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30/08/2011

L'avenir de l'Euro : quelles perspectives concrètes ?

 Dionysos enfant chevauchant un tigre

(mosaïque d'El Djem, Tunisie, époque impériale romaine)

 

Après m'être heurté à une certaine incompréhension et avoir essuyé quelques insultes lors d'un récent débat sur un excellent blog consacré à la crise, je ne pouvais qu'avoir envie de compiler et compléter ici mes réflexions, plus générales que techniques (je laisse ce soin aux spécialistes, aux écrits desquels je renvoie), sur le sort de l'Euro, mauvaise monnaie unique mais possible bonne monnaie commune, dans un cadre non fédéral, si son évolution lui faisait prendre cette voie.

 

Il est désormais d'usage, au sein de la « droite nationale » paraît-il largement groupée derrière Marine Le Pen et le nouveau programme économique du Front National, de déduire des justes critiques faites à l'Euro, notamment par des économistes, hétérodoxes ou libéraux, comme Jacques Sapir, Alain Cotta, Jean-Claude Werrebrouck, Hervé Juvin, Gérard Lafay, Jean-Jacques Rosa, etc., la nécessité d'en finir avec la monnaie unique et de revenir aux monnaies nationales.

C'est même un leitmotiv chez beaucoup de patriotes qui, comme les Français en général, sont plutôt peu instruits en matière économique mais qui, de plus, sont nostalgiques du Franc et anti-européens, ce que les Français en général ne sont pas, ni au plan monétaire, ni au plan économique.

A noter, que l'anti-européanisme paraît souvent confondu avec l'anti-européisme. Pourtant, le fédéralisme européen des eurocrates de Bruxelles n'est pas la seule possibilité politique envisageable pour parvenir à une Europe-puissance, dont il est éminemment souhaitable que, contrairement à lui, elle préserve les souverainetés et les particularismes locaux et nationaux. Mais il est vrai que les tentacules technocratiques et non-démocratiques de l'Union Européenne peuvent avoir, intellectuellement, un effet hypnotique proportionné à l'ampleur de leurs ingérences inacceptables, dans des domaines de plus en plus étendus de la vie quotidienne...

Quoi qu'il en soit, il est impossible, ces temps-ci, d'échapper au constat, qui réjouit fort la « droite nationale », de l'essor, bien sûr imputable aux inquiétudes nées de la crise des dettes publiques, des idées anti-Euro dans les médias dominants : Le Parisien, Le Monde, Le Figaro, L'Express, Le Nouvel Obs, Les Echos, Libération, La Tribune, etc., se sont tous plus ou moins fait l'écho de cette nouveauté, donnant souvent la parole aux contestataires confidentiels d'hier, presque devenus des augures admirés aujourd'hui.

Loin de s'étonner de ce curieux retournement de tendance médiatique, en général la « droite nationale » se contente de l'explication simple du révélateur que constitue la crise. Pourtant, que les médias qui, hier, ne juraient que par la monnaie unique et le constructivisme européiste, appellent presque, aujourd'hui, au souverainisme, a de quoi intriguer.

Intriguer, si on oublie à qui ils appartiennent.

Un exemple parmi d'autres : dans Le Monde, Gérard Lafay, professeur d'université dont je ne conteste en rien la pertinence des critiques envers l'Euro depuis toujours, appelle une fois encore à revenir au Franc. Banal, me direz-vous, puisqu'il l'a souvent fait par le passé. Certes. Sauf que, cette fois, il a associé sa plume à celle de Philippe Villin, un personnage libéral-libertaire clairement lié au monde de la finance, qui a déjà sévi, dans la même veine, avec un autre économiste libéral, Jean-Jacques Rosa, précité, mais plus discrètement (les trois compères unissent maintenant leurs efforts).

Que de pareilles gens et leur chef de file, le prophète Pascal Salin, veuillent la fin du fédéralisme européen et de la monnaie unique dont la plupart des libéraux sont, quoi qu'en disent ces hérétiques minoritaires, les plus fervents supporters, pour revenir à une organisation politique et monétaire nationale (qui, a priori, les arrange moins puisqu'elle ne facilite pas le libre-échange auquel ils tiennent tant), cela s'explique, sans doute, par la vision juste des méfaits de l'Euro, à laquelle d'autres s'associent sans pour autant partager leur idéologie. Pour l'anecdote, « Trois profs et un banquier », ça ferait un bon titre de comédie, vous ne trouvez pas (eh oui, Pascal Salin, Gérard Lafay et Jean-Jacques Rosa sont fonctionnaires de l'Education Nationale, comme beaucoup de libéraux, on se demande pourquoi...) ?

Ce qui est étrange n'est pas qu'ils s'expriment de la sorte, c'est qu'ils soient entendus maintenant, au seul prétexte de la crise des dettes publiques. Ce serait un motif suffisant, car raisonnable, si nous n'étions pas soumis à un système médiatique aux mains du capital ; mais, comme le robinet à paroles ne s'ouvre que quand de grandes mains argentées le tournent, je peine à croire à une explication aussi simple que celle qui consisterait en une soudaine compréhension, par les oligarchies financières, d'une impasse, potentiellement ruineuse pour eux, de la monnaie unique. La fortune est voyageuse et n'a nul besoin de s'attacher à une monnaie en particulier.

Encore plus étonnant, même si les motifs affichés ne sont pas les mêmes (à Londres, alors que le Royaume-Uni n'a jamais voulu entrer dans la zone Euro, on défend le fédéralisme et la marche en avant vers l'intégration européenne, vers la gouvernance économique commune !),  les médias anglo-saxons se sont également mis à prôner la rupture, comme le Times, qui conseille, sans rire, à la France de Sarkozy de virer l'Allemagne de Merkel (enfin, de l'inciter à partir d'elle-même, puisque la virer est juridiquement impossible), pour lui apprendre à vivre de n'être pas assez solidaire des dettes des autres. Il est vrai qu'elle n'a pas été très altruiste dans d'autres domaines non plus...

 

Néanmoins, prenons un peu de recul. L'économie, la finance, ce ne sont que des moyens, qui en principe devraient être soumis au politique.

