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18/12/2011

La paranoïa sécuritaire des Etats-Unis

 

Cet article d'Atlantico est digne d'un commentaire sur Dedefensa :

« Depuis les attentats du 11 Septembre, un gigantesque système s’est mis en place pour assurer la sécurité des Etats-Unis.

A l’heure actuelle 1.271 organisations gouvernementales et 1.931 compagnies privées travaillent sur des programmes relatifs à la lutte contre le terrorisme, la sécurité intérieure, et les renseignements... dans 10.000 endroits différents aux Etats-Unis.

En tout, 854.000 personnes disposent d’habilitations sécuritaires, soit 1,5 fois la population de Washington.

Cette ville où pas moins de 33 bâtiments sont en cours de construction ou construits pour abriter des complexes top secret. En prenant autant d’espace que trois Pentagones. Des chiffres révélés dans une enquête du Washington Post, qui donne le tournis.

Nous sommes à McLean, en Virginie. C'est ici, à Liberty Crossing, que se trouve le Centre national de lutte contre le terrorisme. Y travaillent au moins 1.700 employés fédéraux et 1.200 contractuels privés.

Des bâtiments impressionnants, à l'extérieur comme à l'intérieur. Serrures électromagnétiques, caméras rétiniennes, murs fortifiés, machines à rayon X. Tout est sécurisé au maximum.

Un budget annuel faramineux :

Et pour cela, le gouvernement américain n'a pas hésité à mettre les fonds. L'an dernier, le budget alloué à la défense était de 75 milliards de dollars, soit 21,5 fois plus qu'avant le 11 Septembre 2001. Et ce chiffre n'inclut même pas toutes les activités militaires et les programmes nationaux de lutte contre le terrorisme.

En effet, depuis ces attentats, tout a été revu à la hausse. Neuf jours seulement après les attaques, le Congrès a alloué 40 milliards de dollars pour renforcer le système de défense nationale et lancer une vaste offensive contre Al Qaïda. Mais ce n'était qu'un début.

De septembre à décembre 2001, 24 organisations ont été créées, 37 l'année suivante, puis 36, 26, 31... En tout, 236 organisations ont vu le jour ou ont été réorganisées en réponse au 11 septembre. Et qui dit plus d'agences dit plus d'employés, plus de secrétaires, plus de matériel logistique...

Au Pentagone, le nombre d'employés de l'agence de renseignements est passé de 7.500 en 2002 à 16.500 aujourd'hui. Le budget de l'Agence de la Sécurité Nationale, la NSA, a lui doublé. De 35 unités de lutte contre le terrorisme au FBI, on est passé à 106.

Mais alors tout cela est-il efficace ?

Un pays plus sûr ?

Pas tant que cela. Car le problème de ce gigantesque système, c'est que de nombreuses personnes font le même travail. Une perte d'énergie et de temps. 51 organisations fédérales et commandements militaires surveillent ainsi les flux d'argent en provenance et à destination des cellules terroristes.

Les personnes analysant les documents provenant des espions dans le pays et à l'étranger rédigent pas moins de 50.000 rapports chaque année. Un volume tellement important que la plupart ne sont jamais lus.

D'autant que tous n'ont pas accès à ces informations. Au sein du département de la Défense, seuls quelques officiels, surnommés les "Super Users", ont droit d'être informés de toutes les activités du département.

Mais le temps leur manque."Je ne vivrai pas assez longtemps pour être briefé sur tout", explique l'un de ces Super Users, sous le couvert de l'anonymat.

"La complexité de ce système dépasse toute description", ajoute-t-il. Si bien qu'il est parfois "difficile d'obtenir des données précises", affirme l'ex-chef du Pentagone, Robert Gates, dans une interview pour le Post.

Conséquence : il est impossible de savoir si ce système, qui coûte une véritable fortune, rend le pays plus sûr. Car, déjà, la plupart des informations sont classées top secrètes.

