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01/03/2014

Dominants, complotisme, mondialisme

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« (...) Qui sont "les dominants" ? A supposer qu’on puisse les désigner précisément, dans quelle mesure peut-on connaître leurs projets ? Et d’ailleurs, dans quelle mesure ont-ils des projets exactement déterminés ? Vaste débat…

Ce qui est clair, c’est que le système de contrôle déployé par les classes supérieures est aujourd’hui traversé par un certain nombre de leitmotivs qui tournent parfois à l’obsession : transparence, traçabilité, archivage-mémorisation systématique en temps réel. Au départ, ces techniques de gestion, qui sont désormais envisagées dans l’espace social, viennent souvent de l’industriel. Il est d’ailleurs fréquent que leur déploiement à des fins sécuritaires soit opéré dans la continuité d’un projet logistique.

Il est difficile de dire s’il s’agit d’un tropisme spontané produit par le système de management, ou s’il y a un projet délibéré global. Pour le dire autrement : est-ce l’esprit mécaniste qui surdétermine la conception que la classe dirigeante semble se faire du contrôle social, ou cette conception est-elle à l’origine du déploiement des projets de contrôle logistique, simple prétextes ? La question mérite d’être posée, parce que nous sommes en présence d’un système global qui autorise des gaspillages monstrueux, mais qui, par ailleurs, déploie fréquemment les systèmes de suivi industriels prétendument pour garantir le zéro gaspillage. Paradoxe qui doit nous mettre la puce à l’oreille.

(...) ce qu’est le complotisme.

Les défenseurs du concept ont tendance à le présenter comme "le fait d’admettre l’existence des complots". Ses adversaires ont plutôt tendance à le définir comme "le fait de voir des complots partout". D’où un débat sans intérêt entre gens qui ne parlent pas de la même chose.

Pour ma part, je définirais le complotisme comme un biais cognitif consistant à présupposer que derrière une évolution coordonnée sans structure de coordination visible, il y a nécessairement une structure de coordination invisible. C’est oublier que la coordination peut résulter d’un phénomène spontané, produit par les acteurs coordonnés au fur et à mesure que leurs trajets propres se croisent ou s’influencent mutuellement – phénomène qui a de fortes chances d’être observable dès lors que les acteurs partagent en outre un mode de pensée, ou plus simplement un ensemble de préoccupations.

Il existe d’ailleurs un biais inverse, qu’on pourrait nommer l’anticomplotisme, et qui consiste à présupposer que s’il n’y a pas de structure de coordination visible, c’est qu’il n’y en a pas du tout. Ce qui, là encore, est omettre une possibilité.


Personnellement, j’ai l’habitude, quand on me présente une analyse faisant état de la théorie du complot, pour la valider ou au contraire pour la réfuter, de tester le discours en essayant de le reformuler mathématiquement. Soit la proposition P, soit la proposition P’, peut-on écrire, en utilisant les symboles propres à la logique mathématique, une relation entre P et P’ débouchant sur P’’ ? Si non, hum, il y a un problème.

(...) Beaucoup de gens parlent du mondialisme, et toutes ne donnent pas la même définition du concept. (...)

Pour ma part, j’emploie le mot pour décrire l’idéologie qui voudrait que l’avenir de l’humanité ne puisse être assuré que par un gouvernement mondial coordonné par des classes dirigeantes échappant de facto à la sanction du suffrage universel. Le type achevé du mondialiste me semble être, en France, Jacques Attali.

Cette définition m’amène à inclure dans le mondialisme plusieurs sous-idéologies légèrement différentes :

- Le mondialisme unificateur par un gouvernement mondial géographiquement localisé, dont Attali se fait le chantre en évoquant Jérusalem, capitale du monde.

- Le mondialisme unificateur par une gouvernance globale animée indirectement par les marchés financiers, dont le sieur Soros semble être en pratique un des agents les plus actifs.

- Un mondialisme moins unificateur, plus ambigu en tout cas dans son rapport à l’unification des structures de pouvoir, dont la Commission Trilatérale est apparemment le principal porteur.

