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26/11/2011

Identité et liberté : la Corse, histoire d'une lutte contre l'oppression étrangère

 

Figlioli di stu sole chì piccia le cuscenze
E scrivenu a storia contr'a le preputenze
Fratelli di stu ventu chì porta le sperenze
Di populu Corsu elli so le sustenze


Anu fattu a scelta di campà per dumane
Acelli di a note ch'ùn temenu l'arcane
A l'orlu di a machja quandu s'arrizza mane
Stendi lu so volu versu d'altre muntagne
Sò elli


E si tù è so eiu à porghjelli la manu
E simu centu mila è un populu sanu
Quandu fiurisce a machja à l'entre di lu branu
A custrui l'avvene è suminà la granu


Sò elli è simu noi machjaghjolu è cappiaghju
Fiaccule mai spente da sparghje lu messaghju
In lettere di focu à lu mese di maghju
Quandu a la turchina cumminciò lu viaghju
Sò elli


Senza mai stancià nè mai rifiatà
Cumbattenti d'onore di Santa Libertà
Parechji sò spariti u fior' di l'età
Surghjent'è acque linde di lu fium'unità


Parechji sò spariti à u fior' di l'età
Surghjent'è acque linde di lu fiume'unità

 

Enfants de ce soleil qui embrase les consciences
Et qui écrivent l'Histoire contre les tyrannies
Frères de ce vent qui porte les espoirs
Du peuple corse ils sont le soutien


Ils ont fait le choix de vivre pour un avenir
Oiseaux de nuit qui ne craignent pas l'ombre
Aux abords du maquis quand se lève le matin
Tu étends ton vol vers d'autres montagnes
C'est Eux


Et si toi et moi nous leur tendons la main
Et nous sommes cent mille et un peuple entier
Quand fleurit le maquis au début du printemps
A construire l'avenir et semer le grain


C'est eux et c'est nous, maquisards et braconniers
Flambeau jamais éteint qui étend le message
En lettres de feu au mois de mai
Quand dans le ciel bleu commence le voyage
C'est Eux


Sans jamais se reposer ni jamais reprendre haleine
Combattants d'honneur de la Sainte Liberté
Nombreux ils sont morts à la fleur de l'âge
Sources et eaux pures du fleuve Unité


Nombreux ils sont morts à la fleur de l'âge
Sources et eaux pures du fleuve Unité

 

L'Arcusgi - Sò elli

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

22/11/2011

Etats-Unis : « Occupy » en images

Que des affreux gauchistes, vraiment ? Et une police vraiment soucieuse de ne pas déplaire... à qui ? (Merci à @Christopher Johnson et @Three piglets pour les liens vers ces vidéos.)

 

 

 

 

20/11/2011

Coup de balai

Ben quoi, elle est pas belle, ma paille de riz ?

 

Comme les lecteurs de ce blog ont pu s'en apercevoir, la sacro-sainte liberté d'expression, noble ambition mais aussi alibi de bien des âneries, voire des pires insanités, en a pris un coup ici ces derniers temps.

N'ayant que deux bras et ne disposant que d'un temps limité, je me suis aperçu que les réponses aux indésirables sont de plus en plus chronophages.

J'ai notamment reçu, il y a peu, la visite des Dupond et Dupont d'un micro-parti continental : le premier (le Leader Maximo de l'anti-pragmatisme) tout sucre et tout miel, apparemment banni de F.Desouche pour avoir inondé tous les fils de discussion de ses commentaires à sens unique jusqu'à overdose des tauliers, étant manifestement venu sur mon petit blog afin de racoler pour sa chapelle désespérément déserte, et le second (le VOKHR de service) ayant réagi à mes critiques un peu vertes des salamalecs de son gourou par un déluge verbal ordurier et, paradoxalement, par un rappel hypocrite au respect de la « nétiquette », ce truc politiquement correct dont l'invocation confirme une belle mentalité de reptiles, d'ailleurs illustrée récemment, sur le site d'un pseudo-dissident, par un pitoyable étron pseudo-journalistique.

Je passe sur les détails (le gus qui n'accepte pas d'être banni et, tel un troll, utilise un proxy pour pouvoir revenir ; l'envoi d'un mail tout aussi ordurier pour dégueuler le reste de sa haine de frustré congénital...). Sachez juste que ne suis pas le genre à coincer mon pied dans la porte si on ne veut pas me laisser entrer et que, de même, je n'aime pas que des importuns à qui je n'ai rien demandé essaient de s'imposer chez moi. Pour ne pas donner à cet incident totalement hors sujet (spécialité des deux compères) plus de publicité qu'il n'en méritait, j'ai préféré, en définitive, supprimer de mon blog tous les commentaires relatifs à mes échanges avec ces duettistes de l'inutile, y compris les miens, même si l'ensemble constituait à mon avis une jolie petite contre-propagande au micro-parti en question.

