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15/04/2013

La City, la finance en eaux troubles

08/04/2013

Italie : l'establishment international contre Beppe Grillo

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Malheur à celui par qui le scandale arrive, le proverbe ne se dément pas. L'un des valets médiatiques les plus zélés du « Système » nous apprend ce matin que Goldman Sachs, dans sa grande sagesse, trouve problématique la propension du peuple italien à refuser que ses élites corrompues continuent de faire des affaires en rond :

« "Plus que Chypre, c'est le facteur Grillo qui devient le vrai problème de l'Union européenne", a estimé récemment l'économiste de Goldman Sachs, Jim O'Neill ».

Bien sûr, si le Mouvement Cinq Etoiles de Beppe Grillo refuse toute alliance avec les partis dits traditionnels (comme si la pourriture était une tradition pour faire fonctionner le pays), c'est, selon Les Echos, une erreur politique et économique lourde d'une paralysie dont il faut lui imputer toute la responsabilité.

Responsabilité, c'est bien le mot. Celui qui ne vient aux lèvres des larbins de la partitocratie que lorsque le capital de ses maîtres est en jeu. Investir dans un pays, dans un peuple, c'est nettement moins rémunérateur que de lui sucer la moëlle en externalisant la production et en diminuant les salaires, en faisant supporter par les contribuables les dettes nées de l'achat de la paix sociale et de l'immigration-invasion, tout en privatisant les profits exonérés d'impôts dans des paradis fiscaux... A part ça, la responsabilité, c'est pour les autres.

Et notre Pravda économique de nous vanter la sagesse, aussi, de Matteo Renzi, nouvelle figure de proue alternative du parti de centre-gauche intitulé sans rire, à sa création en 2007, Parti Démocrate, dont le secrétaire général Pier Luigi Bersani vient de gagner piteusement les élections législatives avec, pour toute la coalition de centre-gauche pompeusement baptisée Italie Bien Commun, moins de 30 % des voix à la Chambre et moins de 32 % au Sénat, ce qui ne lui permet pas de former un gouvernement.

A en croire Les Echos, Renzi, tronche de premier de la classe qui serait devenu présentateur du vingt heures, bref tout pour plaire aux entubeurs de masses laborieuses, et qui vient de s'insurger vertueusement contre la prétention du M5S à appeler un chat un chat, incarnerait l'alternative politique souhaitable pour l'Italie, passant bien sûr par un gouvernement d'union nationale sous forme de compromis avec la coalition de centre-droite (c'est fou comme l'union nationale est une belle expression pour cocufier les nations, vous ne trouvez pas ?).

Renzi, dont le canard échotier oublie naturellement de nous rappeler qu'il est mouillé dans un scandale de favoritisme à l'emploi remontant à l'époque de sa présidence de région en Toscane, pour lequel il a été condamné en première instance, même si, faute de preuves suffisantes, sa condamnation a été ridiculement faible. Encore un modèle de probité politique digne de notre confiance, croyez-en la presse bien-pensante.

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25/11/2012

"Complète impuissance des scélérats"

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« (...) D’un point de vue “opérationnel”, et pour marier ces appréciations conceptuelles avec l’introduction concernant la crise des USA et la façon dont elle va passer à un palier absolument catastrophique, nous sommes conduits à proposer la remarque fondamentale que le comportement de la direction américaniste va, pour la première fois de façon massive, faire pénétrer dans les psychologies, notamment dans les populations, l’idée absolument impérative et furieuse, sinon révolutionnaire que ces directions sont entièrement conduites, évidemment par le Système et la politique-Système, non pas à tenter de résoudre “la” (les) crise(s), mais, au contraire, à chercher continuellement (et inconsciemment, peu importe) à faire en sorte que la (les) crise(s) s’aggrave(nt), notamment en décidant constamment d’appliquer sans aucune hésitation ni le moindre amendement les mêmes mesures et les mêmes conceptions qui sont à la base conceptuelle de la crise initiale et qui en sont la cause opérationnelle. Il y a effectivement dans cette volonté de recommencer sans cesse la crise qui vient d’être vécue à partir des ruines que cette crise précédente a installées, en reconduisant la même doctrine, les mêmes conceptions, etc., une manifestation convaincante de la pérennité de l’application de cette politique-Système, et une explication acceptable de l’évolution, pour notre époque et pour notre crise, vers l’entrée dans ce que nous nommons l’“esprit de 1793”.

