08/12/2013
La grenouille et le boeuf néo-con
« (...) En un peu moins de quatre ans, depuis la Libye-2010, la France a effectué un virage à 180° par rapport à la tradition principielle de sa politique. Elle a ainsi largement contribué à la déstabilisation, désordre et chaos sans véritable sens, d’une bonne partie du continent africain ; on sait qu’il s’agit de la conséquence inéluctable et diabolique de cette sorte d’interventions qui sont bien de type neocon. Il est intéressant d’entendre Lellouche se référer, à propos de l’affaire centrafricaine, à la nécessité du rétablissement de la stabilité pour la sécurité générale à cause des effets de cette affaire sur la situation de l’immense "bande sahélienne" allant de l’Océan Atlantique à la Corne de l’Afrique, qui s’est créée dans sa nuisance actuelle à partir de l’affaire libyenne et donc de l’intervention française, et qui constitue selon ses propres mots un "réservoir de crise de déstabilisation, constitué de réseaux criminels, de drogue, d’enlèvements, et aussi de réseaux salafistes fondamentalistes" ; il est intéressant, disons-nous, de voir mentionner prioritairement l’existence des "réseaux criminels" (le crime organisé sur place), c’est-à-dire le pur désordre et l’illégalité totale et sans but idéologique, alors même que toutes ces entreprises du bloc BAO ont été lancées dans leur esprit affiché du point de vue de la communication, selon le faux-nez humanitaire et droitdel’hommiste transformé pour la cause en stratégie générale contre "la menace terroriste et idéologique" évidemment universelle. L’effet principal de nos interventions n’est même plus en priorité "la menace terroriste", c’est d’abord le désordre et le chaos purs du banditisme et du crime organisés ; la barbarie déstructurante de l’expert postmoderne accouchant de la barbarie nihiliste du bandit.
Au moment où la France s’installe avec ce qui paraîtrait être, ou qui paraissait être dans tous les cas, une réelle satisfaction dans son nouveau rôle, aspirant on s’en doute à être premier de classe, les inspirateurs et les maîtres en narrative de l’aventure se retirent au nom d’une fatigue et d’un découragement, pour ne pas dire un désenchantement qui actent les échecs successifs, extraordinairement marquants, opérationnalisant cette politique depuis 2002. Cet abandon par les "amis anglo-saxons" se marque évidemment par l’indifférence américaniste et, encore plus, par la félonie britannique. A cet égard, la France récolte ce qu’elle a semé, jusqu’à la pirouette ultime de retrouver par en-dessous, très en-dessous, son destin qui est d’être seule et, sans doute, pense-t-elle, exceptionnelle, – bref, l’"exception française" récitée à la sauce la plus paradoxale du monde. (...) »
22:16 Écrit par Boreas dans Crise, Géopolitique, Propagande, Psychologie, Stratégie | Lien permanent | Tags : france, neocon, afrique, libye, centrafrique, interventions militaires, bloc américaniste occidentaliste, menace terroriste, banditisme, désordre, chaos, anglo-saxons, indifférence, retrait | Facebook | | Imprimer | |
17/10/2013
Bientôt la fin
« (...) L’oligarchie s’imagine qu’elle peut gouverner le monde contre la volonté des peuples. Elle croit que l’économie constitue l’horizon indépassable de l’humanité et que la post-démocratie représente le meilleur régime politique possible. Elle croit incarner la fin de l’histoire.
Mais tout cela n’est qu’illusion. Le petit club des privilégiés qui composent l’oligarchie prend ses désirs pour des réalités : des désirs qui reposent au surplus sur un présupposé à caractère raciste, celui qui pose que le modèle anglo-saxon serait le seul et le meilleur possible.
Il ne faut pas surestimer le pouvoir de l’oligarchie dans la mesure où les faits ne cessent de la démentir.
Les identités et les cultures résistent à l’impérialisme des marchés. Les crises financières à répétition montrent que l’oligarchie ne maîtrise plus l’économie. La puissance américaine est ébranlée même si elle reste encore redoutable, car les pays émergents rendent le monde toujours plus multipolaire. Et en Europe même l’oligarchie se trouve de plus en plus contestée, au fur et à mesure que la crise se développe.
Le Système oligarchique ne tient que parce qu’il ne fait pas encore l’objet d’une contestation globale et parce qu’aucun concurrent crédible ne se dresse devant lui, si l’on excepte le cas de l’Islam radical, mais qui ne peut concerner les Européens.
Mais on sent que les temps d’une nouvelle alternative politique au Système oligarchique occidental approchent. (...)
Si l’on s’en tient au monde factice que nous présentent les médias, il y a tout lieu de se montrer pessimiste en effet sur l’avenir de l’Europe. Mais si l’on examine plus précisément la réalité, on perçoit les germes du renouveau européen : en particulier dans la population active et dans la jeunesse.
Car la situation de l’Europe occidentale ressemble beaucoup à celle de l’URSS sur sa fin : une nomenklatura coupée du peuple et qui cumule tous les pouvoirs, des intellectuels entrant en dissidence contre l’idéologie du Système, une propagande officielle déconsidérée, une perte de compétitivité croissante, des Etats réduits à leur rôle répressif.
Le Système occidental apparaît puissant vu de l’extérieur, mais il est vermoulu à l’intérieur. Le mur médiatique se fissure déjà. D’autres murs tomberont. L’oligarchie ne cesse de nous répéter qu’il faudrait s’adapter – donc se résigner – à ce monde. De plus en plus d’Européens pensent au contraire qu’il est encore temps de le changer.
