Fuite en avant (15/04/2011)
"En 2008, les USA et l’Europe se sont offert un répit en sauvant leur système bancaire par les comptes publics. Mais l’Etat salvateur est lui-même totalement démuni. A court terme, la faillite de certains Etats occidentaux devra forcément être constatée, d’une manière ou d’une autre. Va-t-on sauver l’Etat par la Banque, après que la Banque a été sauvée par l’Etat ? Si oui, cela passera par les super-souverains, FMI, BCE. Et après ? Et après, rien. On n’aura fait que reculer pour mieux sauter.
Dans notre situation et à l'intérieur du cadre imposé par la haute finance actuellement au pouvoir, dans l'Etat profond, aux USA et en Europe, il n’y a que trois solutions : admettre qu’on ne peut pas rembourser les dettes, ce qui implique la déflation, puisque les faillites détruisent des revenus ; faire semblant de rembourser en imprimant de la monnaie à tour de bras, ce qui finit toujours par provoquer une inflation, par exemple via les prix des matières premières ou des denrées alimentaires ; ou bien gérer au fil des évènements, une politique de stop and go, pour fabriquer autant que possible une stagflation ou quelque chose qui s’en rapproche.
C’est cette dernière solution que nos élites vont probablement suivre ; tout l’indique à ce stade, en tout cas. Dans les années 1970, cela avait permis de gérer l’abandon de l’étalon-or et les chocs pétroliers ; mais cette fois, la situation est bien plus grave : une stagflation étalée sur dix ans, qui se traduira probablement par une inflation réelle de l’ordre de 10/15 % par an, avec dans le même temps des salaires qui stagneront ou progresseront peu en monnaie courante, voilà le programme. La soupe à la grimace, et il y en aura pour tout le monde ; le tout venant impacter des sociétés ravagées par trente ans de dérive inégalitaire et d’appauvrissement des jeunes au profit des vieux."
Michel Drac
22:15 Écrit par Boreas | Lien permanent | Tags : usa, etats-unis, europe, banques, finance, michel drac, etats, dettes, stagflation, élites, fuite en avant | Facebook | | Imprimer | |
Commentaires
Je suis assez d'accord sur le contenu de l'article, sauf sur la conclusion.
Il n'y a pas eu de dérive inégalitaire. C'est même l'inverse. Il y a eu une dérive de l'idéologie égalitaire consistant à augmenter continuellement les impôts et les prélèvements sociaux pour les "redistribuer". Résultat : les classes moyennes se sont appauvri au point de se rapprocher des classes les plus pauvres. La volonté égalitaire s'est donc faite dans le mauvais sens. C'est d'ailleurs le sort de toutes les économies socialistes qui, en voulant partager les richesses, finissent par faire partager la pauvreté.
Concernant l'appauvrissement des jeunes au profit des vieux, je ne suis pas d'accord non plus. Auriez-vous préféré que les jeunes s'enrichissent au détriment des vieux ? Je ne vois pas l'intérêt d'opposer le niveau de vie de deux générations. Je vous rappelle que si les vieux sont mieux lotis que les jeunes, ce qui est loin d'être général, cela permet aussi aux vieux de ne pas être sous la dépendance financière des jeunes, ce qui, compte tenu de l'individualisme triomphant, présente des avantages pour les jeunes. Je vous rappelle aussi que les vieux ne vivent pas comme d'affreux égoïstes, et que nombreux sont ceux qui aident financièrement leurs enfants et petits enfants.
Mais, comme je vous le disais, cette règle n'est pas générale. Si les retraites étaient confortable dans les années 1980, elles le sont de moins en moins et de nombreux vieux vivent, ou survivent, avec des revenus proches du seuil de pauvreté, sans pour autant que les jeunes puissent les prendre à leur domicile pour leur éviter un loyer.
La grande erreur des politiques, depuis 1945, est d'avoir fait croire à leurs électeurs, qui, aussi coupables, ont bien voulu les croire, que l'état providence pouvait tout. Cette illusion a reposé sur une progression constante des impôts et des prélèvements sociaux, puis, ceux-ci ne suffisant plus, par des emprunts d'état de plus en plus importants que l'état ne peux plus rembourser, et que le seul impôt sur les revenus ne suffisent plus pour en rembourser les intérêts.
Le système de la stagflation dont vous dîtes, justement, qu'elle est la solution choisie par nos gouvernants, ne tiendra pas sur la distance, parce que les dettes des états dépendent des banques étrangères, contrairement au Japon où ce système sévit depuis 20 ans, mais dont les emprunts d'état se font auprès des Japonais eux-mêmes. Le coût des emprunts que l'on ne manquera de renouveler (700 milliards en 2011 pour la zone euro) va couter de plus en plus cher, à des taux d'intérêt largement supérieur à celui de la croissance, ce qui va aggraver les déficits.
Ce système ne pourra pas durer plus que quelques années, et à condition que la BCE rachète les dettes pourries de l'Espagne et de l'Italie. Comme l'Allemagne ne le voudra pas car les morceaux sont trop gros à avaler, c'est plutôt vers un éclatement de la zone euro auquel nous allons assister : peut-être deux zones, l'une de l'euro-mark pour les pays capables de dégager des excédents commerciaux, l'autre d'un euro-Club-Med pour les pays en déficits chroniques de leurs balances commerciales et de paiements. La France fera partie de cette seconde zone.
Le résultat de cette scission sera que les pays du Club-Med pourront bénéficier d'une dévaluation de leur monnaie, ce qui est impossible actuellement. Les dettes étant chiffrées en euros, cela fera diminuer le montant des dettes. Le remboursement sera moins lourd pour les citoyens. En revanche, les achats à l'étranger se faisant en dollars, les pays du Club-Med paieront plus cher leur pétrole et leurs matières premières, ce qui équivaudra à faire baisser le pouvoir d'achat des Français (pétrole, gaz plus chers, etc..., sauf si l'état renonce à une partie de ses taxes). En revanche cela facilitera nos exportations, à conditions d'avoir quelque chose à vendre.
Voilà, très brièvement comment je vois le scénario.
Écrit par : Patrick-Louis Vincent | 16/04/2011
Le discours très consensuel de Patrick-Louis Vincent concernant le fossé générationnel est typique de la pensée Française encore dominante. Le fait que les nouvelles générations sont foulées du pied, opprimées, interdites d’entrée dans l’économie comme dans la culture ou le politique, n’est pas considéré comme grave, car il vaut mieux cela que le contraire (que ce soit les vieux). Brillante rhétorique.
Ainsi génère-t-on sans complexe, depuis 20 ans, des cohortes de jeunes travailleurs considérés comme des clandestins économiques, des esclaves, auxquels on ne laisse aucune place.
5 ans d’études supérieurs, une année de CDD à répétitions, puis un CDI, et pourtant je ne peux même pas me loger convenablement : je dépense la moitié de mon salaire pour louer un 15 m², et je peux à peine épargner. Bien sûr, je n’ai aucune perspective de progression professionnelle. Je ne serai jamais propriétaire. Je ne pourrai peut-être même pas fonder une famille.
Dans ce pays, tout est fait pour la convenance des propriétaires et des rentiers. L’essentielle de la pression fiscale (impots/taxes) et économique (concurrence mondialisée) est mise sur les travailleurs. Et bien sûr les jeunes sont encore considérés comme des sous-travailleurs, sous payés, sous-engagés. Et je suis sensé l’accepter de bon coeur.
Puis-je rappeler au souvenir de Mr Vincent, le fait que cette culture de l’égoïsme qu’il déplore chez les jeunes, a d’abord été portée par les baby-boomers (dont il fait peut-être parti). C’est ces vieux-là qui, en premier lieu, n’ont prévu aucune place, aucun rôle, pour les jeunes, et, pire, les ont endetté, pour leur seul confort immédiat. La rupture de transmission, c'est leur fait, pas le nôtre.
Puis-je rappeler aussi que ce sont les baby-boomers, qui, les premiers, ont renié l’héritage de leurs parents, pour s’émanciper du cadre moral national-patriotique, afin de profiter sans mesure des « bienfaits » de la mondialisation ?
Je suis le premier à dénoncer l’étouffement des travailleurs sous le poids de l’Etat-Providence. Mais que cette critique occulte les méfaits, bien pires, de la mondialisation, du consumérisme effréné, de l’éloge de l’égoïsme, qu’ont amené les baby-boomers, je ne l’accepte pas.
Écrit par : Christopher Johnson | 17/04/2011
Comme je vous l'ai dit, je ne suis pas pour la guerre des générations. C'est absurde et stérile. A chacun son époque. Je connais quelques jeunes qui, ayant pris conscience que le salariat était l'expression de l'esclavage moderne, se sont lancé en autoentrepreneur, donc avec rien, pour créer leur propre entreprise. Aujourd'hui, ils ne le regrettent pas. Ils sont à leur compte, travaillent beaucoup, mais gagnent leur vie et sont fiers de ce qu'ils font.
C'est trop facile de pleurnicher sur son sort, d'accuser les autres (ici les aînés) et ne prendre aucun risque pour s'en sortir.
PS : je n'ai pas écrit que les jeunes étaient égoïstes, et je ne le pensent pas.
PS : en quoi le cadre national-patriotique est-il moral ???
Écrit par : Patrick-Louis Vincent | 17/04/2011
Votre déclaration « je ne suis pas pour la guerre des générations » est du dernier ridicule. Il résume d’ailleurs le peu de conscience que vous avez de la gravité de la situation. Il ne s’agit pas d’être pour ou contre, mais de constater l’existence, de fait, d’une guerre des générations. Et pour cela, je ne peux que vous conseiller de lire l’ouvrage « Le destin des générations » de Louis Chauvel, ou bien le chapitre « Le déclassement des générations » de son ouvrage « Les classes moyennes à la dérive ». Les faits sont là, têtus : une génération qui a tout reçu, qui a accédé dès son entrée dans la vie active, aux plus hautes fonctions, à la propriété, à la politique, aux médias, a refusé de transmettre. C’est la génération qui est, depuis 40 ans, la mieux représentée, la mieux défendue, et de très très loin. Alors que dans les années 80, le parlement avait une moyenne d’âge très basse, aujourd’hui, on bas des records de vieillesse, idem dans les médias, la culture...
Les jeunes, aujourd’hui, sont certes élevés dans une certaine opulence, mais alors que nous sommes la génération la mieux formée, nous n’accédons que très rarement à des postes conformes à nos compétences. Nous sommes absents des médias comme de la politique. Et lorsque l’on entre dans la vie active, quelle désillusion ! Quelle claque face au mépris unanime dont nous sommes l’objet !
On ne peut pas s’en sortir en disant « chacun son époque ». C’est vous qui avez engendré le présent, par vos choix collectifs. Mais c’est à nous d’en assumer les conséquences.
Quand à votre minable conseil entreprenarial, franchement vous me prenez pour qui ? Je suis pas un petit con sortant, tout frais moulu, d’école de commerce. Votre discours type Management était peut-être à la mode dans les années 80, maintenant il ressemble au verbiage d’un charlatan. Je m’apprête effectivement à entreprendre avec un ami, mais ce n’est pas le conseil que je donnerai au premier venu, et surtout ça n’a rien à voir avec le problème qui nous intéresse : la ruine économique totale que vous laissez derrière vous.
« En quoi le cadre national-patriotique est moral » : il était l’expression d’une culture enracinée, d’une histoire, d’une tradition. Pour moi, un tel patrimoine, dont une grande partie était morale (valeurs anciennes : service public, honneur, courage, dévouement, patriotisme…), était un bien beaucoup plus précieux que la culture de supermarché que l’on nous impose partout.