Pour poursuivre l’analogie, nous dirons donc que cette nouvelle phase de l’“esprit de 1793” est une entrée dans la phase de la Terreur, c’est-à-dire dans la phase ultime de la crise terminale du Système où l’on commence à admettre que les politiques suivies, les décisions prises, etc., qui reflètent essentiellement les pressions du Système et quasi-nullement les conceptions humaines, le sont dans le but de la destruction, – de la déstructuration et de la dissolution, jusqu’à l’entropisation. Nous parlons des USA, mais nous pourrions aussi bien parler de l’Union Européenne, et dans des termes extrêmement fermes et documentés ; nous parlerions alors, essentiellement pour notre documentation personnelle, de la partie de politique étrangère de sa politique-Système, où il apparaît de plus en plus que les politiques russe, iranienne et syrienne (pour être parfaitement précis, et tout aussi documenté en l’occurrence), marquées par la brutalité aveugle et l’affrontement nihiliste de la part des Européens, constituent des politiques que plus personne, y compris aux plus hauts échelons, n’est capable de maîtriser, et dont personne n’est capable de comprendre le mécanisme et le processus, – la seule chose apparaissant clairement étant la terrorisation des psychologies de la plupart des dirigeants devant ces politiques insaisissables et impératives.

Ainsi doit-il devenir évident que nous entrons dans “la phase de la Terreur”, où il apparaît que le but poursuivi objectivement par le Système et sa politique-Système est une aggravation constante de la situation, selon cette volonté de déstructuration-dissolution du Système... Pour nous, certes, cela signifie la fameuse logique de surpuissance embrayant ou s’abîmant dans la non moins fameuse, et dans ce cas profondément désirable, logique d’autodestruction, avec la dynamique de la chose à mesure. De même, en 1793 et avec la Terreur, s’ouvrit cette phase de surpuissance de la politique révolutionnaire (politique-Système) s’abîmant effectivement dans son autodestruction (poétiquement, “la Révolution [qui] dévore ses propres enfants”) ; de même, en 2013, devrait-on voir, avec les événements provoqués par la politique-Système, le Système dévorer “ses propres enfants” dans son processus d’effondrement. Et pas question d’y échapper, sans doute, puisque, comme l’écrivait le comte Joseph [de Maistre], “Les scélérats mêmes qui paraissent conduire la révolution, n'y entrent que comme de simples instruments ; et dès qu'ils ont la prétention de la dominer, ils tombent ignoblement”. Les “scélérats” de notre temps commencent à se douter de quelque chose, peut-on vous assurer, mais ce “quelque chose” n’est rien d’autre que leur complète impuissance. »

Philippe Grasset

30/08/2012

« L'insupportable référence humaine »

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« (...) C’est une civilisation, un monde, une conception d’être qui sont en cours d’effondrement. Les USA mènent la course malgré tous les montages et autres narrative parce qu’ils sont le cœur grondant de cette chose qui nous dévore, le cœur à la fois grondant et d’une infinie fragilité ; la fragilité US est à l’exacte mesure de son apparente puissance, comme la dynamique d’autodestruction du Système accompagne et remplace peu à peu sa dynamique de surpuissance. Même si elles aident encore un peu, les explications économiques, sociales, politiques et historiques sont notablement insuffisantes pour l’embrassement et la compréhension du phénomène.

