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03/07/2014

Double standard poutinien

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Six mois avant de s'emparer militairement de la Crimée, le menteur pathologique du Kremlin avait, dans une lettre aux Américains du 11 septembre 2013 (dont j'avais parlé à l'époque où, comme bien d'autres, je croyais encore à la bonne foi du bonhomme), déclaré ce qui suit, au sujet de la Syrie :

« (...) Les fondateurs de l'Organisation des Nations Unies ont compris que les décisions concernant la guerre et la paix ne devaient se produire que par consensus, et avec le consentement de l'Amérique, le veto par les membres permanents du Conseil de sécurité a été inscrit dans la Charte des Nations Unies. La profonde sagesse de ce point a étayé la stabilité des relations internationales pendant des décennies.

Personne ne veut que l'Organisation des Nations Unies subisse le sort de la Société des Nations, qui s'est effondrée parce qu'il lui manquait un véritable levier. Cela serait possible si les pays influents contournent les Nations Unies et entreprennent une action militaire sans l'autorisation du Conseil de sécurité.

(...) Dès le début, la Russie a prôné un dialogue pacifique permettant aux Syriens d'élaborer un plan de compromis pour leur propre avenir. Nous ne protégeons pas le gouvernement syrien, mais le droit international. Nous devons utiliser le Conseil de sécurité des Nations Unies et croyons que la préservation de l'ordre public dans le monde complexe et turbulent d'aujourd'hui est l'une des rares façons d'empêcher les relations internationales de sombrer dans le chaos. La loi est toujours la loi, et nous devons la suivre que nous le voulions ou non. Selon le droit international actuel, la force n'est autorisé qu'en cas de légitime défense ou par la décision du Conseil de sécurité. Tout le reste est inacceptable en vertu de la Charte des Nations Unies et constituerait un acte d'agression.

(...) Nous devons cesser d'utiliser le langage de la force et reprendre le chemin du règlement diplomatique et politique civilisé. (...) »

Source

Je maudis ma naïveté de l'époque.

A ma décharge, combien de patriotes français sont-ils toujours dupes, à ce jour, de l'incurable baratineur guébiste et de ses méthodes parfaitement soviétoïdes ?

17/05/2014

La désinformation systématique contre l'Ukraine

Les champions du poutinisme servile : Berlusconi, Le Pen, Tsipras (merci @Mandrin !) et Farage

 

« Concernant Odessa, il existe beaucoup de sites français reprenant la propagande russe (avec en tête de proue, "Réalpolitik", fondé par Chauprade, le valet assumé de Poutine...). Et il aussi existe des dizaines et des dizaines de vidéos, des centaines et des centaines de photos (accompagnées de témoignages) qui démontrent les mensonges de ces "informations" en provenance des médias russes. Est-ce étonnant ? Non. La logique est la même que pour la Crimée : manipuler, mentir, contrôler l'information. Pour la Crimée, nous savons maintenant que la Russie a organisé une "désinformation systématique" (et ce n'est pas l'Amérique ni l'UE qui le dit, mais bien l'ONU après enquête approfondie).

Concernant le drame d'Odessa : comme toujours, beaucoup de commentaires et de vidéos partiels, pour ne pas dire plus. A l'issue d'un match de foot en ville, les deux clubs de supporters ont décidé de défiler ensemble pour l'unité de l'Ukraine. Comme cela s'était passé quelques jours auparavant, ce défilé unitaire a été attaqué par des dizaines de personnes masquées et armées. La police a été incapable de s'interposer et des vidéos montrent clairement deux tireurs embusqués derrière un cordon de police (complicité ou "maladresse" de la police). A l'issue de ce premier assaut, 4 personnes ont été abattues à l'arme automatique du côté des bleu et jaune. Une course poursuite s'est alors engagée. Un député d'Odessa a ensuite bêtement suggéré aux assaillants d'aller tenir la maison des syndicats au centre ville, plutôt que de se disperser. Les tentes - vides - des "pro-russes" ont été démontées et brûlées. Des échanges de cocktails Molotov ont eu lieu. D'après les images, l'incendie s'est déclaré au second étage, dans une pièce aux fenêtres intactes et occupée par des assaillants désormais réfugiés à l'intérieur.

