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22/04/2012

Enigme (5)

A votre avis, qu'est-ce qu'il se dit ?

1 - Capdedious, mais qu'est-ce que je fais, moi, maintenant ?

2 - Vous avez vu la photo ? La classe, hein ? Je fais pas président, peut-être ? Alors ?!

3 - Auquel des deux je vais donner mes voix ? Ministre de Hollande, ça me relancerait ?

 

Enigme (4)

A votre avis, qu'est-ce qu'il se dit ?

1 - Oooohhh meeeerde, Mélenchon s'est planté ! Comment je vais faire, moi ?

2 - Non, pitié, je veux pas être président, en fait... C'est trop la merde !

3 - Pourquoi Ségolène vient vers moi avec un flingue ?

 

Enigme (3)

A votre avis, qu'est-ce qu'il se dit ?

1 - T'as vu, François ? C'est serré, hein ? T'as peur, hein ?

2 - Guaino va me trouver un truc pour séduire à la fois les électeurs du FN et du MODEM...

3 - Si je gagne, comment que j'vais m'augmenter, moi !

 

Enigme (2)

A votre avis, qu'est-ce qu'il se dit ?

1 - Ah la vache, 11 % seulement !

2 - J'espère qu'y vont voter Hollande maintenant, ces cons...

3 - Pas sûr que j'sois ministre, moi...

 

Enigme (1)

A votre avis, qu'est-ce qu'elle se dit ?

1 - Ouf, j'ai quand même fait mieux que papa !

2 - Eh merde, j'suis pas au deuxième tour...

3 - Putain, cinq ans !...

 

21/04/2012

Le meilleur imitateur-humoriste de France...

... c'est Laurent Gerra, bien sûr.

En attendant la mascarade de demain, la caricature paraît déjà plus vraie que le spectacle réellement proposé par la partitocratie. Comme quoi, se moquer du spectacle remet le réel au premier plan.

C'est le cas, notamment, de la désopilante imitation de l'éternel parachuté électoral Jack Lang, incarnation du provincialisme des élites parisiennes, technocratiques et/ou cosmopolites et de leurs larbins bobos, débarqué cette fois dans les Vosges, avec un clin d'oeil récurrent à Claude Vanony, comique local pas tendre pour les ploucs de la capitale.

Finement cachée - car Gerra est un type très fin, qui sait très bien jusqu'où il peut aller et comment - derrière le grotesque de la farce rabelaisienne, derrière la truculence et la verdeur du langage, on peut entendre une vraie charge contre le mépris de ces oligarques pour les provinces, les campagnes et les traditions locales d'un peuple français avec lequel ils ne partagent rien et dont ils n'ont qu'une vision utilitaire, théoriciens qu'ils sont de la « France moisie » (pour eux, en quelque sorte, la « Bête des Vosges » dans ces sketchs).

 

 

 

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15/04/2012

Octave Mirbeau : La grève des électeurs (1888)

 

Je ne partage pas le nihilisme politique affiché dans le texte qui suit par Octave Mirbeau, l'auteur anti-étatiste, anarchiste, individualiste et libertaire, pétri de contradictions, mais néanmoins très attachant du célèbre Journal d'une femme de chambre.

La noirceur du tableau qu'il peignait, il y a plus d'un siècle, de la partitocratie sous la IIIème République en plein boulangisme (auquel l'auteur était farouchement opposé, principalement à cause du revanchisme anti-prussien du Général), est néanmoins frappante à bien des égards, en ce qu'elle nous renvoie, d'une telle distance, l'image de notre présent - et de notre futur proche, puisque nous sommes appelés à transhumer une fois de plus, dimanche prochain, vers l'attrape-nigaud électoral d'un système truqué.

J'ai brûlé hier ma carte d'électeur, avec une parfaite indifférence.

Ne plus voter, dans mon esprit, ce n'est pas renoncer. C'est juste refuser un peu plus la manipulation, devenir encore un peu plus radical, un peu plus révolutionnaire.

Mirbeau non plus, idéaliste malgré son pessimisme et sa lucidité, n'avait pas renoncé, lui qui écrivait, en 1898 : « Il ne faut jamais désespérer d’un peuple — si pourri qu’il soit — quand une jeunesse intelligente et brave, se lève pour la défense de la justice et de la liberté ! »

Mais enfin, voilà donc ce qu'il pensait de la comédie électorale :

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14/04/2012

Sarkozy et Mélenchon, même combat

 

« Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la présidentielle, a estimé samedi à Marseille, pour son troisième meeting en plein air sur la VIe République, que la "chance" de la France était "le métissage", faisant une ode à la Méditerranée. (...)

"Notre chance c'est le métissage", a lancé l'eurodéputé, sous les "youyous", avant de saluer "Arabes et Berbères" par qui sont venus en Europe "la science, les mathématiques ou la médecine" au temps où "l'obscurantisme jetait à terre l'esprit humain". Refusant "l'idée morbide et paranoïaque du choc des civilisations", il a dit sa pensée aux Maghrébins "qui ont libéré le sol de la patrie des nazis". "Les peuples du Maghreb sont nos frères et nos soeurs" et il n'y a "pas d'avenir pour la France sans" eux, a-t-il dit, interrompu par les "tous ensemble, tous ensemble !" »

Source


10/04/2012

Les élections ? Juste un spectacle...