Assez chronophages aussi, accessoirement, ont été, depuis quelques mois, les mesures de contrôle afférentes aux délires d'un troll patenté, aux obsessions aussi constantes que mal dirigées en ce qui nous concerne, moi et mes idées. Mais allez faire entendre raison, quand de surcroît vous avez une vie bien remplie, à un illuminé psychorigide dont le quotidien est à l'évidence aussi vide que son temps libre est infini...

Pour me permettre de continuer à alimenter régulièrement ce blog sans perdre un temps croissant à des tâches improductives, un coup de balai était nécessaire.

Bref, je me vois contraints de soumettre désormais tous les commentaires à une validation préalable (ce que le même langage ultra-politiquement-correct appelle une « modération »).

Croyez bien que j'ai en horreur ce genre de procédés et que je suis navré de devoir l'imposer à ceux qui viennent régulièrement commenter ici, comme aux occasionnels. Je m'y étais refusé jusqu'ici, pour éviter de vous en infliger la contrainte. Mais ce n'est vraiment plus possible.

Par conséquent, le temps d'attente entre la rédaction de vos commentaires et leur publication sur le blog sera plus long. Bien sûr, je continuerai de laisser à vos interventions la plus grande liberté de contenu et de ton possible, compte tenu des lois en vigueur. Je compte sur votre compréhension et vous promets de faire au mieux. Merci d'avance.

19/11/2011

« Rien à attendre des droitards »

Affreux gauchiste justement corrigé par la loi et l'ordre

(New York, 17 novembre 2011)

 

« Vouloir tout, tout de suite, en combattant à découvert, en gants blancs et épaulettes rouges, voilà l’horizon stratégique indépassable des "natios" : tout dans le style, zéro efficacité, on tombe au combat avec le sentiment de s’être sacrifié honorablement à la cause, suivant un puissant fond christique de martyre.
Dans un premier temps, on se fiche que les "indignés" se battent pour les peuples européens ("peuples blancs" ne signifie rien), il faut abattre le système de domination, et cela est possible en utilisant un autre biais et avec d’autres personnes (oui, parce que le natio pense aussi qu’il faut tout faire tout seul, sans alliés, même temporaires, c’est le messie en somme).
Les "gauchistes" (les mecs d’Occupy, aux USA, sont protégés, pour une partie, par d’anciens militaires… cela devrait soulever quelques interrogations dans la tête des super-natios) peuvent se retourner contre le système ?
Parfait, excellent même, ne crachons pas dessus, car de toute façon, ils ont 1000 fois plus d’énergie que les "natios".
Après expérience, il n’y a rien à attendre des droitards, ce n’est pas dans leur culture de faire la révolution, de monter des barricades et d’aller au charbon.
Ce sont des passifs, des soumis, d’où toute la rhétorique, confortable, anti-révolutionnaire, qui permet de justifier l’inaction, tout en distribuant les bons et mauvais points.
En Espagne, terre d’immigration, l’effondrement de l'économie a provoqué un arrêt de celle-ci, un retour des immigrés et même [l'Espagne] est devenue une terre d’émigration.
L’effondrement économique a fait plus que n’importe quel posteur de Fdesouche avec ses petites solutions clé en main et ses appels à la Reconquista (alors que le mec n’a jamais touché un fusil de sa vie).
La révolution se fera avec des gens de sensibilité de gauche et des sans-étiquette. »

Three piglets

15/11/2011

« Révoltes encore inconscientes »

 

« Dany-Robert Dufour est philosophe, professeur en sciences de l'éducation à Paris VIII, et ancien directeur de programme au Collège international de philosophie de 2004 à 2010. Il a publié de nombreux ouvrages et articles dont la dominante générale est le refus des deux nouvelles formes de libéralisme qui dominent désormais le monde. Il s'agit du néo-libéralisme qui consacre le pouvoir des entreprises financières sur le reste de l'économie et de l'ultra-libéralisme qui prétend généraliser à l'ensemble de la planète la disparition des Etats et des réglementations de service public. Le second de ces libéralismes est principalement au service du premier.

