Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/01/2011

L'homme qui trouvait tout le monde "stupide"...

... C'était Edward Bernays, neveu de Sigmund Freud et père de la propagande consumériste.

25/12/2010

L'horreur américaine

Au passage du ridicule Santa Claus, symbole mercantile de la croyance aux bobards chez nos "amis" d'outre-Atlantique, je pense souvent au sort malheureux de Frances Farmer, actrice dans les années 1930.

Un magnifique être humain, révolté et rebelle, dont le rêve américain n'a pas ressemblé aux promesses de ses promoteurs.

En 1982, douze ans après sa mort, un film a plus ou moins retracé son calvaire (elle a passé des années en hôpital psychiatrique, en butte à des traitements inhumains, alors qu'elle n'était à l'évidence atteinte d'aucune pathologie mentale).

En voilà un extrait, avec Jessica Lange dans le rôle-titre :


Et voici la vraie Frances Farmer :

Elle n'avait qu'un défaut.

En plus d'être belle, elle était intelligente.

Les marchands de soupe n'ont pas apprécié.

FrancesFarmer2.jpg

17/12/2010

Les Russes savent chanter...

... et ce qu'ils expriment est réellement impressionnant, je trouve.

12/12/2010

Sortir du matérialisme par le haut

Merci au camarade "Father Mackenzie" d'avoir rappelé quelques évidences :

"Comme la quasi-totalité des Français je ne comprends rien à l’économie, d’ailleurs je suis persuadé que personne, absolument personne, n’ y comprend quoi que ce soit, pas même les économistes, pas plus que les météorologues ne captent quoi que ce soit à la météo. D’ailleurs, si quelqu’un y entravait quelque chose il n’y aurait pas trente-cinq écoles, vingt-six chapelles et autant de polémiques que d’économistes. Ce bousin est à peu près aussi scientifique que la psychanalyse. Par contre, en toute humilité, comme beaucoup de Français, je crois comprendre quelque chose à la politique et une chose que je sais, c’est que dans ce domaine il n’ y a pas de fatalité, mais qu’ en dernier lieu ce qui décide du sort des peuples, c’est la volonté de puissance. Ce que je vois aussi, c’est que cette prépondérance de l‘économie sur le possible est un ORDRE, un ordre se refuse, comme les ordres peuvent se refuser. Cette crise est le passage d’un ordre à un autre, il ne tient qu’aux principaux intéressés, les peuples, que cet ordre soit à leur service et non pas à celui de leurs nouveaux « propriétaires ». Et quand bien même cette option serait douloureuse, il y a de fortes chances qu’elle le soit moins que de s‘en remettre aux solutions imposés par ceux-là mêmes qui ont créé la situation en cause. De plus, il est largement temps de cesser de penser en boutiquiers et de réhabiliter quelques valeurs comme l’ honneur, le danger et la liberté. C’est un sortilège que de vouloir assujettir nos vies à l’économique, c’est la politique qui doit tout déterminer et non l’inverse. Ceux qui ont répandu la croyance inverse l’ont fait pour assurer leur domination. L’intendance suivra !"

... et de m'avoir fait connaître cette chanson de ce bon vieux Lou Reed, "Men of Good Fortune" (1973) :

Une version un peu plus "musclée" :

Men of good fortune
often cause empires to fall
While men of poor beginnings
often can’t do anything at all

The rich son waits for his father to die
the poor just drink and cry
And me, I just don’t care at all

Men of good fortune
very often can’t do a thing
While men of poor beginnings
often can do anything

At heart they try to act like a man
handle things the best way they can
They have no rich daddy to fall back on

Men of good fortune
often cause empires to fall
While men of poor beginnings
often can’t do anything at all

It takes money to make money they say
look at the Fords, but didn’t they start that way
Anyway, it makes no difference to me

Men of good fortune
often wish that they could die
While men of poor beginnings
want what they have and to get it they’ll die

All those great things that life has to give
they wanna have money and live
But me, I just don’t care at all

Men of good fortune
Men of poor beginnings
...