Écrit par : Christopher Johnson | 17/04/2011
Le plus dramatique étant probablement que les baby-boomers ont inventé la classe générationnelle, le lobbying générationnel. Ils ont inventé la guerre générationnelle au moment où ils ont craché sur l’héritage culturel de leur parents.
Écrit par : CJ | 17/04/2011
c'est tout à fait stupide de rendre responsable toute une génération des maux que nous subissons aujourd'hui. C'est comme si vous accusiez toute la génération précédante d'être responsable de la 2ème guerre mondiale, du nazisme et du fascisme, et toute la génération précédante, responsable de la 1ère guerre mondiale et du bolchévisme.
Les choses ne se passent pas ainsi. Il ya , certes, à chaque génération, des hommes qui mènent le monde (ils sont très peu nombreux au regard d'une génération), parfois en bien et souvent en mal. Notre époque n'est pas pire que celle du 1933/1953 (arrivée au pouvoir d'Hitler et mort de Staline). Elle est différente et arrive en bout de course. Un autre livre va s'ouvrir et ce sont les jeunes d'aujourd'hui qui l'écriront. Nous verrons bien ce qu'il en sortira. Mais cette jeunesse ne créera pas une nouvelle société ex nihilo ; ils s'inscriront dans la continuité des générations précédantes, prendront ce qui leur semble bon et rejetteront ce qui leur semble mauvais. Ils se tromperont, bien sûr, comme les hommes se sont toujours trompé depuis qu'ils font l'histoire. Mais ils feront de leur mieux, comme les jeunes d'hier et ceux d'avant hier. L'immense avantage de la jeunesse, c'est qu'elle a la vitalité et l'enthousiasme, mais le corollaire, et c'est vrai de tous temps, c'est qu'ils sont crédules. Les vieux, eux, ont l'expérience, et c'est pourquoi, dans les sociétés traditionnelles, il y avait un conseil des anciens. Regardez dans les sociétés indiennes d'Amériques, ce sont les jeunes qui chassaient et qui faisaient la guère, mais ce sont les vieux qui décidaient, certainement au grand dam des jeunes les plus fougueux.
Vous dîtes que la moyenne d'âge est élevée à l'assemblée. C'est vrai, mais l'espérance de vie aussi a augmenté. Elle est de 20 ans plus élevée aujourd'hui qu'en 1970. Il est évident, que, pendant la révolution française, où l'espérance de vie était de 50 ans, les députés étaient beaucoup plus jeunes. Alors, allez au bout de votre raisonnement et dîtes franchement que vous voulez tuer les vieux pour prendre leur place. Cela transparaît tellement dans ce que vous écrivez !
Écrit par : Patrick-Louis Vincent | 17/04/2011
Est-il vraiment si absurde de mettre en cause une génération pour les changements qu’elle a porté ? Je ne parle pas ici seulement de quelques lois, de quelques détails, je parle de la réforme sociale qui a ébranlé l’ensemble de la société française depuis la fin des années 60.
Mais vous n’écoutez pas ce que je dis, car vous ne voulez pas voir. Cela vous est sûrement insupportable. C’est pour ça qu’il faudra du temps pour le dire et le faire accepter : l’égoïsme des vieux a flingué toute une jeunesse.
Et comme vous le refusez, vous me parlez d’espérance de vie, vous relativisez en me parlant de généralités insipides sur la succession des générations, sans comprendre que le problème est justement la rupture dans la transmission générationnelle. Dire que nous vivrons moins bien que nos parents est un doux euphémisme. Nous allons devoir faire face à la ruine politique, économique, sociale, culturelle, écologique, à l’empoisonnement de notre environnement (cancers/asthmes/stérilité/allergies/maladies génétiques…) que vous nous imposez de toutes vos forces, sans jamais nous offrir aucune aide pour en venir à bout.
Nous, la génération des travailleurs pauvres, des chômeurs sur-diplômés, des tanguy, nous allons devoir porter une réforme radicale. Oui, certainement nous prendront la suite des générations précédentes, mais certainement pas de celle des baby-boomers. Car ce qui caractérise les baby-boomers, c’est une culture mortifère (consumérisme, égoïsme…) qui n’est, par définition, pas transmissible et pas pérenne. Ils se sont errigés comme génération ultime et n'ont jamais envisagé leur fin. Nous allons donc devoir renouer avec une culture plus ancienne, et enterrer définitivement cette génération maudite.
Écrit par : CJ | 17/04/2011
PLV
J'ai déjà amplement répondu à tous vos arguments sur Fortune, donc je me dispense de le refaire ici, au sujet de cet article de Michel Drac dont j'ai cité un extrait.
Pour mémoire, cependant, des démentis cinglants, pêchés sur le même site Fortune (une vraie mine d'or), à deux de vos allégations coutumières :
"Il n'y a pas eu de dérive inégalitaire. C'est même l'inverse."
http://fortune.fdesouche.com/9109-depuis-30-ans-les-salaires-baissent-sauf-au-sommet
http://fortune.fdesouche.com/15880-la-remontee-des-inegalites-en-france-une-evidence-trop-mal-connue
http://fortune.fdesouche.com/15905-france-le-creusement-des-inegalites-devrait-continuer
http://fortune.fdesouche.com/15892-le-nombre-de-personnes-a-tres-hauts-revenus-a-explose
http://fortune.fdesouche.com/9099-fiscalite-des-entreprises-plus-on-est-gros-moins-on-paie
http://fortune.fdesouche.com/30470-«-les-francais-les-plus-modestes-sont-davantage-taxes-que-les-plus-riches-»
"Concernant l'appauvrissement des jeunes au profit des vieux, je ne suis pas d'accord non plus."
http://fortune.fdesouche.com/18873-le-debat-sur-les-retraites-occulte-celui-sur-lhorizon-bouche-de-la-jeunesse
http://fortune.fdesouche.com/9258-la-generation-de-mai-68-profite-a-plein-de-sa-retraite
http://fortune.fdesouche.com/28072-la-generation-de-lechec
http://fortune.fdesouche.com/19679-de-legoisme-des-baby-boomers-sur-les-retraites
http://fortune.fdesouche.com/30781-louis-chauvel-generation-mal-partie
http://fortune.fdesouche.com/29569-une-pauperisation-qui-menace-la-democratie
http://fortune.fdesouche.com/26526-le-peril-jeune
http://fortune.fdesouche.com/23073-%C2%AB-la-peur-de-lavenir-est-de-plus-en-plus-precoce-chez-les-jeunes-francais-%C2%BB
"Je ne vois pas l'intérêt d'opposer le niveau de vie de deux générations."
Evidemment, puisque vous faites partie des avantagés du système... Vous ne voyez pas l'intérêt ? C'est VOTRE intérêt !
Écrit par : Boreas | 17/04/2011
Cher Boreas,
Puisque vous avez bonne mémoire, vous savez donc que je suis retraité. Après avoir travaillé 40 ans, au mois, en moyenne, 60 heures par semaine, j'estime ne pas avoir avoir volé ma retraite, qui ne fait pas de moi un privilégié ; je suis aussi obligé de compter. C'est pourquoi je n'accepte pas le terme de "génération maudite" ou "égoïsme des vieux". Il y a là l'expression d'un mal être personnel, un ressentiment chez quelqu'un qui cherche des boucs émissaires à sa situation.
Concernant le niveau de vie des jeunes, je ne nie nullement qu'il est inférieur à celui de la génération précédante. Je ferai tout de même remarquer que l'étét providence qui en responsable de cette situation, a été mis en place dès 1945 par le CNR (gaullistes et communistes réunis) et non par le baby-boomer qui n'était pas né.
Quand au baby-boomer, vous parlez donc de la génération qui avait 20 ans en 70. C'était tout le contraire d'une génération égoïste. Elle était très idéaliste au contraire. Elle aspirait à plus de liberté dans une société qui était devenue étouffante et sclérosée. Bien sûr elle a été aussi consumériste, poussée en cela par les parents qui avaient souffert de privations pendant la guerre. Mais la génération de 701, c'était aussi les vastes mouvements contre la guerre au Viet Nam, c'était le mouvement hippye "peace and love". L'on peut ne pas être d'accord, mais il faut comprendre, qu'à l'époque, la jeunesse voulait, avant tout, s'affranchir .
Que le résultat n'ait pas été la la hauteur de leurs rèves, c'est certain. Mais, vous savez, les jeunes aussi à cette époque, repprochaient aux anciens de ne pas leur donner le pouvoir. C'est pas propre à la jeunesse d'aujourd'hui.
Mais le pouvoir, ça ne se donne pas, cela se conquiert. Alors, allez-y jeunes gens !
Écrit par : Patrick-Louis Vincent | 18/04/2011
A propos de la jeunesse.
Les jeunes ont tout ce que les vieux n'ont pas : la jeunesse d'abord, la santé, la beauté, la vitalité, le sexe, l'enthousiasme, la certitude qu'ils peuvent changer le monde.
De ce point de vue, je ne vois pas de différence entre les jeunes d'aujourd'hui et ceux d'hier.
Le côté matériel des choses est périphérique et impermanent.
Périphérique, car, qu'ils soient riches ou pauvres, les jeunes partagent toutes les qualités que j'ai citées plus haut.
Impermanent, car, le jeune pauvre peut être l'adulte aisé de demain et réciproquement.
La jeunesse d'une génération veut changer le monde, réparer les erreurs des aînés. Elle pense qu'elle détient la vérité. Heureusement d'ailleurs, sinon le monde serait statique, c'est-à-dire mort. La jeunesse incarne la vie prérénisée par son action. Cela ne veut pas dire qu'elle ne se trompe pas. Toutes les jeunesses se trompent et le résultat de leurs actions sont rarement conformes à ce qu'elles avaient imaginer.
Aucune génération n'a trouvé la panacée universelle. Mais toutes cherchent des solutions aux problèmes qui se posent au moment où elles sont jeunes. Et ces solutions ne sont pas les mêmes pour tous les jeunes de la même génération.
Par exemple, ma génération est celle qui avait 20 ans en 1970. Beaucoup voyaient, parce qu'ils étaient sensibles à cela, la société comme une entité coercitive qu'il fallait libérer. Mais les moyens à utiliser étaient fort différents d'un jeune à l'autre. Quel lien peut-on faire entre le hippy qui refuse la société de consommation et qui part vivre en communauté dans le Larzac pour élever des chèvres, et celui qui s'engage au côté du Che pour faire la révolution, ou qui va entrer dans des organisations terroristes comme Action Directe, la Bande à Baader ou les Brigades Rouges, ou encore celui qui abandonne ses études pour aller travailler en usine par solidarité avec le monde ouvrier. Je suis à l'aise pour vous parler de ces façons très différentes de réagir, car je les ai connues ; des amis et amies avec lesquels j'avais grandi, dans la même ville et dans la même école, de milieux sociaux voisins, ont fait des choix différents. Le constat sociétal était le même mais les moyens pour y remédier étaient souvent aux antipodes les uns des autres.
J'ai perdu de vue mes amis de cette époque. Je ne sais ce qu'ils sont devenus, s'ils ont trouvé leur place dans la société ou pas. Mais je suis certain que celui est parti faire la révolution en Amérique du Sud ne la fait plus, que celle qui est parti travailler en usine en Angleterre n'y travaille plus, que ceux qui sont parti vivre en communauté n'y sont plus. Je suis certain aussi que la société dans laquelle ils vivent aujourd'hui ne correspond pas à la société qu'ils ont rêvé dans leur jeunesse.