Aujourd'hui, Dany-Robert Dufour voit dans la généralisation des crises économiques et sociales en Europe le triomphe des entreprises financières qui mettent la dernière main, via les institutions communautaires et le FMI, à la destruction non seulement des Etats protecteurs et des grands programmes publics dépassant les intérêts particuliers au service de l'intérêt général mais, plus généralement, des valeurs démocratiques de solidarité et de partage. Sans tomber dans le conspirationnisme, on peut en effet penser que les objectifs, conscients ou inconscients, de ces entreprises financières, des gouvernements et des médias qu'elles rémunèrent (les trois oligarchies) visent à ramener le niveau de vie des peuples européens, libre concurrence oblige, à celui des peuples asiatiques. Les Européens seront ainsi obligés de travailler avec un salaire de 1$ par jour à l'accumulation de richesses dont profiteront les seules oligarchies.

Mais comment lutter contre ce mécanisme apparemment implacable de mise en tutelle et d'exploitation ? On pourrait proposer que les populations occidentales se battent plus énergiquement qu'aujourd'hui pour conserver leur situation privilégiée. Cette résistance pourrait prendre la forme d'un retour à un protectionnisme national, voire européen. Mais si rien n'était fait pour lutter, en Europe même, contre les pouvoirs oligarchiques responsables du renforcement des exploitations, aucune résistance sérieuse ne pourra se manifester. Même si les classes moyennes et populaires européennes s'engageaient plus activement qu'aujourd'hui pour conserver leurs avantages comparatifs, elles ne pourront pas résister à la coalition des oligarchies et le poids politico-démographique des pays émergents, qui sont pour le moment des alliés objectifs.

Des changements dans les majorités politiques ne changeraient rien à l'affaire. Les successeurs des gouvernements chassés par la crise, que ce soit Lucas Papademos en Grèce, Mario Monti en Italie, demain François Hollande (ou Marine Le Pen) en France, ne changeront rien aux rapports de force. Le protectionnisme ne remplacera pas l'innovation scientifique et la relance des productions industrielles, qui seraient seules capables de redonner à l'Europe sa puissance perdue. Et comment financer les investissements correspondants sans ressources nouvelles ? Et comment obtenir des ressources nouvelles sans diminuer drastiquement les niveaux de vie de ceux qui, dans l'ensemble, élisent les gouvernements, que ce soit les niveaux de vie des classes moyennes et populaires ou, à l'opposé, ceux de la classe dite des super-riches ?

Si l'on interprétait correctement la pensée de Dany-Robert Dufour, l'on pourrait dire qu'il propose une perspective plus radicale. Il faudrait que les peuples européens et plus généralement occidentaux abandonnent leurs idéaux passés de consommation matérielle et de productivisme pour en revenir à une véritable frugalité, accompagnée par les valeurs de solidarité et de partage qui les sauveraient. D'une part, en ce cas, ils pourraient échapper au chantage des intérêts financiers qui les poussent à travailler toujours plus pour accumuler des plus values dont profitent les seules oligarchies. D'autre part, ils pourraient consacrer leurs forces intellectuelles et matérielles à développer de nouvelles formes d'investissement dans le capital cognitif, qui constitueraient les nouvelles valeurs dont le monde en crise aura besoin.

L'idée n'est pas neuve. Cependant elle peut encore séduire. Beaucoup seront tentés de la reprendre à leur compte. C'est sans doute ce que demandent, plus ou moins inconsciemment, les militants des mouvements de type "Occupy" qui cherchent à sortir du Système imposé par les oligarchies financières et corporatocratiques, sans préciser encore ce qu'ils voudraient mettre à la place. Mais un changement aussi radical dans les modes de consommation et de travail de plus d'un milliard d'humains, ceux des pays dits développés, ne pourra pas se faire par de simples incantations. Les résistances seront considérables, non seulement en provenance des oligarchies directement menacées mais, comme nous venons de le voir, des populations encore favorisées.

Que chacun d'entre nous s'interroge, ceux du moins qui font partie des classes moyennes dites supérieures encore relativement épargnées. Sera-t-il prêt à renoncer à des avantages matériels quasiment entrés dans sa vie, pour rechercher d'autres valeurs plus immatérielles ? Ceci, même s'il sait que les avantages dont il profite actuellement disparaîtront inexorablement dans quelques années, sous la pression de l'ultra-libéralisme et du néolibéralisme dénoncés par Dany-Robert Dufour ?

Par ailleurs, pour qu'une telle révolution se produise, il faudrait une convergence simultanée des volontés de centaines de millions de citoyens. Elle ne pourrait se produire sans la généralisation rapide de la catastrophe annoncée. Autrement, les déterminismes encore obscurs mais certainement solides dictant des comportements conservateurs aux populations, continueront à s'exercer pleinement. Une volonté nécessairement épisodique et isolée de changement, dans la bouche de tel économiste ou de tel homme politique, risque de rester marginale.