L'enchaînement des événements est le suivant : l'incendie gagne en intensité, cependant que des tireurs embusqués sur les toits abattent à nouveau 5 manifestants bleu et jaune, ce qui porte à neuf le nombre de tués, sans compter les nombreux blessés (principalement des fractures) lors de l'assaut sur le cortège. Sur la face avant de l'immeuble, la barricade a été construite de telle façon (à l'origine par les "pro-russes") qu'elle empêche toute sortie puisqu'elle est elle-même en feu. Quelques personnes sautent dans le vide par peur ou pour échapper à l'asphyxie. Elles sont évacuées (morts ou blessés) par les "assaillants" ou la police. Sur la face arrière de l'immeuble, en revanche, la foule a construit un échafaudage de fortune et lancé des cordes, permettant d'évacuer plus d'une centaine de personnes. Les pompiers arrivent très en retard...

Il faut savoir que près de 350 personnes s'étaient rassemblées dans cet immeuble. Parmi eux bien sûr les organisateurs et des agitateurs professionnels qui ont pu "tranquillement" s'enfuir sans se préoccuper des jeunes et moins jeunes civils qu'ils avaient entraînés dans leur expédition. Près de 120 personnes s'en sont sorties et les bleu et jaune ont bien entendu participé à ce sauvetage. Il reste 38 morts "inutiles", comme à chaque fois dans ce genre de drame. Inutiles, mais pas pour tout le monde : la propagande russe a voulu y voir un "pogrom", niant - malgré les images - le fait que les bleu et jaune aient participé activement au sauvetage et passant sous silence les deux éléments déclencheurs : l'attaque violente du cortège unitaire et la mort de 9 personnes abattues à l'arme automatique. On entre dans l'irrationnel complet et il est clair qu'en multipliant les provocations et les morts, la Russie a obtenu ce qu'elle cherchait, un accident lui permettant de relancer sa machine de propagande...

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09/05/2014

A la télé russe, on peut être à la fois pro-Kiev et pro-Russe !

Si, après avoir vu ça, vous croyez encore un seul média russe... Bref.

25/06/2013

« Du bouche-à-bouche à un cadavre »

Pierre Bergé avec François Hollande : le mécène et l'obligé

 

Je remercie @Popeye de m'avoir fait découvrir ce brûlot lancé par les Hommen lors de la manif de dimanche soir dernier à Paris, place Dauphine, contre le sort scandaleux réservé par le régime à Nicolas Bernard Busse :

« Alors si on fait les comptes :

*Vous faites adopter une loi qui viole les droits de la majorité et des plus vulnérables pour plaire à un lobby qui représente la minorité d'une minorité.

*Vous manipulez les sondages en dissociant les questions de mariage et d'adoption quand la loi porte sur les deux ensemble.

*Vous ignorez des centaines de milliers de personnes descendues pacifiquement dans la rue à plusieurs reprises et falsifiez les chiffres de leurs mobilisations.

*Vous foutez au panier une pétition historique de 700.000 signatures.

*Vous accélérez le calendrier législatif pour prendre de vitesse les opposants.

*Vous refusez d'organiser un référendum en invoquant le fait que l'article 11 ne prévoit qu'on y ait recours que pour les questions sociales et non sociétales ; alors même que le terme "sociétal" est un néologisme qui n'existait pas en 58, et que la commission choisie pour examiner le texte à l'assemblée est précisément la commission des affaires SOCIALES.

*Vous laissez des racailles de flics en civil malmener des jeunes filles et tabasser des gamins de 14 ans.

*Vous refusez aux maires leur droit à l'objection de conscience en les menaçant de 7 ans de prison.

*Vous faites coffrer des promeneurs parce qu'ils portent un sweat de la Manif.

*Vous multipliez les détentions arbitraires et les procédures abusives.

Et maintenant vous foutez en taule un étudiant qui est allé chanter la Marseillaise sur les Champs Elysées...

Mais continuez M. Hollande ! A ce train-là vous finirez par faire tirer sur la foule...

Continuez mesdames et messieurs les juges, ministres, chroniqueurs et autres bonnes consciences subventionnées ! Bientôt vous réhabiliterez la gégène…

Continuez ! Vous êtes en train de forger une génération de résistants.

Vous croyez n'avoir à faire qu'à des cathos réacs mus par leur sentiment religieux ? Vous êtes mal ! L'ordre naturel qu'ils défendent est universel et vos coups de tonfa ont trempé leur conscience politique. Ils ont compris que ce mariage homo était le fruit vénéneux d'un arbre pourri par le mépris du peuple, la propagande médiatique et la dictature des minorités. S'ils pointent encore le fruit, ils pensent désormais à couper l'arbre. Et demain ils rallieront à eux le pays réel qui ne supporte plus votre condescendance.