Il se passe aujourd’hui quelque chose de cosmique, qui dépasse nos conceptions et explications habituelles. Il est plus que temps que nos capacités de réflexion, et principalement notre raison si elle parvient à se dégager du diktat du Système, envisage la situation en cours selon des références et des inspirations plus audacieuses, beaucoup plus audacieuses que celles que nous autorise le Système. C’est ce que nous essayons de faire autant que nous le pouvons, en suggérant constamment l’intervention de “forces métahistoriques”, de phénomènes qui dépassent l’organisation humaine… Il est tout simplement inacceptable et scandaleux que notre raison, toujours sous le diktat du Système, soit limitée dans ses enquêtes, ses réflexions et ses hypothèses, aux seules capacités humaines et aux seules explications humaines. Quand on observe le résultat final de ces “capacités humaines” et la pauvreté des “explications” de la catastrophe, on est conduit à se demander à quoi sert la raison si elle se trouve limitée à ces références… Il est extrêmement urgent de libérer notre raison de l’insupportable référence humaine, sans quoi toute recherche de compréhension du phénomène et de ses conséquences suivra le même chemin que le Système qui propose comme solution de la crise de poursuivre la même démarche, en l’accentuant encore, qui a conduit à la crise. »

Philippe Grasset

12/08/2012

Basculement

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Un article particulièrement remarquable de Philippe Grasset, sur l'évolution de la situation au Proche-Orient et surtout, sur le décalage entre les discours officiels des Occidentaux et la réalité du terrain, conduisant ces Occidentaux à se trouver pris au piège de leur représentation. Je n'en cite qu'un court extrait :

« (...) Depuis plusieurs mois, – depuis octobre-novembre 2011, et, résolument, depuis le 4 février 2012 (premier veto russo-chinois à l’ONU), – le bloc BAO [Bloc Américaniste Occidentaliste] a enclenché la vitesse supérieure dans le champ de la communication. Il a créé une narrative d’une puissance énorme, à laquelle, d’ailleurs, il croit pour l’essentiel. Il parle au nom de “la communauté internationale” qu’il croit être à lui tout seul, au nom des droits de l’homme dont il sait tous les secrets, au nom d’un global concept, comme dirait l’ambassadeur McFaul, qui porte dans sa besace la démocratie et toutes les vertus qui vont avec. Rien ne saurait résister à ce torrent de communication ; toutes les supercheries, tous les montages sont utilisés, comme autant d’évidences devant lesquelles il faut s’incliner ; la regime change industry s’impose, notamment grâce à la promotion active du marketing-massacre ; et ainsi de suite… Pendant quelques mois, l’allure du bloc BAO et de sa cavalerie lourde de la presse-Système a été irrésistible. Aucune preuve contraire, aucune dénégation, aucune manifestation de bon sens, aucun conseil d’arrangement ne la faisaient dévier d’un pouce… Puis, subrepticement, la machine s’est enrayée. Il y a deux raisons à cela, qui se sont manifestée avec une rapidité stupéfiante, – car ce qui est subreptice n’implique nullement la lenteur, et l’on dirait même au contraire.

Comme l’écrit M K Bhadrakumar, «[t]he ‘regime change’ is supposed to be a quick, in-and-out operation for it to be cost-effective»[le changement de régime est censé être une rapide opération d'entrée-et-sortie, pour être rentable]. A cet égard, certes, le “scénario libyen” fut une réussite, notamment parce que les Russes sont tombés dans le piège en donnant leur feu vert à l’ONU. Le reste est allé de soi, très vite et efficacement. En deux mois, les rebelles libyens étaient implantés, ravitaillés, soutenus, et ils pouvaient commencer à lancer des offensives organisées. Rien de pareil en Syrie, ce qui fait qu’avec le temps la narrative cousue de fil blanc à commencé à se détricoter (on connaît les étapes diverses : mise en évidence des montages, doutes sur les massacres, apparition d’al Qaïda, etc.) ; la “révolution de sable doux” verse dans la “guerre civile” qui fait de plus en plus désordre. La victoire n’est pas facile du tout, Damas a tenu, Alep n’est pas tombée, Assad persiste et signe, etc.