Mais pour Leon Panetta, le chef de la CIA, ce qui est certain, c'est que toutes ces dépenses ne pourront pas tenir à terme. "Avec ces déficits, nous allons droit dans le mur", soutient-il.

Depuis le 11 septembre, les Etats-Unis se sont donc construits une véritable forteresse, un monde parallèle en charge de la sécurité du pays. Un monde qui, à force, devient tout simplement incompréhensible... »

La bureaucratie policière de l'URSS en 1989, les innombrables directions et départements du KGB ? Enfoncées !

Les Ricains sont vraiment les plus forts. Ça fait un siècle qu'ils nous le disent, il est temps de leur donner raison.

Et de voir les Etats-Unis crever enfin, comme le vieillard sénile, dément et tyrannique qu'ils sont devenus.

21/08/2011

Egypte : les USA, arroseur arrosé

 

« (...) les USA n’ont cessé, depuis des années, de couvrir l’Egypte d’un flot de dollars : le régime Moubarak, l’armée, les partis politiques, les groupes réformistes et radicaux d’opposition. C’est une tactique bien américaniste, marquée par l’habileté du bœuf qui ratisse large avec sa queue plus qu’avec sa tête, et par la marche parallèle et surtout pas coordonnée du département d’Etat, du Pentagone et de la CIA. Le tout est couronné par les envolées lyriques du président Obama concernant la nécessaire libération du monde arabe, accompagnées d’une politique où la capitulation devant la clique Netanyahou & compagnie est élevée au rang d’un des beaux-arts.

Le résultat est étonnant, après six mois de “révolution” égyptienne réussie, subtilisée, réanimée, bloquée, relancée, – transformée peu à peu en un désordre contenu où aucune des forces ne tient une position décisive, où personne ne peut rien, ni imposer rien de décisif à personne. Dans une telle situation, il est bon de disposer d’un bouc émissaire extérieur, contre lequel, de temps en temps, on peut lancer des cris de ralliement à l’unité nationale, parce que chacune des forces en présence a besoin de se parer de cette vertu-là. L’affaire est expédiée : le bouc émissaire, ce sera les USA, d’autant plus aisément que, parmi les multiples critiques qu’on lance contre eux, un nombre respectables d’entre elles s’avèrent fondées même si celui qui a lancé l’une ou l’autre n’en espérait pas tant. Face à l’Egypte, les USA semblent dotés de multiples bras, chacun ignorant l’autre, chacun avec une politique différente, chacun bien sûr avec une manne d’argent destinée à influencer, corrompre, acheter, le tout enrobé des discours sans fin sur le soutien de la démocratie en Egypte ou sur un danger imminent quelconque, islamiste, iranien ou autre… Mais qui sait où se trouve la démocratie en Egypte ? Alors, les USA arrosent tout le monde.

… Et finalement, personne n’est content, parce que, effectivement, dans cette situation de désordre, l’appel à l’unité nationale retentit périodiquement pour tenter de calmer le jeu, et il ne peut avoir de crédit qu’en s’appuyant d’une façon antagoniste sur la présence d’une force extérieure corruptrice, et cette force extérieure corruptrice ne pouvant être que celle des USA. Le résultat est donc une action multilatérale d’ingérence “friquée”, pas dépourvue de bonnes intentions à côté des habituelles intentions sordides, qui parvient à faire contre elle une unanimité inespérée. Ainsi les USA, qui ont contribué à liquider Moubarak, sont-ils en train de rassembler contre eux les militaires, les Frères Musulmans, les partis dits “démocratiques”, les groupes d’opposition et ainsi de suite (s’il y a suite). C’est toute l’universalité d’ingérence et de corruption de leur politique qui se retourne contre eux, dans un mouvement d’inversion somme toute logique et presque moral. Les USA n’ont, à l’image du Système qu’ils représentent si bien, besoin de personne pour démontrer tout ce que leur politique a de subversif, de corrupteur, et avec quelle maestria, suivant en cela l’inspiration du Système, leur formidable surpuissance s’incurve irrésistiblement en une courbe d’autodestruction. »

Philippe Grasset

11/08/2011

Collapse - L'effondrement

Je remercie @Eisbär, pour m'avoir fait découvrir ce film par un commentaire sur fortune.fdesouche.com.


