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13/02/2012

« Syrie : les troubles orchestrés depuis l'étranger »

AVANT

 

APRES

(le « Nouveau Moyen-Orient » selon Ralph Peters)

 

« La contestation populaire qui se poursuit en Syrie depuis mars dernier est orchestrée par des forces extérieures au pays, a déclaré dimanche à Damas le primat de l'Eglise syriaque orthodoxe d'Antioche, Ignace Zakka Ier Eiwas.

"Ces troubles sont fomentés et organisés par des forces extérieures et non par les membres de la société syrienne", a annoncé le patriarche lors d'une rencontre avec un groupe d'experts russes en visite en Syrie.

Lors de l'entretien qui s'est déroulée dans sa résidence, le patriarche a notamment exclu toute possibilité d'une répression à l'encontre des Chrétiens syriens.

"Les Chrétiens en Syrie restent en sécurité, contrairement à ce qui a lieu en Egypte ou en Irak", a-t-il souligné. (...) »

Source

Comme d'habitude, comme en Irak, comme en Iran, les petits génies de la stratégie occidentale désinforment, utilisent leurs copains turcs et du Golfe, soutiennent les barbus sunnites contre le parti Baas et les chiites.

Pourquoi ? Toutes les réponses se trouvent, notamment, dans Le grand échiquier de Zbigniew Brzezinski, dans la carte du « Nouveau Moyen-Orient » de Ralph Peters et tout a été officiellement annoncé par l'administration Bush.

Il n'y a aucune mystérieuse continuité d'un fantasmagorique complot mondial là-dessous, pas la peine que certains idiots utiles reviennent à des pseudo-photos de Brzezinski avec Ben Laden en Afghanistan pour accréditer des thèses aussi fumeuses : tout est tout simplement écrit noir sur blanc.

Eh oui, les salopards ne s'en cachent pas.

Pour autant, leurs manipulations réussiront-elles ?

On peut en douter :

« Si l’on peut constater évidemment dans l’acte du bloc BAO [bloc américaniste occidentaliste] une duplicité complète et générale, on pourrait alors attendre de cette duplicité qu’elle ne soit pas dépourvue de mémoire et d’intelligence, et qu’elle tire des enseignements des opérations passées pour rendre les opérations présentes plus efficaces. Admettons la duplicité, certes, comme une fatalité de la soi-disant realpolitik dont les experts font leurs choux maigres, mais espérons qu’elle ne soit pas complètement stupide jusqu’à répéter sans cesse les mêmes erreurs. Ce n’est pas le cas. Notre duplicité, en plus d’être ce qu’elle est, est d’une stupidité qui semble n’avoir pas de bornes, sans doute quelque chose comme "au-delà de la stupidité", jusqu’à répéter mécaniquement les mêmes machinations entraînant mécaniquement les mêmes erreurs, débouchant mécaniquement sur les mêmes catastrophes, – et catastrophes pour elle-même (notre duplicité), pour ses propres plans. (La souffrance des gens, inutile et cruelle bien entendu, parsème le long chemin de cette stupidité catastrophique.) »

Philippe Grasset

16/12/2011

« Les banquiers sont les dictateurs de l’Occident »

Infâmes gauchistes molestant des défenseurs de la loi et de l'ordre

 

Traduction d'un article de Robert Fisk paru le 10 décembre 2011 dans le journal anglais The Independent, dont il est le correspondant à Beyrouth :

« Écrivant depuis la région même qui produit plus de clichés, au mètre carré, que n’importe quelle autre "histoire" - le Moyen-Orient -, je devrais peut-être marquer une pause avant de dire que je n’ai jamais lu autant de conneries, autant de radotage absolu, que je ne l'ai fait sur la crise financière mondiale.

Mais je ne vais pas me retenir. Il me semble que l’information sur l’effondrement du capitalisme a atteint un nouveau périgée que même le Moyen-Orient ne peut dépasser, pour ce qui est de l'obéissance pure aux mêmes institutions et "experts" de Harvard qui ont aidé à provoquer toute cette catastrophe criminelle.

Commençons avec le "Printemps arabe" - en soi, une déformation verbale grotesque du grand réveil arabo-musulman qui agite le Moyen-Orient - et les parallèles tocards avec les protestations sociales dans les capitales occidentales. Nous avons été submergés de rapports sur la façon dont les pauvres ou les défavorisés de l'Occident ont "pris une feuille" du livre du "printemps arabe", dont les manifestants, en Amérique, au Canada, en Grande-Bretagne, en Espagne et en Grèce ont été "inspirés" par les énormes manifestations qui ont fait tomber les régimes égyptien, tunisien et - jusqu'à un certain point - libyen. Mais ce sont des bêtises.

La véritable comparaison, inutile de le dire, a été éludée par les journalistes occidentaux, si prompts à vanter les rébellions anti-dictateurs des Arabes, si soucieux d'ignorer les protestations contre les gouvernements occidentaux "démocratiques", si prêts à tout pour dénigrer ces manifestations, pour suggérer qu'elles ne font simplement que copier la dernière mode dans le monde arabe. La vérité est quelque peu différente. Ce qui a conduit les Arabes, par dizaines de milliers puis par millions, dans les rues des capitales du Moyen-Orient, était une demande de dignité et un refus d'accepter que les dictateurs locaux sous domination familiale, possèdent leurs pays. Les Moubarak et les Ben Ali et les Kadhafi et les rois et émirs du Golfe (et de Jordanie) et les Assad ont tous cru qu'ils avaient des droits de propriété sur leurs nations entières. L'Egypte appartenait à Moubarak Inc., la Tunisie à Ben Ali Inc. (et à la famille Traboulsi), la Libye à Kadhafi Inc. Et ainsi de suite. Les martyrs arabes contre la dictature sont morts pour prouver que leurs pays appartenaient à leur propre peuple.

Et c'est cela, le véritable parallèle avec l'Occident. Les mouvements de protestation sont en effet dirigés contre le Big Business - une cause parfaitement justifiée - et contre les "gouvernements". Ce qu'ils ont réellement deviné, cependant, quoique un peu tard, c'est qu'ils ont investi depuis des décennies dans une démocratie frauduleuse : ils ont consciencieusement voté pour des partis politiques - qui ont ensuite remis leur mandat démocratique et le pouvoir du peuple aux banques et aux traders de produits dérivés et aux agences de notation, tous trois soutenus par la coterie négligée et malhonnête des "experts" des universités les plus cotées d'Amérique et des "think tanks", qui maintiennent la fiction que c'est une crise de la mondialisation plutôt qu'une arnaque financière massive imposée aux électeurs.

