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21/06/2011

"Les Français, le protectionnisme et le libre-échange", conférence de presse du 16 juin 2011 : les vidéos

Cette conférence de presse réunissait, à la suite du sondage commandé par l'association "Manifeste pour un débat sur le libre-échange", plusieurs économistes et universitaires, dont Hervé Juvin, Emmanuel Todd, Jean-Luc Gréau et Jacques Sapir.

Le site protectionnisme.eu a mis en ligne les vidéos de l'événement, dont ce blog présente par ailleurs d'intéressants commentaires. Voilà donc ces vidéos :

 

Présentation du sondage par l'IFOP

 

Interventions de Philippe Murer, Hervé Juvin et Jean-Luc Gréau

 

Interventions d'Emmanuel Todd et Jacques Sapir

 

Questions de la salle

 

Questions de la salle (suite)

20/06/2011

Jean-Michel Quatrepoint sur l'économie mondiale

 

Il est bon, parfois, de rappeler quelques évidences.

C'est ce qu'a fait le journaliste économique Jean-Michel Quatrepoint lors d'un entretien accordé à Jean-Paul Baquiast, bien connu des lecteurs de Philippe Grasset. Extrait :

« Ce à quoi on assiste est un gigantesque transfert de richesse. Il découle d'un pacte tacite entre le parti communiste chinois, Wall Street et les multinationales, fonctionnant pour le plus grand profit de ses membres. Pour schématiser, les multinationales ont délocalisé leurs activités en Chine (et accessoirement dans d'autres pays à bas coûts de main d'oeuvre), le parti communiste chinois a empoché les recettes et accumulé les réserves. Ceci a permis l'apparition d'une classe moyenne en Chine et dans certains pays émergents, couronnée par une couche de milliardaires.

Les super-riches des pays occidentaux se sont de leur côté hyper-enrichis, parce que les revenus des multinationales ont explosé et qu'ils s'en sont réservé la plus grande part. Leurs profits sont eux-aussi délocalisés là où il n'y a pas d'impôts. Ils sont gagnants sur tous les plans. Les membres de ce pacte font d'énormes bénéfices et la grande crise des années 2008 ne les a pas finalement affectés.

Mais il faut bien que certains payent. Ceux qui le font sont les classes moyennes des pays occidentaux. Il en résulte un transfert de richesse vers les classes moyennes des pays émergents et une caste de ce que l'on aurait appelé au 20e siècle des ploutocrates. Ceux-ci ne représentent que quelques millions de personnes, mais leurs revenus sont astronomiquement élevés au regard de ceux des classes moyennes occidentales. La paupérisation de ces dernières s'accélère, On a masqué le phénomène, dans la fin des années 90 jusqu'aux années 2000, avec les possibilités de crédit qui leur avaient été ouvertes, notamment aux Etats-Unis, en Grande Bretagne et en Espagne. Mais maintenant il n'y a plus de crédit, il n'y a plus de bulles. Le roi est nu.

Les emprunteurs privés ne pouvant plus rembourser leurs dettes, il a fallu transférer les dettes privées sur les dettes publiques. Celles-ci à leur tour sont saturées, partout. Il n'est donc plus possible de créer d'emplois. Aux Etats Unis par exemple les multinationales entre 1990 et 2010 n'ont pas créé un seul emploi industriel sur le sol national. Les seuls emplois créés l'ont été dans les services privés non soumis à la concurrence internationale, par exemple dans les collectivités territoriales. Il s'agit d'emplois sous-payés, sous qualifiés, supportés finalement par les collectivités publiques autrement dit par les contribuables ne pouvant échapper à l'impôt. Or en ce cas, devenu la règle, c'est l'inexistence de la création d'emplois productifs qui crée les déficits publics.

