluation des poids respectifs des intérêts cumulés et du déficit budgétaire, qu’en ce qui a trait, surtout, aux solutions proposées.


Bref, je pense que la dette publique française est au moins autant due au cumul des intérêts d’emprunts extorqués par les marchés financiers au moyen de la forfaiture de 1973, puis de la dérégulation ultérieure, qu’aux excès de nos gouvernements successifs.

Sur ce point, il y a quand même des paradoxes dans la situation financière actuelle, et la loi de 1973 n’est pas tout. Elle est même l'arbre qui cache la forêt, et c'est pourquoi sa dénonciation sert les intérêts de certains politiciens systémiques, de droâte comme de gôôche. Elle leur permet de passer sur tout le reste, qu'ils cautionnent largement.

S’il n’y avait pas eu, depuis 40 ans, d’immigration allogène, il n’y aurait pas non plus eu de dette publique, car le coût annuel de l’immigration est sensiblement le même que celui des intérêts de la dette (45 milliards d’Euros par an actuellement, moins par le passé). Sans parler des gaspillages électoralistes et clientélistes déjà évoqués.

C’est la combinaison de ces deux facteurs : politiques publiques ruineuses, loi de 1973 et ses successeurs, qui nous a conduits à la situation actuelle. Néanmoins, il faut souligner que les marchés financiers, comme les entreprises multinationales, sont largement à l’origine des politiques en question, et la boucle sera bouclée.

D'une certaine manière, concernant la loi de 1973, on pourrait donc presque dire merci à nos gouvernements immigrationnistes et gaspilleurs.

Sans eux, personne ne se serait sans doute jamais aperçu des effets de la loi de 1973 ni de ses successeurs, puisque la France n’aurait pas cumulé les déficits, n’aurait donc pas eu besoin d’emprunter à la finance privée ni, par conséquent, de lui verser des intérêts sur une dette qui aurait été inexistante.

C’est à se demander si l’un des buts de l’immigration et des gaspillages n’est pas précisément, en provoquant de l’endettement, de constituer une rente à la finance privée (je n’y crois guère, mais on peut toujours y réfléchir).


En tout cas, il ne sert plus à rien, concrètement, de discuter du point de savoir si, de 1973 à aujourd’hui, la dette publique a coûté plus cher que si le système antérieur avait été maintenu. Il est de fait, néanmoins, que la loi de 1973 et ses successeurs ont enrichi les banques privées, alors que le contribuable a, malgré tout, dû supporter une lourde inflation pendant une partie de la période : le bénéfice officiellement attendu n’a donc pas été vraiment au rendez-vous, sauf pour les banques.

Personne, à part ceux qui profitent d’une telle situation, ne veut d’un Etat lourdement endetté, ni de banques rentières.

En fait, si possible, personne ne veut de banques commerciales tout court. La solution alternative qui me paraît à creuser, c’est la monnaie franche (Silvio Gesell et ses continuateurs).

Politiquement, l’immense majorité des Français veut la démocratie (pas une partitocratie mais une démocratie plus directe) et la République (pas un retour à la monarchie ni une dictature déguisée comme celle que nous subissons), une France souveraine dans une Europe des nations et des peuples.

Cela pourrait s’envisager, au plan monétaire, avec, dans l’idéal, une monnaie commune convertible et des monnaies nationales inconvertibles (cf. ma discussion d’il y a quelques temps avec @JoeLeTaxi, à partir d’ici).

Il faut néanmoins franchir le cap de l’effondrement, en récupérant ce qui est valable, en éliminant les causes des échecs du système actuel et en ajoutant ce qui lui manque.

Une troisième voie économique me paraît s’imposer, entre socialisme et libéralisme.

Libre-échange interne aux nations et à l’Europe, bien sûr, mais pas total ; une réglementation confédérale devra préserver les intérêts des peuples et des Etats, notamment en protégeant les emplois du dumping salarial, les services publics et activités stratégiques de la concurrence du secteur privé.

Propriété privée, bien sûr. Il ne s’agit pas de verser dans une formule soviétique de la société. Néanmoins, pour décourager la thésaurisation excessive et surtout la rente, limitation quantitative et qualitative du droit de propriété et des salaires (avec un maximum « fordien » - seul élément un peu positif à retenir du fordisme), incitant à l’investissement productif plutôt qu’à la spéculation financière.

En ce qui concerne directement la gestion financière de l’Etat, je pense que des mesures incitatives fortes pourraient permettre de se dispenser d’un « pacte de stabilité » ou d’une « règle d’or » :

- interdiction des partis collectivistes comme des partis libéraux,

- législation anti-trusts (plus une entreprise est grosse, plus elle influe sur la vie publique),

- limitation de la rémunération des dirigeants politiques,

- interdiction du cumul des mandats,

- interdiction du financement des partis politiques autrement que par les cotisations de leurs membres et les subventions publiques,

- réforme fiscale pour davantage de proportionnalité,

- répression impitoyable et exemplaire de la concussion (peine capitale, sous l’Ancien Régime !) et de la corruption,

- etc.

Une foule de mesures peuvent être envisagées, pour tuer le clientélisme et décourager l’assistanat, sans négliger la solidarité (voire, en la renforçant par la réorientation de dépenses affectées à d’actuelles gabegies).