Les banques et les agences de notation sont devenues les dictateurs de l'Occident. Comme les Moubarak et Ben Ali, les banques croyaient - et croient encore - qu'elles sont propriétaires de leurs pays. Les élections qui leur donnent le pouvoir sont - à travers le manque de cran et la collusion des gouvernements - devenues aussi fausses que les scrutins derrière lesquels les Arabes ont été forcés de s'aligner décennie après décennie pour consacrer leurs propres propriétaires nationaux. Goldman Sachs et la Royal Bank of Scotland sont devenus les Moubarak et Ben Ali des États-Unis et du Royaume-Uni, chacune engloutissant la richesse du peuple dans des récompenses factices et des bonus pour leurs patrons vicieux, à une échelle infiniment plus rapace que leurs cupides dictateurs-frères arabes ne pouvaient l'imaginer.

Je n'ai pas eu besoin d'Inside Job de Charles Ferguson sur BBC2 cette semaine - bien qu'il y ait aidé - pour m'apprendre que les agences de notation et les banques américaines sont interchangeables, que leur personnel passe sans heurt d'agence à banque et à gouvernement américain. Les gars des notations (presque toujours des gars, bien sûr) qui avaient noté AAA les subprimes et dérivés en Amérique sont maintenant - via leur influence toxique sur les marchés - en train de planter leur griffes dans les peuples d'Europe en menaçant d'abaisser ou de retirer les mêmes notes à des pays européens qu'ils avaient abreuvés d'éloges sur des criminels avant le krach financier aux Etats-Unis. Je crois que l'euphémisme tend à dominer les débats. Mais, pardonnez-moi, qui sont ces créatures dont les agences de notation effraient désormais davantage les Français que Rommel en 1940 ?

Pourquoi mes copains journalistes à Wall Street ne me le disent-ils pas ? Comment se fait-il que la BBC et CNN et - oh là là, même Al-Jazeera - traitent ces communautés criminelles comme d'incontestables institutions de pouvoir ? Pourquoi aucune enquête - Inside Job a ouvert la voie - sur ces fourbes scandaleux ? Cela me rappelle tellement la façon tout aussi lâche dont tant de journalistes américains couvrent le Moyen-Orient, évitant étrangement toute critique directe d'Israël, incités par une armée de lobbyistes pro-Likoud à expliquer aux téléspectateurs pourquoi on peut faire confiance à l'entreprise de "pacification" américaine dans le conflit israélo-palestinien, pourquoi les bons gars sont des "modérés", les mauvais gars des "terroristes".

Les Arabes ont au moins commencé à faire fi de ces bêtises. Mais quand les manifestants de Wall Street font de même, ils deviennent des "anarchistes", les "terroristes" sociaux des rues américaines qui osent demander que les Bernanke et Geithner fassent face au même genre de procès que Hosni Moubarak. Nous en Occident - nos gouvernements - avons créé nos dictateurs. Mais, à la différence des Arabes, nous ne pouvons pas les atteindre.

Le Premier ministre irlandais, Enda Kenny, a solennellement informé ses compatriotes, cette semaine, qu'ils n'étaient pas responsables de la crise dans laquelle ils se trouvent. Ils le savaient déjà, bien sûr. Ce qu'il ne leur a pas dit, c'est qui était à blâmer. N'est-il pas temps que lui et ses collègues premiers ministres de l'UE nous le disent ? Et nos journalistes, aussi ? »

(Traduction par mes soins. – Reproduction autorisée sous réserve de citer verslarevolution.hautetfort.com en source.)

14/10/2011

« Ce qui changerait la donne : une rupture du bloc euro-atlantique »

Le modèle américain

 

« (...) Il n'y a jamais eu un seul Occident et encore moins un seul Orient. Le Japon, la Corée du Sud ou les pays d'Amérique latine sont-ils des pays "occidentaux" ? En fait, l'addition de l'Europe, des Etats-Unis, ainsi que du Canada et de l'Australie, pourrait dessiner les contours d'une certaine homogénéité institutionnelle, politique et économique, mais non culturelle. L'OTAN, qui inclut aux côtés de ces pays des sociétés aussi hétérogènes que la Turquie, la Corée du Sud et le Japon, est une alliance militaire sous la coupe des Etats-Unis, ce n'est guère un ensemble civilisationnel ou culturel aux valeurs et aux institutions homogènes.

Comme je l'ai montré dans deux de mes ouvrages, la fracture Orient/Occident est largement imaginaire ; mais les frontières de l'esprit sont souvent plus redoutables que les frontières naturelles. Orient et Occident sont ce que j'ai appelé des "méga-identités" de nature purement idéologique et à fonction géopolitique, prétendant transcender tous les éléments naturels de l'identité des peuples. Elles servent à alimenter les peurs et donc les agressivités. On ne sait d'ailleurs plus très bien aujourd'hui si la peur du déclin chez les Européens exprime une nostalgie de nature raciste de la suprématie impériale et coloniale de l' "homme blanc" sur les cinq continents de la planète, suprématie qui disparaît progressivement, ou si cette peur se nourrit dans la mémoire historique des invasions barbares, telles que celles connues par l'empire romain déclinant et qui ont débuté par des infiltrations démographiques tolérées et même encouragées pour des raisons économiques. (...)

Les termes "racines" de l'Occident ou "valeurs" de l'Occident, employés ad nauseam dans toute une littérature géopolitique européenne et américaine des dernières décennies, ne veulent pas dire grand-chose, tant les racines et les valeurs des différents peuples européens ont été variées, contradictoires et discontinues dans le temps, marquées par des ruptures ayant entraîné des violences inouïes entre peuples européens aux cultures et racines différentes. Ce n'est donc que par un artifice idéologique appauvrissant pour la grande richesse et la variété des cultures européennes que l'on a construit la notion d'Occident. Celle-ci a été solidifiée et manipulée par les Etats-Unis depuis la guerre froide pour assurer leur domination de type impérial sur le monde. Dans cette entreprise, ils ont réussi à se gagner le concours précieux des chefs d'Etat et décideurs européens, ce qui a fait de l'Europe un support militaire, politique et économique majeur à l'hyper puissance américaine et à son extension dans le monde.

