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13/07/2011

De la bulle des produits dérivés au pouvoir des spéculateurs

En rouge : évolution du montant "notionnel" des produits dérivés détenus par les banques des USA

En bleu : évolution du PIB des USA

(en milliers de milliards de dollars)

 

Myret Zaki, bien connue des lecteurs de ce blog, a le sens de la formule.

Elle écrit, je cite : « les spéculateurs en dette souveraine sont les vrais patrons des petits pays endettés ». Elle termine son article en évoquant le marché des produits dérivés, pour rappeler qu'il est devenu un « outil redoutable de paris sur la dette souveraine et privée ».

Gilles Bonafi, mieux connu, lui, des lecteurs de Fortune, précise que « 243.991 milliards de dollars de produits dérivés [sont] détenus par 4 banques aux USA (...) à comparer avec les 65.000 milliards du PIB de la planète. (...) ils ont augmenté de 12.810 milliards de dollars au premier trimestre 2011 », soit « 113% d'augmentation [par rapport au trimestre précédent], un chiffre qui a du mal à coller à la réalité économique » !

La Grèce et l'Italie sont en difficultés, nous dit-on partout... Partout ? Ouais, partout où on ne vous parle (pas comme ça, en tout cas) ni de produits dérivés, ni de spéculation. Comme par hasard.

Evoquons juste les gros médias français. Ils sont très largement aux ordres du capital : Libération (Rothschild), Le Monde (Bergé-Pigasse-Niel), Le Figaro (Dassault), Le Nouvel Obs (Perdriel), Le Point (Pinault), Les Echos et La Tribune (LVMH), Le Parisien (Amaury), TF1 (Bouygues), Canal + (Vivendi), M6-RTL (Bertelsmann), Europe 1 (Lagardère), etc.

Conclusion : le discours suit l'intérêt. Donc, il faut aller se renseigner en priorité auprès des médias qui n'ont pas d'intérêts capitalistiques, avant, par recoupements et discrimination, de faire le tri entre les faits et les affabulations.

27/06/2011

L'idéologie du « Siècle » : le « libéralisme mondialisé »

le%20siecle.jpg« Tous les grands médias, qu’il s’agisse de la presse écrite, des radios ou des télévisions sont détenus ou contrôlés par des membres du Siècle (Dassault, Rothschild, Bolloré, Arnault, Lagardère, etc.) ou dirigés par des membres du Siècle. Les rares articles qui ont pu paraître sur le principal (et unique en fait) club d’influence français, Le Siècle, sont convenus et dépourvus de tout intérêt. Un seul exemple : l’année dernière, j’ai reçu à plusieurs reprises une journaliste économique renommée qui travaillait pour le magazine Capital de M6. Elle m’a dit vouloir consacrer un dossier de 25 minutes au club Le Siècle. Je lui a ouvert mes dossiers, lui ai donné tous les contacts, fourni des documents ultra confidentiels (annuaires, circulaire internes, fiches de recrutement, etc.). Je lui ai gentiment expliqué également que son reportage ne sortirait jamais et serait annulé parce que le PDG de M6, Nicolas de Tavernost était membre du Siècle. Elle m’a téléphoné, quasiment en pleurs, un mois après pour me dire que son travail avait été refusé. De même, Au Cœur du pouvoir a été envoyé à environ 130 journalistes de la grande presse, la presse que l’on peut dire "aux ordres". Il n’y a eu aucun article dessus. (...)

Il y a une idéologie, c’est celle du libéralisme mondialisé. Comme l’a expliqué Laurent Joffrin, directeur du Nouvel Observateur, qui a démissionné avec fracas du Siècle il y a environ un mois, Le Siècle est véritablement la section française de l’hyper-classe ou de la super-classe mondialisée. Il correspond à cette expression de Samuel Huntington : "la super-classe née de la mondialisation". De même Jacques Julliard, ancien membre de la Commission trilatérale, écrit assez courageusement" : "Le Siècle, le club de cette superclasse dirigeante (…) Dans ce milieu fermé où les socialistes ont leur place à côté des gros bataillons de la droite française, fermente l’idéologie de la classe dominante : modernisme économique, bien-pensance sociale et culturelles, conformisme économique, respect absolu de la puissance de l’argent." Hormis qu’il y a largement autant d’oligarques de gauche que de droite au Siècle, cette description est parfaitement exacte : il y a bien une idéologie… mais qui ne se revendique pas en tant que telle. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que tous les membres du Siècle ne sont pas égaux et que le pouvoir est passé d’un groupe à un autre à mesure que le capital se restructurait en France, en Europe et dans le monde. On est donc passé, en 60 ans, du primat des politiques (IVe République) à celui des industriels (Pompidou), puis aux technocrates (Giscard d’Estaing et les débuts de François Mitterrand), puis aux banques (Bérégovoy) et enfin à la finance mondialisée (Chirac, Sarkozy). Aujourd’hui, ce sont les financiers qui contrôlent le Siècle et dictent leurs règles aux politiques. Comme le dit Julliard, "il existe, derrière les apparences successives des combinaisons ministérielles, un gouvernement de facto, un gouvernement invisible des élites financières et institutionnelles qui, à défaut de dicter sa loi, fournit la pensée et inspire l’action des élites dirigeantes françaises."

Je ne veux pas être trop long, mais Le Siècle est un endroit, un laboratoire, où se décident beaucoup de choses. On en a des éléments dans les mémoires d’anciens membres, au détour d’articles, etc. Les conversations étant secrètes, il est toujours difficile d’apporter la preuve de ce pur affairisme mais plusieurs membres me l’ont confirmé tout comme diverses fuites, le système de recrutement, etc. La plupart des membres ne sont pas recrutés pour leurs qualités propres mais pour les fonctions qu’ils occupent. C’est le libéralisme antisocial pur et dur qui ne rêve que d’une chose : que les classes populaires françaises travaillent pour 2 euros par jour comme les Chinois aujourd’hui et que l’oligarchie, qui les exploite, engrange ses bénéfices colossaux dans des paradis fiscaux.

