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16/09/2014

Effondrement ?

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Je reproduis ici l'essentiel d'un commentaire que j'avais récemment destiné à l'ami @Eisbär sur Fortune, complété par un autre à l'intention de @polomnic. L'ensemble résume ma position actuelle sur la question, archi-débattue dans les milieux, plus ou moins sérieux, qui espèrent un effondrement des économies occidentales. Celui-ci devant permettre, selon certains, une sortie du consumérisme et de la modernité, destructrice de tout un tas de choses auxquelles tiennent les fossiles comme nous (identités, valeurs morales, qualité culturelle et civilisationnelle, etc.).

L'intention est bonne, même si elle vire parfois à la croyance religieuse, mais outre le fait d'idéaliser voire de fantasmer les alternatives, probablement cette vision catastrophiste prend-elle le problème à l'envers. On ne démolit pas une maison en se contentant d'enlever la toiture. Les fondations de la modernité et du consumérisme sont en nous, pas dans un système extérieur. Nous en sommes tous responsables et tous coupables, nous sommes les briques de l'édifice et la démolition ne peut se faire qu'en nous. La véritable révolution, c'est nécessairement celle-là, d'abord et toujours.


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La résilience de l’Occident à la crise « financière » (économique) repose sur la performance, partiellement financière certes, mais également et très majoritairement réelle, même si de plus en plus désindustrialisée et délocalisée, et même si le « réel » s’exprime de plus en plus de manière plus ténue, post-industrielle, à travers le secteur tertiaire et donc les services. Pour mémoire, s’agissant du secteur secondaire, les exportations de la Chine, l’usine du monde, bénéficient en réalité, pour plus de la moitié, à des multinationales occidentales à l’origine de la production.

On ne peut pas mettre cette résilience occidentale entièrement au compte de l’hégémonie du dollar, ni moins encore de la finance et de la spéculation, même si les plus-values boursières sont intégrées dans le calcul du PIB. Ce serait caricatural. En réalité, la finance et l’assurance ne représentaient que 8% du PIB des Etats-Unis en 2011.

Cette vision caricaturale de l’économie américaine explique bien des choses, quant à la représentation du monde de la « dissidence » autoproclamée…

On peut critiquer la « dématérialisation » de l’économie, mais c’est un phénomène mondial qui s’explique, tout simplement, par les progrès technologiques et la réduction exponentielle des coûts de production. Combien de temps fallait-il travailler, il y a cinquante ans, pour se payer un poste de radio (je ne parle même pas d’une télévision) ou une automobile basique (je ne parle même pas d’un vélo basique) ? Et aujourd’hui ? C’est vrai à tous les niveaux, à commencer par l’alimentation.

Or, la performance économique, quel que soit le secteur, est principalement l’apanage de l’Occident, c’était vrai hier et ça l’est encore aujourd’hui. Seuls les anti-américains primaires contestent ce fait en attribuant les déséquilibres mondiaux à la financiarisation, qui est certes une réalité mais pas un facteur sur-déterminant, comme on dirait en imitant Michel Drac.

S’il est vrai que la valeur financière attribuée, sur les marchés, aux richesses occidentales, représente probablement aux alentours de deux à trois fois leur valeur « réelle » (restant subjective), comme le disait ce même Drac il y a quelques années, il n’en est pas moins vrai, aussi, que cette « bulle » financière peut tenir quasi-indéfiniment si le principal facteur de la confiance des marchés reste la performance occidentale. Or, il n’y a pas de raison de penser sérieusement que cela risque de changer dans un proche avenir.

Pour ma part, comme Drac dont je continue à estimer les analyses jusqu’à un certain point, et aussi comme bon nombre de libéraux voire de libertariens, je croyais, il y a encore quelque temps, qu’une crise de confiance des marchés, conduisant à un effondrement économique relativement rapide, allait inéluctablement survenir dans les quelques années.

Comme lui, j’ai révisé mon opinion en observant, justement, la résilience du « système » économique et financier qui contourne indéfiniment l’obstacle théorique de l’équation dettes/confiance en empruntant non seulement la voie de la fuite en avant budgétaire (en ce qui concerne les dettes publiques) mais surtout celle de l’innovation et de la performance de l’économie réelle (même tertiarisée).

Et, comme lui, je crois désormais bien davantage à un affaiblissement, voire à un effondrement (pour des raisons essentiellement liées au « peak everything ») LENT, sur des décennies. Sans en déduire que l’Asie sera nécessairement le remplaçant de l’Occident comme moteur de l’économie mondiale.