La grande question se posant à nos pays est en effet de savoir comment générer des emplois productifs. Aux Etats-Unis, on refuse de faire encore le lien entre déficit commercial (importations) et chômage élevé. Les Républicains et même certains Démocrates ont refusé d'encourager un protectionnisme industriel susceptible de créer de l'emploi. Au lieu de cela, ils veulent plus que jamais pratiquer l'ultralibéralisme.

Cela tient au fait que les lobbies qui gouvernent le système, les agences de notation, Wall Street, les représentants des entreprises chinoises, n'ont aucun intérêt à voir taxer les importations chinoises et financer des activités concurrentes sur le sol américain. Les Chinois ont maintenant suffisamment d'argent pour racheter l'Amérique. Ce sera leur revanche sur deux siècles d'humiliation. Ils le font discrètement encore mais d'une façon inexorable. Ils prennent des participations dans des firmes phares de divers secteurs stratégiques, achetant par la corruption l'accord des personnels politiques américains heureux de voir ce type d'acquisitions recréer chez eux un peu d'activité.

Or ce qui dorénavant est bon pour General Motors n'est plus bon pour l'Amérique. Il en est de même chez nous. L'avenir des multinationales n'est plus dans leurs pays d'origine. Leur croissance se fait dans et sur les pays émergents. »

Pour lire l'article entier sur le blog Automates Intelligents, cliquez ici.

16/06/2011

Lame de fond

Encore un sondage... Je sais, ce n'est que cela.

Mais tout de même. Après nous avoir appris que 65 % des titulaires d'une carte d'identité française (N.B. : si vous déduisez de la population nationale un quart d'allogènes et si vous majorez donc d'autant le taux obtenu, il s'avère qu'il s'agit d'environ 80 % des Français de souche européenne) estiment qu'il y a trop d'étrangers (traduisez : d'allogènes) en France et qu'on ne se sent en sécurité nulle part, le procédé, tout contestable qu'il soit, vient de nouveau narguer la classe politique installée.

78 % des sondés se disent "révoltés" (48 %) ou "résignés" (30 %) par "la situation économique et sociale actuelle de la France" :

84 % pointent l'impact "négatif" du libre-échange mondialisé sur l'emploi, 78 % sur le niveau des salaires et 73 % sur les déficits publics :

La lucidité des personnes interrogées ne se dément pas beaucoup dans le détail, dans la mesure où, en ce qui concerne les PME, la sécurité et la qualité des produits distribués, les salariés français, l'environnement et la planète, 68 à 73 % déclarent que l'ouverture des frontières de la France et de l'Europe est "une mauvaise chose".

A 75 %, elles pensent également que cette ouverture "aura globalement des effets négatifs sur l'emploi en France" dans la décennie à venir.

65 % sont en faveur d'une augmentation des taxes sur les importations en provenance de Chine et d'Inde, et 80 % estiment qu'elle doit se faire aux frontières de l'Europe (et néanmoins 57 % aux frontières de la France, si les autres pays européens rejetaient une mesure commune).

Jacques Sapir estime « que l’on peut parler d’une prise de conscience massive, dépassant les cadres des partis politiques, et exprimées par quasiment la totalité des couches de la société. (...) Les catégories sociales où le sentiment de révolte prédomine sont les ouvriers (64%), suivis des artisans et petits commerçants (55%) et des employés (52%). Le sentiment de révolte est le plus faible pour les professions libérales et cadres supérieurs, mais il atteint néanmoins 36%. (...) il se trouve une écrasante majorité de français pour considérer que l’ouverture de l’économie a eu des conséquences néfastes. Très clairement, la "mondialisation heureuse" n’existe que dans certains journaux ou sous certaines plumes.