La rupture aujourd’hui ne se fait pas entre gauche et droite. Nicole Notat était secrétaire général de la CFDT quand elle est entrée au Siècle. Ce qui lui permettait de dîner chaque mois avec les grands patrons du CAC 40 et le gouvernement. Il en est de même aujourd’hui avec certains responsables de la CGT. (...)

On voit très bien pour le Parti communiste et pour la CGT ce qui s’est produit. Les dirigeants qui ont été cooptés au Siècle ont fait changer du tout au tout l’idéologie du PCF et de la CGT. Malgré leurs rodomontades, ces deux organisations ont rallié l’Union européenne, le Traité de Maastricht, le fédéralisme, l’euro, le mondialisme, etc. Ils ont trahi tous les intérêts et les acquis sociaux des classes sociales qu’ils prétendaient défendre, en particulier la classe ouvrière et les employés. Ils sont les complices du "détricotage" des acquis obtenus par les luttes sociales des 150 dernières années. Ce qui fait que les syndicats ne pèsent pratiquement plus rien et sont essentiellement financés par des cotisations patronales ou par l’État. (...)

Quant aux élites françaises qui constituent les bataillons du Siècle, elles sont, mais c’est sans doute la cas ailleurs, d’une extrême médiocrité, en particulier dans la sphère politique. Ce qui les caractérise, c’est un manque total d’imagination, une pensée politiquement conformiste, une soumission à l’argent, une âpreté au pouvoir. Le Siècle, c’est d’abord, et avant tout, une soif de pouvoir pour des gens qui détiennent du pouvoir et en veulent encore plus. C’est une centrale d’énergie qui redistribue exclusivement l’énergie en direction de ses membres. Un vaste système de relations, de réseaux, de système de courte échelle, de marche pied, de mariages, de relations d’affaires, de jetons dans les conseils d’administration, etc. D’aucuns appelleraient cela "le système" ou  "l’établissement" ("establishment"). Mais sa particularité d’aujourd’hui est d’être extrêmement peu nombreuse et très concentrée entre les mains de quelques uns. Qu’importe leurs méthodes : par exemple, Jean-Marie Messier, qui a ruiné l’un des fleurons français, Vivendi Universal, n’a jamais été exclu et trône toujours dans les dîners. »

Pour lire l'intégralité de cette interview d'Emmanuel Ratier, cliquez ici.

26/04/2011

Fukushima : censure médiatique et gouvernementale

Après les aberrations de la propagande pseudo-scientifique, celles de la désinformation au service des intérêts de la société TEPCO et du gouvernement japonais.

Je reproduis ici la traduction partielle de l’anglais en français par next-up.org, un peu corrigée par moi, d'un article de la journaliste japonaise Makiko Segawa, paru dans The Asia-Pacific Journal, vol. 9, publication 16, n° 2, daté du 18 avril 2011.

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À Tokyo, le 6 avril, en présence de Takashi Uesugi, un groupe de journalistes indépendants a tenu une conférence de presse avec de nombreux membres du Parti Démocrate du Japon (DPJ) y compris l'ancien Premier ministre Yukio Hatoyama, mettant en doute l'interprétation des médias à la suite du désastre de Fukushima.

Hiroshi Kawauchi, un député membre du DPJ à la Chambre des Députés, a déclaré que "des Informations sur la diffusion des radiations devraient être correctement révélées à la nation. Cependant, jusqu'ici ça ne s'est produit qu'une fois". Il a expliqué la frustration des officiels locaux. "Les informations de TEPCO (Compagnie d'Énergie Électrique de Tokyo) devraient être précisément transmises. J'ai parlé au maire du village de Lidate (dans la zone des 30 km), qui m'a dit : 'Il n'y a aucune information et je ne sais que faire' ".

Takashi Uesugi a expliqué [quel est] le coeur du problème derrière la désinformation et les rumeurs. "Des journalistes indépendants et des médias étrangers suivent les faits, entrant même dans la zone d'exclusion des radiations. Cependant, étonnamment, le gouvernement du Japon continue d'empêcher des journalistes indépendants et des médias étrangers d'accéder aux conférences de presse officielles, au siège du Premier ministre et du gouvernement."

Takashi Uesugi a déclaré que, depuis le 11 mars, le gouvernement a exclu tous les médias Internet et tous les médias étrangers de conférences de presse officielles de la "Situation d'Urgence". Tandis que des médias étrangers se sont bousculés pour rassembler des informations sur les réacteurs du site nucléaire de Fukushima, ils ont été refusés d'accès aux informations directes fournies par le gouvernement, et une conséquence de cela est que "les nouvelles se sont répandues comme [étant] des rumeurs diffusées depuis l'étranger."

En fait, l'accès a été limité de deux façons. En premier, tandis que le Secrétaire en chef du Cabinet, Yukio Edano, tient deux conférences de presse par jour pour les représentants des grands médias japonais, les représentants enregistrés de médias indépendants et d'Internet sont limités à une simple conférence de presse par semaine. Deuxièmement, par contraste avec les médias japonais qui sont informés régulièrement par Edano et, périodiquement, par le Premier Ministre Kan, les médias étrangers sont informés exclusivement par le personnel administratif.