 

Les hommes de bonne naissance
causent souvent la chute d'empires
Alors que les hommes d'origine pauvre
ne peuvent souvent rien faire du tout

Le fils de riche attend la mort de son père
les pauvres se contentent de boire et de pleurer
Et moi, je ne m'en soucie seulement pas

Les hommes de bonne naissance
ne peuvent
très souvent pas faire une chose
Alors que les hommes d'origine pauvre
ne peuvent souvent rien faire

Au fond ils essaient d'agir comme des hommes
se débrouillent du mieux qu'ils peuvent
Ils n'ont pas de papa riche sur qui se reposer

Les hommes de bonne naissance
causent souvent la chute d'empires
Alors que les hommes d'origine pauvre
ne peuvent souvent rien faire du tout

Il faut de l'argent pour faire de l'argent ils disent
regarde les Ford, mais n'ont-ils pas commencé comme ça
De toute façon, ça ne fait pas de différence pour moi

Les hommes de bonne naissance
voudraient souvent mourir
Alors que les hommes d'origine pauvre
veulent ce qu'ils ont et pour l'avoir pourraient mourir

Toutes ces grandes choses que la vie a à donner
ils veulent avoir de l'argent et vivre
Mais moi, je ne m'en soucie seulement pas

Les hommes de bonne naissance
Les hommes d'origine pauvre
...

11/12/2010

Il n’y a pas d’ "islamophobie" en France

priere_rue_myrha.jpg

Musulmans en prière, rue Myrha, Paris 18e

 

A l'heure où, envahis par environ 15 millions d'immigrés extra-européens, dont une bonne part de Musulmans, certains Français de souche, mais aussi certains sous-marins politiques et médiatiques intéressés comme Guy Millière ou Caroline Fourest, s'étonnent et s'indignent de moeurs vestimentaires peu compatibles avec notre culture, de la construction de mosquées sur notre sol (essayez donc de construire une église en Algérie...) ou encore de prières publiques dans la rue, d'autres leur reprochent leur "islamophobie", maladie honteuse de l'intolérance franchouillarde dont seuls peuvent évidemment être porteurs des ploucs à l'esprit étroit, sinon de méchants nostalgiques du fascisme, etc.

Petite mise au point.

D’abord, « phobie » est un terme issu de la psychiatrie.

Or, les Français ne sont pas, par nature, des malades mentaux.

Autre définition, très moderne, du terme "phobie" : "désigne aussi dans le langage courant un sentiment individuel ou collectif allant de la détestation à la haine accompagné d’une attitude hostile, de rejet et de crainte vis-à-vis d’une catégorie de personnes, ou parfois d’une activité ou d’un phénomène" (même lien Wikipédia).

Existe-t-il couramment, en France, un tel sentiment, une telle attitude, vis-à-vis de l’Islam et des Musulmans ?

Non plus.

Mais dans la grande forgerie de mots de l’usine Novlangue, grouillent des foules de parasites, spécialistes de l’amalgame et de la culpabilisation (partis politiques, MRAP, SOS Racisme, HALDE, LDH, GISTI, DAL, RESF, CIMADE, etc., intellectuels et journalistes de tout poil, grands patrons ou ex-grands patrons comme Louis Schweitzer et Claude Bébéar, etc., ectoplasmes divers et variés comme CRAN, PIR, etc. - vous remarquerez la présence insistante des "etc." : on ne compte plus les traîtres...) ; parasites, qui n’ont de cesse d’inventer des formules et des concepts mensongers, comme vache qui pisse.

Martelées par les médias du système, ces âneries que tout le monde reprend, sans y avoir réfléchi et sans s’en soucier plus que cela, puisque personne ne se sent concerné (et pour cause !), finissent par former une brume, un décor, une espèce de fond sonore où la fiction finirait presque par supplanter la réalité.

Certes, l’Islam n’a rien à faire chez nous, c’est une évidence culturelle et historique.

