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20/09/2011

Myret Zaki : « Le coup de grâce viendra des États-Unis »

 

Encore un entretien avec cette épatante journaliste économique suisse (je sais, je sais, d'origine égyptienne ; mais là, franchement, on s'en fout), que je découvre, cette fois, avec presque un mois de retard :

 

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Pour la journaliste genevoise, l’effondrement du système financier américain achèvera les économies occidentales. Un krach dont l’Europe sortira renforcée. Etranglée par le franc fort, la Suisse n’aura d’autre choix que rallier l’UE.

Christian Rappaz : « L’Occident est-il en faillite ? » Un titre racoleur ou reflet de la réalité ?

Myret Zaki : Tous les pays du G7 affichent un taux d’endettement équivalent ou supérieur à 100 % de leur PIB, se révèlent incapables de rembourser leurs dettes et de payer les retraites à leur population. Faillite est donc bien le terme approprié.

Va-t-on assister à une cascade de défauts de paiements des Etats, y compris des Etats-Unis ?

Nous allons assister à la faillite des Etats-Unis, pas de l’Europe. Celle-ci, on ne le dit pas assez, reste la première puissance commerciale du monde, devant la Chine. Je sais que cela peut paraître iconoclaste au moment où tous les regards sont braqués sur la Grèce, le Portugal, l’Italie ou l’Espagne, mais contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, l’effondrement du système monétaire américain reste le plus grand péril planant sur le monde. A mon avis, celui-ci se produira au plus tôt dans les mois qui viennent, au plus tard en 2014.

Après les pays du sud de l’Europe, c’est pourtant la France qui est dans la tourmente…

Simple manœuvre de diversion de la part de spéculateurs maîtres en manipulation. Un coup classique, déjà éprouvé contre la Grèce : on se positionne à la baisse en Bourse, on fait courir des rumeurs propres à semer la panique sur les marchés puis on encaisse les bénéfices. Autre avantage du stratagème, pendant que le monde est au chevet de la France et de l’Europe, pourtant beaucoup plus solvables que les Etats-Unis, ces derniers continuent à se financer à bon marché et à détourner l’attention de leur désastre financier.

Vous ne croyez pas à l’effondrement de l’Europe ?

Pas une seconde. Quiconque spéculerait sur une faillite de la zone euro perdrait son temps. L’épargne est importante en Europe, qui profite également du soutien des banques centrales asiatiques, chinoise en particulier. Le pari à faire est au contraire une vente à découvert contre tous les marchés en dollars.

Les Américains accusent pourtant l’Europe de tous les maux actuels…

Beaucoup de gens croient naïvement que les deux blocs sont amis et solidaires. C’est une illusion. La guerre économique fait rage et discréditer l’euro au profit du dollar, devenu une monnaie de singe pourtant, fait partie de la stratégie des Etats-Unis, dont dépend leur solvabilité. L’autre consiste à tromper les investisseurs pour cacher la situation désastreuse du pays. Mais ce déni ne durera pas éternellement.

Tromper ?

Les Etats-Unis estiment leur dette souveraine à 14.500 milliards de dollars. Avec l’endettement des ménages, elle culmine en réalité à 60.000 milliards et même à 200.000 milliards en tenant compte du déficit fiscal à long terme. Annoncé à 9,1 %, le chômage dépasse allégrement les 20 % si l’on inclut les chômeurs découragés de longue durée. On estime à 45 millions le nombre d’Américains dont les logements auront été saisis au terme de cinq ans de crise immobilière. Ces gens sont sortis du circuit économique. Enfin, l’inflation est donnée à 1,3 % alors que les économistes critiques l’évaluent autour de 5 %.

Barak Obama se vante pourtant du succès que connaissent les nouvelles émissions de bons du Trésor sur la dette malgré la perte de la note triple A des Etats-Unis…

Que peut faire le président d’un pays en défaut ? Critiquer les agences de notation, mettre en doute leurs calculs, nier les évidences, répéter que son pays reste le meilleur, faire du marketing en somme. Pour moi, c’est une tactique du désespoir. La vérité est moins romantique. Grâce à sa planche à billets, c’est la Réserve fédérale américaine elle-même (Fed), qui se rue sur les bons du Trésor américain. De 800 milliards de dollars en 2006, le passif de la Fed approche 3.000 milliards aujourd’hui. Bientôt, cette machine infernale s’arrêtera et, avec elle, la supercherie. A la seconde même, les taux de la dette souveraine exploseront, provoquant la strangulation financière du pays.

Une banqueroute qui emportera forcément l’Europe avec elle ?

Dans un premier temps. Mais l’Europe sortira grandie de ce krach. Contrairement aux Etats-Unis, qui n’ont aucun plan budgétaire crédible, l’Europe met en vigueur des mesures d’austérité. Elle est aussi beaucoup mieux positionnée sur les marchés des pays émergents, les seuls à créer de la croissance.

A vous entendre, c’est la fin de l’empire américain ?

Un empire qui n’a plus les moyens de préparer une opération militaire d’envergure n’est plus un empire. Les Etats-Unis vont perdre leur statut de super puissance et le dollar, celui de monnaie de référence. Bientôt ramené à la valeur d’un billet de Monopoly, le billet vert ne connaîtra plus d’appréciation durable. N’en déplaise aux économistes genevois, qui n’aiment pas cette idée, les pays dotés de monnaies fortes deviendront la nouvelle référence, dans un monde multipolaire et multimonétaire.

Et la Suisse dans tout ça ?

La hausse structurelle du franc continuera à pénaliser son économie et l’adhésion à l’Union européenne apparaîtra comme la seule façon de résoudre le problème à long terme. Si l’Angleterre, engluée en raison de sa propre crise avec sa livre sterling, franchit le pas, ce ne sera alors qu’une question de temps pour que la Suisse suive.

Source

14/09/2011

De la France à la Grèce, entre tintamarre médiatique et réalité

 

J'ai si souvent parlé des manipulations anglo-saxonnes contre l'Europe, que je crains de lasser le lecteur.

Pourtant, c'est le sujet central et crucial de la crise actuelle, dite par les médias crise « de l'Euro », au point que même Jacques Sapir s'y laisse prendre et prédit la fin de la monnaie unique dans un délai de six à dix-huit mois. Nouriel Roubini, agent d'influence du pouvoir américain, prévoit, pour sa part, l'explosion de la zone Euro dans les cinq ans. Comme Emmanuel Todd l'annonçait, quant à lui, pour la fin 2011, nous avons le choix entre plusieurs délais, mais pas entre plusieurs issues. Con-dam-né, l'Euro, on vous dit.

Bon. J'ai déjà dit ce que j'en pense. Certes, je peux toujours me tromper mais, conformément à la description que fait Theodore Kaczynski de la mentalité gauchiste, à base de sentiment d'infériorité et de sur-socialisation, qu'il décèle d'ailleurs plus largement dans la société moderne en général, le matraquage médiatique finit, en abrutissant le public de ses clameurs, par le faire douter de la pertinence de ses propres pensées quand il en a, en pesant sur les faiblesses analysées par le fameux Unabomber :

« Les problèmes du "gauchisme" sont ceux de notre société dans son ensemble. Faible estime de soi, tendances dépressives et défaitisme ne sont pas l’apanage de la gauche. Bien qu’ils soient particulièrement prononcés dans les rangs de la gauche, ils sont omniprésents dans notre société. Et la société actuelle essaie de nous socialiser à un degré jamais atteint par les sociétés précédentes ».

(N.B. : dois-je préciser qu'en citant Kaczynski, je ne cautionne en rien ses crimes ? Par les temps qui courent, cela vaut probablement mieux...)

Eh bien, pour ma part, je persiste à penser que l'Euro ne va pas exploser, malgré la pression incroyable que les grandes banques américaines mettent sur les CDS de la France et des principales banques françaises (tous les records, nous dit l'AFP, sont battus), ainsi que sur les taux d'intérêt des titres de dette publique grecque (quant à ces taux, le terme même de record est devenu un euphémisme ces derniers jours), et malgré la véritable propagande de guerre déversée par les médias anglo-saxons, relayés par la presse française.

 

En ce qui concerne la France, cible des « marchés » (en réalité, de quelques grands acteurs), qu'est-ce qui a donc tant changé dans les fondamentaux de notre situation, pour que le monde entier, soi-disant, croie devoir estimer subitement que notre dette publique est plus irremboursable qu'il y a quelques mois et que « nos » grandes banques sont sous-capitalisées au dernier degré, justifiant (déclarations de Christine L'Hagarde et Mail on Sunday mis à part) que les agences de notation dégradent leurs notes ? Qu'y a-t-il donc de réellement nouveau ? Ah oui, pardon, je sais, les rumeurs, « l'irrationnalité des marchés »... Ben voyons. JP Morgan Chase, Bank of America, Citigroup et Goldman Sachs irrationnelles. Non mais, on se fout de qui, au juste ?!

Quant à la Grèce, il faut d'abord noter qu'elle vient juste de bénéficier d'un deuxième plan de sauvetage qui met à contribution le secteur privé (même si on peut légitimement douter de sa sincérité et de sa réalité, dans la mesure où, en définitive, les mécanismes de soutien et de mutualisation finiront probablement par absorber les titres pourris détenus par le privé, par voie de rachat à leur terme ou d'échange contre d'autres titres souverains ou du fonds européen...). Quels nouveaux éléments majeurs ont donc bien pu justifier qu'un mois et demi après la prise de cette décision lors du sommet européen du 21 juillet, tout soit désormais irrémédiablement compromis, à en croire les médias mainstream ?

