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21/08/2011

Egypte : les USA, arroseur arrosé

 

« (...) les USA n’ont cessé, depuis des années, de couvrir l’Egypte d’un flot de dollars : le régime Moubarak, l’armée, les partis politiques, les groupes réformistes et radicaux d’opposition. C’est une tactique bien américaniste, marquée par l’habileté du bœuf qui ratisse large avec sa queue plus qu’avec sa tête, et par la marche parallèle et surtout pas coordonnée du département d’Etat, du Pentagone et de la CIA. Le tout est couronné par les envolées lyriques du président Obama concernant la nécessaire libération du monde arabe, accompagnées d’une politique où la capitulation devant la clique Netanyahou & compagnie est élevée au rang d’un des beaux-arts.

Le résultat est étonnant, après six mois de “révolution” égyptienne réussie, subtilisée, réanimée, bloquée, relancée, – transformée peu à peu en un désordre contenu où aucune des forces ne tient une position décisive, où personne ne peut rien, ni imposer rien de décisif à personne. Dans une telle situation, il est bon de disposer d’un bouc émissaire extérieur, contre lequel, de temps en temps, on peut lancer des cris de ralliement à l’unité nationale, parce que chacune des forces en présence a besoin de se parer de cette vertu-là. L’affaire est expédiée : le bouc émissaire, ce sera les USA, d’autant plus aisément que, parmi les multiples critiques qu’on lance contre eux, un nombre respectables d’entre elles s’avèrent fondées même si celui qui a lancé l’une ou l’autre n’en espérait pas tant. Face à l’Egypte, les USA semblent dotés de multiples bras, chacun ignorant l’autre, chacun avec une politique différente, chacun bien sûr avec une manne d’argent destinée à influencer, corrompre, acheter, le tout enrobé des discours sans fin sur le soutien de la démocratie en Egypte ou sur un danger imminent quelconque, islamiste, iranien ou autre… Mais qui sait où se trouve la démocratie en Egypte ? Alors, les USA arrosent tout le monde.

… Et finalement, personne n’est content, parce que, effectivement, dans cette situation de désordre, l’appel à l’unité nationale retentit périodiquement pour tenter de calmer le jeu, et il ne peut avoir de crédit qu’en s’appuyant d’une façon antagoniste sur la présence d’une force extérieure corruptrice, et cette force extérieure corruptrice ne pouvant être que celle des USA. Le résultat est donc une action multilatérale d’ingérence “friquée”, pas dépourvue de bonnes intentions à côté des habituelles intentions sordides, qui parvient à faire contre elle une unanimité inespérée. Ainsi les USA, qui ont contribué à liquider Moubarak, sont-ils en train de rassembler contre eux les militaires, les Frères Musulmans, les partis dits “démocratiques”, les groupes d’opposition et ainsi de suite (s’il y a suite). C’est toute l’universalité d’ingérence et de corruption de leur politique qui se retourne contre eux, dans un mouvement d’inversion somme toute logique et presque moral. Les USA n’ont, à l’image du Système qu’ils représentent si bien, besoin de personne pour démontrer tout ce que leur politique a de subversif, de corrupteur, et avec quelle maestria, suivant en cela l’inspiration du Système, leur formidable surpuissance s’incurve irrésistiblement en une courbe d’autodestruction. »

Philippe Grasset

12/07/2011

Deux chiffres et un éclat de rire

Obama, le nouvel espoir (2008)

 

Premier chiffre : 4.000 milliards de dollars.

C'est le montant des économies que Barack Obama avait proposé de faire, en dix ans (!), pour réduire, non pas la dette publique américaine, mais juste le déficit fédéral. A noter que les Républicains, pourtant réputés plus économes (vous savez, moins keynésiens, et blablabla...), ont rejeté cette idée, pour ne pas avoir à augmenter les impôts.

Deuxième chiffre : 400 milliards de dollars.

Ça, c'est environ le montant annuel des intérêts de la dette publique américaine, depuis 2005 (quand je dis annuel, il faut savoir que l'année fiscale, aux USA, commence le 1er octobre et se termine le 30 septembre).

On voit tout de suite que les économies proposées par le messie métisso-planétaire, correspondent grosso modo à dix ans d'intérêts de la dette. Et encore, même pas, si on en croit un article de CNN remontant à fin 2009 et, plus récemment, le chiffre publié par le Département américain du Trésor : 386 milliards de dollars d'intérêts au 30 juin 2011 (les 400 milliards seront donc allègrement dépassés le 30 septembre et, à ce rythme, on sera peut-être même à plus de 500).

Donc, qu'a proposé le très impuissant président des Etats-Unis d'Amérique, qui n'a même pas été accepté par les Républicains car jugé excessif ? De réaliser des économies... inférieures au seul coût de la dette.

Immense éclat de rire !

La fuite en avant dans l'endettement est devenue tellement surréaliste, les montants sont tellement énormes et les remèdes proposés, tellement insuffisants et grotesques, que je ne sais vraiment pas jusqu'où on ira dans l'absurdité.

Tous les matins, je me réveille éberlué.

Surtout, du fait qu'il reste encore des gens pour croire à toutes ces fariboles ou, en tout cas, ne pas rêver à la hache ou au gibet en passant devant l'agence bancaire de leur quartier.