Et comme aimait à l’écrire le grand historien disparu Dominique Venner, "l’histoire est le lieu de l’inattendu". »
14:49 Écrit par Boreas dans Crise, Economie, Géopolitique, Identité, Propagande, Psychologie, Stratégie | Lien permanent | Tags : oligarchie, peuples, illusion, pouvoir, etats-unis, anglo-saxons, europe, multipolarité, contestation, alternative, médias, urss, nomenklatura, dissidence | Facebook | | Imprimer | |
08/05/2012
Honneur aux soldats français de 1940
Le char B1 bis « Eure » du capitaine Billotte, à Stonne (Ardennes) le 16 mai 1940
Le 8 mai 1945 est une date qui marque essentiellement la victoire de l'industrie militaire américaine et des soldats soviétiques.
Ce n'est pas une victoire de la France ni de l'Europe et le général de Gaulle, fervent européaniste partisan de la réconciliation avec l'Allemagne, l'avait bien compris, lui qui, en 1959, avait supprimé par décret le caractère férié de ce jour, institué en 1953 sous la présidence de Vincent Auriol, anti-allemand notoire.
Depuis 1981 et Mitterrand en pleine débauche de gages idéologiques à destination des obsessionnels « anti-fascistes », le 8 mai est officiellement redevenu, sans qu'aucun président ne s'y oppose plus, cette commémoration d'un malentendu qui, sous prétexte d'anti-nazisme, conduit le quidam à voir une libération dans la soumission de la France à l'ordre européiste-américaniste issu de la deuxième guerre mondiale et, pire, lui fait croire qu'il existerait une quelconque solidarité, une quelconque communauté d'intérêts et de destins entre son peuple et les anglo-saxons.
Se souvient-on aujourd'hui que de Gaulle, encore lui, avait refusé par deux fois l'entrée dans la CEE au Royaume-Uni, qu'il appelait le « cheval de Troie des Américains » ? Plus clairvoyant que nombre de politiques français depuis des siècles, il avait bien identifié l'ennemi.
A supposer qu'il y ait quelque chose à fêter dans les sombres périodes de la deuxième guerre mondiale et de ses suites géopolitiques, je propose de ne retenir, en ce trompeur 8 mai, que le courage et l'honneur de nos soldats de 1940, niés depuis soixante ans au moins par une intense propagande pseudo-historique, relayée par le tabou de la honte, par une autoflagellation se voulant comique pour dédramatiser (par exemple, la série cinématographique « La septième compagnie » ne retenant que la débâcle de juin...) ; le tout, bien utile à tous les détracteurs de la France pour nous persuader que non contents de s'être jetés comme un seul homme dans la collaboration, les Français se seraient antérieurement ridiculisés au combat, voire se seraient massivement rendus sans avoir osé s'opposer à l'invasion allemande.
18:33 Écrit par Boreas dans Histoire, Identité, Propagande, Psychologie | Lien permanent | Tags : commémoration, 8 mai 1945, victoire, etats-unis, urss, france, défaite, mai 1940, juin 1940, europe, de gaulle, allemagne, soumission, anglo-saxons, courage, honneur, soldats français, combat, bataille de hannut, bataille de stonne | Facebook | | Imprimer | |
22/10/2011
« De la corruption considérée comme un des beaux-arts »
« Le Pont sur L'Atlantique, renforçant les relations particulières » (entre les USA et la G-B)
« Quoi que nous imaginerons, ils feront toujours plus et mieux, c’est-à-dire toujours pire. La démission du ministre britannique de la défense Liam Fox, à cause d’une affaire d’amitié particulière avec son conseiller Adam Werritty et ses prolongements de corruption plutôt courants que particuliers, affectant tous les domaines possibles, met en lumière la prodigieuse pourriture transatlantique. Tout s’organise autour d’une association de lobbying présentée comme caritative dans son centre Atlantic Bridge, mise en place (dans ce cas, par Fox) pour une corruption à caractères transatlantique, mais multinationale, multiconfessionnelle (pourquoi pas ?) et multi professionnelle. On y trouve bien entendu les Tories britannique (Fox n’est pas le seul ministre à figurer dans Atlantic Bridge), les neocons US, les bailleurs de fonds de Tea Party, l’industrie d’armement, les entreprises de relations publiques et de lobbying, Israël, ses “services” et son Lobby, et quelques satellites annexés (telle ou telle firme d’armement, tel ou tel intermédiaire, au Pakistan, au Sri Lanka et ainsi de suite). Il y a aussi des donations venues des industries pharmaceutiques, du tabac, des pétroliers et de “l’industrie du jeu” liée à Cosa Nostra, le crime organisé US (dans d’autres pays moins policés et plus mal vus, on dit : “mafia”). La structure de corruption est, en perspective, prodigieuse d’importance et de ramification, et elle a été établie, sous le patronage de l’indestructible quoique fort avancée Lady Thatcher, essentiellement durant les années Bush. (...)
L’“anglosphère”, ou entité anglo-saxonne, a poussé les activités de corruption au-delà de tout ce qu’on pouvait imaginer, installant la postmodernité dans le pur domaine de la transformation de toutes les activités en sources de profit et d’influence pour le profit, offrant sa substance même au pourrissement direct. Il ne s’agit même plus vraiment d’une organisation de pression politique pour un peu plus américaniser le Royaume-Uni, pour des intérêts politiques nationaux. Il s’agit bien de liens de parti à parti (les Tories et les républicains) comme l’on dit de gang à gang, avec une impressionnante participation du big business, pour les questions essentiellement de business, – l’agenda politique étant soumis à l’impératif de business. (...)