C’est vraiment d’une révolution dont nous avons besoin (si possible, sans violence, mais la violence est en réalité inhérente aux oligarchies actuelles, non à ceux qui souhaitent leur fin).

20/09/2011

Michel Drac : « Crise, le moment décisif approche »

 

 

Intervention de Michel Drac sur Le Libre Teamspeak, le 18 septembre 2011. N.B. : les 9 premières minutes présentent quelques coupures de son.

Merci à @Eisbär pour les liens, sur fortune.fdesouche.com.

Pour lire le texte de la conférence, cliquez ici.

30/08/2011

L'avenir de l'Euro : quelles perspectives concrètes ?

 Dionysos enfant chevauchant un tigre

(mosaïque d'El Djem, Tunisie, époque impériale romaine)

 

Après m'être heurté à une certaine incompréhension et avoir essuyé quelques insultes lors d'un récent débat sur un excellent blog consacré à la crise, je ne pouvais qu'avoir envie de compiler et compléter ici mes réflexions, plus générales que techniques (je laisse ce soin aux spécialistes, aux écrits desquels je renvoie), sur le sort de l'Euro, mauvaise monnaie unique mais possible bonne monnaie commune, dans un cadre non fédéral, si son évolution lui faisait prendre cette voie.

 

Il est désormais d'usage, au sein de la « droite nationale » paraît-il largement groupée derrière Marine Le Pen et le nouveau programme économique du Front National, de déduire des justes critiques faites à l'Euro, notamment par des économistes, hétérodoxes ou libéraux, comme Jacques Sapir, Alain Cotta, Jean-Claude Werrebrouck, Hervé Juvin, Gérard Lafay, Jean-Jacques Rosa, etc., la nécessité d'en finir avec la monnaie unique et de revenir aux monnaies nationales.

C'est même un leitmotiv chez beaucoup de patriotes qui, comme les Français en général, sont plutôt peu instruits en matière économique mais qui, de plus, sont nostalgiques du Franc et anti-européens, ce que les Français en général ne sont pas, ni au plan monétaire, ni au plan économique.

A noter, que l'anti-européanisme paraît souvent confondu avec l'anti-européisme. Pourtant, le fédéralisme européen des eurocrates de Bruxelles n'est pas la seule possibilité politique envisageable pour parvenir à une Europe-puissance, dont il est éminemment souhaitable que, contrairement à lui, elle préserve les souverainetés et les particularismes locaux et nationaux. Mais il est vrai que les tentacules technocratiques et non-démocratiques de l'Union Européenne peuvent avoir, intellectuellement, un effet hypnotique proportionné à l'ampleur de leurs ingérences inacceptables, dans des domaines de plus en plus étendus de la vie quotidienne...

Quoi qu'il en soit, il est impossible, ces temps-ci, d'échapper au constat, qui réjouit fort la « droite nationale », de l'essor, bien sûr imputable aux inquiétudes nées de la crise des dettes publiques, des idées anti-Euro dans les médias dominants : Le Parisien, Le Monde, Le Figaro, L'Express, Le Nouvel Obs, Les Echos, Libération, La Tribune, etc., se sont tous plus ou moins fait l'écho de cette nouveauté, donnant souvent la parole aux contestataires confidentiels d'hier, presque devenus des augures admirés aujourd'hui.

Loin de s'étonner de ce curieux retournement de tendance médiatique, en général la « droite nationale » se contente de l'explication simple du révélateur que constitue la crise. Pourtant, que les médias qui, hier, ne juraient que par la monnaie unique et le constructivisme européiste, appellent presque, aujourd'hui, au souverainisme, a de quoi intriguer.

Intriguer, si on oublie à qui ils appartiennent.

Un exemple parmi d'autres : dans Le Monde, Gérard Lafay, professeur d'université dont je ne conteste en rien la pertinence des critiques envers l'Euro depuis toujours, appelle une fois encore à revenir au Franc. Banal, me direz-vous, puisqu'il l'a souvent fait par le passé. Certes. Sauf que, cette fois, il a associé sa plume à celle de Philippe Villin, un personnage libéral-libertaire clairement lié au monde de la finance, qui a déjà sévi, dans la même veine, avec un autre économiste libéral, Jean-Jacques Rosa, précité, mais plus discrètement (les trois compères unissent maintenant leurs efforts).

Que de pareilles gens et leur chef de file, le prophète Pascal Salin, veuillent la fin du fédéralisme européen et de la monnaie unique dont la plupart des libéraux sont, quoi qu'en disent ces hérétiques minoritaires, les plus fervents supporters, pour revenir à une organisation politique et monétaire nationale (qui, a priori, les arrange moins puisqu'elle ne facilite pas le libre-échange auquel ils tiennent tant), cela s'explique, sans doute, par la vision juste des méfaits de l'Euro, à laquelle d'autres s'associent sans pour autant partager leur idéologie. Pour l'anecdote, « Trois profs et un banquier », ça ferait un bon titre de comédie, vous ne trouvez pas (eh oui, Pascal Salin, Gérard Lafay et Jean-Jacques Rosa sont fonctionnaires de l'Education Nationale, comme beaucoup de libéraux, on se demande pourquoi...) ?