Ont-ils échoué pour autant ? Non, car ce qu'ils voulaient avant tout, c'était se débarasser de la société petite bourgeoise, moralisatrice, coincée, oppressive qui était celle de leurs parents. De ce point de vue, la société bobo dans laquelle nous vivons tourne le dos à la société précédente. Il y a plus de liberté individuelle, plus de liberté sexuelle.
Aujourd'hui, les paramètres de la société ayant changé, la jeunesse d'aujourd'hui n'a plus à revendiquer la liberté des moeurs, elle l'a. Elle n'a pas à demander l'avortement, elle l'a. Les droits de la femme ont beaucoup progressés entre 1970 et 1990. En revanche, elle est confronté à l'immense problème de la mort lente de l'état-providence et le non moins immense problême de l'immigration de peuplement. Le cap n'est plus le même, l'enjeu est différent. Le risque de guerres, écarté depuis 60 ans, peut ressurgir, y compris à l'intérieur de nos frontières. La jeunesse devra-t-elle choisir entre la purification culturelle et le communautarisme ?
C'est ce problème qui m'apparaît le plus émergent dans notre pays. Et il est générateur de bien des dangers, de bien des crispations, de bien des sectarismes, de bien des excès. Déjà de nombreuses polices de la pensée qui ont vu le jour depuis une vingtaine d'année, ont rétabli, de fait, la censure et le délit d'opinion, que notre génération avait eu tant de mal à faire abolir.
Or, la liberté fut le seul véritable mot d'ordre de notre génération. Et c'est ce bien précieux qui me semble aujourd'hui le plus en danger. Je comprends que la jeunesse veuille imprimer sa marque, bousculer les esprits, couper les branches mortes. Mais ce que je craints, c'est que ce retour au traditionnel soit aussi le retour à l'intolérance et à l'oppression. Le retour aux valeurs et à la morale (encore faut-il savoir ce que ces mots recouvrent), cela sent Savonarole. Jeunesse, prends garde de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain.
Écrit par : Patrick-Louis Vincent | 18/04/2011
@PLV
Vous ne vous rendez toujours pas compte que la liberté que vous avez conquis à l'époque, n'était qu'une illusion ? Vous ne vous rendez toujours pas compte, aujourd'hui, au crépuscule de votre règne, que votre liberté, c'est notre ruine ?
C'est vous qui avez jeté le bébé de la tradition, de la morale, du patrimoine, avec l'eau de la petite bourgeoisie. Bourgeoisie que vous avez bien vite vous-même reproduite, avec d'autan plus de vulgarité, d'empressement, que vous n'aviez plus aucune conscience morale pour vous limiter dans votre appétit de jouissance.
Quel sens avait mai 68 ? C'était le putsch des nantis, en pleine apogée économique. C'était la prise de pouvoir d'une génération bouffie d'orgueil, sa déclaration de guerre à toutes les générations précédentes. Que reste-t-il désormais, 40 ans après ?
Le désespoir est tel, aujourd'hui, que bien des gens préféreraient le pire fascisme à la dictature du libéralisme que vous avez instituez. Bien des gens ne rêve que de la fin de ce monde, que vous avez construit.
Que ma génération commette des erreurs graves, c'est une certitude. Nous sommes à ce point aliénés, cyniques, désabusés, qu'il me surprendrait vraiment que nous produisions autre chose qu'un désastre.
Notre seule chance d'éviter l'apocalypse, c'est de vous renier, de vous conchier, de vous vomir de toutes nos forces. Il nous faut nous laver de la souillure consumériste, mondialiste que vous avez installé partout, ou du moins soutenus, à laquelle vous avez tous activement collaborés.
Rendez-vous compte de la différence immense qui nous sépare : alors que vous vous battiez pour rejoindre le dortoir des filles de Nanterre, nous allons devoir nous battre pour qu'il y ait un lendemain de l'humanité. Et alors qu'aujourd'hui vous vous souciez de sécurité, de retraites, bref, encore et toujours de confort, nous nous soucions de conflits ethniques, de misère, de crise énergétique, de déclin civilisationnel...
Nous ne vivons, depuis le début, pas dans le même monde.
Écrit par : CJ | 18/04/2011
Par moments, CJ, je me demande si vous n'êtes pas un peu fêlé sous le bonnet.
"Il nous faut nous laver de la souillure consumériste".
Quand je vais dans un centre commercial (de moins enmoins car je fais mes courses plutôt chez les commerçants de mon quartier), je vous une armée de jeunes, aller de boutiques en boutiques, acheter les dernières fringues à la mode, se précipiter sur les e-phone. Ce que vous appelez consumérisme, nous l'appelion société de consommation en 68, et nous la dénoncions déjà. Vous n'avez rien inventé. Je trouve que les jeunes consomment tout autant si ce n'est plus aujourd'hui qu'hier.
Quand vous parlez de jeunes, de qui parlez-vous ? les 25 000 personnes qui font la queue pour passer à X Factor, ne sont-ils pas des jeunes ? Ceux qui remplissent les stades foot, ne sont-ils pas jeunes ? Ceux qui s'habillent en Adidas et ceux qui s'habillent en Chevignon, ne sont-ils pas jeunes ? Ceux achètent des consoles de jeux et passent leurs journées à jouer, vautrés dans leur canapé, ne sont-ils pas jeunes ?
Alors ce n'est pas moi qu'il faut convaincre du nihilisme engendré par la société de consommation. Je la dénonçais déjà quand vous n'étiez pas né. Je crois d'ailleurs ne pas y avoir sucombé (je roule dans la même voiture, achetée d'occasion, depuis 18 ans. Vous feriez mieux de convaincre ceux de votre âge que leur voie ne conduit nul part. Personne n'oblige personne à consommer pour le plaisir de consommer. Comme personne n'oblige personne à fumer, à boire, à fumer du hach, à prendre de l'exctazy ou autre saloperie. Bien sur, toutes ces tentations existent. Et alors ? Avec un peu de plomb dans la cervelle et un peu de couilles, l'on peut très bien y résister ou y renoncer.
Écrit par : Patrick-Louis Vincent | 18/04/2011
"bien des gens préféreraient le pire fascisme à la dictature du libéralisme que vous avez instituez"
Là, vous ne savez pas de quoi vous parlez. Il faut avoir été élevé avec bisounours pour penser que le fascisme est mieux que le libéralisme.
Et de quel libéralisme vous parlez. Il n'y a jamais eu de libéralisme en France. Les libéraux sont diabolisés, pire que Le Pen. Dire que l'on est libéral devient un gros mot. Avec l'ensemble des impôts et prélèvements sociaux de toutes nature, l'on travaille presque 7 mois par an pour l'état et la Sécu. Vous parlez d'un libéralisme ! c'est l'état qui décide de tout. Toutes les structures de notre société datent de 1945, époque reine du communisme en France. Même les syndicats sont issus de cette époque et il est impossible, encore aujourd'hui, pour un syndicat nouveau, d'avoir une représentation nationale. Nous vivons dans une société dont les aiguilles sont restées bloquées à la libération.
Vous confondez le libéralisme et le capitalisme. Le capitalisme, autrefois familial (l'entreprise appartenait à une famille) est aujourd'hui anonyme et boursier. Le capitalisme est devenu progressivement ploutocratique, c'est-à-dire que ce sont les banques qui en ont le contrôle. L'on peut dater ce changement de 1971, année de l'abandon des accords de Bretton Woods, où le dollar est devenu la seule monnaie d'échange et de réserve, ce qui a permis l'extension sans limite de la création de monnaie, favorisant ainsi les échanges et la consommation. Très honnêtement, à cette époque, j'avais 21 ans, je n'ai pas vu l'importance de cette évènement et les conséquences qu'il allait avoir. C'est aujourd'hui que l'on en mesure pleinement les effets. Je suis absolument convaincu que l'on ne sortira pas de la spirale infernale si l'on ne réforme pas très vite le système financier international. Cela se fera, mais seulement après son écroulement, c'est-à-dire bientôt.
Écrit par : Patrick-Louis Vincent | 18/04/2011
@ Patrick-Louis Vincent
Je pense que lorsque vous parlez de "liberté" vous faîtes erreur car il ne s'agit pas de cela mais bien de licence, les philosophes de l'Antiquité l'avait bien compris. Il ne peut dès lors s'agir que d'esclavage et certainement pas d'autre chose. Bien entendu vous ne pouvez comprendre la chose aussi bien que nous pour la simple et bonne raison que nous sommes nés, avons grandis en son sein et si je puis dire nous l'avons téter. C'est bien parce que nous la connaissons très bien que nous sommes conscients des ravages qu'elle produit sur les individus d'abord puis sur le peuple tout entier. Si les générations précédentes ont perdus le sens de ce que vous appelez la "morale" nous savons nous à quel point une éducation plus rigoureuse aurait pu nous apporter mais peut-être avons nous été destiner à cela.
@ CJ
Effectivement je pense aussi que nous aurons beaucoup de mal, si nous parvenons à nous organiser au moment voulu, à éviter les pires extrémités. Nous aurons du mal à trouver le juste milieu entre le raisonnable c'est à dire ce qui est nécessaire et l'outrance. Ce sera probablement le grand combat de notre vie, tant collectivement qu'individuellement.
Les années folles ont précédé l'apocalypse...
Écrit par : personne | 18/04/2011
PLV
Michéa a décidément raison d'estimer que les libéraux sont encore plus progressistes que les communistes.
Vous dites que la génération "mai 68" avait comme principaux désirs "la liberté", de "s'affranchir"... Mais quelle liberté, quel affranchissement ? Trop facile de décrire la société française de 1968 comme "petite bourgeoise, moralisatrice, coincée, oppressive" !
En 1968, les ouvriers et employés (classes populaires, et non "petites-bourgeoises") constituent plus de 60 % de la population française et les agriculteurs, plus de 10 % :
http://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/revue/9-79.pdf (page 10)
Autant dire que deux tiers au moins du peuple français de l'époque, n'avaient pas la mentalité que vous décrivez.
Ils vivaient dans leurs traditions, certes déjà dégradées, certes influencées par le modernisme et le technologisme, mais loin du style "Savonarole" que vous donnez en pâture aux adeptes du Point Godwin.
Tant bien que mal, face aux valeurs marchandes et consuméristes qui montaient (premier supermarché français : 1958 ; premier hypermarché : 1963), imitées des USA et précédées par la sous-culture américaine depuis les années 1920, ils étaient encore dans la transmission, tant de leur éducation que de leurs valeurs morales et souvent encore religieuses.
Valeurs morales qui comportaient des interdits, oui. Quel monde plus triste, plus morne, plus vulgaire que celui où il est "interdit d'interdire" ? N'avez-vous pas transgressé avec délices quelques interdits de votre société 1968 soi-disant oppressive ?
Quant tout vaut tout, que tout est permis, qu'il n'y a plus rien à transgresser, qu'est-ce qui vaut encore la peine de croire, faire, penser quoi que ce soit ? Eh bien, ça, c'est aujourd'hui, après le passage et l'incrustation quadragénaire de ceux, nombreux, qui parmi votre génération ont été, sont et restent des crétins - même et surtout bien éreintés par un Houellebecq, notamment.
Les soixante-huitards réclamaient, comme vous, "plus de liberté individuelle, plus de liberté sexuelle" (à croire qu'à leurs yeux, les deux se confondent). Qu'ont-ils, aujourd'hui ? Le privilège de toiser d'un oeil mauvais, du haut de leurs chers camping-cars ou aux caisses des supermarchés, les jeunes qui, comme vous dites, ont tout ce qu'ils n'ont plus : "la jeunesse d'abord, la santé, la beauté, la vitalité, le sexe, l'enthousiasme, la certitude qu'ils peuvent changer le monde"...