Cependant, nul ne peut prédire avec un minimum de scientificité quels sont les ressorts profonds des changements dans les convictions collectives, ce que le sociologue John Casti nomme les "global moods" ou "états d'esprit globaux". Ils peuvent évoluer en masse, secrètement, c'est-à-dire sans que nul ne s'en aperçoive, y compris à l'insu des individus porteurs de tels états d'esprit. Ceci parce que la science ignore encore avec précision comment se forment et se diffusent les contenus cognitifs, tant chez les individus que dans les groupes.

Il est possible que si l'on "radiographiait" les contenus des cerveaux des millions de personnes qui refusent vaguement le Système actuel sans s'engager encore à le changer, de tous ceux qui interrogés ne savent même pas que proposer pour le changer, on ferait des découvertes qui surprendraient les politologues. Peut-être découvrirait-on des voies et volontés de changements bien définies mais encore anesthésiées, n'attendant qu'une étincelle pour se concrétiser et se coordonner au sein de passages à l'acte effectifs. De la même façon, il avait fallu attendre l'été 1789, dans une méconnaissance générale, pour que commencent à cristalliser au sein des populations les ferments de la Grande Révolution.

Pour en savoir plus : Une civilisation en crise. »

Jean-Paul Baquiast

12/11/2011

« Occupy » tout court

Trouvée sur la Toile, une fusion graphique d'Occupy et du matériel de campagne de Ron Paul

 

« (...) Sur le site de Occupy Wall Street, en date du 6 novembre 2011, on trouve un court reportage sur ce qui est sans aucun doute l’Occupy le plus petit des USA, avec Occcupy Mosier, dans l’Oregon. Avec une population de 430 habitants, Mosier est un bourg typique de l’Amérique profonde, rurale, l’Amérique en général oubliée ou vilipendée c’est selon…

(...) l’exemple de Mosier nous fait réaliser combien le mouvement Occupy, malgré le folklore apparent des groupes les plus médiatisés, et les commentaires qui sont à mesure, aussi grossiers et bardés de lieux communs que l’on peut imaginer de la part de la presse-Système, combien Occupy n’a absolument rien à voir avec les événements des années 1960, ni même avec les événements qu’on serait tentés de classer idéologiquement “à gauche”, – toutes ces choses qui ont été complètement récupérées par le Système et sont toujours destinées à être récupérées par le Système. Occupy Mosier est l’exemple-type de l’Amérique profonde, qui n’a pas nécessairement de vertu intrinsèque et qui est d’ailleurs en général fort méprisée par les beaux esprits, mais il s’agit bien de l’Amérique qui souffre et qui s’inscrit dans ces stupéfiantes et très récentes statistiques sur la pauvreté – en Amérique, cette lumière de la modernité… Que la consigne Occupy ait touché un tel lieu, et qu'elle y ait inspiré un tel mouvement dans un tel lieu, montrent combien le mouvement de dissidence per se rencontre une formidable attente psychologique de la population.

Certes, si l’exemple de Occupy Mosier se répand comme il a commencé à le faire, le mouvement acquerra une dimension populiste touchant toutes les catégories de la population, y compris les milieux ruraux et agricoles qui sont eux-mêmes très durement affectés par les pressions du Système et les crises que la crise centrale du Système génère. Il s’agit alors de l’entièreté de la population US, dans une dynamique où Occupy ne se distinguerait plus guère de Tea Party, tandis que la dimension du localisme interviendrait d’une façon de plus en plus dévastatrice, contre les normes du Système et ses nécessités de “centralisme bureaucratique” dont on connaît bien les caractères.

L’Amérique est un pays qui est caractérisé par des spécificités extrêmes, qui ont jusqu’ici été exploitées par le Système à son avantage, pour cadenasser ce pays et empêcher la moindre expression politique de contestation. Des nouvelles comme celle de Occupy Mosier montrent que la dynamique actuelle tend à renverser le sens de ces spécificités, cette fois contre le Système. Potentiellement, c’est une dynamique qui peut conduire à l’installation d’une dissidence générale vis-à-vis du Système, aux USA même. On se trouverait alors devant une situation inédite qui ne manquerait pas de charme. »

Philippe Grasset

09/11/2011

Michel Clouscard : le capitalisme de la séduction

Merci à @Eisbär, inlassable et irremplaçable dénicheur, pour cette vidéo vieille de près de trente ans, qui n'a pas pris une ride.


