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02/02/2014

A bas le fondamentalisme

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"On fait juste le travail du Tout-Puissant"

 

« (...) Tout pays arabe, sans renoncer à l’Islam mais sans pour autant le "fondamentaliser", pouvait devenir un interlocuteur valable dans le concert des nations. Tout pays, recourant à des fondamentalismes, se place en dehors du concert international, c’est-à-dire en dehors du concert des nations indépendantes et souveraines.

Les Etats-Unis, en laissant une large place au fondamentalisme protestant et en déchainant le fondamentalisme néolibéral, en créant, de toutes pièces et de concert avec des éléments saoudiens, un nouveau fondamentalisme islamiste, sunnite et wahhabite en Afghanistan pour lutter contre l’URSS, sont les premiers responsables de la dislocation de ce concert d’entre les nations.

Les Etats-Unis ont certes été la puissance instigatrice de la formation des Nations Unies, de l’UNESCO et de l’OMS : ils ont aussi été les premiers à les dénoncer et les rejeter, lorsque ces instances contrariaient leurs projets ou constituaient un frein à la pandémie néolibérale qu’ils appelaient de leurs vœux.

Les fondamentalistes islamistes qui poursuivent leurs actions, à la suite des encouragements américains, contre les Etats nationaux arabes ou musulmans, participent à la logique qui sous-tend la Doctrine Bernard Lewis, reprise par Zbigniew Brzezinski : c’est une doctrine qui vise la balkanisation maximale de tout le Grand Moyen Orient (Corne de l’Afrique comprise).

On le voit en Somalie, Etat failli et disloqué, partagé en trois morceaux, un Nord, un Puntland et un Sud. On le voit dans la guerre civile larvée entre Fatah et Hamas dans l’entité palestinienne et à Gaza. On le voit au Liban depuis 1975. On le voit en Irak, où le pays est virtuellement divisé en trois entités antagonistes.

Enfin, on s’en aperçoit lorsque circule la carte-projet de Ralph Peters, un stratégiste américain, issu de l’écurie néo-conservatrice de l’équipe Bush II. Peters entend "redessiner le Moyen Orient", de la Méditerranée à l’Indus, en créant de nouvelles entités étatiques comme le "Kurdistan libre", le Baloutchistan, en unissant le Hassa et le Koweït, les provinces chiites de l’Irak et le Khouzistan arabophone d’Iran, aux dépens de l’Iran, de la Turquie, du Pakistan et de la Syrie, tout en démantelant l’Arabie saoudite.

L’objectif avoué ? Eliminer les frontières de sang, en rassemblant ethnies et confessions au sein d’identités étatiques homogènes. Or cette homogénéité n’a jamais existé au Moyen Orient et même le moins informé des stratégistes américains d’aujourd’hui doit le savoir. Dès la fin de la protohistoire, les peuples s’y sont télescopés, y ont fusionné, créant de la sorte une macédoine inextricable qu’aucun intellectuel, fût-il un élu de l’équipe Bush II, ne pourra jamais démêler en dessinant une nouvelle carte.

La fragmentation des entités existantes créera non pas la paix mais sera source de nouveaux conflits et de nouveaux irrédentismes. La solution pour le Moyen Orient est une solution impériale et syncrétique qui ne pourrait tolérer ni le "fragmentationnisme" ni le fondamentalisme, qui en est le vecteur idéal aux yeux de ceux qui, justement, veulent la fragmentation totale. (...) »

Robert Steuckers (tout l'article est passionnant, je vous en recommande vivement la lecture intégrale)

13/02/2012

« Syrie : les troubles orchestrés depuis l'étranger »

AVANT

 

APRES

(le « Nouveau Moyen-Orient » selon Ralph Peters)

 

« La contestation populaire qui se poursuit en Syrie depuis mars dernier est orchestrée par des forces extérieures au pays, a déclaré dimanche à Damas le primat de l'Eglise syriaque orthodoxe d'Antioche, Ignace Zakka Ier Eiwas.

"Ces troubles sont fomentés et organisés par des forces extérieures et non par les membres de la société syrienne", a annoncé le patriarche lors d'une rencontre avec un groupe d'experts russes en visite en Syrie.

Lors de l'entretien qui s'est déroulée dans sa résidence, le patriarche a notamment exclu toute possibilité d'une répression à l'encontre des Chrétiens syriens.

"Les Chrétiens en Syrie restent en sécurité, contrairement à ce qui a lieu en Egypte ou en Irak", a-t-il souligné. (...) »

Source

Comme d'habitude, comme en Irak, comme en Iran, les petits génies de la stratégie occidentale désinforment, utilisent leurs copains turcs et du Golfe, soutiennent les barbus sunnites contre le parti Baas et les chiites.

Pourquoi ? Toutes les réponses se trouvent, notamment, dans Le grand échiquier de Zbigniew Brzezinski, dans la carte du « Nouveau Moyen-Orient » de Ralph Peters et tout a été officiellement annoncé par l'administration Bush.

Il n'y a aucune mystérieuse continuité d'un fantasmagorique complot mondial là-dessous, pas la peine que certains idiots utiles reviennent à des pseudo-photos de Brzezinski avec Ben Laden en Afghanistan pour accréditer des thèses aussi fumeuses : tout est tout simplement écrit noir sur blanc.

Eh oui, les salopards ne s'en cachent pas.

Pour autant, leurs manipulations réussiront-elles ?

On peut en douter :

« Si l’on peut constater évidemment dans l’acte du bloc BAO [bloc américaniste occidentaliste] une duplicité complète et générale, on pourrait alors attendre de cette duplicité qu’elle ne soit pas dépourvue de mémoire et d’intelligence, et qu’elle tire des enseignements des opérations passées pour rendre les opérations présentes plus efficaces. Admettons la duplicité, certes, comme une fatalité de la soi-disant realpolitik dont les experts font leurs choux maigres, mais espérons qu’elle ne soit pas complètement stupide jusqu’à répéter sans cesse les mêmes erreurs. Ce n’est pas le cas. Notre duplicité, en plus d’être ce qu’elle est, est d’une stupidité qui semble n’avoir pas de bornes, sans doute quelque chose comme "au-delà de la stupidité", jusqu’à répéter mécaniquement les mêmes machinations entraînant mécaniquement les mêmes erreurs, débouchant mécaniquement sur les mêmes catastrophes, – et catastrophes pour elle-même (notre duplicité), pour ses propres plans. (La souffrance des gens, inutile et cruelle bien entendu, parsème le long chemin de cette stupidité catastrophique.) »

Philippe Grasset