Takashi Uesugi note aussi qu'aux conférences de presse de TEPCO, qui sont maintenant tenues au siège social, des correspondants étrangers et des journalistes indépendants japonais posent régulièrement des questions d'investigation, tandis que des journalistes pigistes enregistrent simplement et rapportent les déclarations de l'entreprise TEPCO, réitérant que la situation est essentiellement sous contrôle et qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter.

Une raison à cela, suggère Takashi Uesugi, est que TEPCO, sponsor médiatique géant, a un budget publicitaire de 20 milliards de yens annuel. En conséquence, "les médias continuent à défendre les informations de TEPCO !" Les médias japonais ne sont aujourd'hui pas différents des médias de la propagande de guerre qui ont continué à répéter, jusqu'à la dernière extrémité, que "le Japon gagne la guerre contre l'Amérique" s'est exclamé Uesugi.

Il y a un exemple particulièrement révélateur des médias protégeant TEPCO par la suppression des informations. Cela concerne "le plutonium". Selon Uesugi, après l'explosion des tuyauteries de refroidissement des réacteurs, le 14 mars, on s'est préoccupé d’une possible fuite de plutonium, notamment pour l’unité n° 3. Cependant, étonnamment, jusqu'à deux semaines après, quand Uesugi a posé la question, pas un seul représentant médiatique n'avait soulevé la question du plutonium aux conférences de presse de TEPCO.

Le 26 mars, en réponse à la question de Takashi Uesugi, TEPCO a déclaré : "Nous ne mesurons pas le niveau de plutonium et n'avons même pas de détecteur pour le mesurer." Ironiquement, le jour suivant, le Secrétaire en chef du Cabinet, Edano, a annoncé : "du plutonium a été détecté".

Quand TEPCO a finalement diffusé des données sur le plutonium radioactif, le 28 mars, elle a déclaré que les plutoniums 238, 239 et 240 avaient été trouvés dans la terre, mais a insisté sur le fait que cela ne faisait courir aucun risque aux humains. Depuis, TEPCO n'a fourni aucune clarification sur la signification des découvertes de radiations issues du plutonium ; la presse dominante a simplement annoncé la présence de la radiations, sans évaluation. La Télévision Nippone, le 29 mars, a mis en titre, lors de son interview avec le Professeur Keiichi Nakagawa de l'Université de Tokyo, spécialiste des radiations : "Plutonium de l'usine nucléaire - aucun effet sur le voisinage (environnement proche)."

Le 15 mars, Takashi Uesugi a critiqué TEPCO pour son attitude fermée envers l'information, lors d'une émission de la radio TBS. Pour cela, il a été immédiatement renvoyé de son émission habituelle. Le scandale impliquant la mise sous silence des médias par TEPCO a pris une tournure intéressante, deux semaines plus tard. Au moment du désastre, le 11 mars, le Président de TEPCO, Tsunehisa Katsumata, accueillait des douzaines de cadres de médias dominants pour "une session d'étude" en Chine. Quand le journaliste indépendant, Ryusaku Tanaka, a demandé pourquoi, à une conférence de presse de TEPCO le 30 mars, Katsumata a défendu cette pratique.

"C'est un fait que nous avons voyagé ensemble en Chine," a-t-il dit, "[TEPCO] n'a pas payé toutes les dépenses du voyage, mais nous avons payé plus qu'eux. Certes, ce sont des cadres des mass-médias, mais ils sont tous membres de la session d'étude."

Quand Ryusaku Tanaka a demandé les noms des cadres médiatiques accueillis par TEPCO en Chine, Katsumata a répliqué : "je ne peux pas révéler leurs noms puisque c'est une information privée." Mais c'est précisément de telles relations de collusion entre les médias dominants, le gouvernement et TEPCO, que résulte la censure de l'information concernant les problèmes nucléaires.

Dorénavant, le Gouvernement japonais a pris des mesures contre les reportages indépendants et la critique de la politique du Gouvernement à la suite du désastre nucléaire, en décidant quels citoyens peuvent ou ne peuvent pas parler en public. Une nouvelle équipe de "projet" a été créée par le Ministère des Affaires Intérieures et de la Communication, l'Agence Nationale de Police et le METI, pour combattre les "rumeurs" considérées comme nuisibles pour la sécurité japonaise à la suite du désastre de Fukushima.

Le gouvernement prétend que les dégâts causés par les tremblements de terre et par l'accident nucléaire sont amplifiés par des rumeurs irresponsables et qu’il doit agir pour le bien public. L'équipe du "projet" a commencé à envoyer des "lettres de requête" à des organisations telles que les opérateurs de téléphonie, les fournisseurs d’accès à Internet, des stations de télévision câblée et d'autres, exigeant qu'ils "prennent des mesures adéquates basées sur les directives en réponse aux informations illégales." Les mesures incluent l'effacement de toute information de sites Internet que les autorités considèrent comme nuisible à l'ordre public et la moralité.

03/04/2011

Même les manips habituelles ne marchent plus

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Hier à Paris, quatre groupuscules politico-médiatiques, dont trois (Saphirnews, Les indivisibles, Respect Mag) clairement identifiés comme subventionnés ou au moins vivement encouragés par les USA, ont péniblement réuni quelques centaines de braillards formatés pour protester contre le non-événement que constituera, mardi prochain, le pseudo-débat que tiendra l’UMP sur la laïcité (en fait, une énième tentative pour piquer quelques voix au FN en 2012).

Au-delà des slogans binaires de quelques ahuris pleurnichards (ooouuuiiin, célafotausislamophobes ; ooouuuiiin, célafotaumusulmans…), qu’est-ce que ça signifie ? Qu’est-ce que ça veut dire, en réalité ?

Rien.