Comme les directions politiques elles-mêmes, la corruption ne s’intéresse plus prioritairement à la politique et à l’idéologie, mais à l’activité de corruption d'une façon générale et pluraliste, – “considérée comme un des beaux-arts”, si l'on veut. Il s’agit du pas ultime vers la subversion et même vers l’inversion entraînant la dissolution du Système. Cette orientation induit, en effet, que le Système est en train de perdre, si ce n’est déjà complètement perdu, tous ses impératifs structurels en matière de politique et d’idéologie. Il se trouve sur la dernière marche du pourrissement de la décadence, lorsque cette dernière marche, en bois pourri, cède sous le poids et s’effondre comme une symbolique de la Chute. Il n’y a plus de complots, plus de manipulations, plus de machinations type-Murdoch avec tout de même un sens politique, il n’y a plus que la course effrénée dans la corruption, avec un personnel politico-machin-chose qui a perdu la moindre capacité de réflexion de combat sur un terme constructif, pour la cause qu’il défend prétendument. (...) »
18:37 Écrit par Boreas dans Crise, Economie, Géopolitique, Politique, Psychologie, Société | Lien permanent | Tags : philippe grasset, corruption, usa, neocons, tea party, israël, mafia, thatcher, atlantic bridge, anglosphère, lobby, lobbying, anglo-saxons, royaume-uni, etats-unis, pourrissement, décadence | Facebook | | Imprimer | |
30/08/2011
L'avenir de l'Euro : quelles perspectives concrètes ?
Dionysos enfant chevauchant un tigre
(mosaïque d'El Djem, Tunisie, époque impériale romaine)
Après m'être heurté à une certaine incompréhension et avoir essuyé quelques insultes lors d'un récent débat sur un excellent blog consacré à la crise, je ne pouvais qu'avoir envie de compiler et compléter ici mes réflexions, plus générales que techniques (je laisse ce soin aux spécialistes, aux écrits desquels je renvoie), sur le sort de l'Euro, mauvaise monnaie unique mais possible bonne monnaie commune, dans un cadre non fédéral, si son évolution lui faisait prendre cette voie.
Il est désormais d'usage, au sein de la « droite nationale » paraît-il largement groupée derrière Marine Le Pen et le nouveau programme économique du Front National, de déduire des justes critiques faites à l'Euro, notamment par des économistes, hétérodoxes ou libéraux, comme Jacques Sapir, Alain Cotta, Jean-Claude Werrebrouck, Hervé Juvin, Gérard Lafay, Jean-Jacques Rosa, etc., la nécessité d'en finir avec la monnaie unique et de revenir aux monnaies nationales.
C'est même un leitmotiv chez beaucoup de patriotes qui, comme les Français en général, sont plutôt peu instruits en matière économique mais qui, de plus, sont nostalgiques du Franc et anti-européens, ce que les Français en général ne sont pas, ni au plan monétaire, ni au plan économique.
A noter, que l'anti-européanisme paraît souvent confondu avec l'anti-européisme. Pourtant, le fédéralisme européen des eurocrates de Bruxelles n'est pas la seule possibilité politique envisageable pour parvenir à une Europe-puissance, dont il est éminemment souhaitable que, contrairement à lui, elle préserve les souverainetés et les particularismes locaux et nationaux. Mais il est vrai que les tentacules technocratiques et non-démocratiques de l'Union Européenne peuvent avoir, intellectuellement, un effet hypnotique proportionné à l'ampleur de leurs ingérences inacceptables, dans des domaines de plus en plus étendus de la vie quotidienne...
Quoi qu'il en soit, il est impossible, ces temps-ci, d'échapper au constat, qui réjouit fort la « droite nationale », de l'essor, bien sûr imputable aux inquiétudes nées de la crise des dettes publiques, des idées anti-Euro dans les médias dominants : Le Parisien, Le Monde, Le Figaro, L'Express, Le Nouvel Obs, Les Echos, Libération, La Tribune, etc., se sont tous plus ou moins fait l'écho de cette nouveauté, donnant souvent la parole aux contestataires confidentiels d'hier, presque devenus des augures admirés aujourd'hui.
Loin de s'étonner de ce curieux retournement de tendance médiatique, en général la « droite nationale » se contente de l'explication simple du révélateur que constitue la crise. Pourtant, que les médias qui, hier, ne juraient que par la monnaie unique et le constructivisme européiste, appellent presque, aujourd'hui, au souverainisme, a de quoi intriguer.
Intriguer, si on oublie à qui ils appartiennent.
Un exemple parmi d'autres : dans Le Monde, Gérard Lafay, professeur d'université dont je ne conteste en rien la pertinence des critiques envers l'Euro depuis toujours, appelle une fois encore à revenir au Franc. Banal, me direz-vous, puisqu'il l'a souvent fait par le passé. Certes. Sauf que, cette fois, il a associé sa plume à celle de Philippe Villin, un personnage libéral-libertaire clairement lié au monde de la finance, qui a déjà sévi, dans la même veine, avec un autre économiste libéral, Jean-Jacques Rosa, précité, mais plus discrètement (les trois compères unissent maintenant leurs efforts).
Que de pareilles gens et leur chef de file, le prophète Pascal Salin, veuillent la fin du fédéralisme européen et de la monnaie unique dont la plupart des libéraux sont, quoi qu'en disent ces hérétiques minoritaires, les plus fervents supporters, pour revenir à une organisation politique et monétaire nationale (qui, a priori, les arrange moins puisqu'elle ne facilite pas le libre-échange auquel ils tiennent tant), cela s'explique, sans doute, par la vision juste des méfaits de l'Euro, à laquelle d'autres s'associent sans pour autant partager leur idéologie. Pour l'anecdote, « Trois profs et un banquier », ça ferait un bon titre de comédie, vous ne trouvez pas (eh oui, Pascal Salin, Gérard Lafay et Jean-Jacques Rosa sont fonctionnaires de l'Education Nationale, comme beaucoup de libéraux, on se demande pourquoi...) ?
Ce qui est étrange n'est pas qu'ils s'expriment de la sorte, c'est qu'ils soient entendus maintenant, au seul prétexte de la crise des dettes publiques. Ce serait un motif suffisant, car raisonnable, si nous n'étions pas soumis à un système médiatique aux mains du capital ; mais, comme le robinet à paroles ne s'ouvre que quand de grandes mains argentées le tournent, je peine à croire à une explication aussi simple que celle qui consisterait en une soudaine compréhension, par les oligarchies financières, d'une impasse, potentiellement ruineuse pour eux, de la monnaie unique. La fortune est voyageuse et n'a nul besoin de s'attacher à une monnaie en particulier.