Sauf, au pays de la laïcité et de la liberté de conscience (en théorie), s’il reste dans la sphère privée, sans mosquées, sans signes vestimentaires et comportementaux (ce qui paraîtrait quasiment impossible à bien des Musulmans).

Il n’en est pas moins vrai qu’avoir une vision monolithique de l’Islam, comme croire que nous pourrions "récupérer" le terme "islamophobie", forgé par nos ennemis, afin de nous en servir comme d’un repoussoir contre l'invasion, seraient deux erreurs profondes.

L’Islam est un intrus sur notre sol, certes.

Mais contrairement aux fantasmes de certains, hors de quelques cercles marginaux, il n’a ni choisi d’y venir, ni ne planifie une conquête.

Il accompagne simplement la part musulmane d’une immigration extra-européenne voulue par ceux qui y ont économiquement intérêt, notamment pour faire baisser les salaires, détruire nos identités ethniques et culturelles, saper toute chance de révolte ; en un mot, nous dissoudre dans le melting-pot mondialiste.

Ne nous laissons pas abuser par la propagande soigneusement entretenue par de faux amis, comme les néoconservateurs et les néolibéraux américains : ceux qui jouent les va-t-en-guerre anti-musulmans à la Bat Ye'or ("Eurabia" et blablabla…) et nous appellent à soutenir telle ou telle cause contre les "islamistes" qu’ils voient partout, sont les mêmes qui copinent avec les monarchies fondamentalistes du Golfe, qui ont bombardé la Serbie chrétienne pour les Albanais musulmans du Kosovo, qui ont réduit l’Irak laïc à l’état de poudrière, qui détruisent l’Afghanistan et devront l’abandonner aux "Talibans", qui poussent à l’entrée de la Turquie dans l’UE, qui trouvent normal le voile islamique en Europe, qui menacent de déchaîner le feu nucléaire sur l’Iran qui ne détient pas la bombe…

Pendant que le gouvernement Sarkozy faisait voter une loi (inapplicable) contre "la dissimulation du visage dans l'espace public", l'immigration a-t-elle diminué ?

Le pouvoir a beau jeu de surfer sur l’indignation du quidam, au spectacle d’une bâche ambulante croisée sur le trottoir.
 
Peut-être même Talonnette 1er compte-t-il ramener vers l’UMP une partie de l’électorat frontiste, déçu par trois années et demie de promesses trahies, en nous refaisant le coup du "kärcher".
 
Quoi qu’il en soit, ne soyons pas dupes de la manoeuvre.

Il ne s’agit pas de nier l'existence d'islamistes radicaux (souvent utilisés, d'ailleurs, pour faire croire à l'existence d'Al Qaïda), ni de laisser l’Islam devenir hégémonique chez nous, ni de ne pas tout faire pour parvenir à la réémigration de la plupart des allogènes, attirés ici par le mirage consumériste occidental.

Mais en nous en prenant principalement à l’Islam, ou aux immigrés, nous tomberions dans le panneau de conflits souhaités par ceux qui tirent les ficelles pour, sinon nous neutraliser, du moins nous égarer.

07/12/2010

Wikileaks et la "dynamique formidable"

Thor_by_Johannes_Gehrts.jpg

 

"Ceux qui attendent une révolution, un coup d’Etat, un nouveau président, comme événement déclencheur d’une séquence complètement nouvelle, ceux-là n’ont pas raison. Ces événements surviendront peut-être, sans doute même, mais ils ne seront que les conséquences d’un changement beaucoup plus fondamental, qui prend sa source, qui s'abreuve à notre perception générale (psychologie) de la réelle situation de cette crise terminale, notamment, pour notre cas, par l’influence de nos psychologies percevant cette sorte d’événements que l’on décrit selon ses caractères véritables. L’essentiel est de bien percevoir la vérité du monde, et la séquence Wikileaks nous y aide – encore une fois, quels que soient les buts, les intentions, les desseins cachés ou non, la qualité et les vertus et vices des acteurs impliqués. La séquence-Wikileaks nous montre que la mise en cause du Système ne dépend en rien, en aucune façon, des avatars divers de la situation terrestre et des plans divers des acteurs humains – les intentions ou pas d’Assange, Wikileaks et compagnie –, mais bien d’une dynamique formidable qui est en train de s’ébranler et qui risque bien de secouer le monde, et qui nous dépasse évidemment".

