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05/01/2012

Notre Dame de Paris est libérale

« Est-ce qu'il sait seulement que je le suis aussi, cet ahuri ? »

 

« Je suis libéral. La droite aujourd'hui ne l'est pas. La gauche doit se réapproprier avec fierté le mot et la chose. Si les socialistes du XXIe siècle acceptent enfin pleinement le libéralisme, s'ils ne tiennent plus les termes de concurrence ou de compétition pour des gros mots, c'est tout l'humanisme libéral qui entrera de plein droit dans leur corpus idéologique. »

Bertrand Delanoë, dans De l'audace (2008) - Source

Au fait, son autre surnom, c'est Embrayage.

Révolution = par-delà « droite » et « gauche »

Orwell avait raison... Voilà l'ennemi.

 

Paul Jorion a encore vu le loup, mais sans le reconnaître (lisez bien sa dernière phrase) :

« Vous écrivez, dans "La guerre civile numérique" (Editions Textuel, 2011), que nous sommes dans une "situation prérévolutionnaire". N’est-ce pas exagéré ?

Non, le parallèle peut être fait avec 1788 : tout le monde a bien analysé la situation, mais la classe dirigeante reste "assise  sur ses mains", comme on dit en anglais, elle espère que les choses vont s’arranger d’elles-mêmes. C’est criminel.

Vous pensez donc que les gens vont se révolter ?

Oui… Les mouvements d’indignés sont des protestations qui restent assez domestiquées. Dans certains pays, les gens réagissent en fonction de leur degré de souffrance : ils manifestent un peu quand ils souffrent un peu, et davantage s’ils souffrent plus... Mais en France, on n’a pas cette tradition. On encaisse jusqu’à un certain seuil, et puis ça explose.

Et vous pensez que nous y sommes ?

Oui, on arrive à un seuil. Cela se manifeste de manière indirecte, dans le nombre de gens qui se disent prêts à voter pour le Front national. Je discutais l’autre jour avec un chauffeur de taxi : il m’a fait une analyse de la situation qu’on dirait d’extrême gauche, et à la fin il m’a expliqué qu’il allait voter pour Marine Le Pen… Cela n’avait pas de sens au niveau politique, mais c’était sa manière à lui d’exprimer son indignation. »

« Pas de sens au niveau politique » ! Les bras m'en tombent, devant pareil aveuglement.

Pourtant, l'argumentaire pour démolir, idéologiquement, tant la « droite » que la « gauche », on le trouve, par exemple, dans les bouquins de Michéa.

Cet argumentaire revient à dénoncer, chez les uns et les autres, les mêmes aberrations fondées sur les mythes du progrès et de la croissance, et le même désintérêt pour le peuple au nom de principes uniformément libéraux, au plan philosophique, bien que d'apparences différentes.

C'est cela qui étonne Jorion, désarçonné par ce qu'il appelle une « analyse qu'on dirait d'extrême gauche » chez son chauffeur de taxi prêt à voter MLP.

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21/12/2011

La croissance, c'est fini

Vision post-apocalyptique de Londres (tiens, pourquoi Londres ?)

 

On nous bassine avec les remèdes à l'endettement : faut se serrer la ceinture et bosser, nous dit-on.

Or, ce n’est pas le tout de proposer un travail acharné (le maximum dont est capable la « vertu » bourgeoise, et de préférence si ce sont d’autres qui le font), en plus de telle ou telle prétendue solution financière à la crise – planche à billets, austérité, ou mélange des deux.

Encore faut-il, quand même, que cela serve à quelque chose.

L’idéologie libérale table sur une notion fondamentale, commune au marxisme d’ailleurs : la croissance infinie.

Sans elle, rien ne marche plus.

L’immobilisme, la conservation et le simple renouvellement de ce qui existe ne suffisent jamais à cette grande ambition.

Le Progrès, autre mythe fondateur des « Lumières », exige toujours davantage de moyens matériels, pour finir par faire du monde un paradis et de l’homme une merveille.

Entre parenthèses, on voit bien à quel point ces fadaises ont réussi, non ?

Ah oui, pardon, c’est vrai, nous avons des smartphones, la télé HD et Michel Drucker dedans… Youpi.