Et tout cela, ils le détestent, ils le jalousent chez leurs successeurs, chez leurs propres enfants, parce qu'ils ne l'ont plus, parce qu'ils sont vieux, parce qu'ils ne peuvent plus en jouir et que, pour eux, il s'agit des seules valeurs, très matérialistes puisque les soixante-huitards ont aussi bazardé toute spiritualité sauf exotico-nombrilisto-bouddhico-fantasmée, auxquelles ils tenaient.
Là où un peuple, avec une identité, une culture, un référentiel de valeurs, transmettait (certes parfois durement, ou au moins un peu fermement - qui aime bien châtie bien) à ses enfants un cadre de référence, des repères, des moeurs, un mode d'emploi de la vie et d'une façon d'être, les soixante-huitards n'ont envisagé cette chaîne vitale, héréditaire, que comme un ensemble de liens à rompre, que comme un obstacle sur le chemin du "jouir sans entraves" narcissique. Rien compris aux devoirs, rien compris aux droits.
Quant à leur pseudo-"liberté" (le seul slogan soixante-huitard que je partage est "élections, piège à cons"), qu'a-t-elle donc fait pour LES libertés, la marotte des anti "CRS-SS", à l'heure où nous sommes partout fliqués (radars sur la route, "fumer tue", la capote pour éviter le SIDA, "mangez cinq fruits et légumes par jour", vaccins obligatoires, etc.) ?
Quelle liberté, de toute manière, dans une société où aucune valeur autre que matérielle n'a été transmise aux enfants, à tel point que même les profs gauchistes prônent le retour de la morale et de la famille ? Des ignorants absolus peuvent-ils être libres ? L'émancipation des femmes, parlons-en aussi : la liberté de trimer deux fois, une fois à la maison et une fois à l'extérieur ?
Les autres enfants, gâtés eux aussi mais d'une manière différente de la triste génération de "l'enfant-roi", emblème de la démission de parents désormais sans racines, qui manifestaient en mai 1968, étaient de parfaits conformistes idéologiques et ils n'ont fait que reproduire et amplifier le terrorisme intellectuel ambiant :
http://www.jeansevillia.com/index.php?page=fiche_livre&id=2
... avant de "passer du col Mao au Rotary" :
http://www.amazon.fr/Lettre-ouverte-ceux-pass%C3%A9s-Rotary/dp/2748900057
Preuve, d'ailleurs, encore une fois, que gauchisme et libéralisme sont les enfants consanguins de l'idéologie des Lumières, dévastatrice de tout ce qui a fait la grandeur de notre passé :
http://www.contrepoints.org/2011/03/29/19182-la-logique-liberale-de-la-revolution-francaise
Ce n'est pas particulièrement l'Etat-providence qui est cause du consumérisme, de l'inflation de la dette publique, ni de la crise actuelle, c'est bien plutôt le matérialisme, l'avidité des banquiers, l'inconscience des pseudo-élites de deux générations, dont la vôtre qui est au pouvoir, qui a bloqué l'ascenseur social, notamment en refusant de faire assez d'enfants et en se crispant sur ses égoïsmes individuels :
http://fortune.fdesouche.com/20598-la-dette-publique-francaise
http://fortune.fdesouche.com/27336-en-temps-de-crise-mieux-vaut-vivre-en-france
http://fortune.fdesouche.com/12453-ocde-l%C2%ABascenseur-social%C2%BB-bloque
CJ a raison, la remise en question des soixante-huitards attardés est une utopie. Ils n'écoutent rien.
C'est la crise qui se chargera de conduire vers la sortie ces bouchés à l'émeri.
Bon débarras.
Écrit par : Boreas | 18/04/2011
@Boreas
"En 1968, les ouvriers et employés (classes populaires, et non "petites-bourgeoises") constituent plus de 60 % de la population française et les agriculteurs, plus de 10 %" :
Les révolutions ne se font jamais par les majorités, mais par une minorité. C'est pourquoi une révolution est tout à fait possible aujourd'hui en France. Les Français sont des veaux disait, fort justement De Gaulle.
En vous lisant, on se demande bien pourquoi la jeunesse s'est révolté en 68. La jeunesse pourraît-elle avoir tord ? Je me souviens très bien que l'ensemble de la classe politique n'a rien compris à ce qui se passait. Il a fallu attendre le discours de Charlety de Mendès-France et Rocard pour qu'une partie de la gauche s'associe au mouvement étudiant.
Ensuite, mais ensuite seulement, les syndicats ont pris le train en marche pour obtenir plus de pouvoir d'achat ; ce fut alors la grève générale qui a débouché sur les accords de Grenelle.
Il y a donc eu deux mouvements bien distincts qui se sont rejoints, incomplètement d'ailleurs.
Mais c'est bien le mouvement étudiant, que l'on qualifierait aujourd'hui de libertaire, qui fut l'amorce de cette révolution des moeurs (au sens large). Manifestement vous n'avez pas connu cette époque, et vous la jugez par rapport à tous les dysfonctionnements d'aujourd'hui, comme si 68 en était la cause. Je ne partage pas cet avis. La jeunesse estudiantine de 68 était tout sauf matérialiste. Elle était cultivée, emprunte de culture grecque et latine, parce que le niveau scolaire était beaucoup plus élevé qu'aujourd'hui. Elle était idéaliste, écologiste avant la lettre (le mot n'existait pas) et spiritualiste, même si elle allait chercher cette spiritualité en orient, le catholicisme, à cause de son clergé réactionnaire, étant considéré comme participatif du pouvoir oppresseur.
Oui, la jeunesse s'est révolté contre l'état oppreseur. La censure était la règle. Il y avait un ministère de l'information qui contrôlait ce qui se disait à chaque journal télévisé de l'unique chaîne de télévision étatique. Tous les journalistes de l'ORTF était nommés par ce ministère de l'information, véritable police politique. D'ailleurs, en 68, de grands journalistes, comme Léon Zitrone, furent licenciés pour avoir fait grève. Ils ne furent réhabilités que quand Pompidou fut président de la République. Oui, CRS = SS n'étaient pas qu'un slogan. Les manifestations contre la guerre au Viet-Nam étaient durement réprimées à la matraque et nombreux étaient les passages à tabac dans les commissariats. La police n'avait rien à voir avec les très aimables agents d'aujourd'hui. Les CRS étaient de vraies brutes, et la jeunesse les détestait. Ils usaient et abusaient de leur pouvoir illimité.
L'ambiance dans les entreprises était détestable avec des patrons de droit divin. Mon épouse se souvient très bien. Petite employée dans une grosse entreprise de torrefaction, elle devait, comme toutes ses collègues, porter une blouse et demander l'autorisation pour aller aux toilettes.
Quant au climat dans les écoles, c'était le petit doigt sur la couture du pantalan. Sivous avez l'occasion de regarder le film "If" de Lindsay Anderson, sorti en 1968, ne vous en privez pas. D'abord c'est un excellent film, et même s'il montre l'école anglaise, avec ses particularités (châtiments corporels même en terminal), il décrit très bien le sentiment de révolte et volonté de subversion de la jeunesse de cette époque.
Et vous me parlez de matérialisme ! mais on en avait rien à foutre du matériel. Comme je l'ai dit dans un message précédent, nombreux sont ceux qui on abandonné leurs études pour s'engager et parfois jusqu'à se perdre. Nous avions deux détestations : la religion et l'armée qui étaient les deux bras du pouvoir oppresseur et répressif. Si vous ne comprenez pas cela, alors vous ne pouvez rien comprendre à nos comportements d'alors. Moi-même, au service militaire, j'ai refusé de faire l'école des officiers pour n'être que simple soldat (d'autres étaient objecteurs de conscience et passaient leur service militaire en prison). J'ai également abandonné mes études pour aller travailler au plus bas de l'échelle. Cela peut vous paraître stupide (et cela l'était d'une certaine façon), mais pour nous, c'était un acte militant.
Vous parlez de ceux qui sont au pouvoir aujourd'hui. C'est pas de chance, car le premier président de la République qui fut jeune à cette époque, donc de ma génération, c'est Nicolas Sarkozy, qui lui, est aux antipodes de nos idéaux de l'époque (les affrontements entre étudiants aux opinions opposées n'étaient pas rares). L'on voit d'ailleurs ce que cela donne (lois Hadopi, Lopsi...), autrement dit des lois répressives. Sous Mittérand, nous avons eu droit aux lois du communiste Gayssot, répressives elles aussi. Aucun soixante-huitard n'est parvenu au pouvoir. Celui-ci est entre les mains des énarques et des francs-maçons, deux engeances que nous n'aimions guère.
Alors, je veux bien que vous fassiez le constat que notre société marche sur la tête, et je vous rejoins sur ce point, mais les coupables ne sont pas ceux que vous désignez. Cherchez ailleurs. Michel Drac parle, dans son article, d'état profond. Je sais à quoi il fait allusion, car j'ai lu le livre de Peter Dale Scot "la Route vers le Nouveau Désordre Mondial". Même si ce livre ne parle que de l'état profond américain, celui-ci existe aussi chez nous. Le livre le décrivant reste à écrire.
Ce sont ces états profonds qui sont les vrais responsables de la chienlit dans laquelle nous sommes tous, et pas les réveurs révoltés de 68 qui ne se sont battus que pour mieux respirer, et qui ont refusé toute participation aux rouages du pouvoir que nous aurions ressenti comme une collaboration. Ceux qui sont au pouvoir aujourd'hui n'ont rien à voir avec ceux qui lançaient des pavés sur les flics. Nous avons refusé le pouvoir en pensant que l'on pouvait agir autrement sur le monde. Les meilleurs d'entre nous ont créé "Médecins du Monde" ou "Reporters sans Frontière" ou "Terre des Hommes" et une multitude d'organismes non gouvernementaux (ONG). Ont-ils eu raison ? A vous de le dire.
Écrit par : Patrick-Louis Vincent | 19/04/2011
@personne
"Je pense que lorsque vous parlez de "liberté" vous faîtes erreur car il ne s'agit pas de cela mais bien de licence"
De quelle licence voulez-vous parler? car il ya deux sens :
1 - liberté de faire, donnée par permission
2 - trop grande liberté, contraire au respect
Si vous vous référez à la définition 1, alors je la récuse, car, dès lors qu'il faut une permission de faire (c'est-à-dire la permission de quelqu'un), il n'y a plus de liberté.
Si vous vous référez à la définition 2, j'adhère, la limite de la liberté de l'un étant la liberté de l'autre.
Je ne sais comment vous avez été élevé. Mes enfants, qui doivent avoir votre âge, ont été élevés dans un esprit de tolérance et de respect de l'autre, ce qui va plutôt dans le sens de cette définition. Mais l'enfant ne peut être entièrement libre, car il n'a pas le sens du jugement. Donner le sens du jugement est l'un des buts de l'éducation, et permet à l'enfant, devenu adulte, de vivre en liberté. Convaincre est évidemment beaucoup plus difficile que d'interdire.
Écrit par : Patrick-Louis Vincent | 19/04/2011
Je ne prétends pas que la France de l'après-guerre était un modèle de société. Il y avait certainement de quoi la réformer. En revanche, je prétends que les baby-boomers n'ont pas réformé, ils ont démoli. Ils n'ont pas voulu améliorer la société, mais se l'approprier, la confisquer, la piller. Ils n'ont pas recherché la liberté, mais la jouissance à tous prix, et surtout à celui de l'avenir.