Continuez ! Votre société utopique ne fait plus rêver. Notre génération en a soupé de votre progrès. Nous avons vu où mène votre libération des mœurs, votre marché-roi et votre relativisme déguisé en ouverture d'esprit. Nous sommes les enfants du divorce de masse, de la gay pride et de l'adultère en publicité dans le métro. Nous ne voulons pas de vos vies de merde de cocus compréhensifs et de working-girl dépressives.

Continuez ! De toute façon vous avez déjà perdu... Déjà Cohn-Bendit est tombé, le monde dégueulasse qu'il incarnait le suit. Votre activisme n'y changera rien, c'est du bouche-à-bouche à un cadavre. »

Source

12/07/2011

Anagramme hostile

Amérique et... arnaque ; bon, c'est loin d'être une anagramme parfaite, j'en conviens.

Mais à lire Pierre Jovanovic, ça colle, et je partage son avis :

« BUSINESS INSIDER JOUE POUR WALL STREET, PAS POUR LES LECTEURS !!!
du 11 au 15 juillet 2011 : Regardez bien cette page avec des photos qui vous expliquent à quel point les Italiens sont nuls, compliment du Business Insider qui se plaint du fait, entre autres, que le pays n'a pas assez d'immigration, qu'ils ne payent pas leurs impôts, qu'il n'y a pas assez de multinationales, et que leurs services publics sont nuls ! Au moins vous savez pourquoi on [a] autant d'immigration en France et pourquoi la CGT ne fait que des manifs pour les sans-papiers... Lisez, et vous comprendrez tout.

D'ailleurs, depuis le temps que je dis, ici ou à la radio, que je me méfie du Business Insider, eh bien j'ai voulu vérifier à qui il appartient et surprise justement, à un certain Henry Blodget, un ancien... trader de Wall Street (!!! comme quoi, mon radar, ou intuition, fonctionne encore) à qui il a été interdit d'y remettre les pieds, pour cause de fraude financière ! Fabuleux non ?? "US Securites and Exchange Commission (April 28, 2003) The SEC, NASD and the NYSE permanently bar Henry Blodget from the Securities Industry and Require $4 Million Payment". Vous comprenez pourquoi le Business Insider mène la danse contre la Grèce, l'Italie, et bientôt la France ?

LA GRECE SERA MISE EN DEFAUT DE PAIEMENT !!!
du 11 au 15 juillet 2011 : C'est dans le FT de ce matin, et c'est hilarant : il est question de mettre la Grèce en defaut de paiement et/ou de la sortir de la zone euro... Ha ha ha, et dire qu'ils nous ont fait tout ce cirque la semaine passée... Bref, ils ne savent pas quoi faire ! Une chose est sûre, les banques french vont le sentir passer: "EU stance shifts on Greece default ; Possible end to French-backed plan for debt roll-over".

AMBROSE EVANS PRITCHARD : SORTEZ VOS ROSAIRES !!!
du 11 au 15 juillet 2011 : "Italy and Spain must pray for a miracle". Pour son retour à la rédaction du Telegraph, AEP nous confirme aussi que la Grèce n'était qu'un test des vampires pour mettre le reste de l'Europe au pas, et cela avant que les USA ne fassent un défaut de paiement sur leurs bons du Trésor. Donc, la situation empire, les flammes ont quitté la Grèce pour toucher l'Italie, l'Espagne, le Portugal, l'Irlande, et vous allez voir toute la presse anglo-saxonne vous expliquer à quel point les Italiens sont nuls, des paresseux, ils ne payent pas leurs impôts, etc., les même conneries, les mêmes mensonges scandaleux que le Business Insider nous ressort pour l'Italie après nous [les] avoir donné[s] pour la Grèce (le Business Insider regrette qu'il n'y ait pas d'immigrés en Italie, pas assez selon lui ; au moins vous savez pour qui travaille le BI, pour Wall Street).