Si nous sommes dans la fuite en avant financière pour retarder l’inévitable effondrement économique, ce n’est donc, finalement, qu’un prolongement logique de la fuite en avant dans la croissance.

Qu’une manière d’appliquer aux signes produits par le monde de la croissance, le même traitement que pour obtenir la croissance elle-même.

En effet, comment continuer de s’enrichir toujours davantage (sans parler de simplement entretenir et renouveler tout ce qu’on a accumulé), si ce qui est produit ne se vend plus ?

Autrement dit, pour remédier à l’absence d’acheteurs, que reste-t-il ?

A faire comme si les acheteurs achetaient toujours, pardi.

A mettre dans le circuit des biens qu’ils n’achèteront pas, de l’argent (crédit bancaire, transfert de la richesse publique à la fortune privée, primes d’Etat, cavalerie bancaire publique et privée…) pour permettre de les acheter quand même, et du bon vieux matraquage publicitaire pour y pousser.

Le problème est que cela appauvrit progressivement toute la société (d’abord les moins riches), en détruisant les emplois, en retirant petit à petit à la monnaie toute sa valeur, sans pour autant redonner à la croissance son élan.

Ni aux richesses, leur valeur d’avant la crise (exemple : les biens immobiliers).

Nous sommes, alors que le superflu est encore abondant et peu cher, dans une société où le point d’endettement maximal a été dépassé depuis longtemps.

Persistent les signes de l’opulence, les signes de la croissance et là, le marketing a largement pris le pas sur la réalité.

Même la monnaie a cessé d’exister. Elle est devenue, en fait, le marketing de la monnaie (si on parle d’argent-dette, ce marketing a d’ailleurs existé dès le début).

Plus de croissance ? Mimons-la.

Et donc, produisons comme si nous avions encore des acheteurs.

Et donc, créons de l’argent, comme si ces acheteurs payaient toujours.

Et enfin, surtout, disons partout que tout va déjà mieux.

Le hic : comme dans un excellent film au cinéma, quand tout est feint au point que le spectateur s’oublie lui-même et perd la notion du réel, que se passe-t-il, malgré tout, à la fin de la représentation ?

Il faut bien sortir et retourner au quotidien.

Quand s’opérera une prise de conscience massive de ce qui constitue réellement une richesse (c’est simple, c’est accessible à tout le monde : par exemple, si on n’a pas de quoi manger, à quoi sert le superflu ?), il est fort possible que la société change brutalement, extrêmement vite.

Ah, l’image des hideuses zones commerciales désertées, envahies par les ronces et les genêts !…

J'en rêve.

C'est pour bientôt.

26/11/2011

Naomi Klein : la stratégie du choc

Je remercie @Eisbär de m'avoir fait découvrir ce film.

 

15/11/2011

« Révoltes encore inconscientes »

 

« Dany-Robert Dufour est philosophe, professeur en sciences de l'éducation à Paris VIII, et ancien directeur de programme au Collège international de philosophie de 2004 à 2010. Il a publié de nombreux ouvrages et articles dont la dominante générale est le refus des deux nouvelles formes de libéralisme qui dominent désormais le monde. Il s'agit du néo-libéralisme qui consacre le pouvoir des entreprises financières sur le reste de l'économie et de l'ultra-libéralisme qui prétend généraliser à l'ensemble de la planète la disparition des Etats et des réglementations de service public. Le second de ces libéralismes est principalement au service du premier.

Aujourd'hui, Dany-Robert Dufour voit dans la généralisation des crises économiques et sociales en Europe le triomphe des entreprises financières qui mettent la dernière main, via les institutions communautaires et le FMI, à la destruction non seulement des Etats protecteurs et des grands programmes publics dépassant les intérêts particuliers au service de l'intérêt général mais, plus généralement, des valeurs démocratiques de solidarité et de partage. Sans tomber dans le conspirationnisme, on peut en effet penser que les objectifs, conscients ou inconscients, de ces entreprises financières, des gouvernements et des médias qu'elles rémunèrent (les trois oligarchies) visent à ramener le niveau de vie des peuples européens, libre concurrence oblige, à celui des peuples asiatiques. Les Européens seront ainsi obligés de travailler avec un salaire de 1$ par jour à l'accumulation de richesses dont profiteront les seules oligarchies.