Les deux premiers mondialismes semblent assez clairement organisés par et autour des structures de coordination incubées par la diaspora juive à travers l’hémisphère occidental. Le troisième, bien qu’il compte parmi ces têtes pensantes des personnes issues du monde juif, est beaucoup moins connecté à ce monde. Il est issu, me semble-t-il, d’un ensemble de milieux divers, avec une forte composante protestante, et là je pense, bien sûr, à la famille Rockefeller.

A la différence de beaucoup d’analystes, j’ai tendance à penser que ce troisième mondialisme est, à long terme, le seul capable de proposer une solution de gestion adaptée à la planète. Le premier mondialisme est trop judéo-centré. Il aura du mal à fédérer les hyperclasses des principaux pôles de puissance. Le deuxième mondialisme est trop lié à un pouvoir financier dont on oublie un peu vite qu’il n’est construit au fond que sur une captation illégitime de l’outil de création monétaire – une base de puissance colossale, mais qui peut être remise en cause du jour au lendemain.

Le mondialisme occidentalo-centré d’un Zbigniew Brzezinski est plus subtil ; il est fondamentalement politique, et il est porteur d’un schéma de déploiement géostratégique crédible, sinon aisé. L’Amérique pour dominer un axe 1+1 Europe/USA, le Japon dans le flanc de la Chine, et l’ensemble pour contenir l’influence russe jusqu’à ce que les circonstances permettent de prendre le contrôle du cœur eurasiatique. Restera ensuite à négocier avec Pékin l’intégration de la Chine dans un rôle subalterne, ce qui constituerait le couronnement du projet.

Je pense que cela ne se fera pas. La vitesse du déclin occidental est probablement trop rapide pour laisser le temps de conduire le projet avant que la bascule de puissance ait lieu entre monde atlantique et Asie. Mais la probabilité de succès n’est pas dérisoire. Disons : un peu inférieure à une chance sur deux.

C’est pourquoi, sans tomber dans le complotisme, j’ai tendance à "surveiller" ce qui se passe au niveau de la Trilatérale. Même si d’autres structures, comme le Bilderberg ou les diverses institutions onusiennes par exemple, ont aussi leur importance. Et même si, bien sûr, la convergence des hyperclasses vers une hyperclasse mondiale n’est pas nécessairement le résultat d’un complot : elle est aussi, le produit d’un tropisme logique. (...) »

Michel Drac

Commentaires

Du pur bon sens...

Ce que j'ai du mal à saisir, c'est pourquoi l'Europe continentale ne choisit pas le "Heartland" de Mackinder à la mouvance anglo-saxonne.

Les WASP n'ont peur que de ça, semble-t-il.

Écrit par : Calliclès | 01/03/2014

oh les cigares du pharaon!

Écrit par : hoplite | 01/03/2014

http://youtu.be/TV1K8dRb8yI?t=8m31s

Écrit par : Rob | 01/03/2014

Calliclès

"Pur bon sens", oui, mais bon sang que c'est difficile à faire comprendre à certains...

Quant au choix de l'anglosphère par l'Europe continentale, à mon avis c'est le résultat d'une combinaison entre goût du confort matériel et psychologie héritée de la WW2 puis de la guerre froide. Le syndrome du chat échaudé, voire castré. "Dormition" disait Venner, mais générationnelle. Espérons que les plus jeunes n'auront pas sommeil...

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Hoplite

Je vois que toi aussi, tu connais tes classiques. ;-)

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Rob

Merci pour le lien, complémentaire et confirmatif (même si AdB est un type peu recommandable humainement, dans l'analyse intellectuelle il est souvent excellent).

Écrit par : Boreas | 01/03/2014

Sa vision du pistolero n'est pas inintéressante non plus :

"[Manuel Valls] dit quelque chose sur l’époque. En réalité, son problème est qu’il ne représente pas grand-chose, pour ne pas dire presque rien. Au sein du PS, son poids est très faible. S’il doit un jour s’imposer comme l’homme fort de « la gauche », ce qui à mon avis n’arrivera pas, il faudra de toute façon qu’il compte sur des forces extérieures à l’appareil. Alors voilà, il donne des gages, au lobby pro-Israël en particulier. Et il tente désespérément de se cramponner à son identité « de gauche », en faisant dans le symbolique, en jouant les tchékistes du dimanche. Tout ça, je crois, aussi, un peu, pour ne pas voir qu’au bout de la mythique « retirada » de sa famille républicaine espagnole, il n’y a eu pour lui qu’un boulot de flic au service des forces du Capital. Pitoyable et pourtant inquiétant, car on sait qu’une classe dirigeante malade peut être féroce."