Eh bien, la dette grecque serait soudainement « hors de contrôle », la récession sera supérieure à ce qui était prévue, le déficit aussi sera plus élevé et le plan d'austérité, plus difficile à faire passer... Voyez-vous ça, quelle profonde, étonnante, fantastique surprise ! A force, comme chez nous, toujours pour le plus grand bénéfice des banques, de vouloir faire payer le pékin moyen qui n'arrive pas à boucler ses fins de mois au lieu de taxer le riche qui bénéficie de tous les cadeaux, on finit par arriver à une impasse. Et on voudrait nous faire croire que cette situation n'était pas amplement prévisible depuis des mois, voire des années ? La bonne blague ! Je veux bien croire que le monde soit un joli parterre de crétins mais, décidément, quels naïfs, ces « marchés »...

Tout cela ne tient pas debout. Même Laurence Pari-sot, qui décidément, ces temps-ci, ne brille pas par son intelligence, a été obligée de constater que, en grande partie au moins, la situation découle d'une manipulation. Et pour que la présidente du MEDEF en arrive là, vous vous doutez bien qu'il ne s'agit pas de débilo-complotisme, mais d'une réalité dont la prise de conscience remonte jusqu'aux personnages les plus influents des sphères de pouvoirs. Cela a une signification : la guerre dont Mitterrand disait qu'elle nous oppose aux Etats-Unis (je dirais : à l'anglosphère) est nettement moins confidentielle aujourd'hui, et elle ébranle certaines certitudes, voire certaines allégeances.

 

Pour en revenir aux raisons qui me font douter d'une explosion de l'Euro, comme d'un défaut de la Grèce sur sa dette publique, d'abord, la volonté des eurocrates de sauver la monnaie unique. Pas étonnant, puisque les banques sont menacées et que les banques, que dénonce ici Nigel Farage, comme les multinationales, sont la clé de voûte de l'eurocratie.

Ensuite, sous l'effet de la propagande ambiante (comme, il est vrai, de sa surévaluation chronique, qui est une réalité), l'Euro devrait chuter de façon importante face au billet vert, ce qui aurait pour effet de rééquilibrer mécaniquement les balances commerciales des pays européens affiliés à la monnaie unique, par rapport aux pays avec lesquels ils échangent en Dollars, et donc, d'accroître les recettes fiscales permettant d'offrir un répit, de limiter un peu les dégâts en matière de dette publique. L'obstacle principal est la fragilité du Dollar lui-même, qui freine cette dépréciation attendue de l'Euro (les Etats-Unis n'arrivant pas non plus à faire baisser leur monnaie) et l'obstacle secondaire, la baisse du commerce international.

Puis, le scénario d'un défaut grec, suivi d'une sortie de l'Euro avec une contagion aux autres pays du sud de la zone, est loin d'être le seul. A ce sujet, faut-il d'ailleurs rappeler que le PIB de la Grèce ne représente que 2,5 % du total de la zone Euro, ce qui remet à sa juste place l'ampleur financière réelle de la crise grecque ? Par ailleurs, un défaut ne serait pour les créanciers, en définitive, qu'une restructuration forcée : par conséquent, pourquoi ne pas accepter une telle restructuration sans attendre ? Jacques Delpla, pourtant libéral et membre de la Commission Attali, l'avait également proposé, quitte à « tordre les bras des banquiers ». Angela Merkel, en tout cas, vient de déclarer vouloir éviter un défaut grec.

Toujours dans le même sens, les monétaristes allemands qui démissionnent en cascade de la Bundesbank (Axel Weber) et de la BCE (Jürgen Stark) sont le signe de ce que cette dernière institution et les dirigeants de l'Union Européenne qui, en réalité, la pilotent (Trichet n'étant qu'un porte-parole), ont l'intention de s'entêter dans le fédéralisme financier. Une bonne chose ? A priori, non, évidemment. En principe, comme dans la fable de la grenouille et du scorpion, une fois au milieu du gué, le scorpion (fédéralisme) doit piquer la grenouille (UE), causant leur fin à tous deux. Sauf que les dirigeants politiques européens, aussi sots et entêtés soient-ils, ne sont pas suicidaires.

Comme je l'ai déjà dit, dans l'urgence et la nécessité, le souci de leurs intérêts et une inévitable réorientation clientéliste par le populisme devraient tôt ou tard, logiquement, les conduire, de gré ou de force, à réviser leur idéologie, voire à l'échanger contre une série de mesures taboues aujourd'hui : dévaluation compétitive de l'Euro, fin de l'indépendance de la BCE en vue d'une monétisation des dettes, instauration d'un protectionnisme européen, transformation progressive de l'Euro en véritable monnaie commune, etc. Peu importent les auteurs et l'esthétique, peu importe le cadre s'il est celui de l'UE (je ne vois pas comment il pourrait en être autrement, on ne démantèle pas d'avance une structure qui n'a pas d'autre alternative que d'opérer sa révolution ou de disparaître : on s'en sert si cela est possible, et c'est tout). Ce qui compte, c'est la prise de ces mesures. Demain, après-demain ou plus tard.

Et qu'on ne me dise pas que l'Union Européenne est une machine trop lourde à dix-sept (zone Euro) et à vingt-sept (UE) pour permettre de telles décisions dans l'urgence. Quand on veut, on peut et, que je sache, il n'a pas été difficile, à l'automne 2008, de prendre au plan national des décisions convergentes pour sauver les banques allemandes, françaises et britanniques. On ne me fera pas croire qu'il ne pourrait en être de même collectivement au sein de la zone Euro, quitte à piétiner les sacro-saints traités, si les dirigeants français et allemands le voulaient...

Dernier point : la Chine soutient la zone Euro et ce soutien, encore très marginal mais appelé à croître, devrait lui permettre de se débarrasser d'une partie de ses réserves en Dollars, ce qui est un de ses objectifs. Quant aux BRICS, ils réfléchissent, mais pourraient s'impliquer, comme la Russie le fait déjà (voir les déclarations de Vladimir Poutine données en liens dans mon précédent billet sur le sujet). Même le Trésor américain, par la voix de Timothy Geithner, vient de faire part de son avis favorable au fédéralisme européen (tu m'étonnes, d'abord l'UE sous sa forme actuelle est l'outil d'affaiblissement de l'Europe préféré des Américains, qui ont très fortement contribué à sa création, et ensuite, le Dollar sans l'Euro pour lui servir de bouclier contre les attaques spéculatives, aïe aïe aïe ! On n'en fait pas la publicité, mais la situation des Etats-Unis est bien pire que la nôtre : par exemple, 46 Etats de l'Union sur 50 sont en faillite, selon les déclarations, le 12 septembre 2011, d'un économiste anglais, Kevin Dowd, intervenu dans des termes très durs, en novembre 2010, lors d'un colloque au très influent Cato Institute de Washington - merci à @Acanthe, sur fortune.fdesouche.com, pour cette info.).

 

Bref, pour diverses raisons, en dépit de la violence des attaques spéculatives de la haute finance anglo-saxonne et malgré les beuglements médiatiques dont on sait bien qui les rétribue, personne ne veut la fin de l'Euro, sauf quelques politiciens intéressés, suivis de leurs électeurs souverainistes et nationalistes nostalgiques des Trente Glorieuses, de toute façon impossibles à retrouver sans une véritable révolution politique et économique.

A ce sujet, je déplore vraiment qu'il soit si ardu de débattre sereinement du sujet avec certains membres de la « droite nationale », tant il semble qu'il leur soit difficile de dissocier le constructivisme européiste et fédéraliste (pléonasme) ainsi que les méfaits de l'Euro actuel, objets de leurs légitimes critiques, d'une part, de la donne géopolitique et géoéconomique ainsi que des impératifs de la puissance européenne et du « sens de l'Histoire », d'autre part ; qu'il leur soit difficile, aussi, de penser l'avenir sans le revêtir des cadres, des facilités et des contraintes du présent ; qu'il leur soit difficile, encore, d'accepter l'évolution des choses à court terme et notamment, à cet égard, l'impuissance immédiate des dissidents que nous sommes, à influer sur le cours des événements autrement que par le lobbying populiste ; qu'il leur soit difficile, enfin, de reconnaître que cette évolution pourrait, à moyen terme, tourner à notre avantage, même si son apparence déplairait peut-être encore à leur nationalisme exclusif et sentimental.

Cela dit, je vais terminer ce billet en revenant à son objet premier, en citant un économiste dont on ne parle quasiment jamais dans les grands médias, et qui est néanmoins, très probablement, un des types les plus fins et les plus pertinents qu'il soit possible de lire sur le sujet de la crise (limité aux aspects économiques et financiers ; pour le reste, je ne connais pas ses idées). Et pourtant, il officie sur un site réputé libéral ; comme quoi, je suis beaucoup moins sectaire que d'aucuns ne veulent le croire... J'ai nommé Philippe Béchade qui, sur La Chronique Agora, a pondu, le 9 de ce mois, un article dont je retiens surtout ces quelques paragraphes, que je lis et relis pour tenter de m'imprégner de la profonde intelligence de leur auteur, ainsi que de celle de ses sous-entendus, comme négligemment semés au hasard d'un style narquois et léger :

« La prospérité ou la disgrâce d’un pays ne sont jamais fixés pour l’éternité. Si l’on découvrait qu’une certaine variété d’oliviers qui ne pousse que dans le Péloponnèse fournit des composés chimiques uniques au monde qui favorisent la guérison de nombreux types de cancers, la Grèce deviendrait le pays le plus riche d’Europe, avec des excédents colossaux.

