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19/09/2014

Comment l'Ukraine peut s'affranchir de la domination russe

A Lougansk, l'entrée de l'usine Luhanskteplovoz, figée dans le passé soviétique

 

Naturellement, quand votre pays subit la défaite sur le front, il ne peut pas s'empêcher d'en ressentir du désespoir et de l'irritabilité, mais il est important de pas permettre à ses émotions de prendre le pas sur la raison.

La plus grande tentation, dans cette situation, consiste à chercher des explications simples et à accuser une sorte de circonstances insurmontables qui ne dépendent pas de nous.

« Poutine est devenu dingue », « nous avons été attaqués par une superpuissance nucléaire », « personne ne peut arrêter les schizophrènes du Kremlin » : ce sont toutes des affirmations actuellement très populaires et pratiques.

Elles sont commodes, avant tout parce qu'elles font entièrement peser sur l'ennemi extérieur la responsabilité de ce qui se passe, par le moyen de la diabolisation.

Qui aurait pu résister à Satan armé de missiles nucléaires ? Personne.

Rien ne dépend de nous. L'Ukraine est une brindille dans un océan de folie et d'animosité.

En réalité, il existe des recettes pour augmenter nos capacités de défense. Aujourd'hui, nous disposons déjà d'un algorithme tout à fait clair et complet pour transformer l'Ukraine en une forteresse qui serait inaccessible au Kremlin en l'espace de quelques années.

Par conséquent, appliquer cet algorithme nous permettra de créer un Etat qui serait significativement moins vulnérable aux moyens d'influence russes traditionnels, d'ici quelques années. Cependant, en attendant, des processus directement inverses sont à l'oeuvre dans ce pays, parce que l'Ukraine est habituée à suivre la voie du moindre effort et que la Russie en profite.

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18/09/2014

Ni parole, ni honneur

Mise à jour du 18 septembre 2014 - Une nouvelle vidéo :

Pendant que j'y suis, j'en mets également une autre, un peu plus ancienne :

Voilà comment les terroristes pro-russes et russes dans le Donbass ont trahi leur parole envers les combattants de l'armée régulière ukrainienne et de bataillons de volontaires qui avaient été encerclés à Ilovaïsk, fin août.

Il avait été convenu que ces combattants pourraient bénéficier d'un corridor sécurisé pour leur permettre d'évacuer la zone. En réalité, les terroristes les attendaient le long de la route pour les massacrer, avant de se vanter de cette victoire. Un crime de plus à leur actif, sans doute le plus déshonorant au regard du caractère prétendument moral de leurs ambitions.

17/09/2014

Indispensable lustration

 

Antoine Arjakovsky sur la crise ukrainienne :

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[...] les raisons pour lesquelles la Russie a voulu déstabiliser l’Ukraine. L’analyse que je développe dans mon livre est que les causes politiques, économiques et militaires classiques sont insuffisantes pour répondre à cette question. La résurgence du nationalisme contredit en effet le souci du président V. Poutine de créer une union eurasiatique. Le Donbass et la Crimée n’apportent pas grand-chose au plan économique à la Russie. Et, malgré ce que l’on croit, la Russie disposait, à part le port de Sébastopol, d’autres accès à la mer Noire. Le vrai ressort de cette guerre est donc fondamentalement de nature mythologique. Il a trait à l’identité de la nation russe. Or en ce cas seul un traitement théologico-politique du problème permet de trouver des issues de paix. Car malheureusement le patriarche Kirill Gundyaev, avec son discours sur le « monde russe » est largement responsable des errances mythologiques du Kremlin.

Dans quelle mesure le spectre du communisme continue-t-il de peser sur les relations russo-ukrainiennes ?

Les politologues du monde entier se sont empressés en 1989-1991 de déclarer la mort du communisme. C’était ici encore prendre ses désirs pour la réalité. En réalité, la structure de l’organisation administrative de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie a très peu changé par rapport à la période soviétique. On trouve encore quantité de statues de Lénine dans ces pays. Le mausolée de Lénine trône encore sur la place Rouge à Moscou. Et Staline reste un des plus grands personnages des manuels d’histoire. Le malheur de ces pays est qu’il ne s’est pas trouvé de génération suffisamment instruite et déterminée pour instruire le procès du communisme dans les années 1990-2000. Or ces pays n’ont pas d’alternative. Soit ils suivent le chemin de leurs voisins polonais ou baltes et ils mettent en place une véritable politique de lustration des crimes du communisme. Soit ils continuent à faire semblant de croire que ce travail est impossible et ils seront confrontés à une nouvelle mutation de la mythologie totalitaire.

Mais pour prendre conscience de cette alternative, ils doivent au préalable intégrer une idée simple : le mythe est indissociable du concept, pour comprendre la vie des nations. Négliger la puissance du concept et de la réflexion historique est aussi inconséquent que de mépriser la soif de justice et la quête identitaire des nations. En d’autres termes, il faut aujourd’hui que les historiens des pays concernés écrivent ensemble une histoire réconciliée en n’omettant aucun sujet épineux. Car, même si ce travail est douloureux, seule la vérité existentielle, historique et spirituelle donne le courage de comprendre, de pardonner, et d’accéder enfin au bonheur insouciant.