Ce qui est étrange n'est pas qu'ils s'expriment de la sorte, c'est qu'ils soient entendus maintenant, au seul prétexte de la crise des dettes publiques. Ce serait un motif suffisant, car raisonnable, si nous n'étions pas soumis à un système médiatique aux mains du capital ; mais, comme le robinet à paroles ne s'ouvre que quand de grandes mains argentées le tournent, je peine à croire à une explication aussi simple que celle qui consisterait en une soudaine compréhension, par les oligarchies financières, d'une impasse, potentiellement ruineuse pour eux, de la monnaie unique. La fortune est voyageuse et n'a nul besoin de s'attacher à une monnaie en particulier.

Encore plus étonnant, même si les motifs affichés ne sont pas les mêmes (à Londres, alors que le Royaume-Uni n'a jamais voulu entrer dans la zone Euro, on défend le fédéralisme et la marche en avant vers l'intégration européenne, vers la gouvernance économique commune !),  les médias anglo-saxons se sont également mis à prôner la rupture, comme le Times, qui conseille, sans rire, à la France de Sarkozy de virer l'Allemagne de Merkel (enfin, de l'inciter à partir d'elle-même, puisque la virer est juridiquement impossible), pour lui apprendre à vivre de n'être pas assez solidaire des dettes des autres. Il est vrai qu'elle n'a pas été très altruiste dans d'autres domaines non plus...

 

Néanmoins, prenons un peu de recul. L'économie, la finance, ce ne sont que des moyens, qui en principe devraient être soumis au politique.

Or, l’avenir est à la coopération franco-allemande (bientôt, nos cousins germains ne pourront se passer de notre agriculture et nous, de leur industrie, etc.) et, par la suite, à l’axe Paris-Berlin-Moscou, indispensable à notre survie dans un monde de blocs géopolitiques régionaux.

Critiquer les méfaits de l’Euro tel qu’il est ne peut suffire. Il faut proposer des remèdes qui tiennent la route et qui, politiquement, ne livrent pas pieds et poings liés une Europe éclatée à la merci de la haute finance anglo-saxonne, de manière pire encore qu’aujourd’hui.

En la matière, le souverainisme au petit pied (c’est-à-dire nationaliste seulement) ne peut suffire.

C’est le piège dans lequel l’anglosphère voudrait que tombe l’Europe continentale de l’Ouest, et dans lequel tombent les nostalgiques sentimentaux du Franc et les démagogues politiques pseudo-dissidents (comme Dupont-Aignan et Asselineau, par exemple), sans parler de Marine Le Pen, dont le plan de sortie de l'euro a été critiqué par Jacques Sapir qui, pourtant, est lui-même favorable à une telle issue.

Quand notre ennemi propose de maintenir un système qui devrait être réformé en profondeur, tout en appelant à la division entre les partenaires naturels que sont la France et l’Allemagne, qu’est-ce que cela veut dire ?

Ne serions-nous pas plus profitables à cet ennemi si nous acceptions tous, Français et Allemands, de continuer à jouer le jeu de l’instrument de servage ? Pourquoi, au contraire, l’ennemi veut-il nous dissuader de poursuivre dans cette voie et nous inciter, sous la houlette de notre Prézydent néo-con, à rompre avec l’Allemagne ?

Bien sûr, le but de la propagande médiatique bien connue (cela fait au moins deux ans que cela dure, notamment de la part du Financial Times) est, comme d’habitude, de faire chuter les Bourses européennes au profit des spéculateurs anglo-saxons, d’affaiblir l’image de l’Europe pour attirer les investisseurs vers les TBonds US (s’il y a encore des gogos quelque part !), et de masquer la situation catastrophique de l’anglosphère derrière un rideau de fumée…

Mais sur le fond, à mon avis, il s'agit surtout de maintenir l’UE dans l’état d’impuissance et de tutelle dans laquelle elle se trouve, en partie à cause des manigances anglo-saxonnes depuis 60 ans mais surtout en raison des propres faiblesses des Européens. De nous inciter à mater l’Allemagne qui commence à se rebeller un peu (de plus en plus anti-fédéraliste) et sous l’impulsion de laquelle, justement, des réformes importantes pourraient s’amorcer.

Le souhait affiché de voir sauver l'Euro sous sa forme actuelle sous-entend, en réalité, de l’empêcher d’évoluer vers la forme plus solide qu’il pourrait prendre si l’Allemagne en restait le moteur, tout en acceptant sa réforme (dans l'immédiat, avec la BCE devenant prêteur en dernier ressort, des défauts partiels sur les dettes, éventuellement une hiérarchisation de celles-ci selon l’idée de Jacques Delpla, des Eurobons, etc.) en contrepartie de l’abandon du fédéralisme.

L'anglosphère veut juste affaiblir l’Euro – mais s'il coulait, elle n’en ferait pas une maladie (l’impuissance européenne n’a pas attendu l’Euro pour exister).

Laurent Ozon vient d’émettre l’idée que les anglo-saxons veulent instrumentaliser MLP et le FN contre l’Euro. Encore un élément qui tend à montrer que le souverainisme national pur et simple ne suffit pas, et que la sortie de l’Euro n’est pas la solution, puisque c’est ce que l’ennemi souhaite.

Pour certains, néanmoins, la solution, ce serait de tout faire sauter. Ils ne voient que l’état actuel de l’UE (et encore, avec un temps de retard sur l’évolution des opinions au sein des élites dirigeantes, quant à l’idéologie fédéraliste, de plus en plus moribonde) : cet état leur paraît, à juste titre, assez négatif, et donc ils veulent supprimer tout ce qui leur déplaît.