(Sauriez en dire plus sur les tauliers du Retour aux sources ?)

Écrit par : Dr Bazooka | 02/03/2014

Non.

J'ai rencontré une ou deux personnes, dont Drac, mais nous ne sommes pas intimes et en plus, si nous l'étions, je ne l'étalerais pas, ni sur le Net ni ailleurs.

Écrit par : Boreas | 02/03/2014

"même si AdB est un type peu recommandable humainement"

Qu'est-ce qui te fait dire ça?

Écrit par : Sven | 02/03/2014

Ma connaissance de ce milieu depuis près de trente ans.

Juste un exemple de témoignage récent :

http://robertsteuckers.blogspot.fr/2014/02/en-souvenir-de-gilbert-sincyr.html

Écrit par : Boreas | 02/03/2014

Pierre-Yves Rougeyron, Les nouveaux visages de l'impérialisme

http://www.dailymotion.com/video/x1dfnl7_pierre-yves-rougeyron-les-nouveaux-visages-de-l-imperialisme_news

Très éclairant.

Écrit par : Rob | 03/03/2014

" Et même si, bien sûr, la convergence des hyperclasses vers une hyperclasse mondiale n’est pas nécessairement le résultat d’un complot : elle est aussi, le produit d’un tropisme logique."
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Là où l'influence (plus ou moins relative) de certains corps sociaux se confond avec les fatalités épistémologiques.

Les déterminismes humains ne sont pas toujours des signes d'omnipotence. Certes ils existe des groupes influents qui ont des intérêts à défendre et des moyens pour le faire. Mais il y a aussi des fatalités inhérentes aux systèmes dans lesquels lesdits corps sociaux ont des intérêts à défendre.

Etrange que l'on ne laisse de place dans le débat qu'aux "influences" humaines en oubliant les réalités du capitalisme ontologique : accumulation du capital sur un petit nombre de gros détenteurs du capital via les revenus du capital au détriment des revenus du travail.

Certes il existe des puissants qui cherchent à défendre leurs intérêts au sein du système. Mais le système capitalistique à ses réalités propres qui sont LE problème contemporain de nous tous. Certains s'efforcent de les chevaucher par en haut, la majorité doit les subir par le bas.

Et il serait temps d'arrêter avec la théorie du capitalisme à visage humain.

Écrit par : Eisbär | 03/03/2014

Je ne demandais pas l'ouverture et l'exposition des dossiers secrets. Ma question était bassement intéressée : j'ai fini un roman, que je laisse vieillir quelques mois avant correction. Mon problème est qu’il n'y a strictement aucun éditeur "conventionnel" auquel j'ai envie de l'adresser. Ce milieu me répugne ; et parmi mes nombreuses infirmités, mes dégoûts sont insurmontables.
Bref. La chose est partie pour dépérir sur disque dur.

Pour l'écrire autrement, en dépit des affinités que je me sens avec Le retour aux sources, je n'ai pas remarqué que la littérature les passionne.
J'ai quand même cru comprendre que LC a intégré l'équipe ?

Écrit par : Dr Bazooka | 03/03/2014

Je vous suggère d'envoyer un mail à Drac :

http://www.scriptoblog.com/index.php/presentation/contact-auteurs

Écrit par : Boreas | 03/03/2014

C'est une idée, merci.
(Je verrai ça dans quelques mois.)

Écrit par : Dr Bazooka | 05/03/2014

Pertinent et subtil: c'est du Drac comme je l'aime.

Écrit par : Imperator. | 03/03/2014

Merci Boreas pour ces précisions. J'ai découvert ce milieu beaucoup plus tardivement, à la fin des années 90. J'ai toujours été surpris par certains aspects du discours d'AdB - non je ne suis plus d'extrême droite - et ses prétentions intellectuelles d'une part et les clins d'oeil et hommages répétés aux pires rantanplans révisionnistes ou ses collaborations récurrentes dans les pires torchons d'extrême droite comme flash ou R & A (pour rac... & anti-sé... ?) d'autre part.

Écrit par : Sven | 03/03/2014

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