• L’échec puis la démission [de Kofi Annan, le 3 août 2012, de son poste de médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie] sont la deuxième raison, – paradoxale, pour ceux qui pensaient qu’Annan et sa mission constituaient un des atouts russes en montrant le sérieux et l’attachement de la Russie à un règlement négocié, – donc que son échec serait un échec de la Russie. Pas sûr, et même considérer le contraire… Tant qu’Annan était là, le bloc BAO, jouant à fond l’obstruction, armant les rebelles, etc., pouvait continuer à clamer, selon la narrative, qu’Assad qui constituait la seule force structurée du pays avec l’État et son armée, était par conséquent, en ne déposant pas les armes, la cause unique de l’absence de règlement pacifique ; puisque la condition sine qua non de négociations sérieuses pouvant aboutir à un règlement pacifique conforme aux normes autoproclamées était que les structures en place et manifestement oppressives s’effacent, donc qu’Assad s’en aille. Mais c’est Annan qui est parti et l’on constate que son départ prive le bloc BAO de cet argument de la responsabilité d’Assad à l’intérieur du cycle faussaire et faussé des négociations, de son accusation favorite contre la Russie “allié félon” d’Assad ; ainsi s’effondre la narrative, en perdant la contradiction extérieure apparente qui dissimulait son absence totale de substance. (Certes, il va y avoir un successeur à Annan, mais la dynamique de la situation ne l’attend pas. On lui souhaite bonne chance.)

Ainsi retrouve-t-on durement le contact avec la réalité, c’est cela ? Pas vraiment, puisque toute cette affaire reste du domaine de la communication. En fait, comme tout dans cet univers du système de la communication toujours prêt à jouer au Janus, on bascule d’un extrême à l’autre. La narrative de l’irrésistible victoire du peuple syrien se transforme brutalement en son contraire, – la crise syrienne passant de l’interprétation d’une victoire de plus des droits de l’homme à celle d’un terrible foyer de déstabilisation qui menace toute la région. En quelques jours, les perspectives deviennent catastrophiques, la Turquie et l’Arabie sont en première ligne, ainsi que d’autres menaces de déstabilisation… Et l’on découvre alors combien ceux qui ont suivi cette politique de la narrative sont d’une extrême vulnérabilité et d’une très grande faiblesse. Ils le sont d’autant plus qu’il n’est pas question pour eux, ni de reconnaître une erreur, ni de faire bon usage du fruit de l’expérience ; leur politique reste toute entière prisonnière des contraintes du Système, avec une psychologie terrorisée et une raison prisonnière de l’affectivité pour correspondre à la narrative en cours. Ce n'est donc pas (encore?) la réalité de la situation qu'on retrouve, mais peut-être est-ce la vérité du monde qui s'esquisse. (...) »

Lisez cet article en entier, il en vaut la peine.

25/07/2012

Ploutocratie

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« (...) la masse totale des avoirs des super-riches planqués dans les “paradis fiscaux” pour éviter l’impôt atteint au moins £13.000 milliards (ou trillions), et peut-être jusqu’à £20.000 milliards (chiffre que certains ont préféré, pour transcrire en $31.000 milliards, alors que £13.000 milliards correspond à $21.000 milliards) ; soit, comme chacun peut le calculer, au moins autant que les PIB des USA et du Japon additionnés. Le Guardian (dans sa version The Observer), abandonnant un moment sa croisade pour libérer la Syrie et lui donner accès à notre Système, nous donne effectivement, ce 22 juillet 2012 tous les détails sur cette situation. Sur les £13.000 milliards, près de la moitié, soit £6.300 milliards, vont à 92.000 personnes, soit 0,001% de la population mondiale ; le reste, ce sont les 99,999% comme vous et moi. (Ces deux derniers chiffres en arrondissant quelque peu, mais sans gravité, – on concédera que l’esprit de la chose s’y trouve.) (...)