Il y a bien d’autres facteurs à prendre en compte, que la progression du PIB chinois par exemple : notamment, les Chinois ne sont pas, historiquement et culturellement, des créateurs, des conquérants. Ce n’est pas parce qu’ils diplôment de plus en plus d’ingénieurs et déposent beaucoup de brevets, que ces ingénieurs et ces brevets représentent nécessairement une valeur économique supérieure, la qualité et l'attractivité des productions consécutives n’étant pas mesurées…

Sur la bulle des produits dérivés : la plupart des échanges concernés se réfèrent à la valeur dite notionnelle de ces contrats (c’est-à-dire, au montant qu’ils sont censés garantir) et non à leur coût pour l’assuré, ni à la réalité du risque qu’ils couvrent.

En d’autres termes, ce sont des montants totalement fictifs, car ils correspondent à l’hypothèse catastrophiste où tous les risques garantis par tous les contrats se réaliseraient simultanément ; ce qui, sauf à croire à l’apocalypse, n’a aucune chance d’arriver.

Pour ce qui est de la prise en compte de ces transactions dans le PIB, ce qui est pris en compte est, en revanche, évidemment, le coût de l’assurance et non ces montants notionnels.

Un peu comme si, brocanteur, vous vendiez 100 €, pour vous en débarrasser, après l’avoir traînée pendant trois ans, une croûte dont vous restez intimement persuadé que c’est un Picasso. Heureusement que le fisc ne vous taxe pas à hauteur de votre conviction !

Commentaires

Enormément de gens ignorent pourquoi les Etats Unis sont aussi forts.

Pour faire simple, l'atout principal des Etats Unis est la géographie:

"The American geography is an impressive one. The Greater Mississippi Basin together with the Intracoastal Waterway has more kilometers of navigable internal waterways than the rest of the world combined. The American Midwest is both overlaid by this waterway and is the world's largest contiguous piece of farmland. The U.S. Atlantic Coast possesses more major ports than the rest of the Western Hemisphere combined. Two vast oceans insulated the United States from Asian and European powers, deserts separate the United States from Mexico to the south, while lakes and forests separate the population centers in Canada from those in the United States. The United States has capital, food surpluses and physical insulation in excess of every other country in the world by an exceedingly large margin. So like the Turks, the Americans are not important because of who they are, but because of where they live."

http://www.stratfor.com/analysis/geopolitics-united-states-part-1-inevitable-empire

A mettre en comparaison avec la géographie de l'Europe, de la Russie, de la Chine (qui, je crois, n'a même pas accès libre à l'océan pacifique MDR), de l'Inde.

Il n'y a absolument pas photo...

Écrit par : Omen | 16/09/2014

C'est marrant je suis venu sur votre blog afin de lire un billet intéressant concernant Proudhon flinguant Rousseau. Je lis beaucoup depuis cet été et j'ai de moins en moins envie de m'investir sur le net, ça devient lassant. Bref !

Votre réponse est tout à fait intéressante Boréas. Mais il doit y avoir un malentendu sur ce que je pense des Etats-Unis et de l'effondrement économique global.

Tout d'abord je n'espère pas un effondrement de l'occident. Je constate que les dérives de son choix paradigmatique, choix fondé sur un économisme capitalistique à idéologie libéral, provoque des dérèglements planétaires dont la capacité de nuisance est la plus forte parce que sa vitalité est la plus forte. Que ce soit en matière d'aberrations monétaires comme d'empreinte écologique je crois que c'est un fait qu'il n'est plus besoin de prouver.

Concernant ceci : " Les fondations de la modernité et du consumérisme sont en nous."

Je n'ai hélas pas les liens sous la main (et ça me fait un peu suer de chercher, il est tard, je suis fatigué, bref...) mais j'ai maintes fois publié des commentaires qui allaient dans le sens de cette assertion. Je ne cesse de répéter que la force du capitalisme c'est sa capacité à créer un consensus absolu, une adhésion de tous et même une adhésion quasiment imperceptible aux sens de celui qui adhère. Je crois que vous savez que j'apprécie Clouscard dont le travail est édifiant sur la question du capitalisme de la séduction.

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" Comme lui, j’ai révisé mon opinion en observant, justement, la résilience du « système » économique et financier qui contourne indéfiniment l’obstacle théorique de l’équation dettes/confiance en empruntant non seulement la voie de la fuite en avant budgétaire (en ce qui concerne les dettes publiques) mais surtout celle de l’innovation et de la performance de l’économie réelle (même tertiarisée).