Les électeurs de l’UMP et du PS soutiennent quant à eux de manière importante le principe d’une politique unilatérale (58% et 56%) en dépit des positions proEuropéennes de ces deux partis. Comme on peut s’y attendre, ces positions sont plébiscitées par les personnes qui sont proches du Front de Gauche et du Front National (73% dans les deux cas). Mais, ces résultats s’inscrivent dans une tendance générale. Les chiffres du Front de Gauche et du Front National indiquent qu’ils sont plus dans une position d’influence sur la gauche et la droite modérée que dans une position d’opposition. Les résultats par catégories socioprofessionnelles confirment ce jugement. Si on retrouve 60% d’ouvriers pour considérer que la France devrait appliquer des droits de douane à ses frontières en cas de refus ou d’échec d’une solution concertée européenne, les pourcentages des artisans et petits commerçants (63%), celui des employés (57%), mais aussi – ô surprise – ceux des cadres supérieurs et professions libérales (56%) ne sont guère différents.

Il y a donc une contradiction évidente entre l’électorat et les principaux partis (PS et UMP) sur la question européenne. Par contre, le Front de Gauche et le Front National apparaissent comme bien plus en cohérence avec leurs électeurs. N’en doutons pas : si un référendum devait être organisé demain sur une telle question, il aboutirait au même désaveu de la classe politique, et des grands médias, que celui de 2005. (...)

On observe un résultat analogue quant aux conséquences du libre-échange sur le niveau des salaires.Un jugement très négatif est partagé à égalité par les anciens électeurs de Ségolène Royal et de Jean-Marie Le Pen (89%) et ne tombe qu’à 72% avec les électeurs de Nicolas Sarkozy. Les sympathisants du MODEM sont certes les moins convaincus (encore que le pourcentage soit de 72%), mais il est de plus de 80% pour tous les partis de gauche et les Verts et de 86% pour le Front National.

Enfin, l’impact sur les salariés français de l’ouverture est lui aussi jugé négativement à une très large majorité par les sympathisants de tous les partis et pas les personnes ayant voté pour les cinq candidats pour lesquels les résultats ont été comptabilisés.

Jamais la divergence entre le discours des états-majors ou des futurs candidats des partis centraux de l’échiquier politique français (PS et UMP) et leurs électeurs n’aura été aussi grande que sur la question des conséquences de la mondialisation. (...)

Le principal problème vient de la divergence entre les positions politiques affirmées du PS et de l’UMP et le positionnement de leurs électeurs. La contradiction, on l’a déjà dit, est patente et massive. Elle se renforce du fait que 64% des personnes interrogées pensent que la question du protectionnisme devrait être un sujet important lors de la prochaine élection présidentielle. Ils ne sont à l’inverse que 23% à penser que cette question n’est pas vraiment importante et seulement 5% à considérer que l’ouverture économique ne constitue pas un sujet.

Or, sur ce point, les positions des deux grands partis français sont pour le moins sujettes à caution. Si, à l’UMP, Nicolas Sarkozy avait fait durant sa campagne électorale quelques déclarations laissant à penser qu’il était en faveur d’un certain protectionnisme, elles n’ont pas été suivies d’effets. Au PS on balance entre une référence à des "écluses", voire des droits de douanes (mais uniquement contre des pays ne respectant pas les normes internationales en matière sociale, sanitaire et environnementale) et les déclarations récentes de l’un des candidats potentiels, François Hollande, qui a exclu tout recours au protectionnisme. On constate donc qu’aujourd’hui, tant la pratique des uns que le discours des autres sont à l’opposé de ce que réclament les Français.

Une telle divergence est suicidaire. Elle l’est pour chacun de ces partis qui prend le risque de passer à côté d’un thème majeur de la future campagne électorale, et ainsi de favoriser les partis qui, eux, sont beaucoup plus en phase avec l’opinion des Français, et en particulier le Front de Gauche et le Front National. Mais, cette divergence est aussi, et même avant tout, suicidaire pour la classe politique et pour la démocratie. Elle contribue à asseoir dans l’opinion l’idée que la classe politique, du moins pour ce qui concerne les "grands partis" a des intérêts et des préoccupations radicalement différents de ceux de la population. La vague populiste qui monte dans notre pays comme dans de nombreux pays d’Europe y trouvera certainement un aliment important, et peut-être même décisif dans les mois qui viennent. »

Pour ce qui est du Front de Gauche, l'internationalisme immigrationniste de ce parti m'interdit de partager l'opinion de M. Sapir qui, aussi respectables et pertinentes que soient ses analyses économiques, n'a toujours pas intégré la question de l'identité, qui est fondamentale et ne saurait se résumer à la détention d'une carte d'identité, ni même à une relative adhésion aux lois et coutumes françaises.