Mr Vincent, je ne prétends pas que votre génération est uniformément responsable de la situation actuelle. Bien sûr, l'élite mondialiste est le chef d'orchestre du désastre. Mais vous, qui avez démoli l'instruction, qui avez concouru à la ruine économique, au pillage industriel, au désastre écologique, au chaos de l'aménagement urbain. Vous, qui avez bien volontiers troqué les vraies richesses de votre pays, contre un profit immédiat, vous ne pouvez pas vous dissimuler derrière la note d'intention soit-disant humaniste, de quelques groupuscules soixantehuitards.
Et le plus extraordinaire, c'est que vous, qui avez ainsi foutu en l'air un pays, vous n'aviez aucune excuse pour le faire : vous étiez la génération la plus chanceuse de l'histoire. Consommation, instruction, paix sociale, carrières professionnelles fulgurantes... Simplement, malgré tout ce que vous avez eu, vous n'étiez pas satisfait. Aussi vous avez accepté l'importation massive d'immigrés africains, l'ouverture des frontières, l'abandon de la souveraineté monétaire, puis économique avec l'Europe, et à présent, vous soutenez encore majoritairement un gouvernement qui a abandonné notre souveraineté militaire à l'OTAN.
Jusqu'au bout vous avez vendu notre pays, pièces par pièces, pour continuer à profiter. Peu soucieux que vous êtes, de l'avenir de vos propres enfants.
"Génération maudite", nul doute que c'est ainsi que l'histoire vous baptisera.
Écrit par : Christopher Johnson | 19/04/2011
@christopher
"je prétends que les baby-boomers n'ont pas réformé, ils ont démoli"
Généralement ce ne sont pas ceux qui démolissent qui reconstruisent. L'on démolit d'abord, l'on reconstruit après. Il en sera de même pour la société actuelle.
"Ils n'ont pas recherché la liberté, mais la jouissance à tous prix"
Complètement faux ! vous n'avez pas lu ce que j'ai écrit sur les motivations de la jeunesse de 68. La jouissance n'était qu'une partie seulement de leurs motivations. D'ailleurs, je ne vois pas ce que vous reprochez à la jouissance. Vous ne jouissez donc pas ?
"l'élite mondialiste est le chef d'orchestre du désastre"
Merci de le reconnaître.
"Mais vous, qui avez démoli l'instruction"
Vous voulez rire. Qui a détruit l'instruction ? Ce sont les socialistes, Chevènement et Jospin en tête, qui ne sont pas de ma génération, en voulant que 80% d'une classe d'âge atteigne le baccalauréat. Etat complètement stupide. Le baccalauréat étant la porte d'entrée aux universités, il était évident que 80% d'une classe d'âge ne pouvait accéder aux études supérieures.
"qui avez concouru à la ruine économique, au pillage industriel, au désastre écologique"
Rien que ça ? Tout ce qui est exagéré est insignifiant. Je vous rappelle que Greenpeace fut fondée par la génération de 1968. Ce fut la première organisation non gouvernementale à s'intéresser à l'environnement.
"Vous, qui avez bien volontiers troqué les vraies richesses de votre pays, contre un profit immédiat"
Je ne sais pas ce que vous appelez les vraies richesses. Mais, le patrimoine, me semble-t-il, en fait partie. Jamais en France, celui-ci n'a été autant valorisé, autant entretenu, autant sauvegardé. Quand j'étais jeune, les trois quart du Château de Versailles était à l'abandon. Toujours pareil ; vous voyez la bouteille à moitié vide et non la partie pleine.
"au chaos de l'aménagement urbain"
Anachronisme complet. Le chaos de l'aménagement urbain date des années 50 et 60. Il est d'ailleurs la conséquence de la destruction des villes pendant la guerre. Vous savez, j'ai habité pendant 18 ans au Plessis Robinson (92). Quand nous y avons emménagé, la ville était sinistre, faites de grandes barres construites par la mairie communiste depuis 50 ans. Un jeune maire, de ma génération, a été élu à la surprise générale. Il a transformé cette ville, en créant un centre ville, en mélangeant les classes sociales. Allez la visiter. Cette ville est devenue un havre d'harmonie. Mais vous allez dire que c'est une exception. Et bien non ! Même Patrick Devedjan (même génération), à Antony, a su transformer la ville de façon harmonieuse.
Et la politique du littoral? ça ne compte pas à vos yeux ? Allez en Italie et en Espagne, là vous saurez ce que chaos urbain veut dire.
" vous étiez la génération la plus chanceuse de l'histoire. Consommation, instruction, paix sociale, carrières professionnelles fulgurantes"
Consommation (est-ce une chance ?), instruction, paix sociale, tout cela vous l'avez aussi. Arrêtez donc de vous plaindre tout le temps, pauvre petit chéri! Quant à la carrière professionnelle fulgurante, il ne faut rien exagérer. Il y avait très peu de chômage, c'est vrai. Les salaires progressaient vite, c'est vrai, mais au prix d'une inflation galopante à deux chiffres. Il faut donc comparer ce qui est comparable. Ne croyez pas que tout était simple. Personnellement, j'ai vécu les 6 premières années professionnelles dans une petite entreprise où il n'y avait qu'un seul chauffage au gaz pour 3 bureaux (on le déplaçait pour que chacun ait un peu de chaleur). J'ai vécu pendant cette période dans une chambre de bonne, au 7ème étage sans ascenseur, sans eau chaude, sans chauffage central (j'avais pris avec moi un petit chauffage électrique d'appoint), sans douche et sans wc. Ce serait interdit aujourd'hui. Pendant 6 ans mes wc, c'étaient ceux du café du coin. Donc arrêtez d'idéaliser cette période qui n'était agréable que pour les personnes aisées. Ceci dit, je ne me suis jamais plaint. On a bien fait les fous dans cette piaule. Et je l'avais bien voulu, car, comme beaucoup de jeunes de ma génération, nous voulions, par dessus tout, être indépendant financièrement de nos parents. C'était notre fierté, même si l'on ne mangeait pas toujours à notre faim. Il y avait pas d'obèses chez les jeunes à cette époque.
"vous avez accepté l'importation massive d'immigrés africains"
Ah là! on ne m'a pas demandé mon avis. Mais là encore, vous vous trompez de génération. C'est la génération précédante qui en est responsable. A commencer par Giscard et Chirac qui ont instauré le regroupement familial, la connerie du siècle.
"l'ouverture des frontières, l'abandon de la souveraineté monétaire"
J'ai toujours été contre et j'ai voté NON à Maastricht et NON à la constitution européenne que les élites non soixantehuitardes nous ont imposé par un vote au parlement, contre la volonté populaire. Comme quoi l'on peut défendre certaines valeurs de 68 et ne pas être mondialiste. D'ailleurs j'en profite pour faire un peu la promo d'un petit bouquin fantastique, d'un gars de ma génération, Régis Debray, ancien soixantehuitard et révolutionnaire castriste, et qui s'intitule "Eloge des Frontières".
"vous soutenez encore majoritairement un gouvernement qui a abandonné notre souveraineté militaire à l'OTAN."
ça va pas la tête ! vous me prenez pour qui ? Je vous rappelle quen 68, nous manifestions contre la guerre au Vet Nam, contre l'hégémonie américaine (nous disions l'impérialisme américain). Personnellement je n'ai pas changé. Dès le début de la reconnaissance, par Sarkozy, du gouvernement de transition en Lybie, j'ai dénoncé ici et là, ce qui allait être une guerre néo-coloniale des américains, soutenu par le pion atlantiste Sarkozy. J'ai écrit sur des blogs gaullistes où les gens soutenaient l'intervention en Lybie, pour leur expliquer que l'humanitaire n'était qu'un prétexte, et que la "rupture ", annoncée par Sarkozy en 2007 était, en fait, la rupture avec les principes gaullistes d'indépendance nationale, pour un ralliement à une politique atlantiste et prosioniste, et j'en ai convaincu quelques uns.
Alors, il faut arrêter de mettre toute une génération dans le même panier. Il y aussi, dans votre génération, des jeunes qui trouvent très bien que l'Otan largue des bombes à l'uranium appauvri sur la population civile en Lybie, et d'autres qui croient, dur comme fer, que Ouattara est un grand démocrate.
Mais ce n'est pas à un vieux singe comme moi, même issu du Baby-boom, qu'on apprend à faire des grimaces.
"Jusqu'au bout vous avez vendu notre pays, pièces par pièces, pour continuer à profiter"
Là,vous devenez ridicule !
"Peu soucieux que vous êtes, de l'avenir de vos propres enfants."
Et là, insultant ! heureusement, je ne vous ai pas attendu pour me soucier de l'avenir de mes enfants. Je ne sais pas quelles relations vous entretenez avec vos parents qui vous ont élevé, mais je ne crois qu'ils aient mérité cette opprobre.
Écrit par : Patrick-Louis Vincent | 19/04/2011
PLV
En 1968, ce n'est pas "la jeunesse" qui s'est "révoltée".
C'est une partie de la jeunesse étudiante, bourgeoise et petite bourgeoise, urbaine, séduite par le marxisme et le maoïsme, plus occupée à lire le Petit Livre Rouge, Derrida, Foucault, Althusser et l'Ecole de Francfort (précurseurs de toutes les conneries soixante-huitardes) qu'à méditer ses humanités gréco-latines incomprises et abhorrées, qui a réalisé, sous la houlette des Cohn-Bendit, Krivine, Geismar et autres Benny Lévy, ce prurit adolescent boutonneux sans risque aucun (la brutalité des CRS, ahaha ! Laissez-moi rire...).
Bernard-Henri Lévy, Bernard Kouchner, André Glucksmann, etc., sont les témoignages vivants (enfin, on se demande...) de cette époque et leur virage atlantiste des années 1980 est la preuve de ce que je disais dans mon précédent commentaire.
Ils sont, dans le domaine "intellectuel" (si on veut), le reflet des très nombreux soixante-huitards gauchistes devenus cadres d'entreprises et adhérents UMP.
"La jeunesse estudiantine de 68 était tout sauf matérialiste", dites-vous : à part le fantasme hippie-Katmandou, issu de la Beat Generation américaine, qui n'avait pas en commun avec les émeutiers français le marxisme-maoïsme politique mais dont les quêtes spiritualo-psychico-droguées, largement parodiques, ont rarement mené leurs membres à un rattachement à une tradition authentique, mais plutôt, en général, à un état de junkie perdu et pathétique, dites-moi donc quelle spiritualité portait la "révolte" soixante-huitarde en France, toute entière tournée vers la recherche de la jouissance matérielle débridée (liberté sexuelle désacralisée, anarchie comportementale, athéisme, psychanalyse, confort...) à prétexte intello. Je serais curieux de l'apprendre !
"La censure" ? "Léon Zitrone", un "grand journaliste" ?
Mort de rire, PLV, mort de rire ! Mais la censure est bien pire aujourd'hui, bien plus rusée, bien plus sournoise, soft, intégrée... Et le régime bien plus pourri que sous de Gaulle. Quant à Léon Zitrone, cette ganache égocentrique et sirupeuse méritait bien le titre de "larbin" qui lui avait été décerné par Jean-Edern Hallier...
A vous en croire, la France de 1968, c'était le goulag. La discipline, manifestement, vous déplaît foncièrement.
Pour ma part, c'est le contraire. J'ai toujours été attiré par la chose militaire et ai souvent déploré que l'actuelle soit, humainement, si molle et - pourquoi ne pas le dire ? - médiocrement démocratique, ce qui m'a vraisemblablement empêché d'y aspirer davantage.
Il n'y a pas de droits sans devoirs, pas de résultats sans discipline, pas de profit sans effort (ce qui, pour vous, se limite apparemment au monde du travail et à l'économie). Pour l'avoir oublié, et aussi pour avoir désacralisé complètement les rapports sociaux et le monde en général, les soixante-huitards aujourd'hui vieillis sont condamnés à craindre la mort et à regretter la chair fraîche envolée...