Sur ce point j'ai moi-même fait évolué mon point de vue et mon évolution converge avec la vôtre. C'est le seul point où j'ai effectivement un peu pris mes fantasmes pour des réalités à un moment donné. La finance de marché s'est non seulement totalement dématérialisée mais elle s'est totalement refermée sur elle-même. Elle est autiste. Et comme effectivement elle ne fonctionne plus que selon les schèmes de sa seule confiance auto réalisatrice, ça peut durer encore longtemps.

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Et, comme lui, je crois désormais bien davantage à un affaiblissement, voire à un effondrement (pour des raisons essentiellement liées au « peak everything ») LENT, sur des décennies. Sans en déduire que l’Asie sera nécessairement le remplaçant de l’Occident comme moteur de l’économie mondiale."

Je crois que vous connaissez mon point de vue sur tout ce qui se rapporte à cette épineuse question et mon attachement à remettre au centre du débat économique la question centrale que sont les ressources naturelles. Je ne peux donc qu'être d'accord avec vous puisque c'est mon cheval de bataille.

Sur la durée de l'entropie systémique là aussi aucun désaccord. J'espère que vous vous souvenez que j'ai toujours brocardé ceux qui ont une vision hollywoodienne style "Le jour d'après" de Roland Emmerich de "l'effondrement" économique. Je suis braudélien donc adepte du temps long. Cet été j'ai lu le rapport Meadows édition mise à jour. C'est une lecture très intéressante que je vous conseille.

Pour conclure je crois me souvenir que votre réponse suivait un long commentaire de ma part où je m'en prenais à ceux qui pommadent de trop les américains dans notre mouvance. Et là, c'est humain, je ne peux pas me refaire. Tout ce qui est anglais ou américain ça dépasse la limite du rationnel, c'est dans le sang, mon sang d'européen continental un quart français, un quart allemand, un quart flamand, un quart hélvète : JE NE PEUX PAS LES BLAIRER ! On a tous nos faiblesses vous savez. Mais cet imaginaire d'enfants égoïstes que cultivent les américains ça ne colle pas avec mon être profond. C'est comme ça. Et je ne vous parle même pas des anglais ; les France Angleterre de rugby chez mon père lors du tournois c'est très sport, cette année je suis même monté sur ma table de joie lors de l'essai français victorieux.

Voilà voilà Boréas :-D

Bon il est tard et j'aimerais pouvoir avancer dans mon bouquin de Jung avant de m'endormir et mes chats m'attendent.

Bien à vous.

Écrit par : Eisbär | 16/09/2014

Nous n'avons pas en commun que l'amour des chats et du rugby. ;-)

Concernant l'Amérique et les Américains, je ne suis pas "anti" primaire parce qu'il y a de nombreuses choses qui me plaisent : certaines mentalités, certains écrivains, certaines musiques, certains films, notamment beaucoup de vieux westerns (voire des moins vieux - je n'aime pas les versions "spaghetti")... Ce n'est pas simplement une projection de l'Angleterre, mais de l'Europe toute entière - même si édifiée contre l'Europe, d'un certain point de vue. Et puis, quel immense et beau pays ! Bref, si je considère les Anglais comme des ennemis, en tant qu'entité géographique et politique (culturellement, comment se passer des grands auteurs anglais ?), les Américains ce sont juste, à mes yeux, des adversaires. Et si on les critique, on doit critiquer aussi les Européens, souvent plus américanisés que les Américains eux-mêmes... On pourrait en parler longtemps, le sujet est inépuisable mais pour moi, "l'ennemi américain" façon Nouvelle Droite années 1980, pas d'accord.

Écrit par : Boreas | 16/09/2014

Eisbär; globalement d'accord, sauf sur un point:

"La finance de marché s'est non seulement totalement dématérialisée mais elle s'est totalement refermée sur elle-même. Elle est autiste. Et comme effectivement elle ne fonctionne plus que selon les schèmes de sa seule confiance auto réalisatrice, ça peut durer encore longtemps."

La financiarisation se répand, même dans des secteurs qui n'ont rien à voir, dont le mien. Je me souviens de mon grand père qui achetait les produits que je vends aujourd'hui pour une bouchée de pain. Disons des produits "alimentaires" mais pas de 1ère nécessité, du luxe quoi.