L’Allemagne la supplierait de voler au secours de ses banques qui n’en finissent pas de souffrir des dettes toxiques héritées de la crise des subprimes. Athènes ne manquerait pas de leur faire la leçon : “a-t-on l’idée d’être aussi bête de se fier à un pays qui imprime de faux dollars avec la même détermination que nous extrayons notre huile miracle”.

J’avoue qu’en ce qui concerne la Grèce, je ne connais pas l’avenir. En revanche, je connais bien les marchés financiers. Certains opérateurs ont pris un grand plaisir à noircir exagérément le tableau pour faire exploser les profits sur leurs positions de vente à découvert (via des ETF notamment) et leurs contrats à terme sur les métaux précieux. D’une pierre deux coups, elle est pas belle la vie ?

En d’autres termes, l’essentiel du jus du citron de la crise grecque a été extrait. Désormais, il va falloir trouver autre chose pour justifier le niveau de valorisation ridiculement bas des actions, non seulement des entreprises tournées vers les services aux collectivités mais également des banques.

Prenez par exemple la BNP Paribas : 1 500 milliards d’euros de conservation, 12 millions de clients au sein de la seule Zone euro (17 millions dans le monde entier) et des milliards de profits cumulés en dix ans. Mettez en balance la Grèce : 300 milliards d’euros de PIB pour 11,5 millions d’habitants.

En le présentant autrement, les 50 plus grandes banques européennes affichent 2 000 milliards d’euros de fonds propres. Certaines sont “un peu justes” (l’OCDE et Christine Lagarde ont raison sur ce point), d’autres en ont en excédent. Globalement, cela représente 10 fois les 200 milliards d’euros de pertes qu’elles pourraient encourir en prenant la pire hypothèse en matière de défaut de la Grèce (60% de dépréciation sur l’ensemble des instruments de dette émises).

La faillite de la Grèce absorberait 10% des fonds propres des banques. Celles qui se trouveraient en difficulté se tourneraient vers la BCE (qui a promis ce jeudi de continuer à les aider) ou le Trésor Public de leur pays d’origine, faisant du contribuable le garant en dernier ressort.

C’est désagréable à entendre mais c’est comme ça. La France vient de voter une enveloppe de 15 milliards d’euros en faveur de la Grèce. Cela représente la moitié du trou de la Sécurité sociale (que nous comblerons une fois encore à coup de hausse de CSG et de RDS).

S’il faut mettre 15 milliards d’euros sur la table (1% de notre PIB, amortissable sur 15 ans, soit 100 millions par an) pour sauver l’Europe, c’est un prix qui n’apparaît pas exorbitant et nos banques, comme nos ministres des Finances, sauront où trouver l’argent : dans nos poches probablement !

Pour résumer mon sentiment et vous éclairer définitivement sur ma stratégie à court et moyen terme, je pense que la Grèce ne fera pas faillite d’ici octobre (le mois des krachs boursiers). Les marchés ont donc de bonnes chance de rebondir de 10% ou plus — et les banques de 25 ou 30% voire davantage — avant la fin du mois de septembre.

Les placements défensifs (OAT, Bunds, T-Bonds, or, argent métal…) pourraient alors subir des arbitrages en faveur des actions, ce qui occasionnerait un repli temporaire.

Mais il impossible de se désendetter en s’endettant. De la Grèce à l’Espagne en passant par la Californie, l’Etat de New York, les fins de mois difficiles de la France ou encore le financement des guerres impériales des Etats-Unis… les pays occidentaux pourraient décider que l’inflation — une inflation demeurant sous contrôle dans un monde idéal — est la seule issue possible.

Ce qui signifie à moyen terme “l’euthanasie des rentiers” si la créature échappe à ses inventeurs, ce qui est toujours le cas dans les films d’horreur. Qui pourrait nier que nous vivons un film d’horreur économique depuis l’été 2008 ? Certainement pas moi ! »

11/09/2011

« La guerre mondiale actuelle oppose les Etats-Unis et l’Europe »

La stratégie du tapis de bombes

 

C'est Myret Zaki qui le dit.

Et elle l'explique :

« (...) Guerre contre les paradis fiscaux d’Europe (qui ont tous cédé la place aux paradis fiscaux anglo-saxons), guerre monétaire contre l’euro (qui a bien failli voler en éclats), guerre spéculative généralisée contre la dette des Etats européens (qui a mis fortement à mal l’idée même d’Europe). Le gagnant aurait fatalement dû être les Etats-Unis. La seule donne incontrôlable fut le soutien important et régulier apporté par la Chine  - et dans une moindre mesure par la Russie - à l’euro et aux obligations de la zone. Sinon, l’Europe était peut-être déjà enterrée en 2010.

Peu d’entre nous acceptent l’idée que les "alliés" historiques que sont les Etats-Unis et l’Europe soient en guerre pour leur survie. Mais le 29 août, une langue s’est déliée. Celle de Laurence Parisot, présidente du Medef en France : "On a assisté à une sorte de guerre psychologique et à une tentative de déstabilisation de la zone euro", a-t-elle déclaré au Figaro, parlant d’une "orchestration" américaine des rumeurs sur les difficultés européennes, et faisant particulièrement allusion aux rumeurs infondées qui ont mis en péril la Société Générale. En outre, l’Allemagne a déjà évoqué ces tensions, en appelant (en vain) à la réglementation des stratégies et des dérivés utilisés par les spéculateurs, et à l’instauration d’agences de notation européennes, histoire de mettre fin au "deux poids, deux mesures". Il est naïf de croire à l’objectivité de l’information économique. On se contente de comparer les deux zones sur la base de leurs ratios d’endettement et des cours/bénéfices, comme si les avantages d’investir ici ou là reposaient uniquement sur des critères techniques. Or, les avantages d’un marché peuvent être créés artificiellement par un gouvernement interventionniste agissant de concert avec un puissant secteur financier, comme c’est le cas aux Etats-Unis. Le marché n’est pas objectif, il est orienté par de gros intérêts stratégiques, tiré par des "rumeurs" délibérées, et il a derrière lui toute la puissance de manipulation des Etats concernés. Un investisseur qui ignore cet élément ignore une information essentielle.

C’est simple. La solvabilité des Etats-Unis repose, aujourd’hui, sur l’échec de l’Europe. Cette "guerre" a apporté de colossaux bénéfices à Washington. Les taux à 10 et 30 ans américains, c’est-à-dire le coût de financement du gouvernement, n’ont jamais été aussi bon marché, malgré l’explosion du risque lié à l’endettement du pays. Et ce, grâce au report massif des investisseurs paniqués par la situation en Europe. (...) »

07/09/2011

L'Allemagne a-t-elle un intérêt commercial à sortir de l'Euro ?

Arrête ton char, Balthazar...

 

Je reproduis ici une petite partie d'un article qui fait justice de cette fable, au sujet de laquelle j'en ai assez de lire n'importe quoi :

« Le commerce extérieur allemand en 2010 : la zone euro représente 55% de l’excédent commercial et l’Europe 80% !

L’office fédéral des statistiques allemand vient de publier ses estimations préliminaires du commerce extérieur en 2010. L’occasion de vérifier une nouvelle fois que les performances exceptionnelles du commerce extérieur outre-Rhin doivent beaucoup aux gentils partenaires européens de l’Allemagne, et bien peu aux pays émergents comme on voudrait nous le faire croire.

En 2010, les exportations allemandes ont atteint 959,497 Md€, soit un niveau tout proche du record de 2008 (985 Md€ selon le FMI), les importations 806,164 Md€ et le solde commercial +153,333 Md€. La machine à exporter est donc repartie à plein régime. Les exportations devraient représenter 46% du PIB, les importations 40,5% et le solde commercial 5,2% du PIB.

La France reste de loin le premier client pour les exportations allemandes (90,694 Md€), devant les Etats-Unis (65,57 Md€). Elle n’est en revanche que le troisième fournisseur de l’Allemagne (61,75 Md€ d’importations), derrière la Chine (76,52 Md€ d’importations) mais aussi les Pays-Bas (68,76 Md€). La France est donc, de loin, le premier contributeur à l’excédent commercial allemand (+28,943 Md€ en faveur de l’Allemagne), devant le Royaume-Uni et les Etats-Unis (+20 Md€ chacun).

Les années passent et la tendance ne se redresse absolument pas …

(...) 

L’Allemagne réalise l’essentiel de son excédent commercial, 85 Md€ sur 153 Md€, vis-à-vis de ses partenaires de la zone euro.

Demander à ces pays d’imiter le modèle allemand (priorité à l’exportation, répression de la demande intérieure) dans le cadre du « Pacte pour l’euro Plus » adopté fin mars aurait donc pour conséquence à terme de réduire très substantiellement la croissance des exportations allemandes. Est-ce vraiment ce que souhaite l’Allemagne ?  »

30/08/2011

L'avenir de l'Euro : quelles perspectives concrètes ?

 Dionysos enfant chevauchant un tigre

(mosaïque d'El Djem, Tunisie, époque impériale romaine)

 

Après m'être heurté à une certaine incompréhension et avoir essuyé quelques insultes lors d'un récent débat sur un excellent blog consacré à la crise, je ne pouvais qu'avoir envie de compiler et compléter ici mes réflexions, plus générales que techniques (je laisse ce soin aux spécialistes, aux écrits desquels je renvoie), sur le sort de l'Euro, mauvaise monnaie unique mais possible bonne monnaie commune, dans un cadre non fédéral, si son évolution lui faisait prendre cette voie.