Je n'ai qu'une quinzaine d'années de moins que vous, PLV, mais des années-lumière nous séparent.
Je veux bien croire que vous ne fassiez pas partie des soixante-huitards attardés, gauchistes devenus (ou non) libéraux, mais toujours complètement braqués sur leurs certitudes faillies.
Malgré tout, une bonne partie de ce que vous écrivez montre que vous avez été profondément influencé par la mentalité de ces pseudo-révolutionnaires et leurs revendications, et que vous n'en démordez pas.
Quand vous aviez vingt ans, on avait le choix entre plusieurs boulots, même sans diplôme, près de chez soi.
Pour ma part, j'ai toujours dû me battre pour être recruté, parmi des centaines de candidats (je travaille dans le privé), j'ai connu le chômage, la dèche, les difficultés pour parcourir la France dans une vieille bagnole, sans égards pour mon désir d'enracinement régional, afin de me présenter à des entretiens d'embauche pour des salaires minables. J'ai mis dix ans pour, à force de sacrifices, pouvoir revenir près de ma région d'origine. Je n'ai qu'un tout petit patrimoine, exclusivement mobilier.
Malgré tous mes efforts (soixante heures par semaine, parlons-en !...), ma progression de carrière a été très loin de celle aisément conquise par bien des baby-boomers sous-doués.
Et aujourd'hui ? Les jeunes que je croise galèrent, malgré leurs diplômes, de stage en stage et de CDD en CDD (s'ils ont de la chance), pendant des années, sans perspective de se faire une vie confortable un jour, de toute manière.
Rendre responsable l'Etat-providence ? Trop facile, PLV !
La protection sociale, à dose raisonnable, est une bonne chose, un facteur d'égalisation des chances, de justice sociale ; tant qu'il y a suffisamment de monde pour le financer, tant que le monde entier n'en profite pas.
Evidemment, votre génération n'est pas seule responsable de la politique migratoire. Ce sont néanmoins des patrons nés après-guerre qui ont largement contribué au dumping salarial par l'immigration, et à la promotion de la "diversité". Ce sont néanmoins, très largement, des gens de votre génération qui, malgré leurs moyens matériels sans précédent dans l'Histoire, ont fait baisser la natalité, de manière si catastrophique que les actifs d'aujourd'hui ne pourront continuer à payer votre retraite bien longtemps.
Dans les médias, dans le monde politique, dans les entreprises, la large fraction pourrie de la génération 68 domine encore complètement la société française. Elle lance les mots d'ordre, en impose l'application, s'accroche à ses places, à ses prébendes, refuse de céder un pouce de terrain (ou alors, hypocritement, par une retraite anticipée en clamant "place aux jeunes" - pour payer ses retraites...).
Alors, même si je sais bien que mai 68 n'a été, finalement, qu'un épiphénomène dans les menées de "l'Etat profond", des oligarchies, que tout cela, comme bien des choses, n'a résulté que de manipulations non limitées à votre génération, une bonne partie de celle-ci a quand même été particulièrement inconsciente, stupide, a succombé aux plus bas instincts, s'est drapée dans un orgueil et une rigidité égoïste insupportables, a été volontiers l'instrument des plus minables mystifications, que certains parmi elle, pourtant, dénonçaient, criant dans le désert.
Si bien que, globalement, même si je ne vous regarde pas personnellement comme l'incarnation de cette partie pourrie de la génération mai 1968, je comprends le mépris et la détestation dans lesquels de nombreux jeunes d'aujourd'hui la tiennent aujourd'hui, au risque des excès de la jeunesse, sans égards pour la partie relativement saine.
Comme on dit, "Dieu reconnaîtra les siens" et non seulement je n'en voudrai pas à ces jeunes s'ils aident la crise à vous balayer du devant de la scène, mais je les aiderai volontiers, parce que, moi aussi, vous me faites chier, même si vous ne participez que partiellement de la mentalité soixante-huitarde en question, avec les résidus soixante-huitards que vous portez ; au point que je n'ai pas envie de m'embarrasser des nuances qui, habituellement, me sont si chères.
Ce qui nous différencie, fondamentalement, c'est que je suis antimoderne, chose que vous classez dans "l'obscurantisme", "l'intolérance et l'oppression".
Pour vous, la modernité est une valeur, un progrès, un acquis profond au plan qualitatif.
En réalité, c'est un moment, un épisode transitoire, extrêmement bref au regard de l'Histoire, fondé sur la prédation des ressources (prétendument compensée, entre autres, par les parodies humanitaires des ONG comme celles que vous citez, produits d'idéologies bien-pensantes, de bonnes intentions pavant l'enfer), nécessairement condamné à brève échéance.
Au plan matériel, vous avez eu de la chance, la vie vous a été facile comme à aucune autre génération. Ça, pour avoir, vous avez eu.
Mais je ne vous envie pas. Vous avez si peu été.
Et vous verrez disparaître tout vos acquis, pendant que la jeunesse verra renaître une société fondée sur des valeurs que vous avez reniées et que vous ne comprenez pas, parce que, pour les soixante-huitards, quoi qu'ils en disent, le Règne de la Quantité conditionne et détermine la qualité perçue.
Le monde d'avant et d'après la modernité sait, lui, que seule compte la qualité, et que le confort matériel est un ennemi à tout caractère non endurci.
L'absence de modernité sera trop dure pour votre génération. Elle ne peut même pas l'imaginer, elle qui s'offusque déjà de la légitime colère de la jeunesse, ou d'un mot de travers (le politiquement correct, encore une invention des zélites de la génération 68...).
Elle n'a jamais rien connu de tel et est incapable de s'y adapter.
Elle n'y survivra pas.
Écrit par : Boreas | 20/04/2011
Je viens de lire ce saisissant échange.
Christopher Johnson vous êtes comme monsieur Jourdain. Arrêtez de nous faire croire que vous vomissez le consumérisme alors que c'est précisément l'impossibilité de surconsommer qui vous aigri.
Vous me faites penser à un jeune trotskiste des années 60... Méfiez-vous, beaucoup d'entre eux finirent patrons dans la pub...
Soyez surtout cohérent. Vous ne pouvez pas d'un côté vous plaindre que la génération qui vous a précédé a tout raflé (ce "tout" qui doit sans doute ne pas être consumériste) et vomir le consumérisme.
Soyez cohérent encore. Votre génération s'est faite sans doute avoir mais elle y a mis les formes. Courir le diplôme en espérant gagner plus que le copain, c'est faire là et comment le système veut que vous fassiez avec un zèle plutôt fanatique. Si il y a eu désindustrialisation c'est aussi parce que les gens de votre génération ne sont pas très pressés d'aller travailler en usine...
Soyez cohérent toujours. Des cadres qui incarnent la tradition montrez-les moi, j'adore confondre les hypocrites...
Soyez cohérent pour toujours et à jamais. Arrêtez de confondre votre cas particulier dans un narcissisme très très soixant huitard... Tous les jeunes ne sont pas comme vous ! Beaucoup d'entre eux comprennent que les valeurs intrinsèques de cette société sont mauvaises, indépendamment d'une prétendue lutte générationnelle. Beaucoup comprennent qu'il faut TOUS ENSEMBLE (jeunes et moins jeunes) aller vers d'autres choix. Beaucoup le font sans se plaindre et sortent du moule que vous, vous regrettez ne pas pouvoir adhérer autant que vous le souhaiteriez.
Vos fixations n'engagent que vous et votre fanatisme jeuniste n'est que le cache sexe de votre égoïsme et de votre hypocrisie personnelle.
Vous êtes agaçant au possible, d'une intolérance incroyable, d'un narcissisme éhonté.
Vous êtes bel et bien le produit de cette modernité que vous prétendez rejeter mais qu'au fond de vous vous voudriez embrasser plus que les autres.
Un peu d'éducation et de respect des autres ne vous ferait pas de mal, avec un bon coup de pied au cul par-dessus le marché.
Je suis un catholique-tradi mais je côtoie des identitaires. Je peux vous dire que ces jeunes me font plaisir. Ils bougent eux, s'investissent, mettent en accord leurs pensées et leurs actes. Ils sont pour moi une fierté ces jeunes qui se foutent d'être cadres et qui s'investissent dans des communautés comme Terre et peuple, comme la Traboule et comme d'autres projets niçois que je connais moins bien.
Vous êtes un sot doublé d'un imbécile. En divisant, sur la base de vos intérêts personnels déçus, ceux qui pourraient vous soutenir, vous faites le jeu de ceux qui vous dominent réellement. Eux ce n'est pas une génération qui vous en sépare... c'est une FORTUNE ! L'hyperclasse est sexuée et fait des enfants riches qui ont votre âge et qui se moquent comme d'une guigne de vos obsessions sociologiques.
Apprendre des choses dans des livres c'est bien, vivre sa vie c'est mieux.
Vous êtes un vieux con, déjà... à 40 ans vous cracherez sur les jeunes... le temps n'y fait rien à l'affaire... QUAND ON EST CON ! ON EST CON !!!!!
Écrit par : Eisbär | 20/04/2011
Eisbär
Vous vous trompez complètement sur Christopher Johnson. Excès sans doute, mais à ce point sûrement pas.
Parole de scout.
Écrit par : Boreas | 20/04/2011
@Eisbär
Vous avez malheureusement raison.
Personnellement, j'aime le débat d'idée, sinon je ne serais même pas allé sur ce site et je n'aurais pas répondu à l'article. Mais, pour débattre, il faut accepter l'autre. Or, Alexander et Boréas n'acceptent que ceux qui sont de leur avis.
Mais cet échange a montré que ces gens ont une profonde haine d'eux-mêmes. Ils ne supportent pas l'échec de leur vie. Ils sont rongés par l'envie (péché capital) et le ressentiment. L'image de leur vie leur est insupportable. Alors il leur faut un bouc-émissaire : les parents, la société, les soixantehuitards. Ils ne savent pas se remettre en question. Ils sont parfaits et, s'ils n'ont rien réussi dans l'existence, c'est forcément la faute des autres ou du système.
Au fond, je les plaints, car il y a chez eux une profonde inaptitude au bonheur. Ils n'ont pas compris que, par delà la société qui, bien sûr, doit, constamment, se renouveler, comme les feuilles mortes sont remplacées par de jeunes pousses, la solution à tous leurs problèmes est en eux-mêmes.
"c'est dans le silence que Dieu dit à l'homme sa parole éternelle" disait maître Eckhart
Bien sûr que le signe des Temps est le règne de la quantité, comme l'écrivait si bien Guénon, mais le temps n'est pas linéaire mais cyclique. Après l'ère de Kali Yuga dans laquelle nous vivons et qui arrive à son terme, il y aura un nouvel âge d'or. L'homme est-il responsable ? Oui, en ce sens qu'il porte sur ses épaules la charge des modifications que le temps lui impose. Mais pas coupable ! car, le cycle des temps le dépasse. Il est l'instrument d'une volonté qui impose une transformation alchimique de l'homme au travers d'un cycle adamique dont il n'a pas la maîtrise.
Soyons donc un peu modeste. Nul ne peut nier l'accélération du temps. Il y a eu plus de changements dans la vie humaine, ses 30 dernières années, que depuis 200 ans et plus de changements en 200 ans que depuis le début de l'humanité. Croyez-vous que l'homme en soit la cause ? N'en est-il pas plutôt l'instrument ?