Mais comment lutter contre ce mécanisme apparemment implacable de mise en tutelle et d'exploitation ? On pourrait proposer que les populations occidentales se battent plus énergiquement qu'aujourd'hui pour conserver leur situation privilégiée. Cette résistance pourrait prendre la forme d'un retour à un protectionnisme national, voire européen. Mais si rien n'était fait pour lutter, en Europe même, contre les pouvoirs oligarchiques responsables du renforcement des exploitations, aucune résistance sérieuse ne pourra se manifester. Même si les classes moyennes et populaires européennes s'engageaient plus activement qu'aujourd'hui pour conserver leurs avantages comparatifs, elles ne pourront pas résister à la coalition des oligarchies et le poids politico-démographique des pays émergents, qui sont pour le moment des alliés objectifs.

Des changements dans les majorités politiques ne changeraient rien à l'affaire. Les successeurs des gouvernements chassés par la crise, que ce soit Lucas Papademos en Grèce, Mario Monti en Italie, demain François Hollande (ou Marine Le Pen) en France, ne changeront rien aux rapports de force. Le protectionnisme ne remplacera pas l'innovation scientifique et la relance des productions industrielles, qui seraient seules capables de redonner à l'Europe sa puissance perdue. Et comment financer les investissements correspondants sans ressources nouvelles ? Et comment obtenir des ressources nouvelles sans diminuer drastiquement les niveaux de vie de ceux qui, dans l'ensemble, élisent les gouvernements, que ce soit les niveaux de vie des classes moyennes et populaires ou, à l'opposé, ceux de la classe dite des super-riches ?

Si l'on interprétait correctement la pensée de Dany-Robert Dufour, l'on pourrait dire qu'il propose une perspective plus radicale. Il faudrait que les peuples européens et plus généralement occidentaux abandonnent leurs idéaux passés de consommation matérielle et de productivisme pour en revenir à une véritable frugalité, accompagnée par les valeurs de solidarité et de partage qui les sauveraient. D'une part, en ce cas, ils pourraient échapper au chantage des intérêts financiers qui les poussent à travailler toujours plus pour accumuler des plus values dont profitent les seules oligarchies. D'autre part, ils pourraient consacrer leurs forces intellectuelles et matérielles à développer de nouvelles formes d'investissement dans le capital cognitif, qui constitueraient les nouvelles valeurs dont le monde en crise aura besoin.

L'idée n'est pas neuve. Cependant elle peut encore séduire. Beaucoup seront tentés de la reprendre à leur compte. C'est sans doute ce que demandent, plus ou moins inconsciemment, les militants des mouvements de type "Occupy" qui cherchent à sortir du Système imposé par les oligarchies financières et corporatocratiques, sans préciser encore ce qu'ils voudraient mettre à la place. Mais un changement aussi radical dans les modes de consommation et de travail de plus d'un milliard d'humains, ceux des pays dits développés, ne pourra pas se faire par de simples incantations. Les résistances seront considérables, non seulement en provenance des oligarchies directement menacées mais, comme nous venons de le voir, des populations encore favorisées.

Que chacun d'entre nous s'interroge, ceux du moins qui font partie des classes moyennes dites supérieures encore relativement épargnées. Sera-t-il prêt à renoncer à des avantages matériels quasiment entrés dans sa vie, pour rechercher d'autres valeurs plus immatérielles ? Ceci, même s'il sait que les avantages dont il profite actuellement disparaîtront inexorablement dans quelques années, sous la pression de l'ultra-libéralisme et du néolibéralisme dénoncés par Dany-Robert Dufour ?

Par ailleurs, pour qu'une telle révolution se produise, il faudrait une convergence simultanée des volontés de centaines de millions de citoyens. Elle ne pourrait se produire sans la généralisation rapide de la catastrophe annoncée. Autrement, les déterminismes encore obscurs mais certainement solides dictant des comportements conservateurs aux populations, continueront à s'exercer pleinement. Une volonté nécessairement épisodique et isolée de changement, dans la bouche de tel économiste ou de tel homme politique, risque de rester marginale.