Pour Evans-Pritchard, la contagion ne peut plus être arrêtée, et les jeux sont faits. Il n'y a pas assez d'argent nulle part pour sauver l'Italie et l'Espagne. Mais la sauver de quoi ? Des mensualités que les municipalités, ruinées, doivent payer à la JP Morgan, à la Deutsche Bank, Dexia, etc. ? La mort financière arrive à pas lents : "Spanish 10-year bond... through the danger line of 5,7%... Italian 10-year... 5,3% on Friday... the Italian treasury has to roll over 69bn € in August and September ; it must tap the markets for 500bn € before the end of 2013"... Clairement le monde financier invisible brûle et les gens ne se rendent compte de rien. De plus, on leur dit que le feu est en Europe alors que les US se sont vendus la corde (assortie d'un credit default swap) avec laquelle ils vont se pendre. C'est beau l'escroquerie planétaire des banques et des agences de notation. Et AEP ajoute, le chômage, le vrai, aux US "est de 16,2% en juin"... Lire Ambrose ici. Lire aussi Zero Hedge sur l'Espagne, parlant d'un default... »

29/03/2011

La vérité sur Fukushima

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Hiroshima, 1945

 

Je reproduis ici la première partie d’une interview de Hirose Takashi par Yoh Sen'ei et Maeda Mari, diffusée par NewStar Asahi TV, le 17 mars 2011 à 20 heures. Traduction du japonais en anglais et présentation par Douglas Lummis. Traduction de l’anglais en français par next-up.org, un peu corrigée par moi.

Ce n'est pas vraiment ce qu'on nous raconte d'habitude...

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Hirose Takashi, qui est un éminent expert, a écrit de nombreux livres, principalement concernant le secteur de l'énergie nucléaire et le complexe militaro-industriel. Son meilleur livre connu est probablement "Nuclear Power Plants for Tokyo" où il a provoqué les industriels du nucléaire : "si vous êtes sûrs qu'elles sont sûres (les centrales nucléaires), alors pourquoi ne pas les construire dans les centres villes plutôt qu’à des centaines de kilomètres, ce qui génère par la distance une forte déperdition d’énergie électrique par les lignes THT" [la déperdition se transforme en réalité en une pollution électromagnétique environnementale qui provoque une électrocution sournoise de la population avec les effets dévastateurs sur la santé qui sont constatés auprès des personnes qui vivent dans les couloirs des THT].

Il donne actuellement de nombreuses interviews télévisées, dont celle-ci, qui est partiellement traduite. Je lui ai parlé au téléphone aujourd'hui (22 mars 2011) et il m'a dit que s’il était logique de s'opposer à l'énergie nucléaire avant, maintenant que la catastrophe a commencé, il serait "juste" de garder le silence, mais il y a à la radio et à la télévision tellement de mensonges grossiers des autorités qu'il ne peut pas garder le silence, c’est un devoir pour lui de dire la vérité. J'ai traduit seulement le premier tiers de l'interview concernant la partie qui se rapporte en particulier à ce qui se passe dans la centrale nucléaire de Fukushima (disponible en intégralité en japonais sur Youtube : parties 1 - 2 - 3).

Après ses analyses, nous pouvons apporter des réponses globales sur le "pourquoi en est-on arrivé à cette situation ?". Néanmoins, il constate qu’actuellement l’approche économique du nucléaire est toujours au premier plan, malgré la catastrophe en cours.

D’ailleurs, accepter la solution du sarcophage, ce serait admettre qu'ils se sont trompés et qu'ils ne contrôlent pas les événements.

D'autre part, pour ces industriels, qui sont aussi des humains, c'est beaucoup trop de culpabilité à supporter, cela signifie la défaite de l'idée de l'énergie nucléaire, une idée qu'ils tiennent en dévotion presque religieuse.

Ils savent que cela signifie non seulement la perte de ces six (ou dix) réacteurs, mais que cela signifie aussi à terme la fermeture de tous les autres, ainsi si c’est une catastrophe sanitaire et environnementale inégalée qui se profile, elle est aussi financière pour eux.

S’ils arrivent à refroidir et à contrôler de nouveau la situation, ils pourront dire : "vous voyez, le nucléaire n'est pas si dangereux, après tout".

Fukushima est un drame qui se déroule sous les yeux du monde entier, et peut se terminer par la défaite ou (c’est leur fragile espoir, que je pense être sans fondement) la victoire de l’industrie nucléaire.

Hirose peut nous aider à comprendre de quoi il retourne.

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Yoh Sen'ei : Beaucoup de gens aujourd'hui ont vu qu’on pulvérise en l’air de l’eau sur les réacteurs, mais est-ce efficace ?

