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06/08/2011

Humain, trop humain, ou la désignation de l'ennemi

Babel, voilà l'ennemi

 

 

A @Jack Merridew

 

« Tout pouvoir est une conspiration permanente. »

(Honoré de Balzac, Sur Catherine de Médicis, 1830-1842)

 

« Le monde est gouverné par de tout autres personnages que ne se l’imaginent ceux dont l’œil ne plonge pas dans les coulisses. »

(Benjamin Disraeli, Coningsby ou la nouvelle génération, 1844)

 

« Une autre menace (...) se présente à la démocratie libérale. Plus directement liée à l'impact de la technologie, elle implique l'apparition graduelle d'une société plus contrôlée et dirigée. Une telle société serait dominée par une élite dont la prétention au pouvoir politique reposerait sur un savoir-faire scientifique prétendument supérieur. Libre des contraintes de valeurs libérales traditionnelles, cette élite n'hésiterait pas à atteindre ses buts politiques en utilisant les dernières techniques modernes pour influencer le comportement public et garder la société sous étroite surveillance et sous contrôle. »

(Zbigniew Brzezinski, La révolution technétronique, 1970)

 

« Certains des problèmes de gouvernance interne aux Etats-Unis aujourd'hui trouvent leur racine dans un excès de démocratie (...) Un plus haut degré de modération dans la démocratie est (...) nécessaire. »

(Samuel P. Huntington, in La crise de la démocratie, rapport à la Commission Trilatérale, 1975)

 

Longtemps, je me suis demandé par où aborder un sujet dont j'ai prévu de parler depuis des mois et dont un internaute à l'égo surdéveloppé m'a récemment remis en tête l'intérêt : celui qu'on appelle ordinairement, par indifférence ou pour dénigrer indistinctement ses amateurs, le « complotisme ».

Il est en effet difficile de choisir un angle d'attaque pour en parler, non seulement parce qu'il est inutile d'espérer faire le tour d'une question aussi vaste, surtout dans le format d'un blog, mais surtout à cause du caractère délicat de son traitement : à trop grossir le trait critique, on risque de tomber dans la caricature du tout-transparent et, au contraire, à trop ménager ses coups, on s'expose à choir dans la complaisance vis-à-vis d'aberrations sans fin.

De toute manière, les sceptiques absolus trouveront toujours à redire à la moindre modération vis-à-vis des « complotistes » (à leurs yeux, tous des abrutis superstitieux à problèmes psychologiques lourds), comme de leurs thèses, qu'ils jugent uniformément grotesques et paranoïaques, comme si le monde était une eau limpide sous laquelle rien ne se dissimule jamais, pour peu qu'on se donne la peine de chausser les bonnes lunettes.

A l'évidence, il y a dans les tenants de cette vision optimiste une bonne tripotée d'idiots utiles et de larbins et, comme l'a dit Aymeric Chauprade : « Ceux qui font l'histoire officielle, désignent les bons et les méchants, déforment les faits historiques et inventent des fables, ont trouvé un antidote contre les chercheurs de vérités : la théorie du complot. Dès que quelqu'un cherche à comprendre et s'interroge sur les incohérences de l'histoire officielle, on lui accroche autour du cou la pancarte "complotiste". Comme si l'Histoire n'était pas le fait de minorités actives ! »

A l'opposé, les fanatiques de la conspiration à gogo, que le truculent et intelligent internaute auquel je dédie ce billet, grand distributeur de baffes virtuelles sur F.Desouche, a baptisés du doux nom de « débilo-complotistes », justifient pour leur part pleinement toutes les critiques des précédents, tant est grand leur zèle à voir partout la marque du complot : juif, maçonnique, « Nouvel Ordre Mondial », « Illuminati », américain, ecclésiastique, voire extra-terrestre. Eux aussi, de beaux idiots utiles, qui ne s'aperçoivent pas, dans la bulle gratifiante de leur lucidité soi-disant supérieure, qu'ils servent à décrédibiliser les chercheurs de vérités évoqués par Chauprade, à tel point qu'on peut parfois se demander s'il n'y aurait pas, d'abord, un complot... des imbéciles.