Il y a quelques années, c'était un boulot de passionné, d'artisan. Aujourd'hui, c'est devenu une activité de trading, on a même un indice, une place de marché, des brokers, des produits dérivés, des contrats à terme, des traites, bref, tout ce qui fait rêver.

Ça a commencé il y a bien 8 ans maintenant, moment où l'un des plus gros acteurs de la filière, qui disposait d'un stock monstrueux à même de complètement tuer le marché, fut en banqueroute. Je ne vais pas me répandre sur ce qui a provoqué sa chute, toujours est-il que les banques ont fermé les robinets. Cela aurait pu tous nous faire couler, pensez-vous?

Ben non, toute la filière s'est transformée en un cartel qui a racheté son stock à prix bien défini pour amortir la casse au niveau des marchés et maintenir les prix au plus haut. Les banques nous ont même prêté du pognon à nous alors qu'elles avaient provoqué la mort du pachyderme!! Car on leur offrait un rendement plus intéressant, en mutualisant les risques elles étaient sûres de leur coup. En 6 mois l'argent était remboursé. Mieux encore, au travers de la valorisation des stocks et du maintien des prix, on a fait péter la baraque question valeur de société, donc effet de levier, on pouvait emprunter plus pour moins cher...

Enfin bref, c'est magique quoi! D'une cata éventuelle, ce fut la folie, alors même que la demande réelle n'évoluait pas.

Mais alors, à partir de 2008, là ce fut Las Vegas. Les investisseurs n'avaient plus confiance envers la bourse et avaient un paquet de pognon à investir, notre indice offre un rendement à 2 chiffres, ils en chialaient de joie les types.

Puis en 2010, ce fut la folie asiatique, les types achetaient des merdes à prix d'or par cargos entiers, ce fut l'âge d'or, alors qu'auparavant le litre s'échangeait à 20 FF, je dis bien francs, on arrivait à le vendre 600€... Gavage. Et puis la bulle s'est dégonflée, y a eu beaucoup d'affaires de contrefaçons, mais on avait senti le coup venir, ceux qui sont restés sur la paille, ce furent les petits.

Tout ça pour dire que la finance, elle doit constamment se réinventer pour garder le même rendement. Explorer de nouveaux domaines.

Ça va pas se casser la gueule, on peut retirer une carte du château, il restera debout. On se serre les coudes, c'est dans notre intérêt. On est en place, et le gâteau est assez gros pour en vivre confortablement pour qui sait se lever le matin.

Écrit par : tarkan | 17/09/2014

Qu'en est-il de la donne ethnique? Nos pays sont entrain de se dissoudre de l'intérieur. C'est cela qui m'inquiète le plus. Tout le reste n'est que conjoncture. Je pense que beaucoup espèrent aussi l'effondrement pour nous donner une opportunité de rebattre les cartes et stopper la catastrophe irréversible entrain de se former.

Écrit par : Huscarl | 16/09/2014

Je l'ai espéré aussi, donc je ne vais pas dire le contraire !

Pour ce qui est du Grand Remplacement, j'en ai souvent parlé sur ce blog et je n'ai pas changé d'avis.

Un ami me disait hier que l'image de la grenouille baignant dans l'eau chaude portée progressivement ou brutalement à ébullition, etc. (dans le premier cas, la grenouille s'endort puis meurt, dans le second elle saute hors de la casserole) était scientifiquement fausse : la grenouille sort TOUJOURS de l'eau.

Donc, ce n'est pas parce qu'il n'y aura pas d'effondrement brutal que c'est foutu. Tous les sondages prouvent que les Français sont, en gros, conscients de la situation. Il faudra bien que l'offre politique évolue en ce sens, ou les politiciens perdront leurs places, au bénéfice d'autres plus réalistes et courageux.

Écrit par : Boreas | 16/09/2014

J'espère que vous avez raison. Mais j'ai peur qu'à cause du problème du "frigo plein", la grenouille risque de se réveiller trop tard.
Ceux qui contrôlent les médias peuvent canaliser l'opinion vers des hommes à leurs ordres qui enfument tout le monde avec leurs discours, à l'image de Sarkozy 2007 dont beaucoup de sympathisants UMP espèrent le retour pour "remettre de l'ordre". On est dans un bras de fer où il faut enfumer le peuple le plus longtemps possible jusqu'au point de non retour.

Vous pensez vraiment qu'on aura l'émergence et l'accession au pouvoir de politiques "réalistes et courageux" de manière tout à fait tranquille sans que ces gens là ne soient écartés avant, ou simplement rendus inaudibles?