Cependant, nul ne peut prédire avec un minimum de scientificité quels sont les ressorts profonds des changements dans les convictions collectives, ce que le sociologue John Casti nomme les "global moods" ou "états d'esprit globaux". Ils peuvent évoluer en masse, secrètement, c'est-à-dire sans que nul ne s'en aperçoive, y compris à l'insu des individus porteurs de tels états d'esprit. Ceci parce que la science ignore encore avec précision comment se forment et se diffusent les contenus cognitifs, tant chez les individus que dans les groupes.

Il est possible que si l'on "radiographiait" les contenus des cerveaux des millions de personnes qui refusent vaguement le Système actuel sans s'engager encore à le changer, de tous ceux qui interrogés ne savent même pas que proposer pour le changer, on ferait des découvertes qui surprendraient les politologues. Peut-être découvrirait-on des voies et volontés de changements bien définies mais encore anesthésiées, n'attendant qu'une étincelle pour se concrétiser et se coordonner au sein de passages à l'acte effectifs. De la même façon, il avait fallu attendre l'été 1789, dans une méconnaissance générale, pour que commencent à cristalliser au sein des populations les ferments de la Grande Révolution.

Pour en savoir plus : Une civilisation en crise. »

Jean-Paul Baquiast

09/11/2011

Michel Clouscard : le capitalisme de la séduction

Merci à @Eisbär, inlassable et irremplaçable dénicheur, pour cette vidéo vieille de près de trente ans, qui n'a pas pris une ride.


 

 

Il faut lire Clouscard (injustement oubliés, ses ouvrages non réédités sont trouvables en occasion) :

- Critique du libéralisme libertaire

- La production de l'individu

- Le capitalisme de la séduction

- Mai 68, la contre-révolution libérale libertaire

Je salue l'initiative des Editions Delga, qui ont entrepris l'édition de ses oeuvres complètes.

29/10/2011

Vive le populisme révolutionnaire !

 

La droâte nationale française pense avec ses pieds, on peut le constater tous les jours, quel que soit le sujet.

C'est particulièrement évident en ce qui concerne la question de l'identité, mais ça l'est surtout quant à la stratégie.

Normal.

D'abord, la droâte nationale française, c'est... l'auberge espagnole. Or, on ne peut attendre d'une alliance hétéroclite et contre nature, faite, entre autres, de jacobins laïcards, de libéraux voire de libéraux libertaires, de monarchistes et de catholiques plus ou moins nostalgiques de l'Ancien Régime, de néo-païens, d'athées bouffeurs de curés et de transfuges de l'UMP ou du MODEM, qu'elle soit révolutionnaire.

Ces diverses tendances convergent vers l'immobilisme oppositionnel (le fameux « vote protestataire ») et le syndrome de la tour d'ivoire. On s'imagine incarner le peuple français, alors qu'on méprise, bien souvent, sa volonté démocratique, presque autant que le font ceux que l'on prétend combattre.

Ensuite, principalement du fait de l'infection du bourgeoisisme et du libéralisme, la droâte nationale, c'est avant tout l'obsession de la sécurité et le réformisme.

C'est la crise ? Marine Le Pen, en bonne communicante, surfe sur la vogue. Depuis peu, quand on visite le site du FN ou celui de NPI, on se croirait sur des caricatures de Fortune ou de La Chute... L'économie et le social sont devenus vendeurs, et pour cause.

Las ! Quand les électeurs de la droâte nationale s'apercevront qu'ils prennent la copie pour l'original et qu'ils ne font, en réalité, que voter épisodiquement pour une affiche, quelles que soient, d'ailleurs, la sincérité et l'engagement de la tête qui y est représentée, mais sans espoir réel de sortir un jour du cercle concentrationnaire de la prison partitocratique, ni du consentement fabriqué où Goldstein n'est qu'une fausse alternative, et tout cela malgré la dégradation inexorable de leur situation, une nécessaire radicalité s'insinuera en eux.

Ce venin révolutionnaire est indispensable - « Love me », dit le serpent, animal de la connaissance et de la sagesse dont l'avance sinueuse déroute les rigides et effraie les romantiques.

Il est la seule solution à notre époque barbapapa, qui englue tout et tout le monde dans un étouffoir rose bonbon.

Ce venin n'est pas nécessairement un mauvais poison, contrairement à ce que croient certains lecteurs superficiels de la Bible et surtout, de l'historiographie moderne de droâte dans son formol, aussi rétro et même davantage, dans leur anticommunisme anachronique, que le sont les fidèles de St Nicolas du Chardonnet quand ils évoquent le diable.

