02/09/2014
« Une guerre pour la destruction totale de la nation ukrainienne »
Entretien avec Andriy Biletsky, commandant du Bataillon Azov, le 29 août 2014.
(04.09.2014 - La version sous-titrée en anglais a été virée par YouTube, désolé. Il ne reste que la VO. Mais vous trouverez ici un résumé de l'entretien.)
A lire, cet entretien plus récent (1er septembre 2014) avec le même, traduit en anglais, où il déclare être à 100% sûr que la Russie n'entend pas arrêter ses opérations à Kherson (création d'un couloir depuis Novoazovsk jusqu'à la Crimée et au-delà), mais projette de poursuivre jusqu'à Odessa et ensuite, jusqu'à Kiev et vers l'Ouest, pour, in fine, conquérir et détruire la nation ukrainienne et son Etat.
Source en ukrainien : cliquez ici.
Pour tous ceux qui douteraient encore de la réalité de l'invasion russe et pour mesurer la portée pratique de l'expression « full-scale » , regardez les images de cet interminable convoi de chars, de véhicules de transport de troupes et de camions, filmé aujourd'hui entre Krasnodon et Lougansk (merci à l'irremplaçable blog Ukraine2014) :
A l'évidence, vous diront RT, le Saker et Olivier Berruyer, juste un peu de matériel piqué à l'armée ukrainienne (qui a décidément oublié de brancher l'antivol, sont-ils sots ces nazis de Kiev...) ou trouvé, avec plein de braves civils ayant subitement appris à s'en servir, dans les supermarchés locaux...
Et comme le Kremlin nie toujours, n'est-ce pas, ils ont forcément raison. La vérité ne peut pas être vraie.
Ça me rappelle une phrase d'Orwell, tiens.
22:37 Écrit par Boreas dans Crise, Géopolitique, Identité, Propagande, Psychologie, Stratégie | Lien permanent | Tags : ukraine, russie, invasion russe, guerre, destruction, nation ukrainienne, etat ukrainien, donbass, marioupol, bataillon azov, andriy biletsky, george orwell, 1984 | Facebook | | Imprimer | |
11/08/2013
Novlangue
– Comment va le dictionnaire ? demanda Winston en élevant la voix pour dominer le bruit.
– Lentement, répondit Syme. J’en suis aux adjectifs. C’est fascinant.
– Le visage de Syme s’était immédiatement éclairé au seul mot de dictionnaire. Il poussa de côté le récipient qui avait contenu le ragoût, prit d’une main délicate son quignon de pain, de l’autre son fromage et se pencha au-dessus de la table pour se faire entendre sans crier.
– La onzième édition est l’édition définitive, dit-il. Nous donnons au novlangue sa forme finale, celle qu’il aura quand personne ne parlera plus une autre langue. Quand nous aurons terminé, les gens comme vous devront le réapprendre entièrement.
Vous croyez, n’est-ce pas, que notre travail principal est d’inventer des mots nouveaux ? Pas du tout ! Nous détruisons chaque jour des mots, des vingtaines de mots, des centaines de mots. Nous taillons le langage jusqu’à l’os. La onzième édition ne renfermera pas un seul mot qui puisse vieillir avant l’année 2050.
Il mordit dans son pain avec appétit, avala deux bouchées, puis continua à parler avec une sorte de pédantisme passionné. Son mince visage brun s’était animé, ses yeux avaient perdu leur expression moqueuse et étaient devenus rêveurs.
– C’est une belle chose, la destruction des mots. Naturellement, c’est dans les verbes et les adjectifs qu’il y a le plus de déchets, mais il y a des centaines de noms dont on peut aussi se débarrasser. Pas seulement les synonymes, il y a aussi les antonymes. Après tout, quelle raison d’exister y a-t-il pour un mot qui n’est que le contraire d’un autre ? Les mots portent en eux-mêmes leur contraire. Prenez « bon », par exemple. Si vous avez un mot comme « bon » quelle nécessité y a-t-il à avoir un mot comme « mauvais » ? « Inbon » fera tout aussi bien, mieux même, parce qu’il est l’opposé exact de bon, ce que n’est pas l’autre mot. Et si l’on désire un mot plus fort que « bon », quel sens y a-t-il à avoir toute une chaîne de mots vagues et inutiles comme « excellent », « splendide » et tout le reste ? « Plusbon » englobe le sens de tous ces mots, et, si l’on veut un mot encore plus fort, il y a « double-plusbon ». Naturellement, nous employons déjà ces formes, mais dans la version définitive du novlangue, il n’y aura plus rien d’autre. En résumé, la notion complète du bon et du mauvais sera couverte par six mots seulement, en réalité un seul mot. Voyez-vous, Winston, l’originalité de cela ? Naturellement, ajouta-t-il après coup, l’idée vient de Big Brother.