Écrit par : Huscarl | 17/09/2014

Franchement, je n'en sais foutrement rien, même si je ne crois pas à un complot pour nous détruire.

Je suis comme vous, je sais juste, en tout cas grosso modo, ce qu'il faudrait faire pour en sortir.

J'avais proposé une solution populiste révolutionnaire, qui ne fonctionne pas actuellement parce que 1/ les gens ne s'engagent pas, sauf au BI plus ou moins et 2/ le confort de la population est encore trop grand :

http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2011/10/29/vive-le-populisme-revolutionnaire.html

Néanmoins, il me semble toujours que la montée du mécontentement passe par le rôle de "Kerensky" du FN et de MLP, qui pensent, comme Sartre, qu' "il ne faut pas désespérer Billancourt" et donc, mentent à leurs électeurs et proposent de fausses solutions.

Si ces tartuffes arrivaient plus ou moins au pouvoir, ils pourraient bien tellement désespérer Billancourt, mais pour de bon, par leur inefficacité et leur inutilité, que la radicalisation politique arriverait derrière, sous forme d'alternative plus ou moins constituée - on s'en fout, finalement -, pour foutre le feu à toute la baraque sous forme de Maïdan à la française. Idem, dans d'autres pays d'Europe.

Si ça ne se passe pas comme ça, eh bien de toute façon la communautarisation du pays est déjà en marche ("white flight" vers les campagnes, Juppé et alii qui se déclarent contre l'assimilation des immigrés, système à l'anglo-saxonne), MAIS, ça ne peut pas fonctionner parce que c'est impossible à financer durablement.

Donc, là encore, retour à l'inéluctable : quelle que soit la classe politique (partitocratique) au pouvoir, comment pourront-ils faire pour garder leurs places et leurs avantages ? A un moment donné, soit vous donnez aux gens ce qu'ils veulent, soit vous giclez et vous êtes remplacé...

Je n'ai pas de boule de cristal. Je ne peux simplement pas croire qu'un peuple comme les Français puisse disparaître de la surface de la Terre, même par submersion migratoire, sans réagir un jour de façon à se débarrasser de ses problèmes.

Si ça devait quand même arriver, eh bien au moins j'aurai essayé de faire ma part du boulot pour l'éviter. De toute façon, notre destin est entre les mains de puissances supérieures à nos petites personnes faillibles et mortelles...

Écrit par : Boreas | 17/09/2014

Même s'il n'y a pas de complot pour nous détruire, je trouve que tout est mis en place comme si c'était le but. Peut-être que certains rêvent d'un monde à la 1984 avec 85% de "prolétaires" (chez nous des afro-métis) oisifs, violents et plus ou moins libres et 15% d'actifs hyper contrôlés. Ou même simplement favoriser l'invasion sous la pression des bétonneurs et autres industriels cherchant des consommateurs. Cela reviendrait tout aussi bien à la mort de notre peuple. Même si ce n'est pas forcément le but premier, la conséquence est bien là, et rien n'est fait pour freiner le mouvement, bien au contraire.

Même sans effondrement radical, il faudra une récession sévère pour réveiller la grenouille avant que l'on mette le couvercle sur la casserole.

Il est vrai qu'il existe un mouvement de fond, un réveil de la conscience, pour l'instant très lent et ne passant pas massivement les digues de la pensée. Le FN pourrait effectivement jouer ce rôle de brisement de ces digues, mais pour l'instant il existe encore beaucoup trop de traîtres prêts à nous vendre pour le seul prix de leur bonne conscience.

Écrit par : Huscarl | 18/09/2014

tarkan

Ce que je voulais signifier en écrivant que la finance de marché est autiste c'est qu'elle ne se préoccupe plus que de ses logiques internes, elle n'a que faire de ce qui l'entoure. Ce qui lui permet d'ailleurs de se propager et d'être partout. Mais ça c'est du à ce que j'appelle le consensus.

Si aujourd'hui la finance est omniprésente c'est uniquement parce que le capitalisme bénéficie de l'apport en crédibilité des trente glorieuses ce qui a instillé dans la tête du plus grand nombre l'idée d'un capitalisme à visage humain, partageur, généreux ; ce qui n'est en réalité pas le cas. De fait c'est ce qu'il a été durant la période parce qu'il en avait besoin suite à la grande crise capitalistique de 1914-1945.