 

06/08/2011

Humain, trop humain, ou la désignation de l'ennemi

Babel, voilà l'ennemi

 

 

A @Jack Merridew

 

« Tout pouvoir est une conspiration permanente. »

(Honoré de Balzac, Sur Catherine de Médicis, 1830-1842)

 

« Le monde est gouverné par de tout autres personnages que ne se l’imaginent ceux dont l’œil ne plonge pas dans les coulisses. »

(Benjamin Disraeli, Coningsby ou la nouvelle génération, 1844)

 

« Une autre menace (...) se présente à la démocratie libérale. Plus directement liée à l'impact de la technologie, elle implique l'apparition graduelle d'une société plus contrôlée et dirigée. Une telle société serait dominée par une élite dont la prétention au pouvoir politique reposerait sur un savoir-faire scientifique prétendument supérieur. Libre des contraintes de valeurs libérales traditionnelles, cette élite n'hésiterait pas à atteindre ses buts politiques en utilisant les dernières techniques modernes pour influencer le comportement public et garder la société sous étroite surveillance et sous contrôle. »

(Zbigniew Brzezinski, La révolution technétronique, 1970)

 

« Certains des problèmes de gouvernance interne aux Etats-Unis aujourd'hui trouvent leur racine dans un excès de démocratie (...) Un plus haut degré de modération dans la démocratie est (...) nécessaire. »

(Samuel P. Huntington, in La crise de la démocratie, rapport à la Commission Trilatérale, 1975)

 

Longtemps, je me suis demandé par où aborder un sujet dont j'ai prévu de parler depuis des mois et dont un internaute à l'égo surdéveloppé m'a récemment remis en tête l'intérêt : celui qu'on appelle ordinairement, par indifférence ou pour dénigrer indistinctement ses amateurs, le « complotisme ».

Il est en effet difficile de choisir un angle d'attaque pour en parler, non seulement parce qu'il est inutile d'espérer faire le tour d'une question aussi vaste, surtout dans le format d'un blog, mais surtout à cause du caractère délicat de son traitement : à trop grossir le trait critique, on risque de tomber dans la caricature du tout-transparent et, au contraire, à trop ménager ses coups, on s'expose à choir dans la complaisance vis-à-vis d'aberrations sans fin.

De toute manière, les sceptiques absolus trouveront toujours à redire à la moindre modération vis-à-vis des « complotistes » (à leurs yeux, tous des abrutis superstitieux à problèmes psychologiques lourds), comme de leurs thèses, qu'ils jugent uniformément grotesques et paranoïaques, comme si le monde était une eau limpide sous laquelle rien ne se dissimule jamais, pour peu qu'on se donne la peine de chausser les bonnes lunettes.

A l'évidence, il y a dans les tenants de cette vision optimiste une bonne tripotée d'idiots utiles et de larbins et, comme l'a dit Aymeric Chauprade : « Ceux qui font l'histoire officielle, désignent les bons et les méchants, déforment les faits historiques et inventent des fables, ont trouvé un antidote contre les chercheurs de vérités : la théorie du complot. Dès que quelqu'un cherche à comprendre et s'interroge sur les incohérences de l'histoire officielle, on lui accroche autour du cou la pancarte "complotiste". Comme si l'Histoire n'était pas le fait de minorités actives ! »