Encore plus étonnant, même si les motifs affichés ne sont pas les mêmes (à Londres, alors que le Royaume-Uni n'a jamais voulu entrer dans la zone Euro, on défend le fédéralisme et la marche en avant vers l'intégration européenne, vers la gouvernance économique commune !), les médias anglo-saxons se sont également mis à prôner la rupture, comme le Times, qui conseille, sans rire, à la France de Sarkozy de virer l'Allemagne de Merkel (enfin, de l'inciter à partir d'elle-même, puisque la virer est juridiquement impossible), pour lui apprendre à vivre de n'être pas assez solidaire des dettes des autres. Il est vrai qu'elle n'a pas été très altruiste dans d'autres domaines non plus...
Néanmoins, prenons un peu de recul. L'économie, la finance, ce ne sont que des moyens, qui en principe devraient être soumis au politique.
Or, l’avenir est à la coopération franco-allemande (bientôt, nos cousins germains ne pourront se passer de notre agriculture et nous, de leur industrie, etc.) et, par la suite, à l’axe Paris-Berlin-Moscou, indispensable à notre survie dans un monde de blocs géopolitiques régionaux.
Critiquer les méfaits de l’Euro tel qu’il est ne peut suffire. Il faut proposer des remèdes qui tiennent la route et qui, politiquement, ne livrent pas pieds et poings liés une Europe éclatée à la merci de la haute finance anglo-saxonne, de manière pire encore qu’aujourd’hui.
En la matière, le souverainisme au petit pied (c’est-à-dire nationaliste seulement) ne peut suffire.
C’est le piège dans lequel l’anglosphère voudrait que tombe l’Europe continentale de l’Ouest, et dans lequel tombent les nostalgiques sentimentaux du Franc et les démagogues politiques pseudo-dissidents (comme Dupont-Aignan et Asselineau, par exemple), sans parler de Marine Le Pen, dont le plan de sortie de l'euro a été critiqué par Jacques Sapir qui, pourtant, est lui-même favorable à une telle issue.
Quand notre ennemi propose de maintenir un système qui devrait être réformé en profondeur, tout en appelant à la division entre les partenaires naturels que sont la France et l’Allemagne, qu’est-ce que cela veut dire ?
Ne serions-nous pas plus profitables à cet ennemi si nous acceptions tous, Français et Allemands, de continuer à jouer le jeu de l’instrument de servage ? Pourquoi, au contraire, l’ennemi veut-il nous dissuader de poursuivre dans cette voie et nous inciter, sous la houlette de notre Prézydent néo-con, à rompre avec l’Allemagne ?
Bien sûr, le but de la propagande médiatique bien connue (cela fait au moins deux ans que cela dure, notamment de la part du Financial Times) est, comme d’habitude, de faire chuter les Bourses européennes au profit des spéculateurs anglo-saxons, d’affaiblir l’image de l’Europe pour attirer les investisseurs vers les TBonds US (s’il y a encore des gogos quelque part !), et de masquer la situation catastrophique de l’anglosphère derrière un rideau de fumée…
Mais sur le fond, à mon avis, il s'agit surtout de maintenir l’UE dans l’état d’impuissance et de tutelle dans laquelle elle se trouve, en partie à cause des manigances anglo-saxonnes depuis 60 ans mais surtout en raison des propres faiblesses des Européens. De nous inciter à mater l’Allemagne qui commence à se rebeller un peu (de plus en plus anti-fédéraliste) et sous l’impulsion de laquelle, justement, des réformes importantes pourraient s’amorcer.
Le souhait affiché de voir sauver l'Euro sous sa forme actuelle sous-entend, en réalité, de l’empêcher d’évoluer vers la forme plus solide qu’il pourrait prendre si l’Allemagne en restait le moteur, tout en acceptant sa réforme (dans l'immédiat, avec la BCE devenant prêteur en dernier ressort, des défauts partiels sur les dettes, éventuellement une hiérarchisation de celles-ci selon l’idée de Jacques Delpla, des Eurobons, etc.) en contrepartie de l’abandon du fédéralisme.
L'anglosphère veut juste affaiblir l’Euro – mais s'il coulait, elle n’en ferait pas une maladie (l’impuissance européenne n’a pas attendu l’Euro pour exister).
Laurent Ozon vient d’émettre l’idée que les anglo-saxons veulent instrumentaliser MLP et le FN contre l’Euro. Encore un élément qui tend à montrer que le souverainisme national pur et simple ne suffit pas, et que la sortie de l’Euro n’est pas la solution, puisque c’est ce que l’ennemi souhaite.
Pour certains, néanmoins, la solution, ce serait de tout faire sauter. Ils ne voient que l’état actuel de l’UE (et encore, avec un temps de retard sur l’évolution des opinions au sein des élites dirigeantes, quant à l’idéologie fédéraliste, de plus en plus moribonde) : cet état leur paraît, à juste titre, assez négatif, et donc ils veulent supprimer tout ce qui leur déplaît.
Or, il est manifeste que l’ennemi, lui, ne craint pas du tout une telle suppression. Il ne craint pas du tout ce qui pourrait en résulter : une Europe émiettée, une série de pays trop faibles pour peser en tant que bloc contre lui ; trop faibles, surtout, pour lui résister financièrement et économiquement.
Ce qu’il craint, c’est une évolution vers des réformes susceptibles de transformer l’Europe, à terme, en une réelle puissance, tant financière (réformes de la BCE et de l’Euro) qu’économique (protectionnisme européen, réindustrialisation et relocalisation) et politique (confédération plutôt que fédération, fin de la technocratie-bureaucratie, respect des souverainetés et des identités, démocratisation et populisme, fin du « multiculturalisme »).