Or, l’avenir est à la coopération franco-allemande (bientôt, nos cousins germains ne pourront se passer de notre agriculture et nous, de leur industrie, etc.) et, par la suite, à l’axe Paris-Berlin-Moscou, indispensable à notre survie dans un monde de blocs géopolitiques régionaux.

Critiquer les méfaits de l’Euro tel qu’il est ne peut suffire. Il faut proposer des remèdes qui tiennent la route et qui, politiquement, ne livrent pas pieds et poings liés une Europe éclatée à la merci de la haute finance anglo-saxonne, de manière pire encore qu’aujourd’hui.

En la matière, le souverainisme au petit pied (c’est-à-dire nationaliste seulement) ne peut suffire.

C’est le piège dans lequel l’anglosphère voudrait que tombe l’Europe continentale de l’Ouest, et dans lequel tombent les nostalgiques sentimentaux du Franc et les démagogues politiques pseudo-dissidents (comme Dupont-Aignan et Asselineau, par exemple), sans parler de Marine Le Pen, dont le plan de sortie de l'euro a été critiqué par Jacques Sapir qui, pourtant, est lui-même favorable à une telle issue.

Quand notre ennemi propose de maintenir un système qui devrait être réformé en profondeur, tout en appelant à la division entre les partenaires naturels que sont la France et l’Allemagne, qu’est-ce que cela veut dire ?

Ne serions-nous pas plus profitables à cet ennemi si nous acceptions tous, Français et Allemands, de continuer à jouer le jeu de l’instrument de servage ? Pourquoi, au contraire, l’ennemi veut-il nous dissuader de poursuivre dans cette voie et nous inciter, sous la houlette de notre Prézydent néo-con, à rompre avec l’Allemagne ?

Bien sûr, le but de la propagande médiatique bien connue (cela fait au moins deux ans que cela dure, notamment de la part du Financial Times) est, comme d’habitude, de faire chuter les Bourses européennes au profit des spéculateurs anglo-saxons, d’affaiblir l’image de l’Europe pour attirer les investisseurs vers les TBonds US (s’il y a encore des gogos quelque part !), et de masquer la situation catastrophique de l’anglosphère derrière un rideau de fumée…

Mais sur le fond, à mon avis, il s'agit surtout de maintenir l’UE dans l’état d’impuissance et de tutelle dans laquelle elle se trouve, en partie à cause des manigances anglo-saxonnes depuis 60 ans mais surtout en raison des propres faiblesses des Européens. De nous inciter à mater l’Allemagne qui commence à se rebeller un peu (de plus en plus anti-fédéraliste) et sous l’impulsion de laquelle, justement, des réformes importantes pourraient s’amorcer.

Le souhait affiché de voir sauver l'Euro sous sa forme actuelle sous-entend, en réalité, de l’empêcher d’évoluer vers la forme plus solide qu’il pourrait prendre si l’Allemagne en restait le moteur, tout en acceptant sa réforme (dans l'immédiat, avec la BCE devenant prêteur en dernier ressort, des défauts partiels sur les dettes, éventuellement une hiérarchisation de celles-ci selon l’idée de Jacques Delpla, des Eurobons, etc.) en contrepartie de l’abandon du fédéralisme.

L'anglosphère veut juste affaiblir l’Euro – mais s'il coulait, elle n’en ferait pas une maladie (l’impuissance européenne n’a pas attendu l’Euro pour exister).

Laurent Ozon vient d’émettre l’idée que les anglo-saxons veulent instrumentaliser MLP et le FN contre l’Euro. Encore un élément qui tend à montrer que le souverainisme national pur et simple ne suffit pas, et que la sortie de l’Euro n’est pas la solution, puisque c’est ce que l’ennemi souhaite.

Pour certains, néanmoins, la solution, ce serait de tout faire sauter. Ils ne voient que l’état actuel de l’UE (et encore, avec un temps de retard sur l’évolution des opinions au sein des élites dirigeantes, quant à l’idéologie fédéraliste, de plus en plus moribonde) : cet état leur paraît, à juste titre, assez négatif, et donc ils veulent supprimer tout ce qui leur déplaît.

Or, il est manifeste que l’ennemi, lui, ne craint pas du tout une telle suppression. Il ne craint pas du tout ce qui pourrait en résulter : une Europe émiettée, une série de pays trop faibles pour peser en tant que bloc contre lui ; trop faibles, surtout, pour lui résister financièrement et économiquement.

Ce qu’il craint, c’est une évolution vers des réformes susceptibles de transformer l’Europe, à terme, en une réelle puissance, tant financière (réformes de la BCE et de l’Euro) qu’économique (protectionnisme européen, réindustrialisation et relocalisation) et politique (confédération plutôt que fédération, fin de la technocratie-bureaucratie, respect des souverainetés et des identités, démocratisation et populisme, fin du « multiculturalisme »).

 

Il est nécessaire de faire front contre l’anglosphère, éventuellement avec l’aide de la Chine qui a toujours soutenu l’Euro, mais surtout, en développant un certain degré de solidarité européenne.

En ce sens, de multiples économistes plus ou moins hétérodoxes, cités au début de ce billet, ont proposé des solutions pour améliorer l’Euro et en faire une véritable monnaie commune, profitant à l’ensemble de sa zone, au lieu d’une monnaie unique permettant des déflations compétitives pour les pays économiquement forts et des explosions d’endettement pour les pays économiquement faibles. Je renvoie à leurs écrits abondamment cités sur Fortune et ailleurs, et n’y reviens pas.

Le problème est que nos élites, actuellement empêtrées dans les freins bureaucratiques et l’impuissance politique dus à l’idéologie fédéraliste européenne impulsée depuis les années 1950, et par ailleurs soumises à la proximité consanguine et corruptrice de la finance et du grand capital, ont le plus grand mal à envisager autre chose que la fuite en avant dans la préservation de leurs intérêts « nationaux » mal compris.