Sur un autre sujet, mais on pourrait ici transposer, Lanza del Vasto a écrit : « La conjuration des imbéciles, des charlatans et des Sages a parfaitement réussi. Cette conjuration avait pour objet de cacher la vérité. Les uns et les autres ont servi cette grande cause, chacun selon ses moyens : les imbéciles par le moyen de l'ignorance, les charlatans par le moyen du mensonge, les Sages par le moyen du secret… » (préface au Message retrouvé de Louis Cattiaux).

 

On voit bien, en tout cas, et sans même encore avoir abordé le fond, que le sujet est miné de toutes parts.

Comme souvent, la voie du milieu est probablement la meilleure et quant à moi, faute de nourrir l'ambition surhumaine de découvrir et exposer la vérité universelle (tout le monde ne peut pas être Bernard-Henri Lévy), je me tiens donc à une grille de lecture qui me paraît équilibrée.

Pour le dire tout net, je ne crois pas à l'absence de tous complots, loin de là ; mais je ne pense pas non plus qu'il existe un complot mondial, ni un pouvoir mondial, ni même une ou plusieurs conspirations visant un tel pouvoir.

Pour avoir longtemps fréquenté des groupes humains et en fréquenter encore, je ne leur connais que deux lois constantes : celle de l'apparence et celle de l'entropie.

D'après ce que j'ai pu constater, la nature humaine est ainsi faite que dans un collectif, chacun joue un rôle, qui ne correspond pas à sa véritable nature, ni à ses réelles capacités, ni encore moins à ses vrais pouvoirs. Les interactions très imparfaites qui existent entre les membres d'un groupe sont également, en général assez vite, sujettes à des déperditions d'unité et d'énergie, à la dispersion, au conflit et à l'impuissance.

Pour lier un collectif, il faut bien d'autres éléments que des intérêts communs. C'est pourquoi une unité militaire ou une équipe de rugby, fondées sur l'effort et la camaraderie, c'est-à-dire sur le dévoilement, l'altruisme et la néguentropie, peuvent résister durablement aux inconvénients habituels, alors qu'une hiérarchie politico-économique, un lobby ou même des confréries soi-disant initiatiques à l'américaine, ou encore des franc-maçonneries, sont des coquilles vides destinées à recueillir une somme de désirs individuels ponctuellement réunis par une ambition commune à court terme, et/ou l'illusion d'une telle ambition à travers des rites parodiques et l'auto-conditionnement. Rien de qualitatif là-dedans, que du quantitatif. De l'avoir, pas de l'être.

Tout « pouvoir » humain relève, de toute façon, de la relativité la plus forte et du conditionnement le plus total, si bien qu'un tel pouvoir est éminemment fragile et mortel. A tel point, qu'il faut plaindre ceux qui y croient, bien plus que les haïr : ils sont possédés par leur croyance en lui et s'y accrochent jusqu'au seuil de la tombe, alors qu'il y a belle lurette qu'ils ne profitent plus que du souvenir de son parfum...

Pour ma part, j'ai tendance à voir dans les actions humaines, bien plus souvent de la bêtise, de la folie même, de la maladresse, de l'incompétence, de l'enfer pavé de bonnes intentions ; que de la maîtrise, du machiavélisme, de la puissance et du contrôle.

 

Pour ce qui est, par ailleurs, des théories globales du complot, mon problème, c'est qu'à chaque fois que j'ai été tenté d'y croire, j'ai fini, au fil de mes lectures, soit par les démonter moi-même en recoupant leurs éléments qui ne tenaient pas la route, soit par trouver des infos déjà rassemblées qui les démontaient complètement.

Un premier exemple : à en croire une foule de sites peu soucieux de vérifier leurs sources, David Rockefeller est censé avoir dit des choses très nettes au sujet de sa volonté de voir instaurer un « Nouvel Ordre Mondial »... sauf que, quand on y regarde de plus près et jusqu'à preuve du contraire, ce vieux salopard n'a rien dit de tel. Je pense qu'il est tellement honni de tout un tas de braves gens bien intentionnés, qu'ils ont fini par lui inventer des citations qui collaient mieux à leurs convictions.