A mon avis, les deux meilleurs slogans de la campagne présidentielle. Que du flan, pourtant.

 

« (...) L’un des problèmes de cette élection [présidentielle 2012], c’est de laisser croire que la politique est une affaire d’hommes, d’êtres humains ayant plus ou moins de volonté et de talent, alors que la politique est avant tout une question de systèmes. Les discours sur le système me paraissent extrêmement faibles dans cette campagne. C’est d’ailleurs aussi pour cela que Jean-Luc Mélenchon monte : il a un discours sur le système. Ce n’est peut-être pas le bon, mais il s’attaque à cette question. (...)

Je pense que l’électorat français, soit consciemment, soit intuitivement, sait que les hommes politiques sont plus impuissants qu’ils ne le laissent penser au travers de leurs promesses électorales. Parfois, il peut attribuer la responsabilité à des questions de corruption politique, qui n’est à mon avis pas l’essentiel. On peut aussi estimer que c’est une mauvaise volonté des personnalités politiques. Là non plus, je ne crois pas qu’ils soient spécialement de mauvaise foi, même s’ils peuvent être influencés par la classe sociale au sein de laquelle ils passent tout leur temps.

Bon nombre de conséquences sont en réalité dévolues à d’autres institutions, notamment au sein de l’Europe. La formule de la chancelière allemande, Angela Merkel, est d’ailleurs intéressante : "Aujourd’hui, l’Europe, c’est une question de politique intérieure". Le problème, c’est qu’en France, elle reste traitée politiquement et médiatiquement comme un sujet de politique étrangère. Le citoyen est influencé de fait : il a l’impression que c’est distant. Les électeurs pourraient avoir plus de poids s’ils pouvaient s’en préoccuper de manière plus directe.

C’est ce que nous décrivons dans Circus Politicus : un système a été mis en place au sein duquel l’électeur n’a pas le choix parce que tout est prévu par des traités ou par des politiques particulières. Ces responsables politiques sont d’ailleurs très peu responsables devant nos représentants. Dans tous les cas, ils sont très distants des électeurs. (...)

Il y a une mécanique qui implique que, dès lors qu’il y a un grand spectacle de la présidentielle, pour l’intérêt de ce spectacle, il faut laisser penser que tout se joue là. Les journalistes politiques y trouvent leur intérêt : il est plaisant pour eux de fréquenter des gens qui ont les attributs du pouvoir, pour la beauté du spectacle ; tandis que les politiques cherchent à préserver leur pouvoir ou en tout cas l’image de celui-ci. Du point de vue national, laisser penser que l’on a le pouvoir est en soit un élément de pouvoir.

Il y a une forme de fiction par rapport à tout le pouvoir qui a été transféré à Bruxelles ou est dévolu à des entités publiques ou privées.

Le président de la République reste au cœur de la décision d’un point de vue national. Il a son importance à Bruxelles et au Conseil européen. Le problème, c’est que l’on ne sait pas dans quelles conditions il négocie car tout est à huis-clos. Certains remarquent que c’est aussi le cas pour le conseil des ministres. Mais la différence, c’est que dans ce dernier, les gens qui sont autour de la table sont responsables devant les citoyens français. Au Conseil européen, il n’y a qu’une personne sur 27 qui soit responsable devant nous. (...)

Aujourd’hui, l’Europe a des compétences budgétaires de plus en plus grandes, notamment avec l’instauration du semestre européen qui consiste à soumettre les budgets nationaux aux autorités de Bruxelles pour qu’elles émettent un avis de coordination avant le vote définitif du budget. Cette prise en charge des problématiques budgétaires par Bruxelles fait qu’elle est maintenant compétente dans beaucoup d’aspects de la vie économique et sociale dès lors qu’elles ont un impact budgétaire.

Cette situation s’est construite au fur et à mesure de l’intégration européenne. Cela a été progressif. Les campagnes électorales sont par ailleurs de plus en plus fondées sur le spectacle. C’est une forme de divertissement qui est décalée de la réalité de la vie politique.

Les politiques prennent toujours d’énormes précautions pour aborder les questions institutionnelles parce qu’ils pensent que ça ennuie les gens. Ils ont une propension croissante à traiter les problèmes concrets, médias, de vie quotidienne, comme si les Français ne raisonnaient qu’au premier degré en se préoccupant de questions très personnelles : mon essence, ma prime de rentrée scolaire… On s’adresse à des consommateurs. Il n’y a pas de stratégie sur le modèle social ou sur la compétitivité des entreprises. On est plus dans un discours d’épiciers qui cherche à répondre sur le prix de chacun de ses produits plutôt que dans une vision à long terme. Ils sous-estiment les gens. Bien sûr, ils s’inquiètent de l’état de leur portefeuille. Mais ils sont tout à fait capables de s’intéresser à des problématiques plus larges. »

Christophe Deloire

08/04/2012

La « gauche » coupée du peuple

Emission « Les matins de France Culture » du 14 décembre 2011, avec Christophe Guilluy, auteur du désormais fameux « Fractures françaises » et Hervé Algalarrondo, journaliste, auteur de « La gauche et la préférence immigrée ».