Source

A noter qu'en Ukraine, la loi de lustration qui vient d'être votée par le Parlement comportait, dès le stade du projet, de sérieuses lacunes. La version finale est encore plus lacunaire, puisqu'elle épargne notamment tous les élus, les juges à la Cour Constitutionnelle... Mais disons que c'est un début.

Et Poutine, il en dit quoi ? La lustration en Russie, c'en est où ? Nulle part ? Ah.

La ballade de Jonny Lang

Pour l'anecdote, lors de ce concert à Paris en octobre 1997, Jonny Lang avait... seize ans.

16/09/2014

Le sacrifice des classes populaires

Source

(Merci à l'ami @Alain pour le tuyau.)

Effondrement ?

La%20Maison%20Dieu.jpg

 

Je reproduis ici l'essentiel d'un commentaire que j'avais récemment destiné à l'ami @Eisbär sur Fortune, complété par un autre à l'intention de @polomnic. L'ensemble résume ma position actuelle sur la question, archi-débattue dans les milieux, plus ou moins sérieux, qui espèrent un effondrement des économies occidentales. Celui-ci devant permettre, selon certains, une sortie du consumérisme et de la modernité, destructrice de tout un tas de choses auxquelles tiennent les fossiles comme nous (identités, valeurs morales, qualité culturelle et civilisationnelle, etc.).

L'intention est bonne, même si elle vire parfois à la croyance religieuse, mais outre le fait d'idéaliser voire de fantasmer les alternatives, probablement cette vision catastrophiste prend-elle le problème à l'envers. On ne démolit pas une maison en se contentant d'enlever la toiture. Les fondations de la modernité et du consumérisme sont en nous, pas dans un système extérieur. Nous en sommes tous responsables et tous coupables, nous sommes les briques de l'édifice et la démolition ne peut se faire qu'en nous. La véritable révolution, c'est nécessairement celle-là, d'abord et toujours.

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15/09/2014

La mafia russe

Environ 40 % de l'économie russe seraient contrôlés par la mafia. Documentaire en VO de la chaîne de télévision américaine History Channel, diffusé le 12 avril 2008 et toujours d'actualité.

Il faut bien savoir que cette mafia est étroitement liée au pouvoir russe. Par exemple, si vous voulez vous plonger dans l'emblématique affaire Magnitski, cliquez ici.

14/09/2014

A genoux au bord des routes

Une émouvante vidéo de milliers de gens au bord des routes, souvent à genoux, quelque part dans l'ouest de l'Ukraine, pour accueillir en héros la dépouille d'un soldat ukrainien tombé dans le Donbass (le conducteur et les passagers de la camionnette d'où a été filmée la scène ne sont, pour leur part, pas enrhumés, mais en larmes : c'est pour cela qu'ils reniflent bruyamment tout au long du trajet) :

Quel peuple !

Realpolitik.tv, la voix de son maître Poutine

Il est rare que je reproduise la propagande russe relayée en France par les larbins du Kremlin, qui prétendent être de notre bord et abusent de notre confiance en se faisant les agents d'une puissance étrangère.

Mais cette fois, c'est tellement gros, sur le ton d'un discours de louanges au Comité central du PCUS sous Brejnev, que cela parle de soi-même.

Cela émane du site realpolitik.tv, qui abrite notamment Aymeric Chauprade, le sémillant nouveau député européen du FN qui était allé valider le référendum truqué en Crimée et qui, il y a deux ans, encensait Alain Soral et désormais le traite d'escroc, et Xavier Moreau, un entrepreneur français installé à Moscou, c'est-à-dire quelqu'un qui, comme Alexandre Latsa, ne pourrait travailler en Russie, pays où la corruption est institutionnalisée, sans l'onction des autorités ni surtout sans rendre quelques services en retour...

Voilà comment ce site, que beaucoup de patriotes français considèrent comme une référence, présente le moscovite Igor Girkin, alias Strelok, alias Strelkov, un ancien officier du FSB qui a été le commandant en chef des terroristes du Donbass et qui, pour l'anecdote, est purement et simplement un assassin de civils, à commencer par le député ukrainien Rybak, et a par exemple fait appliquer une loi pénale soviétique datant de 1941 :

« Un témoignage éclairant : l’exceptionnelle sincérité et le courage de Strelkov, l’homme de la République libre de Donetz [ces géopoliticiens émérites confondent le nom d'une rivière avec celui de Donetsk, capitale du Donbass], qui sent la trahison approcher autour de Poutine, car ceux qui ont leur argent pris en otage par les sanctions occidentales opposent l’inertie commandée par leur égoïsme à la volonté inflexible du Président russe. Strelkov est le modèle de celui qui n’est guidé que par le seul intérêt de son peuple et aucune autre considération. – Realpolitik.tv »

Le plus beau, c'est que le traducteur de cette vidéo, c'est PCN-TV, la chaîne du (micro) Parti Communautaire National-européen de Luc Michel, un national-bolchévique belge, ancien néo-nazi membre de la FANE. Ce personnage était également en Crimée, en compagnie de Chauprade.