Au nom de Big Brother, une sorte d’ardeur froide flotta sur le visage de Winston. Syme, néanmoins, perçut immédiatement un certain manque d’enthousiasme.
– Vous n’appréciez pas réellement le novlangue, Winston, dit-il presque tristement. Même quand vous écrivez, vous pensez en ancilangue. J’ai lu quelques-uns des articles que vous écrivez parfois dans le Times. Ils sont assez bons, mais ce sont des traductions. Au fond, vous auriez préféré rester fidèle à l’ancien langage, à son imprécision et ses nuances inutiles. Vous ne saisissez pas la beauté qu’il y a dans la destruction des mots. Savez-vous que le novlangue est la seule langue dont le vocabulaire diminue chaque année ?
Winston l’ignorait, naturellement. Il sourit avec sympathie, du moins il l’espérait, car il n’osait se risquer à parler.
Syme prit une autre bouchée de pain noir, la mâcha rapidement et continua :
– Ne voyez-vous pas que le véritable but du novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? À la fin, nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée car il n’y aura plus de mots pour l’exprimer. Tous les concepts nécessaires seront exprimés chacun exactement par un seul mot dont le sens sera délimité. Toutes les significations subsidiaires seront supprimées et oubliées. Déjà, dans la onzième édition, nous ne sommes pas loin de ce résultat. Mais le processus continuera encore longtemps après que vous et moi nous serons morts. Chaque année, de moins en moins de mots, et le champ de la conscience de plus en plus restreint. Il n’y a plus, dès maintenant, c’est certain, d’excuse ou de raison au crime par la pensée. C’est simplement une question de discipline personnelle, de maîtrise de soi-même. Mais même cette discipline sera inutile en fin de compte. La Révolution sera complète quand le langage sera parfait. Le novlangue est l’angsoc et l’angsoc est le novlangue, ajouta-t-il avec une sorte de satisfaction mystique. Vous est-il jamais arrivé de penser, Winston, qu’en l’année 2050, au plus tard, il n’y aura pas un seul être humain vivant capable de comprendre une conversation comme celle que nous tenons maintenant ?
– Sauf..., commença Winston avec un accent dubitatif, mais il s’interrompit.
Il avait sur le bout de la langue les mots : « Sauf les prolétaires », mais il se maîtrisa. Il n’était pas absolument certain que cette remarque fût tout à fait orthodoxe. Syme, cependant, avait deviné ce qu’il allait dire.
– Les prolétaires ne sont pas des êtres humains, dit-il négligemment. Vers 2050, plus tôt probablement, toute connaissance de l’ancienne langue aura disparu. Toute la littérature du passé aura été détruite. Chaucer, Shakespeare, Milton, Byron n’existeront plus qu’en versions novlangue. Ils ne seront pas changés simplement en quelque chose de différent, ils seront changés en quelque chose qui sera le contraire de ce qu’ils étaient jusque-là. Même la littérature du Parti changera. Même les slogans changeront. Comment pourrait-il y avoir une devise comme « La liberté c’est l’esclavage » alors que le concept même de la liberté aura été aboli ? Le climat total de la pensée sera autre. En fait, il n’y aura pas de pensée telle que nous la comprenons maintenant. Orthodoxie signifie non-pensant, qui n’a pas besoin de pensée, l’orthodoxie, c’est l’inconscience.
« Un de ces jours, pensa soudain Winston avec une conviction certaine, Syme sera vaporisé. Il est trop intelligent. Il voit trop clairement et parle trop franchement. Le Parti n’aime pas ces individus-là. Un jour, il disparaîtra. C’est écrit sur son visage. »
George Orwell, « 1984 », première partie, chapitre V
Ce roman visionnaire date, rappelons-le, de 1948.
En prime, un film qui date, lui, seulement de 2004 ; ce qui, à notre époque de grandes transformations à toute allure, serait néanmoins déjà beaucoup s'il n'avait, lui aussi, largement conservé son actualité :
22:25 Écrit par Boreas dans Crise, Littérature, Politique, Propagande, Psychologie, Société, Stratégie | Lien permanent | Tags : george orwell, 1984, novlangue, pensée, médias, etats-unis | Facebook | | Imprimer | |
11/07/2013
Lordon progressiste, Michéa conservateur
Euh... J'ai pô tout compris !