Il est nécessaire de faire front contre l’anglosphère, éventuellement avec l’aide de la Chine qui a toujours soutenu l’Euro, mais surtout, en développant un certain degré de solidarité européenne.
En ce sens, de multiples économistes plus ou moins hétérodoxes, cités au début de ce billet, ont proposé des solutions pour améliorer l’Euro et en faire une véritable monnaie commune, profitant à l’ensemble de sa zone, au lieu d’une monnaie unique permettant des déflations compétitives pour les pays économiquement forts et des explosions d’endettement pour les pays économiquement faibles. Je renvoie à leurs écrits abondamment cités sur Fortune et ailleurs, et n’y reviens pas.
Le problème est que nos élites, actuellement empêtrées dans les freins bureaucratiques et l’impuissance politique dus à l’idéologie fédéraliste européenne impulsée depuis les années 1950, et par ailleurs soumises à la proximité consanguine et corruptrice de la finance et du grand capital, ont le plus grand mal à envisager autre chose que la fuite en avant dans la préservation de leurs intérêts « nationaux » mal compris.
Comme le dit Jean-Claude Werrebrouck, ces intérêts sont avant tout clientélistes : « (…) il est probable que la négociation portant sur le fédéralisme sera vite bloquée par la prise de conscience des entrepreneurs politiques, du risque de se trouver rapidement évincés par les populismes. Et comme il faudra – malgré tout – encore gagner du temps, il n’est pas impossible qu’un accord puisse être trouvé non plus sur l’impossible fédéralisme, mais sur la monétisation de la dette, ce qui suppose bien sûr la fin de l’indépendance de la banque centrale… et le début d’une nouvelle histoire monétaire… parallèle à une large modification des parts de marchés, ou/et des positionnements stratégiques, entre entreprises politiques européennes ».
Néanmoins, à la guerre comme à la guerre.
Pour le moment, nous sommes embarqués bon gré mal gré, politiquement, sur le frêle esquif Union Européenne, dont l’essentiel (la zone Euro) dépend, pour son cap et son pilotage, d’aussi piètres marins que Jose Manuel Barroso, Herman Van Rompuy et Jean-Claude Trichet.
Nous ne pouvons rien y faire (on a bien vu comment le « non » français au référendum de 2005 a aussitôt été « corrigé », dès 2007, sous l’impulsion du simulateur de populisme Sarkozy…) ; rien d’autre que de travailler, de toutes les manières possibles, à faire monter ce populisme qui force déjà, de plus en plus nettement, les dirigeants européens à se détourner du fédéralisme et à aller vers un système alternatif, respectueux des pays et des identités… un système confédéral, par exemple ; en attendant que nos élites soient remplacées par d’autres plus capables.
Il faut faire avec ce que nous avons et essayer pragmatiquement, « politique d’abord », même au prix d’une folie financière momentanée, de l’infléchir dans notre sens, au lieu de vouloir couler toute solidarité européenne, vitale contre l’ennemi anglo-saxon, en fantasmant sur un retour au souverainisme prospère des Trente Glorieuses.
Dans l'immédiat, quelle est la situation, en ce qui concerne les deux grands acteurs de la zone Euro ?
Atlantiste, Sarkozy l'est sans doute ; mais Merkel (ancienne hiérarque communiste en RDA, même si elle n’était pas une fervente du régime) l'est beaucoup moins. Contre l’entrée de la Turquie dans l’UE, elle était aussi contre l’indépendance du Kosovo, a reconnu que le « Multikulti » est un échec, a été critiquée par Helmut Schmidt notamment à cause de sa volonté d’interdire la spéculation par la vente à découvert, etc. Pas vraiment un clone d’américain, quand même.
Et puis, il y a les contraintes économiques et énergétiques, qui rapprochent inexorablement l’Allemagne de la Russie.
Merkel, critiquée par son propre camp pour le sauvetage de la zone Euro, sait très bien que la monnaie unique rapporte pourtant plus à l’Allemagne qu’il ne lui coûte (certes, pas en termes de simples subventions), malgré toutes les récriminations allemandes, dont les siennes propres, car ce qui compte avant tout pour l’Allemagne, ce sont ses exportations, menacées par la récession.
Or, la dévaluation compétitive apportée aux Allemands par leur politique unilatérale de déflation salariale, favorise ces exportations. Sans parler de l’exposition maximale des banques allemandes à la Grèce et aux « PIGS » en général. Bref, l’Allemagne a intérêt à rester dans l’Euro et elle le sait pertinemment.
Mais elle a aussi intérêt, à mon avis, à des réformes de l’Euro, qui lui permettraient de mieux accepter de jouer le jeu de la solidarité européenne. J’ai déjà parlé de cela, notamment en donnant cet autre lien, fort intéressant me semble-t-il.
Les Allemands sont des pragmatiques (« Realpolitik » est d’ailleurs un mot allemand).
Au sujet de la stratégie de l'anglosphère, Michel Drac a écrit : « Brzezinski souhaite dans une certaine mesure le développement des liens germano-russes, mais seulement si l’Allemagne est, via l’Union Européenne codirigée avec une France capable de maintenir une forme de parité, ancrée dans un monde atlantique lui-même sous leadership américain. Brzezinski parle, pour décrire l’Europe qu’il souhaite, de "tête de pont de la démocratie" (en clair : de l’Amérique). Et donc, une situation, où la France serait trop faible pour maintenir cette parité, modifierait fondamentalement l’attitude des USA à l’égard de la question germano-russe – surtout si, dans le même temps, l’Amérique est si affaiblie qu’elle n’a plus les moyens de faire clairement percevoir son leadership global.
Nous avons confirmation de cette lecture plus loin : "A long terme, la France est un partenaire indispensable pour arrimer définitivement l’Allemagne à l’Europe. […] Voilà pourquoi, encore, l’Amérique ne saurait choisir entre la France et l’Allemagne".