J'en ai d'ailleurs presque autant au service du Front National, anti-immigrationniste mais assimilationniste et donc, lui aussi, négateur, même à un moindre degré, du caractère profondément ethnique des composantes de la population française, nécessairement "de souche".

Une chose est sure : l'autisme de nos dirigeants n'a d'égal que la lucidité des Français, qui croît à mesure que la situation se dégrade.

Pour le moment, le seuil de la douleur n'est atteint (et encore, de manière souvent relative : comparez les critères de la pauvreté au XIXe siècle au "seuil de pauvreté" actuel, et vous verrez) que par une partie des classes populaires et des classes moyennes dites "inférieures" ; c'est-à-dire, par des gens qui n'ont pas les moyens de peser sur les orientations politiques et qui sont, par ailleurs, les plus sensibles à l'achat de la paix sociale par un Etat-providence encore pourvu des capacités de financer celle-ci, ainsi qu'au maintien en laisse du lumpenproletariat immigré délinquant, destiné à museler toute autre velléité de révolte.

Tout est une question de degré, ou "nécessité fait loi", comme vous voudrez.

A terme, il n'y a que deux solutions.

Un, la classe dirigeante se plie à la volonté populaire. Mais le référendum de 2005, bafoué dès 2007, a prouvé que les élections ne sont que la façade d'une partitocratie oligarchique évoluant d'un totalitarisme "soft" vers un totalitarisme "hard" (voir aussi le paternalisme ambiant et les atteintes croissantes aux libertés, en matière de sécurité et de santé publique : "radarisation" forcenée des routes, pour cacher l'explosion des atteintes aux personnes et aux biens par nos "chances pour la France" ; lois HADOPI et LOPPSI, lois sur le tabac, campagnes de vaccinations et d'alimentation...). Je ne pense donc pas que la comportement de nos "élites" changera.

Deux, lorsque les conséquences de la crise seront trop difficiles à supporter par une proportion suffisamment influente de la population (les chiffres montrent que les classes moyennes dites "supérieures" commencent à prendre également conscience de la destruction de leurs intérêts) et que les oligarchies ne disposeront plus, du fait de l'effondrement du monde anglo-saxon et, partant, de celui de sa périphérie européenne, ni de l'amortisseur social "allocations", ni de l'appui acheté du lumpenproletariat immigré délinquant, ces oligarchies seront balayées.

La lame de fond est en train de naître dans les têtes.

Elle s'incarnera en une révolution, plus ou moins pacifique, plus ou moins brutale, suivant que ses acteurs se heurteront, ou non, à une résistance plus ou moins grande.

11/06/2011

« Debtocracy »

Pour bénéficier de sous-titres en français, cliquez sur le bouton "CC" en haut à droite, puis sur "FR".

 

Plus d'informations ici.

07/06/2011

"To see or not to see", telle est la question

"L’effondrement du Système est en cours, là, maintenant, sous nos yeux. Simplement, il s’effectue d’une façon subreptice, sans solliciter précisément notre attention d’une façon descriptive. Cet effondrement ne semble pas appelé à provoquer un vacarme extraordinaire, sinon d’une façon très indirecte, par enchaînements complexes. Au contraire, le vacarme est une donnée qui trouble la perception et l’exacte mesure des événements. Par exemple, nous sommes conduit à estimer que l’importance de la déstructuration “silencieuse” de la Fed est plus grande que celle de l’effondrement de Wall Street du 15 septembre 2008 ; ou bien, la chose vue différemment, que l’effondrement 9/15 est plus important parce qu’il entraîne en effets indirects la déstructuration de la Fed (toutes les mesures de “transparence” de la Fed viennent effectivement des remous soulevés par 9/15) que par les circonstances mêmes de l’effondrement, y compris les circonstances de la crise financière et de la crise économique malgré toutes les injustices, les souffrances, etc."