Comme le dit Jean-Claude Werrebrouck, ces intérêts sont avant tout clientélistes : « (…) il est probable que la négociation portant sur le fédéralisme sera vite bloquée par la prise de conscience des entrepreneurs politiques, du risque de se trouver rapidement évincés par les populismes. Et comme il faudra – malgré tout – encore gagner du temps, il n’est pas impossible qu’un accord puisse être trouvé non plus sur l’impossible fédéralisme, mais sur la monétisation de la dette, ce qui suppose bien sûr la fin de l’indépendance de la banque centrale… et le début d’une nouvelle histoire monétaire… parallèle à une large modification des parts de marchés, ou/et des positionnements stratégiques, entre entreprises politiques européennes ».

Néanmoins, à la guerre comme à la guerre.

Pour le moment, nous sommes embarqués bon gré mal gré, politiquement, sur le frêle esquif Union Européenne, dont l’essentiel (la zone Euro) dépend, pour son cap et son pilotage, d’aussi piètres marins que Jose Manuel Barroso, Herman Van Rompuy et Jean-Claude Trichet.

Nous ne pouvons rien y faire (on a bien vu comment le « non » français au référendum de 2005 a aussitôt été « corrigé », dès 2007, sous l’impulsion du simulateur de populisme Sarkozy…) ; rien d’autre que de travailler, de toutes les manières possibles, à faire monter ce populisme qui force déjà, de plus en plus nettement, les dirigeants européens à se détourner du fédéralisme et à aller vers un système alternatif, respectueux des pays et des identités… un système confédéral, par exemple ; en attendant que nos élites soient remplacées par d’autres plus capables.

Il faut faire avec ce que nous avons et essayer pragmatiquement, « politique d’abord », même au prix d’une folie financière momentanée, de l’infléchir dans notre sens, au lieu de vouloir couler toute solidarité européenne, vitale contre l’ennemi anglo-saxon, en fantasmant sur un retour au souverainisme prospère des Trente Glorieuses.

 

Dans l'immédiat, quelle est la situation, en ce qui concerne les deux grands acteurs de la zone Euro ?

Atlantiste, Sarkozy l'est sans doute ; mais Merkel (ancienne hiérarque communiste en RDA, même si elle n’était pas une fervente du régime) l'est beaucoup moins. Contre l’entrée de la Turquie dans l’UE, elle était aussi contre l’indépendance du Kosovo, a reconnu que le « Multikulti » est un échec, a été critiquée par Helmut Schmidt notamment à cause de sa volonté d’interdire la spéculation par la vente à découvert, etc. Pas vraiment un clone d’américain, quand même.

Et puis, il y a les contraintes économiques et énergétiques, qui rapprochent inexorablement l’Allemagne de la Russie.

Merkel, critiquée par son propre camp pour le sauvetage de la zone Euro, sait très bien que la monnaie unique rapporte pourtant plus à l’Allemagne qu’il ne lui coûte (certes, pas en termes de simples subventions), malgré toutes les récriminations allemandes, dont les siennes propres, car ce qui compte avant tout pour l’Allemagne, ce sont ses exportations, menacées par la récession.

Or, la dévaluation compétitive apportée aux Allemands par leur politique unilatérale de déflation salariale, favorise ces exportations. Sans parler de l’exposition maximale des banques allemandes à la Grèce et aux « PIGS » en général. Bref, l’Allemagne a intérêt à rester dans l’Euro et elle le sait pertinemment.

Mais elle a aussi intérêt, à mon avis, à des réformes de l’Euro, qui lui permettraient de mieux accepter de jouer le jeu de la solidarité européenne. J’ai déjà parlé de cela, notamment en donnant cet autre lien, fort intéressant me semble-t-il.

Les Allemands sont des pragmatiques (« Realpolitik » est d’ailleurs un mot allemand).

Au sujet de la stratégie de l'anglosphère, Michel Drac a écrit : « Brzezinski souhaite dans une certaine mesure le développement des liens germano-russes, mais seulement si l’Allemagne est, via l’Union Européenne codirigée avec une France capable de maintenir une forme de parité, ancrée dans un monde atlantique lui-même sous leadership américain. Brzezinski parle, pour décrire l’Europe qu’il souhaite, de "tête de pont de la démocratie" (en clair : de l’Amérique). Et donc, une situation, où la France serait trop faible pour maintenir cette parité, modifierait fondamentalement l’attitude des USA à l’égard de la question germano-russe – surtout si, dans le même temps, l’Amérique est si affaiblie qu’elle n’a plus les moyens de faire clairement percevoir son leadership global.

Nous avons confirmation de cette lecture plus loin : "A long terme, la France est un partenaire indispensable pour arrimer définitivement l’Allemagne à l’Europe. […] Voilà pourquoi, encore, l’Amérique ne saurait choisir entre la France et l’Allemagne".

En clair : aussi longtemps que l’Europe s’unifie sous la tutelle américaine, l’Allemagne doit être poussée à étendre sa zone d’influence vers l’est. Mais si ce nouveau Drang nach Osten devait déboucher sur la définition d’un axe Berlin-Moscou émancipé de la tutelle US, alors il faudrait que les USA donnent les moyens à la France de rééquilibrer l’Europe. Ce point est, évidemment, pour nous, Français, d’une grande importance. Nous allons peut-être avoir, enfin, la possibilité de desserrer l’étau de l’alliance germano-américaine ».

Si nous en sommes, désormais, à lire dans le Times de Londres, en substance : « puisque l’Allemagne ne veut pas payer davantage pour le fédéralisme européen (d’impulsion atlantiste), la France n’a qu’à la punir en faisant sa propre UE, ce qui poussera l’Allemagne à (je cite) revenir en rampant, la queue entre les jambes », c’est que l’Allemagne bloque le fédéralisme français (sarkozyste atlantiste) et que l’anglosphère en est réduite, parce que c’est un signe de sa faiblesse et de son impuissance à forcer l’UE à devenir fédérale, à ce plan de secours.

« Revenir en rampant, la queue entre les jambes » : incroyables expressions, pleines de mépris et de haine, vous ne trouvez pas ? Ils l’ont mauvaise contre l’Allemagne, les Ricains et les Godons…

A mon sens, cet article du Times est un signe encourageant de ce qu’avec la progression de la crise (la crise en général, parce qu’on nous parle toujours des dettes publiques, mais en réalité les vrais problèmes ne sont pas là, ils sont dans la crise de l’économie réelle, dans le basculement Occident/Orient du fait du libre-échangisme mondialisé et de la désindustrialisation occidentale, dans l’autodestruction du « Système » par pléthore et par abus de financiarisation, avec des dettes privées qui sont bien supérieures aux dettes publiques…) ; un signe encourageant de ce qu’avec la progression de la crise, dis-je, l’anglosphère perd de son influence, à mesure que chacun cherche, au plan national, des solutions pour se sauver sans que l’idéologie entre encore autant en ligne de compte qu’auparavant.