Il est absurde de vouloir opposer les générations. Chaque génération vient au monde avec des qualités que la gérération précédente n'avait pas, pour poser une question et tenter de la résoudre. Elle n'a peut-être plus non plus les qualités de la génration précédente, parce que ces qualités ne sont plus nécessaires. Et voilà toute la difficulté de compréhension entre les générations, que l'on appelait autrefois "la querelle des anciens et des modernes". L'éducation est la transmission d'un savoir mais aussi d'une morale et d'un comportement qui se sont avéré nécessaires pour la génération qui transmet, mais sont peut-être des branches mortes pour la nouvelle génération dont la mission sur terre demande des qualités différentes.
Le monde change, selon les cycles du temps, mais l'homme d'une génération ne change pas. C'est pourquoi, après avoir accomplit sa tâche, qui lui est assignée par des forces qui le dépassent, celle-ci doit disparaître pour laisser la place à la génération nouvelle, dotée d'autres qualités, adaptées à la tâche qui leur est assignée, et ainsi de suite.
Naturellement, comme l'homme est imparfait par nature, chaque génération remplit sa tâche en commettant des erreurs, et même des fautes. Il n'en sera pas différent des générations futures. Mais l'oeuvre globale, elle, est parfaite, puisque d'inspiration divine. C'est pourquoi nous devons être plein d'espérance, et être aussi humble que le tailleur de pierres qui participe de la construction du temple, dont il ne verra pas l'oeuvre achevée.
Que chacun fasse de son mieux !
Écrit par : Patrick-Louis Vincent | 20/04/2011
Intéressant cet échange ... Apparemment, PLV laisse entendre qu'avec la chute de l'ORTF, l'info s'est libérée. Pourtant, il suffit de lire la presse française pour constater qu'il n'en est rien. Il nous faut pêcher les infos à l'étranger et recouper, recouper, recouper ... En France, on paye des bataillons de journaleux pour nous transmettre les paroles du gvt et des lobby. Fallait garder l'ORTF, on aurait fait des économies en évitant d'entretenir tous ces vendus de salons qui passent leur temps à nous faire la morale entre deux dépêches AFP.
La responsabilité est difficilement acceptable et compréhensible pour PLV, probablement parce qu'elle est collective et qu'il raisonne individuellement. Comment le lui reprocher ? Qui est capable d'accabler tout un peuple pour le crime de quelques-uns ? Les intégristes israéliens ? Ca oui, on le sait... Effectivement, PLV n'est pas LE responsable. Il porte une part de responsabilités, tout comme nous porterons la notre en léguant ce monde. Quelle attitude aurons nous à ce moment ? En ce qui me concerne, je n'ai jamais rechigné à porter ma croix, ni à me remettre en question. Mais collectivement, je ne sais pas ce que cela donnera. Je ne sais pas si je suis prêt à porter la responsabilité pour les autres. Et puis le système d'infos est si perfide et sournois ...Aurons-nous les bonnes infos pour prendre conscience justement, agir et conclure ? J'en doute vu que le système de domination repose essentiellement sur le mensonge et la manipulation ...
Écrit par : Vincent | 20/04/2011
"vous voyez la bouteille à moitié vide et non la partie pleine."
Je dois dire qu'il faut être de plus en plus adepte de la double-pensée, pour ne serait-ce que considérer "la partie pleine". Parce que le négatif, en notre époque, est si englobant, si omniprésent, que refuser de le voir confine à la folie. Philipp Muray caractérisait notre époque par sa volonté de bannir à jamais le négatif de la pensée. Si bien que la plupart des gens sont devenus incapables de penser le monde dans lequel ils vivent.
Mai 68 fut la naissance d'homo festivus, la seule création que vous voulez transmettre. Et ces pauvres crétins de lycéens et étudiants, qui souvent, défilent avec les syndicats, avec à leur tête quelques clowns et des confettis, ont oublié que la lutte politique n'est pas un carnaval. Mais ils n'ont jamais connu autre chose.
On pourrait parler bien sûr de tous les sujets que vous réfutez. Aménagement urbain : rien que ces dix dernières années, l'étalement urbain a engloutit l'équivalent d'un département de terres arables. Tout est fait pour la bagnole. Bagnole dont on ne pourra plus se servir dans 20 ans.
Votre collaboration implicite à l'ouverture du pays et sa fusion dans le moule mondialiste, a été beaucoup plus importante que vous ne le laissez penser. Les gouvernements successifs ont acheté votre soutient. Chaque élection était l'occasion de réaffirmer votre domination, par l'octroie de nouveaux privilèges, ou l'assurance de leur conservation. Ainsi les retraites, ainsi l'immobilier, les assurances-vies... tout cela s'est vu bien peu enquiquiné par le pouvoir, au contraire du travail, toujours plus ponctionné, dévalué, attaqué.
Concernant la consommation, vous avez raison. Vous et Eisbär soulèvez un point capital : alors que vous avez connu une amélioration constante de vos conditions de vie, une élévation économique, sociale, politique, permanente et exponentielle, nous connaissons l'exact contraire. Élevés dans l'opulence, ou en tout cas loin de tout manque, et sans aucune discipline, on nous livre au monde du travail sans aucune armes. Et soudainement, brutalement, nous devons faire l'expérience du manque, de la précarité la plus aigüe, du déracinement, de l'isolement et de la marginalité.
Nous sommes la génération déclassement, la génération chute.
Mais je suis moi-même cohérent, car je n'aspire pas à la vie des soixantehuitards. Oh non ! Je les accuse simplement d'avoir confisqué les bienfaits de leur civilisation à leur usage exclusif. Je les accuses d'avoir préféré jouir sans mesure, plutôt que de perpétrer la vie de leur pays. Ils ont eu, plus que toute autre génération avant eux, l'occasion de changer les choses à travers une paix d'une qualité inédite. Ils sont passés à côté avec la dernière vulgarité.
Et aujourd'hui, nous arrivons pour nettoyer leur merde. Et, certes, nous ne sommes pas contents, nous les avortons de l'histoire, les survivants de l'avortement, les enfants du bordel. On a le chaos dans les veines, la crise dans l'estomac. Quand vous exaltiez la paix et le progrès moderne, nous nous réjouissons du désastre, car il est notre matrice. "Moi je veux du nucléaire, je veux du sexe et du sang", chante Saez. On a la fin du monde dans la peau.
Le problème, c'est qu'une telle jeunesse, pauvre de tout ce qui est essentiel : morale, discipline, amour, patrimoine, tradition,... Cette jeunesse gâchée, née dans le bain souillé du nihilisme, va devoir fonder un nouvel humanisme, pour succéder au matérialisme.
"Vous êtes bel et bien le produit de cette modernité que vous prétendez rejeter mais qu'au fond de vous vous voudriez embrasser plus que les autres."
Cher Eisbär, vous dites vrai. Et c'est le paradoxe qui saisit toute la jeunesse : nous, les fruits de la modernité, comment pourrions-nous en inventer la fin ?
Vous ne me ferez pas oublier la guerre générationnelle. Car, ne vous en déplaise, cette grille de lecture est essentielle pour comprendre l'histoire du siècle passé. Qu'une génération ait rompu le cycle de transmission, pour exploiter à son seul profit les richesses du pays, au point d'hypothéquer l'avenir des générations futures, n'a rien d'anecdotique. Et cela ne m'empêche en rien, par ailleurs, d'être actif. De mêler de l'acte au discours, dans la mesure du possible. Mais cela n'est pas la question, car on débat de l'histoire, on ne fait pas mon procès en flemmardise.
"Aigri", on qualifie souvent ainsi ceux qui refusent de "positiver", ceux qui refusent d'adhérer à l'optimisme général. La jeunesse que vous décrivez : qui "bouge", "s'investit", c'est assez bien le portrait de la jeunesse UMP, la jeunesse bourgeoise, la jeunesse telle que voulue par une société effectivement jeuniste. Mais l'expérience que j'en ai est bien différente. Derrière les sourires et les engagements, les discours vendeurs que l'on est rompus à distribuer, se cache toujours le vide, la dépression, l'angoisse de vivre dans un monde qui veut votre mort.
Avez-vous vus vos camarades faire des tentatives de suicide, ou finir en hôpital psychiatrique à cause du divorce de leurs parents ? Les avez-vous vu s'abrutir d'alcool, semaine après semaine, et éclater en larme, incapables d'expliquer pourquoi ? Le sourire des jeunes, voilà bien une valeur sur laquelle je ne spéculerai pas.
Pour comprendre l'état d'esprit inconscient de notre génération, j'aime cette citation de Tomohiro Akagi, un freeter japonais : "Plutôt que de souffrir de discriminations et d'humilitations, mieux vaut la guerre et une souffrance partagée par tous." Beaucoup d'entre nous rêvons de crise, de guerre, car nous ne supportons pas d'être ainsi rejetés comme des moins que rien par le monde de nos parents. Nous sommes les enfants non voulus d'un pays en plein suicide.
Quand à savoir si je suis vieux. Oui, c'est indéniable. Face à une société d'enfants, d'irresponsables, j'ai fait le choix de grandir plutôt que de céder au climat débilitant. Et il est arrivé un temps, où je me suis sentit vieux devant mes aînés, où je me suis sentit plus sage et plus responsable que la plupart de ceux qui m'ont précédé dans la vie.
Oui, je me permets d'attribuer certains de mes échecs à la société. Évidemment. Ne pas le faire reviendrai à signer mon adhésion à la doxa libérale : tu es responsables de tes propres échecs. Pourquoi croyez-vous que tant de gens dépriment aujourd'hui ? Parce qu'ils portent la responsabilité de la souffrance qu'on leur inflige, plutôt que de se révolter contre elle. La société porte une responsabilité, dans mon éducation, dans les ressources dont je disposes, dans la place qui m'est laissée, dans les conditions de travail qui me sont proposées... Mais je vous rassure : je suis bien décidé à faire ma place en ce monde, à ma manière. Je ne suis pas résigné, je ne me soumettrais pas à cet ordre-là.
Pour changer les choses, je ferai ma part. A commencer par renier férocement ce monde-là, ceux qui l'ont bâtit et ceux qui le font vivre : les baby-boomers.
La différence principale entre vous et moi, c'est que je suis en guerre, alors que vous avez votre place dans le monde. Votre intérêt est à la sauvegarde, quand le mien est à la chute.
Écrit par : Christopher Johnson | 20/04/2011
J'ajouterai que je ne suis pas consumériste et n'aspire pas à perpétrer la société de consommation. Je rêve d'un retour aux techniques simples, à une société du locale, communautaire, à une écologie en acte. Je veux que ce bocage magnifique, qui a émerveillé mon enfance, les générations futures puissent aussi le voir.
Je veux améliorer mon pays, ma patrie, et ne pas le laisser mourir comme le veulent les mondialistes.
Je suis antimoderne, tout comme Boreas. Car rien de ce que la modernité a à offrir, ne m'intéresse. Pour moi, la vie vaut infiniment mieux que cela.
Écrit par : Christopher Johnson | 20/04/2011
@vincent
"Apparemment, PLV laisse entendre qu'avec la chute de l'ORTF, l'info s'est libérée"
Non, je n'ai pas dit cela. J'ai dit simplement que, du temps de l'ORTF, les journalistes de l'unique chaîne de télévision étaient nommés par le ministère de l'Information, véritable police de la pensée. C'est un peu mieux aujourd'hui quand même. Il y a des différences très sensibles entre le Grand Journal de Canal + de la gauche bobo, et les journaux de LCI, plutôt de droite libérale. Bien sûr, si vous faîte référence à la droite nationale, celle-ci ne dispose pas de chaîne où elle peut s'exprimer totalement. Mais cela peut changer. L'on pourrait commencer par supprimer les lois Gayssot, fondement de l'idéologie antiraciste, qui bride la liberté d'expression, et la suppression du financement public de toutes les organisations chargées de véhiculer cette idéologie (MRAP, SOS Racisme, Licra, Crif, Cran).