Il n'est pas indifférent ici de rappeler le basculement ahurissant du consensus traditionnel européen sur l'origine gréco-romaine des racines et valeurs de l'Occident vers un consensus nouveau et totalement différent, où ces dernières sont oubliées au profit de valeurs et de racines judéo-chrétiennes. J'ai appelé cela un coup d'Etat culturel, dont j'ai analysé minutieusement le mode de fabrication dans mon ouvrage sur La question religieuse au XXIe siècle. Parler de racines ou de valeurs judéo-chrétiennes est d'ailleurs un contresens historique grave, le christianisme s'étant très largement bâti contre le judaïsme antique et les valeurs qu'il a portées. (...) cela dresse un mur d'hostilité à la Renan ou à la Huntington entre l'Europe et son environnement direct, qui se définit désormais comme "musulman" par opposition à une identité judéo-chrétienne européenne.

Sur ce plan, les rapports de l'Europe aux Etats-Unis ont besoin d'être analysés et déconstruits pour que les cultures européennes se libèrent de la fascination impériale que représente cet Etat que des colons européens, surtout anglo-saxons, ont bâti il y a deux siècles environ. Le fait de s'identifier aussi étroitementaux Etats-Unis sur le plan culturel, moral et politique, contribue à une annihilation progressive de la richesse des cultures européennes et de leurs diverses spécificités. La tâche est facilitée par la prédominance de la bureaucratie néolibérale de l'Union européenne et celle de l'OTAN dans la gestion des affaires européennes, mais aussi par la force d'attraction du système universitaire américain qui confirme ou rejette les "talents" européens, tout comme ceux des autres parties du monde (chinois, hindous, latino-américains, etc.). (...)

En fait, l'histoire de l'humanité est celle de l'interaction des cultures et des civilisations. L'histoire de l'Europe plus particulièrement, car ce minuscule continent a eu des contacts intenses et fructueux avec des civilisations plus développées ou moins développées que celle des peuples européens, ce qui lui a donné ce génie propre, cet amour de la science et de la découverte. Mais les autres peuples ont fait pareil autrefois et, dans le monde contemporain, ils se sont inspirés des cultures, des réalisations européennes et de ses principes politiques modernes. Après de nombreuses péripéties, on voit aujourd'hui le succès de beaucoup de pays dits "émergents", tout comme nous voyons, du côté négatif, des rétractations identitaires fortes, allant jusqu'à la pratique du terrorisme. Certes, le mode de développement des économies chinoise, indienne, coréenne, brésilienne et autres est basé sur ce que les économistes appellent l'effet d'imitation, et donc le désir d'entrer dans la société de consommation telle qu'elle s'est développée aux Etats-Unis, puis en Europe. C'est effectivement une machine à homogénéiser le mode de vie des peuples. Mais cela n'implique pas nécessairement la disparition de la diversité des cultures.

C'est la globalisation économique, sur laquelle je porte dans mon dernier ouvrage un regard très négatif, qui est la plus dangereuse, parce qu'elle entraîne tous les jours un peu plus la disparition de la cohésion des espaces géographiques sur lesquels vivent les communautés humaines et évoluent les peuples. Elle a un effet dissolvant sur les solidarités traditionnelles et a créé une couche homogène de dirigeants, constituant un redoutable pouvoir mondialisé, qui ne sont plus en phase avec leur peuple. De plus, elle a créé un monde ou partout recule la culture, la réflexion critique, le raffinement, au profit de la société de consommation et de loisirs homogènes, mais aussi de sociétés où les règles de morale et d'éthique cèdent partout face à l'appât du gain facile, à la constitution de fortunes rapides, résultat de la corruption et de la spéculation financière.

On ne peut plus mettre en accusation uniquement (...) l'Occident sur ce plan, car ce mode d'être économique s'est généralisé à la planète. Les économies émergentes ne font pas exception à la règle.

Que le XXIe siècle soit chinois ou hindou ou brésilien, ne changera pas l'état des choses. (...) je pense que le bloc euro-atlantique reste encore très puissant, même si des craquements se font entendre dans les structures socio-économiques, provoqués par le néolibéralisme déchaîné qui a entraîné une "dictature des marchés", entendez celle des nouveaux milliardaires spéculateurs et de la cohorte de banques mondialisées et de groupes industriels multinationaux et de dirigeants politiques sous leur influence. L'Etat garant de la collectivité, de son bien-être et de sa solidarité, a été asservi, ce qui n'est pas encore totalement le cas dans les économies émergentes.

Ce qui changerait la donne, à la fois géopolitique, mais aussi culturelle ou civilisationnelle, ce serait une rupture de ce bloc euro-atlantique, un retour des principales cultures européennes à leurs sources et à la richesse de leur patrimoine, qui pourrait aider par l'exemple les autres cultures à se libérer de l'asservissement au modèle de la société de consommation qui crée, en outre, tous les problèmes d'environnement et a déclenché une nouvelle course effrénée aux matières premières et aux superficies agricoles cultivables. Cette course est très dangereuse et pourrait dégénérer en conflits armés, légitimés par les croyances racistes sur le choc des civilisations. Il faut vraiment y prendre garde. (...)

Il faut espérer que le joug du néolibéralisme (...) pourra être secoué ; que la dictature des marchands, offensante pour la dignité humaine, sera abattue, tout comme se sont effondrées les soi-disant dictatures du prolétariat. (...) »

Georges Corm, in Eléments  n° 139, avril-juin 2011, pp. 54-57 (extraits).

20/09/2011

Myret Zaki : « Le coup de grâce viendra des États-Unis »

 

Encore un entretien avec cette épatante journaliste économique suisse (je sais, je sais, d'origine égyptienne ; mais là, franchement, on s'en fout), que je découvre, cette fois, avec presque un mois de retard :

 

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Pour la journaliste genevoise, l’effondrement du système financier américain achèvera les économies occidentales. Un krach dont l’Europe sortira renforcée. Etranglée par le franc fort, la Suisse n’aura d’autre choix que rallier l’UE.

Christian Rappaz : « L’Occident est-il en faillite ? » Un titre racoleur ou reflet de la réalité ?

Myret Zaki : Tous les pays du G7 affichent un taux d’endettement équivalent ou supérieur à 100 % de leur PIB, se révèlent incapables de rembourser leurs dettes et de payer les retraites à leur population. Faillite est donc bien le terme approprié.

Va-t-on assister à une cascade de défauts de paiements des Etats, y compris des Etats-Unis ?

