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03/04/2013

Plein les Myret

Le dernier éditorial-vidéo de la sympathique Myret Zaki me laisse, une fois de plus, baba d'admiration devant sa clarté d'esprit et d'analyse, et un peu perplexe quant à sa définition de ce qu'est, au fond, une spéculation.

 

 

En effet, concernant Chypre, on pourrait aussi bien dire que si les grandes banques et hedge funds anglo-saxons sont certes largement à l'origine de la panade bancaire insulaire (comme ils le sont pour d'autres, d'ailleurs, ce n'est pas une source d'étonnement sur ce blog, pour ceux qui le suivent), les « gros » épargnants, aujourd'hui ponctionnés par leur gouvernement faute d'autre solution pour sauver la patrie d'Aphrodite de la banqueroute, n'en ont pas moins aussi une part de responsabilité pour avoir cru au modèle Potemkine auquel ils ont confié leurs dépôts, et à sa pérennité... Et si cette croyance n'est pas une spéculation, je ne sais pas ce qu'elle est.

Il est vrai qu'il est plus facile de rejeter sur l'UE ou l'Allemagne la paternité de ce qui sanctionne, en fait, les failles d'une économie de rente et d'un parasitisme fondés sur le dumping fiscal.

Somme toute, c'est l'irréalité économique qui est sanctionnée, et que la sanction ne frappe malheureusement que des lampistes, faute de pouvoir taper sur les ploutocrates anglo-saxons, n'y change rien. Quand on ne fait que brasser du vent, il ne reste rien dès qu'Éole ne souffle plus. On ne me fera pas croire que dans ce système à illusions, les seuls responsables sont ceux qui projettent le film. Les spectateurs ne sont pas complètement innocents, quand même, vous ne pensez pas ? En tout cas, ce qui est sûr, c'est que sans eux, ledit système n'existerait pas.

Sur le même sujet chypriote, Myret Zaki a tout récemment participé à une émission spéciale de la Télévision Suisse Romande. L'émission complète est ici, et en voilà un extrait :

 

 

En passant, je me suis aperçu que j'avais, depuis mon escapade pyrénéenne, du retard à rattraper, concernant les publications zakiesques, souvent de nature à faire dresser les cheveux sur la tête de ces bons vieux souverainistes français qui m'amusent tant, quand ils ne me fatiguent pas avec leur absence de recul.

Pêle-mêle, quelques vidéos supplémentaires sur Mario Draghi, sur l'Angleterre et sur la facture de l'austérité.

Parfois discutable, mais toujours passionnant. Vous aussi, prenez-en... plein les Myret !

20/03/2013

La bombe de la dette vient de grossir

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Ci-après, ma traduction d'un article de Max Keiser, paru le 18 mars 2013 sur le site Russia Today.

Je ne suis pas vraiment d'accord avec l'opinion de l'auteur au sujet de l'affaire de Chypre, quant à laquelle Patrick Reymond et Philippe Grasset me paraissent plus lucides, mais les éléments factuels présentés sont exacts et leur potentiel, vertigineux.

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Le montant mondial de la dette dépasse l'ensemble des dépôts bancaires dans le monde, et la situation financière actuelle à Chypre est l'inévitable prochaine phase : la confiscation.

Toute prétention à une « titrisation » de la croissance par les banquiers centraux ou la finance mondiale en conditionnant et reconditionnant la dette, en hypothéquant et ré-hypothéquant la dette, en régulant et en re-régulant la dette, est désormais révolue. Depuis le début de la reprise du marché obligataire dans les années 1980 (oui, c'est si vieux que ça), les banques centrales et la finance mondiale - le FMI, l'UE et la BCE, pour n'en nommer que quelques-uns - et leurs frères de Wall Street et de la City de Londres ont fait face à chaque crise par une augmentation de la dette et une extension de la maturité de la dette.

Le résultat a été - en 2007 - la plus haute montagne de dette au bilan et hors bilan dans l'histoire : une dette astronomique de 220.000 milliards (si l'on inclut toutes les dettes publiques, privées et contingentes des programmes de prestations non financés) dans l'économie américaine seule, avec ses 14.000 milliards de dollars de PIB. Le volume des dérivés mondiaux de la dette se situe maintenant à plus de 1.000.000 de milliards de dollars, surfant sur un PIB mondial d'environ 60.000 milliards de dollars.

Mais à partir de 2007, puis devenant spectaculairement apparente en 2008 avec la faillite de Lehman Brothers, la capacité des contribuables du monde entier à payer les intérêts ou le principal de la dette a heurté un mur de briques. Et depuis plusieurs années, les gouvernements du monde entier ont essayé les mêmes vieux trucs : « faire comme si ». Reconditionner et allonger la maturité, et prier pour que les recettes fiscales permettent de récolter assez pour rembourser une partie de la dette. Cela n'a pas fonctionné. La bombe de la dette vient de grossir. Maintenant, à Chypre, nous voyons l'inévitable prochaine phase : la confiscation.

