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17/03/2013

Plus d'un tiers des comtés aux USA sont en train de mourir

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East Side de Detroit (Michigan), 27 janvier 2013 - Photo Reuters

 

Washington (Associated Press) - Un nombre record de comtés américains - plus de 1 sur 3 - sont en train de mourir, frappés par le vieillissement de la population et des économies locales affaiblies qui poussent les jeunes adultes à chercher des emplois et bâtir une famille ailleurs.

Les évaluations du nouveau recensement de 2012, publiées jeudi, soulignent que la population se déplace, pendant que les Etats-Unis se heurtent à la croissance la plus molle depuis la Grande Dépression.

Les résultats reflètent également l'importance économique croissante de résidents d'origine étrangère, alors les Etats-Unis réfléchissent à une refonte d'une importante loi fédérale de 1965 sur l'immigration. Sans les nouveaux immigrants, de nombreuses agglomérations comme New York, Chicago, Detroit, Pittsburgh et Saint-Louis auraient affiché une évolution démographique nulle ou négative l'année dernière.

« Les immigrants sont des innovateurs, des entrepreneurs, ils font bouger les choses. Ils créent des emplois », a déclaré le gouverneur du Michigan Rick Snyder, un républicain, lors d'une conférence sur l'immigration dans son Etat, la semaine dernière. Affirmant que le Michigan devrait être une destination de choix pour les immigrants légaux, afin de dynamiser Detroit et d'autres zones en difficulté, Snyder a lancé un appel : « S'il vous plaît, venez. »

L'attention croissante portée aux immigrants est venue principalement des régions du Midwest et du Nord-Est, qui voient nombre de leurs résidents s'en aller après avoir tenu bon pendant des années durant la crise. Avec une économie américaine qui s'améliore lentement, les jeunes adultes sont maintenant de retour sur la route, partant de leurs grandes villes d'origine pour tester le marché du travail, principalement dans le Sud et l'Ouest, qui ont subi les coups les plus rudes dans l'effondrement du marché immobilier.

Les données du recensement montrent que 1.135 des 3.143 comtés du pays connaissent maintenant une « dépopulation naturelle », où les décès excèdent les naissances. Cela représente une hausse d'environ 880, ou de 1 à 4, par rapport à 2009. Déjà apparente au Japon et dans de nombreux pays européens, la dépopulation naturelle est de plus en plus évidente dans de grandes parties des Etats-Unis, majoritairement rurales.


En dépit de l'augmentation des décès, la population américaine dans son ensemble continue de croître, stimulée par l'immigration étrangère et des naissances relativement plus nombreuses parmi les migrants, pour la plupart jeunes, en provenance du Mexique, d'Amérique latine et d'Asie.

« Ces comtés sont dans une spirale de baisse assez abrupte », a déclaré Kenneth Johnson, démographe principal et professeur de sociologie à l'Université du New Hampshire, qui a étudié les résultats. « Les jeunes partent, les personnes âgées restent sur place et vieillissent. A moins d'un changement spectaculaire - par exemple, un nouveau complexe industriel, comme une usine d'emballage de viande pour attirer les jeunes Hispaniques - ces zones sont susceptibles de subir de plus en plus de dépopulation naturelle ».

Les régions de dépopulation naturelle s'étirent des zones industrielles près de Pittsburgh et de Cleveland jusqu'aux vignobles autour de San Francisco et aux zones rurales de l'est du Texas et des Grandes Plaines. Leur point commun est une économie locale déclinante, comme dans les zones agricoles, minières ou industrielles de la Rust Belt. Elles comprennent également certaines communautés de retraite en Floride, bien que le déclin de beaucoup soit atténué par un flux constant de nouveaux retraités chaque année.

L'année dernière, le Maine a rejoint la Virginie Occidentale au rang des deux seuls Etats où les décès excèdent les naissances, qui ont chuté brutalement après la récente récession. Au plan national, la population des Etats-Unis a augmenté de seulement 0,75 % en 2012, bloquée à des niveaux historiquement bas, pas vus depuis 1937.

Johnson a déclaré que le nombre de comtés qui meurent augmente non seulement en raison de la baisse des naissances, mais aussi de l'augmentation de la mortalité, alors que 70 millions de baby-boomers nés entre 1946 et 1964 s'acheminent vers leurs vieux jours. « Je m'attends à ce que la dépopulation naturelle reste élevée dans l'avenir », a-t-il dit.