A l'opposé, les fanatiques de la conspiration à gogo, que le truculent et intelligent internaute auquel je dédie ce billet, grand distributeur de baffes virtuelles sur F.Desouche, a baptisés du doux nom de « débilo-complotistes », justifient pour leur part pleinement toutes les critiques des précédents, tant est grand leur zèle à voir partout la marque du complot : juif, maçonnique, « Nouvel Ordre Mondial », « Illuminati », américain, ecclésiastique, voire extra-terrestre. Eux aussi, de beaux idiots utiles, qui ne s'aperçoivent pas, dans la bulle gratifiante de leur lucidité soi-disant supérieure, qu'ils servent à décrédibiliser les chercheurs de vérités évoqués par Chauprade, à tel point qu'on peut parfois se demander s'il n'y aurait pas, d'abord, un complot... des imbéciles.

Sur un autre sujet, mais on pourrait ici transposer, Lanza del Vasto a écrit : « La conjuration des imbéciles, des charlatans et des Sages a parfaitement réussi. Cette conjuration avait pour objet de cacher la vérité. Les uns et les autres ont servi cette grande cause, chacun selon ses moyens : les imbéciles par le moyen de l'ignorance, les charlatans par le moyen du mensonge, les Sages par le moyen du secret… » (préface au Message retrouvé de Louis Cattiaux).

 

On voit bien, en tout cas, et sans même encore avoir abordé le fond, que le sujet est miné de toutes parts.

Comme souvent, la voie du milieu est probablement la meilleure et quant à moi, faute de nourrir l'ambition surhumaine de découvrir et exposer la vérité universelle (tout le monde ne peut pas être Bernard-Henri Lévy), je me tiens donc à une grille de lecture qui me paraît équilibrée.

Pour le dire tout net, je ne crois pas à l'absence de tous complots, loin de là ; mais je ne pense pas non plus qu'il existe un complot mondial, ni un pouvoir mondial, ni même une ou plusieurs conspirations visant un tel pouvoir.

Pour avoir longtemps fréquenté des groupes humains et en fréquenter encore, je ne leur connais que deux lois constantes : celle de l'apparence et celle de l'entropie.

D'après ce que j'ai pu constater, la nature humaine est ainsi faite que dans un collectif, chacun joue un rôle, qui ne correspond pas à sa véritable nature, ni à ses réelles capacités, ni encore moins à ses vrais pouvoirs. Les interactions très imparfaites qui existent entre les membres d'un groupe sont également, en général assez vite, sujettes à des déperditions d'unité et d'énergie, à la dispersion, au conflit et à l'impuissance.

Pour lier un collectif, il faut bien d'autres éléments que des intérêts communs. C'est pourquoi une unité militaire ou une équipe de rugby, fondées sur l'effort et la camaraderie, c'est-à-dire sur le dévoilement, l'altruisme et la néguentropie, peuvent résister durablement aux inconvénients habituels, alors qu'une hiérarchie politico-économique, un lobby ou même des confréries soi-disant initiatiques à l'américaine, ou encore des franc-maçonneries, sont des coquilles vides destinées à recueillir une somme de désirs individuels ponctuellement réunis par une ambition commune à court terme, et/ou l'illusion d'une telle ambition à travers des rites parodiques et l'auto-conditionnement. Rien de qualitatif là-dedans, que du quantitatif. De l'avoir, pas de l'être.

Tout « pouvoir » humain relève, de toute façon, de la relativité la plus forte et du conditionnement le plus total, si bien qu'un tel pouvoir est éminemment fragile et mortel. A tel point, qu'il faut plaindre ceux qui y croient, bien plus que les haïr : ils sont possédés par leur croyance en lui et s'y accrochent jusqu'au seuil de la tombe, alors qu'il y a belle lurette qu'ils ne profitent plus que du souvenir de son parfum...

Pour ma part, j'ai tendance à voir dans les actions humaines, bien plus souvent de la bêtise, de la folie même, de la maladresse, de l'incompétence, de l'enfer pavé de bonnes intentions ; que de la maîtrise, du machiavélisme, de la puissance et du contrôle.