Pour payer les dettes qui ont été contractées pour financer la plus forte ponction de richesses de l'Histoire, nous voyons à Chypre, ainsi que chez les institutions bancaires centrales et la finance mondiale, une tendance à juste capter et saisir l'argent des gens sur leur compte bancaire « assuré ». Nous aurions dû avoir compris ce qui se préparait quand JP Morgan (lisez : Jamie Dimon) a capté et saisi illégalement plus de 1 milliard de dollars en devançant les clients de MF Global [juste avant la faillite de celle-ci], avec l'aide de son copain-copain Jon Corzine.

Avons-nous appris notre leçon ? Ils ont plus de dettes à payer qu'il n'y a d'argent sur tous les comptes bancaires dans le monde. Cela signifie qu'il y a des chances pour que vous - qui que vous soyez, et quel que soit votre pays de résidence - ayez un pourcentage non négligeable de votre épargne volé par les banksters.

Depuis que la crise a frappé (et depuis plusieurs années qui ont précédé), nous avons recommandé sur le « Keiser Report » de convertir autant d'argent que vous le pouvez en or et en argent. Notre conseil hier et aujourd'hui est : le seul argent que vous devriez garder dans une banque, c'est de l'argent que vous êtes prêt à perdre.

(Traduction par mes soins. – Reproduction autorisée sous réserve de citer verslarevolution.hautetfort.com en source.)

17/03/2013

Plus d'un tiers des comtés aux USA sont en train de mourir

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East Side de Detroit (Michigan), 27 janvier 2013 - Photo Reuters

 

Washington (Associated Press) - Un nombre record de comtés américains - plus de 1 sur 3 - sont en train de mourir, frappés par le vieillissement de la population et des économies locales affaiblies qui poussent les jeunes adultes à chercher des emplois et bâtir une famille ailleurs.

Les évaluations du nouveau recensement de 2012, publiées jeudi, soulignent que la population se déplace, pendant que les Etats-Unis se heurtent à la croissance la plus molle depuis la Grande Dépression.

Les résultats reflètent également l'importance économique croissante de résidents d'origine étrangère, alors les Etats-Unis réfléchissent à une refonte d'une importante loi fédérale de 1965 sur l'immigration. Sans les nouveaux immigrants, de nombreuses agglomérations comme New York, Chicago, Detroit, Pittsburgh et Saint-Louis auraient affiché une évolution démographique nulle ou négative l'année dernière.

« Les immigrants sont des innovateurs, des entrepreneurs, ils font bouger les choses. Ils créent des emplois », a déclaré le gouverneur du Michigan Rick Snyder, un républicain, lors d'une conférence sur l'immigration dans son Etat, la semaine dernière. Affirmant que le Michigan devrait être une destination de choix pour les immigrants légaux, afin de dynamiser Detroit et d'autres zones en difficulté, Snyder a lancé un appel : « S'il vous plaît, venez. »

L'attention croissante portée aux immigrants est venue principalement des régions du Midwest et du Nord-Est, qui voient nombre de leurs résidents s'en aller après avoir tenu bon pendant des années durant la crise. Avec une économie américaine qui s'améliore lentement, les jeunes adultes sont maintenant de retour sur la route, partant de leurs grandes villes d'origine pour tester le marché du travail, principalement dans le Sud et l'Ouest, qui ont subi les coups les plus rudes dans l'effondrement du marché immobilier.

Les données du recensement montrent que 1.135 des 3.143 comtés du pays connaissent maintenant une « dépopulation naturelle », où les décès excèdent les naissances. Cela représente une hausse d'environ 880, ou de 1 à 4, par rapport à 2009. Déjà apparente au Japon et dans de nombreux pays européens, la dépopulation naturelle est de plus en plus évidente dans de grandes parties des Etats-Unis, majoritairement rurales.

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Inégalité des richesses aux Etats-Unis

 

(Merci à Jean-Pierre, sur l'excellent blog de l'ami Hoplite)

14/03/2013

Les tueurs

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Non, il ne s'agit pas du célèbre film de Siodmak avec Burt Lancaster et Ava Gardner (1946), mais de personnages dont John Perkins a décrit les méfaits, par exemple dans ces vidéos.

J'ai retrouvé la traduction française, peu connue, parue en janvier 2008 dans la revue Nexus, d'un entretien de juin 2007 entre ce même John Perkins et une journaliste américaine, publié sur le site américain Democracy Now.

Voilà donc cet entretien, ma foi fort intéressant et toujours très actuel. Avant d'en prendre connaissance, je vous conseille de lire ou de relire ceci.

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John Perkins est un ancien « tueur économique » qui a mis pendant dix ans son talent de persuasion et ses compétences d’économiste au service du premier empire mondial. Sa mission : ruiner des pays du tiers-monde pour asseoir les intérêts de grosses entreprises américaines. Aujourd’hui repenti, l’auteur des Confessions d’un assassin financier fait campagne pour convaincre les sociétés de se responsabiliser aux niveaux économique, social et environnemental. La journaliste Amy Goodman l’a interviewé le 5 juin 2007 pour le média alternatif américain Democracy Now !, à l’occasion de la sortie de son second livre L’histoire secrète de l’empire américain, qui n’est pas encore édité en France.