De toutes choses, il faut savoir tirer les leçons et ne pas répugner à aller les chercher chez ses pires ennemis, surtout si leur stratégie a fonctionné, alors que celle de la droâte nationale se résume à un bulletin dans l'urne tous les cinq ans.

Qu'est-ce qui doit donc devenir révolutionnaire ? Quelque chose qui est résumé par un mot péjoratif : le populisme.

Pourquoi sommes-nous populistes ? Non pas seulement parce que l'ennemi nous désigne comme tels, ce qui prouve qu'il sait bien que les peuples, leurs identités et leurs intérêts lui sont contraires, mais aussi et surtout parce que ce mot, si nous passons sur l'intention systémique négative qui prétend le charger de démagogie et de simplisme, nous résume, résume nos identités, nos âmes, nos intentions et nos actions.

Populistes et révolutionnaires, voilà ce que nous sommes et ce que nous devons devenir.

Populistes révolutionnaires, car sans peuples et donc sans identités, nous ne sommes plus rien, et parce que, pour survivre en tant que tels et pouvoir « entreprendre des choses neuves dans le même esprit que celui des anciens », c'est une véritable révolution qui est nécessaire et non de simples réformes d'un « Système » en réalité irréformable.

Et ? Stratégie ?

Comme le disait Lénine de la révolution russe, « la chaîne [selon Trotsky, celle "du système capitaliste mondial", et/ou celle "de la guerre"] s’est rompue à son maillon le plus faible » (pour la Russie et son économie « arriérée », le coût de la première guerre mondiale fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase).

Et dès 1917, il avait déclaré : « La crise est mûre, l’heure du soulèvement approche ».

En le citant en 1932, Trotsky ajoutait :

« Pour la révolution d’Octobre, une série de prémisses historiques était nécessaire :

1 - La pourriture des anciennes classes dominantes, de la noblesse, de la monarchie, de la bureaucratie.
2 - La faiblesse politique de la bourgeoisie, qui n’avait aucune racine dans les masses populaires.
3 - Le caractère révolutionnaire de la question agraire.
4 - Le caractère révolutionnaire du problème des nationalités opprimées.
5 - Le poids social imposant du prolétariat. »

On peut aisément faire un parallèle avec aujourd'hui :

1 - La pourriture des classes dominantes, des oligarchies économiques et financières, des dirigeants politiques, des médias, de la bureaucratie, devient peu à peu visible aux yeux de tous.
2 - La faiblesse politique des fausses alternatives à l'UMPS : centristes, souverainistes, gauchistes, réformistes de droite et de gauche, qui n’ont aucune racine dans les masses populaires.
3 - Le caractère révolutionnaire de la paupérisation, de la montée du chômage et de l'affaiblissement prévisible de l'Etat providence.
4 - Le caractère révolutionnaire du problème de l'immigration et de la substitution ethnique.
5 - Le poids social croissant des déclassés et des nouveaux pauvres, principalement parmi la jeunesse.

Le populisme révolutionnaire est mûr dans les têtes des peuples européens et particulièrement en France, pays de vieille tradition frondeuse.

Mais il n'a encore aucune incarnation politique, contrairement à ce que croient les zélotes de la SARL Le Pen.

Il nous faut, pour donner corps à cette aspiration populaire, premièrement l'équivalent non marxiste des soviets (des communautés locales organisées en réseaux et solidaires) et deuxièmement l'équivalent non marxiste du parti bolchévik (coordinateur des soviets et vitrine politique).

A ces deux niveaux, nous serions hautement susceptibles de nous attirer la sympathie et le soutien d'une grande majorité du peuple.

Après, la maturation du phénomène crisique ne nous appartient pas plus qu'elle n'était au pouvoir des bolchéviks, comme Trotsky le reconnaissait lui-même :

« La révolution signifie un changement de régime social. Elle transmet le pouvoir des mains d’une classe qui s’est épuisée entre les mains d’une autre classe en ascension. L’insurrection constitue le moment le plus critique et le plus aigu dans la lutte des deux classes pour le pouvoir. Le soulèvement ne peut mener à la victoire réelle de la révolution et à l’érection d’un nouveau régime que dans le cas où il s’appuie sur une classe progressive qui est capable de rassembler autour d’elle la majorité écrasante du peuple.