 

Pour ce qui est, par ailleurs, des théories globales du complot, mon problème, c'est qu'à chaque fois que j'ai été tenté d'y croire, j'ai fini, au fil de mes lectures, soit par les démonter moi-même en recoupant leurs éléments qui ne tenaient pas la route, soit par trouver des infos déjà rassemblées qui les démontaient complètement.

Un premier exemple : à en croire une foule de sites peu soucieux de vérifier leurs sources, David Rockefeller est censé avoir dit des choses très nettes au sujet de sa volonté de voir instaurer un « Nouvel Ordre Mondial »... sauf que, quand on y regarde de plus près et jusqu'à preuve du contraire, ce vieux salopard n'a rien dit de tel. Je pense qu'il est tellement honni de tout un tas de braves gens bien intentionnés, qu'ils ont fini par lui inventer des citations qui collaient mieux à leurs convictions.

Evidemment, aux yeux des « débilo-complotistes », aucun argument de ce genre ne trouvera jamais grâce. Au contraire, l'absence de preuve leur paraîtra démontrer, de plus fort, l'existence d'un complot global (qui comprend nécessairement le fait de cacher les preuves, évidemment ; joli échafaudage de vide sur du vide, entremêlé à une réalité toujours trop prosaïque pour leur soif d'absolu, si bien qu'ils la décrédibilisent, voire permettent de la nier par amalgame...).

Pourtant, ce que je dis ne revient absolument pas à nier l'existence d'oligarchies, ni de plans ou complots divers à travers l'Histoire. Mais comment faire comprendre la nuance ? Il y a à la fois la connerie humaine, le défaut de maîtrise, tout le baratin pseudo-volontariste des manipulateurs et des agitateurs, et de temps en temps, entre deux foirages, un truc qui marche, et même brillamment, souvent à travers des administrations opaques comme le KGB ou la CIA, mais aussi des conglomérats financiers et militaro-industriels, des sociétés discrètes à défaut d'être secrètes, des mafias... Souvent, ces structures s'interpénètrent les unes les autres, utilisent des techniques de manipulation des foules (sans parler de recherches, médicales mais aussi technologiques, plus ou moins confidentielles, relevant au départ des militaires et/ou des services de renseignement et de contre-espionnage, il suffit de pister les stratégies médiatiques du capital, à travers le contrôle financier des grands moyens de communication et le marketing, pour se représenter la panoplie de moyens dont disposent les oligarchies) et poursuivent des plans à moyen, voire long terme.

 

Je vais prendre un autre exemple. Marchant sur les brisées des grands propagateurs de mythologies plus ou moins bouffonnes depuis deux siècles (l'abbé Barruel, Mgr Delassus, John Robison, le Marquis de la Franquerie, Nesta Webster, William Carr, Serge Monast, David Icke, Anton Parks, Jacques Delacroix, etc., etc.), le fameux Fritz Springmeier, soi-disant ex- « prisonnier politique » aux Etats-Unis, affirme que, depuis des millénaires, de puissantes dynasties, qu'il appelle des « lignées de sang », constituées, pour l'essentiel, de treize branches et qu'il appelle les « Illuminati », poursuivent un plan de domination mondiale ; ou, plus exactement, qu'elles dominent le monde à travers les âges.

Ces
« Illuminati » seraient dépositaires d'une panoplie complète d'anciens pouvoirs magiques (pardon, de centaines de traditions perdues, d'anciennes religions - vous savez, ces trucs obscurantistes d'avant l'unique et salvatrice Lumière monothéiste) et contrôleraient une gigantesque pyramide de sociétés plus ou moins secrètes, fonctionnant en réseaux, depuis des petites caves de sorciers satanistes perdues dans les campagnes américaines, voisinant avec à peu près toutes les loges maçonniques connues, jusqu'à un pyramidion où seraient concentrés tous les pouvoirs, en passant par les redoutables Skull and Bones, le CFR et la Commission Trilatérale.