Or le capitalisme n'a pas pour vocation de partager. Sa vocation c'est l'argent, l'argent à l'état brut, l'argent par l'argent. Sa vocation c'est l'augmentation exponentielle de la rente du Capital cristallisée sur les plus gros détenteurs de capitaux par exemple au détriment des revenus du travail ou par l'intermédiaire de bulles spéculatives etc...

Ce qui se passe actuellement est davantage une mutation du capitalisme qui passe du capitalisme carotte des 30 glorieuses au capitalisme bâton (qui est son vrai visage) qu'un effondrement à proprement parler. Ce que votre exemple personnel souligne assez bien. Ce que vous signifiez finalement assez bien quand vous écrivez ceci : " Tout ça pour dire que la finance, elle doit constamment se réinventer pour garder le même rendement. Explorer de nouveaux domaines."

Écrit par : Eisbär | 17/09/2014

Effectivement, la finance ne se préoccupe que des logiques internes en ce sens que, elle prend en otage tout ce qu'elle touche. Je suis d'accord.

Écrit par : tarkan | 17/09/2014

Bonsoir,

Ici aussi c'est ce que je finis par penser, le modèle qui s'impose, nous le qualifions "d'autoritarisme libéral" mais cette expression pourrait sembler maladroite et problématique.

Cette théorie est gênante car dans l’inconscient collectif de notre "famille politique", le libéralisme entre en conflit avec l'Etat. Or si nous suivons un peu la pensée libérale, l'Etat n'est justifié que dans ses fonctions régaliennes: Armée, Police et Justice. Le tournant actuel montre parfaitement l'utilisation de ses trois institutions dans le seul intérêt de l'accumulation du Capital, alors que dans le même temps, l'Etat-providence s'effondre.

L'Etat-providence n'a eu comme fonction historique que de permettre la création d'une classe moyenne nécessaire à la pérennité du capitalisme. Avec la globalisation, la classe moyenne est devenue mondiale et l'Etat-providence n'est plus une nécessite, 10% des indiens ou des chinois remplacent presque numériquement toute la classe moyenne européenne. Mais pour permettre au capitalisme de muter, il y a deux stratégies: la dilution à base d'américanisation, de fragmentation et d'atomisation du corps social, d'immigration, de métissage, etc... et la force pour tous ceux qui demeurent insensibles à cette politique.

C'est par exemple le même président qui positionne à la fois Najat Valaud-Belkacem et Emmanuel Macron et qui réprime toute forme de rébellion (LMPT, Bonnets rouges, etc...).

L'autoritarisme s’accommode donc autant de la facette économique du libéralisme que de sa facette sociétale. C'est à coup de matraque qu'on détruira la classe moyenne et qu'on obligera les gamins à tripoter leur zizi en classe dès 5 ans.

Écrit par : JB | 21/09/2014

Boréas

Quand je critique les Etats-Unis ou les américains (de même pour les anglais) je ne critique pas l'embryon de culture qui peut exister en amérique (Thoreau, Whitman par exemple) ou la culture anglaise (Orwell, Chesterton par exemple). Je critique l'éthique globale, la conscience globale qui unit l'entité Américaine ou Britannique en tant que peuple et que nation ayant fait l'histoire.

Les américains ont un imaginaire collectif d'enfant égoïste. Il existe une profonde immaturité chez ces gens. Mais une immaturité exigeante, capricieuse. Trois séjours outre atlantique m'en ont donné, jadis, des aperçus à la fois saisissants et pitoyables. Rien à voir avec la conscience européenne classique (plus guère en vigueur en Europe aujourd'hui il est vrai hélas) gréco-latine. Quant aux élites américaines nous trouvons soit des illuminés puritains protestants à l'arrogance démesurée soit des droit de l'hommistes totalement immatures. Quelle pitié quand on connaît la grande sagesse qui prévalait chez les natifs de l'Amérique du nord que furent les amérindiens.

Concernant les anglais je vous renvoie à Friedrich, c'est lui qui en parle le mieux.

Les deux peuples, anglais et américains, sont voués à cette soif de l'argent quasi compulsive qui a détruit chez eux toute participation à une forme de grandeur créatrice authentique et qu'ils ont inoculé tel un virus dans l'esprit des peuples du monde entier.

C'est finalement cela que je leur reproche le plus, cette faculté désinvolte à se concevoir comme des centres tout en prétendant le contraire le tout sous l'étiquette d'un libéralisme qui n'est que le cache sexe de leur anthropocentrisme prédateur.