Evidemment, aux yeux des « débilo-complotistes », aucun argument de ce genre ne trouvera jamais grâce. Au contraire, l'absence de preuve leur paraîtra démontrer, de plus fort, l'existence d'un complot global (qui comprend nécessairement le fait de cacher les preuves, évidemment ; joli échafaudage de vide sur du vide, entremêlé à une réalité toujours trop prosaïque pour leur soif d'absolu, si bien qu'ils la décrédibilisent, voire permettent de la nier par amalgame...).

Pourtant, ce que je dis ne revient absolument pas à nier l'existence d'oligarchies, ni de plans ou complots divers à travers l'Histoire. Mais comment faire comprendre la nuance ? Il y a à la fois la connerie humaine, le défaut de maîtrise, tout le baratin pseudo-volontariste des manipulateurs et des agitateurs, et de temps en temps, entre deux foirages, un truc qui marche, et même brillamment, souvent à travers des administrations opaques comme le KGB ou la CIA, mais aussi des conglomérats financiers et militaro-industriels, des sociétés discrètes à défaut d'être secrètes, des mafias... Souvent, ces structures s'interpénètrent les unes les autres, utilisent des techniques de manipulation des foules (sans parler de recherches, médicales mais aussi technologiques, plus ou moins confidentielles, relevant au départ des militaires et/ou des services de renseignement et de contre-espionnage, il suffit de pister les stratégies médiatiques du capital, à travers le contrôle financier des grands moyens de communication et le marketing, pour se représenter la panoplie de moyens dont disposent les oligarchies) et poursuivent des plans à moyen, voire long terme.

 

Je vais prendre un autre exemple. Marchant sur les brisées des grands propagateurs de mythologies plus ou moins bouffonnes depuis deux siècles (l'abbé Barruel, Mgr Delassus, John Robison, le Marquis de la Franquerie, Nesta Webster, William Carr, Serge Monast, David Icke, Anton Parks, Jacques Delacroix, etc., etc.), le fameux Fritz Springmeier, soi-disant ex- « prisonnier politique » aux Etats-Unis, affirme que, depuis des millénaires, de puissantes dynasties, qu'il appelle des « lignées de sang », constituées, pour l'essentiel, de treize branches et qu'il appelle les « Illuminati », poursuivent un plan de domination mondiale ; ou, plus exactement, qu'elles dominent le monde à travers les âges.

Ces
« Illuminati » seraient dépositaires d'une panoplie complète d'anciens pouvoirs magiques (pardon, de centaines de traditions perdues, d'anciennes religions - vous savez, ces trucs obscurantistes d'avant l'unique et salvatrice Lumière monothéiste) et contrôleraient une gigantesque pyramide de sociétés plus ou moins secrètes, fonctionnant en réseaux, depuis des petites caves de sorciers satanistes perdues dans les campagnes américaines, voisinant avec à peu près toutes les loges maçonniques connues, jusqu'à un pyramidion où seraient concentrés tous les pouvoirs, en passant par les redoutables Skull and Bones, le CFR et la Commission Trilatérale.

Ils agiraient, de nos jours, à travers les familles Astor, Bundy, Collins, Dupont, Freeman, Kennedy, Li, Onassis, Reynolds, Rockefeller, Rothschild, Russell et Van Duyn. Vous ne trouvez pas que ça tombe bien ? Pas de prolos chez les puissants, et on colle à certaines oligarchies industrielles et financières, ce qui permet de justifier la mythologie en la mêlant à des faits réels, par-ci, par-là, pour crédibiliser tout et n'importe quoi... Comme l'écrivait Paul Valéry, « le mélange de vrai et de faux est énormément plus toxique que le faux pur ». En plus, Springmeier est tellement fortiche qu'il vous dégote, comme un rien, toute la généalogie d'un George Bush depuis les Babyloniens, en passant par la famille royale d'Angleterre (je caricature, mais si peu...). Et il se trouve des gens pour gober ça...

Trève de plaisanteries. Derrière ces fables pour demeurés en mal de gratification égotique (bah oui, quand on comprend subitement tout, on cesse d'être ordinaire pour devenir un initié, un être supérieur mais incompris, tentant désespérément d'avertir ses semblables de l'incroyable et terrible menace que font peser sur l'humanité des sociopathes sans foi ni loi, qu'on est seul ou presque à avoir démasqués), se trahissent, au premier examen un peu sérieux, des aberrations théoriques lamentables.