Ils agiraient, de nos jours, à travers les familles Astor, Bundy, Collins, Dupont, Freeman, Kennedy, Li, Onassis, Reynolds, Rockefeller, Rothschild, Russell et Van Duyn. Vous ne trouvez pas que ça tombe bien ? Pas de prolos chez les puissants, et on colle à certaines oligarchies industrielles et financières, ce qui permet de justifier la mythologie en la mêlant à des faits réels, par-ci, par-là, pour crédibiliser tout et n'importe quoi... Comme l'écrivait Paul Valéry, « le mélange de vrai et de faux est énormément plus toxique que le faux pur ». En plus, Springmeier est tellement fortiche qu'il vous dégote, comme un rien, toute la généalogie d'un George Bush depuis les Babyloniens, en passant par la famille royale d'Angleterre (je caricature, mais si peu...). Et il se trouve des gens pour gober ça...

Trève de plaisanteries. Derrière ces fables pour demeurés en mal de gratification égotique (bah oui, quand on comprend subitement tout, on cesse d'être ordinaire pour devenir un initié, un être supérieur mais incompris, tentant désespérément d'avertir ses semblables de l'incroyable et terrible menace que font peser sur l'humanité des sociopathes sans foi ni loi, qu'on est seul ou presque à avoir démasqués), se trahissent, au premier examen un peu sérieux, des aberrations théoriques lamentables.

Springmeier soutient qu'après la deuxième guerre mondiale, on a retrouvé sous 80 % des édifices religieux européens endommagés par les bombardements, des traces d'anciens temples païens. Cela prouverait, selon lui, que les « Illuminati » ont toujours été à l'oeuvre dans l'Histoire et que des « cultes sataniques » se sont dissimulés dans les églises catholiques, dont les prêtres trempaient en général dans la combine.

N'importe quel connaisseur, même très superficiel, du paganisme européen, sera pris d'un fou rire inextinguible à la lecture de ces déductions de charlatan, sornettes pour adeptes des sectes protestantes américaines les plus fondamentalistes. Sans parler de quiconque a un minimum étudié l'histoire de l'Eglise catholique.

 

Mais Springmeier, tout en incarnant un degré supplémentaire de la fumisterie des « débilo-complotistes », ne fait, je le répète, que marcher sur les brisées d'autres mythologues de l'illuminisme, qui ont quasiment tous en commun de voir le Diable partout. Et pour cause, puisqu'il s'agit quasiment toujours de catholiques « intégristes » ou de protestants fondamentalistes.

Par rapport au « paganisme » (terme péjoratif forgé par la Chrétienté), le monothéisme d'origine hébraïque a en effet inventé Satan. Et, l'ayant inventé, il fallait bien en faire quelque chose. A commencer par lui amalgamer toutes les autres religions antérieures. Païen = satanique. Comme si les « Païens » avaient été des pédomanes et des adorateurs du Mal... De là à ce que des Chrétiens moins intelligents que d'autres le systématisent dans leur représentation d'un monde dominé par les notions de faute, de péché et de culpabilité, jusqu'à en faire une entité concrète, il n'y avait qu'un pas, aussitôt franchi.

Si bien que certains, aujourd'hui, traquent ses manifestations à travers les perversions évidentes de certaines élites et, par ailleurs encouragés par des inversions théologiques plus ou moins folkloriques, échafaudent ce genre de théories explicatives globales.

On peut y voir une des manifestations de la déspiritualisation moderne, en pleine production de parodies de la spiritualité perdue, recréant, comme le dit Massimo Introvigne (un Chrétien intelligent, lui), des religions de substitution.

Néanmoins, je le redis, ces foutaises font un tort considérable aux chercheurs sincères.