Parallèlement, Associated Press a publié une étude sur la pauvreté aux USA. Il s’agit du cas classique d’une progression sous la forme d’une régression, le niveau de la pauvreté semblant devoir atteindre, en un gracieux mouvement de retour sur soi-même, le rang de la pauvreté de 1960, quasiment à l’origine de la tenue à jour de cet indice du taux de pauvreté (indice mis en place en 1959). Le recensement effectué par AP s’arrête à 2010 et l’on attend les chiffres de 2011 pour cet automne, “dans les semaines critiques avant l’élection présidentielle”, – ce qui suscite l’angoisse de BHO [Obama], bien entendu, dont on ne doute pas que le motif est cette situation de la pauvreté bien plus que le moment, proche de sa réélection potentielle et espérée, où l’on donnera les chiffres de 2011, – qui seront, bien entendu, pires, bien pires que ceux de 2010… (Voir Newsday.com, Associated Press, le 22 juillet 2012.) (...)

La seconde nouvelle a bénéficié de bien moins de publicité que la première, qui a été largement diffusée. Les deux, mises en parallèle, trouvent leur place pour grossir encore l’évidence de l’absurdité grotesque de ce Système qui ne mérite même plus le moindre effort de compréhension, et la moindre explication, qui ne mérite que l’inconnaissance de la plupart de ses productions relevant du désordre de la psychiatrie et allant toujours dans le même sens du désordre des esprits et des faits. Ce Système est définitivement verrouillé dans cette absurdité de lui-même, dont plus rien ne pourra le faire sortir. Les critiques rationnelles se heurtent à la masse colossale de l’évidence de l’absurdité, et toute démonstration ne fait qu’amoindrir cet effet de l’évidence.

Il reste que l’accumulation des évidences, sans attirer une attention particulière, continue à renforcer dans nos psychologies une charge terrifiante de fureur explosive. Lui-même, le Système, se trouve de plus en plus déséquilibré par les effets de l’asymétrie de ses infamies, et sans la moindre conscience qu’il faudrait tenter d’y remédier pour au contraire les renforcer encore par la simple mécanique découlant de son maquillage idéologique poussant toujours vers l’aggravation des conditions de son autodestruction. Cette mécanique évidemment et nécessairement aveugle du Système, alimentant les réflexions des élites qui le servent dans le sens de les débarrasser de toute substance possible, ne peut que constater, sans s’y arrêter vraiment, l’ampleur de l’accumulation des situations catastrophiques, et ce constat fait, sans avoir une seconde à l’esprit l’idée qu’il faudrait chercher à y remédier. Il n’est même pas question d’observer que cette tâche (“y remédier”) est impossible, il suffit d’admettre qu’elle n’est même pas envisagée parce qu’elle n’est même pas jugée nécessaire, parce que la catastrophe n’est même pas perçue comme “catastrophique”, parce que la catastrophe n’est même pas perçue comme une catastrophe, parce que plus rien n’est rien et que les choses vont comme elles vont, au fil de l’eau secouée par la tempête. »

Philippe Grasset

11/06/2012

La communauté ou le cauchemar du Système

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« L’atomisation sociétale, l’anomie sociale, la guerre de tous contre tous et l’extrême individualisation égoïsto-nombriliste des existences contemporaines ne sont pas des "dommages collatéraux" de la  société capitalisto-marchande, les  symptômes de maux superficiels qui pourraient être guéris par des "ajustements" du système, ce sont tout au contraire le substrat, la matière première et le carburant du monde libéral.

L’oligarchie financiaro-mercantile ne peut en effet régner que sur un conglomérat d’individus séparés, isolés, concurrents les uns des autres en tous domaines (emploi, sexualité, sentimentalité, consommation, représentations symboliques…) et n’ayant pas d’autre horizon que la poursuite de leurs intérêts particuliers et la satisfaction de leurs désirs matériels. C’est pour cela que la bourgeoisie financière, avec l’appui actif et empressé des idiots utiles de la gauche "libérale/ libertaire",  n’a jamais eu de cesse que de faire disparaître toutes les entités collectives et les corps intermédiaires qui séparaient encore l’individu du Marché (corporations, syndicats, églises, familles, nations…).

Car le cauchemar du système de l’individu-roi, déraciné et interchangeable, défini uniquement par sa capacité de consommation, porte un nom, celui de "communauté".