Springmeier soutient qu'après la deuxième guerre mondiale, on a retrouvé sous 80 % des édifices religieux européens endommagés par les bombardements, des traces d'anciens temples païens. Cela prouverait, selon lui, que les « Illuminati » ont toujours été à l'oeuvre dans l'Histoire et que des « cultes sataniques » se sont dissimulés dans les églises catholiques, dont les prêtres trempaient en général dans la combine.

N'importe quel connaisseur, même très superficiel, du paganisme européen, sera pris d'un fou rire inextinguible à la lecture de ces déductions de charlatan, sornettes pour adeptes des sectes protestantes américaines les plus fondamentalistes. Sans parler de quiconque a un minimum étudié l'histoire de l'Eglise catholique.

 

Mais Springmeier, tout en incarnant un degré supplémentaire de la fumisterie des « débilo-complotistes », ne fait, je le répète, que marcher sur les brisées d'autres mythologues de l'illuminisme, qui ont quasiment tous en commun de voir le Diable partout. Et pour cause, puisqu'il s'agit quasiment toujours de catholiques « intégristes » ou de protestants fondamentalistes.

Par rapport au « paganisme » (terme péjoratif forgé par la Chrétienté), le monothéisme d'origine hébraïque a en effet inventé Satan. Et, l'ayant inventé, il fallait bien en faire quelque chose. A commencer par lui amalgamer toutes les autres religions antérieures. Païen = satanique. Comme si les « Païens » avaient été des pédomanes et des adorateurs du Mal... De là à ce que des Chrétiens moins intelligents que d'autres le systématisent dans leur représentation d'un monde dominé par les notions de faute, de péché et de culpabilité, jusqu'à en faire une entité concrète, il n'y avait qu'un pas, aussitôt franchi.

Si bien que certains, aujourd'hui, traquent ses manifestations à travers les perversions évidentes de certaines élites et, par ailleurs encouragés par des inversions théologiques plus ou moins folkloriques, échafaudent ce genre de théories explicatives globales.

On peut y voir une des manifestations de la déspiritualisation moderne, en pleine production de parodies de la spiritualité perdue, recréant, comme le dit Massimo Introvigne (un Chrétien intelligent, lui), des religions de substitution.

Néanmoins, je le redis, ces foutaises font un tort considérable aux chercheurs sincères.

Sur une foule de sujets dont il est déjà difficile de discuter sereinement compte tenu de la chape de plomb médiatique et du terrorisme intellectuel, comme les oligarchies, la mondialisation, le populisme, l'immigration, l'islam, le libéralisme, le marxisme, le communisme, le terrorisme, la manipulation des foules, le 11 septembre 2001, les causes de la deuxième guerre mondiale, etc., la confusion mentale et les superstitions mystico-paranoïaques qui règnent chez certains, ne font que discréditer des vérités mêlées à leurs délires ; vérités, seules défendues par d'autres qui, eux, vérifient leurs sources et tentent d'y voir clair sans recourir à la pataphysique.

Là, comme dans d'autres domaines de la réflexion et de l'action, il est urgent que les théoriciens de la dissidence rappellent à leurs disciples potentiels quelques règles élémentaires de rigueur et d'honnêteté intellectuelles.

On ne lutte pas efficacement contre les plans et les outils bien réels, et parfois dissimulés, des acteurs majeurs du « Système » (sphères de pouvoirs financières, industrielles, politiques, médiatiques, avec tous leurs bras armés, parfois officiels, d'autres fois secrets ou déguisés), en prenant des vessies pour des lanternes ou, pour être plus précis, en prenant des gens ordinaires, certes dotés de positions économiques et/ou sociales importantes, comme de pouvoirs matériels parfois considérables, et évoluant dans des cercles relationnels amplifiant leurs possibilités de nuisance, pour de puissants sorciers appartenant à de fabuleuses sociétés secrètes, détentrices de secrets magiques opératifs, tout cela étant aussi grotesque qu'imaginaire.

Plus sûrement encore que de le sous-estimer, surestimer l'ennemi rend incapable de le combattre.

Peut-être serait-ce là, d'ailleurs, le but de l'existence des mythes « débilo-complotistes », s'il y avait, derrière leur propagation, autre chose que la malhonnêteté de leurs créateurs et la crédulité de leurs adeptes... Allez savoir.