Or, il est manifeste que l’ennemi, lui, ne craint pas du tout une telle suppression. Il ne craint pas du tout ce qui pourrait en résulter : une Europe émiettée, une série de pays trop faibles pour peser en tant que bloc contre lui ; trop faibles, surtout, pour lui résister financièrement et économiquement.

Ce qu’il craint, c’est une évolution vers des réformes susceptibles de transformer l’Europe, à terme, en une réelle puissance, tant financière (réformes de la BCE et de l’Euro) qu’économique (protectionnisme européen, réindustrialisation et relocalisation) et politique (confédération plutôt que fédération, fin de la technocratie-bureaucratie, respect des souverainetés et des identités, démocratisation et populisme, fin du « multiculturalisme »).

 

Il est nécessaire de faire front contre l’anglosphère, éventuellement avec l’aide de la Chine qui a toujours soutenu l’Euro, mais surtout, en développant un certain degré de solidarité européenne.

En ce sens, de multiples économistes plus ou moins hétérodoxes, cités au début de ce billet, ont proposé des solutions pour améliorer l’Euro et en faire une véritable monnaie commune, profitant à l’ensemble de sa zone, au lieu d’une monnaie unique permettant des déflations compétitives pour les pays économiquement forts et des explosions d’endettement pour les pays économiquement faibles. Je renvoie à leurs écrits abondamment cités sur Fortune et ailleurs, et n’y reviens pas.

Le problème est que nos élites, actuellement empêtrées dans les freins bureaucratiques et l’impuissance politique dus à l’idéologie fédéraliste européenne impulsée depuis les années 1950, et par ailleurs soumises à la proximité consanguine et corruptrice de la finance et du grand capital, ont le plus grand mal à envisager autre chose que la fuite en avant dans la préservation de leurs intérêts « nationaux » mal compris.

Comme le dit Jean-Claude Werrebrouck, ces intérêts sont avant tout clientélistes : « (…) il est probable que la négociation portant sur le fédéralisme sera vite bloquée par la prise de conscience des entrepreneurs politiques, du risque de se trouver rapidement évincés par les populismes. Et comme il faudra – malgré tout – encore gagner du temps, il n’est pas impossible qu’un accord puisse être trouvé non plus sur l’impossible fédéralisme, mais sur la monétisation de la dette, ce qui suppose bien sûr la fin de l’indépendance de la banque centrale… et le début d’une nouvelle histoire monétaire… parallèle à une large modification des parts de marchés, ou/et des positionnements stratégiques, entre entreprises politiques européennes ».

Néanmoins, à la guerre comme à la guerre.

Pour le moment, nous sommes embarqués bon gré mal gré, politiquement, sur le frêle esquif Union Européenne, dont l’essentiel (la zone Euro) dépend, pour son cap et son pilotage, d’aussi piètres marins que Jose Manuel Barroso, Herman Van Rompuy et Jean-Claude Trichet.

Nous ne pouvons rien y faire (on a bien vu comment le « non » français au référendum de 2005 a aussitôt été « corrigé », dès 2007, sous l’impulsion du simulateur de populisme Sarkozy…) ; rien d’autre que de travailler, de toutes les manières possibles, à faire monter ce populisme qui force déjà, de plus en plus nettement, les dirigeants européens à se détourner du fédéralisme et à aller vers un système alternatif, respectueux des pays et des identités… un système confédéral, par exemple ; en attendant que nos élites soient remplacées par d’autres plus capables.

Il faut faire avec ce que nous avons et essayer pragmatiquement, « politique d’abord », même au prix d’une folie financière momentanée, de l’infléchir dans notre sens, au lieu de vouloir couler toute solidarité européenne, vitale contre l’ennemi anglo-saxon, en fantasmant sur un retour au souverainisme prospère des Trente Glorieuses.

 

Dans l'immédiat, quelle est la situation, en ce qui concerne les deux grands acteurs de la zone Euro ?

Atlantiste, Sarkozy l'est sans doute ; mais Merkel (ancienne hiérarque communiste en RDA, même si elle n’était pas une fervente du régime) l'est beaucoup moins. Contre l’entrée de la Turquie dans l’UE, elle était aussi contre l’indépendance du Kosovo, a reconnu que le « Multikulti » est un échec, a été critiquée par Helmut Schmidt notamment à cause de sa volonté d’interdire la spéculation par la vente à découvert, etc. Pas vraiment un clone d’américain, quand même.

Et puis, il y a les contraintes économiques et énergétiques, qui rapprochent inexorablement l’Allemagne de la Russie.

Merkel, critiquée par son propre camp pour le sauvetage de la zone Euro, sait très bien que la monnaie unique rapporte pourtant plus à l’Allemagne qu’il ne lui coûte (certes, pas en termes de simples subventions), malgré toutes les récriminations allemandes, dont les siennes propres, car ce qui compte avant tout pour l’Allemagne, ce sont ses exportations, menacées par la récession.

Or, la dévaluation compétitive apportée aux Allemands par leur politique unilatérale de déflation salariale, favorise ces exportations. Sans parler de l’exposition maximale des banques allemandes à la Grèce et aux « PIGS » en général. Bref, l’Allemagne a intérêt à rester dans l’Euro et elle le sait pertinemment.