Philippe Grasset


"Cablegate, dans sa version n°3 (les câbles diplomatiques), quoi que prétendent les uns et les autres, quels que soient les arguments ronflants sur les droits de l’homme et la liberté de la presse, représente la première très grande offensive nihiliste à l’échelle globale dans l’histoire des insurrections et des révolutions, volontairement ou involontairement mais dans tous les cas systématiquement et stratégiquement. Ils ne veulent rien, ils ne peuvent rien vouloir d’autre que casser – casser la machine, taper sur la bête, frapper le Système là où ça fait mal. (...)

Le Système est une entité colossale de puissance, qui ne permet à rien de constructif de se faire à cause de cette puissance, et qui a perdu elle-même tout sens, tout aspect constructif et structurant – si elle en eut jamais, d’ailleurs, ce que nous réfutons absolument puisque ce Système n’est rien de moins que “la source de tous les maux”. C’est une idée qu’on trouve déjà chez l’historien britannique Arnold Toynbee, mais qu’il n’a pas poussée assez loin. Cette puissance colossale, invincible, irrésistible, couplée à cette absence abyssale et vertigineuse de sens, donne la machine, le monstre, le Système le plus totalement nihiliste qu’on puisse concevoir, l’inversion même du sens du monde et du sens de la vie, la négation de la Tradition et de la structuration de l’univers. Pour lutter contre cette chose, une seule technique qui est celle du contre-feu (brûler une bande de terrain sous contrôle devant un incendie incontrôlé, pour priver cet incendie d’aliment lorsqu’il arrive sur cette bande déjà brûlée) : opposer le nihilisme au nihilisme, frapper le monstre sans autre but que le frapper..."

Philippe Grasset

20/11/2010

Les certitudes et l'orgueil

James Oliver Curwood

 

Un ancien franc-maçon d'obédience "égyptienne", souhaitant conserver l'anonymat, est l'auteur du texte qui suit. Celui-ci, daté de 1995, était sa dernière "planche" avant qu'il ne quitte sa Loge.

Il est à noter que ce genre de franc-maçonnerie, parfois non-reconnue par les obédiences dominantes, n'est pas, en principe, constituée de "loges d'affaires", et déclare ne poursuivre d'autre but que le perfectionnement de ses adeptes, dans des domaines ni politiques, ni économiques, sans pratiquer aucun lobbying.

____________________________________

 

Quand nous étions tout petits, nous étions comme nos frères et soeurs : les animaux, les végétaux, les minéraux.

Inconscients de nous-mêmes, nous faisions partie de la Nature et participions à son grand jeu, sans fard, sans masque, sans souci du passé ni du futur, du gain ni de la perte, dans l'instant présent.

Quiconque plonge son regard dans celui d'un bébé humain ou d'un animal, ou contemple une plante ou un caillou, peut au moins sentir cela.

Puis, peu à peu, la plupart d'entre nous oublient ce lien simple et vrai qui les rattache à la Nature. Parce que rares sont, parmi nous, ceux qui sont "solaires", c'est-à-dire d'un caractère indépendant et autonome ; parce que nous sommes, pour l'essentiel, "lunaires", c'est-à-dire dépendants et imitateurs ; et parce que l'hérédité et l'éducation contribuent le plus souvent à nous faire perdre ce lien, nous devenons presque tous des êtres dénaturés.

Notre coeur, siège de la vie, de la conscience, de l'instinct, de l'intelligence, se ferme et se dessèche au profit de notre cerveau, de notre intellect surchargé de constructions mentales, d'abord apprises, puis répétées à l'infini dans un tourbillon de folie stérile.