Hirose Takashi : ... Si vous voulez refroidir un réacteur avec de l'eau, vous devez le faire en faisant circuler l'eau à l'intérieur et évacuer la chaleur à l’extérieur par un circuit, sinon cela n'a pas de sens. Donc, la seule solution est de remettre en état les circuits d’électricité, pour essayer de refaire fonctionner les systèmes des circuits de refroidissement. Sinon, c'est comme verser de l'eau sur la lave d’un volcan, cela ne sert à rien.

Yoh : Rebrancher l'électricité - c'est-à-dire redémarrer le système de refroidissement ?

Hirose : Oui, c’est exactement cela. L'accident a été causé par le fait que le tsunami a inondé les générateurs de secours et emporté leurs réservoirs de carburant. Si nous n’y arrivons pas, il n'y a aucun moyen de récupérer cet accident.

Yoh : Tepco [Tokyo Electric Power Company, le propriétaire / exploitant des centrales nucléaires] dit qu'ils s'attendent à mettre sous tension les lignes ce soir.

Hirose : Oui, il y a un peu d'espoir là-bas. Mais ce qui est inquiétant, c'est que les réacteurs nucléaires ne sont pas comme sur les photos (schémas) qui sont montrées (Hirose montre une représentation graphique d'un réacteur, comme celles utilisées à la télévision). C'est juste un schéma.

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Voici à quoi ressemble en réalité un réacteur sous sa coupole de confinement (il montre une photo). C'est immense un réacteur. Regardez de plus près c'est une forêt de commutations, de galeries, de fils et de tuyaux. A la télévision ces pseudo-savants parlent et nous donnent des explications simples, mais ils ne savent rien, car se sont des professeurs d'université. Seuls les ingénieurs connaissent. Vous voyez, c’est ici que l'eau a été répandue dans ces labyrinthes avec cette multitude de tuyaux, ces vues réelles sont suffisantes pour vous donner le vertige. Une telle structure est beaucoup trop complexe à comprendre pour nous.

Travaux de maintenance à l'extérieur de la zone de confinement d'un réacteur à eau bouillante

 

Depuis une semaine maintenant, ils versent de l'eau par là. Et c'est de l'eau salée ! Si vous versez de l'eau salée sur un four chaud, que pensez-vous qu’il se passe ? Vous obtenez du sel. Ce sel se dépose partout et finit par bloquer toutes les vannes qu’il sera impossible de faire fonctionner. Cette eau salée passe partout dans les labyrinthes, va de partout et va tout obstruer. Donc, je ne peux pas croire que c'est juste une simple question qui sera résolue en reconnectant l'électricité que l'eau va recommencer à circuler. Je pense que n'importe quel ingénieur avec un peu d'imagination peut le comprendre. Nous sommes en face d’un système incroyablement complexe et puis, en fait, déverser de l'eau sur les réacteurs à partir d'un hélicoptère - peut-être qu'ils ont une idée de comment cela pourrait agir, mais je ne peux pas comprendre.

Yoh : Il faudra plus de 1.300 tonnes d'eau pour remplir les piscines qui contiennent les barres de combustible irradiées dans les réacteurs 3 et 4. Ce matin nous en sommes à 30 tonnes. Ensuite, les Forces d'autodéfense avec leurs 5 camions pompes ont peut-être réussi à en déverser aussi 30 tonnes, mais où ? Ce qui est sûr, c’est que tout ceci est très loin d'être suffisant ; même s’il y a une suite, cela ne changera en rien la situation ?

Hirose : En principe, cela ne peut pas. Parce que, même quand un réacteur est en fonctionnement normal, il nécessite un contrôle constant de maintien de la température pour la sécurité. Maintenant, c'est un désordre complet à l'intérieur des installations et quand je pense aux 50 personnes qui y travaillent, j'en ai les larmes aux yeux. Je suppose qu'ils sont exposés à de très grandes quantités de rayonnements et qu'ils restent car ils ont accepté de faire face à la mort. Combien de temps peuvent-ils tenir ? Je veux dire, physiquement ? C'est la situation à ce jour.

Alors quand je vois ces beaux parleurs à la télévision, je veux leur dire, "Si c'est ce que vous dites, alors allez-y faire le travail vous-même !" Vraiment c’est honteux de les entendre, ils parlent, c’est un non-sens, ils essayent de rassurer tout le monde surtout pour éviter la panique. Ce qu'il nous faut maintenant, c'est "une bonne panique contrôlée", parce que la situation est arrivée au point où le danger est réel.