Nous allons assister à la faillite des Etats-Unis, pas de l’Europe. Celle-ci, on ne le dit pas assez, reste la première puissance commerciale du monde, devant la Chine. Je sais que cela peut paraître iconoclaste au moment où tous les regards sont braqués sur la Grèce, le Portugal, l’Italie ou l’Espagne, mais contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, l’effondrement du système monétaire américain reste le plus grand péril planant sur le monde. A mon avis, celui-ci se produira au plus tôt dans les mois qui viennent, au plus tard en 2014.

Après les pays du sud de l’Europe, c’est pourtant la France qui est dans la tourmente…

Simple manœuvre de diversion de la part de spéculateurs maîtres en manipulation. Un coup classique, déjà éprouvé contre la Grèce : on se positionne à la baisse en Bourse, on fait courir des rumeurs propres à semer la panique sur les marchés puis on encaisse les bénéfices. Autre avantage du stratagème, pendant que le monde est au chevet de la France et de l’Europe, pourtant beaucoup plus solvables que les Etats-Unis, ces derniers continuent à se financer à bon marché et à détourner l’attention de leur désastre financier.

Vous ne croyez pas à l’effondrement de l’Europe ?

Pas une seconde. Quiconque spéculerait sur une faillite de la zone euro perdrait son temps. L’épargne est importante en Europe, qui profite également du soutien des banques centrales asiatiques, chinoise en particulier. Le pari à faire est au contraire une vente à découvert contre tous les marchés en dollars.

Les Américains accusent pourtant l’Europe de tous les maux actuels…

Beaucoup de gens croient naïvement que les deux blocs sont amis et solidaires. C’est une illusion. La guerre économique fait rage et discréditer l’euro au profit du dollar, devenu une monnaie de singe pourtant, fait partie de la stratégie des Etats-Unis, dont dépend leur solvabilité. L’autre consiste à tromper les investisseurs pour cacher la situation désastreuse du pays. Mais ce déni ne durera pas éternellement.

Tromper ?

Les Etats-Unis estiment leur dette souveraine à 14.500 milliards de dollars. Avec l’endettement des ménages, elle culmine en réalité à 60.000 milliards et même à 200.000 milliards en tenant compte du déficit fiscal à long terme. Annoncé à 9,1 %, le chômage dépasse allégrement les 20 % si l’on inclut les chômeurs découragés de longue durée. On estime à 45 millions le nombre d’Américains dont les logements auront été saisis au terme de cinq ans de crise immobilière. Ces gens sont sortis du circuit économique. Enfin, l’inflation est donnée à 1,3 % alors que les économistes critiques l’évaluent autour de 5 %.

Barak Obama se vante pourtant du succès que connaissent les nouvelles émissions de bons du Trésor sur la dette malgré la perte de la note triple A des Etats-Unis…

Que peut faire le président d’un pays en défaut ? Critiquer les agences de notation, mettre en doute leurs calculs, nier les évidences, répéter que son pays reste le meilleur, faire du marketing en somme. Pour moi, c’est une tactique du désespoir. La vérité est moins romantique. Grâce à sa planche à billets, c’est la Réserve fédérale américaine elle-même (Fed), qui se rue sur les bons du Trésor américain. De 800 milliards de dollars en 2006, le passif de la Fed approche 3.000 milliards aujourd’hui. Bientôt, cette machine infernale s’arrêtera et, avec elle, la supercherie. A la seconde même, les taux de la dette souveraine exploseront, provoquant la strangulation financière du pays.

Une banqueroute qui emportera forcément l’Europe avec elle ?

Dans un premier temps. Mais l’Europe sortira grandie de ce krach. Contrairement aux Etats-Unis, qui n’ont aucun plan budgétaire crédible, l’Europe met en vigueur des mesures d’austérité. Elle est aussi beaucoup mieux positionnée sur les marchés des pays émergents, les seuls à créer de la croissance.

A vous entendre, c’est la fin de l’empire américain ?

Un empire qui n’a plus les moyens de préparer une opération militaire d’envergure n’est plus un empire. Les Etats-Unis vont perdre leur statut de super puissance et le dollar, celui de monnaie de référence. Bientôt ramené à la valeur d’un billet de Monopoly, le billet vert ne connaîtra plus d’appréciation durable. N’en déplaise aux économistes genevois, qui n’aiment pas cette idée, les pays dotés de monnaies fortes deviendront la nouvelle référence, dans un monde multipolaire et multimonétaire.

Et la Suisse dans tout ça ?

La hausse structurelle du franc continuera à pénaliser son économie et l’adhésion à l’Union européenne apparaîtra comme la seule façon de résoudre le problème à long terme. Si l’Angleterre, engluée en raison de sa propre crise avec sa livre sterling, franchit le pas, ce ne sera alors qu’une question de temps pour que la Suisse suive.

Source

02/08/2011

« Le véritable enjeu de l’affaire Breivik »

Protagonistes du choc des civilisations

 

« Le véritable enjeu de l’affaire Breivik », c'est ainsi que Michel Drac appelle, sur le Scripto, la nécessité de combattre les amalgames et la désinformation qui font rage autour des idées « populistes » (comprenez : patriotes et identitaires) depuis les attentats d'Oslo.

La presse-Pravda veut absolument faire correspondre à un meurtrier de masse en puissance, tout ce qui, de près ou de loin, prône le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et le non-alignement sur le gloubi-boulga bien-pensant, « multiculturel » (comprenez : métissé, brésilianisé), « occidental »...

Cette ambiance de procès public, ça ne vous rappelle rien ?

Mais si, voyons. «Tu dévies, camarade, tu dévies... » Non, toujours pas ? Et une petite purge, peut-être ? Notre télévision soviétoïde en redemande. A ce rythme, bientôt, on viendra vous chercher au petit matin, vous embarquer entre deux impers couleur mastic, pour qu'un fonctionnaire gris muraille vous demande des comptes de votre prétendu soutien à « l'extrême droâââte » soi-disant assassine, avant de vous faire incarcérer, trucider même, au nom du vivre-ensemble et de la fraternité, je suppose. La Kolyma et Guantanamo réunies pour votre plus grande rééducation...