Philippe Grasset

04/06/2011

Exister, c'est consommer

31/05/2011

Fukushima : 3000 milliards de doses létales dans la nature

William Blake, Les voleurs et les serpents (illustration pour L'enfer de Dante, 1824-1827)

 

« Sans attendre les dix ans que prendront le prochain rapport de l’Onu, l’AIPRI [Association Internationale pour la Protection contre les Rayons Ionisants] anticipe son second inventaire des produits de fission et d’activation des 6 réacteurs de Fukushima d’une puissance globale de 4696 Mwé. L’AIPRI, rappelant que quasiment tous les carburants "actifs" et "éteints" sont là en probable fusion, considère qu’au moins 8 tonnes de matière ont été fissionnées à Fukushima dans les 577 tonnes de combustible utilisées. Ceci signifie qu’au moins 13,8 kg de matière ont été fissionnés par tonne de carburant pour un burnup putatif moyen d’environ 13 GwJ/t. Dans cette hypothèse, les 6 cœurs "actifs" de Fukushima contiennent des produits de fission et d’activation engendrés par les explosions atomiques atmosphériques de fission. Fukushima, en outre, dispose de 3 fois plus de carburant que Tchernobyl et 4 fois plus de produits de fission. Si l’on tient maintenant compte de l’ensemble "coeurs" (577 tonnes) + le carburant "éteint" (2800 tonnes), Fukushima c’est 8 fois plus de produits de fission et d’activation que l’ensemble des essais atmosphériques de fission et 39 fois plus que Tchernobyl. En terme de doses létales potentielles par inhalation (multiplier les Bq de chaque élément par le facteur de dose et diviser le tout par 5), calculées avec les facteurs de doses OFFICIELS les plus bas fournis par l’AIEA, celles-ci correspondent au chiffre apocalyptique de plus de 3000 milliards de doses létales potentielles, dont un pourcentage indéfini est déjà équitablement réparti dans l’hémisphère nord. Sachant cela, et très inquiète pour la santé des élites dont aucun garde du corps ne sait hélas protéger les poumons, l’AIPRI lance un appel pour résoudre cette question stochastique. Combien de banquiers, savants, politiciens, propagandistes nucléaristes de tout poil subiront-ils un cancer radiologique induit avant dix ans ? »

Source : AIPRI

 

30/05/2011

La révolution des Bisounours

Depuis quelques jours, nous sommes censés être sagement entrés dans l'ère néo-post-soixante-huitarde.

"Néo-post" ? Bah oui, faut dire qu'un héritage pareil, ça ne s'oublie pas, surtout quand il reste tant d'affectueux papys et mamies pour nous en vanter les mérites.

Dans le prolongement des révoltes arabes et du mouvement des "Indignados" espagnols, c'est la "French Revolution" qu'on nous vante désormais, aussi française que son nom l'indique, aussi méditée et stratégique qu'une "black op' " de la CIA, aussi réfléchie qu'un moment de "séduction" de DSK, aussi pensée que le programme électoral de Ségolène.

"www.reelledemocratie.fr se veux être [sic] le porte parole du mouvement national naissant auprès des médias. Il centralise les communiqués des cellules régionales au moyen de réseaux humains connectés ou non à l’internet. En aucun cas www.reelledemocratie.fr ne prend de position politique. L’équipe de www.reelledemocratie.fr est autonome, ne dépend d’aucun parti politique et entend garder cet outil à la disposition du peuple", nous dit-on.