En clair : aussi longtemps que l’Europe s’unifie sous la tutelle américaine, l’Allemagne doit être poussée à étendre sa zone d’influence vers l’est. Mais si ce nouveau Drang nach Osten devait déboucher sur la définition d’un axe Berlin-Moscou émancipé de la tutelle US, alors il faudrait que les USA donnent les moyens à la France de rééquilibrer l’Europe. Ce point est, évidemment, pour nous, Français, d’une grande importance. Nous allons peut-être avoir, enfin, la possibilité de desserrer l’étau de l’alliance germano-américaine ».
Si nous en sommes, désormais, à lire dans le Times de Londres, en substance : « puisque l’Allemagne ne veut pas payer davantage pour le fédéralisme européen (d’impulsion atlantiste), la France n’a qu’à la punir en faisant sa propre UE, ce qui poussera l’Allemagne à (je cite) revenir en rampant, la queue entre les jambes », c’est que l’Allemagne bloque le fédéralisme français (sarkozyste atlantiste) et que l’anglosphère en est réduite, parce que c’est un signe de sa faiblesse et de son impuissance à forcer l’UE à devenir fédérale, à ce plan de secours.
« Revenir en rampant, la queue entre les jambes » : incroyables expressions, pleines de mépris et de haine, vous ne trouvez pas ? Ils l’ont mauvaise contre l’Allemagne, les Ricains et les Godons…
A mon sens, cet article du Times est un signe encourageant de ce qu’avec la progression de la crise (la crise en général, parce qu’on nous parle toujours des dettes publiques, mais en réalité les vrais problèmes ne sont pas là, ils sont dans la crise de l’économie réelle, dans le basculement Occident/Orient du fait du libre-échangisme mondialisé et de la désindustrialisation occidentale, dans l’autodestruction du « Système » par pléthore et par abus de financiarisation, avec des dettes privées qui sont bien supérieures aux dettes publiques…) ; un signe encourageant de ce qu’avec la progression de la crise, dis-je, l’anglosphère perd de son influence, à mesure que chacun cherche, au plan national, des solutions pour se sauver sans que l’idéologie entre encore autant en ligne de compte qu’auparavant.
Les élections de 2012 seront très importantes, en France comme aux Etats-Unis. Celles de 2013 ne le seront pas moins, en Allemagne. Montée du populisme, influence sur les élites installées qu’elles le veuillent ou non (clientélisme électoral)…
Qui sait ce qui peut se passer d’ici-là, mais une chose me paraît sure : ce n’est pas avec la Finlande, les Pays-Bas et l’Autriche (30 pauvres millions d’habitants au total) que l’Allemagne pourrait, en faisant sécession, sauver ses exportations, déjà que celles-ci ne cessent de chuter quand elles sont à destination des Etats-Unis.
Des gens aussi avisés que Merkel à la CDU-CSU et Steinbrück au SPD, le savent pertinemment et ce ne sont pas les déclarations tonitruantes du politiquement insignifiant Christian Wulff, par ailleurs sous le coup d’une enquête pour abus de biens sociaux, qui y changeront quelque chose, même si le contexte lui paraît favorable dans l’immédiat (à noter que Merkel en avait fait son candidat au poste de président – c’est dire le peu de fidélité de cet opportuniste).
Par ailleurs, l’UE, ni la zone Euro, ne peuvent expulser aucun pays. Donc, il faudrait, pour que la zone Euro « éclate » comme le claironnent désormais tous les médias mainstream, qu’un grand pays s’en retire. Mais lequel ?
La France de Sarkozy ? Certainement pas, ni Naboléon l’américain, ni François Hollande (désormais favori de la primaire socialiste comme de l’élection de 2012), ni aucun autre atlanto-propulsé de la classe des fossiles, ne prendront jamais le contrepied de Jean Monnet, de Robert Schuman, de Pierre Mendès France et tutti quanti. Et MLP ne gagnera pas en 2012.
L’Allemagne de Merkel ? Je n’y crois pas du tout, notamment en raison du poids du patronat, dont Michel Drac souligne l'importance. Le patronat industriel allemand, conquérant mais qui ne peut se passer de l'Euro (c'est-à-dire de l'Euro fort, mais tout se négocie), est en train de prendre le dessus, politiquement, sur le patronat financier, englué jusqu’au cou dans la responsabilité de l’exposition [ce lien : voir pp 10 ss : « Les foyers de risque »…] aux dettes des PIGS et aux actifs toxiques datant des subprimes.
Un exemple ? Malgré son anti-fédéralisme, Hans-Peter Keitel, le président de l'Union fédérale de l'industrie allemande, a été invité par la CDU à prendre part à l'élection du président de la République fédérale allemande en 2010, ce qui est un honneur marqué, alors qu'Andreas Schmitz, son alter égo de l'Union des banques, qui en était absent, vient d'appeler Berlin, pour sauver l'Union monétaire, à « montrer le chemin » dans un sens fédéraliste certes plus classique, mais au rebours de la tendance politique de fond outre-Rhin.
Le patronat industriel allemand se prononce clairement pour l'Euro sous condition de rigueur budgétaire (le Pacte de compétivité, qui est bien sûr une erreur, puisque la rigueur peut tuer ses clients au sein de l'Union : il sera donc obligé de lâcher du lest ultérieurement, notamment quand les dirigeants politiques allemands négocieront avec la France, pénalisée, elle, par l'Euro fort - le FESF et le MES sont d'ailleurs déjà de premières concessions), mais il le fait dans cette optique anti-fédéraliste qui est intéressante. Le patronat bancaire, lui, reste sur une ligne certes également pro-Euro, mais politiquement dépassée, influente sans doute uniquement au plan financier (la fuite en avant dans la dette, inévitable, contre la fuite en avant dans la rigueur, intenable).
Alors qui, en définitive, pour se retirer de la zone Euro ? Personne.
Personne n’a intérêt à sortir de l’Euro, ou la volonté de le faire.