Sauf que même les gens totalement instrumentalisés (musulmans tenant la France pour responsable de malheurs globalement imaginaires, Français "de souche" tenant "les" musulmans pour responsables de malheurs très réels…), même les dupes des propagandes intéressées émanant de sphères de pouvoir sans rapport idéologique avec les thèmes de ces slogans, ne sont quasiment plus mobilisables.

Sans quoi, compte tenu des proportions démographiques, il y aurait eu un million de musulmans aux environs de la place de la Bastille, et quatre millions de Français de souche pour leur faire face.

En réalité, plus grand monde ne croit aux faux-nez de la partitocratie.

Plus les médias matraquent la population sur les thèmes du racisme, de la laïcité, de l’Islam, du pseudo-débat sur l’identité, du vivre-ensemble, etc., et plus la population, quelle que soit son origine, voit bien que rien de tout cela n’est vrai, que ce n’est qu’une grosse baudruche de village Potemkine, destinée à fournir aux sphères de pouvoir une légitimité morale en toc, leur permettant de continuer tranquillement leur prédation et leurs déprédations.

Ce n’est que du cinéma, le roi est nu et il est de plus en plus facile de le voir, notamment grâce à Internet qui, par sa frange indépendante, oblige, littéralement, le quidam à se poser des questions (même si ce ne sont pas toujours les bonnes, au départ), chose que ne faisaient ni la télé, ni la radio, ni les journaux, médias tenus par la pub, aux ordres du système.

Alors, comment pourrait-il y avoir une guerre civile sur les thèmes que nous serinent les janissaires médiatiques du Grand Califat soviéto-libéral-consumériste auquel nous sommes priés d’adhérer, puisque ces thèmes ne mobilisent même plus ses clients ?

Ce qui monte dans notre pays, ce n’est pas l’opposition voulue entre binaires musulmans et binaires anti-musulmans, c’est le grotesque et le ridicule de ces sphères de pouvoir déconnectées du réel, agitant leurs manips éculées comme un pépé gâteux le hochet de son petit-fils ; c’est la vacuité, l’inutilité, le cynisme et la nuisance d’une classe politico-médiatique vendue à la finance et aux multinationales d’un côté, crispée sur ses prébendes et ses combines consanguines d’autre part, uniquement préoccupée de ses intérêts ; c’est la colère des gens de bonne volonté, de droite comme de gauche, contre cette dictature d’étrons bouffis et irresponsables, qui fait fi de la démocratie, qui ment comme elle respire, qui prétend leur imposer une immigration de masse pour entretenir le dumping salarial et promouvoir le consumérisme de clients indifférenciés, qui prétend utiliser ce flot d’allogènes inassimilables comme rempart intimidant contre la légitime révolte d’un peuple floué, méprisé et même nié.

Il n’y a, en France, ni islamophobie, ni « racisme », sauf celui venant de nos dirigeants et tourné contre leur propre peuple.

Il n’y a aucune raison, pour celui-ci, de nourrir la moindre haine vis-à-vis des allogènes vivant en France ; pour tous ceux, en tout cas, parmi les FDS, qui n’ont pas été victimes des exactions de la frange délinquante des immigrés.

Le pouvoir le sait très bien et joue de l’Islam et de l’immigration pour détourner une colère qui ne devrait légitimement être dirigée que contre lui, en tablant sur leur soutien en cas d’insurrection autochtone.

Mais même en cela, maintenant, il est autiste, il est aveugle. Il ne se renouvelle pas, il croit que cela marchera toujours.

Or, en ce temps de crise économique et d’immigration-invasion, de moins en moins de gens sont dupes ; de plus en plus de gens, dans un coin de leur tête, deviennent familiers avec une petite phrase qui sera fatale à ce régime :

« Ce qu’il nous faudrait, c’est une révolution ».

De ce genre de petites phrases qui finissent par s’incarner dans les faits.

29/03/2011

La vérité sur Fukushima

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Hiroshima, 1945

 

Je reproduis ici la première partie d’une interview de Hirose Takashi par Yoh Sen'ei et Maeda Mari, diffusée par NewStar Asahi TV, le 17 mars 2011 à 20 heures. Traduction du japonais en anglais et présentation par Douglas Lummis. Traduction de l’anglais en français par next-up.org, un peu corrigée par moi.

Ce n'est pas vraiment ce qu'on nous raconte d'habitude...

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Hirose Takashi, qui est un éminent expert, a écrit de nombreux livres, principalement concernant le secteur de l'énergie nucléaire et le complexe militaro-industriel. Son meilleur livre connu est probablement "Nuclear Power Plants for Tokyo" où il a provoqué les industriels du nucléaire : "si vous êtes sûrs qu'elles sont sûres (les centrales nucléaires), alors pourquoi ne pas les construire dans les centres villes plutôt qu’à des centaines de kilomètres, ce qui génère par la distance une forte déperdition d’énergie électrique par les lignes THT" [la déperdition se transforme en réalité en une pollution électromagnétique environnementale qui provoque une électrocution sournoise de la population avec les effets dévastateurs sur la santé qui sont constatés auprès des personnes qui vivent dans les couloirs des THT].

Il donne actuellement de nombreuses interviews télévisées, dont celle-ci, qui est partiellement traduite. Je lui ai parlé au téléphone aujourd'hui (22 mars 2011) et il m'a dit que s’il était logique de s'opposer à l'énergie nucléaire avant, maintenant que la catastrophe a commencé, il serait "juste" de garder le silence, mais il y a à la radio et à la télévision tellement de mensonges grossiers des autorités qu'il ne peut pas garder le silence, c’est un devoir pour lui de dire la vérité. J'ai traduit seulement le premier tiers de l'interview concernant la partie qui se rapporte en particulier à ce qui se passe dans la centrale nucléaire de Fukushima (disponible en intégralité en japonais sur Youtube : parties 1 - 2 - 3).