De simple fonction, d'outil soumis à la main de l'artisan, le mental en vient à se prendre pour un individu à part entière, doté d'un corps physique comme simple exécutant de ses volontés, et pourvu d'une identité continue dans le temps et l'espace.

Coupé de la Nature, il dit "Je pense", "Je suis", "Je fais" ; il projette le voile de ses réflexions sur le monde qu'il ne connaît plus mais prétend désormais modeler et utiliser.

Très jeunes déjà, nous avons baissé pavillon devant la dictature de cet usurpateur ; pire, nous cultivons sans relâche notre identification à ses folies, sans nous apercevoir qu'elles ne constituent qu'une série de cercles vicieux. Et nous voilà entraînés dans la course à la gratification sous toutes ses formes, articulée autour de deux grands objectifs : comment acquérir le plus possible d'avantages, et comment échapper au plus possible d'inconvénients.

Parce que nous avons peur : de souffrir, de mourir, de manquer, de ne pas être considérés en proportion de la très haute valeur que nous nous attribuons ; et parce que nous ne savons plus voir la richesse des cadeaux que le monde nous fait à chaque instant ; nous courons après les liens matériels, après la reconnaissance sociale, affective, professionnelle.

Pris à ce jeu pervers, nous en venons à nier notre propre nature. Notre égoïsme se développe à mesure que croît notre orgueil, si bien que nous ne considérons même plus notre prochain comme tel... sauf, bien entendu, si nous nous trouvons des intérêts communs.

Nous nous donnons sans cesse des priorités, des objectifs absurdes et illusoires qui, échafaudés sur le vent des pensées qui nous traversent et que nous croyons nôtres, nous éloignent toujours plus de la réalité.

Enfiévrés de craintes et de désirs, nous n'avons même pas la satisfaction d'aboutir, en contrepartie, à un apaisement même momentané. Perdus dans les mirages de la possession et de la conservation, ne sachant plus faire autrement puisque nous avons oublié la Nature, nous poursuivons insatiablement nos chimères toujours nouvelles.

En effet, chaque but, une fois atteint, ne nous paraît jamais correspondre à l'image que nous nous en faisions et nous laisse insatisfaits.

Loin de comprendre le message que le monde, si bienveillant à notre égard même quand nous le trouvons si injuste, nous délivre ; loin d'en tirer profit et de remettre en cause notre prétendue identité, notre vision des choses, notre façon de traiter notre univers ; nous nous renfrognons dans nos certitudes imbéciles et dans notre orgueil stupide.

Comme parfois nos échecs nous blessent, nous nous fabriquons une carapace d'images de nous-mêmes, à notre convenance, une carapace d'insensibilité, une carapace de savoir purement intellectuel, une carapace de pseudo-courage, une carapace de pauvre idiot aveugle et sourd, pour pouvoir continuer notre route circulaire.

Nous ne sommes plus nous-mêmes un seul instant et de toute façon, pourrions-nous l'être ?

Notre propre nature, celle qui s'exprimait encore un peu lorsque nous étions enfants, pourrions-nous, à supposer que nous ayons la lucidité et le courage de nous regarder en face, l'accepter et nous y conformer ? Pourrions-nous jeter bas le masque et admettre de nous montrer tels que nous sommes, à nous-mêmes d'abord et aux autres dont le regard déjà nous brûle, même à travers notre armure de comédiens ? Cela ne nous ferait-il pas mal, terriblement mal, mal à en mourir ?

La vérité, désormais, nous fait horreur.

Un défaut, même léger, que nous nous évertuons à cacher, prend à nos yeux des proportions gigantesques, effrayantes.

Une émotion ressentie devant un fait dont, intellectuellement, nous nions l'impact sur notre coeur ; une émotion, donc, étouffée sous des tonnes d'orgueil et d'insensibilité voulue, nous paraît, si nous la laissons s'exprimer, honteuse, avilissante, menaçante même.

Nos actions passées, si nous reconnaissons leurs vraies motivations, souvent égoïstes et intéressées, nous répugnent et nous écrasent de remords.