Sur une foule de sujets dont il est déjà difficile de discuter sereinement compte tenu de la chape de plomb médiatique et du terrorisme intellectuel, comme les oligarchies, la mondialisation, le populisme, l'immigration, l'islam, le libéralisme, le marxisme, le communisme, le terrorisme, la manipulation des foules, le 11 septembre 2001, les causes de la deuxième guerre mondiale, etc., la confusion mentale et les superstitions mystico-paranoïaques qui règnent chez certains, ne font que discréditer des vérités mêlées à leurs délires ; vérités, seules défendues par d'autres qui, eux, vérifient leurs sources et tentent d'y voir clair sans recourir à la pataphysique.

Là, comme dans d'autres domaines de la réflexion et de l'action, il est urgent que les théoriciens de la dissidence rappellent à leurs disciples potentiels quelques règles élémentaires de rigueur et d'honnêteté intellectuelles.

On ne lutte pas efficacement contre les plans et les outils bien réels, et parfois dissimulés, des acteurs majeurs du « Système » (sphères de pouvoirs financières, industrielles, politiques, médiatiques, avec tous leurs bras armés, parfois officiels, d'autres fois secrets ou déguisés), en prenant des vessies pour des lanternes ou, pour être plus précis, en prenant des gens ordinaires, certes dotés de positions économiques et/ou sociales importantes, comme de pouvoirs matériels parfois considérables, et évoluant dans des cercles relationnels amplifiant leurs possibilités de nuisance, pour de puissants sorciers appartenant à de fabuleuses sociétés secrètes, détentrices de secrets magiques opératifs, tout cela étant aussi grotesque qu'imaginaire.

Plus sûrement encore que de le sous-estimer, surestimer l'ennemi rend incapable de le combattre.

Peut-être serait-ce là, d'ailleurs, le but de l'existence des mythes « débilo-complotistes », s'il y avait, derrière leur propagation, autre chose que la malhonnêteté de leurs créateurs et la crédulité de leurs adeptes... Allez savoir.

28/10/2010

Quand Zbigniew Brzezinski reconnaissait qu' "il n'y a pas d'islamisme global"

 

Au risque de passer, à leurs yeux myopes, pour un défenseur de "l'islamisme", ce que je ne suis pas du tout, j'ai été repêcher à l'intention des quelques indécrottables qui s'imaginent que le monde tourne autour de l'opposition entre le gentil Occident et le méchant Islam, une vieille interviouve du mentor néolibéral d'Obama, Brzezinski, l'auteur du fameux "Grand échiquier".

On notera que le bonhomme avoue par ailleurs que les Etats-Unis ont poussé l'URSS à la guerre en Afghanistan. Détail...

C'était dans le Nouvel Observateur du 15 janvier 1998 :

« Oui, la CIA est entrée en Afghanistan avant les Russes... »

Le Nouvel Observateur. – L’ancien directeur de la CIA Robert Gates l’affirme dans ses Mémoires (1) : les services secrets américains ont commencé à aider les moudjahidine afghans six mois avant l’intervention soviétique. A l’époque, vous étiez le conseiller du président Carter pour les affaires de sécurité ; vous avez donc joué un rôle clé dans cette affaire. Vous confirmez ?

Zbigniew Brzezinski (2). – Oui. Selon la version officielle de l’histoire, l’aide de la CIA aux moudjahidine a débuté courant 1980, c’est-à-dire après que l’armée soviétique eut envahi l’Afghanistan, le 24 décembre 1979. Mais la réalité, gardée secrète jusqu’à présent, est tout autre : c’est en effet le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l’assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul. Et ce jour-là, j’ai écrit une note au président dans laquelle je lui expliquais qu’à mon avis cette aide allait entraîner une intervention militaire des Soviétiques.

N. O. – Malgré ce risque, vous étiez partisan de cette « covert action » [opération clandestine]. Mais peut-être même souhaitiez-vous cette entrée en guerre des Soviétiques et cherchiez-vous à la provoquer ?