Commentaires

Pour moi, s'il peut y avoir complot à une certaine échelle, à un certains moment, il est évident que ce qui arrive, la crise dans sa globalité, n'est pas le résultat d'un complot.

La crise est principalement le fruit d'un effort de deux siècles pour appliquer les thèses matérialistes libérales. Son incompatibilité fondamentale avec le réel voue néanmoins ce monde libéral à l'impasse et donc à la mort.

Je considère cette vision d'ensemble beaucoup plus saine, car elle nous engage tous, à des degrés certes différents, dans la responsabilité de ce qui arrive. Et donc, et c'est là qu'est l'espoir, dans la responsabilité de ce qui sera.

De mon point de vue, voir des complots partout c'est laisser sa peur prendre le dessus, et cela ne peut conduire qu'au désespoir le plus total.

Écrit par : Christopher Johnson | 06/08/2011

Très utile, Satan, ou le Mal (avec une majuscule) en tant concept générique : primo, pour foutre les boules graves aux adhérants du club, et secundo, pour assigner à l'adversaire du moment le rôle de l'ennemi ontologique avec lequel le plus insignifiant des dialogues, la plus microscopique des compromissions équivaut à une irrémédiable (huhu) contamination méritant la sanction la plus définitive possible.

Évidemment, cela ne signifie pas que l'ennemi n'existe pas et qu'avoir les boules soit nécessairement superflu.

Écrit par : snake | 06/08/2011

"La crise est principalement le fruit d'un effort de deux siècles pour appliquer les thèses matérialistes libérales" : si ce n'était que ça... un effort concerté ou non ? ;-) Enfin, tout dépend de votre définition des thèses matérialistes libérales (tout un programme). Vous visez une certaine bourgeoisie ?

Écrit par : Anne Onyme | 06/08/2011

Très juste, et très bien écrit, quelle plume !

Écrit par : Vincent | 06/08/2011

Vincent

Merci.

Écrit par : Boreas | 07/08/2011

@Anne Onyme

"De l’addition de nos tendances naturelles au mal, faisons le bien, c’est l’axiome fondamental du libéralisme" résume admirablement Jacques de Guillebon. Le matérialisme libéral n'est rien d'autre qu'une dérégulation globale, soutenu par la croyance que le moins d'ordre il y a, le plus de bien.

En tant qu'anarchiste chrétien, je crois au contraire fermement dans les notions d'autorité, d'ordre et de gouvernement. En l'Etat beaucoup moins, qui n'est aujourd'hui qu'un instrument de la dérégulation.

Aujourd'hui, le terme de bourgeoisie ne signifie plus grand chose. On opposait jadis les bourgeois aux travailleurs, mais, comme le soulignait déjà Charles Péguy, "on a fait des travailleurs des bourgeois". La même mentalité bourgeoise parcours chacune des catégories sociale, des plus favorisés aux plus démunis.

Je ne vise donc personne en particulier, même si, c'est vrai, l'élite a joué un rôle particulièrement néfaste dans le processus de libéralisation. Tout le monde est libéral, de nos jour. C'est cela qu'il faut changer.

Écrit par : Christopher Johnson | 07/08/2011

@Christopher Johnson

"Tout le monde est libéral, de nos jour. C'est cela qu'il faut changer" : même le militant de base du NPA ? Personnellement je vois mal où est le libéralisme de nos jours. Je vois plutôt une logique de réseaux qui a un intérêt temporaire à la dérégulation.

Écrit par : Anne Onyme | 07/08/2011

Anne, vous êtes d'une naïveté... hum, disons charmante.

Vous dormiez au fond de la classe, quand il fallait suivre ?

En tout cas, je suis fatigué de devoir répéter toujours les mêmes choses.