Frédéric Lordon, très pertinent quand il se limite aux sujets économiques, vient de pondre deux petites analyses critiques de la pensée de Jean-Claude Michéa, qui ne décevront que les naïfs et confirment juste qu'en réalité, l'auteur du Complexe d'Orphée a décidément raison de distinguer la vraie gauche, à laquelle il appartient sans aucun doute, de la fausse, dernièrement épinglée, qui inclut manifestement Lordon et ses pareils, ces derniers étant pourtant en général bien plus médiocres que celui-ci.
Au plan social, Lordon se déclare clairement progressiste, là où Michéa est conservateur, ce qui déplaît grandement à nos bonnes consciences degôche, électoralement dépendantes de leur clivage artificiel d'avec une droâte tout aussi fausse que leur gôche, et inconsciemment bourgeoises (à l'appellation bobo, bourgeois bohème, je préfère bourgeois tout court, beaucoup plus signifiant en profondeur).
Mais si, dans l'analyse du progressisme, Michéa est intelligent, Lordon, ultra-conformiste (Bourdieu à la rescousse), n'est qu'un intellectuel, aux arguments aussi faux que tarabiscotés.
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30/06/2013
Communautés de l'être contre société de l'avoir
J'ai hésité un moment avant de reprendre cette vidéo trouvée sur le Scriptoblog, parce que je ne suis pas forcément d'accord avec tout ce que dit l'excellent Francis Cousin (notamment, en ce qui concerne l'efficacité des services de renseignement modernes, le terrorisme d'Etat et la puissance systémique), mais l'entretien est tellement intéressant qu'il vaut néanmoins largement d'être écouté et médité.
10:10 Écrit par Boreas dans Crise, Economie, Histoire, Identité, Philosophie, Politique, Propagande, Psychologie, Société, Stratégie | Lien permanent | Tags : francis cousin, être, avoir, capitalisme, marchandise, aliénation, karl marx, george orwell, terrorisme, diversions, mariage gay, féminisme, antifas, clément méric, communautés, argent, salariat, soumission, passivité, prolétariat, ouvriers, immigration, conflits sociaux, gauchisme, syndicats, grand remplacement, lutte des classes, europe, psa, surproduction | Facebook | | Imprimer | |
10/12/2012
« Arrogance surréaliste »
Bienveillance élitaire manifeste
« (...) En 1938, Orwell écrivait qu’il était difficile d’échapper à l’idée que "les hommes ne sont moraux que lorsqu’ils sont sans pouvoir". Ce jugement n’est pas aussi pessimiste qu’il y parait. Il prend simplement acte du fait que le pouvoir (et cela inclut évidemment celui que confère la richesse ou la célébrité) tend naturellement à enfermer ceux qui le détiennent dans un univers séparé de la réalité commune et des limites qui la définissent. C’est pourquoi l’habitude de vivre au dessus (et sur le dos) de ses semblables finit presque toujours par altérer le sens des autres et celui des réalités les plus élémentaires. De là, cette arrogance surréaliste et ce terrible manque de bon sens qui caractérisent généralement les élites modernes – c’est-à-dire celles qui ne possèdent même plus cette culture morale partagée ("noblesse oblige") qui permettaient, de temps à autre, aux anciennes aristocraties de se comporter de façon honorable. C’est un point que l’Evangile avait déjà su mettre en évidence lorsqu’il enseignait qu’il "est plus facile à un chameau de passer par le chas d’une aiguille qu’à un riche d’entrer au royaume des Cieux". Si l’on préfère une formulation plus laïque de cet axiome populiste (ou anarchiste) on se souviendra également de la magnifique formule de Camus (dans la postérité du soleil) : "Ici vit un homme libre, personne ne le sert". (...) »
Jean-Claude Michéa (merci à @alain21 pour le tuyau)
21:56 Écrit par Boreas dans Crise, Culture, Economie, Politique, Psychologie | Lien permanent | Tags : jean-claude michéa, arrogance, élites, pouvoir, george orwell, morale | Facebook | | Imprimer | |
22/04/2012
Merci à l'ARSIN
Je reproduis ici le commentaire que j'ai rédigé sur le site de l'ARSIN (Association Républicaine pour le Socialisme et l'Indépendance Nationale), à l'occasion d'un billet publié par celle-ci hier, sous forme d'un tour d'horizon de ses partenaires, dont mon blog :
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Avant tout, le clivage droite-gauche me paraît obsolète, sauf dans le cadre imposé de la comédie électorale.