La communauté est un groupement humain rassemblant des individus qui veulent être acteurs et non spectateurs de leur existence, qui ont compris qu’il n’y a ni espoir ni avenir dans la "délégation" du politique à des "élites" expertocratiques qui ne servent jamais que leurs propres intérêts de classe.

A l’opposé du "héros solitaire", notamment vanté par la littérature commerciale et les représentations cinématographiques hollywoodiennes,  qui s’oppose au monde au nom de son exceptionnelle singularité, le membre d’une communauté sait que ce n’est que par l’action collective, l’union des qualités et des talents, la collaboration des caractères et des volontés que l’on peut trouver des issues à l’impasse contemporaine et bâtir des alternatives concrètes et durables au suicide général qu’est la mondialisation libérale.

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07/06/2012

Les « élites » et « l'écroulement d'un monde », selon Frédéric Lordon

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« (...) la catastrophe étant sans doute le mode historique le plus efficace de destruction des systèmes de domination, l’accumulation des erreurs des "élites" actuelles, incapables de voir que leurs "rationalités" de court terme soutiennent une gigantesque irrationalité de long terme, est cela même qui nous permet d’espérer voir ce système s’écrouler dans son ensemble.

Il est vrai que l’hypothèse de l’hybris, comprise comme principe d’illimitation, n’est pas dénuée de valeur explicative. (...) Car c’est bien l’abattement des dispositifs institutionnels de contention des puissances qui pousse irrésistiblement les puissances à propulser leur élan et reprendre leur marche pour pousser l’avantage aussi loin que possible. Et il y a bien quelque chose comme une ivresse de l’avancée pour faire perdre toute mesure et réinstaurer le primat du "malpropre" et du "borné" dans la "rationalité" des dominants.

Ainsi, un capitaliste ayant une vue sur le long terme n’aurait pas eu de mal à identifier l’État-providence comme le coût finalement relativement modéré de la stabilisation sociale et de la consolidation de l’adhésion au capitalisme, soit un élément institutionnel utile à la préservation de la domination capitaliste – à ne surtout pas bazarder ! Évidemment, sitôt qu’ils ont senti faiblir le rapport de force historique, qui au lendemain de la seconde guerre mondiale leur avait imposé la Sécurité sociale – ce qui pouvait pourtant leur arriver de mieux et contribuer à leur garantir trente années de croissance ininterrompue –, les capitalistes se sont empressés de reprendre tout ce qu’ils avaient dû concéder. (...)

Il faudrait pourtant s’interroger sur les mécanismes qui, dans l’esprit des dominants, convertissent des énoncés d’abord grossièrement taillés d’après leurs intérêts particuliers en objets d’adhésion sincère, endossés sur le mode la parfaite généralité. Et peut-être faudrait-il à cette fin relire la proposition 12 de la partie III de l’Éthique de Spinoza selon laquelle "l’esprit s’efforce d’imaginer ce qui augmente la puissance d’agir de son corps", qu’on retraduirait plus explicitement en "nous aimons à penser ce qui nous réjouit (ce qui nous convient, ce qui est adéquat à notre position dans le monde, etc.)".

Nul doute qu’il y a une joie intellectuelle particulière du capitaliste à penser d’après la théorie néoclassique que la réduction du chômage passe par la flexibilisation du marché du travail. Comme il y en a une du financier à croire à la même théorie néoclassique, selon laquelle le libre développement de l’innovation financière est favorable à la croissance. Le durcissement en énoncés à validité tout à fait générale d’idées d’abord manifestement formées au voisinage immédiat des intérêts particuliers les plus grossiers trouve sans doute dans cette tendance de l’esprit son plus puissant renfort.

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04/05/2012

Crise généralisée aux Etats-Unis à partir de décembre 2012 ?