Si, par extraordinaire, nos certitudes et notre orgueil ne nous piègent pas assez pour nous empêcher tout à fait de nous interroger sur ce genre de sujets, qu'importe, une autre chausse-trappe, bien plus subtile, nous attend à l'étape suivante.

Brûlant de sortir du cercle vicieux menant du désir insatisfait à la crainte inapaisée, nous cherchons des solutions dans les religions, dans les théories philosophiques, dans les pratiques ésotériques, dans les ascèses.

Toujours aussi "lunaires", nous lisons beaucoup, nous nous gavons de doctrines, d'enseignements, de préceptes de sagesse, que nous tentons bravement de mettre en pratique, même si leur sens exact nous échappe.

Nous posons, à droite, à gauche, tant de questions que nous finissons par tomber sur une bonne âme qui, devant notre insistante motivation, nous livre quelques clés tirées d'une méthode ou d'une autre.

Nous nous précipitons donc dans ce nouveau rêve de délivrance. Or, bien souvent, rien ne se produit et pourtant, que de sacrifices ! Que cette expérience, éventuellement assortie du respect obligatoire d'un tas de règles, de pratiques et d'exercices, a été fastidieuse et pénible !

Pourtant, nous avions été prévenus qu'il ne fallait rien en attendre et surtout pas un résultat et nous nous sommes généralement appliqués à bien faire semblant de suivre ce conseil...

Mais alors, qu'est-ce qui a bien pu clocher ?

A ce stade, plusieurs réactions peuvent être envisagées : primo, tout plaquer et retourner à sa vie passée en se disant que, là au moins, il y a parfois un profit au terme d'un travail ; secundo, tout recommencer et même, entamer une série d'exercices différents, dans l'espoir que cela marche mieux ; tertio, se persuader que le but est atteint mais qu'il n'est pas encore réalisé consciemment, subtile distinction conceptuelle aidant à bâtir une existence positive ; quarto, persévérer dans la pratique sans limite de temps, en y sacrifiant tout, dans la conviction qu'il faut une longue ascèse pour atteindre à un but aussi élevé ; etc.

Quelle que soit l'attitude adoptée, il y aura eu une constante : c'est que nous aurons considéré le fameux but, la libération, l'éveil, comme un objet à conquérir, à acquérir comme un bien de consommation, au prix d'un travail, monnaie d'échange.

C'est la réalisation de notre propre nature, le simple "être soi-même", "deviens ce que tu es", la seule chose vraie que nous puissions faire, que nous aurons ravalée au rang d'un vulgaire paquet de lessive dont nous attendrions un linge chimériquement plus blanc !

Nos certitudes livresques et verbales soutenant notre immense orgueil, nous trouvons nénamoins moyen de nier cette bassesse et, nous raccrochant aux branches, nous dénichons une explication quelconque à notre échec, tout en compensant notre frustration par quelques citations bien choisies, tirées de notre panthéon personnel d'auteurs de référence.

Pas un instant, nous ne songerons que nous avons peut-être pris des vessies pour des lanternes, que nous n'étions peut-être pas mûrs pour les exercices en question, que nous désirons peut-être trop pour obtenir quoi que ce soit, que notre but n'était peut-être qu'une illusion, que nos discours n'étaient peut-être que l'expression d'un savoir appris et non d'un expérience comprise puisque vécue.

Bien pire, nous prétendrons parfois nous intéresser derechef à de hautes sciences, issues des Mystères de l'Antiquité, nous disserterons sur la magie, l'alchimie, l'immortalité... Rien n'est trop beau pour nous ; donc, nous ne craignons de brûler aucune étape.

C'est en groupe que nous nous sentons le mieux. C'est là que notre système intellectuel, construit pièce par pièce au prix de patients efforts d'analyse de textes, se cimente, se renforce au contact des autres, nourris aux même seins.

C'est là que nos certitudes et notre orgueil, moteurs de nos efforts ascétiques, se ressourcent avant de repartir à l'assaut du paradis.