 

 

Il faut lire Clouscard (injustement oubliés, ses ouvrages non réédités sont trouvables en occasion) :

- Critique du libéralisme libertaire

- La production de l'individu

- Le capitalisme de la séduction

- Mai 68, la contre-révolution libérale libertaire

Je salue l'initiative des Editions Delga, qui ont entrepris l'édition de ses oeuvres complètes.

Slavoj Žižek à « Occupy Wall Street »

 

Allocution, traduite par mes soins car (grrr) je viens seulement de m'apercevoir que des traductions existaient déjà ailleurs, de l'intéressant philosophe « marxien » slovène (celui qui avait balancé à BHL atterré : « Vous semblez considérer que seul le libéralisme peut sauver la gauche ») à Zuccotti Park, rebaptisé Liberty Place, New York, le 9 octobre 2011.


« Ils disent que nous sommes tous des perdants, mais les véritables perdants sont là-bas, à Wall Street. Ils ont été renflouées par des milliards de notre argent.

Nous sommes appelés socialistes, mais ici, le socialisme c'est toujours pour les riches. Ils disent que nous ne respectons pas la propriété privée, mais dans le krach financier de 2008 il a été détruit davantage de propriété privée durement gagnée que si nous tous, ici, nous étions employés à la détruire nuit et jour pendant des semaines.

Ils vous disent que nous sommes des rêveurs. Les vrais rêveurs sont ceux qui pensent que les choses peuvent continuer indéfiniment telles qu'elles sont. Nous ne sommes pas des rêveurs. Nous sommes l'éveil d'un rêve qui est en train de virer au cauchemar.

Nous ne sommes pas en train de détruire quoi que ce soit. Nous sommes seulement les témoins de la façon dont le système s'autodétruit.

Nous connaissons tous la scène classique des dessins animés. Le chat atteint un précipice, mais il continue à marcher, en ignorant le fait qu'il n'y a rien sous ses pieds. C'est seulement quand il regarde vers le bas et le remarque, qu'il tombe. C'est ce que nous faisons ici. Nous disons aux gars là-bas à Wall Street : "Hé, regardez en bas !"

À la mi-avril 2011, le gouvernement chinois a interdit à la télévision, dans les films et les romans, toute histoire contenant une réalité alternative ou un voyage dans le temps. C'est un bon signe pour la Chine. Ces gens continuent de rêver à des alternatives, donc [le régime est obligé de] leur interdire ces rêves.

Ici, nous n'avons pas besoin d'une interdiction, parce que le système régnant a opprimé jusqu'à notre aptitude à rêver. Regardez les films que nous voyons tout le temps. Il est facile d'imaginer la fin du monde. Un astéroïde détruisant toute vie et ainsi de suite. Mais vous ne pouvez pas imaginer la fin du capitalisme.

Alors, que faisons-nous ici ?

Laissez-moi vous raconter une merveilleuse vieille blague de l'époque communiste. Un gars fut envoyé d'Allemagne de l'Est pour travailler en Sibérie. Il savait que son courrier serait lu par les censeurs, alors il dit à ses amis : "Nous allons établir un code. Si une lettre que vous recevez de moi est écrite à l'encre bleue, ce que je dis est vrai. Si elle est écrite à l'encre rouge, c'est faux". Un mois après, ses amis reçoivent la première lettre. Tout est en bleu. Elle dit, cette lettre : "Tout est merveilleux ici. Les magasins sont remplis de bonne nourriture. Les cinémas montrent des bons films de l'Ouest. Les appartements sont grands et luxueux. La seule chose que vous ne pouvez pas acheter, c'est de l'encre rouge".

Voilà comment nous vivons. Nous avons toutes les libertés que nous voulons. Mais ce qui nous manque, c'est l'encre rouge : le langage pour exprimer notre non-liberté. La façon dont on nous apprend à parler de la liberté - guerre à la terreur et ainsi de suite - falsifie la liberté. Et c'est ce que vous faites ici. Vous nous donnez à tous de l'encre rouge.

Il y a un danger. Ne tombez pas amoureux de vous-mêmes. Nous passons un bon moment ici. Mais souvenez-vous, les carnavals ne coûtent pas cher. Ce qui importe, c'est le lendemain, quand nous aurons à revenir à une vie normale. Y aura-t-il des changements, alors ? Je ne veux pas que vous vous rappeliez ces jours-ci, vous savez, comme : "Oh, nous étions jeunes et c'était magnifique".