 

« Le “rendez-vous de décembre” ou le “rendez-vous du destin” ? Tout se passe en effet comme si les éléments constitutifs d’une crise insurrectionnelle massive convergeaient pour être rassemblés sous la forme d’un détonateur de cette crise, en décembre 2012, aux USA. Il s’agit en effet des USA, qui sont le centre et le moteur du Système, qui semblent se préparer à une crise du gouvernement, une crise budgétaire et une crise d'austérité, sans aucun doute par conséquent une crise sociale, – et d’ores et déjà, assurée, précédant tout le reste, une crise psychologique massive, reflétant la “psychologie terrorisée” commune à tous les dirigeants. Plus encore, dans ce cas, – tout se passe comme si une sorte de planification assumée, répondant autant à des échéances assurées qu’à des pressions supérieures, se mettait en place pour terminer cette années 2012 conformément aux prévisions. (On admettra que les Mayas, du haut de leur séjour parmi leurs divinités, doivent montrer une certaine satisfaction de voir leur calendrier si bien respecté, au moins dans l’esprit de la chose.)

Voyons quelques éléments qui substantivent cet horizon fort assombri. (On notera, sans surprise, qu’il n’y a pas que l’horizon d’assombri. Le 1er mai, aux USA, a été marqué par diverses actions de protestation, d’une façon très inhabituelle pour ce pays qui sait cultiver l’harmonie entre les classes au profit des plus méritantes.) D’abord, le 24 avril 2012, devant le Council of Foreign Relations, à New York, une intervention de Erksine Bowles, co-directeur de la Commission sur le déficit budgétaire du président Obama. Il est venu prendre date, et le rendez-vous est effectivement à la fin de 2012, en décembre. Il s’agit d’un rendez-vous de type catastrophique puisqu’on y observera, dans le meilleur des cas, celui où les autorités politiques prennent leurs responsabilités, des réductions budgétaires forcées ou automatiques de l’ordre de $7.000 milliards, – selon les calculs de Bowles, – qu’il faudra commencer à installer dans les activités du gouvernement. Comme suggéré plus haut avec la date de décembre 2012, il faut noter que tout cela se passe après l’élection présidentielle du début novembre. (...)

Bowles explique qu’en 2011, tous les dollars qui sont entrés dans le trésor fédéral ont été intégralement absorbés par les dépenses fixes (Medicare, Medicaid, sécurité sociale, – et le service de la monstrueuse dette, $250 milliards par an parce que les intérêts sont au plus bas, en fait qui devrait atteindre $600 milliards l’an (...)

En résumé, Bowles annonce implicitement la nécessité d’un programme massif d’“austérité” après l’élection présidentielle, – ce qui permettra aux candidats de ne pas trop en débattre. On notera tout de même que l’optimisme de Bowles concerne un accord qui se ferait au Congrès, plus ou moins avec le président (ré)élu, sur la répartition des réductions budgétaires qui découleraient nécessairement de toutes ces mesures automatiques. Cela impliquerait que le Congrès serait parvenu à une certaine harmonie, mais nullement que les USA échapperaient à un très, très rude programme d’austérité. La perception pessimiste, – qui n’est nullement sollicitée, quand on a à l’esprit les trois dernières années de guerre ouverte entre le Congrès et le président et à l’intérieur du Congrès, – concernerait l’absence d’accord, c’est-à-dire le désordre apocalyptique dans la planification de l’inévitable “austérité”. Quoi qu’il en soit, dans les deux cas il s’agit bien d’austérité, et l’optimisme ne porte que sur la bonne organisation de la chose.

Trois jours plus tôt, le 26 avril 2012, sur le site The Liberty Bell, Ron Holland, économiste, auteur, consultant, etc., annonçait un séminaire important, le Freedom Festival, les 11-14 juillet à Las Vegas, où l’on trouvera, parmi 150 intervenants, le sénateur Rand Paul et le juge Andrew Napolitano, célèbre pour avoir été le seul chroniqueur de Fox.News à soutenir Ron Paul (on l’a remercié pour cela et il ne travaille plus à la station). Le thème du grand rassemblement est "Crisis in America: A Call to Action" [Crise en Amérique : un appel à l'action] (...)