Bref, pour faire préventivement un nécessaire travail de contre-terrorisme intellectuel, Michel Drac nous appelle à se mettre « au boulot », eu égard à la psychologie des foules, à trouver « les mots », à dire « les catégories qui servent à énoncer » la vérité des faits ; pas tant ceux commis par l'autre cinglé dynamiteur et mitrailleur, qui sont connus même si on est en droit de se poser quelques questions quant à son éventuelle manipulation ; non, ceux, surtout, qui en dehors des crimes de Breivik, expliquent pourquoi la médiacratie en est là et pourquoi rien de ce qu'on nous raconte ne correspond à la réalité fondamentale de la situation.

Je suis généralement peu doué pour les jeux de société. Le Scrabble ou encore Des chiffres et des lettres figurent en bonne place parmi mes exemples de ce qui est fastidieux et rasoir.

Mais là, comme c'est Michel et que, surtout, j'ai depuis le début une idée claire de ce que l'affaire Breivik n'est pas, comme de ce que les Populistes sont (oui, je mets une majuscule à Populiste, maintenant, c'est ma façon de protester contre les falsifications officielles), je m'y suis collé.

A vous de me dire si j'ai bon, ou si j'ai complètement raté la cible (N.B. : le critique officieux des Editions Byzantines ayant, ailleurs, taxé mon texte d' « accumulation de poncifs récités avec lourdeur et de naïvetés adolescentes », je présente d'avance mes plus plates excuses aux amateurs de subtilités comploto-insaisissables).

Mieux, tentez vous-même l'exercice, et diffusez, diffusez, diffusez...

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Pour ce qui est de « dire quelque chose d’extérieur aux catégories imposées », l'objectif me paraît clairement de permettre à l'opinion de s'identifier à un tiers exclu (du genre : « les peuples sont toujours victimes de luttes qui ne les concernent pas, ou du moins ne leur profitent pas, et c'est injuste » - ce qui est vrai, tout simplement).

En ce sens, le premier axe de recherche thématique que je vois, c'est le DECALAGE entre les mobiles des crimes et les résultats de ceux-ci.

Il paraît assez évident qu'au contraire de l'électrochoc anti-islam que Breivik voulait incarner, le « Multikulti » sort médiatiquement renforcé de la tuerie, alors que « l'extrême droite » n'en retire aucun avantage : les médias mainstream sont déchaînés contre les « populistes » et la classe politique nie tout problème causé par l'immigration.

Or, face à la réalité de cette immigration et à la violence qu'elle engendre (viols, délinquance, mais aussi choc culturel), à qui profite le rideau de fumée Breivik ? A ceux qui ont intérêt à dissoudre les peuples dans un melting pot, à ceux qui s'asseyent sur la volonté du peuple norvégien comme ils se sont assis sur celle du peuple irakien et du peuple afghan, au prétexte de deux tours pulvérisées par des dingues comme Breivik ; à ceux qui s'asseyent maintenant sur la volonté du peuple libyen, au prétexte qu'il faudrait lui balancer de l'uranium appauvri pour lui apprendre la démocratie.

Donc, deuxième axe de recherche thématique, il faut dénoncer le MENSONGE de ceux qui cherchent à récupérer la folie de Breivik.

Mensonge politique, d'abord, parce que Breivik n'est pas issu d'un quelconque parti politique dit « d'extrême droite », mais qu'il reprend au contraire à son compte, largement, le discours suprémaciste et anti-islamique occidental (le « choc des civilisations »), incarné en Occident par les USA et Israël.

Mensonge sociétal, ensuite, dans la mesure où les identités et la dignité humaine n'ont rien à voir avec l'opposition entre cet « Occident » et un prétendu « Axe du Mal » ; où l'autodétermination des peuples est niée en filigrane, sous le paravent de l'antiracisme et du vivre-ensemble, prélude à une violence qui se veut toujours mobilisatrice.

D'où, enfin - troisième axe de recherche thématique -, la possibilité de pointer du doigt les VOLEURS, les auteurs du DÉTOURNEMENT : politiciens, médias, lobbyistes de tout poil.

Voleurs, parce que non seulement ils font tout pour dérober aux peuples leur identité (notamment, en Europe, en dissolvant les autochtones dans une immigration de masse ; mais aussi, ailleurs, par l'occidentalisation économico-culturelle), mais qu'en plus, ils instrumentalisent des affirmations non-représentatives, caricaturales, de cette identité, comme censées incarner par amalgame toute rébellion, ainsi diabolisée d'avance.

Détournement, dans la mesure où une telle façon de procéder est une falsification de la réalité, la récupération de la légitime aspiration des peuples à disposer d'eux-mêmes, afin d'en faire un épouvantail destiné à être retourné contre eux... Afin de retourner les peuples contre eux-mêmes et de les diviser, au profit d'un Occident indifférencié, Axe du Bien conçu comme seule unité de mesure morale et politique, devant recueillir l'ensemble des contributions obligatoires de qui n'est pas un traître.

Le tout, pour le plus grand profit d'une caste de riches transnationaux, intéressés à sous-payer la main-d'oeuvre et à trouver en tous lieux une clientèle docile, déculturée et uniformisée.

DECALAGE, MENSONGE, VOLEURS, DETOURNEMENT, voilà qui me paraît résumer assez bien l'affaire Breivik, en quelques mots simples.

Et comme dit Malika Sorel, au sujet de l'immigration : « La question qui se pose à présent est de savoir comment la société norvégienne va réagir à la tragédie qui vient de se dérouler. Va-t-elle accepter de regarder la réalité en face ou va-t-elle, bien au contraire, saisir le prétexte de ce drame effroyable pour s’enfoncer encore un peu plus la tête dans le sable ? »

27/07/2011

Anders Behring Breivik, un néo-conservateur à la sauce scandinave

Ceci n'est pas qu'un jeu de mots...

 

Après les quelques éléments crédibles déjà donnés, malgré quelques approximations, par le site Terrorisme.net et, une fois n'est pas coutume... Le Figaro, vous trouverez dans cet article de Massimo Introvigne certains des renseignements les plus intéressants que j'aie pu lire sur les orientations idéologiques du tueur d'Oslo.

Extrait :

« Il est vraiment regrettable que la police norvégienne, immédiatement reprise par les médias du monde entier, ait initialement présenté le kamikaze, Anders Behring Breivik, comme un chrétien fondamentaliste, et qu'en Italie certains médias l'aient même défini - à tort - comme catholique .

