« La guerre mondiale actuelle oppose les Etats-Unis et l’Europe » (11/09/2011)
La stratégie du tapis de bombes
C'est Myret Zaki qui le dit.
Et elle l'explique :
« (...) Guerre contre les paradis fiscaux d’Europe (qui ont tous cédé la place aux paradis fiscaux anglo-saxons), guerre monétaire contre l’euro (qui a bien failli voler en éclats), guerre spéculative généralisée contre la dette des Etats européens (qui a mis fortement à mal l’idée même d’Europe). Le gagnant aurait fatalement dû être les Etats-Unis. La seule donne incontrôlable fut le soutien important et régulier apporté par la Chine - et dans une moindre mesure par la Russie - à l’euro et aux obligations de la zone. Sinon, l’Europe était peut-être déjà enterrée en 2010.
Peu d’entre nous acceptent l’idée que les "alliés" historiques que sont les Etats-Unis et l’Europe soient en guerre pour leur survie. Mais le 29 août, une langue s’est déliée. Celle de Laurence Parisot, présidente du Medef en France : "On a assisté à une sorte de guerre psychologique et à une tentative de déstabilisation de la zone euro", a-t-elle déclaré au Figaro, parlant d’une "orchestration" américaine des rumeurs sur les difficultés européennes, et faisant particulièrement allusion aux rumeurs infondées qui ont mis en péril la Société Générale. En outre, l’Allemagne a déjà évoqué ces tensions, en appelant (en vain) à la réglementation des stratégies et des dérivés utilisés par les spéculateurs, et à l’instauration d’agences de notation européennes, histoire de mettre fin au "deux poids, deux mesures". Il est naïf de croire à l’objectivité de l’information économique. On se contente de comparer les deux zones sur la base de leurs ratios d’endettement et des cours/bénéfices, comme si les avantages d’investir ici ou là reposaient uniquement sur des critères techniques. Or, les avantages d’un marché peuvent être créés artificiellement par un gouvernement interventionniste agissant de concert avec un puissant secteur financier, comme c’est le cas aux Etats-Unis. Le marché n’est pas objectif, il est orienté par de gros intérêts stratégiques, tiré par des "rumeurs" délibérées, et il a derrière lui toute la puissance de manipulation des Etats concernés. Un investisseur qui ignore cet élément ignore une information essentielle.
C’est simple. La solvabilité des Etats-Unis repose, aujourd’hui, sur l’échec de l’Europe. Cette "guerre" a apporté de colossaux bénéfices à Washington. Les taux à 10 et 30 ans américains, c’est-à-dire le coût de financement du gouvernement, n’ont jamais été aussi bon marché, malgré l’explosion du risque lié à l’endettement du pays. Et ce, grâce au report massif des investisseurs paniqués par la situation en Europe. (...) »
16:20 Écrit par Boreas | Lien permanent | Tags : guerre mondiale, etats-unis, europe, myret zaki, euro, paradis fiscaux, dette, etats, chine, russie, usa, laurence parisot, allemagne, france, marchés, rumeurs, intérêts, spéculateurs, solvabilité | Facebook | | Imprimer | |
Commentaires
Oui, camarade, sur ce front également, les choses évoluent et les lignes se tendent, des langues se délient.
J'avais laissé sur Fortune ce lien:
http://fortune.fdesouche.com/32681-blabla-3/comment-page-17#comment-74209
Issue d'une revue dont les auteurs sont comptent parmi les plumes de l'Establishment (entre autres X. Raufer) et sont affiliés pour certains au Conseil Supérieur de la Formation et de la Recherche Stratégiques dont le président n'est autre que A.Bauer qui constitue une des éminence grises de l'intérieur et de la défense.
Le ton de l'article présente clairement le caractère "criminel" du système politico-financier américain.
Ce n'est certes pas une révélation en soi.
Mais ce qui est nouveau, c'est que des intellectuels institutionnels (très) influents et des hommes de réseaux tiennent ce langage en dehors de leurs cercles.
On se souviendra des mésaventures de l'historien A. Chauprade intervenant du collège interarmées de défense qui pour des écrits et des conférences au sujet de la réalité des USA au plan géostratégique, en des termes clairs, mais nettement plus soft, avait été victime d'une véritable chasse aux sorcière lancé par le très cavalier H. Morin, alors ministre de la défense de son état. (Ce qui nous donna cependant l'opportunité de voir la création de Realpolitik TV, comme quoi d'un mal peut sortir un bien et comme quoi, ce Morin, au final, n'était pas un si mauvais cheval^^).
Bref, les choses bougent, les atlantistes convaincus ou/et appointés ne semblent plus avoir le monopôle de l'expression sur le sujet "USA".
Le voile s'est il (enfin) déchiré à l'aune de la crise ? Il est permis de le penser.
Écrit par : léonidas | 11/09/2011
Très intéressant, en effet. Merci pour ce lien.
Écrit par : Boreas | 11/09/2011
J'en parlais avec un ami cet aprés midi:
Le fait que "l'Occident" se déchire en deux peut être une opportunité pour les européens.
En effet, l'anglo-sphére est en train de "suicider" ses vassaux afin d'assurer sa survie.
Néanmoins, cette stratégie à court terme l'affaiblie à moyen terme.
Et à court terme, les tensions intra-européennes peuvent faire perdre de l'influence anglo-saxonne sur le continent en libérant des forces nouvelles et non inféodées.
La seule issue, dans ce cas, pour l'anglosphere, à la place de voir se lever une nouvelle puissance indépendante de son acide impérial , serait de.... détruire l'Europe.
Par une guerre inter-ethnique par exemple.
Par conséquent, il faut rester vigilant sur "la libération de la parole", autorisée par les oligarchies, ainsi que des tentatives de "promotion de la diversité" appuyée par l'ambassade Us.
Écrit par : Three piglets | 11/09/2011