Allez donc plutôt vous cultiver sur Fortune :

http://fortune.fdesouche.com/32167-dix-theses-sur-le-liberalisme

http://fortune.fdesouche.com/30824-socialisme-et-libre-echangisme-un-meme-destin

http://fortune.fdesouche.com/30687-le-neoliberalisme-face-au-mur-des-realites

http://fortune.fdesouche.com/28041-mondialisation-delocalisations-dumping

http://fortune.fdesouche.com/27382-lencerclement-la-democratie-dans-les-rets-du-neoliberalisme

http://fortune.fdesouche.com/27724-%c2%ab-le-renversement-du-monde-politique-de-la-crise-%c2%bb-par-herve-juvin

http://fortune.fdesouche.com/26714-le-nomade-attalien

http://fortune.fdesouche.com/23166-1974-2010-la-mise-en-oeuvre-du-liberalisme-economique

http://fortune.fdesouche.com/9138-la-fallacieuse-theorie-du-libre-echange-et-la-diabolisation-du-protectionnisme

http://fortune.fdesouche.com/19908-maurice-allais-flingue-le-neo-liberalisme-dans-une-revue-financee-par-bercy

http://fortune.fdesouche.com/18023-crise-%c2%ab-le-deni-de-realite-ne-pourra-se-prolonger-longtemps-%c2%bb

http://fortune.fdesouche.com/17405-critique-de-lideologie-liberale

http://fortune.fdesouche.com/17013-%c2%abl%e2%80%99europe-une-multinationale-le-pouvoir-sans-controle-des-grandes-entreprises-%c2%bb

http://fortune.fdesouche.com/11591-aux-etats-unis-la-fin-des-certitudes

http://fortune.fdesouche.com/7705-la-genealogie-de-la-superclasse-mondiale

http://fortune.fdesouche.com/5198-la-globalisation-neoliberale-contre-linteret-general

http://fortune.fdesouche.com/4470-quand-la-presse-neoliberale-critique-le-marche

http://fortune.fdesouche.com/1796-neoliberalisme-la-tentation-anti-democratique-du-marche-roi

Bonnes lectures.

Écrit par : Boreas | 07/08/2011

"Vous dormiez au fond de la classe, quand il fallait suivre ?" : oui, le prof était un communiste (encore appelé marxiste culturel pour rester en phase avec l'actualité).

Merci pour tous vos liens. Mais le "libéralisme" / "néo-libéralisme" est un concept fourre-tout. Je partage la plupart des critiques que vous formulez à l'encontre du (néo)libéralisme anglo-saxon, mais je maintiens que je ne vois pas trop ce qu'il y a de libéral dans la logique de réseaux de la caste dirigeante. J'y vois plus une certaine bourgeoisie qui veut maintenir ses privilèges qu'autre chose. Vous feriez mieux de dénoncer la synthèse (dont le résultat est doublement infect) entre socialisme et libéralisme, les deux mamelles de la bourgeoisie qui rêve de dominer les foules. Concernant le protectionnisme et le libre-échangisme, il s'agit d'un faux débat qui masque la réalité des bénéficiaires de l'une ou l'autre des deux options. Ce ne sont que des armes économiques (habillées d'un discours) au service d'un groupe d'acteurs économiques.

Écrit par : Anne Onyme | 07/08/2011

"Vous feriez mieux de dénoncer la synthèse (dont le résultat est doublement infect) entre socialisme et libéralisme, les deux mamelles de la bourgeoisie qui rêve de dominer les foules."

http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2010/08/22/la-tenaille.html

http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2010/11/29/jean-claude-michea-flingue-le-liberalisme.html

Écrit par : Boreas | 08/08/2011

Boréas vous avez une vision de Satan vraiment fort peu théologique et bien trop matérialiste. Le Mal n'est pas, il est la négation de l'être et c'est bien là le problème.

Dire le diable personnel, cela nous semble, à nous catholiques, en effet équivoque. Au moins autant que l’est, pour certains, le refus de le tenir pour quelqu’un !

S’il y a quelque chose de personnel en lui, ce ne peut être que du côté de l’accusation, de la suspicion et de la destruction. Peut-être aussi du côté de la liberté. Mais il ne peut exister en lui cet élément essentiel de la personne qu’est l’amour.

D’autre part, si l’on reconnaît à Satan une identité personnelle, ne minimise-t-on pas ce qui est anonyme en lui et finalement non identifiable ?

Quant à nous catholiques, nous dirions volontiers que le diable « ne mérite pas » d’être personnel. Il n’a pas assez de valeur positive pour être personnel. Cela ne veut aucunement dire qu’il n’existe pas. Mais cela signifie qu’il n’existe pas comme nous sommes portés à le penser. Son existence, tout à fait particulière, ne prend pas forcément forme personnelle.