L'incident montre simplement comment aujourd'hui "fondamentaliste" est un mot utilisé de manière générique et imprécise pour désigner toute personne ayant des idées extrêmes, ou plus généralement de "droite", et une référence, même vague, au christianisme, et, depuis que l'attaque à Oslo a été attribuée à un adepte du fondamentalisme, comme un terroriste potentiel.
(...) Anders Behring Breivik n'est pas un fondamentaliste. »

Le texte original en italien, une vraie mine d'informations, et pas du tout centrée sur le sujet du fondamentalisme, est .

Je vous invite à le lire, car en reproduire d'autres passages isolés risquerait, en les mettant en exergue, d'en trahir l'analyse générale.

Moins instructif, mais posant néanmoins des questions intéressantes, François-Bernard Huyghe confirme, en gros, l'opinion d'Introvigne sur le pensum (1.500 pages !) rédigé au fil des années par le mitrailleur d’Utøya :

« un mélange pas très orignal de théorie du complot, de vagues dénonciations du gauchisme multiculturaliste, d'islamophobie et de paranoia (la guerre civile européenne arrive, l'Islam nous envahit)... On notera au passage que les  écrivains que cite Breivik quand il ne recopie pas des pages entières d'un idéologue inconnu et qu'il n'a jamais rencontré, "Fjordman", sont plutôt Orwell, Jefferson, des classiques libéraux comme Adam Smith ou John Stuart Mill, Gandhi, Popper, Churchill et  même Lao Tseu. Tout cela ressemble plus à une version européanisée du discours néo-conservateur alarmiste qu'au fascisme au sens classique. Si l'auteur se réfère vaguement à des "valeurs chrétiennes", il n'évoque guère le nom de Dieu ou des principes théologiques : le traiter de "fondamentaliste chrétien" est peut-être un peu rapide. Il se défend de croire à la moindre théorie du complot juif ou d'adhérer à l'antisémitisme, considérant même les bons sionistes européens comme des "alliés primaires" des Européens luttant contre leur asservissement.

Jusque-là, une bouillie idéologique que l'on pourrait entendre au bistrot du coin ; elle témoigne plutôt que d'une doctrine structurée, d'un mentalité de ressentiment ou d'une paranoïa où le "multiculti" joue le rôle de l'invasion martienne chez d'autres. »

 

En complément, les commentaires laissés par Breivik sur le site Document.no sont ici.

 

Quoi qu'on pense de la personnalité, à mon avis pathologique, du tueur (N.B. : je supprimerais tout commentaire qui ferait ne serait-ce qu'un début d'éloge du personnage), ce qui me paraît le plus intéressant, c'est d'étudier ses idées.

 

Au-delà de leur relative confusion, il me paraît assez évident qu'elles s'apparentent davantage, comme le souligne Huyghe dans l'extrait ci-dessus, « à une version européanisée du discours néo-conservateur », à la Guy Millière, qu'à un patriotisme identitaire, sain et nuancé (Huyghe évoque, lui, le « fascisme » : je ne vois pas vraiment ce que celui-ci vient faire là, sauf pour complaire à la doxa systémique, mais peu importe...).

Or, quand on sait ce qu'est le discours néo-conservateur (anglo-saxon) et quelles divergences de fond et d'intérêts il y a entre lui et nos idées malgré, parfois, surtout aux yeux des ignorants, quelques points communs apparents, c'est quand même un comble de voir que les crimes d'un dingue scandinave pourtant clairement sur une autre ligne idéologique que la nôtre, servent désormais de prétexte aux menteurs professionnels et aux ahuris Bisounours pour une chasse aux sorcières généralisée, par amalgame (comme d'habitude).

L'exploitation médiatique de ces crimes, ainsi que quelques parallèles hasardeux avec d'autres événements du passé, font évidemment que certains crient au complot. Le résultat est trop beau, n'est-ce pas, ça ne peut pas ne pas être voulu par les diaboliques ceux-ci, ou les sataniques ceux-là...

La vérité est plus simplement, je pense, dans le virtualisme cher à Philippe Grasset (voir mon billet du 25 juillet). Dans la communication.

Comme, en 1989, l'Occident américanocentré voyait encore, du moins officiellement, le KGB partout, aujourd'hui, parmi les retardataires de l'Histoire, il en existe qui ne sont pas favorables au Système et décèlent, dans tout fait désagréable, la manifestation d'une machiavélique, toute-puissante et irrésistible action souterraine émanant de « l'Empire », des USA et de ses partenaires anglais et israéliens.

Au lieu de vouloir valider leur théorie par d'autres théories, de verser à l'appui de leurs hypothèses d'autres hypothèses, quitte à inventer des preuves, un peu comme Teilhard de Chardin ou un de ses amis qui avaient trafiqué des squelettes pour créer l'homme de Piltdown, les tenants du complot anglo-saxon et/ou israélien feraient mieux d'examiner les faits et de réfléchir plus sérieusement aux mobiles.

Certains affirment que le tueur d'Oslo n'a pu agir seul, sous prétexte qu'on ne flingue pas seul 68 personnes en mouvement. Ah bon. Pour ma part, je suis plutôt étonné qu'en une heure de temps, sur une petite île de 0,12 km² momentanément peuplée de plusieurs centaines d'adolescents (600), il ait pu, bien qu'équipé de deux armes automatiques et de balles à fragmentation, n'en trucider QUE 68 ; guère plus d'un sur dix, guère plus d'un par minute. Après avoir affirmé avoir agi seul, il a dit qu'il existerait « deux autres cellules », mais les enquêteurs n'y croient plus. En tout cas, la crédibilité des déclarations du criminel est nulle.

Si Breivik avait été l'instrument de services secrets occidentaux, aurait-il dévoilé ses idées depuis tant d'années ? Et ces idées n'auraient-elles pas davantage « collé », pour mieux les discréditer, avec celles, plus classiques, de l' « extrême-droite » norvégienne, voire européenne (le Parti du Progrès norvégien, auquel l'assassin a appartenu dans le passé, n'en fait pas partie et est un soutien traditionnel... des Etats-Unis) ? N'aurait-il pas pris soin de se faire passer pour autre chose qu'un néo-conservateur sioniste ? Bref.

Que ses crimes soient exploités par la classe politique et les médias mainstream ne signifie pas autre chose que ce dont témoigne leur habituel réflexe pavlovien : celui de ceux qui ont intérêt à la récupération et à l'utilisation propagandique, par amalgame, en tablant sur la désinformation et l'ignorance du grand public, de tout événement susceptible de les aider à ostraciser les patriotes en général. Comme le spasme suiviste de leurs larbins Bisounours, probablement les plus nombreux.