"Je ne sais pas si je suis prêt à porter la responsabilité pour les autres"
C'est honnête, et je suis bien d'accord. Un fils n'a pas à payer pour son père criminel, ni le peuple allemand pour le nazisme soutenu par leurs grands-parents. Sinon, il faut remonter jusqu'au péché originel et maugréer contre Eve qui a fait manger la pomme à Adam, et à maudire Caïn qui a tué son frère et duque nous descendons tous.
Écrit par : Patrick-Louis Vincent | 20/04/2011
@Christopher
"Tout est fait pour la bagnole"
Oui, c'est vrai. Allez expliquer cela aux 800 000 personnes qui travaillent dans l'industrie automobile. Vous leur faite faire quoi à ces gens-là? de l'élevage de chevaux ?
"Je rêve d'un retour aux techniques simples"
C'est quoi les techniques simples. Pourquoi avez-vous un ordinateur ? N'avez-vous pas aussi un téléphone portable ? Allez-vous chercher votre eau potable à la source ? Vous éclairez-vous à la chandelle ? Elevez-vous les poules que vous mangez ? Non, vous vivez avec votre temps, et utilisez les techniques que les hommes ont inventé.
Ceci dit, rien ne vous empêche de prendre un petit lopin de terre en Lozère, de cultiver votre jardin, et de vivre en autarcie. Cela restera une démarche personnelle, en aucun cas un modèle de société.
Franchement, je ne sais pas de quoi la société, demain, sera faite, pas plus que vous, quand les ressources naturelles seront épuisées. Et elles le seront inévitablement, ne serait-ce que du fait de la prolifération de l'espèce humaine. Mais est-ce à dire que l'on en reviendra à une société primitive. Peut-être que, quand la terre ne pourra plus nous nourrir, nous vêtir, nous chauffer, sera-t-il temps, pour l'homme, d'accéder à une autre dimension. Peut-être que le cycle de l'humanité adamique sera arrivé à son terme.
Dieu a dit à Adam et à Eve : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-là ; ayez autorité sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, sur tout ce qui est vivant et qui remue sur la terre (Genèse 1,28) ».
De ce point de vue, l'homme a bien rempli son devoir. Il s'est tellement multiplié que l'espèce humaine prolifère, et il a tellement soumis la terre que celle-ci n'en peut plus.
Écrit par : Patrick-Louis Vincent | 20/04/2011
PLV
" pour débattre, il faut accepter l'autre. Or, Alexander et Boréas n'acceptent que ceux qui sont de leur avis.
Mais cet échange a montré que ces gens ont une profonde haine d'eux-mêmes. Ils ne supportent pas l'échec de leur vie. Ils sont rongés par l'envie (péché capital) et le ressentiment. L'image de leur vie leur est insupportable. Alors il leur faut un bouc-émissaire : les parents, la société, les soixantehuitards. Ils ne savent pas se remettre en question. Ils sont parfaits et, s'ils n'ont rien réussi dans l'existence, c'est forcément la faute des autres ou du système.
Au fond, je les plaints, car il y a chez eux une profonde inaptitude au bonheur. Ils n'ont pas compris que, par delà la société qui, bien sûr, doit, constamment, se renouveler, comme les feuilles mortes sont remplacées par de jeunes pousses, la solution à tous leurs problèmes est en eux-mêmes.
"c'est dans le silence que Dieu dit à l'homme sa parole éternelle" disait maître Eckhart "
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Allons, allons, vous n'allez pas nous faire votre maoïste (à quand le camp de rééducation ?) et votre psychanalyste de café du commerce (à quand la psychothérapie ?) en même temps, si ?
Comme d'habitude, quand le consensualisme bisounours des libéraux ne passe pas, nous avons droit à l'accusation de maladie mentale... alternative à celle de communisme.
Je ne crois pas, moi, au consensualisme, à la contractualisation comme base des relations sociales. En aucun domaine et, en particulier, en celui de la conversation.
Vous nous avez déjà jeté à la figure votre aversion pour l'autorité, la discipline, "l'intolérance", "l'obscurantisme" et "l'oppression", jolis anathèmes bien habituels, bien bourgeois, de ceux qui n'entendent le débat que comme devant nécessairement déboucher sur le compromis, sur la conclusion d'un accord. Eh bien, nous ne sommes pas de votre avis, nous sommes, comme vous l'a dit Christopher Johnson, pour la confrontation, pour la crise, pour la lutte, pour le combat. Pour la vérité, même si elle blesse ; pas pour les tièdes convenances et les lénifiants arrangements.
"Il faut accepter l'autre", dites-vous. Et pourquoi donc ?
Et pourquoi faudrait-il "accepter" pour pouvoir débattre ? Confronter des constats, des idées, des opinions, c'est aussi s'exposer au risque de découvrir qu'on a tort. Je me fiche bien, moi, de découvrir que j'ai tort, si j'ai tort. Je ne suis pas susceptible et la vérité me console aisément de la découverte de mes erreurs. Le problème, c'est que vous, en revanche, vous vous accrochez à des idéologies qui ont fait la preuve de la fausseté et de leur nuisibilité. Je rejette vos idées, et non vous particulièrement (vous vous identifiez bien facilement à vos opinions...). Et quand je me réclame de l'antimodernité, qui n'est pas une idéologie mais une transposition de la vision du monde de toutes les sociétés ayant précédé votre bref épisode historique occidental de référence, vous n'avez que de ridicules anathèmes à m'opposer.
Vous avez largement tort, vous vous trompez grand comme un paquebot et maintenant, vous cherchez une porte de sortie honorable à la discussion, qui ne peut déboucher que sur l'exclusivisme consensualiste, que sur la conclusion que vos adversaires ne sont que des malheureux aigris.
De surcroît, je pense que vous projetez vos propres valeurs sur nous.
Là où nous vous décrivons des faits (les difficultés économiques, le mal qu'il y a à trouver et garder un travail et à en vivre correctement, le blocage de l'ascenseur social, l'absence de perspectives à ce niveau...), sans nous en plaindre, juste pour pointer la différence des conditions respectivement vécues par votre génération majoritairement égoïste et les nôtres, vous voyez une inaptitude au bonheur, de l'envie, un défaut d'introspection...
Mais c'est vous qui pensez à cela !
Mon excellent camarade SPOILER, par exemple, qui m'a côtoyé dans la vraie vie, pourrait vous dire à quel point je sais dissocier les plaisirs de l'existence d'autres aspects demandant peut-être davantage de sérieux. A ce propos :
"Certains disent que le commencement de tout est une danse du dieu créateur, qui, dans son enfance, a produit ainsi la ronde des sphères et le jeu de l'univers.
Dès lors, toute chose vraiment futile devrait être considérée avec gravité - ou toute chose grave avec futilité."
(Gérard de Sorval)
http://verslarevolution.hautetfort.com/about.html
Quant à Christopher Johnson, je doute qu'il soit le triste sire que vous imaginez si complaisamment.
Méfiez-vous des idées basses qui sortent de votre tête... Elles pourraient refléter autre chose que des opinions réfléchies.
Notre seul point commun, c'est de pouvoir citer Maître Eckhart :
http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2010/09/02/pourquoi-nous-vivons.html
Quant à le comprendre, c'est une autre affaire et je doute que nous en ayons la même perception.
Écrit par : Boreas | 20/04/2011
Après Boreas et CJ je ne pourrai que paraphraser donc je ne puis qu'écrire que je suis tellement d'accord avec ce que vous dîtes. Je vois que je ne suis pas le seul à éprouver ce grand plaisir à chaque fois que l'on voit surgir tout ce qui peut contribuer à foutre ce système, cette époque du zéro absolu (et certains s'étonnent que nous soyons glaciales... tout du moins à leurs yeux) à terre.
Vous dîtes PLV que nous avons la solution en nous, certes, mais vous seriez probablement effrayé de voir en quoi elle pourrait consister. Un film rend assez bien je trouve ce qu'est notre génération, il s'agit de "Fight club", l'un des rares films américains qui vaille le détour. Oui nous sommes les enfants du consumérisme, oui nous voulons sa destruction. Qu'est ce qui viendra prendre sa suite ? La nature reprendra ses droits j'en suis convaincu et je l'espère mais si ce n'est pas le cas nous aurons au moins eu le suprême plaisir de voir les responsables (ou tout du moins ses représentants actuels) mordre la poussière.
De la rage ? Pour ma part il y a longtemps qu'elle est là et elle ne me quittera plus. Je me fous complétement de passer ma vie en voyages, en sorties à Disneyland, au volant d'un monstre ou je ne sais quelle autre connerie de ce genre. Ce qui m'intéresse c'est de voir mon peuple se relever, retrouver la force, redevenir conquérant dans tout les sens du terme, construire des édifices qui défieront le temps, écrire l'Histoire. Je rêve ? Mais heureusement sinon ce serait le suicide et la déchéance!!!
Ce qui est certain c'est que vous ne pouvez pas mettre notre rage sur le dos d'une non-capacité à consommer, cette capacité je l'ai depuis quelques temps et cela ne me rend pas plus "positif" ou proche du "bonheur", ma rage ne m'a en rien quittée et j'attends fébrilement et impatiemment la chute de ce qu'il faut bien appeler votre monde.
Écrit par : personne | 23/04/2011
@personne
Je comprends ce que vous appelez votre "rage". Mais la rage n'a rien de constructif.
Ce que vous appelez "votre monde" ne me plaît pas davantage qu'à vous. Ce que vous ne comprenez pas, c'est que j'en subis autant les méfaits que vous. Ce n'est pas parce que j'ai surnagé dans ce monde-là que je m'y sens bien. Ce n'est pas parce que j'y ai vécu que je l'ai créé. Il y a des forces bien plus puissantes que les lambdas que nous sommes qui se sont chargé de nous l'imposer. Qu'avons-nous à disposition pour contrer ce que les puissants veulent nous imposer ? Un bulletin de vote ? Il y a belle lurette que je ne crois plus en cette farce.
Quand vous dîtes attendre fébrilement la chute de "votre monde", qui n'est pas le mien, je suppose que vous voulez parler du système qui fait tourner la planète, et pas seulement la France. Car, ce sont les mêmes qui tirent les ficelles en France, aux USA, en Chine, en Russie, en Egypte, en Lybie et partout ailleurs. Rassurez-vous, ce système n'en a plus pour très longtemps, les bulles obligataires ne vont as tarder à exploser sur toute la surface de la terre.
Malheureusement l'euphorie du feu d'artifice passé, il faudra revenir à la réalité. Et cette réalité, croyez-moi, sera pire que ce que l'on peut imaginer. La misère sera généralisée sur la planète. Les moins pauvres du tiers monde (car les plus pauvres crèveront de faim sur place) viendront par dizaines de millions envahir nos territoires et réclamer ce que nous ne pourrons leur donner puisque nous serons tous ruinés. Il s'ensuivra donc des guerres civiles, des génocides, des pogroms, des atrocités de toutes natures. Alors, moi, même si je sais que la fin de ce monde est proche, je ne me réjouis pas de sa disparition, car j'en vois les conséquences.
Si vous êtes encore vivant, quand la population mondiale aura diminué de 80%, les uns mourant de faim, les autres d'épidémies ou dans des massacres, alors vous pourrez reconstruire. Je vous souhaite bien du courage. Moi, je serai mort et tant mieux.
Écrit par : Patrick-Louis Vincent | 23/04/2011