Les élections de 2012 seront très importantes, en France comme aux Etats-Unis. Celles de 2013 ne le seront pas moins, en Allemagne. Montée du populisme, influence sur les élites installées qu’elles le veuillent ou non (clientélisme électoral)…

Qui sait ce qui peut se passer d’ici-là, mais une chose me paraît sure : ce n’est pas avec la Finlande, les Pays-Bas et l’Autriche (30 pauvres millions d’habitants au total) que l’Allemagne pourrait, en faisant sécession, sauver ses exportations, déjà que celles-ci ne cessent de chuter quand elles sont à destination des Etats-Unis.

Des gens aussi avisés que Merkel à la CDU-CSU et Steinbrück au SPD, le savent pertinemment et ce ne sont pas les déclarations tonitruantes du politiquement insignifiant Christian Wulff, par ailleurs sous le coup d’une enquête pour abus de biens sociaux, qui y changeront quelque chose, même si le contexte lui paraît favorable dans l’immédiat (à noter que Merkel en avait fait son candidat au poste de président – c’est dire le peu de fidélité de cet opportuniste).

Par ailleurs, l’UE, ni la zone Euro, ne peuvent expulser aucun pays. Donc, il faudrait, pour que la zone Euro « éclate » comme le claironnent désormais tous les médias mainstream, qu’un grand pays s’en retire. Mais lequel ?

La France de Sarkozy ? Certainement pas, ni Naboléon l’américain, ni François Hollande (désormais favori de la primaire socialiste comme de l’élection de 2012), ni aucun autre atlanto-propulsé de la classe des fossiles, ne prendront jamais le contrepied de Jean Monnet, de Robert Schuman, de Pierre Mendès France et tutti quanti. Et MLP ne gagnera pas en 2012.

L’Allemagne de Merkel ? Je n’y crois pas du tout, notamment en raison du poids du patronat, dont Michel Drac souligne l'importance. Le patronat industriel allemand, conquérant mais qui ne peut se passer de l'Euro (c'est-à-dire de l'Euro fort, mais tout se négocie), est en train de prendre le dessus, politiquement, sur le patronat financier, englué jusqu’au cou dans la responsabilité de l’exposition [ce lien : voir pp 10 ss : « Les foyers de risque »…] aux dettes des PIGS et aux actifs toxiques datant des subprimes.

Un exemple ? Malgré son anti-fédéralisme, Hans-Peter Keitel, le président de l'Union fédérale de l'industrie allemande, a été invité par la CDU à prendre part à l'élection du président de la République fédérale allemande en 2010, ce qui est un honneur marqué, alors qu'Andreas Schmitz, son alter égo de l'Union des banques, qui en était absent, vient d'appeler Berlin, pour sauver l'Union monétaire, à « montrer le chemin » dans un sens fédéraliste certes plus classique, mais au rebours de la tendance politique de fond outre-Rhin.

Le patronat industriel allemand se prononce clairement pour l'Euro sous condition de rigueur budgétaire (le Pacte de compétivité, qui est bien sûr une erreur, puisque la rigueur peut tuer ses clients au sein de l'Union : il sera donc obligé de lâcher du lest ultérieurement, notamment quand les dirigeants politiques allemands négocieront avec la France, pénalisée, elle, par l'Euro fort - le FESF et le MES sont d'ailleurs déjà de premières concessions), mais il le fait dans cette optique anti-fédéraliste qui est intéressante. Le patronat bancaire, lui, reste sur une ligne certes également pro-Euro, mais politiquement dépassée, influente sans doute uniquement au plan financier (la fuite en avant dans la dette, inévitable, contre la fuite en avant dans la rigueur, intenable).

Alors qui, en définitive, pour se retirer de la zone Euro ? Personne.

Personne n’a intérêt à sortir de l’Euro, ou la volonté de le faire.

Alors quoi ?

 

La monétisation des dettes par la BCE, si combattue, tant par les fédéralistes européens (pour qui la BCE doit rester le petit toutou des politiciens, des financiers monétaristes comme Trichet ou Draghi, des idéologues de la sacralisation des dettes) que par les souverainistes et les nationalistes (au nom, plus légitimement, des défauts techniques criants de l’Euro et de l’UE, comme de la lutte contre la techno-bureaucratie de Bruxelles, tout sauf démocratique, et pour le retour au pré carré national), que par l’Allemagne (essentiellement pour d’autres raisons évoquées plus haut : le souhait de ne pas avoir à payer pour les autres), cette monétisation des dettes est pourtant probablement la seule solution à court terme.

Et je pense qu’on y viendra. En réalité, outre ce qu’on sait de ses achats de titres sur le marché secondaire, la BCE a déjà commencé, secrètement (et, nécessairement, avec l’accord de l’Eurosystème ; c’est-à-dire, malgré l’indépendance des banques centrales nationales sur le papier, avec l’accord des dirigeants politiques feignant de l’ignorer).

Et le FESF, puis le MES, continueront dans cette voie, et je pense qu’ils seront abondés autant que possible. Angela Merkel vient d’annuler un rendez-vous germano-russe pour cause de FESF, c’est dire si en réalité elle y tient. Et elle assure, selon moi de façon crédible, qu'elle parviendra, fin septembre, à faire voter l'accord de renforcement des pouvoirs de ce Fonds.

Jean-Claude Werrebrouck a déjà parlé de cette course au crédit, bien mieux que je ne saurais le faire.

Evidemment, tout cela est pitoyable, c’est une fuite en avant jusqu’aux prochaines élections pour maintenir l’illusion électoraliste que tout va encore à peu près bien.