Mais elle a aussi intérêt, à mon avis, à des réformes de l’Euro, qui lui permettraient de mieux accepter de jouer le jeu de la solidarité européenne. J’ai déjà parlé de cela, notamment en donnant cet autre lien, fort intéressant me semble-t-il.

Les Allemands sont des pragmatiques (« Realpolitik » est d’ailleurs un mot allemand).

Au sujet de la stratégie de l'anglosphère, Michel Drac a écrit : « Brzezinski souhaite dans une certaine mesure le développement des liens germano-russes, mais seulement si l’Allemagne est, via l’Union Européenne codirigée avec une France capable de maintenir une forme de parité, ancrée dans un monde atlantique lui-même sous leadership américain. Brzezinski parle, pour décrire l’Europe qu’il souhaite, de "tête de pont de la démocratie" (en clair : de l’Amérique). Et donc, une situation, où la France serait trop faible pour maintenir cette parité, modifierait fondamentalement l’attitude des USA à l’égard de la question germano-russe – surtout si, dans le même temps, l’Amérique est si affaiblie qu’elle n’a plus les moyens de faire clairement percevoir son leadership global.

Nous avons confirmation de cette lecture plus loin : "A long terme, la France est un partenaire indispensable pour arrimer définitivement l’Allemagne à l’Europe. […] Voilà pourquoi, encore, l’Amérique ne saurait choisir entre la France et l’Allemagne".

En clair : aussi longtemps que l’Europe s’unifie sous la tutelle américaine, l’Allemagne doit être poussée à étendre sa zone d’influence vers l’est. Mais si ce nouveau Drang nach Osten devait déboucher sur la définition d’un axe Berlin-Moscou émancipé de la tutelle US, alors il faudrait que les USA donnent les moyens à la France de rééquilibrer l’Europe. Ce point est, évidemment, pour nous, Français, d’une grande importance. Nous allons peut-être avoir, enfin, la possibilité de desserrer l’étau de l’alliance germano-américaine ».

Si nous en sommes, désormais, à lire dans le Times de Londres, en substance : « puisque l’Allemagne ne veut pas payer davantage pour le fédéralisme européen (d’impulsion atlantiste), la France n’a qu’à la punir en faisant sa propre UE, ce qui poussera l’Allemagne à (je cite) revenir en rampant, la queue entre les jambes », c’est que l’Allemagne bloque le fédéralisme français (sarkozyste atlantiste) et que l’anglosphère en est réduite, parce que c’est un signe de sa faiblesse et de son impuissance à forcer l’UE à devenir fédérale, à ce plan de secours.

« Revenir en rampant, la queue entre les jambes » : incroyables expressions, pleines de mépris et de haine, vous ne trouvez pas ? Ils l’ont mauvaise contre l’Allemagne, les Ricains et les Godons…

A mon sens, cet article du Times est un signe encourageant de ce qu’avec la progression de la crise (la crise en général, parce qu’on nous parle toujours des dettes publiques, mais en réalité les vrais problèmes ne sont pas là, ils sont dans la crise de l’économie réelle, dans le basculement Occident/Orient du fait du libre-échangisme mondialisé et de la désindustrialisation occidentale, dans l’autodestruction du « Système » par pléthore et par abus de financiarisation, avec des dettes privées qui sont bien supérieures aux dettes publiques…) ; un signe encourageant de ce qu’avec la progression de la crise, dis-je, l’anglosphère perd de son influence, à mesure que chacun cherche, au plan national, des solutions pour se sauver sans que l’idéologie entre encore autant en ligne de compte qu’auparavant.

Les élections de 2012 seront très importantes, en France comme aux Etats-Unis. Celles de 2013 ne le seront pas moins, en Allemagne. Montée du populisme, influence sur les élites installées qu’elles le veuillent ou non (clientélisme électoral)…

Qui sait ce qui peut se passer d’ici-là, mais une chose me paraît sure : ce n’est pas avec la Finlande, les Pays-Bas et l’Autriche (30 pauvres millions d’habitants au total) que l’Allemagne pourrait, en faisant sécession, sauver ses exportations, déjà que celles-ci ne cessent de chuter quand elles sont à destination des Etats-Unis.

Des gens aussi avisés que Merkel à la CDU-CSU et Steinbrück au SPD, le savent pertinemment et ce ne sont pas les déclarations tonitruantes du politiquement insignifiant Christian Wulff, par ailleurs sous le coup d’une enquête pour abus de biens sociaux, qui y changeront quelque chose, même si le contexte lui paraît favorable dans l’immédiat (à noter que Merkel en avait fait son candidat au poste de président – c’est dire le peu de fidélité de cet opportuniste).

Par ailleurs, l’UE, ni la zone Euro, ne peuvent expulser aucun pays. Donc, il faudrait, pour que la zone Euro « éclate » comme le claironnent désormais tous les médias mainstream, qu’un grand pays s’en retire. Mais lequel ?

La France de Sarkozy ? Certainement pas, ni Naboléon l’américain, ni François Hollande (désormais favori de la primaire socialiste comme de l’élection de 2012), ni aucun autre atlanto-propulsé de la classe des fossiles, ne prendront jamais le contrepied de Jean Monnet, de Robert Schuman, de Pierre Mendès France et tutti quanti. Et MLP ne gagnera pas en 2012.