Si j'étais le Premier Ministre Kan, j’ordonnerais de faire ce que l'Union Soviétique a fait quand le réacteur de Tchernobyl a explosé, la solution sarcophage, enterrer le tout dans du béton fourni par toutes les entreprises du Japon. Ceci, parce que vous avez à assumer le pire des cas. Pourquoi ? Parce que, dans la centrale nucléaire de Fukushima, il y a aussi l'usine de Daiichi avec six réacteurs et l'usine de Daini avec quatre, ce qui fait un total de dix réacteurs. Si un seul d'entre eux développe le pire des cas [fusion incontrôlée ou atteinte de criticité], alors les travailleurs n’y pourront plus rien, il faudra évacuer le site en attendant l'effondrement.

Donc, si, par exemple, l'un des réacteurs de Daiichi s’enfonce, pour les cinq autres cela ne sera qu'une question de temps.

Nous ne pouvons pas savoir dans quel ordre cela risque de se produire, mais certainement ils suivront tous le même chemin. Et si par malheur cela arrive, Daini n'est pas si loin, alors, probablement, les autres réacteurs eux aussi s’enfonceront. Je suppose qu’aucun travailleur ne sera en mesure de rester sur cette zone.

Je parle du pire des cas, mais la probabilité n'est pas faible. C'est le danger que le monde regarde et qui menace l’humanité, mais il est caché au Japon.

Comme vous le savez, des six réacteurs de Daiichi, quatre sont dans un état très endommagé. Donc, même si dans le cas où un irait bien et que la circulation de l'eau soit rétablie pour trois d’entre eux, la crise ne serait pas finie, je déteste le dire, mais je suis pessimiste. Alors, pour sauver le peuple, nous devons réfléchir à un moyen de réduire les fuites de rayonnements au niveau le plus bas possible. Non par pulvérisation d'eau par des tuyaux, comme l'eau d'arrosage dans un désert, mais par une solution radicale de sarcophage et de refroidissement souterrain immédiat.

De plus imaginez, tout le monde sait combien de temps prend une forte dépression atmosphérique pour passer sur le Japon... C'est avec une vitesse de vent de deux mètres par seconde, il ne faut donc environ que quelques jours pour que l'ensemble du Japon soit couvert par des radiations. Nous ne parlons donc plus de distances de 20 km, 30 km ou 100 km. Cela signifie bien sûr que Tokyo, Osaka seront touchés inévitablement en fonction de la vitesse à laquelle un nuage radioactif pourrait se propager. Bien sûr, cela dépend de la météo ; nous ne pouvons pas savoir à l'avance la façon dont le rayonnement sera diffusé. Ce serait effectivement bien si le vent soufflait toujours vers la mer, mais malheureusement cela ne sera pas toujours le cas. Il y a deux jours, le vent soufflait vers Tokyo. Voilà ce qu'il en est...

Yoh : Chaque jour, les autorités gouvernementales locales effectuent des mesures de la radioactivité. Toutes les stations de télévision disent que toutes les radiations sont à la hausse, mais qu’elles ne sont encore pas encore assez hautes pour être un danger pour la santé. Ils les comparent à une radiographie aux rayons X du corps et si elles augmentent, ils conseillent de porter un appareil dosimétrique. Qu’est-ce que cela changera à la question ?

Hirose : Par exemple, hier autour de Fukushima, la station de Daiichi a mesuré 400 millisieverts par heure. Avec cette mesure, Edano le chef du cabinet de la préfecture a admis pour la première fois qu'il y avait un danger pour la santé, mais il n'a pas expliqué ce que cela signifie.

Je pense que tous les médias d'information sont en faute. Ils disent des choses stupides comme : nous sommes exposés à des rayonnements tout le temps dans notre vie quotidienne, nous sommes soumis aux rayons cosmiques, mais c'est un millisievert par an. Une année compte 365 jours, un jour a 24 heures, multipliez 365 par 24, vous obtenez 8.760. Multipliez les 400 millisieverts, vous obtenez 3.500.000 [millisieverts], la dose actuelle dans cette zone. Vous appelez cela sécuritaire ?

Et est-ce que les médias ont signalé ces valeurs d’irradiation ? Aucun.