La monnaie unique, avantageuse pour les pays économiquement forts, se révèle, comme certains l’avaient prévu bien avant même sa naissance, être le pire des carcans et des instruments d’appauvrissement, en l’absence de direction commune et de souplesse géographique dans son application.

Là encore, Jean-Claude Werrebrouck l’avait parfaitement expliqué.

Difficile de prévoir l’avenir de la fuite en avant.

Le fédéralisme idéologique paraît désormais en être exclu par le véto allemand, mais comme l’Euro est toujours voulu par les acteurs de sa zone, il va bien falloir pour le sauver, s’ils ne veulent pas se heurter tôt ou tard au mur de la dévaluation carabinée (qui peut néanmoins présenter quelques avantages commerciaux concurrenciels, mais truciderait les banques que tout le monde veut absolument sauver en priorité actuellement, et précipiterait la récession), qu’ils se résolvent à le réformer, lui et sa fameuse « gouvernance ».

Et, au fur et à mesure de la montée des populismes, peut-être verrons-nous des évolutions… souverainistes européennes, sans être fédérales, ni donc eurocratiques et antidémocratiques. J’ai déjà dit quelles formes elles pourraient prendre (transformation de l’Euro en monnaie commune, de la BCE en prêteur en dernier ressort, défauts partiels sur dettes hiérarchisées à la carte suivant l’idée de Jacques Delpla, eurobons assortis de garanties, contribution forcée de la finance…).

Cela suppose, bien sûr, des évolutions politiques importantes. Mais celles-ci ne se produisent-elles pas, en général, quand nécessité fait loi ?

Et comme toujours, Jean-Claude Werrebrouck est un guide précieux.

Quels que soient les moyens, il va bien falloir un jour sortir de l’impasse, ce qui suppose de transiter par des étapes imparfaites, voire apparemment contraires aux buts recherchés (qui sont, bien sûr : la mort de l’escroquerie bancaire, la restauration des souverainetés, la puissance européenne confédérale ou quelle que soit sa forme non-supranationale), quitte à ce que ces évolutions soient portées par des gens que nous exécrons et nous imposent provisoirement des épreuves supplémentaires.

N’oublions jamais que, pendant ce temps, notre pire ennemi agonise. La vengeance est un plat qui se mange froid. Quant à notre liberté, elle mérite bien que nous nous mettions, nous aussi, à la Realpolitik.

D’autant plus que nous sommes peu de choses, politiquement, sinon carrément rien ; nous ne sommes pas au pouvoir et sans doute pas près d’y accéder, en tout cas dans un contexte où l’argent ne fait pas défaut à la partitocratie et à ses commanditaires et clients pour en verrouiller les portes et stipendier leurs kapos.

Notre travail actuel, même si nous souhaitons ardemment ne pas être que des spectateurs de la folie financière en cours, ne peut porter que sur la compréhension de la situation et le militantisme populiste (et identitaire – pléonasme) à de multiples niveaux.

Commentaires

Excellente analyse/mise au point. Quel talent! Bravo camarade.

Écrit par : SPOILER | 30/08/2011

Merci, ami SPOILER.

Etre compris, sur un sujet aussi délicat et passionnel, est déjà une récompense en soi.

Écrit par : Boreas | 30/08/2011

Boreas, vu le temps qu'impliquent vos analyses, vous en faites votre métier, ce n'est pas possible autrement! Economiste (j'ai horreur de vous insulter mais bon)? Journaliste( aie là je frôle l'impertinence doublée d'un affront)? Professeur (émerite non?)

Je veux dire, votre participation ça et là à divers blogs et la rédaction de ces analyses me laissent penser que vous êtes du sérail!

Alors quoi!

Je ne peux penser que ce "hobby" (ha ces anglos vous ne les aimez pas) je vais préférer passe-temps, ne soit le fait que d'une simple activité ludique!

En plus on prend plaisir à vous lire et je lutte pour ne pas adhérer toujours sur le fond, tant la forme est jolie et attrayante! Bref une jolie fille qui ne ment pas sur ses promesses suscite toujours l'adhésion..de mes pensées!

Alors ?

Écrit par : Tête de lard | 30/08/2011

Non, je suis un autodidacte, ni économiste (titre ronflant qui ne correspond d'ailleurs à aucune profession bien définie), ni journaliste (beurk !), ni prof (re-beurk !).

J'exerce un métier très éloigné de ces différentes professions.

PS : ne rêvez pas, je suis un homme. :-)

Écrit par : Boreas | 30/08/2011

@Boreas

"J'exerce un métier très éloigné de ces différentes professions"

vous travaillez dans le privé ou dans le public ?

Écrit par : Anne Onyme | 30/08/2011

Dans le privé.

Écrit par : Boreas | 30/08/2011

Boreas!

PS : ne rêvez pas, je suis un homme. :-)

Je n'en ai jamais douté, c'était juste une allégorie!

J'exerce un métier très éloigné de ces différentes professions.

Je sais: vous êtes un bucheron: vous abattez des forêts de préjugés politiques et économiques et dans ces domaines, les friches sont énormes.

Écrit par : Tête de lard | 30/08/2011

Ah, l'image du bûcheron, elle est belle.

Je me la garde dans les commentaires les plus aimables, camarade. Merci à vous.

Écrit par : Boreas | 30/08/2011

Je suis dans la même interrogation que les autres lecteurs, je ne comprends pas comment on peut pondre des billets à la fois aussi justes avec une écriture aussi soignée, ne sacrifiant jamais le fond à la forme, pas une erreur de tournure, pas une coquille...
Tête de lard est particulièrement perplexe, il en est de même pour moi, le jour où je suis tombé sur "Vers la révolution" j'ai été scié par la dextérité de son auteur.
Je suis bien content d'avoir découvert ce blog.

Écrit par : Vincent | 30/08/2011

Merci, Vincent.

N'en jetez plus, je vais finir par prendre la grosse tête. :-)

P.S. : je viens d'ajouter deux paragraphes et quelques liens pour préciser mon analyse relative au patronat allemand, qui était un peu lapidaire.

Écrit par : Boreas | 30/08/2011

passionnant, ami Boréas! merci pour ces lignes constructives.