Parmi les 20 grandes agglomérations à la croissance la plus rapide l'an dernier, 16 ont augmenté plus rapidement qu'en 2011 et la plupart sont situées dans des régions antérieurement croissantes de la Sun Belt ou Mountain West. Parmi les agglomérations à la croissance la plus lente ou en déclin, la plupart sont en train de faire pire qu'en 2011 et elles sont toutes situées dans le nord-est et le Midwest.

New York se classe en tête pour le nombre de nouveaux immigrants parmi les grandes agglomérations, mais se classe également en tête pour les résidents jeunes qui s'en vont.

En revanche, les agglomérations texanes de Dallas, Houston et Austin ont continué d'attirer largement les jeunes adultes, se classant première, deuxième et quatrième pour la migration interne parmi les grandes agglomérations, en raison d'économies diversifiées incluant la production pétrolière et gazière. Phoenix, Las Vegas et Orlando ont également enregistré des gains.

Par régions, la croissance dans le Nord-Est a ralenti l'an dernier à 0,3 %, la plus faible depuis 2007 ; dans le Midwest, la croissance a chuté à 0,25 %, la plus faible depuis au moins une décennie. Dans le Sud et l'Ouest, les taux de croissance ont légèrement augmenté à 1,1 % et 1,04 % respectivement.

« Les freins mis à la migration au cours de la Grande Récession semblent s'atténuer », a déclaré William H. Frey, démographe à la Brookings Institution, qui a analysé les données sur les migrations. « Les migrants autochtones deviennent plus mobiles - à la suite des hauts et des bas géographiques du marché du travail - que les immigrants, qui ont tendance à s'installer dans les communautés ethniques établies dans les grandes villes. »

« Les niveaux d'immigration ne sont pas là où ils étaient il y a une décennie, mais leur légère hausse récente démontre qu'ils peuvent être une soupape de sécurité importante pour des régions dont la population stagne », a-t-il dit.

Mark Mather, un vice-président adjoint du Population Reference Bureau, a noté que les efforts politiques pour réduire la taille du gouvernement et réduire les dépenses fédérales pourraient aussi avoir un impact significatif sur les gagnants et les perdants de la population à venir.

Depuis 2010, la plupart des agglomérations américaines à la croissance la plus rapide ont également été celles qui, historiquement, ont reçu beaucoup d'argent du gouvernement fédéral, y compris Fort Stewart en Géorgie, Jacksonville en Caroline du Nord, Crestview en Floride et Charleston-North Charleston en Caroline du Sud, toutes hébergeant des bases militaires. Dans les agglomérations américaines à la croissance la plus rapide, les dépenses fédérales par habitant ont augmenté, passant d'environ 5.300 dollars de 2000 à 2010, à environ 8.200 dollars de 2011 à 2012.

« Le financement fédéral a aidé de nombreuses villes à résister à la baisse des emplois dans le secteur privé », a déclaré Mather.

Autres constatations :

- Environ 46 % des comtés ruraux juste au-delà des abords d'agglomérations ont connu une dépopulation naturelle, comparativement à 17 % des comtés urbains.

- Dans l'ensemble, la population hors-agglomérations a diminué l'an dernier de 0,1 %, comparativement à une croissance de 1 % pour les grandes agglomérations et 0,7 % pour les petites agglomérations.

- Dans la dernière année, quatre agglomérations ont franchi des étapes de population: Los Angeles a atteint 13 millions, Philadelphie 6 millions , Las Vegas 2 millions et Grand Rapids dans le Michigan, 1 million.

- Le comté de Chattahoochee, en Géorgie, qui abrite Fort Benning, a connu la plus forte croissance nationale, avec une augmentation de 10,1 % dans la dernière année.

Les évaluations du recensement sont basées sur les registres locaux des naissances et des décès, sur les registres de l'Internal Revenue Service relatifs aux personnes qui se déplacent à l'intérieur des États-Unis, et sur les statistiques du Bureau du recensement des États-Unis relatives aux immigrants.

Source

(Traduction par mes soins. – Reproduction autorisée sous réserve de citer verslarevolution.hautetfort.com en source.)

Commentaires

Bravo pour la traduction.

Un texte qui fait le tableau d'une Amérique profonde qui se meurt au profit des grands centres urbains économiquement dynamiques. Une mauvaise nouvelle pour tous ceux qui aiment l'Amérique européenne (pléonasme). Au niveau national, la substitution de population est en voie d'accélération. Localement, les effets de la crise économique, de la tendance séculaire à la désindustrialisation, des choix politico-économiques et aussi du Papy boom accroissent les différences de trajectoire entre les territoires.