S'il faut absolument se situer dans une telle distinction, revenons à une classification historique et non propagandique.
A nouveau, comme avant l'affaire Dreyfus, ceux qui se veulent « de gauche » aujourd'hui, du PS jusqu'au NPA et à LO, n'ont en réalité rien à voir avec les Rouges, avec le mouvement ouvrier historique, auquel pourtant ils ne cessent de se référer mensongèrement en parlant à tort et à travers de « travailleurs », sans jamais distinguer, notamment, travail productif et rente sociale.
Jean-Claude Michéa, en plus de décrypter cette évolution, a plus ou moins fait justice de la classification trop conformiste des droites par René Rémond.
A partir de, disons, 1791, sont schématiquement en présence les Blancs, les Bleus et les Rouges (rien à voir avec les couleurs de notre drapeau national).
Contrairement à un réflexe mental courant, dûment conditionné, les ancêtres de la droite et de la gauche actuelles et, avec elles, de l' « extrême droite » et de l' « extrême gauche », se trouvent essentiellement parmi les Bleus (petit rappel, l'Assemblée législative de 1791 et les Conventions postérieures ont été élues avec une très faible participation populaire, d'abord au suffrage censitaire puis au suffrage universel masculin, et les Blancs et les Rouges n'ont pas été représentés en leur sein, dans la mesure où la Révolution française a été d'essence bourgeoise et libérale).
La pseudo-droite des Blancs et la pseudo-gauche des Rouges, avec lesquelles on nous bassine pour effrayer les foules avec des épouvantails « fascistes » et « soviétiques » (alors que non seulement elles ne sont pas à l'origine des dictatures du XXe siècle, mais qu'elles ont par ailleurs quasiment disparu du champ politique, voire idéologique), n'ont en fait rien à voir avec la droite et la gauche, ni avec l' « extrême droite » et l' « extrême gauche » des Bleus.
15:33 Écrit par Boreas dans Crise, Economie, Histoire, Identité, Politique, Propagande, Stratégie | Lien permanent | Tags : arsin, jean-claude michéa, révolution française, clivage, classification, gauche, droite, blancs, bleus, rouges, libéraux, extrême, socialisme, solidarisme, justice sociale, ancien régime, marx, marxisme, bourgeois, libéralisme, libertaires, mouvement ouvrier, travail productif, rente sociale, michel drac, alain de benoist, europe, bloc identitaire, souveraineté, république, royalistes, bien commun, révolution, révolutionnaire, michel clouscard, jack london, george orwell, common decency, dissidence, sens, basculement, effondrement, mentalités, matérialisme, occidentalisme, système, convengences | Facebook | | Imprimer | |
25/02/2012
Les « sauvages », c'est nous
Albert Bierstadt (1830-1902) : Campement indien, tard dans l'après-midi (1862)
J'ai écrit ailleurs que libéralisme et communisme se réclament tous deux d’une « philosophie » qui, finalement, a tout d’une religion laïcisée.
Deux remarques complémentaires.
Primo, à lire les modernes sectateurs des « sciences » et de la technologie, on se rend compte qu’ils prennent vraiment leurs lointains aïeux pour des crétins.
Croient-ils vraiment que l’héliocentrisme est une découverte de la Renaissance ? Croient-ils vraiment que les Anciens l’ignoraient, vu la somme de leurs connaissances par ailleurs, et que l’Almageste soit l’oeuvre d’une espèce d’Hubert Reeves de l’Antiquité, qui n’avait d’autre priorité que l’astronomie ?
On peut se rendre compte, notamment ici, de l’ampleur de notre ignorance, concernant quantité de questions dont le scientisme à la mode prétend avoir fait le tour, alors qu’en réalité, nous sommes un peu (mais sans l’innocence requise) comme Alice rencontrant le Lapin blanc.
Pour le monde ancien (et je schématise volontairement), ce que les Grecs appelaient les Archétypes est une réalité, sur tous les continents.
On a, par exemple, une trace encore vivante de l’origine chamanique de cette perception des choses, chez les Aborigènes d’Australie et leur Alcheringa, le « Temps du Rêve », pour l’explication duquel je renvoie aux livres d’Elvezia Gazzotti, dite Lotus de Païni, « Les trois totémisations » et « La magie et le mystère de la femme », qui ont été réédités chez Arma Artis.