Après ses analyses, nous pouvons apporter des réponses globales sur le "pourquoi en est-on arrivé à cette situation ?". Néanmoins, il constate qu’actuellement l’approche économique du nucléaire est toujours au premier plan, malgré la catastrophe en cours.

D’ailleurs, accepter la solution du sarcophage, ce serait admettre qu'ils se sont trompés et qu'ils ne contrôlent pas les événements.

D'autre part, pour ces industriels, qui sont aussi des humains, c'est beaucoup trop de culpabilité à supporter, cela signifie la défaite de l'idée de l'énergie nucléaire, une idée qu'ils tiennent en dévotion presque religieuse.

Ils savent que cela signifie non seulement la perte de ces six (ou dix) réacteurs, mais que cela signifie aussi à terme la fermeture de tous les autres, ainsi si c’est une catastrophe sanitaire et environnementale inégalée qui se profile, elle est aussi financière pour eux.

S’ils arrivent à refroidir et à contrôler de nouveau la situation, ils pourront dire : "vous voyez, le nucléaire n'est pas si dangereux, après tout".

Fukushima est un drame qui se déroule sous les yeux du monde entier, et peut se terminer par la défaite ou (c’est leur fragile espoir, que je pense être sans fondement) la victoire de l’industrie nucléaire.

Hirose peut nous aider à comprendre de quoi il retourne.

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Yoh Sen'ei : Beaucoup de gens aujourd'hui ont vu qu’on pulvérise en l’air de l’eau sur les réacteurs, mais est-ce efficace ?

Hirose Takashi : ... Si vous voulez refroidir un réacteur avec de l'eau, vous devez le faire en faisant circuler l'eau à l'intérieur et évacuer la chaleur à l’extérieur par un circuit, sinon cela n'a pas de sens. Donc, la seule solution est de remettre en état les circuits d’électricité, pour essayer de refaire fonctionner les systèmes des circuits de refroidissement. Sinon, c'est comme verser de l'eau sur la lave d’un volcan, cela ne sert à rien.

Yoh : Rebrancher l'électricité - c'est-à-dire redémarrer le système de refroidissement ?

Hirose : Oui, c’est exactement cela. L'accident a été causé par le fait que le tsunami a inondé les générateurs de secours et emporté leurs réservoirs de carburant. Si nous n’y arrivons pas, il n'y a aucun moyen de récupérer cet accident.

Yoh : Tepco [Tokyo Electric Power Company, le propriétaire / exploitant des centrales nucléaires] dit qu'ils s'attendent à mettre sous tension les lignes ce soir.

Hirose : Oui, il y a un peu d'espoir là-bas. Mais ce qui est inquiétant, c'est que les réacteurs nucléaires ne sont pas comme sur les photos (schémas) qui sont montrées (Hirose montre une représentation graphique d'un réacteur, comme celles utilisées à la télévision). C'est juste un schéma.

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Voici à quoi ressemble en réalité un réacteur sous sa coupole de confinement (il montre une photo). C'est immense un réacteur. Regardez de plus près c'est une forêt de commutations, de galeries, de fils et de tuyaux. A la télévision ces pseudo-savants parlent et nous donnent des explications simples, mais ils ne savent rien, car se sont des professeurs d'université. Seuls les ingénieurs connaissent. Vous voyez, c’est ici que l'eau a été répandue dans ces labyrinthes avec cette multitude de tuyaux, ces vues réelles sont suffisantes pour vous donner le vertige. Une telle structure est beaucoup trop complexe à comprendre pour nous.

Travaux de maintenance à l'extérieur de la zone de confinement d'un réacteur à eau bouillante

 

Depuis une semaine maintenant, ils versent de l'eau par là. Et c'est de l'eau salée ! Si vous versez de l'eau salée sur un four chaud, que pensez-vous qu’il se passe ? Vous obtenez du sel. Ce sel se dépose partout et finit par bloquer toutes les vannes qu’il sera impossible de faire fonctionner. Cette eau salée passe partout dans les labyrinthes, va de partout et va tout obstruer. Donc, je ne peux pas croire que c'est juste une simple question qui sera résolue en reconnectant l'électricité que l'eau va recommencer à circuler. Je pense que n'importe quel ingénieur avec un peu d'imagination peut le comprendre. Nous sommes en face d’un système incroyablement complexe et puis, en fait, déverser de l'eau sur les réacteurs à partir d'un hélicoptère - peut-être qu'ils ont une idée de comment cela pourrait agir, mais je ne peux pas comprendre.

Yoh : Il faudra plus de 1.300 tonnes d'eau pour remplir les piscines qui contiennent les barres de combustible irradiées dans les réacteurs 3 et 4. Ce matin nous en sommes à 30 tonnes. Ensuite, les Forces d'autodéfense avec leurs 5 camions pompes ont peut-être réussi à en déverser aussi 30 tonnes, mais où ? Ce qui est sûr, c’est que tout ceci est très loin d'être suffisant ; même s’il y a une suite, cela ne changera en rien la situation ?

Hirose : En principe, cela ne peut pas. Parce que, même quand un réacteur est en fonctionnement normal, il nécessite un contrôle constant de maintien de la température pour la sécurité. Maintenant, c'est un désordre complet à l'intérieur des installations et quand je pense aux 50 personnes qui y travaillent, j'en ai les larmes aux yeux. Je suppose qu'ils sont exposés à de très grandes quantités de rayonnements et qu'ils restent car ils ont accepté de faire face à la mort. Combien de temps peuvent-ils tenir ? Je veux dire, physiquement ? C'est la situation à ce jour.