 

Il est désormais d'usage, au sein de la « droite nationale » paraît-il largement groupée derrière Marine Le Pen et le nouveau programme économique du Front National, de déduire des justes critiques faites à l'Euro, notamment par des économistes, hétérodoxes ou libéraux, comme Jacques Sapir, Alain Cotta, Jean-Claude Werrebrouck, Hervé Juvin, Gérard Lafay, Jean-Jacques Rosa, etc., la nécessité d'en finir avec la monnaie unique et de revenir aux monnaies nationales.

C'est même un leitmotiv chez beaucoup de patriotes qui, comme les Français en général, sont plutôt peu instruits en matière économique mais qui, de plus, sont nostalgiques du Franc et anti-européens, ce que les Français en général ne sont pas, ni au plan monétaire, ni au plan économique.

A noter, que l'anti-européanisme paraît souvent confondu avec l'anti-européisme. Pourtant, le fédéralisme européen des eurocrates de Bruxelles n'est pas la seule possibilité politique envisageable pour parvenir à une Europe-puissance, dont il est éminemment souhaitable que, contrairement à lui, elle préserve les souverainetés et les particularismes locaux et nationaux. Mais il est vrai que les tentacules technocratiques et non-démocratiques de l'Union Européenne peuvent avoir, intellectuellement, un effet hypnotique proportionné à l'ampleur de leurs ingérences inacceptables, dans des domaines de plus en plus étendus de la vie quotidienne...

Quoi qu'il en soit, il est impossible, ces temps-ci, d'échapper au constat, qui réjouit fort la « droite nationale », de l'essor, bien sûr imputable aux inquiétudes nées de la crise des dettes publiques, des idées anti-Euro dans les médias dominants : Le Parisien, Le Monde, Le Figaro, L'Express, Le Nouvel Obs, Les Echos, Libération, La Tribune, etc., se sont tous plus ou moins fait l'écho de cette nouveauté, donnant souvent la parole aux contestataires confidentiels d'hier, presque devenus des augures admirés aujourd'hui.

Loin de s'étonner de ce curieux retournement de tendance médiatique, en général la « droite nationale » se contente de l'explication simple du révélateur que constitue la crise. Pourtant, que les médias qui, hier, ne juraient que par la monnaie unique et le constructivisme européiste, appellent presque, aujourd'hui, au souverainisme, a de quoi intriguer.

Intriguer, si on oublie à qui ils appartiennent.

Un exemple parmi d'autres : dans Le Monde, Gérard Lafay, professeur d'université dont je ne conteste en rien la pertinence des critiques envers l'Euro depuis toujours, appelle une fois encore à revenir au Franc. Banal, me direz-vous, puisqu'il l'a souvent fait par le passé. Certes. Sauf que, cette fois, il a associé sa plume à celle de Philippe Villin, un personnage libéral-libertaire clairement lié au monde de la finance, qui a déjà sévi, dans la même veine, avec un autre économiste libéral, Jean-Jacques Rosa, précité, mais plus discrètement (les trois compères unissent maintenant leurs efforts).

Que de pareilles gens et leur chef de file, le prophète Pascal Salin, veuillent la fin du fédéralisme européen et de la monnaie unique dont la plupart des libéraux sont, quoi qu'en disent ces hérétiques minoritaires, les plus fervents supporters, pour revenir à une organisation politique et monétaire nationale (qui, a priori, les arrange moins puisqu'elle ne facilite pas le libre-échange auquel ils tiennent tant), cela s'explique, sans doute, par la vision juste des méfaits de l'Euro, à laquelle d'autres s'associent sans pour autant partager leur idéologie. Pour l'anecdote, « Trois profs et un banquier », ça ferait un bon titre de comédie, vous ne trouvez pas (eh oui, Pascal Salin, Gérard Lafay et Jean-Jacques Rosa sont fonctionnaires de l'Education Nationale, comme beaucoup de libéraux, on se demande pourquoi...) ?

Ce qui est étrange n'est pas qu'ils s'expriment de la sorte, c'est qu'ils soient entendus maintenant, au seul prétexte de la crise des dettes publiques. Ce serait un motif suffisant, car raisonnable, si nous n'étions pas soumis à un système médiatique aux mains du capital ; mais, comme le robinet à paroles ne s'ouvre que quand de grandes mains argentées le tournent, je peine à croire à une explication aussi simple que celle qui consisterait en une soudaine compréhension, par les oligarchies financières, d'une impasse, potentiellement ruineuse pour eux, de la monnaie unique. La fortune est voyageuse et n'a nul besoin de s'attacher à une monnaie en particulier.

Encore plus étonnant, même si les motifs affichés ne sont pas les mêmes (à Londres, alors que le Royaume-Uni n'a jamais voulu entrer dans la zone Euro, on défend le fédéralisme et la marche en avant vers l'intégration européenne, vers la gouvernance économique commune !),  les médias anglo-saxons se sont également mis à prôner la rupture, comme le Times, qui conseille, sans rire, à la France de Sarkozy de virer l'Allemagne de Merkel (enfin, de l'inciter à partir d'elle-même, puisque la virer est juridiquement impossible), pour lui apprendre à vivre de n'être pas assez solidaire des dettes des autres. Il est vrai qu'elle n'a pas été très altruiste dans d'autres domaines non plus...

 

Néanmoins, prenons un peu de recul. L'économie, la finance, ce ne sont que des moyens, qui en principe devraient être soumis au politique.

Or, l’avenir est à la coopération franco-allemande (bientôt, nos cousins germains ne pourront se passer de notre agriculture et nous, de leur industrie, etc.) et, par la suite, à l’axe Paris-Berlin-Moscou, indispensable à notre survie dans un monde de blocs géopolitiques régionaux.

Critiquer les méfaits de l’Euro tel qu’il est ne peut suffire. Il faut proposer des remèdes qui tiennent la route et qui, politiquement, ne livrent pas pieds et poings liés une Europe éclatée à la merci de la haute finance anglo-saxonne, de manière pire encore qu’aujourd’hui.

En la matière, le souverainisme au petit pied (c’est-à-dire nationaliste seulement) ne peut suffire.

C’est le piège dans lequel l’anglosphère voudrait que tombe l’Europe continentale de l’Ouest, et dans lequel tombent les nostalgiques sentimentaux du Franc et les démagogues politiques pseudo-dissidents (comme Dupont-Aignan et Asselineau, par exemple), sans parler de Marine Le Pen, dont le plan de sortie de l'euro a été critiqué par Jacques Sapir qui, pourtant, est lui-même favorable à une telle issue.

Quand notre ennemi propose de maintenir un système qui devrait être réformé en profondeur, tout en appelant à la division entre les partenaires naturels que sont la France et l’Allemagne, qu’est-ce que cela veut dire ?

Ne serions-nous pas plus profitables à cet ennemi si nous acceptions tous, Français et Allemands, de continuer à jouer le jeu de l’instrument de servage ? Pourquoi, au contraire, l’ennemi veut-il nous dissuader de poursuivre dans cette voie et nous inciter, sous la houlette de notre Prézydent néo-con, à rompre avec l’Allemagne ?

Bien sûr, le but de la propagande médiatique bien connue (cela fait au moins deux ans que cela dure, notamment de la part du Financial Times) est, comme d’habitude, de faire chuter les Bourses européennes au profit des spéculateurs anglo-saxons, d’affaiblir l’image de l’Europe pour attirer les investisseurs vers les TBonds US (s’il y a encore des gogos quelque part !), et de masquer la situation catastrophique de l’anglosphère derrière un rideau de fumée…

Mais sur le fond, à mon avis, il s'agit surtout de maintenir l’UE dans l’état d’impuissance et de tutelle dans laquelle elle se trouve, en partie à cause des manigances anglo-saxonnes depuis 60 ans mais surtout en raison des propres faiblesses des Européens. De nous inciter à mater l’Allemagne qui commence à se rebeller un peu (de plus en plus anti-fédéraliste) et sous l’impulsion de laquelle, justement, des réformes importantes pourraient s’amorcer.

Le souhait affiché de voir sauver l'Euro sous sa forme actuelle sous-entend, en réalité, de l’empêcher d’évoluer vers la forme plus solide qu’il pourrait prendre si l’Allemagne en restait le moteur, tout en acceptant sa réforme (dans l'immédiat, avec la BCE devenant prêteur en dernier ressort, des défauts partiels sur les dettes, éventuellement une hiérarchisation de celles-ci selon l’idée de Jacques Delpla, des Eurobons, etc.) en contrepartie de l’abandon du fédéralisme.

L'anglosphère veut juste affaiblir l’Euro – mais s'il coulait, elle n’en ferait pas une maladie (l’impuissance européenne n’a pas attendu l’Euro pour exister).

Laurent Ozon vient d’émettre l’idée que les anglo-saxons veulent instrumentaliser MLP et le FN contre l’Euro. Encore un élément qui tend à montrer que le souverainisme national pur et simple ne suffit pas, et que la sortie de l’Euro n’est pas la solution, puisque c’est ce que l’ennemi souhaite.

Pour certains, néanmoins, la solution, ce serait de tout faire sauter. Ils ne voient que l’état actuel de l’UE (et encore, avec un temps de retard sur l’évolution des opinions au sein des élites dirigeantes, quant à l’idéologie fédéraliste, de plus en plus moribonde) : cet état leur paraît, à juste titre, assez négatif, et donc ils veulent supprimer tout ce qui leur déplaît.