La boucle est décidément bouclée. Et tout ce joli monde ose nous seriner, la bouche en coeur, depuis six mois, que le gouvernement de Kiev est « nazi » ! A vomir.

Source

(Merci à @Aurum pour le tuyau.)

13/09/2014

Syrial winner

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Il n'y a pas de hasard.

Au départ, rien ne le prédestinait à devenir l'un des dictateurs les plus sanguinaires et les plus neurasthéniques, sinon du monde, du moins de la zone arabe. Mais son frère, héritier-tyran, est mort sur une autoroute syrienne, et six ans plus tard, son père décède un 10 juin 2000.

Bachar el-Assad, qui n'en avait rien à cirer de la politique : il apprenait l'ophtalmologie avec le docteur Ed Schulenburg au St Mary's Hospital de Londres tout en s'entraînant à draguer la très sunnite Asma Akhras, est ainsi né une seconde fois en même temps, pratiquement, que le IIIe millénaire. Cela porte bonheur, dit-on : effectivement, il a supplanté son père dans les livres d'histoire.

Sur le fauteuil de papa et vampirisé, comme tout le gang familial, par maman, M. Assad n'a autorisé l'éclosion du superéphémère printemps de Damas que pour mieux le dynamiter quelques jours plus tard : une sorte de Ground Zero du printemps syrien, qui a commencé le 11 mars 2011 à Deraa et qui n'en finit pas d'agoniser. Et avant d'accueillir le pape Jean-Paul II en 2001, il fait arrêter et embastiller des dizaines d'intellectuels. Cela porte bonheur, dit-on : en février 2005, Rafic Hariri, ex-Premier ministre libanais martyr, est littéralement déchiqueté devant le Saint-Georges à Beyrouth. Ensuite, ce sont 24 images, ou presque, par seconde. Le 14 mars 2005 s'écrit en lettres d'or sur une place des Martyrs, toujours à Beyrouth, transformée en placenta géant.

Le 30 avril, l'ex-vice-président de M. Assad, Abdel-Halim Khaddam, accuse son ancien patron d'avoir menacé Rafic Hariri et d'être la tête principale de l'hydre mafieuse contrôlant la Syrie et le Liban. Et puis, après le tonitruant merci du Hezbollah et de ses alliés, la Syrie retire ses soldats, tous ses soldats, du Liban. Cela porte bonheur, dit-on : le 14 juillet 2008, il est l'un des invités principaux, au cœur du défilé militaire sur les Champs-Élysées, de l'inénarrable Nicolas Sarkozy.

Arrive Deraa. Puis Homs. Puis Alep. Puis Deir ez-Zor. Puis toute la Syrie. La guerre civile. Les près de deux cent mille morts. Les barils de TNT. L'ami Vladimir et sa flotte à Tartous. Les manipulations tous azimuts du régime baassiste. Les jihadistes. Les hommes barbares et sanguinaires, al-Nosra et consorts, petits angelots époque préraphaélites, avant les monstres de Daech, de l'État islamique. Les djihadistes. Les femmes, ouvrières stakhanovistes du sexe. Encore des manipulations. Toujours des manipulations. Pour que, dans l'inconscient collectif de la planète, on se dise et on se répète que la peste vaut mieux que le choléra – ou l'inverse. Pour que ce gang alaouite avec toute sa barbarie soit érigé en sauveur du pays, de la région, du monde. Et ces nuages de gaz, jaunes, de couleur miel, qui s'élèvent des points d'impact des bombes chimiques, ces enfants qui meurent sur-le-champ, ces blessures inédites entre Roswell et X-Files. Cela porte-bonheur, dit-on : le délicieux M. Assad est réélu fin avril 2014 à la présidence syrienne avec... 88,7 % des voix.

On le sait : un bonheur n'arrive jamais seul. Des bonheurs encore moins : c'est la loi des séries. Si le Hezbollah est au Liban l'unique, le seul (petit) gagnant de cette parthénogénèse hallucinée et hallucinante, opérée d'abord à Fallouja le 5 janvier 2014 puis à Mossoul le 6 juin de la même année, et qui a asséné sur la gueule du monde un cytomégalovirus d'une ampleur démesurée : Daech, ou État islamique, Bachar el-Assad en a été, worldwide, l'absolu bénéficiaire. Le voilà quasiment réhabilité aux yeux du monde, indépendamment des cris d'orfraie poussés à Damas et Moscou (dans une Crimée toujours occupée le plus illégalement du monde) contre des frappes US sans l'aval syrien.

Que Barack Obama et ses alliés bombardent ou pas les positions de l'EI en Syrie, que l'avenir soit noir, rose ou gris pour le président syrien, ou que l'Arabie saoudite redevienne la tsarine du monde arabe ou pas, n'y changeront rien : Bachar el-Assad est aujourd'hui sur un nuage, noyé de baraka. Et cela, c'est impardonnable.

P.-S. : Bachar el-Assad est né en 1965. Le 11 septembre. Il n'y a pas de hasard.

Source

(Je remercie l'ami @Erone pour le tuyau.)