Alors quoi ?
La monétisation des dettes par la BCE, si combattue, tant par les fédéralistes européens (pour qui la BCE doit rester le petit toutou des politiciens, des financiers monétaristes comme Trichet ou Draghi, des idéologues de la sacralisation des dettes) que par les souverainistes et les nationalistes (au nom, plus légitimement, des défauts techniques criants de l’Euro et de l’UE, comme de la lutte contre la techno-bureaucratie de Bruxelles, tout sauf démocratique, et pour le retour au pré carré national), que par l’Allemagne (essentiellement pour d’autres raisons évoquées plus haut : le souhait de ne pas avoir à payer pour les autres), cette monétisation des dettes est pourtant probablement la seule solution à court terme.
Et je pense qu’on y viendra. En réalité, outre ce qu’on sait de ses achats de titres sur le marché secondaire, la BCE a déjà commencé, secrètement (et, nécessairement, avec l’accord de l’Eurosystème ; c’est-à-dire, malgré l’indépendance des banques centrales nationales sur le papier, avec l’accord des dirigeants politiques feignant de l’ignorer).
Et le FESF, puis le MES, continueront dans cette voie, et je pense qu’ils seront abondés autant que possible. Angela Merkel vient d’annuler un rendez-vous germano-russe pour cause de FESF, c’est dire si en réalité elle y tient. Et elle assure, selon moi de façon crédible, qu'elle parviendra, fin septembre, à faire voter l'accord de renforcement des pouvoirs de ce Fonds.
Jean-Claude Werrebrouck a déjà parlé de cette course au crédit, bien mieux que je ne saurais le faire.
Evidemment, tout cela est pitoyable, c’est une fuite en avant jusqu’aux prochaines élections pour maintenir l’illusion électoraliste que tout va encore à peu près bien.
La monnaie unique, avantageuse pour les pays économiquement forts, se révèle, comme certains l’avaient prévu bien avant même sa naissance, être le pire des carcans et des instruments d’appauvrissement, en l’absence de direction commune et de souplesse géographique dans son application.
Là encore, Jean-Claude Werrebrouck l’avait parfaitement expliqué.
Difficile de prévoir l’avenir de la fuite en avant.
Le fédéralisme idéologique paraît désormais en être exclu par le véto allemand, mais comme l’Euro est toujours voulu par les acteurs de sa zone, il va bien falloir pour le sauver, s’ils ne veulent pas se heurter tôt ou tard au mur de la dévaluation carabinée (qui peut néanmoins présenter quelques avantages commerciaux concurrenciels, mais truciderait les banques que tout le monde veut absolument sauver en priorité actuellement, et précipiterait la récession), qu’ils se résolvent à le réformer, lui et sa fameuse « gouvernance ».
Et, au fur et à mesure de la montée des populismes, peut-être verrons-nous des évolutions… souverainistes européennes, sans être fédérales, ni donc eurocratiques et antidémocratiques. J’ai déjà dit quelles formes elles pourraient prendre (transformation de l’Euro en monnaie commune, de la BCE en prêteur en dernier ressort, défauts partiels sur dettes hiérarchisées à la carte suivant l’idée de Jacques Delpla, eurobons assortis de garanties, contribution forcée de la finance…).
Cela suppose, bien sûr, des évolutions politiques importantes. Mais celles-ci ne se produisent-elles pas, en général, quand nécessité fait loi ?
Et comme toujours, Jean-Claude Werrebrouck est un guide précieux.
Quels que soient les moyens, il va bien falloir un jour sortir de l’impasse, ce qui suppose de transiter par des étapes imparfaites, voire apparemment contraires aux buts recherchés (qui sont, bien sûr : la mort de l’escroquerie bancaire, la restauration des souverainetés, la puissance européenne confédérale ou quelle que soit sa forme non-supranationale), quitte à ce que ces évolutions soient portées par des gens que nous exécrons et nous imposent provisoirement des épreuves supplémentaires.
N’oublions jamais que, pendant ce temps, notre pire ennemi agonise. La vengeance est un plat qui se mange froid. Quant à notre liberté, elle mérite bien que nous nous mettions, nous aussi, à la Realpolitik.
D’autant plus que nous sommes peu de choses, politiquement, sinon carrément rien ; nous ne sommes pas au pouvoir et sans doute pas près d’y accéder, en tout cas dans un contexte où l’argent ne fait pas défaut à la partitocratie et à ses commanditaires et clients pour en verrouiller les portes et stipendier leurs kapos.
Notre travail actuel, même si nous souhaitons ardemment ne pas être que des spectateurs de la folie financière en cours, ne peut porter que sur la compréhension de la situation et le militantisme populiste (et identitaire – pléonasme) à de multiples niveaux.
00:35 Écrit par Boreas dans Crise, Economie, Géopolitique, Politique, Propagande, Stratégie | Lien permanent | Tags : avenir, euro, perspectives, monnaie, unique, commune, jacques sapir, alain cotta, jean-claude werrebrouck, hervé juvin, gérard lafay, jean-jacques rosa, marine le pen, front national, franc, européisme, fédéralisme, confédération, souverainisme, anglosphère, finance, médias, union européenne, bce, philippe villin, pascal salin, oligarchies, capital, royaume-uni, france, allemagne, anglo-saxons, angela merkel, nicolas sarkozy, peer steinbrück, paris-berlin-moscou, nicolas dupont-aignan, françois asselineau, tutelle, etats-unis, usa, jacques delpla, laurent ozon, chine, eurocrates, identitaire, atlantiste, michel drac, zbigniew brzezinski, realpolitik | Facebook | | Imprimer | |
11/08/2011
« Les Anglo-saxons ont décidé de se payer la France »
Capture d'écran du site du Figaro, ce 11 août 2011
Ce que disent Pierre Jovanovic et quelques autres, depuis un bon moment, dans l'underground du Net, commence à percer dans les médias mainstream (ici, un blog du Figaro) :
« Après les PIGS, les FIGS
J'ai vu sur Bloomberg TV, aujourd'hui, ce titre : "Figs are the new Pigs!" Ce qu'on pourrait traduire par : "les Figs sont les nouveaux cochons".