Or, il est manifeste que l’ennemi, lui, ne craint pas du tout une telle suppression. Il ne craint pas du tout ce qui pourrait en résulter : une Europe émiettée, une série de pays trop faibles pour peser en tant que bloc contre lui ; trop faibles, surtout, pour lui résister financièrement et économiquement.

Ce qu’il craint, c’est une évolution vers des réformes susceptibles de transformer l’Europe, à terme, en une réelle puissance, tant financière (réformes de la BCE et de l’Euro) qu’économique (protectionnisme européen, réindustrialisation et relocalisation) et politique (confédération plutôt que fédération, fin de la technocratie-bureaucratie, respect des souverainetés et des identités, démocratisation et populisme, fin du « multiculturalisme »).

 

Il est nécessaire de faire front contre l’anglosphère, éventuellement avec l’aide de la Chine qui a toujours soutenu l’Euro, mais surtout, en développant un certain degré de solidarité européenne.

En ce sens, de multiples économistes plus ou moins hétérodoxes, cités au début de ce billet, ont proposé des solutions pour améliorer l’Euro et en faire une véritable monnaie commune, profitant à l’ensemble de sa zone, au lieu d’une monnaie unique permettant des déflations compétitives pour les pays économiquement forts et des explosions d’endettement pour les pays économiquement faibles. Je renvoie à leurs écrits abondamment cités sur Fortune et ailleurs, et n’y reviens pas.

Le problème est que nos élites, actuellement empêtrées dans les freins bureaucratiques et l’impuissance politique dus à l’idéologie fédéraliste européenne impulsée depuis les années 1950, et par ailleurs soumises à la proximité consanguine et corruptrice de la finance et du grand capital, ont le plus grand mal à envisager autre chose que la fuite en avant dans la préservation de leurs intérêts « nationaux » mal compris.

Comme le dit Jean-Claude Werrebrouck, ces intérêts sont avant tout clientélistes : « (…) il est probable que la négociation portant sur le fédéralisme sera vite bloquée par la prise de conscience des entrepreneurs politiques, du risque de se trouver rapidement évincés par les populismes. Et comme il faudra – malgré tout – encore gagner du temps, il n’est pas impossible qu’un accord puisse être trouvé non plus sur l’impossible fédéralisme, mais sur la monétisation de la dette, ce qui suppose bien sûr la fin de l’indépendance de la banque centrale… et le début d’une nouvelle histoire monétaire… parallèle à une large modification des parts de marchés, ou/et des positionnements stratégiques, entre entreprises politiques européennes ».

Néanmoins, à la guerre comme à la guerre.

Pour le moment, nous sommes embarqués bon gré mal gré, politiquement, sur le frêle esquif Union Européenne, dont l’essentiel (la zone Euro) dépend, pour son cap et son pilotage, d’aussi piètres marins que Jose Manuel Barroso, Herman Van Rompuy et Jean-Claude Trichet.

Nous ne pouvons rien y faire (on a bien vu comment le « non » français au référendum de 2005 a aussitôt été « corrigé », dès 2007, sous l’impulsion du simulateur de populisme Sarkozy…) ; rien d’autre que de travailler, de toutes les manières possibles, à faire monter ce populisme qui force déjà, de plus en plus nettement, les dirigeants européens à se détourner du fédéralisme et à aller vers un système alternatif, respectueux des pays et des identités… un système confédéral, par exemple ; en attendant que nos élites soient remplacées par d’autres plus capables.

Il faut faire avec ce que nous avons et essayer pragmatiquement, « politique d’abord », même au prix d’une folie financière momentanée, de l’infléchir dans notre sens, au lieu de vouloir couler toute solidarité européenne, vitale contre l’ennemi anglo-saxon, en fantasmant sur un retour au souverainisme prospère des Trente Glorieuses.

 

Dans l'immédiat, quelle est la situation, en ce qui concerne les deux grands acteurs de la zone Euro ?

Atlantiste, Sarkozy l'est sans doute ; mais Merkel (ancienne hiérarque communiste en RDA, même si elle n’était pas une fervente du régime) l'est beaucoup moins. Contre l’entrée de la Turquie dans l’UE, elle était aussi contre l’indépendance du Kosovo, a reconnu que le « Multikulti » est un échec, a été critiquée par Helmut Schmidt notamment à cause de sa volonté d’interdire la spéculation par la vente à découvert, etc. Pas vraiment un clone d’américain, quand même.

Et puis, il y a les contraintes économiques et énergétiques, qui rapprochent inexorablement l’Allemagne de la Russie.

Merkel, critiquée par son propre camp pour le sauvetage de la zone Euro, sait très bien que la monnaie unique rapporte pourtant plus à l’Allemagne qu’il ne lui coûte (certes, pas en termes de simples subventions), malgré toutes les récriminations allemandes, dont les siennes propres, car ce qui compte avant tout pour l’Allemagne, ce sont ses exportations, menacées par la récession.

Or, la dévaluation compétitive apportée aux Allemands par leur politique unilatérale de déflation salariale, favorise ces exportations. Sans parler de l’exposition maximale des banques allemandes à la Grèce et aux « PIGS » en général. Bref, l’Allemagne a intérêt à rester dans l’Euro et elle le sait pertinemment.

Mais elle a aussi intérêt, à mon avis, à des réformes de l’Euro, qui lui permettraient de mieux accepter de jouer le jeu de la solidarité européenne. J’ai déjà parlé de cela, notamment en donnant cet autre lien, fort intéressant me semble-t-il.

Les Allemands sont des pragmatiques (« Realpolitik » est d’ailleurs un mot allemand).

Au sujet de la stratégie de l'anglosphère, Michel Drac a écrit : « Brzezinski souhaite dans une certaine mesure le développement des liens germano-russes, mais seulement si l’Allemagne est, via l’Union Européenne codirigée avec une France capable de maintenir une forme de parité, ancrée dans un monde atlantique lui-même sous leadership américain. Brzezinski parle, pour décrire l’Europe qu’il souhaite, de "tête de pont de la démocratie" (en clair : de l’Amérique). Et donc, une situation, où la France serait trop faible pour maintenir cette parité, modifierait fondamentalement l’attitude des USA à l’égard de la question germano-russe – surtout si, dans le même temps, l’Amérique est si affaiblie qu’elle n’a plus les moyens de faire clairement percevoir son leadership global.

Nous avons confirmation de cette lecture plus loin : "A long terme, la France est un partenaire indispensable pour arrimer définitivement l’Allemagne à l’Europe. […] Voilà pourquoi, encore, l’Amérique ne saurait choisir entre la France et l’Allemagne".

En clair : aussi longtemps que l’Europe s’unifie sous la tutelle américaine, l’Allemagne doit être poussée à étendre sa zone d’influence vers l’est. Mais si ce nouveau Drang nach Osten devait déboucher sur la définition d’un axe Berlin-Moscou émancipé de la tutelle US, alors il faudrait que les USA donnent les moyens à la France de rééquilibrer l’Europe. Ce point est, évidemment, pour nous, Français, d’une grande importance. Nous allons peut-être avoir, enfin, la possibilité de desserrer l’étau de l’alliance germano-américaine ».

Si nous en sommes, désormais, à lire dans le Times de Londres, en substance : « puisque l’Allemagne ne veut pas payer davantage pour le fédéralisme européen (d’impulsion atlantiste), la France n’a qu’à la punir en faisant sa propre UE, ce qui poussera l’Allemagne à (je cite) revenir en rampant, la queue entre les jambes », c’est que l’Allemagne bloque le fédéralisme français (sarkozyste atlantiste) et que l’anglosphère en est réduite, parce que c’est un signe de sa faiblesse et de son impuissance à forcer l’UE à devenir fédérale, à ce plan de secours.

« Revenir en rampant, la queue entre les jambes » : incroyables expressions, pleines de mépris et de haine, vous ne trouvez pas ? Ils l’ont mauvaise contre l’Allemagne, les Ricains et les Godons…

A mon sens, cet article du Times est un signe encourageant de ce qu’avec la progression de la crise (la crise en général, parce qu’on nous parle toujours des dettes publiques, mais en réalité les vrais problèmes ne sont pas là, ils sont dans la crise de l’économie réelle, dans le basculement Occident/Orient du fait du libre-échangisme mondialisé et de la désindustrialisation occidentale, dans l’autodestruction du « Système » par pléthore et par abus de financiarisation, avec des dettes privées qui sont bien supérieures aux dettes publiques…) ; un signe encourageant de ce qu’avec la progression de la crise, dis-je, l’anglosphère perd de son influence, à mesure que chacun cherche, au plan national, des solutions pour se sauver sans que l’idéologie entre encore autant en ligne de compte qu’auparavant.

Les élections de 2012 seront très importantes, en France comme aux Etats-Unis. Celles de 2013 ne le seront pas moins, en Allemagne. Montée du populisme, influence sur les élites installées qu’elles le veuillent ou non (clientélisme électoral)…

Qui sait ce qui peut se passer d’ici-là, mais une chose me paraît sure : ce n’est pas avec la Finlande, les Pays-Bas et l’Autriche (30 pauvres millions d’habitants au total) que l’Allemagne pourrait, en faisant sécession, sauver ses exportations, déjà que celles-ci ne cessent de chuter quand elles sont à destination des Etats-Unis.

Des gens aussi avisés que Merkel à la CDU-CSU et Steinbrück au SPD, le savent pertinemment et ce ne sont pas les déclarations tonitruantes du politiquement insignifiant Christian Wulff, par ailleurs sous le coup d’une enquête pour abus de biens sociaux, qui y changeront quelque chose, même si le contexte lui paraît favorable dans l’immédiat (à noter que Merkel en avait fait son candidat au poste de président – c’est dire le peu de fidélité de cet opportuniste).