Et, comme le dit Brigitte Fontaine dans l'une de ses chansons, "ça rend sourd, ce trip métaphysique" !

Sourds, nous le sommes le plus souvent, au point de répéter avec une totale conviction des phrases correspondant à des expériences que nous, nous n'avons pas vécues ; au point, même, de ne pas nous croire concernés par des avertissements qui devraient nous toucher, comme ceux de Trungpa dans "Pratique de la voie tibétaine", pourtant sous-titré "Au-delà du matérialisme spirituel".

Plus ou moins inconsciemment, encore une fois, la vérité nous fait peur.

La perspective de voir tous nos beaux châteaux en Espagne s'écrouler, s'évanouir en fumée ; de devoir en rabattre, de constater que nous ne sommes rien, que la grenouille qui se veut aussi grosse que le boeuf ; de devoir repartir de zéro avec une humilité dont nous pensons pouvoir nous dispenser, cramponnés que nous sommes à nos splendides illusions ; tout cela nous terrifie et nous nous bloquons, nous nous fermons de plus en plus.

Nous préférons sacrifier encore un peu plus nos talents naturels, nos tendances, nos moyens d'expression, au profit d'une ascèse de plus en plus étouffante ; si bien qu'à la fin, oui, c'est bien vrai, nous sommes "délivrés", en quelque sorte ; mais c'est parce que nous ne sentons plus rien du tout.

Au passage, nous aurons tout singé : les gourous, vrais ou faux, que nous nous serons trouvés ; le détachement, que nous aurons confondu avec notre insensibilisation ; et jusqu'à la modestie, dont nous avons lu qu'elle s'impose mais dont nous croyons qu'on en dispose.

Et pourtant, partout il est écrit aussi - mais nous ne lisons et répétons que ce qui nous plaît et nous paraît confortable - qu'il faut souffrir pour apprendre, que ce sont les épreuves de la vie qui nous proposeront des leçons.

Ces leçons, comment pouvons-nous prétendre, du haut de notre douillette sécurité matérielle, confortablement étayée de certitudes prétentieuses ; comment pouvons-nous prétendre les faire entrer dans un organe qui n'est pas fait pour les recevoir (notre cerveau analytique) au moyen de simples exercices, sans doute très précieux si nous étions assez dégrossis pour ne pas en attendre un gain ?

Autant tenter d'entraîner un obèse à faire du trapèze volant ! Il faudrait d'abord que l'existence le fasse un peu maigrir...

Si la Nature nous trouvait encore un peu dignes d'elles, sa clémence alors devrait se faire sévère pour, justement, nous faire maigrir, nous faire souffrir. Mais cela, nous ne le voulons surtout pas.

Nous aimons mieux nous complaire dans notre orgueil vain et creux qui, pourtant, si nous nous ouvrions un peu, serait aussitôt taillé en pièces, sitôt sortis de chez nous, par nombre de ces "gens ordinaires", de ce "vulgaire", "vulgum pecus" auquel nous nous sentons plus ou moins consciemment supérieurs, pénétrés que nous sommes de notre très intellectuel accès aux "mystères" !

Alors qu'il faudrait avoir "les pieds sur terre et la tête dans le ciel", nous allons les pieds dans les nuages et la tête bien enterrée, les yeux et les tympans crevés et le tout, en décomposition...

Un grand écrivain américain, James Oliver Curwood, écrivait dans un essai intitulé "Le coeur de la Nature" :