Z. Brzezinski. – Ce n’est pas tout à fait cela. Nous n’avons pas poussé les Russes à intervenir, mais nous avons sciemment augmenté la probabilité qu’ils le fassent.

N. O. – Lorsque les Soviétiques ont justifié leur intervention en affirmant qu’ils entendaient lutter contre une ingérence secrète des Etats-Unis en Afghanistan, personne ne les a crus. Pourtant, il y avait un fond de vérité... Vous ne regrettez rien aujourd’hui ?

Z. Brzezinski. – Regretter quoi ? Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d’attirer les Russes dans le piège afghan et vous voulez que je le regrette ? Le jour où les Soviétiques ont officiellement franchi la frontière, j’ai écrit au président Carter, en substance : « Nous avons maintenant l’occasion de donner à l’URSS sa guerre du Vietnam. » De fait, Moscou a dû mener pendant presque dix ans une guerre insupportable pour le régime, un conflit qui a entraîné la démoralisation et finalement l’éclatement de l’empire soviétique.

N. O. – Vous ne regrettez pas non plus d’avoir favorisé l’intégrisme islamiste, d’avoir donné des armes, des conseils à de futurs terroristes ?

Z. Brzezinski. – Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide ?

N. O. – « Quelques excités » ? Mais on le dit et on le répète : le fondamentalisme islamique représente aujourd’hui une menace mondiale…

Z. Brzezinski. – Sottises ! Il faudrait, dit-on, que l’Occident ait une politique globale à l’égard de l’islamisme. C’est stupide : il n’y a pas d’islamisme global. Regardons l’islam de manière rationnelle et non démagogique ou émotionnelle. C’est la première religion du monde avec 1,5 milliard de fidèles. Mais qu’y a-t-il de commun entre l’Arabie Saoudite fondamentaliste, le Maroc modéré, le Pakistan militariste, l’Egypte pro-occidentale ou l’Asie centrale sécularisée ? Rien de plus que ce qui unit les pays de la chrétienté...

Propos recueillis par Vincent Jauvert

(1) « From the Shadows », par Robert Gates, Simon and Schuster.

(2) Zbigniew Brzezinski vient de publier « le Grand Echiquier », Bayard Editions.

 

Brzezinski s'inquiète aujourd'hui officiellement de "l'éveil politique des masses" (ne prêtez pas attention à la présentation "conspi" de la vidéo à laquelle mène ce lien, seul le film a de l'importance).

Avec l'approfondissement de la crise, il est à espérer que cet éveil se concrétise par l'éjection de ce salopard et de ses semblables.

En attendant, ces jours-ci, Oussama Ben Laden, dont plus personne n’a la moindre preuve d’existence depuis des années, nous menacerait soi-disant des pires maux si nous ne quittions pas l’Afghanistan (où nous n’avons aucun intérêt à rester, sauf celui des USA).

"La France authentifie le message de Ben Laden" (ou plutôt, s’empresse de le faire, en bon toutou qu'elle est des Etats-Unis - il faut dire que notre Prézydent pourrait avoir quelques accointances avec eux) et l’ex-maoïste Kouchner, devenu néo-con(servateur), de japper que ces menaces sont "inacceptables".

Or, on sait que "Al Qaïda n’existe plus", selon un ex-chef de la DGSE.

Sans oublier que, même pour l'Histoire officielle, la CIA est pour beaucoup dans la création d’Al Qaïda et l’émergence de Ben Laden, et qu’elle a déjà fait diffuser de fausses vidéos de celui-ci.

Traduction : l’Oncle Sam a encore besoin de nous en Afghanistan, mais notre opinion publique est contre ; donc, l’Oncle Sam (voire le Quai d’Orsay aux ordres) bidouille un message radio de l’autre barbu pour que le brave pékin s’indigne et dise : “puisque c’est comme ça, on va y rester, sale con de barbu !”.

Se faire avoir encore par des manipulations si grossières, ce serait être incurable.