Par ailleurs, l’UE, ni la zone Euro, ne peuvent expulser aucun pays. Donc, il faudrait, pour que la zone Euro « éclate » comme le claironnent désormais tous les médias mainstream, qu’un grand pays s’en retire. Mais lequel ?

La France de Sarkozy ? Certainement pas, ni Naboléon l’américain, ni François Hollande (désormais favori de la primaire socialiste comme de l’élection de 2012), ni aucun autre atlanto-propulsé de la classe des fossiles, ne prendront jamais le contrepied de Jean Monnet, de Robert Schuman, de Pierre Mendès France et tutti quanti. Et MLP ne gagnera pas en 2012.

L’Allemagne de Merkel ? Je n’y crois pas du tout, notamment en raison du poids du patronat, dont Michel Drac souligne l'importance. Le patronat industriel allemand, conquérant mais qui ne peut se passer de l'Euro (c'est-à-dire de l'Euro fort, mais tout se négocie), est en train de prendre le dessus, politiquement, sur le patronat financier, englué jusqu’au cou dans la responsabilité de l’exposition [ce lien : voir pp 10 ss : « Les foyers de risque »…] aux dettes des PIGS et aux actifs toxiques datant des subprimes.

Un exemple ? Malgré son anti-fédéralisme, Hans-Peter Keitel, le président de l'Union fédérale de l'industrie allemande, a été invité par la CDU à prendre part à l'élection du président de la République fédérale allemande en 2010, ce qui est un honneur marqué, alors qu'Andreas Schmitz, son alter égo de l'Union des banques, qui en était absent, vient d'appeler Berlin, pour sauver l'Union monétaire, à « montrer le chemin » dans un sens fédéraliste certes plus classique, mais au rebours de la tendance politique de fond outre-Rhin.

Le patronat industriel allemand se prononce clairement pour l'Euro sous condition de rigueur budgétaire (le Pacte de compétivité, qui est bien sûr une erreur, puisque la rigueur peut tuer ses clients au sein de l'Union : il sera donc obligé de lâcher du lest ultérieurement, notamment quand les dirigeants politiques allemands négocieront avec la France, pénalisée, elle, par l'Euro fort - le FESF et le MES sont d'ailleurs déjà de premières concessions), mais il le fait dans cette optique anti-fédéraliste qui est intéressante. Le patronat bancaire, lui, reste sur une ligne certes également pro-Euro, mais politiquement dépassée, influente sans doute uniquement au plan financier (la fuite en avant dans la dette, inévitable, contre la fuite en avant dans la rigueur, intenable).

Alors qui, en définitive, pour se retirer de la zone Euro ? Personne.

Personne n’a intérêt à sortir de l’Euro, ou la volonté de le faire.

Alors quoi ?

 

La monétisation des dettes par la BCE, si combattue, tant par les fédéralistes européens (pour qui la BCE doit rester le petit toutou des politiciens, des financiers monétaristes comme Trichet ou Draghi, des idéologues de la sacralisation des dettes) que par les souverainistes et les nationalistes (au nom, plus légitimement, des défauts techniques criants de l’Euro et de l’UE, comme de la lutte contre la techno-bureaucratie de Bruxelles, tout sauf démocratique, et pour le retour au pré carré national), que par l’Allemagne (essentiellement pour d’autres raisons évoquées plus haut : le souhait de ne pas avoir à payer pour les autres), cette monétisation des dettes est pourtant probablement la seule solution à court terme.

Et je pense qu’on y viendra. En réalité, outre ce qu’on sait de ses achats de titres sur le marché secondaire, la BCE a déjà commencé, secrètement (et, nécessairement, avec l’accord de l’Eurosystème ; c’est-à-dire, malgré l’indépendance des banques centrales nationales sur le papier, avec l’accord des dirigeants politiques feignant de l’ignorer).

Et le FESF, puis le MES, continueront dans cette voie, et je pense qu’ils seront abondés autant que possible. Angela Merkel vient d’annuler un rendez-vous germano-russe pour cause de FESF, c’est dire si en réalité elle y tient. Et elle assure, selon moi de façon crédible, qu'elle parviendra, fin septembre, à faire voter l'accord de renforcement des pouvoirs de ce Fonds.

Jean-Claude Werrebrouck a déjà parlé de cette course au crédit, bien mieux que je ne saurais le faire.

Evidemment, tout cela est pitoyable, c’est une fuite en avant jusqu’aux prochaines élections pour maintenir l’illusion électoraliste que tout va encore à peu près bien.

La monnaie unique, avantageuse pour les pays économiquement forts, se révèle, comme certains l’avaient prévu bien avant même sa naissance, être le pire des carcans et des instruments d’appauvrissement, en l’absence de direction commune et de souplesse géographique dans son application.

Là encore, Jean-Claude Werrebrouck l’avait parfaitement expliqué.

Difficile de prévoir l’avenir de la fuite en avant.

Le fédéralisme idéologique paraît désormais en être exclu par le véto allemand, mais comme l’Euro est toujours voulu par les acteurs de sa zone, il va bien falloir pour le sauver, s’ils ne veulent pas se heurter tôt ou tard au mur de la dévaluation carabinée (qui peut néanmoins présenter quelques avantages commerciaux concurrenciels, mais truciderait les banques que tout le monde veut absolument sauver en priorité actuellement, et précipiterait la récession), qu’ils se résolvent à le réformer, lui et sa fameuse « gouvernance ».

Et, au fur et à mesure de la montée des populismes, peut-être verrons-nous des évolutions… souverainistes européennes, sans être fédérales, ni donc eurocratiques et antidémocratiques. J’ai déjà dit quelles formes elles pourraient prendre (transformation de l’Euro en monnaie commune, de la BCE en prêteur en dernier ressort, défauts partiels sur dettes hiérarchisées à la carte suivant l’idée de Jacques Delpla, eurobons assortis de garanties, contribution forcée de la finance…).

Cela suppose, bien sûr, des évolutions politiques importantes. Mais celles-ci ne se produisent-elles pas, en général, quand nécessité fait loi ?

Et comme toujours, Jean-Claude Werrebrouck est un guide précieux.

Quels que soient les moyens, il va bien falloir un jour sortir de l’impasse, ce qui suppose de transiter par des étapes imparfaites, voire apparemment contraires aux buts recherchés (qui sont, bien sûr : la mort de l’escroquerie bancaire, la restauration des souverainetés, la puissance européenne confédérale ou quelle que soit sa forme non-supranationale), quitte à ce que ces évolutions soient portées par des gens que nous exécrons et nous imposent provisoirement des épreuves supplémentaires.

N’oublions jamais que, pendant ce temps, notre pire ennemi agonise. La vengeance est un plat qui se mange froid. Quant à notre liberté, elle mérite bien que nous nous mettions, nous aussi, à la Realpolitik.

D’autant plus que nous sommes peu de choses, politiquement, sinon carrément rien ; nous ne sommes pas au pouvoir et sans doute pas près d’y accéder, en tout cas dans un contexte où l’argent ne fait pas défaut à la partitocratie et à ses commanditaires et clients pour en verrouiller les portes et stipendier leurs kapos.

Notre travail actuel, même si nous souhaitons ardemment ne pas être que des spectateurs de la folie financière en cours, ne peut porter que sur la compréhension de la situation et le militantisme populiste (et identitaire – pléonasme) à de multiples niveaux.

27/08/2011

Marine Le Pen manipulée ?

 

Depuis quelques mois, on sait que la présidente du Front National s'est assuré les services de conseillers occultes et notamment, de deux hauts (?) fonctionnaires, à l'anonymat paraît-il obligé pour cause de sécurité professionnelle.

Je viens d'apprendre, sans pouvoir nommer mon informateur, que, de sources internes au FN, MLP serait complètement soumise intellectuellement, pour les aspects économiques et écologiques de son programme et de ses discours, à ces deux inconnus dont personne ne sait de quel chapeau ils sortent, mais qui émargeraient au Ministère des Finances, et que le départ de Laurent Ozon serait bel et bien lié à leur influence.

Ozon aurait soumis le résultat de ses travaux à MLP, qui à son tour, ne jurant que par ses deux éminences grises, le leur aurait transmis pour approbation. Les deux conseillers secrets l'auraient rejeté et remplacé par leur propre travail de « plumes », très différent, avec la bénédiction de la présidente. Ce dont Laurent Ozon, qui faisait allusion récemment à « deux plumes néocons de MLP » sur son compte Twitter, ne pouvait que tirer une conclusion logique, quant à l'utilité de sa présence au sein de l'équipe, officielle celle-ci, du FN.

Je mets tout cela au conditionnel, car l'héritière de la SARL Le Pen a pris l'habitude de dégainer les dépôts de plaintes comme Lucky Luke son 45, mais selon ma source, parmi les cadres du FN, dont beaucoup désapprouveraient la confiance placée par leur tête d'affiche en ses deux mentors officieux, ce serait un secret de polichinelle.

Il faut rappeler que, selon Laurent Ozon, « l'objectif prioritaire poursuivi par ce groupe » [comprendre : « les deux plumes néocons de MLP » et ceux qui sont derrière] « est l'instrumentalisation du FN et de sa présidente comme bélier contre l'€uro ».

L'Euro, qui sera encore le sujet de mon prochain billet.

20/08/2011

Sortir de l'euro ?