" Il serait à souhaiter qu'une puissance prestigieuse surgît et montrât à l'homme sa petitesse. Seulement alors les épines et les broussailles s'écarteront du sentier qui mène à la paix et au bonheur vers lesquels il soupire, et qu'il découvrirait s'il n'était aveuglé par sa propre importance. De toute la création, l'homme est le suprême égoïste. Sa fatuité et sa suffisance atteignent parfois au blasphème. C'est le paon humain, gonflé d'orgueil et convaincu que l'univers entier a été créé pour lui. (...) La vanité l'empêche de voir les faits. (...) Il existe un professeur, tout près de nous, accessible au pauvre comme au riche, disposé à nous montrer le peu que nous sommes, et à nous faire comprendre le sens de la vie. C'est la nature..., source de repos et de paix. La nature est le Grand Docteur, capable de guérir plus de maladies physiques et morales que tous les médecins et les prédicateurs du monde. (...) La nature règne partout et ses pages sont ouvertes à chacun d'entre nous. Elle se livre sans mystère et vibre du désir de se faire comprendre. Le seul miracle exigé de l'homme, c'est qu'il descende des nuées de son égoïsme et remplace son amour de la destruction par le besoin d'apprendre. (...) Je le répète une fois de plus, les preuves de la Divinité sont si proches de l'homme qu'il ne les voit pas. Il ne sentira la présence de Dieu que lorsque son orgueil s'écroulera. Les esprits des morts ne reviendront pas sur terre pour calmer ses folies, pas plus que les anges ne descendront du ciel. La Puissance divine est trop vaste pour cela. Dieu, le Tout-Puissant, n'est pas un prestidigitateur, ni un saltimbanque, et pas davantage un avocat défendant sa cause. Il est la Vie. Et cette Vie, qui ne meurt jamais, ne connaît aucun favoritisme. "

12/11/2010

Retourner la force de l'ennemi contre lui...

...c'est le principe de base d'un des arts martiaux les plus intelligents qui soient : l'aïkido, fondé par un grand homme, Morihei Ueshiba (1883-1969).

Voyez comme l'aïkidoka est centré, comme tout gravite autour de lui. Comme l'univers, "son centre est partout, sa circonférence nulle part" (Pascal).

Images du Festival de Bercy en 1990, avec André Nocquet, le plus grand maître historique français de la discipline :

Et voici une sublime démonstration de Christian Tissier, un des protagonistes, au même endroit, dix-huit ans plus tard :

31/10/2010

Conformisme social : l'expérience de Asch

Voilà une autre vidéo "psy" relative à l'état moutonnier de la nature humaine ; non pas pour démoraliser mais, au contraire, pour réfléchir aux moyens d'en sortir.

A l'université d'Harvard, Solomon Asch a été le directeur de thèse de Stanley Milgram, dont la fameuse expérience ultérieure a été intégrée au scénario du film "I comme Icare".

L'expérience de Asch, publiée en 1951, démontre qu'un individu isolé au sein d'un groupe a tendance à se conformer à la volonté de celui-ci et à ne s'en démarquer, voire à ne s'y opposer, que si son isolement est rompu, ou si le groupe est lui-même divisé.

Un enseignement précieux pour qui vit dans une société atomisée (a contrario, cela explique également pourquoi le marketing des sphères de pouvoirs veut l'atomisation, qui permet d'amoindrir les résistances économiques, culturelles et politiques) ; société, dont les mécanismes de division sont artificiels.

La solitude, c'est bien, mais la solidarité, c'est indispensable.

De même, retourner contre le système ses propres principes de fonctionnement, en y introduisant une véritable division, pour briser la tenaille, par exemple sur la question de l'immigration et de la rente, voilà une stratégie intéressante.

Surtout pour envisager une révolution contre "le système à tuer les peuples".

29/10/2010

Sombreville

Après Blade Runner, encore un film allégorique de l'état de sommeil où est plongé notre monde : "Dark City" (littéralement, Sombreville), d'Alex Proyas (1998).

Un monde urbain dont les habitants se réveillent sans mémoire, où tout s'arrête à minuit pour être remodelé à la guise de mystérieux machinistes, les "Etrangers", dont personne ne sait rien.

Bien meilleur, à mon avis, que le pauvre Matrix-machin-truc (sauf la première partie du premier volet, avec son excellente idée de pilule bleue / pilule rouge).

Bande annonce :

Début du film (en VO, hélas - impossible de trouver une VF) :

Un long passage en VF :