L’Allemagne de Merkel ? Je n’y crois pas du tout, notamment en raison du poids du patronat, dont Michel Drac souligne l'importance. Le patronat industriel allemand, conquérant mais qui ne peut se passer de l'Euro (c'est-à-dire de l'Euro fort, mais tout se négocie), est en train de prendre le dessus, politiquement, sur le patronat financier, englué jusqu’au cou dans la responsabilité de l’exposition [ce lien : voir pp 10 ss : « Les foyers de risque »…] aux dettes des PIGS et aux actifs toxiques datant des subprimes.

Un exemple ? Malgré son anti-fédéralisme, Hans-Peter Keitel, le président de l'Union fédérale de l'industrie allemande, a été invité par la CDU à prendre part à l'élection du président de la République fédérale allemande en 2010, ce qui est un honneur marqué, alors qu'Andreas Schmitz, son alter égo de l'Union des banques, qui en était absent, vient d'appeler Berlin, pour sauver l'Union monétaire, à « montrer le chemin » dans un sens fédéraliste certes plus classique, mais au rebours de la tendance politique de fond outre-Rhin.

Le patronat industriel allemand se prononce clairement pour l'Euro sous condition de rigueur budgétaire (le Pacte de compétivité, qui est bien sûr une erreur, puisque la rigueur peut tuer ses clients au sein de l'Union : il sera donc obligé de lâcher du lest ultérieurement, notamment quand les dirigeants politiques allemands négocieront avec la France, pénalisée, elle, par l'Euro fort - le FESF et le MES sont d'ailleurs déjà de premières concessions), mais il le fait dans cette optique anti-fédéraliste qui est intéressante. Le patronat bancaire, lui, reste sur une ligne certes également pro-Euro, mais politiquement dépassée, influente sans doute uniquement au plan financier (la fuite en avant dans la dette, inévitable, contre la fuite en avant dans la rigueur, intenable).

Alors qui, en définitive, pour se retirer de la zone Euro ? Personne.

Personne n’a intérêt à sortir de l’Euro, ou la volonté de le faire.

Alors quoi ?

 

La monétisation des dettes par la BCE, si combattue, tant par les fédéralistes européens (pour qui la BCE doit rester le petit toutou des politiciens, des financiers monétaristes comme Trichet ou Draghi, des idéologues de la sacralisation des dettes) que par les souverainistes et les nationalistes (au nom, plus légitimement, des défauts techniques criants de l’Euro et de l’UE, comme de la lutte contre la techno-bureaucratie de Bruxelles, tout sauf démocratique, et pour le retour au pré carré national), que par l’Allemagne (essentiellement pour d’autres raisons évoquées plus haut : le souhait de ne pas avoir à payer pour les autres), cette monétisation des dettes est pourtant probablement la seule solution à court terme.

Et je pense qu’on y viendra. En réalité, outre ce qu’on sait de ses achats de titres sur le marché secondaire, la BCE a déjà commencé, secrètement (et, nécessairement, avec l’accord de l’Eurosystème ; c’est-à-dire, malgré l’indépendance des banques centrales nationales sur le papier, avec l’accord des dirigeants politiques feignant de l’ignorer).

Et le FESF, puis le MES, continueront dans cette voie, et je pense qu’ils seront abondés autant que possible. Angela Merkel vient d’annuler un rendez-vous germano-russe pour cause de FESF, c’est dire si en réalité elle y tient. Et elle assure, selon moi de façon crédible, qu'elle parviendra, fin septembre, à faire voter l'accord de renforcement des pouvoirs de ce Fonds.

Jean-Claude Werrebrouck a déjà parlé de cette course au crédit, bien mieux que je ne saurais le faire.

Evidemment, tout cela est pitoyable, c’est une fuite en avant jusqu’aux prochaines élections pour maintenir l’illusion électoraliste que tout va encore à peu près bien.

La monnaie unique, avantageuse pour les pays économiquement forts, se révèle, comme certains l’avaient prévu bien avant même sa naissance, être le pire des carcans et des instruments d’appauvrissement, en l’absence de direction commune et de souplesse géographique dans son application.

Là encore, Jean-Claude Werrebrouck l’avait parfaitement expliqué.

Difficile de prévoir l’avenir de la fuite en avant.

Le fédéralisme idéologique paraît désormais en être exclu par le véto allemand, mais comme l’Euro est toujours voulu par les acteurs de sa zone, il va bien falloir pour le sauver, s’ils ne veulent pas se heurter tôt ou tard au mur de la dévaluation carabinée (qui peut néanmoins présenter quelques avantages commerciaux concurrenciels, mais truciderait les banques que tout le monde veut absolument sauver en priorité actuellement, et précipiterait la récession), qu’ils se résolvent à le réformer, lui et sa fameuse « gouvernance ».

Et, au fur et à mesure de la montée des populismes, peut-être verrons-nous des évolutions… souverainistes européennes, sans être fédérales, ni donc eurocratiques et antidémocratiques. J’ai déjà dit quelles formes elles pourraient prendre (transformation de l’Euro en monnaie commune, de la BCE en prêteur en dernier ressort, défauts partiels sur dettes hiérarchisées à la carte suivant l’idée de Jacques Delpla, eurobons assortis de garanties, contribution forcée de la finance…).