C’est pourquoi nous préférons, en ce qui nous concerne, parler de « forces diaboliques » ou encore du diabolique que du diable proprement dit. En disant cela, nous ne disons pas moins. Nous croyons dire mieux ce qu’est le message biblique.

Votre vision repose sur l'aphorisme sartrien : "L'enfer c'est les autres" ; aphorisme d'un indigence théologique grave.

Par ailleurs, ceux qui voient dans le paganisme l'incarnation de Satan ont tort. Satan c'est l'inversion de tout ce qui a été créée par Dieu. Il est l'inverse du verbe, du Logos. Il n'est que contrepoint et non altérité.

Le diabolique qui nous anime tous nous conduit forcément à la notion d'ubris que vous recevrez puisqu'elle nous vient des grecs païens. Cette notion s'accompagne également d'antivaleurs ou de valeurs inverties, qui réifient négativement les valeurs bibliques : l'amour de la matière, l'égocentrisme pathologique peuvent être des effets que je mettrai en exergue en tant qu'exemples.

Pour être succin, je dirai que le Mal est chose spirituelle même si pour le paganisme il a pu s'incarner en Pluton ou en Loki.

Concernant le complot. Je pense que votre ligne médiane est assez juste car prudente. Toutefois il existe des intérêts convergents qui s'animent autour de personnes cohérentes entre elles malgré les divergences individuelles. Le lobbyisme, la lutte des classes, la solidarité maçonne ne sont pas des histoires de fous.

Certes, il faut se garder des théories "hollywoodiennes" ; mais il existe des intérêts convergents et puissants en ce monde qui luttent pour asseoir leur suprématie sur les peuples.

D'ailleurs mon cher Boréas, sans cela, comment croyez-vous que nous chrétiens nous aurions pu triompher de la puissance de l'Empire romain... ? ;)

Écrit par : Eisbär | 08/08/2011

C'est vrai, j'oubliais le complot chrétien contre Rome. :-)

Pour le reste, nulle méprise théologique, ni matérialisme, dans ce que j'ai écrit.

D'abord, je ne pointe que la conception "débilo-complotiste" du diable et du satanisme (conception qui n'est cependant pas complètement sans fondement, puisqu'il existe des satanistes - je devrais dire des "débilo-satanistes"), ainsi que de la puissance prêtée aux "mauvais" dans cette conception.

Ensuite, mon billet n'a pas, de toute façon, pour objet la théologie catholique, mais si je devais vous en donner mon opinion concernant sa conception du mal, je dirais qu'à la différence du "paganisme" en général (sauf peut-être en ce qui concerne le dualisme zoroastrien, assez atypique, dont les Chrétiens se sont manifestement inspirés), le Christianisme a conféré à sa vision des forces maléfiques un caractère plus monolithique, moins tempéré. Aucun dieu "païen" n'incarne uniquement le mal comme l'entité figurative Diable-Satan des Chrétiens.

Il est vrai aussi, à ce sujet, que pour les Chrétiens la "Cité de Dieu" (..."contre les païens" !) n'est pas de ce monde, même si elle a des liens étroits avec lui. D'où la facilité qu'ont eu les extrémistes chrétiens à dépeindre celui-ci comme le royaume du Malin, celui où règnent la tentation et le péché.

Les vrais Chrétiens savent bien que cette distinction entre le sacré et le profane est loin d'être aussi tranchée, dans leur propre religion.

Écrit par : Boreas | 08/08/2011

Komparazzaaaar!

Écrit par : Waterman | 16/08/2011

Félicitions pour cet article que j'ai enfin pris le temps de lire.

Et merci de populariser ce concept de "débilo-complotisme".
Il faudrait maintenant lui donner une définition à partir de votre article qui résume également ma position personnelle.

Une définition dans le genre :
Débilo-complotisme : foutaises largement répandues dans les medias libres comme internet. Apparemment destinées à discréditer les questionnements légitimes et les hypothèses fondées sur un raisonnement logique pouvant naître au sein d'une famille de pensée politique déterminée.

Je vous laisse reformuler et compléter à partir de vos propres considérations sur les capacités cognitives des adeptes du debilo-complotisme et et autres joyeusetés sur les causalités réelles de leur diffusion à grande échelle sur internet.