Holland se réfère à l’arsenal que se constituent les autorités fédérales US, – arsenal au propre et dans le sens législatif. Il s’agit de quantités considérables de munitions acquises ou en cours d’acquisition par le DHS (Department of Homeland Security) ces dernières semaines, notamment 450 millions de balles à charge creuse très puissantes de calibre .40 (10mm), qui est le calibre utilisé en général par la police US, et un marché de 175 millions de balles de calibre .223 (5.56mm), qui est la calibre standard des fusils d’assaut de l’OTAN. Il s’agit également de l’arsenal juridique de mesures coercitives qui relèvent de l’état de siège, qui s’est constitué ces dernières années et apparentent les USA à un “État policier”… Holland donne ces quelques précisions, qui renvoient à l’aspect le plus spectaculaire de l’arsenal législatif. (Il renvoie par ailleurs aux pratiques juridiques et policières de plus en plus tatillonnes, discrétionnaires et contraignantes, dont nous donnions nous-mêmes certains exemples dans notre texte du 16 avril 2012.) (...)

Pourquoi toutes ces dispositions ? La réponse est sans ambiguïté. Le gouvernement des États-Unis se prépare à ce qu’il croit être une insurrection massive, suite au programme d’austérité sans précédent qu’il devra appliquer à la suite des formidables contraintes budgétaires dont nous parlait plus haut Erskine Bowles… Le “rendez-vous de décembre” 2012, où des dispositions législatives imposent effectivement ces énormes réductions budgétaires, dont les répercussions sur les dépenses publiques seront massives. Logiquement, les esprits enfiévrés par leurs “psychologies terrorisées” des dirigeants au service du Système prévoient le pire, en fait de réactions populaires. (...)

La chose, – l’affrontement, l’insurrection, – se fera-t-elle ? (...)

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22/04/2012

Merci à l'ARSIN

 

Je reproduis ici le commentaire que j'ai rédigé sur le site de l'ARSIN (Association Républicaine pour le Socialisme et l'Indépendance Nationale), à l'occasion d'un billet publié par celle-ci hier, sous forme d'un tour d'horizon de ses partenaires, dont mon blog :

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Avant tout, le clivage droite-gauche me paraît obsolète, sauf dans le cadre imposé de la comédie électorale.

S'il faut absolument se situer dans une telle distinction, revenons à une classification historique et non propagandique.

A nouveau, comme avant l'affaire Dreyfus, ceux qui se veulent « de gauche » aujourd'hui, du PS jusqu'au NPA et à LO, n'ont en réalité rien à voir avec les Rouges, avec le mouvement ouvrier historique, auquel pourtant ils ne cessent de se référer mensongèrement en parlant à tort et à travers de « travailleurs », sans jamais distinguer, notamment, travail productif et rente sociale.

Jean-Claude Michéa, en plus de décrypter cette évolution, a plus ou moins fait justice de la classification trop conformiste des droites par René Rémond.

A partir de, disons, 1791, sont schématiquement en présence les Blancs, les Bleus et les Rouges (rien à voir avec les couleurs de notre drapeau national).

Contrairement à un réflexe mental courant, dûment conditionné, les ancêtres de la droite et de la gauche actuelles et, avec elles, de l' « extrême droite » et de l' « extrême gauche », se trouvent essentiellement parmi les Bleus (petit rappel, l'Assemblée législative de 1791 et les Conventions postérieures ont été élues avec une très faible participation populaire, d'abord au suffrage censitaire puis au suffrage universel masculin, et les Blancs et les Rouges n'ont pas été représentés en leur sein, dans la mesure où la Révolution française a été d'essence bourgeoise et libérale).

La pseudo-droite des Blancs et la pseudo-gauche des Rouges, avec lesquelles on nous bassine pour effrayer les foules avec des épouvantails « fascistes » et « soviétiques » (alors que non seulement elles ne sont pas à l'origine des dictatures du XXe siècle, mais qu'elles ont par ailleurs quasiment disparu du champ politique, voire idéologique), n'ont en fait rien à voir avec la droite et la gauche, ni avec l' « extrême droite » et l' « extrême gauche » des Bleus.

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