Ils les comparent à un scanner, qui est un plus pour un instant, ce qui n'a absolument rien à voir avec ce que nous vivons. La radioactivité qui ne peut pas être mesurée est celle de la matière radioactive qui s'échappe du site nucléaire, c’est celle des particules radioactives. Se sont ces particules contaminantes qui sont les plus dangereuses, car se sont elles qui en pénétrant dans votre corps amènent une source de radioactivité directement au contact de vos cellules et organes en l’irradiant de l’intérieur.

Ces chercheurs-porte-parole de l'industrie viennent à la télévision ; que disent-ils ? Ils disent que si vous vous éloignez, le rayonnement est réduit en raison inverse du carré de la distance. Je tiens à dire le contraire.

L'irradiation interne se produit lorsque les particules radioactives sont ingérées, dans votre corps. Que se passe-t-il ?

Disons par exemple qu'une particule radioactive est à 1 mètre de vous et que vous l’inhalez dans vos poumons. La distance de la source radioactive est maintenant de l’ordre du micron, puisqu’elle colle à votre organe ! Un mètre est égal à 1.000 millimètres et un micron à un millième de millimètre. C’est mille fois mille (c'est-à-dire mille au carré).

C’est la véritable signification de l'irradiation "inversement proportionnelle au carré de la distance par rapport à la source radioactive", car, dans ce cas, il n’y a plus de distance mesurable et le facteur d’irradiation, même s’il est faible et surtout variable en fonction du type de particules radioactives (radionucléides), s’en trouve augmenté d’un billion (10 ¹² soit 1.000 milliards) !

En conséquence, L'inhalation de la plus infime particule radioactive, c'est le danger ["Inhaling even the tiniest particle, that’s the danger"].

Yoh : Donc, comme à la TV, faire des comparaisons avec les rayons X des radiographies et la tomodensitométrie, n'a pas de sens. Il ne faut donc pas respirer (inahaler), ni ingérer des matières radioactives.

Hirose : C’est exact. Quand elles pénètrent dans le corps, on ne sait pas où elles vont migrer et se fixer. Le plus grand danger est celui des femmes enceintes en particulier, des bébés et des petits enfants.

Maintenant, ils parlent d'iode et de césium, mais ce n'est qu'une partie des contaminants radioactifs et en plus, la plupart du temps, ils ne possèdent pas les instruments de détection appropriés. Ce qu'ils appellent leurs moyens de surveillance des mesures de la valeur des rayonnements dans l'air (balises) ne détectent pas ce que nous pouvons inhaler. Ce qu’ils mesurent n'a aucun lien avec la quantité de matières radioactives dans l’air...

Yoh : Donc, les dommages causés par les rayons radioactifs et les dommages causés par les particules de matières radioactives, ne sont pas les mêmes.

Hirose : Si vous me demandez, ici dans ce studio : "ce sont tous des rayonnements radioactifs provenant de la centrale nucléaire de Fukushima ?", la réponse sera non. Mais par contre, pour les particules radioactives qui sont transportées ici par l'air, la réponse sera oui. Lorsque le noyau d’un réacteur commence à fondre, des éléments radioactifs de l'intérieur s’échappent par les ouvertures (crevasses et dommages) vers l’extérieur, c’est ce qui est actuellement le cas et, avec la chaleur, elles montent vers le haut dans l’atmosphère.

Yoh : Est-il possible de détecter ces particules radioactives ?

Hirose : J'ai été informé par un journaliste que maintenant TEPCO n'est pas encore équipé d’un tel équipement (collecteur de particules) pour faire un suivi régulier. Ils ne prennent qu’occasionnellement de telles mesures de valeurs de densité, avec le centre de contrôle d’Etat géré par Edano.

Il faudrait prendre des mesures en permanence, mais ils n’ont pas les moyens de le faire. Elles seraient nécessaires pour évaluer l’ampleur et le nombre de fuites radioactives. Cela nécessite des instruments de mesure très sophistiqués. Mesurer seulement un niveau de rayonnement dans l'air, par exemple lorsque vous vous déplacez en voiture, n’est absolument pas suffisant, qu’il soit faible ou élevé cela n’est pas la donnée la plus fondamentale pour la santé.

Nous avons besoin de savoir quel type de matières en particules radioactives s'échappent, et où elles vont pour les suivre et donner l’alerte, malheureusement ils n'ont pas un système en place pour le faire maintenant.