"Pourquoi, au contraire, l’ennemi veut-il nous dissuader de poursuivre dans cette voie et nous inciter, sous la houlette de notre Prézydent néo-con, à rompre avec l’Allemagne ?"

même agonisante, l'anglosphère, cette thalassocratie anglosaxonne, reste dangereuse et sait qu'en europe, c'est l'Allemagne qui reste l'acteur central a même de d'orienter toute politique continentale et le bloc eurasien.

le seul et unique but de l'anglosphère est de garder le leadership planètaire: l'europe n'est pas une amie, n'est pas un allié (je ne vous apprends rien mais nombreux sont ceux qui pensent ainsi) et tout ce qui peut affaiblir et empêcher l'érection d'une europe puissance politique, militaire, bref d'un concurrent au leadership planètaire ou bien seulement de puissances poussant à l'avènement d'un monde multipolaire versus le monde actuel dominé par la puissance américaine.

un axe franco-germano-russe est un des cauchemar de l'administration américaine au même titre que l'essor rapide des BRICS et que la constitution du groupe de Shangaï...
un tel axe européen, le heartland eurasiatique , ce pivot stratégique de Mackinder, signerait la ruine de la thalassocratie anglo-saxonne. tout simplement.

D'ou les menées constantes pour manipuler les états européens, les politiques européennes, d'ou l'établissement durable de l'OTAN en europe (qui logiquement n'a plus lieu d'être depuis la fin du pacte de Varsovie), etc.

la question qui me taraude actuellement est celle-ci: que peut faire un empire sur le déclin mais qui maitrise encore l'infosphère globale (cf wikileaks) et la puissance militaire (budget militaire américain équivalent à la somme de tous les budgets militaires planètaires...selon Chauprade): une guerre.

je crois donc que la seule issue trouvée par l'administration US et le conglomérat de banquier et de complexes militaro-industriels qui tirent les ficelles en coulisse sont simplement en train de planifier une guerre au proche/moyen orient (Syrie et/ou Iran) pour se remettre en selle en plus de redessiner la carte de cette région (sécurisation des approvisionnements pétroliers US, contrôle des ressources énergétiques Chinoises, encerclement de la Russie).

Quitte à mettre la planète à feu et à sang. question de survie. l'Euro me parait secondaire en l'occurrence. je crois vraiment que nous en sommes là. je sais c'est pas trés joyeux.

Écrit par : hoplite300 | 31/08/2011

hoplite

"je crois donc que la seule issue trouvée par l'administration US et le conglomérat de banquier et de complexes militaro-industriels qui tirent les ficelles en coulisse sont simplement en train de planifier une guerre au proche/moyen orient (Syrie et/ou Iran) pour se remettre en selle en plus de redessiner la carte de cette région (sécurisation des approvisionnements pétroliers US, contrôle des ressources énergétiques Chinoises, encerclement de la Russie).

Quitte à mettre la planète à feu et à sang. question de survie. l'Euro me parait secondaire en l'occurrence. je crois vraiment que nous en sommes là. je sais c'est pas trés joyeux."

Oui, c'est effectivement une possibilité, mais je n'y crois pas trop.Et je ne peux que laisser la parole, sur ce point, à Philippe Grasset, qui bien mieux que je ne pourrais jamais le faire, analyse au quotidien et en profondeur la mécanique de ce qu'il appelle l'autodestruction du système américaniste et technologiste :

"Certes, la Libye est une guerre pour le pétrole, une guerre impérialiste, une guerre néo-coloniale, une guerre de l’expansionnisme du bloc BAO, une guerre d’éradication de toute résistance anti-BAO, une guerre dans le schéma de la conquête du monde et ainsi de suite ; une guerre venue de plans élaborés depuis si longtemps, préparés dans les officines secrètes qu’on connaît si bien, et d’ailleurs vous donnant jusqu’à l’identification des victimes… (Voir les obligeantes précisions du général Wesley Clark, rapportées le 5 mars 2007 http://www.dedefensa.org/article-sept_guerres_victorieuses_en_5_ans_05_03_2007.html et donc connues de partout, sur ce que le même Clark avait appris au Pentagone, un jour de septembre 2001, après l’attaque : «…And he said, “This is a memo that describes how we’re going to take out seven countries in five years, starting with Iraq, and then Syria, Lebanon, Libya, Somalia, Sudan and, finishing off, Iran.”»… On remarquera tout de même le considérable retard sur l’horaire, au moins autant que le programme JSF lui-même.)…

Le problème ici est de prendre le virtualisme des intentions et des situations pour la vérité du monde. L’Irak et l’Afghanistan, et la guerre contre la Terreur en général, ont bien eu lieu selon le début du prévision du Pentagone et de Rumsfeld ; mais il se trouve qu’elles sont en bonne part la cause de l’effondrement du Système, essentiellement aux USA, grâce notamment au moyen de leur coût, qui se situera entre $4.000 et $6.000 milliards. Est-ce vraiment ce qu’on appelle une “conquête du monde réussie” (ou un “complot réussi”) ? La Libye accélérera donc le processus, par ce moyen des coûts ou par d’autres moyens, en l’étendant au reste du bloc BAO, c’est-à-dire à ces étranges Européens (ces étranges Français), fascinés par le modèle exceptionnel d’effondrement qu’offre le destin de l’américanisme. Mais l’étonnement doit s’arrêter là, lorsqu’on en vient finalement à l’explication qui importe : il s’agit bien de la marche irrésistible de la dynamique générale du Système, avec les dynamiques parallèle de surpuissance et d’autodestruction, où la dynamique de surpuissance, fonctionnant à plein régime, s’est mise en position d’alimenter de toute sa surpuissance la dynamique d’autodestruction."

http://www.dedefensa.org/article-les_impertinences_du_scenario_26_08_2011.html

Écrit par : Boreas | 31/08/2011

"L’Irak et l’Afghanistan, et la guerre contre la Terreur en général, ont bien eu lieu selon le début du prévision du Pentagone et de Rumsfeld ; mais il se trouve qu’elles sont en bonne part la cause de l’effondrement du Système, essentiellement aux USA, grâce notamment au moyen de leur coût, qui se situera entre $4.000 et $6.000 milliards."

L'argument est celui d'un non-retour sur investissement. Vous y croyez, Boreas ?