Cela suppose, bien sûr, des évolutions politiques importantes. Mais celles-ci ne se produisent-elles pas, en général, quand nécessité fait loi ?

Et comme toujours, Jean-Claude Werrebrouck est un guide précieux.

Quels que soient les moyens, il va bien falloir un jour sortir de l’impasse, ce qui suppose de transiter par des étapes imparfaites, voire apparemment contraires aux buts recherchés (qui sont, bien sûr : la mort de l’escroquerie bancaire, la restauration des souverainetés, la puissance européenne confédérale ou quelle que soit sa forme non-supranationale), quitte à ce que ces évolutions soient portées par des gens que nous exécrons et nous imposent provisoirement des épreuves supplémentaires.

N’oublions jamais que, pendant ce temps, notre pire ennemi agonise. La vengeance est un plat qui se mange froid. Quant à notre liberté, elle mérite bien que nous nous mettions, nous aussi, à la Realpolitik.

D’autant plus que nous sommes peu de choses, politiquement, sinon carrément rien ; nous ne sommes pas au pouvoir et sans doute pas près d’y accéder, en tout cas dans un contexte où l’argent ne fait pas défaut à la partitocratie et à ses commanditaires et clients pour en verrouiller les portes et stipendier leurs kapos.

Notre travail actuel, même si nous souhaitons ardemment ne pas être que des spectateurs de la folie financière en cours, ne peut porter que sur la compréhension de la situation et le militantisme populiste (et identitaire – pléonasme) à de multiples niveaux.

02/08/2011

« Le véritable enjeu de l’affaire Breivik »

Protagonistes du choc des civilisations

 

« Le véritable enjeu de l’affaire Breivik », c'est ainsi que Michel Drac appelle, sur le Scripto, la nécessité de combattre les amalgames et la désinformation qui font rage autour des idées « populistes » (comprenez : patriotes et identitaires) depuis les attentats d'Oslo.

La presse-Pravda veut absolument faire correspondre à un meurtrier de masse en puissance, tout ce qui, de près ou de loin, prône le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et le non-alignement sur le gloubi-boulga bien-pensant, « multiculturel » (comprenez : métissé, brésilianisé), « occidental »...

Cette ambiance de procès public, ça ne vous rappelle rien ?

Mais si, voyons. «Tu dévies, camarade, tu dévies... » Non, toujours pas ? Et une petite purge, peut-être ? Notre télévision soviétoïde en redemande. A ce rythme, bientôt, on viendra vous chercher au petit matin, vous embarquer entre deux impers couleur mastic, pour qu'un fonctionnaire gris muraille vous demande des comptes de votre prétendu soutien à « l'extrême droâââte » soi-disant assassine, avant de vous faire incarcérer, trucider même, au nom du vivre-ensemble et de la fraternité, je suppose. La Kolyma et Guantanamo réunies pour votre plus grande rééducation...

Bref, pour faire préventivement un nécessaire travail de contre-terrorisme intellectuel, Michel Drac nous appelle à se mettre « au boulot », eu égard à la psychologie des foules, à trouver « les mots », à dire « les catégories qui servent à énoncer » la vérité des faits ; pas tant ceux commis par l'autre cinglé dynamiteur et mitrailleur, qui sont connus même si on est en droit de se poser quelques questions quant à son éventuelle manipulation ; non, ceux, surtout, qui en dehors des crimes de Breivik, expliquent pourquoi la médiacratie en est là et pourquoi rien de ce qu'on nous raconte ne correspond à la réalité fondamentale de la situation.

Je suis généralement peu doué pour les jeux de société. Le Scrabble ou encore Des chiffres et des lettres figurent en bonne place parmi mes exemples de ce qui est fastidieux et rasoir.

Mais là, comme c'est Michel et que, surtout, j'ai depuis le début une idée claire de ce que l'affaire Breivik n'est pas, comme de ce que les Populistes sont (oui, je mets une majuscule à Populiste, maintenant, c'est ma façon de protester contre les falsifications officielles), je m'y suis collé.

A vous de me dire si j'ai bon, ou si j'ai complètement raté la cible (N.B. : le critique officieux des Editions Byzantines ayant, ailleurs, taxé mon texte d' « accumulation de poncifs récités avec lourdeur et de naïvetés adolescentes », je présente d'avance mes plus plates excuses aux amateurs de subtilités comploto-insaisissables).

Mieux, tentez vous-même l'exercice, et diffusez, diffusez, diffusez...

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Pour ce qui est de « dire quelque chose d’extérieur aux catégories imposées », l'objectif me paraît clairement de permettre à l'opinion de s'identifier à un tiers exclu (du genre : « les peuples sont toujours victimes de luttes qui ne les concernent pas, ou du moins ne leur profitent pas, et c'est injuste » - ce qui est vrai, tout simplement).

En ce sens, le premier axe de recherche thématique que je vois, c'est le DECALAGE entre les mobiles des crimes et les résultats de ceux-ci.

Il paraît assez évident qu'au contraire de l'électrochoc anti-islam que Breivik voulait incarner, le « Multikulti » sort médiatiquement renforcé de la tuerie, alors que « l'extrême droite » n'en retire aucun avantage : les médias mainstream sont déchaînés contre les « populistes » et la classe politique nie tout problème causé par l'immigration.