L'Europe-puissance, l'Eurasie, l'axe Paris-Berlin-Moscou, cauchemars de l'anglosphère

 

 

« La mission des Etats-Unis sera de s'assurer qu'il ne soit permis à aucune puissance rivale d'émerger en Europe occidentale, en Asie ou sur le territoire de la CEI. »

(Defence Planning Guidance du Pentagone, élaboré en liaison avec la NSA, mars 1992)

 

Voilà quelques extraits du truculent commentaire d'un anonyme sur F.Desouche, il y a quelques jours. Je ne retiens que la partie consacrée à l'euro, dont le moins qu'on puisse dire est que le sens en est diamétralement opposé au souverainisme monétaire franco-français, le plus souvent sentimental et nostalgique, qui domine dans la « droâte nationâââle »... Dois-je ajouter que, pour l'essentiel, je suis d'accord ?

Je signale, au passage, que le Bloc Identitaire a une vision qui me paraît également sensée : voir , ici et encore ici.

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« (...) à l’usage de tous les neuneus qui ânonnent à longueur de post NARINE ! NARINE !” et des NARINE 2012 ! NARINE 2012 !”, comme les illuminés d’une secte millénariste attendant leur gourou pour s’immoler dans un suicide collectif. (...)

Quant à son dada actuel, qu’elle [MLP] a appris par coeur, récite, répète et déclame jusqu’à m’en coller la nausée, à savoir : zortir du méssant zeuro que cé qu’y fait rien qu’à nous zembêter et que cé qu’y fé du mal aux zens é kil é coupableu deu tou depui touzour !, eh bien c’est (...) une ânerie sans nom.

La bonne idée aurait déjà été de ne pas voter le traité en 1992, puis de REFUSER, à coups de manifs destructrices s’il avait fallu, l’ENTRÉE dans l’Euro, ça c’est sûr.

Mais cette tocade débile de vouloir remettre l’ancien gréement du navire au beau milieu de la tempête force 10, même si on considère qu’il était meilleur que le nouveau qu’on a installé lors du dernier passage en cale sèche, c’est tellement grotesque que ça ne mérite même pas de réponse.

De toute façon, venant de cette bonne-à-rien et mauvaise-à-tout, cultivée comme un champ de betteraves, plus rien ne m’étonne.

L’histoire ne repasse pas les plats. À lire beaucoup de gens ici, on a définitivement l’impression d’avoir affaire à des ados immatures, qui croient que faire des mauvais choix, et ne pas se battre quand c’est l’heure de le faire pour imposer les bons, n’est pas grave, pas important, qu’on peut toujours crier Pouce, on jouait pour du beurre hein, on recommence là où on était avant que je commence à perdre !”

Ça ne marche pas comme ça dans la vraie vie, vous êtes en train de commencer à l’apprendre mais la leçon ne fait que commencer et elle sera dure, beaucoup même n’y survivront pas, psychologiquement j’entends. La plupart sont bien trop formatés à ce mode de pensée déresponsabilisée pour y arriver.

Certains sont toujours en train de citer ce cher Vladimir comme exemple et de souhaiter un chef d’État de cette trempe, mais n’avez-vous pas prêté attention à une de ses récentes déclarations, où il disait très clairement qu’il fallait soutenir le vilain “zeuro” ?

Et l’excellent Hervé Juvin, que beaucoup ont encensé ici, pas fait attention non plus qu’il est opposé à une sortie de l’Euro en catastrophe, comme [MLP] le réclame (...) ?

Dernière question, pour vous servir enfin de votre cerveau, combien ici jouent aux échecs ? Pour ceux qui pratiquent, vous devez bien savoir que quand on se rend compte après deux coups qu’on avait fait un mauvais mouvement, lorsqu’on est encore un joueur débutant bien sûr, le pire coup à faire est d’essayer de ramener ses pièces à la position qu’elles occupaient avant ce mauvais déplacement ? Eh oui, non seulement parce que votre adversaire, lui, n’a plus ses pièces aux mêmes places, mais aussi parce que, ce faisant, vous lui donnez encore deux coups supplémentaires pour améliorer son placement. Ce qui est joué est joué, on ne peut pas revenir en arrière.

C’est pareil actuellement, il ne fallait certes pas accepter l’Euro à l’époque, il fallait même se battre pour l’éviter, mais comme la solution n’est pas d’en sortir aujourd’hui, du moins pas maintenant, et pas en catastrophe. Vous vous étonnez de vous faire baiser ? Rien d’étonnant, vous faites exactement à chaque fois ce que votre adversaire souhaite que vous fassiez, c’en est risible. (...)

Franchement, comme en plus beaucoup l’ont remarqué, le fait que les mêmes qui ont fait des pieds et des griffes pour vous/nous fourguer l’Euro il y a 10/15 ans recommencent aujourd’hui leurs pantomimes, tous en coeur, pour le démolir et vous persuader qu’il faut le balancer, ça ne vous paraît pas étrange ? Ça ne vous met pas la puce à l’oreille ? Personne ne se dit qu’il y a tout de même quelque chose qui cloche ? (...) »

11/06/2011

« Debtocracy »

Pour bénéficier de sous-titres en français, cliquez sur le bouton "CC" en haut à droite, puis sur "FR".

 

Plus d'informations ici.

22/04/2011

« L'économie des Etats-Unis, une vaste illusion »

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World Trade Center, New York, 14 septembre 2001

 

La presse suisse est décidément bien plus intéressante que la presse française... Citation :

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Le billet vert est devenu la plus grande bulle spéculative de l’histoire et va s'effondrer prochainement. Quant aux attaques à l’encontre de l’euro, elles ne sont qu’un écran de fumée pour masquer la faillite de l’économie américaine, soutient Myret Zaki dans son dernier livre.

« Un krach du billet vert se prépare. Il est inévitable. Le principal risque planétaire actuel, c’est une crise de la dette souveraine américaine. La plus grande économie du monde n’est plus qu’une vaste illusion. Pour produire 14.000 milliards de revenu national (PIB), les Etats-Unis ont généré plus de 50.000 milliards de dette totale, qui leur coûte 4.000 milliards d’intérêts par an ».
 
Le ton est donné. Tout au long des 223 pages de son nouveau livre, la journaliste Myret Zaki se lance dans un réquisitoire impitoyable à l’encontre du dollar et de l’économie américaine, qu’elle juge « techniquement en faillite ».
 
Devenue en quelques années l’un des écrivains économiques les plus réputés de Suisse – elle s’était déjà penchée dans ses précédents ouvrages sur la débâcle américaine d’UBS et la guerre commerciale sur le marché de l’évasion fiscale - Myret Zaki soutient la thèse d’une attaque contre l’euro pour faire diversion sur la gravité du cas américain. Interview.

swissinfo.ch : Vous affirmez que le krach de la dette américaine et la fin du dollar comme monnaie de réserve internationale sera l’événement majeur du XXIe siècle. Ne versez-vous pas dans un certain catastrophisme ?

Myret Zaki :  En annonçant un événement d’une telle ampleur alors que les signes d’une crise violente ne sont pas encore tangibles, je conçois que cela puisse paraître catastrophiste. Pourtant, je ne me base que sur des critères extrêmement rationnels et factuels. De plus en plus d’auteurs américains estiment que la dérive de la politique monétaire américaine mènera inévitablement à un tel scénario. Il est tout simplement impossible que cela se passe autrement.

swissinfo.ch : Pourtant, ce constat n’est de loin pas partagé par une majorité d’économistes. Pourquoi ?

M.Z. : C’est vrai. Il existe une sorte de conspiration du silence, car énormément d’intérêts sont liés au dollar. La gigantesque industrie de l’asset management (investissement)  et des hedge funds (fonds spéculatifs) repose sur le dollar. A cela s’ajoutent des intérêts politiques évidents. Si le dollar ne maintient pas son statut de monnaie de réserve internationale, les agences de notation pourraient rapidement ôter à la dette américaine sa notation maximale. A partir de là s’engagera un cercle vicieux qui va révéler la réalité de l’économie américaine. Il s’agit de maintenir les apparences à tout prix, même si le vernis ne correspond plus du tout à la réalité.

swissinfo.ch : Ce n’est pas la première fois qu’on annonce la fin du dollar. En quoi les choses sont-elles différentes en 2011 ?

M.Z. : La fin du dollar est effectivement annoncée depuis les années ’70. Mais jamais autant de facteurs n’ont été réunis pour augurer du pire. Le montant de la dette américaine a atteint un record absolu, le dollar est à son plus bas niveau historique face au franc suisse et les émissions de nouvelles dettes américaines sont principalement achetées par la banque centrale américaine elle-même.
 
A cela s’ajoutent des critiques sans précédent des autres banques centrales, créant un front hostile à la politique monétaire américaine. Le Japon, qui est créancier des Etats-Unis à hauteur de 1.000 milliards de dollars, pourrait réclamer une partie de ces liquidités pour sa reconstruction. Et le régime des pétrodollars n’est plus garanti par l’Arabie saoudite.

swissinfo.ch : Plus que la fin du dollar, vous annoncez donc la chute de la superpuissance économique américaine. Mais les Etats-Unis ne sont-ils pas trop grands pour faire faillite ?