Ou encore, en Sibérie, en Amérique centrale avec le Nagualisme, ou même en Corse avec le Mazzérisme, etc. Lire Mircea Eliade, par exemple. Bref.
Dans ce système de perception ou de représentation, comme on voudra, système qui a fait l’objet d’une intellectualisation croissante par les peuples-phares de notre Antiquité égyptienne et européenne, à cause de l’écriture, il n’y a pas de séparation entre le visible et l’invisible, entre le sacré et le profane, entre l’homme et la nature.
Pour Aristote ou Pythagore, le polythéisme, la mythologie, les histoires et les géographies légendaires, les sacrifices et les rites, tout cela était aussi réel que l’est, pour vous et moi, l’espace cybernétique créé par ce blog. A la différence près qu’ils n’étaient pas dupes des phénomènes tangibles qui, à leurs yeux, ne remettaient aucunement en cause le monde de l’intangible, prioritaire et, en quelque sorte, plus réel que le monde phénoménal.
C’est ainsi que, si de nos jours un blog est, concrètement, une parodie, très justement dite « virtuelle », de la vraie communication, ou même de la médiation chamanique ou rituelle (parce que poster sur un blog est une parodie de rituel religieux), ce n’est que parce que, pour les besoins de la religion moderne de la technologie et du « progrès », il singe les anciennes pratiques que rien n’a réussi à remplacer.
Il vaut donc mieux, et je dirais même il est inévitable, pour les fidèles de la religion parodique moderne, de mépriser les anciennes religions, en les affublant des qualificatifs les plus méprisants tels que « ignorance », « superstition », « obscurantisme », « fanatisme »…
Qu’en savent-ils, au juste ?
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15/12/2011
Sur George Orwell
Entretien avec Olivier François, journaliste à Eléments et Le spectacle du monde, le 12 décembre 2011 sur Méridien Zéro. Je remercie @Eisbär pour le tuyau.
14:34 Écrit par Boreas dans Economie, Histoire, Littérature, Philosophie, Politique | Lien permanent | Tags : george orwell, olivier françois, socialisme, révolutionnaire, common decency | Facebook | | Imprimer | |
08/10/2011
La vraie Gauche
Un petit plus - Jean-Claude Michéa sur France Inter le 09 octobre 2011 (je remercie @alain21) :
http://www.franceinter.fr/emission-parenthese-la-gauche-a...
Jean-Claude Michéa sur France Culture, le 06 octobre 2011 :
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29/11/2010
Jean-Claude Michéa flingue le libéralisme
Jean-Claude Michéa, prof de philo (en général, je n'aime ni les profs, ni les profs de philo en particulier, dont Ladislav Klíma disait qu'on les fabrique à partir de la crotte de chien ; mais celui-là est une exception), est l'auteur de plusieurs livres, influencés par la pensée de George Orwell.
Dans l'un d'entre eux en particulier, "L'empire du moindre mal", il démontre que le libéralisme (économique, politique, peu importe, fondamentalement c'est la même chose, avec des variantes dont se servent certains "puristes" pour tenter de faire croire, ou se persuader eux-mêmes, qu'il y existerait des différences radicales - un peu comme entre sectes chrétiennes protestantes aux Etats-Unis) ; que le libéralisme, donc, est en réalité plus progressiste que le collectivisme marxiste lui-même, lequel est notamment moins enclin à la libéralisation des moeurs et donc, à la destruction définitive des structures sociales.
En effet, après la faillite de celui-ci, le libéralisme poursuit, dans la même voie matérialiste, l'achèvement du constructivisme utopique fondateur des "Lumières", ambitionnant prétendument de réaliser, sous les auspices du "Progrès", au moyen de la croissance et de la "liberté", le bonheur de l'Humanité.
En fait, un cauchemar totalitaire croissant, désormais transhumaniste, dans le cadre d'une guerre des classes au sujet de laquelle un des plus distingués parangons des élites libérales, Warren Buffett, troisième fortune mondiale, a élégamment déclaré :
"La guerre des classes existe, c’est un fait. Mais c’est la mienne, celle des riches, qui mène cette guerre et nous sommes en train de la remporter " (New York Times, 26 novembre 2006).
L'orgueil précède la chute...
En tout cas, cette toute récente interviouve nous montre ce dont Michéa est capable en moins de vingt minutes, sans notes ni stylo. Ça flingue dur. Avec un fin sourire, en plus.
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