Il existe le même phénomène en France (il est très désagréable de suivre la même courbe que les Etats-Unis avec quelques décennies de décalage, au moins on ne pourra pas dire qu'on ne savait pas) : il est lié au modèle économique métropolitain qui favorise d'abord les grands centres urbains. Il s'agit d'un choix de la classe politico-économique. D'autres options, visant à limiter les fractures territoriales, étaient possibles.

L'immigration massive apparaît comme le moteur principal d'un Système qui voit tout sous l'angle comptable (sans que cela soit d'ailleurs synonyme d'efficacité économique ou de justice redistributive). A ce sujet, voir le passage très édifiant sur l'usine à viande qui attire les jeunes hispaniques dans une zone en dépopulation. On a sans doute la même chose avec l'agroalimentaire dans certains coins de Bretagne (avec les Noirs). L'immigrationnisme systémique devient ainsi une "soupape de sécurité importante" (expression très caractéristique de la vision du Système) pour les régions à la population stagnante.

Il y a des constantes troublantes dans l'Histoire américaine : c'est toujours le quart nord est industriel des Etats-Unis, certes élargi géographiquement, qui pose décidément problème, et ce depuis la Guerre de Sécession. Hier c'était les esclaves des Etats du Sud qu'il fallait faire venir, aujourd'hui ce sont les immigrés, dont la Caste républicano-démocrate estime qu'ils sont les seuls à être innovants et dynamiques.

Pourtant les autochtones sont très mobiles et dynamiques : au contraire des allogènes qui se regroupent par affinités ethniques, les autochtones, déracinés de leurs régions d'origine, partent vers les terres les plus offrantes sur le plan immobilier et professionnel, c'est-à-dire le Sud et l'Ouest. Il en résultera un gigantesque salad bowl exacerbé dans ces régions en voie d'hispanisation massive. Les autochtones sont la véritable variable d'ajustement du modèle économique métropolitain immigrationniste mondialiste libéral qu'ils financent sans trop protester. En somme, les autochtones servent les délires économiques d'un Système qui tend à les remplacer démographiquement, sans qu'on sache vraiment si ce grand Remplacement est voulu ou pas par une Caste qui s'enrichit sans scrupule, selon un mode de gestion économique colonial (et communautariste sur le plan social) et dont les états d'âme en matière civilisationnelle paraissent bien limités. Comment un peuple a-t-il pu donner naissance à pareilles "élites" ?

Les pays peuplés par les Européens sont devenus un terrain de chasse pour les prédateurs économiques et financiers, doublé d'un Far West de l'insécurité. Il s'y joue une gigantesque partie de Monopoly aux règles truquées (tant économiques qu'électorales ou médiatiques d'ailleurs). La financiarisation de l'économie, les flux migratoires vers les grandes villes, a laissé la place à une logique de réseaux dont les villes sont les noeuds. Le reste du territoire est coupablement négligé, sauf quand il s'agit d'aller à la pêche aux voix électorales ou d'y passer hypocritement le week-end, loin des excès des grandes villes.

Pour les autochtones, la lutte des classes a été remplacée par la lutte des places, suite à l'affaiblissement des anciennes solidarités paysanes, ouvrières et communautaires. C'est le sauve-qui-peut général, individualiste jusqu'à l'écoeurement, dans un Occident atomisé dont le Salut est de plus en plus incertain. C'est la chute. La prochaine étape sera le Renouveau. Encore faudra-t-il qu'il y ait des Européens à la surface de la Terre en nombre suffisant et en homogénéité sur certains territoires de repli. Notre survie se prépare dès aujourd'hui.

Écrit par : Anne Onyme | 18/03/2013

Anne

Merci d'avoir pris la peine d'écrire tout cela.

J'ajoute qu'à mon avis, la lutte des classes reste quand même encore un élément valable - et même primordial - de la grille de lecture.

Quand vous combinez cet article et ceci :

http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2013/03/17/ine%CC%81galite%CC%81-des-richesses-aux-etats-unis.html

... ça ouvre des horizons, à ce sujet.