M.Z. : Tout le monde a intérêt à ce que les Etats-Unis se maintiennent et le déni va se poursuivre encore un moment. Mais pas indéfiniment. Personne ne pourra sauver les Américains en dernier ressort. Ce sont eux qui vont porter le coût de leur faillite. Une très longue période d’austérité s’annonce. Elle a d’ailleurs déjà commencé. Quarante-cinq millions d’Américains ont perdu leur logement, 20% de la population est sorti du circuit économique et ne consomme plus et un tiers d’Etats américains sont en quasi faillite. Plus personne n'investit de fonds propres dans ce pays. Tout repose uniquement sur la dette.

swissinfo.ch : Vous affirmez que l’affaiblissement de la zone euro ne représente rien de moins qu’une question de sécurité nationale pour les Etats-Unis. N’est-on pas entré dans une sorte de paranoïa anti-américaine ?

M.Z. : Nous aimons tous l’Amérique et nous préférons voir le monde en rose. Pourtant, après la fin de la Guerre froide et la création de l’euro en 1999, une guerre économique s’est enclenchée. L’offre concurrente d’une dette souveraine solide dans une monnaie forte risquait de faire baisser la demande pour la dette américaine. Mais les Etats-Unis ne peuvent cesser de s’endetter. Cette dette leur a permis de financer les guerres en Irak et en Afghanistan et d’assurer leur hégémonie. Ils en ont un besoin vital.
 
En 2008, l’euro était une monnaie prise extrêmement au sérieux par l’OPEP, les fonds souverains et les banques centrales. Elle était en passe de détrôner le dollar. Et cela, les Etats-Unis ont voulu l’empêcher à tout prix. Le monde cherche un endroit sûr où déposer ses excédents, et l’Europe est activement empêchée d’apparaître comme cet endroit sûr. C’est précisément à ce moment que les fonds spéculatifs se sont attaqués à la dette souveraine de certains Etats européens.

swissinfo.ch : Qu’adviendra-t-il après la chute annoncée du dollar ?

M.Z. : L’Europe est aujourd’hui la plus grande puissance économique et elle dispose d’une monnaie de référence solide. Contrairement aux Etats-Unis, c’est un bloc en expansion. Sur le continent asiatique, le Yuan va devenir la monnaie de référence. La Chine est le meilleur allié de l’Europe. Elle a d’une part intérêt à soutenir un euro fort pour diversifier ses placements. D’autre part, elle a besoin d’un allié comme l’Europe au sein de l’OMC et du G20 pour éviter de devoir réévaluer rapidement sa monnaie. Aujourd’hui, l’Europe et la Chine agissent comme deux forces de gravitation qui attirent dans leur orbite les anciens alliés des Etats-Unis : le Japon et l’Angleterre.

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 En quelques phrases

Dollar. « S’agissant du dollar, on a plus affaire à une croyance, à une foi de type religieux qu’à des arguments économiques et rationnels. »
 
Dette. « La croissance économique à l’américaine est un acte de volonté qui consiste à émettre de la dette de qualité hautement spéculative, et de convaincre le monde qu’elle a une valeur AAA (qualité de risque maximale, sans aucun risque). »
 
Guerre. « Les Etats-Unis ayant perdu du terrain économique sous l’effet de la globalisation, ils ont eu recours à l’usage de la force politique et militaire, le dollar étant une affaire de sécurité nationale. »
 
Propagande. « La panoplie de tactiques utilisées par Washington, digne de L’art de la guerre de Sun Tzu, n’est autre que celle des guerres classiques : intimidation, bluff, marketing mensonger (terme poli désignant la propagande). Et, surtout, manœuvres de diversion. »
 
Interventionnisme. « Les Etats-Unis ont cédé à une forme avancée de capitalisme de connivence, dans lequel l’Etat mène une politique d’interventionnisme systématique qui fausse le jeu économique au sens large pour favoriser exclusivement les intérêts de l’oligarchie financière. »
 
Spéculation. « Jamais les banques et fonds spéculatifs n’ont à ce point dicté la valeur des obligations d’Etat sur les marchés financiers mondiaux. Et jamais les gouvernements des pays les plus vulnérables n’ont été à ce point à leur merci. Les spéculateurs ont tout simplement le pouvoir d’évincer un petit pays hors du marché des capitaux. »
 
Bulle. « La politique de la Fed a précipité, depuis 2001, les Etats-Unis dans une spirale infernale de booms et de busts : une économie de bulles, maintenue sous anabolisants, où les phases de dégonflement succèdent aux phases de regonflement. »
 
Euro. « La stratégie a fonctionné, en particulier grâce au tapage médiatique assuré par les médias autour de ce qu’ils désignaient volontiers comme « la crise de l’euro » plutôt que la crise grecque ou irlandaise. »
 
Extraits du livre de Myret Zaki, La fin du dollar, Editions Favre, 2011

Source : Swinssinfo

20/01/2011

Alain Cotta : sortir de l'euro ou mourir à petit feu

Voilà un vrai débat, qui agite principalement les sphères patriotes françaises ayant un peu de connaissances en économie (merci, au passage, à Médias France Libre pour la vidéo qui suit).

C'est l'occasion de souligner que, désormais, les idées nouvelles, celles qui ont de l'avenir, ne sont plus celles que sécrètent le système en place et ses élites épuisées.

La relève des idées annonce généralement celle des formes politiques et sociales et le fait que ces idées descendent enfin, avec quelque bonheur médiatique, au plan du concret (l'économie et le social, domaines trop méprisés par les idéalistes rêvant de changer la société sans l'empoigner au collet, ou plutôt par les couilles), est le signe - un de plus - d'une révolution des mentalités, augure d'un basculement pratique.

Le professeur Cotta se dit favorable à un retour à l'euro comme monnaie commune uniquement. Je partage son avis, probablement pour des raisons plus politiques que les siennes, mais surtout parce que la crise accélère sa progression et qu'il ne me semble pas qu'il y aura place pour le "mourir à petit feu".

L'Europe est en proie, comme l'ensemble de l'Occident et même du monde, aux banquiers fous de l'anglosphère, qui ne sont en fait que de simples voleurs à grande échelle.

Elle est en proie à un véritable pillage, au moyen de la création ex nihilo de monnaie scripturale et même fiduciaire (à cet égard, l'exemple de la Fed n'est pas isolé : la BCE est également, dans une moindre mesure, l'instrument de la finance privée, puisqu'elle est le jouet de la Commission Européenne, haut lieu de lobbying, s'il en est ; sa politique de taux prouve d'ailleurs cet asservissement).

L'existence même du prêt à intérêt, longtemps prohibé par le passé, devrait être un vaste sujet de débat.

On ne pourra pas sortir de  la servitude et de la décadence, sans un retour à la souveraineté monétaire et une abolition de la rente ou, au moins, une sévère limitation de celle-ci.

Mais en attendant la réalisation de cet idéal, qui sera imposée, après que la crise aura jeté bas l'oligarchie actuelle, par la nécessité autant que par la meilleure compréhension de dirigeants européens nécessairement nouveaux ; en attendant, eh bien il faut, bon gré mal gré, "chevaucher le tigre" (si on peut parler de tigre en visualisant les tronches de cake de Barroso, de Merkel et de Van Rompuy !).

Et c'est là que je suis en désaccord avec bien des souverainistes dont, à mon avis, l'idéal obscurcit le jugement ; et que je rejoins Alain Cotta.

L'actuelle fuite en avant est d’abord financière et monétaire, mais, bien que toujours dans le cadre de la recherche, avant tout, d'un sauvetage des banques, elle se transforme de plus en plus en une stratégie(s) politique(s) adaptée(s) à la guerre monétaire en cours ; et, comme le système est principalement fondé sur la communication, en guerre des signes (financiers et monétaires, mais fondamentalement politiques maintenant).

Si on raisonne en terme de puissance, de géoéconomie, de géopolitique, je pense que seule compte la fin (le retour du politique, à tout prix, parce qu'il n'y a que lui comme instrument salvateur, face au despotisme du fric) ; que nous avons dépassé le stade où la question des moyens a réellement encore un sens.

En réalité, personne n’a intérêt à sortir de la zone euro en ce moment (dans l'urgence).

Donc, à mon sens, personne ne le fera, d’autant plus qu’un pays membre ne peut pas en être expulsé, ce qui empêche les Allemands de conditionner leur participation à la collectivisation des dettes, à un « nettoyage censitaire » du club…

Les Allemands étant les plus exposés aux dettes des "PIGS", sont sans doute ceux qui ont le plus intérêt à rester dans l’euro.

Si les "PIGS" tombent, l’Allemagne tombe. Et tous les autres aussi (effet domino).

C’est aussi simple que ça.

Soit la zone euro tient bon (et je pense que c’est ce qui va se passer, même au prix de la monétisation des dettes par la BCE sans garde-fou, c’est-à-dire sans statut de prêteur en dernier ressort et sans capital suffisant – de toute façon, ainsi que le dit Olivier Delamarche, aujourd’hui, tout passe, on peut faire n’importe quoi, les marchés sont dans la stratosphère, dans la biture intégrale ; donc, pourquoi se gêner ?) ; soit elle craque et nous sommes morts.

Parce que les USA ne nous rateront pas, une fois à terre. Comme ils n'ont pas raté la Russie après effondrement de l'URSS. Ne nous leurrons pas sur la possibilité d’instaurer miraculeusement dans cette hypothèse, au plan national et dans l’urgence, tout ce qui manque aujourd’hui : élites politiques désintéressées, souveraineté monétaire et financière, protectionnisme, réindustrialisation… Luna Park !

Mieux vaut survivre dans la folie financière, jusqu’à l’effondrement de l'anglosphère, qui provoquera évidemment le nôtre, mais sans nous tuer et en nous donnant l’opportunité de nous libérer de la tutelle qui nous est imposée depuis soixante ans.