Alors quand je vois ces beaux parleurs à la télévision, je veux leur dire, "Si c'est ce que vous dites, alors allez-y faire le travail vous-même !" Vraiment c’est honteux de les entendre, ils parlent, c’est un non-sens, ils essayent de rassurer tout le monde surtout pour éviter la panique. Ce qu'il nous faut maintenant, c'est "une bonne panique contrôlée", parce que la situation est arrivée au point où le danger est réel.

Si j'étais le Premier Ministre Kan, j’ordonnerais de faire ce que l'Union Soviétique a fait quand le réacteur de Tchernobyl a explosé, la solution sarcophage, enterrer le tout dans du béton fourni par toutes les entreprises du Japon. Ceci, parce que vous avez à assumer le pire des cas. Pourquoi ? Parce que, dans la centrale nucléaire de Fukushima, il y a aussi l'usine de Daiichi avec six réacteurs et l'usine de Daini avec quatre, ce qui fait un total de dix réacteurs. Si un seul d'entre eux développe le pire des cas [fusion incontrôlée ou atteinte de criticité], alors les travailleurs n’y pourront plus rien, il faudra évacuer le site en attendant l'effondrement.

Donc, si, par exemple, l'un des réacteurs de Daiichi s’enfonce, pour les cinq autres cela ne sera qu'une question de temps.

Nous ne pouvons pas savoir dans quel ordre cela risque de se produire, mais certainement ils suivront tous le même chemin. Et si par malheur cela arrive, Daini n'est pas si loin, alors, probablement, les autres réacteurs eux aussi s’enfonceront. Je suppose qu’aucun travailleur ne sera en mesure de rester sur cette zone.

Je parle du pire des cas, mais la probabilité n'est pas faible. C'est le danger que le monde regarde et qui menace l’humanité, mais il est caché au Japon.

Comme vous le savez, des six réacteurs de Daiichi, quatre sont dans un état très endommagé. Donc, même si dans le cas où un irait bien et que la circulation de l'eau soit rétablie pour trois d’entre eux, la crise ne serait pas finie, je déteste le dire, mais je suis pessimiste. Alors, pour sauver le peuple, nous devons réfléchir à un moyen de réduire les fuites de rayonnements au niveau le plus bas possible. Non par pulvérisation d'eau par des tuyaux, comme l'eau d'arrosage dans un désert, mais par une solution radicale de sarcophage et de refroidissement souterrain immédiat.

De plus imaginez, tout le monde sait combien de temps prend une forte dépression atmosphérique pour passer sur le Japon... C'est avec une vitesse de vent de deux mètres par seconde, il ne faut donc environ que quelques jours pour que l'ensemble du Japon soit couvert par des radiations. Nous ne parlons donc plus de distances de 20 km, 30 km ou 100 km. Cela signifie bien sûr que Tokyo, Osaka seront touchés inévitablement en fonction de la vitesse à laquelle un nuage radioactif pourrait se propager. Bien sûr, cela dépend de la météo ; nous ne pouvons pas savoir à l'avance la façon dont le rayonnement sera diffusé. Ce serait effectivement bien si le vent soufflait toujours vers la mer, mais malheureusement cela ne sera pas toujours le cas. Il y a deux jours, le vent soufflait vers Tokyo. Voilà ce qu'il en est...

Yoh : Chaque jour, les autorités gouvernementales locales effectuent des mesures de la radioactivité. Toutes les stations de télévision disent que toutes les radiations sont à la hausse, mais qu’elles ne sont encore pas encore assez hautes pour être un danger pour la santé. Ils les comparent à une radiographie aux rayons X du corps et si elles augmentent, ils conseillent de porter un appareil dosimétrique. Qu’est-ce que cela changera à la question ?

Hirose : Par exemple, hier autour de Fukushima, la station de Daiichi a mesuré 400 millisieverts par heure. Avec cette mesure, Edano le chef du cabinet de la préfecture a admis pour la première fois qu'il y avait un danger pour la santé, mais il n'a pas expliqué ce que cela signifie.

Je pense que tous les médias d'information sont en faute. Ils disent des choses stupides comme : nous sommes exposés à des rayonnements tout le temps dans notre vie quotidienne, nous sommes soumis aux rayons cosmiques, mais c'est un millisievert par an. Une année compte 365 jours, un jour a 24 heures, multipliez 365 par 24, vous obtenez 8.760. Multipliez les 400 millisieverts, vous obtenez 3.500.000 [millisieverts], la dose actuelle dans cette zone. Vous appelez cela sécuritaire ?

Et est-ce que les médias ont signalé ces valeurs d’irradiation ? Aucun.

Ils les comparent à un scanner, qui est un plus pour un instant, ce qui n'a absolument rien à voir avec ce que nous vivons. La radioactivité qui ne peut pas être mesurée est celle de la matière radioactive qui s'échappe du site nucléaire, c’est celle des particules radioactives. Se sont ces particules contaminantes qui sont les plus dangereuses, car se sont elles qui en pénétrant dans votre corps amènent une source de radioactivité directement au contact de vos cellules et organes en l’irradiant de l’intérieur.

Ces chercheurs-porte-parole de l'industrie viennent à la télévision ; que disent-ils ? Ils disent que si vous vous éloignez, le rayonnement est réduit en raison inverse du carré de la distance. Je tiens à dire le contraire.

L'irradiation interne se produit lorsque les particules radioactives sont ingérées, dans votre corps. Que se passe-t-il ?

Disons par exemple qu'une particule radioactive est à 1 mètre de vous et que vous l’inhalez dans vos poumons. La distance de la source radioactive est maintenant de l’ordre du micron, puisqu’elle colle à votre organe ! Un mètre est égal à 1.000 millimètres et un micron à un millième de millimètre. C’est mille fois mille (c'est-à-dire mille au carré).