Bien évidemment je suis tout à fait d'accord sur le blâme que vous jetez sur les européens qui se sont américanisés à outrance. C'est une authentique trahison culturelle.

En définitive mon point de vue concernant les anglo-américains est équivalent à celui que j'éprouve pour les russes finalement. Ce sont des peuples mus par un esprit non européen avec lesquels, si les européens étaient fiers d'eux-mêmes et forts, nous pourrions éventuellement travailler, tisser des liens, échanger voir nouer des partenariats mais en aucun cas fusionner et encore moins s'assujettir.

Écrit par : Eisbär | 17/09/2014

Huscarl

Qu'en est-il de la donne ethnique?

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Elle est omniprésente. De plus en plus d'ailleurs. Mais comme Boréas vous l'a répondu la France est encore un pays trop privilégié pour susciter des réactions collectives efficaces.

Quelles que soient la donne et la nature des problématiques nous mangeons tous encore trop bien ! Et je m'inclus pour souligner que je constate un fait sans vouloir donner de leçons.

En outre nous vivons dans une société où triomphe une idéologie qui se nomme libéralisme. Le libéralisme c'est la défense par le droit de la liberté individuelle. Par conséquent c'est la promotion légal de l'individualisme donc de l'isolement.

Or on ne règle pas des pbs de société comme les pbs économiques ou ethniques ou environnementaux de manière isolée. Il faut être capable de s'unir voir de se sacrifier pour ça et les évolutions anthropologiques que le libéralisme a "inputer" (anglicisme maladroit mais bon) dans les consciences de chacun nous rend de moins en moins capable d'envisager le collectif contrairement aux ukrainiens semble-t-il par exemple. :-)

La critique du libéralisme philosophique et de ses conséquences sur notre peuple en tant que peuple est une question que les jeunes générations doivent impérativement se poser.

Par ailleurs je pense que la France est naturellement fragile sur la question ethnique puisque ce n'est historiquement pas ce qui fonde son unité politique. Par sa nature non ethnique la France n'est liée que par des considérations administratives, théoriques, étatiques et non charnelle.

Que ce soit sous l'Ancien Régime où la citoyenneté s'acquière par allégeance au roi de France, c'est à dire l'Etat ; ou sous la République où c'est le pacte de citoyenneté républicain indexé sur la charte des droits de l'homme et du citoyen qui stipule que parce que tous les hommes sont égaux tous peuvent être français (en substance) : à aucun moment les considérations ethniques ne rentre en ligne de compte pour être français.

Pour réactiver la notion ethnique nécessaire à nous protéger de l'envahissement il me semble impératif de remettre en avant les cultures identitaires régionales en plus de l'attachement à l'Etat français.

Bien que n'étant pas identitaire j'ai suffisamment d'ouverture d'esprit pour comprendre qu'il serait moins facile aux envahisseurs de pénétrer des entités culturellement fortes et denses qu'un espace nationale où la valeur ethnique compte pour rien.

Mais tout cela c'est de la rhétorique. Gageons que de toute façon la colère qui gronde concernant le Grand Remplacement est déjà un terreau fertile propice à nourrir les fleurs de l'imprévisibilité historique à venir et de la grande capacité à surprendre qui existe aux seins des peuples européens.

Écrit par : Eisbär | 17/09/2014

Eisbär,

Puissiez-vous aussi avoir raison.

C'est peut-être cette fragilité qui a permis au Grand Remplacement d'avancer aussi rapidement. Espérons que le choc nous réveillera et nous permettra de nous en sortir et montrera la voie à nos frères européens.

Écrit par : Huscarl | 18/09/2014

En vous remerciant de lancer ce sujet crucial, je me permets quelques commentaires:


Sur le futur de la Chine.
Depuis 35 ans elle est engagée dans un projet de croissance bien défini, qui inévitablement comporte un pan hégémonique (et pas qu’à ses frontières). Sa stratégie consiste à avancer par petits pas, évitant ainsi une réaction hostile évidente. Mais les achats massifs de terres et les investissements en Afrique et en Amérique Latine finiront, dans un monde de carence, par provoquer l’ire des autres puissances. Pour cela la Chine s’arme, et pas seulement défensivement. Puis elle possède d’importantes réserves de dollars, avec lesquelles elle peut acheter à la pelle des actifs occidentaux au rabais, faire du chantage en menaçant de cesser l’achat de bons du trésor, voire même faire chuter le dollar. De plus, elle multiplie les accords commerciaux bilatéraux pour se passer du dollar, et enfin elle se constitue une respectable réserve d’or. Bref, la recette parfaite pour attaquer seule le statut de monnaie de référence du dollar, sans même chercher à monter un panier avec l’Euro et d’autres monnaies des BRICS.
Mais il est également certain que la Chine est menacée par le vieillissement de sa population, que la tension avec l’Inde voisine ne fera que croîitre avec les années, et que ce modèle schizophrène de développement basé sur le pire de l’occident – la surconsommation pour flatter socialement l’individu - dans une société fondamentalement confucéenne, finira par générer des problèmes sociaux.