Pigs ("cochon en anglais") est le nom pas très gentil que nous avons donné aux mauvais élèves de la zone euro : Portugal, Italie, Grece et Espagne.
Désormais la première chaîne mondiale sur les marchés financiers ose ce jeux de mot : les Figs sont la France, l'Italie, la Grèce et l'Espagne.
C'est dire la virulence de l'attaque que nous sommes actuellement en train de subir de la part du monde financier anglo-saxon.
Cette attaque se traduit sur un instrument financier : les CDS. (...) »
Pour lire la suite sur le blog de
20:23 Écrit par Boreas dans Crise, Economie, Propagande, Stratégie | Lien permanent | Tags : pigs, figs, france, anglo-saxons, cds, le figaro, cyrille lachèvre, dettes publiques, pierre jovanovic, manipulation, taux, risque, défaut, bloomberg tv | Facebook | | Imprimer | |
12/07/2011
Anagramme hostile
Amérique et... arnaque ; bon, c'est loin d'être une anagramme parfaite, j'en conviens.
Mais à lire Pierre Jovanovic, ça colle, et je partage son avis :
« BUSINESS INSIDER JOUE POUR WALL STREET, PAS POUR LES LECTEURS !!!
du 11 au 15 juillet 2011 : Regardez bien cette page avec des photos qui vous expliquent à quel point les Italiens sont nuls, compliment du Business Insider qui se plaint du fait, entre autres, que le pays n'a pas assez d'immigration, qu'ils ne payent pas leurs impôts, qu'il n'y a pas assez de multinationales, et que leurs services publics sont nuls ! Au moins vous savez pourquoi on [a] autant d'immigration en France et pourquoi la CGT ne fait que des manifs pour les sans-papiers... Lisez, et vous comprendrez tout.
D'ailleurs, depuis le temps que je dis, ici ou à la radio, que je me méfie du Business Insider, eh bien j'ai voulu vérifier à qui il appartient et surprise justement, à un certain Henry Blodget, un ancien... trader de Wall Street (!!! comme quoi, mon radar, ou intuition, fonctionne encore) à qui il a été interdit d'y remettre les pieds, pour cause de fraude financière ! Fabuleux non ?? "US Securites and Exchange Commission (April 28, 2003) The SEC, NASD and the NYSE permanently bar Henry Blodget from the Securities Industry and Require $4 Million Payment". Vous comprenez pourquoi le Business Insider mène la danse contre la Grèce, l'Italie, et bientôt la France ?
LA GRECE SERA MISE EN DEFAUT DE PAIEMENT !!!
du 11 au 15 juillet 2011 : C'est dans le FT de ce matin, et c'est hilarant : il est question de mettre la Grèce en defaut de paiement et/ou de la sortir de la zone euro... Ha ha ha, et dire qu'ils nous ont fait tout ce cirque la semaine passée... Bref, ils ne savent pas quoi faire ! Une chose est sûre, les banques french vont le sentir passer: "EU stance shifts on Greece default ; Possible end to French-backed plan for debt roll-over".
AMBROSE EVANS PRITCHARD : SORTEZ VOS ROSAIRES !!!
du 11 au 15 juillet 2011 : "Italy and Spain must pray for a miracle". Pour son retour à la rédaction du Telegraph, AEP nous confirme aussi que la Grèce n'était qu'un test des vampires pour mettre le reste de l'Europe au pas, et cela avant que les USA ne fassent un défaut de paiement sur leurs bons du Trésor. Donc, la situation empire, les flammes ont quitté la Grèce pour toucher l'Italie, l'Espagne, le Portugal, l'Irlande, et vous allez voir toute la presse anglo-saxonne vous expliquer à quel point les Italiens sont nuls, des paresseux, ils ne payent pas leurs impôts, etc., les même conneries, les mêmes mensonges scandaleux que le Business Insider nous ressort pour l'Italie après nous [les] avoir donné[s] pour la Grèce (le Business Insider regrette qu'il n'y ait pas d'immigrés en Italie, pas assez selon lui ; au moins vous savez pour qui travaille le BI, pour Wall Street).
Pour Evans-Pritchard, la contagion ne peut plus être arrêtée, et les jeux sont faits. Il n'y a pas assez d'argent nulle part pour sauver l'Italie et l'Espagne. Mais la sauver de quoi ? Des mensualités que les municipalités, ruinées, doivent payer à la JP Morgan, à la Deutsche Bank, Dexia, etc. ? La mort financière arrive à pas lents : "Spanish 10-year bond... through the danger line of 5,7%... Italian 10-year... 5,3% on Friday... the Italian treasury has to roll over 69bn € in August and September ; it must tap the markets for 500bn € before the end of 2013"... Clairement le monde financier invisible brûle et les gens ne se rendent compte de rien. De plus, on leur dit que le feu est en Europe alors que les US se sont vendus la corde (assortie d'un credit default swap) avec laquelle ils vont se pendre. C'est beau l'escroquerie planétaire des banques et des agences de notation. Et AEP ajoute, le chômage, le vrai, aux US "est de 16,2% en juin"... Lire Ambrose ici. Lire aussi Zero Hedge sur l'Espagne, parlant d'un default... »
20:40 Écrit par Boreas dans Culture, Economie, Géopolitique, Politique, Propagande, Stratégie | Lien permanent | Tags : etats-unis, europe, pierre jovanovic, business insider, henry blodget, immigration, italie, dette, usa, arnaque, mensonges, grèce, défaut de paiement, ambrose evans pritchard, espagne, portugal, irlande, presse, anglo-saxons, wall street, contagion, banques, chômage | Facebook | | Imprimer | |