Écrit par : Anne Onyme | 01/09/2011

S'il n'y avait que ça... Fréquentez dedefensa.org pendant quelques temps (au lieu de bavarder partout :-) ) et vous m'en direz des nouvelles.

Écrit par : Boreas | 01/09/2011

@hoplite 300

1ère remarque :

En effet , l'anglosphère est sur le déclin mais pas n'est pas encore à l'agonie .

Grâce ( ou à cause ) aux 2 éléments que vous avez justement pointés et que je voudrais compléter en donnant quelques données chiffrées

1. la capacité militaire :11 porte avions US ( CATOBAR : décollage à la catapulte et atterrissage à l'aide d'un filin ) , système qui permettent aux avions d'avoir un long rayon d'action par opposition au STOVL ( décollage piste courte et atterrissage vertical ) qui permettent de garder en permanence en mer 5 groupes aéro-navaux . (en Atlantique, en Méditerranée, dans le Pacifique, en océan Indien et dans le golfe Persique) . Pour être précis , il faudrait additionner les forces britanniques voire de l'Otan .

Par opposition , en ce qui concerne les BRIC : 1( ex Foch) + 1 ( Amiral Kuznetsov) + 0 ( en Inde , uniquement STOVL ) + 1 ( Shi Lang) .
Les portes avions russes et chinois sont de technologie hybride STOBAR ( décollage piste courte mais atterrissage à l'aide d'un filin ) .

http://fr.wikipedia.org/wiki/Porte-avions

Il est vrai que l'annonce , cet été , de la construction d'un nouvel porte avions en Chine a quelque peu ému Washington .

2. La main mise sur l'infosphère mondiale . Je ne crois pas avoir besoin de donner plus de précisions mais simplement se poser la question de qui contrôle les média et les tuyaux qui nous permettent de communiquer ?


2ème remarque :

"je crois donc que la seule issue trouvée par l'administration US et le conglomérat de banquier et de complexes militaro-industriels qui tirent les ficelles en coulisse sont simplement en train de planifier une guerre au proche/moyen orient (Syrie et/ou Iran) pour se remettre en selle....."

Conglomérat de banquiers et de complexes militaro-industriels ?

Pourquoi faut il absolument les réunir sous la même bannière ? Ne croyez vous pas qu'une des sortie de crise possible est le découplage au moins partiel de ces 2 entités auxquelles il faudrait rajouter les monarchies pétrolières du Golfe et leurs pétrodollars .

Écrit par : alain21 | 01/09/2011

@alain21, c'est précisément parce que les capacités militaires américaines sont hégémoniques que, faute de pouvoir continuer à contrôler la planète avec la planche à billet, ils pourraient être amenés à créer un 11/09 bis pour se remettre en selle...

@boréas, le point de vue de Grasset est pertinent mais je persiste à penser que l'effondrement de l'empire est tel aujourdhui qu'il n'y aura pas d'autres ressources que le conflit et les bouvleversements géostratégiques pour, coute que coute, maintenir la suprématie du dollar et le leadership planétaire US. aucun empire n'accepte le sepukku, aucun.

mais l'histoire reste ouverte, c'est même sa principale caractéristique..

Écrit par : hoplite | 01/09/2011

Bon, j'ai lu votre article dans les grandes lignes et j'ai eu un peu de mal... (je vous enlève la grosse tête comme ça ^^)
La naissance de l'euro monnaie commune suppose la fin de l'euro monnaie unique... Quand on parle de fin de l'euro, c'est dans le sens de la monnaie unique... Je suis tout à fait d'accord sur le fait que nous devons avant tout nous informer et essayer de comprendre (ce qui n'est pas donné à tout le monde et remercions les enseignants qui cherchent aussi pour certains même si vous ne les aimez pas trop). Toutefois, je suis pessimiste sur l'information donnée aux gens, la curiosité des gens en général aussi...

Ce que j'aimerai dire comme souvent, c'est que nous sommes nombreux à avoir de très nombreux points communs et que la division est mortelle. Avant d'être uni au niveau de l'Europe comme vous le voulez très justement, pour faire face aux émergents de demain et aux Etats-Unis (parce que dans le fond, dans votre propos, vous souhaitez surtout une Europe forte qui soit une Europe des Nations, des coopérations, respectueuse des peuples et des identités pour peser dans le monde de demain (le fameux leadership), mondialisé, dans lequel l'Occident n'est plus l'unique centre du monde), il faudrait déjà l'être au niveau de notre propre pays. Je vous fais l'injure de parler de la fameuse règle d'or qui ne sert à rien mais montre bien que dans notre propre pays, nous sommes désunis, sans objectifs clairs... Aucune majorité politique n'existe en France à l'heure actuelle dans l'opinion et la politique semble extrêmement compliqué pour la plupart des gens (en Allemagne, Merkel ne sait pas trop quoi faire pour plaire à son électorat tout en sauvant le couple franco-allemand). La campagne présidentielle de 2012 commence et le match PS/UMP va encore se jouer, tout se réglera au dernier moment mais que ce soit l'un ou l'autre, rien n'y changera... (Sarkozy, Aubry, Hollande, même DSK finalement, on s'en fiche complètement...)

Ce qui est formidable donc, c'est qu'une majorité potentielle, éparpillée au sein de tous les partis politiques est favorable à agir tout simplement et ne pas perdre de temps pour protéger notre pays et notre économie, les rendre plus stable (arrêt de l'immigration, des zones ghettos, patriotisme économique, régulations économiques et financières efficaces et utiles, meilleure gestion des deniers publics...), soutenir une Europe et une France démocratique, repenser l'énergie, l'éducation... Évidemment, lors de la campagne, tous promettront comme ils l'ont toujours fait et ne tiendront pas leurs promesses (la liste des désillusions serait trop longue et inutile). Vous avez parlez de la baisse des impôts dans un autre article. Evidemment qu'une baisse des impôts peut être positive à l'économie si elle incite à entreprendre mais quand cette baisse bénéficie à des contribuables ou à des entreprises qui n'en ont pas besoin et aggrave la dette, c'est caricaturer l'objectif initial... Si nous voulons faire face aux Américains, il faut améliorer notre gouvernance mais celle-ci doit être en accord avec les peuples et faire de sacrés réformes mais pas ultralibérales, mondialistes ou inutiles...