Mais comme toujours, l'objectivité est, semble-t-il, aussi rare que le sens des nuances et donc, la raison.

25/07/2011

La puissance de l'Occident devenue virtuelle

« le dernier domaine dans lequel le bloc BAO [“bloc américaniste-occidentaliste”] excelle, c’est bien celui de la production accélérée d’un virtualisme d’une puissance sans égale, mélange de narratives [histoires, récits], de mensonges “vrais” tant ils sont dits de bonne foi, d’auto-persuasion, d’une vision étrangement provincialiste et repliée sur elle-même, d’une volonté délibérée de se priver de toute mémoire qui soit quelque peu édifiante sur les responsabilités originelles des uns et des autres.

Le système de la communication alimente de toute sa puissance cette création virtualiste si réussie et imperturbable. L’enjeu n’est donc pas d’intervenir dans la réalité, disons éventuellement dans ce qui pourrait être la vérité du monde dont le bloc BAO fait partie comme une pandémie absolument catastrophique, mais de maintenir cette réalité virtualiste de toutes les façons possibles. La logique qui en découle n’est pas celle de la vérité mais celle de la réalité virtualiste, et qu’elle conduise à récompenser les responsables directs des catastrophes, comme dans le cas des banques pour l’automne 2008, cela ne présente plus aucune sorte de contradiction et n’a certainement pas besoin d’un complot pour être expliqué. L’essentiel est la survivance de la narrative selon laquelle le bloc BAO est un succès, et sa “gouvernance” un modèle du genre. »

Philippe Grasset

L'article cite et commente largement un texte remarquable (un de plus) de Fedor Loukianov, rédacteur en chef du magazine Russia in Global Affairs, publié par RIA Novosti.

26/03/2011

Encore un article incontournable de Michel Drac...

... Allez le lire sur l'excellentissime Scriptoblog, vous découvrirez en détail pourquoi et comment l'économie financière occidentale sur laquelle se fondent TOUS les économistes des médias systémiques, est une bulle au moins trois fois plus grosse que la valeur réelle des choses.

Si, après ça, vous estimez que cette bulle ne risque pas d'éclater d'un jour à l'autre, à la merci de la moindre perte de confiance des marchés qui l'ont portée jusque-là ou, tout simplement, du manque de solvabilité avéré et croissant de l'économie réelle et des Etats en Occident, allez donc rejoindre la dream team d'Obama ou de David Cameron avec quelques rails de coke supplémentaires.

20/09/2010

L'après-démocratie

L'excellent Scriptoblog a cette qualité rare de ne pas dépendre de l'actualité pour manifester ses talents, ce qui lui permet de publier la recension d'un bouquin paru il y a neuf ans et de faire ainsi découvrir un auteur suisse méconnu : Eric Werner.

Le tout, en un article où je retrouve tellement mes propres idées que j'ai presque l'impression de l'avoir écrit moi-même (j'ai juste ajouté quelques liens).

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« L’Après-démocratie » est un recueil de textes, dans lequel Eric Werner (EW) défend la thèse générale suivante : plus personne ne peut décemment croire que nous vivions en démocratie. Il ne reste, du projet démocratique, que des traces – telles que les élections, tous les cinq ans, et qui consistent désormais à choisir entre l’aile gauche et l’aile droite d’un seul et même parti institutionnel.

Aile gauche et aile droite qui, au demeurant, font en pratique à peu près la même politique, imposée par « le vrai pouvoir ».

Un vrai pouvoir qui se situe au niveau de l’hyperclasse, et de son gouvernement mondial. Un vrai pouvoir qui échappe à tout contrôle démocratique, influence de manière décisive la « ligne éditoriale » de la presse, et pilote à distance la plupart des institutions, justice incluse, via des réseaux d’influence ramifiés. Ce vrai pouvoir décide de ce que vous ignorez, donc de ce que vous savez. Il vous éduque, il vous surveille, il vous juge. Il contrôle la démocratie, elle ne le contrôle pas.

Nous voici dans « l’après démocratie ».

*

 

Comment en est-on arrivé là ?

Fondamentalement, pour EW, il s’agit tout simplement de la mise à jour de ce que la « démocratie occidentale » était de manière latente – mise à jour rendue possible par la disparition de l’ennemi.

Une disparition de l’ennemi qui a levé les barrières que le système était obligé d’entretenir devant lui, pour échapper à son cours spontané…

Depuis que le communisme a été vaincu, l’Occident n’a plus besoin d’entretenir une façade pluraliste. Il s’engage donc dans la voie totalitaire, qu’il a longtemps combattue, mais qui est aussi, secrètement, son essence profonde.

Chronologiquement, l’adoption de la loi Gayssot arrive juste après la chute du Mur de Berlin : le totalitarisme occidental a littéralement éclaté au grand jour, dès que son adversaire ne fut plus là pour l’empêcher de s’exprimer.

Totalitarisme d’ailleurs d’autant plus redoutable que, fait observer EW, il est dissimulé par un formidable voile propagandiste de dénégation, bien plus habile que celui tendu jadis par les systèmes hitlériens ou staliniens.

EW nous renseigne, à ce propos, sur ce qui se produit en ce moment dans le monde germanophone (EW est suisse) – une évolution d’un monde voisin dont nous sommes, nous, en France, sans doute assez mal informés.

Un chiffre : en Allemagne, le nombre de personnes ayant fait l’objet de procédures pour « connections avec des groupes extrémistes » et « excitation du peuple » se montait, en 1998, à 9.549. En Suisse, deux juges ont été mis en vacances forcées après avoir prononcé une peine jugée trop légère contre un politicien d’extrême droite coupable d’un délit d’opinion. L’affaire fut rejugée, et le politicien a été condamné à 15 mois de prison ferme – pour comprendre l’échelle des peines sous-jacentes à cette décision, notons qu’à la même époque, l’auteur d’un viol sur une fillette de cinq ans fut condamné à une peine de neuf mois de prison avec sursis. Le monde germanophone est majoritairement en train, tout doucement, de basculer dans un totalitarisme ouvert, une répression judiciaire de la pensée dissidente – bien plus vite, bien plus nettement qu’en France.

 

*

 

Après avoir planté le décor, EW analyse cette dérive totalitaire.