Or, face à la réalité de cette immigration et à la violence qu'elle engendre (viols, délinquance, mais aussi choc culturel), à qui profite le rideau de fumée Breivik ? A ceux qui ont intérêt à dissoudre les peuples dans un melting pot, à ceux qui s'asseyent sur la volonté du peuple norvégien comme ils se sont assis sur celle du peuple irakien et du peuple afghan, au prétexte de deux tours pulvérisées par des dingues comme Breivik ; à ceux qui s'asseyent maintenant sur la volonté du peuple libyen, au prétexte qu'il faudrait lui balancer de l'uranium appauvri pour lui apprendre la démocratie.

Donc, deuxième axe de recherche thématique, il faut dénoncer le MENSONGE de ceux qui cherchent à récupérer la folie de Breivik.

Mensonge politique, d'abord, parce que Breivik n'est pas issu d'un quelconque parti politique dit « d'extrême droite », mais qu'il reprend au contraire à son compte, largement, le discours suprémaciste et anti-islamique occidental (le « choc des civilisations »), incarné en Occident par les USA et Israël.

Mensonge sociétal, ensuite, dans la mesure où les identités et la dignité humaine n'ont rien à voir avec l'opposition entre cet « Occident » et un prétendu « Axe du Mal » ; où l'autodétermination des peuples est niée en filigrane, sous le paravent de l'antiracisme et du vivre-ensemble, prélude à une violence qui se veut toujours mobilisatrice.

D'où, enfin - troisième axe de recherche thématique -, la possibilité de pointer du doigt les VOLEURS, les auteurs du DÉTOURNEMENT : politiciens, médias, lobbyistes de tout poil.

Voleurs, parce que non seulement ils font tout pour dérober aux peuples leur identité (notamment, en Europe, en dissolvant les autochtones dans une immigration de masse ; mais aussi, ailleurs, par l'occidentalisation économico-culturelle), mais qu'en plus, ils instrumentalisent des affirmations non-représentatives, caricaturales, de cette identité, comme censées incarner par amalgame toute rébellion, ainsi diabolisée d'avance.

Détournement, dans la mesure où une telle façon de procéder est une falsification de la réalité, la récupération de la légitime aspiration des peuples à disposer d'eux-mêmes, afin d'en faire un épouvantail destiné à être retourné contre eux... Afin de retourner les peuples contre eux-mêmes et de les diviser, au profit d'un Occident indifférencié, Axe du Bien conçu comme seule unité de mesure morale et politique, devant recueillir l'ensemble des contributions obligatoires de qui n'est pas un traître.

Le tout, pour le plus grand profit d'une caste de riches transnationaux, intéressés à sous-payer la main-d'oeuvre et à trouver en tous lieux une clientèle docile, déculturée et uniformisée.

DECALAGE, MENSONGE, VOLEURS, DETOURNEMENT, voilà qui me paraît résumer assez bien l'affaire Breivik, en quelques mots simples.

Et comme dit Malika Sorel, au sujet de l'immigration : « La question qui se pose à présent est de savoir comment la société norvégienne va réagir à la tragédie qui vient de se dérouler. Va-t-elle accepter de regarder la réalité en face ou va-t-elle, bien au contraire, saisir le prétexte de ce drame effroyable pour s’enfoncer encore un peu plus la tête dans le sable ? »

05/05/2011

Quel mot se rapproche de « racine » ?

Un indice .

Des explications ici :


Et il y a un livre à lire.

15/04/2011

Fuite en avant

 

"En 2008, les USA et l’Europe se sont offert un répit en sauvant leur système bancaire par les comptes publics. Mais l’Etat salvateur est lui-même totalement démuni. A court terme, la faillite de certains Etats occidentaux devra forcément être constatée, d’une manière ou d’une autre. Va-t-on sauver l’Etat par la Banque, après que la Banque a été sauvée par l’Etat ? Si oui, cela passera par les super-souverains, FMI, BCE. Et après ? Et après, rien. On n’aura fait que reculer pour mieux sauter.

Dans notre situation et à l'intérieur du cadre imposé par la haute finance actuellement au pouvoir, dans l'Etat profond, aux USA et en Europe, il n’y a que trois solutions : admettre qu’on ne peut pas rembourser les dettes, ce qui implique la déflation, puisque les faillites détruisent des revenus ; faire semblant de rembourser en imprimant de la monnaie à tour de bras, ce qui finit toujours par provoquer une inflation, par exemple via les prix des matières premières ou des denrées alimentaires ; ou bien gérer au fil des évènements, une politique de stop and go, pour fabriquer autant que possible une stagflation ou quelque chose qui s’en rapproche.

C’est cette dernière solution que nos élites vont probablement suivre ; tout l’indique à ce stade, en tout cas. Dans les années 1970, cela avait permis de gérer l’abandon de l’étalon-or et les chocs pétroliers ; mais cette fois, la situation est bien plus grave : une stagflation étalée sur dix ans, qui se traduira probablement par une inflation réelle de l’ordre de 10/15 % par an, avec dans le même temps des salaires qui stagneront ou progresseront peu en monnaie courante, voilà le programme. La soupe à la grimace, et il y en aura pour tout le monde ; le tout venant impacter des sociétés ravagées par trente ans de dérive inégalitaire et d’appauvrissement des jeunes au profit des vieux."

Michel Drac