Rappelez-vous que notre message de base est : "Nous sommes autorisés à réfléchir à des alternatives". Si le tabou est brisé, nous [savons que nous] ne vivons pas dans le meilleur des mondes possibles. Mais il y a un long chemin à parcourir. Il y a des questions vraiment difficiles qui nous font face. Nous savons ce que nous ne voulons pas. Mais que voulons-nous ? Quelle organisation sociale peut remplacer le capitalisme ? Quel type de nouveaux dirigeants voulons-nous ?

Rappelez-vous. Le problème n'est pas la corruption ou la cupidité. Le problème est le système. Il vous oblige à être corrompus. Ne vous méfiez pas seulement des ennemis, mais aussi des faux amis qui travaillent déjà à diluer ce processus. De la même manière que vous obtenez du café sans caféine, de la bière sans alcool et de la crème glacée sans matière grasse, ils vont essayer de faire de cela une inoffensive protestation morale. Une protestation décaféinée.

Mais la raison pour laquelle nous sommes ici, c'est que nous en avons eu assez d'un monde où recycler les canettes de Coca, donner deux dollars par charité ou acheter un cappuccino chez Starbucks dont 1% va aux enfants affamés du tiers-monde suffit à nous faire nous sentir bien.

Après l'externalisation du travail et de la torture, après l'externalisation, maintenant, de notre vie amoureuse par les agences matrimoniales, nous pouvons voir que depuis longtemps, nous permettons que notre engagement politique soit également externalisé. Nous voulons qu'il revienne.

Nous ne sommes pas communistes, si le communisme désigne un système qui s'est effondré en 1990. Rappelez-vous qu'aujourd'hui ces communistes sont les plus efficaces, les plus impitoyables des capitalistes. En Chine aujourd'hui, nous avons un capitalisme qui est même encore plus dynamique que votre capitalisme américain, mais qui n'a pas besoin de la démocratie. Ce qui signifie que lorsque vous critiquez le capitalisme, ne cédez pas au chantage qui veut que vous seriez contre la démocratie. Le mariage entre démocratie et capitalisme est terminé.

Le changement est possible. Qu'est-ce que nous percevons aujourd'hui comme possible ? Il suffit de suivre les médias.

D'un côté, en matière de technologie et de sexualité, tout semble être possible. Vous pouvez aller sur la lune, vous pouvez devenir immortel par la biogénétique, vous pouvez avoir des rapports sexuels avec des animaux ou n'importe quoi.

Mais regardez le domaine de la société et de l'économie. Là, presque tout est considéré comme impossible. Vous voulez augmenter un petit peu les impôts pour les riches ? Ils vous disent que c'est impossible, nous perdrions la compétitivité. Vous voulez plus d'argent pour les soins de santé ? Ils vous disent : "Impossible, cela signifie un Etat totalitaire".

Il y a quelque chose qui ne va pas dans un monde où on vous promet l'immortalité, mais où vous ne pouvez pas dépenser un peu plus pour la santé.

Peut-être devons-nous fixer nos priorités ici. Nous ne voulons pas d'un plus haut niveau de vie. Nous voulons un meilleur niveau de vie. Le seul sens dans lequel nous sommes communistes, c'est que nous nous soucions de ce qui nous est commun. Commun dans la nature. Commun dans ce qui est privatisé par la propriété intellectuelle. Commun dans la biogénétique. Pour cela, et uniquement pour cela, nous devrions nous battre.

Le communisme a totalement échoué, mais les problèmes posés par ce qui nous est commun persistent.

Ils vous disent que nous ne sommes pas des Américains, ici. Mais les fondamentalistes conservateurs qui prétendent qu'ils sont vraiment américains doivent se rappeler quelque chose : qu'est-ce que le christianisme ? C'est le Saint-Esprit. Qu'est-ce que le Saint-Esprit? C'est une communauté égalitaire des croyants qui sont liés par l'amour mutuel, lequel ne dépend que de leur propre liberté et de leur responsabilité. En ce sens, le Saint-Esprit est ici, maintenant. Et là-bas à Wall Street, il y a des païens qui adorent des idoles blasphématoires.

Ainsi, tout ce dont nous avons besoin est la patience.

La seule chose que je crains, c'est que nous rentrions simplement un jour à la maison et qu'alors nous nous réunissions une fois par an, buvant de la bière, et nous souvenions nostalgiquement : "Quel bon moment nous avons passé ici". Promettez-vous que ce ne sera pas le cas . Nous savons que souvent les gens désirent quelque chose, mais ne le veulent pas vraiment. N'ayez pas peur de vouloir vraiment ce que vous désirez.