C’est la véritable signification de l'irradiation "inversement proportionnelle au carré de la distance par rapport à la source radioactive", car, dans ce cas, il n’y a plus de distance mesurable et le facteur d’irradiation, même s’il est faible et surtout variable en fonction du type de particules radioactives (radionucléides), s’en trouve augmenté d’un billion (10 ¹² soit 1.000 milliards) !

En conséquence, L'inhalation de la plus infime particule radioactive, c'est le danger ["Inhaling even the tiniest particle, that’s the danger"].

Yoh : Donc, comme à la TV, faire des comparaisons avec les rayons X des radiographies et la tomodensitométrie, n'a pas de sens. Il ne faut donc pas respirer (inahaler), ni ingérer des matières radioactives.

Hirose : C’est exact. Quand elles pénètrent dans le corps, on ne sait pas où elles vont migrer et se fixer. Le plus grand danger est celui des femmes enceintes en particulier, des bébés et des petits enfants.

Maintenant, ils parlent d'iode et de césium, mais ce n'est qu'une partie des contaminants radioactifs et en plus, la plupart du temps, ils ne possèdent pas les instruments de détection appropriés. Ce qu'ils appellent leurs moyens de surveillance des mesures de la valeur des rayonnements dans l'air (balises) ne détectent pas ce que nous pouvons inhaler. Ce qu’ils mesurent n'a aucun lien avec la quantité de matières radioactives dans l’air...

Yoh : Donc, les dommages causés par les rayons radioactifs et les dommages causés par les particules de matières radioactives, ne sont pas les mêmes.

Hirose : Si vous me demandez, ici dans ce studio : "ce sont tous des rayonnements radioactifs provenant de la centrale nucléaire de Fukushima ?", la réponse sera non. Mais par contre, pour les particules radioactives qui sont transportées ici par l'air, la réponse sera oui. Lorsque le noyau d’un réacteur commence à fondre, des éléments radioactifs de l'intérieur s’échappent par les ouvertures (crevasses et dommages) vers l’extérieur, c’est ce qui est actuellement le cas et, avec la chaleur, elles montent vers le haut dans l’atmosphère.

Yoh : Est-il possible de détecter ces particules radioactives ?

Hirose : J'ai été informé par un journaliste que maintenant TEPCO n'est pas encore équipé d’un tel équipement (collecteur de particules) pour faire un suivi régulier. Ils ne prennent qu’occasionnellement de telles mesures de valeurs de densité, avec le centre de contrôle d’Etat géré par Edano.

Il faudrait prendre des mesures en permanence, mais ils n’ont pas les moyens de le faire. Elles seraient nécessaires pour évaluer l’ampleur et le nombre de fuites radioactives. Cela nécessite des instruments de mesure très sophistiqués. Mesurer seulement un niveau de rayonnement dans l'air, par exemple lorsque vous vous déplacez en voiture, n’est absolument pas suffisant, qu’il soit faible ou élevé cela n’est pas la donnée la plus fondamentale pour la santé.

Nous avons besoin de savoir quel type de matières en particules radioactives s'échappent, et où elles vont pour les suivre et donner l’alerte, malheureusement ils n'ont pas un système en place pour le faire maintenant.

26/03/2011

Encore un article incontournable de Michel Drac...

... Allez le lire sur l'excellentissime Scriptoblog, vous découvrirez en détail pourquoi et comment l'économie financière occidentale sur laquelle se fondent TOUS les économistes des médias systémiques, est une bulle au moins trois fois plus grosse que la valeur réelle des choses.

Si, après ça, vous estimez que cette bulle ne risque pas d'éclater d'un jour à l'autre, à la merci de la moindre perte de confiance des marchés qui l'ont portée jusque-là ou, tout simplement, du manque de solvabilité avéré et croissant de l'économie réelle et des Etats en Occident, allez donc rejoindre la dream team d'Obama ou de David Cameron avec quelques rails de coke supplémentaires.

19/03/2011

Lucidité française

On a beau dire, et moi le premier, que "les gens sont cons", s'énerver contre leur caractère moutonnier et leur panurgisme consumériste... parfois, une autre vérité saute au yeux.

Illustration, ce sondage commandé par Marianne et Europe 1 :


Tableau 1 : Êtes-vous plutôt d’accord ou plutôt pas d’accord avec chacune des affirmations suivantes... ?

 

Tableau 4 : Quand vous pensez aux dernières années, diriez-vous plutôt que... ?

13/08/2010

Avant la tempête

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Ouh la la, le titre... Ouh la la, la photo...

Ça commence mal.

C'est qu'il ne faut pas, paraît-il, effrayer l'investisseur, le rentier, la ménagère de moins de cinquante ans, les agences de marketing, les Bisounours adeptes du vivre-ensemble, le ban et l'arrière-ban de la bien-pensance autosatisfaite.

Imaginez : vous êtes sur une plage, au mois d'août, à vous dorer la pilule en étudiant malgré vous l'anatomie de cette fraction séduisante de la gent féminine qui vous empêche de lire tranquillement le dernier Marc Lévy.

Soudain, se fait entendre une voix grave au micro des Maîtres Nageurs Sauveteurs : "Votre attention, s'il vous plaît. Une lame de fond née d'un séisme sous-marin se dirige vers la côte. Veuillez vous éloigner immédiatement de la plage."

Affolement général. Hurlements. On détale. La gracieuse gent féminine fait preuve d'un style de course douteux mais d'une vitesse insoupçonnée, des parents apeurés appellent anxieusement leurs enfants égaillés, vous-même vous dressez d'un bond pour ramasser précipitamment vos affaires, vous trébuchez dans le sable mou...

Merde alors !