A la différence des processus de la nature, la révolution est réalisée par des hommes et à travers des hommes. Mais dans la révolution aussi, les hommes agissent sous l’influence des conditions sociales qui ne sont pas librement choisies par eux, mais qui sont héritées du passé et qui leur montrent impérieusement la voie. C’est précisément à cause de cela, et rien qu’à cause de cela que la révolution a ses propres lois.

Mais la conscience humaine ne reflète pas passivement les conditions objectives. Elle a l’habitude de réagir activement sur celles-ci. A certains moments, cette réaction acquiert un caractère de masse, tendu, passionné. Les barrières du droit et du pouvoir sont renversées. Précisément, l’intervention active des masses dans les événements constitue l’élément le plus essentiel de la révolution.

Mais même l’activité la plus fougueuse peut rester au niveau d’une rébellion, sans s’élever à la hauteur de la révolution. Le soulèvement des masses doit mener au renversement de la domination d’une classe et à l’établissement de la domination d’une autre. C’est alors seulement que nous avons une révolution achevée. Le soulèvement des masses n’est pas une entreprise isolée que l’on peut déclencher à son gré. Il représente un élément objectivement conditionné dans le développement de la société. Mais l’existence des conditions du soulèvement ne signifie pas qu’on doit attendre passivement, la bouche ouverte. Dans les affaires humaines aussi, il y a, comme le disait Shakespeare, des flux et des reflux : "There is a tide in the affairs of men which, taken at the flood, leads on to fortune".

Pour balayer le régime qui se survit, la classe progressive doit comprendre que son heure a sonné, et se poser pour tâche la conquête du pouvoir. Ici s’ouvre le champ de l’action révolutionnaire consciente où la prévoyance et le calcul s’unissent à la volonté et la hardiesse. »

Au boulot, camarades populistes révolutionnaires.

08/10/2011

La vraie Gauche

Un petit plus - Jean-Claude Michéa sur France Inter le 09 octobre 2011 (je remercie @alain21) :

http://www.franceinter.fr/emission-parenthese-la-gauche-a...

 

Jean-Claude Michéa sur France Culture, le 06 octobre 2011 :

 

26/08/2011

L'arnaque de la baisse des impôts et du « moins d'État »

Les libéraux adeptes de l'« économie de l'offre », comme Sarkozy notamment (même si son discours, toujours opportuniste et teinté de bonapartisme, a changé depuis la crise), nous serinent depuis belle lurette maintenant que, quand on baisse les impôts, on va provoquer une hausse du PIB, « créer de la richesse », comme ils disent. Au bénéfice de qui, d'ailleurs, puisque la répartition sera moindre ?

Ce qui est énervant chez le libéral de base, c'est qu'il se défend, le plus souvent, de croire à cette théorie débile, contredite par les faits. Ou alors, il l'admet, mais avec une infinité de nuances techniques. Et puis, non, il n'est pas contre l'existence de l'Etat (il faut bien en garder un peu pour pouvoir le critiquer, on n'est pas libertarien, quand même...). Etc. Alors, quelques rappels.

Milton Friedman, en 2003 : « ce n’est pas demain que nous vivrons dans de pures sociétés libérales… Il faut d’abord se demander ce que serait une telle société. Ma définition serait la suivante : est  "libérale" une société où les dépenses publiques, toutes collectivités confondues, ne dépassent pas 10 à 15 % du produit national. Nous en sommes très loin. Il existe évidemment d’autres critères tels que le degré de protection de la propriété privée, la présence de marchés libres, le respect des contrats, etc. Mais tout cela se mesure finalement à l’aune du poids global de l’État. 10 %, c’était le chiffre de l’Angleterre à l’apogée du règne de la reine Victoria, à la fin du XIXe siècle. À l’époque de l’âge d’or de la colonie, Hong Kong atteignait moins de 15 %. Toutes les données empiriques et historiques montrent que 10 à 15 % est la taille optimale. Aujourd’hui, les gouvernements européens se situent à quatre fois plus en moyenne. Aux États-Unis, nous en sommes seulement à trois fois ».