Merci beaucoup. »

Source


Et à titre purement documentaire, les vidéos correspondantes en VO (difficilement supportables, l'auditoire proche relayant après chaque phrase les paroles de Žižek démuni de micro, pour que tout le monde puisse l'entendre) :

 

03/11/2011

Grèce : prendre un peu de recul...

 

Le directeur du LEAP se serait ridiculisé en louant les qualités du énième dernier plan de sauvetage européen de la Grèce et en pariant sur son succès, juste avant l'annonce par Papandréou d'un référendum sur la question et ses effets dévastateurs sur les cours de la Bourse.

On peut ne pas partager l'européisme de Franck Biancheri et de ses amis, bien qu'ils se réclament d'une vision plus démocratique de ce constructivisme, que ne le font les eurocrates de Bruxelles.

Mais je persiste à penser que, si on s’extrait une minute de l’actualité immédiate (les réactions à courte vue des marchés, le tintamarre médiatique sensationnaliste), Biancheri et le LEAP ont toujours assez largement raison.

Attention, je ne prends pas parti pour l’UE actuelle, ni pour sa politique, reflet néanmoins, ne l’oublions pas, des politiques nationales de ses Etats membres. J’essaie juste de deviner l’évolution globable de la situation.

Quelle que soit l’issue du référendum grec (si référendum il y a), la zone euro a fait la preuve, à l’initiative de l’Allemagne et malgré tous les lamentables cafouillages propres à la calamiteuse architecture politique européiste :

- de sa capacité (certes relative, mais tout de même) à faire payer les banques (au point qu’on peut se demander si Papandréou, outre son problème de légitimité politique interne à la Grèce, n’est pas en mission – il est demi-américain de naissance et a fait ses études aux Etats-Unis – pour la finance américaine) ;

- de son refus d’emboîter le pas aux délirants QE américains de Bernanke and Co. ;

- de sa volonté politique de conserver l’euro et d’en faire une monnaie de réserve susceptible de prendre le relais du dollar ;

- désormais, de laisser la Grèce suivre sa route (a priori, encore moins drôle sans l’euro qu’avec, mais c’est une opinion personnelle, je ne connais pas l’avenir), marquant ainsi non seulement une certaine lucidité quant à l’importance réelle (faible : 2,65 % du PIB de la zone euro) de ce pays au sein de l’Union monétaire, mais surtout, contrairement à ce qu’on peut lire ici et là, une volonté moins « totalitaire » que prévu.

A ce sujet, il est quand même assez amusant de voir Dupont-Aignan reprocher à la zone euro (en fait, au couple Sarkozy-Merkel, traités d’ « apprentis dictateurs ») de faire du chantage à la Grèce pour qu’elle renonce à son référendum ou fasse en sorte que le vote soit favorable à l’euro.

Qu’est-ce que les défenseurs à tous crins de la souveraineté et de la dignité des Grecs face aux banques entendent par ce « chantage » ?

Simplement, le fait qu’en cas de « non » à un éventuel référendum, eh bien, le dernier plan de sauvetage conclu avec l’accord des dirigeants grecs, ne serait pas appliqué. Fin des aides financières à la Grèce. Quoi de plus normal, puisque la Grèce n’en veut plus ?

Eh bien non. Les mêmes Français soucieux de leurs « petits sous », tellement en défaveur de toutes les aides à la Grèce tout en déplorant, la main sur le coeur, la situation du peuple grec (- « Oh, t’as vu le pauvre mendiant ? » – « Ah oui, c’est triste, mais faut surtout pas lui donner d’argent »…), viennent maintenant dire qu’il serait dégueulasse de faire ce qu’ils souhaitent, c’est-à-dire d’arrêter de donner (pardon, de prêter) à la Grèce ! C’est grotesque.

Il n’y a pas de « chantage ». Pourquoi les contribuables de la zone euro devraient-ils aider la Grèce malgré le revirement des dirigeants grecs sur le plan de sauvetage, aussi imparfait soit-il ?

Je veux bien que le peuple grec soit victime de la corruption de ses élites depuis des lustres, victime aussi de l’aide intéressée apportée à ses dirigeants par certaines grandes banques, que le prêt à intérêt c’est du vol, etc.

Mais tout de même, à un moment donné, il faut arrêter les mouchoirs et regarder la réalité en face.