Non non, pas possible, nous vivons dans une société de précaution, de prévention, d'hyperprudence... "Fumer tue". "Pour votre sécurité, contrôles automatiques". "Apprenez-lui le caniveau". "Méfiez-vous des idées qui puent."

Ça ne peut pas être vrai. Enfin si, mais ça ne peut pas être aussi grave.

Allez, vous reculez d'une petite dizaine de mètres, vous gagnez un ou deux mètres d'altitude, ça suffira. Et puis, le spectacle d'un petit raz-de-marée, ici... Mmmhhh, un spectacle gratuit, c'est excitant... S'passe jamais rien, alors...

Et là, vous entendez un grondement du côté de l'océan. Ça monte, ça enfle. Comme le bruit d'un train qui approche.

Et puis... vous la voyez. Elle se lève, haute comme... comme un immeuble de dix étages.

Oups.

 

Depuis le 15 septembre 2008, vous connaissez l'existence d'une "crise financière" mondiale. Même la télé en a parlé, c'est dire si c'est vrai.

Mais c'est fini. Enfin, de toute façon, elle était seulement "financière", la crise, elle ne concernait que de l'argent invisible, des chiffres de banquiers, alors vous ne l'avez pas sentie. Elle ne vous a pas empêché d'acheter une Mégane neuve en profitant de la prime à la casse, ni de partir en vacances.

Au boulot, vous aviez bien perçu comme une petite crispation, entre le Responsable Commercial qui a piqué sa... crise, sur les objectifs non atteints - mais bon, comme chaque année, hein -, et la Direction qui a ferraillé avec les Syndicats refusant un gel des salaires.

Mais c'est la reprise, maintenant, pas vrai ? Tout le monde le dit, à commencer par le gouvernement, l'OCDE, le FMI...

La Chine et sa croissance à deux chiffres... Les Etats-Unis repartent et annoncent le redécollage des économies occidentales... La crise grecque, terminée ; l'Europe a joué son rôle.

"Tout-va-bien", répétez après moi...

Eh bien, désolé, mais non.

Les économistes Bac + 12 qui n'avaient rien vu venir, même encore le 14 septembre 2008, sont les mêmes que ceux qui, aujourd'hui, vous prédisent cette sacro-sainte reprise.

Les politiciens et les médias qui vous serinaient, il y a deux ans, leur douce berceuse hédoniste, européiste, obamaniaque, orientée "vivre-ensemble", "développement durable" et "soft power", font aujourd'hui comme s'ils s'étaient faits bisser par un public aux anges.

Alors que rien n'est réglé et qu'au contraire, la situation, non seulement financière mais économique, réelle, s'est aggravée. Dette partout, chômage exponentiel, jeunesse désabusée, délocalisations...

Ce ne serait rien, ou presque, si ce problème était le seul.

Rêvons un peu.

Si un quart de notre population n'était d'origine extra-européenne et très majoritairement inassimilable, si nos "élites" n'étaient un tas de cons et de salauds de déconnectés du réel, si la pseudo-Education Nationale n'avait jeté l'instruction publique à la poubelle, si la religion officielle du pékin moyen n'était la déambulation extasiée dans les galeries commerciales, si...

Nous pourrions régler très facilement la question des finances et de l'économie. Reprendre rapidement une existence tranquille et saine, consacrée à "sculpter [notre] propre statue" (Plotin), dans la culture et la pérennité de nos traditions.

D'ailleurs, la crise ne serait même pas née.

Les banquiers, sale race de parasites inutiles, n'existeraient peut-être même pas, la monnaie serait uniquement un instrument d'échange et non de profit ; bref, "l'intendance suivrait", comme dans toute société normalement organisée.

 

Pourquoi cette désagréable nécessité de s'intéresser à la finance et à l'économie, disciplines des plus ennuyeuses et des plus indignes d'un homme de goût ?

Tout simplement parce que le Système périt par où il a péché et qu'à la racine du problème, de tous les problèmes modernes, il y a l'avidité, l'esprit de lucre, l'appât du gain. Moteur remplaçant de toutes les fois déchues, outil de confort, d'épaisse et consolante matérialité.

Certes, ce n'est pas là que les nostalgiques et les idéalistes attendent leur espoir de révolution. Mais c'est bien de là qu'il pourrait naître.

Alors, il faut bien essayer de comprendre, et tant pis si on manque de diplômes en pseudo-sciences pour scruter les arcanes fêlés de la Grande Boutique qui prétend nous apporter bonheur et prospérité.

Pour le moment, prière de le croire, rien ne paraît irrémédiable. Rien n'a l'air fichu, rien ne semble perdu pour les amateurs de notre belle civilisation baignée d'eau de rose consumériste et global-villagiste.

A regarder le journal de vingt heures, à lire les journaux, à twitter et facebooker gentiment dans le cyber-espace, il ne s'est presque rien passé. Crise virtuelle aussi, finalement. Ça va repartir à la hausse. "Tout-va-bien", on vous dit.

S'il n'y avait quelques illuminés, comme Philippe Grasset et Patrick Reymond, pour insinuer perfidement que le leader métisso-présidentié de l'Occident, du monde libre, annonciateur de la grande partouze parousie planétaire, est en plein effondrement, c'est qu'on y croirait presque, à l'inéluctabilité de cette ouate médiatiquement annoncée, bercé qu'on est par la douce quiétude de ce mois d'août...

Vous y croyez, vous ?

Pas moi.

Je pense même que la plus grande crise de système et de civilisation, depuis deux bons siècles, notre seul espoir de réveil et de rétablissement, a déjà commencé.

Et que la principale confirmation en est que toute l'officialité s'escrime à nous persuader du contraire.

Sur la plage, au mois d'août...