Écrit par : Boreas | 18/03/2013

merci pour ce texte, Boreas, c'est très impressionnant. il y a peu de temps, le GEAB disait que les USA allaient être confrontés à une menace de dislocation et de troubles civils inédits depuis la guerre de sécession.

je ne pense même pas qu'il y ait une volonté organisée derrière mais que tout cela est le fruit mauvais d'une lutte des classes à mort avec, au sommet de la pyramide (ta vidéo), une petite oligarchie apatride totalement dénationalisée et indifférente au sort des américains et de n'importe qui d'autre (la différence avec le capitalisme entrepreneurial d'un Ford par exemple), faite de financiers, de politicards et d'industriels consanguins.

Dans l'esprit de ces hommes/femmes (cf Blythe Masters), quelle importance que l’Amérique reste blanche, chrétienne, d'essence européenne? aucune bien sûr. et si les cerveaux maquent on en fera venir d'ailleurs, c'est déjà ce qui se passe, les asiatiques trustant les premières places dans les plus grandes universités US). Je pense parfois que ces titans qui ont capté le pouvoir financier planétaire (pour notre malheur) ont une longueur d'avance car ils ont un comportement et une logique de prédation planétaire alors que la plupart des gens ordinaires continuent à penser le monde au travers de catégories qui ont déjà disparu (nations, enracinement, cultures différenciées frontières, races, et.)

Je fais le parallèle avec le texte de Sunic que j'ai découvert chez toi et que j'ai remis en ligne (parce que je le relis souvent) et la nécessité de réfléchir aux nouvelles forme de combat contre cette hubris néo-libérale: certainement plus le nationalisme ou les formes de combat identitaire habituelles, comme le dit Sunic.

Mais l'histoire n'es tpas écrite et j'ai toujours en tête les prophéties d'Orlov sur l'effondrement prochain et inéluctable de cette thalassothérapie anglo-saxonne si malfaisante. on verra. le prochain siècle pourrait bien ^tre eurasiatique.. (cf le mal que se donne l'Empire opur détruire l'emprise chinoise en Afrique)

Écrit par : hoplite | 18/03/2013

Hoplite, je n'ai pas un mot à ajouter. 100 % d'accord avec ton commentaire.

Écrit par : Boreas | 18/03/2013

@hoplite : Je ne peux que plussoyer à votre analyse.

@Anne : d'accord avec l'essentiel de votre commentaire. Cependant je crois qu'il faut arrêter avec ce mythe de l'Amérique "Européenne", la culture européenne est morte aux USA avec la guerre de sécession. Les Américains qu'ils soient blancs, noirs, hispaniques ou ce que vous voulez nous méprisent, il suffit d'ouvrir un bouquin d'histoire US voir mieux un livre d'apprentissage du Français ou de l'Italien pour voir quelle vision ils ont de l'Europe. Comme l'Angleterre, dont ils ne sont que le prolongement, ils n'ont eu de cesse de saper tout ce qui pourrait être bénéfique à l'Europe.

Écrit par : hugues capet | 19/03/2013

@hugues capet

Je parle d'Amérique européenne d'un point de vue ethnique. La question de la fin de la culture européenne aux Etats-Unis est un autre débat. Pourquoi datez-vous sa fin à la Guerre de Sécession ? D'ailleurs en France aussi la culture européenne est morte à ce tarif-là, peut-être depuis moins longtemps et sûrement à cause des méchants américains me direz-vous... Vous seriez peut-être surpris par l'intérêt des Américains pour la culture européenne, notamment française. A côté, il doit aussi y avoir beaucoup d'Américains paisibles qui ne nous veulent ni du bien ni du mal. Je suis d'accord avec vous que certains Américains nous méprisent au plus haut point. Je ressens parfois à leur contact qu'ils se comportent en conquérants à qui tout est dû. Votre argument d'ouvrir un livre d'histoire US ne me convainc qu'à moitié : croire que ce que pensent les Américains de nous à l'aune de leur littérature officielle reflèterait la réalité de la pensée intime des Américains me paraît assez douteux. Il y a une dimension idéologique dans l'enseignement de l'histoire : vous devriez le savoir à la lumière du cas de l'Education nationale française. Quant au rôle néfaste des Anglo-Saxons vis-à-vis de l'Europe continentale, il faut peut-être plus regarder du côté des élites que de l'Américain perdu au fond des grands espaces ruraux du Grand Ouest. En toute logique nos voisins d'outre-Rhin devraient aussi vous paraître haïssables.

Écrit par : Anne Onyme | 19/03/2013

à ce propos, le nouveau numéro de la NRH est consacré à "l'Amérique, l'Europe et le Monde", je ne saurais que trop le conseiller ;-)

Écrit par : hugues capet | 20/03/2013

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