Reprenant la distinction d’Arendt entre pensée et raisonnement, il montre que l’Occident contemporain est peuplé d’idéologues des Droits de l’homme qui raisonnent, mais ne pensent plus – en ce sens que leur raisonnement ne se réfère plus à la réalité. Cette disposition d’esprit particulière se combine avec des intérêts objectifs (toujours implicites) pour créer une ambiance générale d’intimidation. De là, vers la terreur, qui est désormais repositionnée dans le cadre général de l’insécurité – on ne terrorise plus en brutalisant, mais en exposant à une brutalité latente (économique, sociale, voire physique, avec une délinquance tolérée). Sous l’angle organisationnel, il n’y a évidemment aucun rapport entre l’arrestation par le NKVD au petit matin dans l’URSS des années 30 et l’agression au coin de la rue dans la France de 2010 ; mais sur le plan fonctionnel, le rôle de la terreur dans une mécanique d’intimidation générale et de sidération populaire est comparable. Le « racaille » raciste antiblanc est le SA du totalitarisme multiculturel américanomorphe (un point sur lequel EW revient fréquemment).

Plus profondément, une guerre cognitive est faite aux populations, par des moyens plus subtils que ceux dont disposaient les anciens totalitarismes. La dissolution du « nous » (famille, coutume, tradition, enracinement local et national) rend le « je » impensable (puisqu’il n’est plus inscrit dans rien, il « flotte »), et l’opinion bascule dans la formulation moue d’un consensus auquel « on » se rallie (« on » étant, finalement, un corps collectif « non-social », la somme des individualités disjointes reliées uniquement par le réseau médiatique). Il y a explosion des frontières de l’être mental des Occidentaux, ce sont des organismes sans peau, en voie de dilution, « clients » parfaits du néo-totalitarisme occidental. L’ultime rempart contre l’illusion, l’école, est même désormais tombé, avec la généralisation du « pédagogisme », c'est-à-dire la manipulation des enfants pour leur faire intérioriser des attitudes bien précises, compatibles avec le système dominant.

Au-delà de ce constat somme toute aujourd’hui presque devenu banal, EW tente de mettre en lumière les causalités profondes du mécanisme décrit. Il s’intéresse, par exemple, à la sociologie de cette nouvelle domination, et souligne le rôle particulier qu’y tient manifestement la pègre – historiquement très souvent associée aux régimes totalitaires ou dictatoriaux. Les tyrans, rappelle EW, se méfient toujours beaucoup plus des honnêtes gens que des voyous, chez qui ils vont souvent recruter leur garde personnelle.

D’où une hypothèse sur la convergence spontanée entre l’idéologie de certains sociologues de l’excuse (« pro-racailles ») et le totalitarisme des marchés : version renouvelée du mécanisme décrit par La Boétie et d’autres, mécanisme qui voulait que le tyran, pour garder sous contrôle les « abeilles domestiques », importât des « frelons étrangers ».

Dans cette optique, l’incubation d’une idéologie de la haine de soi n’est, en réalité, qu’un dispositif annexe ; le but est de tenir les « abeilles » dans la peur des « frelons ». Ce n’est ni plus ni moins que la généralisation des techniques utilisées, pendant la période de dénazification de l’Allemagne, par les conquérants américains (destruction programmée du modèle anthropologique germanique, supposé créateur de la « personnalité autoritaire » de type « fasciste » - d’où la fabrication d’une population féminisée, fragilisée, en quête de protection et donc facile à dominer).

D’où, encore, une hypothèse sur l’attitude différenciée des idéologues néo-totalitaires à l’égard du religieux. D’une manière générale, ils s’en méfient, puisque la religion définit un espace mental collectif structuré, donc de nature à s’opposer aux forces de dilution que le néo-totalitarisme instrumentalise. Mais ils se méfient du christianisme plus que des autres religions (islam en particulier), parce que le christianisme construit une métaphysique de la liberté, où la conscience individuelle peut en quelque sorte être équipée de manière autonome – ce qui implique que même si les forces de dilution détruisent toute structure collective, le christianisme peut continuer à structurer une révolte individuelle (chose que l’islam peut plus difficilement faire). D’où sans doute le fait que nos dirigeants combattent l’islam là où il est structurant d’une identité collective réelle (donc en Dar-al-Islam), mais en encourage l’importation chez nous, où il contribue à la déchristianisation.

 

*

 

Comment résister à ce néo-totalitarisme ? Voilà, évidemment, la question qu’EW ne peut éviter ; à quoi bon décrire l’ennemi, si ce n’est pas pour le combattre ?

EW souligne tout d’abord qu’il faut combattre en nous la tendance au défaitisme. Quand nous apprenons que 5 % des Suisses n’ont pas la télévision, ne nous lamentons pas qu’ils ne soient que 5 % ; prenons note du fait qu’ils sont déjà 5 %.

Ensuite et surtout, il faut, nous dit-il, sortir du piège consistant à reconnaître au pouvoir actuel un monopole de la capacité à gérer les problèmes qu’il a lui-même créés (l’immigration inassimilable, par exemple). Il faut poser le problème en termes renouvelés, et cesser de confondre révolte et résistance.

Le révolté et le résistant disent « non », l’un et l’autre. Mais pas de la même manière. Le révolté, c’est l’esclave fouetté qui, soudain, se retourne et fait face à son maître. Le résistant, lui, ne fait pas face : il s’efface, il sort du cadre de gestion construit par son maître.

C’est pourquoi le résistant est avant tout un adepte de la stratégie indirecte ; à l’opposé du révolté, qui cherche la confrontation directe avec le tyran à l’intérieur d’un contexte donné, le résistant pense l’action dans la durée, et cette action n’est pas nécessairement un affrontement avec le tyran – c’est avant tout un effort pour se préparer à la modification du contexte.

Le plus souvent, cette modification du contexte est obtenue tout simplement en durant : le résistant gagne tant qu’il ne perd pas, c'est-à-dire tant qu’il n’est pas anéanti. Et finalement, le résistant l’emporte s’il parvient à faire durer sa retraite flexible une seconde de plus que l’élan du pouvoir qui tentait de l’anéantir. Ensuite, une fois que le pouvoir s’est usé, qu’il a fabriqué lui-même la masse de contradictions internes qu’il ne peut plus gérer, alors la résistance peut passer à la contre-offensive.

Et donc, pour conclure, ce que sous-entend EW, c’est qu’il ne faut pas accepter la logique selon laquelle nous devrions tolérer le système parce qu’il est le seul à pouvoir gérer les problèmes qu’il a créés. Nous devons lui résister, pour être là quand il ne pourra plus gérer ces problèmes.