[Entre-temps, ce livre, dont vous pouvez lire ici les 50 premières pages, est sorti en France. En voilà une vidéo de présentation par l'auteur. - Note de Boreas]

Amy Goodman : Avant toute chose, pour ceux qui l’ignorent encore, pouvez-vous rappeler ce qu’est un « tueur économique » ?

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11/03/2013

Beppe Grillo est un homme honnête

... pour ceux qui en doutaient. Merci au Scriptoblog ici, et encore ici.

 

 

 

09/03/2013

La Révolution libérale contre le Bien Commun

La chouette, symbole de la sagesse dans le monde antique

 

Spéciale dédicace à @hugues capet ;-)

« [1837] Les paysans voyaient d'un mauvais oeil tous ces grands travaux lancés par le gouvernement : les routes droites qui coupaient la contrée à grands coups de sabre, les landes défrichées, les marais asséchés, le chaulage des terres, l'abandon des jachères au profit des prairies artificielles. Les Conventionnels de 93 brûlèrent la Vendée, mais la terre féconde retrouva sa toison et les arbres, leurs fruits. Ils essayèrent de tuer la terre, mais ils ne la changèrent pas. Tandis que ce gouvernement de Philippe, voilà qu'il s'en prenait aux paysages, voulait araser le bocage pour en faire une plaine, transformer les marais en jardins. C'était défigurer l'oeuvre du Bon Dieu.

Pire, le gouvernement de Philippe soutenait les bourgeois et les riches laboureurs qui convoitaient les biens communaux. Du temps où l'on ne parlait pas de communes mais de paroisses, il eût été impensable de convoiter pour soi seul ces espaces collectifs qui servaient à toutes sortes d'usages : aire à battre ou à danser ; pré pour la foire ou pour les jeux de palet. Il eût été impensable d'interdire à la société villageoise le droit au libre parcours dans les bois, sur la lande, dans les bruyères et les ajoncs. Les pauvres, qui ne possédaient pas de pré en bien propre, y menaient leur bétail. Depuis toujours les communaux restaient la propriété du pauvre. Grâce à ces vaines pâtures, les journaliers, les bordiers misérables, les métayers endettés, pouvaient nourrir une vache, une chèvre, deux moutons [...]. Ils pouvaient se chauffer gratuitement en se servant dans les friches.

Et voilà que le roi bourgeois qui avait échangé le sceptre des Bourbons pour un parapluie et la couronne de Saint Louis pour un haut-de-forme, cassait tous ces usages. Qu'une dynastie se substitue à une autre, finalement on n'en était pas à une révolution près et les roués de Paris ne valaient pas mieux que les bourgeois de Fontenay, mais que ce roué de Paris envoie ses gendarmes contre ceux qui chassaient les lièvres n'appartenant à personne, contre ceux qui ramassaient du bois dans une forêt dont Dieu seul assurait la croissance, ah ! cela donnait raison à ceux qui prenaient les fusils et devenaient chouans.

On applaudissait aux exploits des redresseurs de torts. Un pigeonnier en feu, une meute de chiens empoisonnée, des arbres abattus sur les routes barrant le chemin aux diligences, des digues crevées dans les marais, les gendarmes à chaque fois déjoués et la troupe impuissante, tout cela faisait la joie des veillées.

Mais la popularité des nouveaux chouans venait surtout de leur affrontement perpétuel avec les garde-chasse et les gardes forestiers. Vivant dans les bois, ils se heurtaient fatalement à ces argousins que les paysans détestaient.

Paysans et chouans luttaient les uns et les autres pour une appropriation collective de la forêt qu'on leur refusait pour la même raison que les communaux, au nom de ce droit sacré de la propriété privée, sanctifiée par les patauds de 93. [...]

- Les révolutionnaires voient le progrès dans l'appropriation individuelle et nous autres, contre-révolutionnaires, sommes pour le maintien du bien communautaire. Le gouvernement s'oppose à ce qu'il considère comme les vestiges d'un temps où le propriétaire ne régnait pas au-dessus de tout. Où s'arrêtera l'insatiabilité des bourgeois ? Ils se sont accaparé en 93 les biens nationaux, ils veulent maintenant s'approprier les biens communaux. Les vaines pâtures les rendent malades. Ces terres qui n'appartiennent à personne et sur lesquelles les pauvres réussissent à subsister en vagabondant, c'est du vice. Ils ne veulent plus de pauvres dans les campagnes. Ils vous réduiront à la mendicité ou à l'exil dans leurs usines, loin d'ici. »

Michel Ragon, La louve de Mervent (Albin Michel, 1985).

La plus grande partie de cet extrait a initialement été trouvée ici.

09/02/2013

Apocalypse 2013

 

Lisez ça, aussi, tiens.

22/01/2013

Francis Cousin pour l'insurrection


Vous pouvez lire le dernier texte de ce penseur hors normes sur le Scriptoblog.

18/01/2013

Entretien avec Pierre Rabhi

Ça date du 18 juin 2010, mais c'est tellement intemporel... Un régal de lucidité et de sagesse.