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08/12/2013

La grenouille et le boeuf néo-con

 

« (...) En un peu moins de quatre ans, depuis la Libye-2010, la France a effectué un virage à 180° par rapport à la tradition principielle de sa politique. Elle a ainsi largement contribué à la déstabilisation, désordre et chaos sans véritable sens, d’une bonne partie du continent africain ; on sait qu’il s’agit de la conséquence inéluctable et diabolique de cette sorte d’interventions qui sont bien de type neocon. Il est intéressant d’entendre Lellouche se référer, à propos de l’affaire centrafricaine, à la nécessité du rétablissement de la stabilité pour la sécurité générale à cause des effets de cette affaire sur la situation de l’immense "bande sahélienne" allant de l’Océan Atlantique à la Corne de l’Afrique, qui s’est créée dans sa nuisance actuelle à partir de l’affaire libyenne et donc de l’intervention française, et qui constitue selon ses propres mots un "réservoir de crise de déstabilisation, constitué de réseaux criminels, de drogue, d’enlèvements, et aussi de réseaux salafistes fondamentalistes" ; il est intéressant, disons-nous, de voir mentionner prioritairement l’existence des "réseaux criminels" (le crime organisé sur place), c’est-à-dire le pur désordre et l’illégalité totale et sans but idéologique, alors même que toutes ces entreprises du bloc BAO ont été lancées dans leur esprit affiché du point de vue de la communication, selon le faux-nez humanitaire et droitdel’hommiste transformé pour la cause en stratégie générale contre "la menace terroriste et idéologique" évidemment universelle. L’effet principal de nos interventions n’est même plus en priorité "la menace terroriste", c’est d’abord le désordre et le chaos purs du banditisme et du crime organisés ; la barbarie déstructurante de l’expert postmoderne accouchant de la barbarie nihiliste du bandit.

Au moment où la France s’installe avec ce qui paraîtrait être, ou qui paraissait être dans tous les cas, une réelle satisfaction dans son nouveau rôle, aspirant on s’en doute à être premier de classe, les inspirateurs et les maîtres en narrative de l’aventure se retirent au nom d’une fatigue et d’un découragement, pour ne pas dire un désenchantement qui actent les échecs successifs, extraordinairement marquants, opérationnalisant cette politique depuis 2002. Cet abandon par les "amis anglo-saxons" se marque évidemment par l’indifférence américaniste et, encore plus, par la félonie britannique. A cet égard, la France récolte ce qu’elle a semé, jusqu’à la pirouette ultime de retrouver par en-dessous, très en-dessous, son destin qui est d’être seule et, sans doute, pense-t-elle, exceptionnelle, – bref, l’"exception française" récitée à la sauce la plus paradoxale du monde. (...) »

Philippe Grasset

11/06/2012

La communauté ou le cauchemar du Système

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« L’atomisation sociétale, l’anomie sociale, la guerre de tous contre tous et l’extrême individualisation égoïsto-nombriliste des existences contemporaines ne sont pas des "dommages collatéraux" de la  société capitalisto-marchande, les  symptômes de maux superficiels qui pourraient être guéris par des "ajustements" du système, ce sont tout au contraire le substrat, la matière première et le carburant du monde libéral.

L’oligarchie financiaro-mercantile ne peut en effet régner que sur un conglomérat d’individus séparés, isolés, concurrents les uns des autres en tous domaines (emploi, sexualité, sentimentalité, consommation, représentations symboliques…) et n’ayant pas d’autre horizon que la poursuite de leurs intérêts particuliers et la satisfaction de leurs désirs matériels. C’est pour cela que la bourgeoisie financière, avec l’appui actif et empressé des idiots utiles de la gauche "libérale/ libertaire",  n’a jamais eu de cesse que de faire disparaître toutes les entités collectives et les corps intermédiaires qui séparaient encore l’individu du Marché (corporations, syndicats, églises, familles, nations…).

Car le cauchemar du système de l’individu-roi, déraciné et interchangeable, défini uniquement par sa capacité de consommation, porte un nom, celui de "communauté".

La communauté est un groupement humain rassemblant des individus qui veulent être acteurs et non spectateurs de leur existence, qui ont compris qu’il n’y a ni espoir ni avenir dans la "délégation" du politique à des "élites" expertocratiques qui ne servent jamais que leurs propres intérêts de classe.

A l’opposé du "héros solitaire", notamment vanté par la littérature commerciale et les représentations cinématographiques hollywoodiennes,  qui s’oppose au monde au nom de son exceptionnelle singularité, le membre d’une communauté sait que ce n’est que par l’action collective, l’union des qualités et des talents, la collaboration des caractères et des volontés que l’on peut trouver des issues à l’impasse contemporaine et bâtir des alternatives concrètes et durables au suicide général qu’est la mondialisation libérale.

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22/02/2012

La Russie réarme, les Etats-Unis désarment

Le bon vieux temps selon Ronald...

 

Pour un peu, on se croirait revenu à la guerre froide.

L'annonce de Vladimir Poutine ressemblerait au début d'une nouvelle course aux armements, si nous étions encore dans le monde bipolaire des années 1947-1991 :

« Au cours de la prochaine décennie, plus de 400 missiles balistiques intercontinentaux, huit croiseurs sous-marins lance-missiles stratégiques, près de 20 sous-marins polyvalents, plus de 50 navires de surface, une centaine d'appareils spatiaux militaires équiperont l'armée russe.

En outre, plus de 600 avions modernes, dont des chasseurs de cinquième génération, plus de mille hélicoptères, 28 régiments de systèmes de missiles sol-air S-400, plus de 2.300 chars modernes, près de 2.000 canons automoteurs équiperont l'armée. »

Le futur président russe « a avancé un montant de 590 milliards d’euros pour moderniser les forces armées russes (...) En fait, un tel plan, chiffré à 474 milliards d’euros, a déjà été adopté l’an passé. Par conséquent, Vladimir Poutine ne fait que le prolonger et l’accentuer en rajoutant quelquels dizaines de milliards supplémentaires. »

Pourquoi ?

« Nous constatons l’émergence continue de nouvelles guerres régionales et locales (...). De nouvelles zones d’instabilité et de chaos délibérément orchestré émergent. Il existe des tentatives d’initier de tels conflits aux frontières mêmes de la Russie et de ses alliés (...).

Les principes de base du droit international sont dégradés et érodés, notamment en matière de sécurité internationale (...). Dans ces circonstances, la Russie ne peut pas s’appuyer sur les seuls canaux diplomatiques et économiques pour résoudre les conflits. Notre pays doit développer de manière suffisante son potentiel militaire dans le cadre d’une stratégie de dissuasion. C’est une condition indispensable pour que la Russie se sente en sécurité et que nos partenaires écoutent les arguments de notre pays.

Les vastes ressources investies dans la modernisation de notre complexe militaro-industriel et dans le rééquipement de l’armée doivent servir de carburant au moteur de notre modernisation économique, afin de créer de la croissance et une situation dans laquelle les dépenses gouvernementales financent de nouveaux emplois, soutiennent la demande du marché et facilitent la recherche scientifique. »

Mais cet écho de guerre froide n'est bien qu'une illusion, complètement anachronique.

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