Écrit par : nvdesouche | 02/09/2011

A propos de l'hégémonie américaine , j'ai entendu ce matin , sur France Culture , Hubert Védrine dans sa chronique hebdomadaire . Ce dernier n'est pas généralement considéré comme un dissident et France culture a la réputation d'être une radio conformiste "mainstream"

HV faisait le tour d'horizon de ce qui s'était passé sur le plan international depuis sa dernière intervention du 22 juillet.

Si pour lui , le plus spectaculaire , c'est la chute de Kadhafi ,le plus important , c'est le moment où la Chine s'est adressé aux Etats Unis pour faire des leçons de morale au sujet de la dette . C'est le moment où la Chine s'est adressé à l'"Occident" de la même manière que l'"Occident" s'adresse au reste du monde depuis longtemps . Un moment de bascule en quelque sorte ...

Il évoque aussi les menaces des Chinois sur les T-bonds mais selon lui l'interdépendance Chine-Etats Unis protège encore ces derniers : si le dollar chute , les créances des Chinois libellés en dollar ne valent plus rien . Cependant , là aussi , le rapport de forces est en train de changer .

Dès que le lien est disponible , je le poste.

Écrit par : alain21 | 02/09/2011

Chose promise , chose dûe

http://www.franceculture.com/emission-le-monde-selon-le-monde-selon-2011-09-02.html

Il faut attendre 2 ou 3 minutes avant que la chronique ne commence .

Écrit par : alain21 | 02/09/2011

C'est évident quand je repense aux discutions sur FDS: un manque de realpolitik, de politique pragmatique.

Comme je l'ai écris ailleurs, c'est l'Allemagne qui décidera (puisqu'elle paie pour les autres) du sort de l'euro. C'est elle qui est au centre du jeu. La survie de l'euro passe par sa transformation en monnaie commune; mais il ne faut pas rêver.
En gros, je partage votre analyse. La seule solution qui reste, que ce soit à Francfort (BCE) ou à Washington (FED), c'est la planche à billet. In fine, la fuite en avant, comme vous le dites bien.

Le Système est en train de partir en vrille, sous l'apparence trompeuse de tout contrôler.

"Laurent Ozon vient d’émettre l’idée que les anglo-saxons veulent instrumentaliser MLP et le FN contre l’Euro. "

Info à confirmer.

PS: "les plus fervents supporter" non "les plus fervents partisans" c'est mieux.

Écrit par : Imperator. | 02/09/2011

hoplite

"aucun empire n'accepte le sepukku, aucun"

Certes, mais les empires finissent quand même.

Soit en se transformant de l'intérieur (Tea Party, Ron Paul, forte contestation du budget du Pentagone, de plus en plus d'Etats, de comtés et de villes américaines en faillite, 46 millions d'Américains dépendants des bons alimentaires, dette privée et balance commerciale abyssales, plus de 50 % des naissances imputables à des non-Européens d'origine, montée du sécessionnisme...), soit en étant vaincu par l'extérieur, pas nécessairement sous la forme d'une invasion, mais déjà par effets d'impuissance et de reflux (impossibilité révélatrice de triompher en Irak et en Afghanistan malgré la supériorité logistique, impuissance stratégique face à l'axe montant Moscou-Téhéran-Pékin, affaiblissement des alliés historiques Royaume-Uni et Israël, révoltes arabes soi-disant contrôlées mais en réalité lourdes d'anti-américanisme sous-jacent...).

Et puis, pour mener une guerre, quels moyens et quel ennemi ?

La bombe atomique change la donne tactique, et nous ne sommes pas en 1941. Il n'y a, en face, ni Allemagne hitlérienne, ni Japon impérial. En fait, aucun ennemi à la fois suffisamment puissant militairement et insuffisamment armé pour permettre une attaque politiquement justifiable, un conflit long, destructeur et onéreux, en même temps qu'une menace réduite pour les Etats-Unis (déjà, la Corée du Nord qui a la bombe, non... Etc.).Sans parler de la WOT (War On Terror) : c'est ruineux, plus personne n'y croit vraiment et là aussi, un ennemi suffisamment consistant et pas trop dangereux fait défaut.

Comment voyez-vous une guerre ? Contre quel(s) ennemi(s) ?


nvdesouche

Je pense que la crise sera probablement la grande réponse, le grand démêleur d'écheveaux, le grand liquidateur des élites actuelles politiciennes et clientélistes, qu'avantagent les divisions et l'Etat-providence, et qui peuvent encore se permettre de trahir leurs promesses et de négliger la volonté des peuples.

Comme vous le dites, on sent bien la montée d'un populisme européen, par-delà les clivages droite-gauche ou même nationaux.

Quand la digue de l'argent, en se rompant ou en faiblissant suffisamment, ne permettra plus aux élites, devenant ainsi impuissantes faute d'Etat-providence et de médias, de contenir ce populisme, la donne changera radicalement. Cela peut aller assez vite.

Déjà, certains débats, notamment sur l'immigration, peuvent être tenus aujourd'hui, qui étaient encore impensables il y a peu de temps : cela donne une idée de l'influence grandissante de certains thèmes qui, sans être incarnés politiquement, en tout cas en termes de pouvoir, agissent dès maintenant sur la mentalité des dirigeants.

Le clientélisme peut avoir du bon, quand il oblige les "entrepreneurs politiques" (JC Werrebrouck) à revoir leur gamme de produits pour ne pas perdre des parts de marché...

Je suis convaincu que rien de réellement durable ne peut être fait contre la volonté des peuples, et que les élites actuelles devront évoluer, faute de quoi elles seront éjectées d'une manière ou d'une autre.


alain21

Merci pour vos commentaires toujours intéressants.

Et pour le lien vers la chronique de Védrine. J'irai entendre les réflexions de cet homme qui, certes sans être un dissident, a quand même une vision souvent pertinente des relations internationales, exemple :

http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0201126678324-hubert-vedrine-quelque-chose-de-considerable-a-commence-en-tunisie-160849.php

Écrit par : Boreas | 02/09/2011

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