Nicolas Sarkozy, lui, est libéral quand ça l’arrange (avec Balladur en 1995, sur le paquet fiscal…). Petite phrase, en 2006 : « Je suis libéral mais j’ai la force de dire qu’il y a des dérives de la finance qui ne sont pas acceptables ». C'est bien, il le dit, quel courage ! En 2008, il prononce un discours, salué par… le MEDEF. Qui, comme chacun sait, réserve ses louanges aux staliniens.

Et le paquet fiscal, en tout cas, a bien été mis en place sous Sarkozy, avec l’alibi de la recherche de la croissance : « Christine Lagarde a assuré que le "paquet fiscal", créerait "un demi-point de croissance en 2008" ».

Guy Sorman, en 2010 : « l’ Europe est repartie dans l’autre sens, plus libéral, dont on connait le mode de fonctionnement : moins d’Etat pour plus d’investissement privé espéré ».

En plus de nier leurs propres lubies idéologiques, ces hypocrites, qui avancent masqués, tout douceureux, la main sur le coeur, jonglant avec le social du social-libéralisme pour faire passer les pilules du libre-échange mondialisé, des délocalisations et de l'immigration de masse facteur de déflation salariale, voudraient nous faire croire qu'il serait nécessaire, dans un souci de justice et d'équité, que les riches ne paient pas plus que les pauvres.

Il paraît évident à toute personne sensée qu’une réforme fiscale est nécessaire et qu'il faut que la fiscalité soit différenciée, entre les gros et les petits. Le CAC 40 ne souffre pas de la taxation comme l'artisan.

Problème : la plupart des libéraux sont favorables à une stricte égalité fiscale (la fameuse flat tax).

Et pour cause, ce système avantage les gros et pénalise les petits : « un euro gagné par un millionnaire lui rend moins service qu'un euro touché par un rmiste (c'est d'ailleurs pour cela que le premier peut être taxé davantage…) ». Comme d’habitude, entre la théorie et la pratique…

Décidément, comme le communisme, le libéralisme, cache-sexe du capital, est une idéologie utopique et surtout, une arnaque. Il n'y a que le mouton pour croire que le loup lui propose la « liberté » pour faire son bonheur...

27/06/2011

L'idéologie du « Siècle » : le « libéralisme mondialisé »

le%20siecle.jpg« Tous les grands médias, qu’il s’agisse de la presse écrite, des radios ou des télévisions sont détenus ou contrôlés par des membres du Siècle (Dassault, Rothschild, Bolloré, Arnault, Lagardère, etc.) ou dirigés par des membres du Siècle. Les rares articles qui ont pu paraître sur le principal (et unique en fait) club d’influence français, Le Siècle, sont convenus et dépourvus de tout intérêt. Un seul exemple : l’année dernière, j’ai reçu à plusieurs reprises une journaliste économique renommée qui travaillait pour le magazine Capital de M6. Elle m’a dit vouloir consacrer un dossier de 25 minutes au club Le Siècle. Je lui a ouvert mes dossiers, lui ai donné tous les contacts, fourni des documents ultra confidentiels (annuaires, circulaire internes, fiches de recrutement, etc.). Je lui ai gentiment expliqué également que son reportage ne sortirait jamais et serait annulé parce que le PDG de M6, Nicolas de Tavernost était membre du Siècle. Elle m’a téléphoné, quasiment en pleurs, un mois après pour me dire que son travail avait été refusé. De même, Au Cœur du pouvoir a été envoyé à environ 130 journalistes de la grande presse, la presse que l’on peut dire "aux ordres". Il n’y a eu aucun article dessus. (...)