La Grèce est un pays « souverain », comme certains aiment à le dire de la Slovaquie ; pays souverain, qui vit au-dessus de ses moyens depuis des lustres en truquant sa comptabilité publique, où la corruption est quasi-généralisée, où aucun effort de rationalisation fiscale n’a jamais été fait et qui a largement profité de son entrée dans la zone euro pour redoubler d’emprunts.

Et on voudrait nous faire croire que les Grecs sont tous des victimes, que ce sont les Français et les Allemands, riches prêteurs via leurs banquiers privés, les salauds ?

Le petit peuple grec est à plaindre. Le reste des Grecs, tout ceux qui ont bien profité du système, non. Que les élites grecques s’expliquent avec leurs électeurs et clients, cela ne nous regarderait que si nous adoptions le détestable « devoir d’ingérence » cher à Kouchner et BHL.

Personnellement, si Papandréou et l’ensemble des politiciens grecs étaient, dans les prochains mois, lynchés par une foule de nouveaux pauvres et pendus aux réverbères d’Athènes, je ne lèverais même pas un sourcil.

Mais qu’on ne vienne pas me dire qu’aider la Grèce contre la volonté de ses dirigeants, voire contre celle de son peuple (puisqu’il paraît que le référendum verrait un « non » massif au plan de sauvetage européen – j’en suis beaucoup moins sûr que les médias et la droâte nationale, tous d’accord avec les altermondialistes pour le coup, mais enfin…) ; qu’on ne vienne pas me dire, donc, qu’aider la Grèce si elle le refuse, ce serait justifiable d’une façon quelconque.

Ah au fait, une question à tous les grands savants furieusement en faveur d’une sortie de l’euro de la part de la Grèce : à qui ce pays ruiné va-t-il bien pouvoir emprunter pour continuer de financer son train de vie largement au-dessus de ses moyens ?

Admettons même que le gouvernement tombe et que, miracle, un autre plus intègre lui succède (on peut toujours rêver).

Admettons, suprême audace onirique, que ce gouvernement intègre décide de répudier la dette publique grecque, de faire défaut, de repartir de zéro.

Bon. Moi, je suis pour, hein. Jamais aimé les banquiers. Rien à foutre des épargnants qui seraient lésés par le défaut grec.

Seulement, le problème, pour la Grèce, c’est que, si elle pourra repartir (je suis d’accord avec Patrick Reymond qui donne l’exemple de l’Islande : quand on a fait faillite une bonne fois, on vous reprête, après ; sauf que l’Islande a des ressources naturelles et industrielles, et une réputation de travail, toutes choses qui ne sont pas si évidente du côté d’Athènes), il faudra quand même qu’elle encaisse un appauvrissement carabiné.

Que produit la Grèce ? Qu’a-t-elle à manger, à vendre, à exporter ? Sa marine marchande, à l’heure de la démondialisation ?

A force de ne voir que la finance, on en oublie l’essentiel, l’économie réelle.

La vraie question, c’est : comment les Grecs vont-ils encaisser une décroissance pour le moins gratinée, bien pire encore que celle contre laquelle ils manifestent déjà ? En développant le tourisme ? Si les touristes sont « accueillis » par le spectacle des Black blocks et de leurs barres de fer, le chiffre d’affaires risque d’être limité.

Les Grecs ont le choix : être prolongés de quelques années maximum par la zone euro et faire défaut avec tout le monde (ce qui est quand même plus convivial, plus festif : j’imagine les evzones dansant le sirtaki devant la fontaine Saint Michel en balançant des liasses d’euros sans valeur, applaudis par des ex-touristes allemands subitement néo-pauvres, coincés à Paris sans même un ticket de métro) ou plonger seuls, tout de suite, peut-être dans la révolution mais, avec certitude, dans la misère.

Sans parler du FMI et autres vautours et donc, d’une autre « tutelle » que celle de la zone euro, car qui voudra des obligations d’Etat grecques avec le taux record desquelles on nous bombarde quotidiennement ? Qui d’autre que le FMI voudra prêter à la Grèce ?

Alors, je pense… que malgré tout, la Grèce va rester dans l’euro.

Nous verrons bien.

Probablement, le LEAP s'illusionne sur la pérennité économique et financière de l'Europe actuelle. Il faut espérer, d'ailleurs, qu'il s'illusionne, parce que dans le cas contraire nous aurons, à terme, troqué la domination de l'hyperclasse anglo-saxonne, désormais vouée à l'affaiblissement voire à l'implosion, contre celle, exclusive, de l'hyperclasse ouest-européenne continentale.

Mais cela n'enlève rien, à mes yeux, à la pertinence de ses analyses par ailleurs.

23/10/2011

Fier d'être français