Sur l’évolution de l’économie.
Je suis infatigablement étonné de l’approche par pays qui est faite de l’économie. Il n’y a pas de CAC40 Cocorico, les revenus de ses entreprises viennent essentiellement de l’étranger et elles sont peu liées à la France (sans même parler des schémas fiscaux). Par expérience, je constate d’ailleurs que plus une entreprise est compétitive, moins elle est regardante sur les passeports de ses employés: seule l’accumulation de brillants cerveaux compte. Et que la chute du système soit brutale ou lente (je partage aussi l’idée d’un glissement progressif), son impact est à évaluer sur les groupes de population plus que sur les nations. Une élite globale préparée, intelligente, riche et surinformée saura continuer à monter sans risque. On ne parle ni de yachts ni de voitures de luxe, mais d’une santé par les biotechnologies qui approchera de l’immortalité, du contrôle mental et physique d’une société complètement informatisée, du pilotage de la « robolution » qui renverra dans une relative misère ces millions d’humains analphabètes de la langue globale, c’est-à-dire sans accès aux réseaux de décideurs, sans maîtrise de l’anglais et de l’informatique, sans connaissance des codes sociaux des multinationales.

Avant d’en arriver là, les classes moyennes et pauvres des émergents, motivées comme jamais par la réelle amélioration de leur quotidien, continueront à travailler dur pour un futur dessiné par les réclames des multinationales, jusqu’à ce que le modèle de valeur universel américain ne puisse plus masquer ses fêlures. C’est ce qui se produira quand les classes moyennes occidentales appauvries, oisives et désabusées, feront d’une voie alternative imposée une nouvelle mode : décroissance, tissu économique local, marché noir, troc, récupération, écologie, cuisine à la maison, recyclage, bricolage, solidarité familiale deviendront tendance. Le discours souvent simpliste des « dissidents » va déjà dans ce sens : sous la bénédiction d’élites globales, le Français oublié de Christophe Guilluy interprètera avec orgueil la débâcle de sa classe moyenne comme un salvateur retour aux sources.


Sur l’âme qui gémit.
Ce qui est fort triste dans tout cela – et je rejoins Eisbär – c’est que le modèle gagnant est celui de la performance chiffrée, de la « bottom line », du « self quantified » (depuis les smartphones jusqu’à l’internet des objets et le « big data »), de la robotisation. L’anglais (courant, pas littéraire) est brutalement logique, prêt à l’usage pour structurer, segmenter, optimiser, et en phase avec des valeurs d’efficacité numérique (« ce qui ne peut se mesurer ne peut s’améliorer »). En face, car il y a bien une opposition, les langues latines semblant lourdes, hirsutes, trop colorées. Le Génie Français, unique, articulé par une langue riche, qui lie l’art et l’artisanat, la science et la foi, qui a dessiné son pays en paysages, en musiques, architectures, cuisines, poésies, et ce en se renouvelant pendant des siècles, n’est plus compétitif. Il a été sonné, est tombé, puis s’est asséché. Il n’y a plus d’idée française, de courant artistique, politique ou entrepreneurial. (C’est un G.W. Bush moqueur qui avait dit qu’en Français il n'existe pas de mot pour 'entrepreneur').
Ce phare éteint, les élites françaises fuient la France, les futures élites étrangères ne la considèrent plus pour s’y former. La francophonie dont on se gargarise espère son salut d’une jeunesse africaine on ne peut plus éloignée de cet esprit français. Pire, les Français sont paralysés et incapables de faire renaître cet esprit, hantés qu’ils sont par la gloire passée qu’ils sentent encore, et tétanisés parce que l’Etat, cœur de la France depuis Louis XIV, a explosé devant l’énergie et la logique de ce nouveau monde, et s’avère incapable de définir un autre cap, laissant ses sujets orphelins, nus et perdus.

Écrit par : Roberto | 18/09/2014

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