Il y a une idéologie, c’est celle du libéralisme mondialisé. Comme l’a expliqué Laurent Joffrin, directeur du Nouvel Observateur, qui a démissionné avec fracas du Siècle il y a environ un mois, Le Siècle est véritablement la section française de l’hyper-classe ou de la super-classe mondialisée. Il correspond à cette expression de Samuel Huntington : "la super-classe née de la mondialisation". De même Jacques Julliard, ancien membre de la Commission trilatérale, écrit assez courageusement" : "Le Siècle, le club de cette superclasse dirigeante (…) Dans ce milieu fermé où les socialistes ont leur place à côté des gros bataillons de la droite française, fermente l’idéologie de la classe dominante : modernisme économique, bien-pensance sociale et culturelles, conformisme économique, respect absolu de la puissance de l’argent." Hormis qu’il y a largement autant d’oligarques de gauche que de droite au Siècle, cette description est parfaitement exacte : il y a bien une idéologie… mais qui ne se revendique pas en tant que telle. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que tous les membres du Siècle ne sont pas égaux et que le pouvoir est passé d’un groupe à un autre à mesure que le capital se restructurait en France, en Europe et dans le monde. On est donc passé, en 60 ans, du primat des politiques (IVe République) à celui des industriels (Pompidou), puis aux technocrates (Giscard d’Estaing et les débuts de François Mitterrand), puis aux banques (Bérégovoy) et enfin à la finance mondialisée (Chirac, Sarkozy). Aujourd’hui, ce sont les financiers qui contrôlent le Siècle et dictent leurs règles aux politiques. Comme le dit Julliard, "il existe, derrière les apparences successives des combinaisons ministérielles, un gouvernement de facto, un gouvernement invisible des élites financières et institutionnelles qui, à défaut de dicter sa loi, fournit la pensée et inspire l’action des élites dirigeantes françaises."

Je ne veux pas être trop long, mais Le Siècle est un endroit, un laboratoire, où se décident beaucoup de choses. On en a des éléments dans les mémoires d’anciens membres, au détour d’articles, etc. Les conversations étant secrètes, il est toujours difficile d’apporter la preuve de ce pur affairisme mais plusieurs membres me l’ont confirmé tout comme diverses fuites, le système de recrutement, etc. La plupart des membres ne sont pas recrutés pour leurs qualités propres mais pour les fonctions qu’ils occupent. C’est le libéralisme antisocial pur et dur qui ne rêve que d’une chose : que les classes populaires françaises travaillent pour 2 euros par jour comme les Chinois aujourd’hui et que l’oligarchie, qui les exploite, engrange ses bénéfices colossaux dans des paradis fiscaux.

La rupture aujourd’hui ne se fait pas entre gauche et droite. Nicole Notat était secrétaire général de la CFDT quand elle est entrée au Siècle. Ce qui lui permettait de dîner chaque mois avec les grands patrons du CAC 40 et le gouvernement. Il en est de même aujourd’hui avec certains responsables de la CGT. (...)

On voit très bien pour le Parti communiste et pour la CGT ce qui s’est produit. Les dirigeants qui ont été cooptés au Siècle ont fait changer du tout au tout l’idéologie du PCF et de la CGT. Malgré leurs rodomontades, ces deux organisations ont rallié l’Union européenne, le Traité de Maastricht, le fédéralisme, l’euro, le mondialisme, etc. Ils ont trahi tous les intérêts et les acquis sociaux des classes sociales qu’ils prétendaient défendre, en particulier la classe ouvrière et les employés. Ils sont les complices du "détricotage" des acquis obtenus par les luttes sociales des 150 dernières années. Ce qui fait que les syndicats ne pèsent pratiquement plus rien et sont essentiellement financés par des cotisations patronales ou par l’État. (...)

Quant aux élites françaises qui constituent les bataillons du Siècle, elles sont, mais c’est sans doute la cas ailleurs, d’une extrême médiocrité, en particulier dans la sphère politique. Ce qui les caractérise, c’est un manque total d’imagination, une pensée politiquement conformiste, une soumission à l’argent, une âpreté au pouvoir. Le Siècle, c’est d’abord, et avant tout, une soif de pouvoir pour des gens qui détiennent du pouvoir et en veulent encore plus. C’est une centrale d’énergie qui redistribue exclusivement l’énergie en direction de ses membres. Un vaste système de relations, de réseaux, de système de courte échelle, de marche pied, de mariages, de relations d’affaires, de jetons dans les conseils d’administration, etc. D’aucuns appelleraient cela "le système" ou  "l’établissement" ("establishment"). Mais sa particularité d’aujourd’hui est d’être extrêmement peu nombreuse et très concentrée entre les mains de quelques uns. Qu’importe leurs méthodes : par exemple, Jean-Marie Messier, qui a ruiné l’un des fleurons français, Vivendi Universal, n’a jamais été exclu et trône toujours dans les dîners. »

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