Écrit par : Jack Merridew | 19/08/2011

"Pour ma part, j'ai tendance à voir dans les actions humaines, bien plus souvent de la bêtise, de la folie même, de la maladresse, de l'incompétence, de l'enfer pavé de bonnes intentions ; que de la maîtrise, du machiavélisme, de la puissance et du contrôle."

Moi aussi, surtout quand j'observe nos politiques. C'est plus le coté jmenfoutiste qui domine que machiavélique. L'étiquette "élite" n'est pas vraiment adaptée, pas du tout même...

Très bon article.

Écrit par : Imperator. | 19/08/2011

Anonyme

Si vous ne voulez pas que MA censure stalinienne s'abatte sur vous :

1/ arrêtez de diffamer FDS et Jack Merridew que j'apprécie beaucoup (pensez-en ce que vous voulez),

2/ ou bien, dépêchez-vous d'apporter la soi-disant preuve, que vous m'avez promise le 15 août pour "ce soir ou demain" sur un autre fil :

http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2011/08/14/la-machine-a-perdre-continue-sa-route.html#comments

... que le blog de BLL et FDS "appartien[draient au même boss". Cela fait 4 jours, et toujours rien... et pour cause.

La paranoïa et les accusations gratuites, ça commence à bien faire.

Écrit par : Boreas | 19/08/2011

" Et c'est ce qui vous permet de justifier la censure stalinienne sur Fds !
Vous avez de la suite dans les idées. "

Une censure sur Fdesouche ?
Encore un qui doit commenter à partir de son orbite géostationnaire autour de Sirius ...

Écrit par : Jack Merridew | 23/08/2011

Anonyme

Je trouve la modération des commentaires sur FDS aussi indispensable qu'insuffisante, faute de moyens plus importants.

Mais je ne l'assimile pas à de la censure.

La censure, c'est ce que pratiquent nos ennemis, de manière globale, avec un arsenal législatif, judiciaire, médiatique et associatif subventionné par vos impôts, afin d'empêcher l'expression de certaines vérités.

Elle se double de désinformation pour remplacer ces vérités par des mensonges, et ce d'une façon si subtile que, dans l'idéal, comme je le dis dans le billet en tête de ce fil, cette désinformation sera relayée par les opposants eux-mêmes.

Sur FDS, rien de tout cela.

Mais il faut bien que le site se protège. Mieux vaut un peu de modération, même très imparfaite et mal supportée par certains, que la disparition de FDS.

Écrit par : Boreas | 23/08/2011

"Mais il faut bien que le site se protège. Mieux vaut un peu de modération, même très imparfaite"

Il y a des tas de commentaires qui seraient à supprimer. Même pas besoin d'avoir le coup d'oeil. Selon l'humeur et selon le modérateur, la modération n'est pas la même. C'est très aléatoire. A propos de fortune, comment expliquez-vous que les libéraux ont quasi-déserté le site ?

Écrit par : Anne Onyme | 23/08/2011

Anne

Vous avez de ces questions... Demandez-leur, aux libéraux. Quand Fortune s'est mis en veille en mars dernier, il y en avait encore, en tout cas. Ou bien demandez aux admins du site, je ne sais pas, moi.


Anonyme

Nietzsche, joli. Zarathoustra est peut-être un peu disproportionné au sujet de la modération sur FDS, mais en tout cas votre citation rejoint plus ou moins ce que j'en disais, me semble-t-il (à moins que vous ne pensiez à tout à fait autre chose ?).

Écrit par : Boreas | 24/08/2011

Anonyme

Le courage, une des sept vertus cardinales de l'Eglise catholique, aussi (dont une autre dont je ne raffole pas :-) ).

Je suis d'accord, le courage, c'est bien, mais vous êtes une idéaliste. Et je me méfie de l'idéalisme, le portant moi-même notamment. Se faire massacrer, aller au sacrifice en terrain découvert, c'est inutile et contre-productif.

Dans un système fermé, truqué, c'est de stratégie dont nous avons le plus besoin, avec la compréhension dont je parlais ailleurs.

Et j'ai là une prédilection pour Sun Tzu : "L'art de la guerre, c'est de soumettre l'ennemi sans combat".

Écrit par : Boreas | 25/08/2011

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