Soit. Sauf que les groupuscules gauchistes se ruent sur les braves indignés pour les récupérer dans leur giron et que le même site www.reelledemocratie.fr a publié hier un communiqué pour préciser que contrairement aux rumeurs, il se démarquait du Front de Gauche, avant que ce communiqué ne soit supprimé. La belle indépendance que voilà.

Même si d'autres groupuscules gauchistes sont manifestement déconcertés par le côté inhabituellement désorganisé du mouvement. Par sa dérangeante spontanéité.

Spontanéité du mouvement, je veux bien. Que l'indignation populaire contre l' "oligarchie politique" et les "ultra riches qui parasitent notre société" soit archi répandue, cela ne fait même pas débat, c'est une évidence. De même, que pas mal de gens soient disposés à manifester contre les objets de leur indignation.

Mais examinons un peu leurs autres motivations.

Que veulent nos "indignés" ? "Une nouvelle répartition des richesses". "L’organisation de rassemblements et d’occupations pacifiques des places publiques". "Décider ensemble des revendications et des moyens d’action (culturels, artistiques, politiques et citoyens)".

Une révolution, ça ?

Pas du tout.

Ou dans leurs rêves (c'est d'ailleurs un de leurs slogans : "Si vous ne nous laissez pas rêver, nous ne vous laisserons pas dormir").

Ces braves gens s'imaginent (et ceux qui tentent de les récupérer feignent d'imaginer avec eux) qu'il leur suffira d'être gentils (ce qu'ils sont déjà, n'en doutons pas) pour obtenir, pacifiquement et à la suite de débats qui rappellent les délires participatifs du programme de Ségolène en 2007, eux-même issus de la mythologie soixante-huitarde des "AG", que les oligarchies subjuguées par tant de bonne volonté et d'inoffensive moralité apolitique, leur abandonnent, après s'être vus "rappeler (...) que le seul souverain, c’est le peuple", les rênes du pouvoir !

Evidemment, quand on a vu à la télé que Ben Ali et Moubarak sont tombés, que Khadafi est dans la panade, qu'on gobe le bobard médiatique suivant lequel ceux qui ont manifesté pour leur départ l'ont fait "pour la démocratie", qu'on zappe le fait que nombre de manifestants ont risqué leur vie ou l'ont perdue, qu'on ne veut pas voir que les révoltes arabes n'ont débouché, pour le moment, sur aucun changement politique et social concret, on est mûr pour croire qu'il suffira de camper Place de la Bastille pour "changer le monde".

On pourra même ajouter à cette incroyable croyance aux miracles, face, pourtant, à un Système qui ne recule devant rien pour se maintenir, une foi naïve dans le Vivre-ensemble et la Diversité, prônant "une approche internationaliste à l’opposé du repli sur soi et de la haine de l’autre". Foi, qui prouve que les leaders de ce mouvement de nigauds ne sont pas les victimes qu'ils prétendent incarner.

Ce ne sont pas quelques prémisses (critiques) économiques et sociales globalement justes, qui peuvent fonder une révolution.

Sans quoi, celle-ci aurait déjà eu lieu depuis longtemps.

Pour renverser le Système, une révolution ne peut être apolitique (et cela, les gauchistes, même perdus dans leurs illusions dont ils n'ont toujours pas pigé qu'elles émanent du Système, l'ont bien compris, abstraitement). Une révolution, c'est le passage d'un système à un autre et on ne peut imposer un tel changement sans en avoir imaginé la forme concrète et avoir mis au point une stratégie, éminemment politique, pour le mettre en oeuvre.

Pour renverser le Système, une révolution ne peut être pacifique. La guerre des classes qu'évoquait Warren Buffett en 2006, n'est pas un concours de patience entre campeurs et riverains, ni une opposition de style entre manifestants et politiciens. C'est une lutte à mort et ce ne sont pas les esclaves indiens ou chinois de multinationales apatrides, ni les chômeurs européens victimes des délocalisations, qui me contrediront.

Pour renverser le Système, une révolution ne peut avoir pour objectif le partage du gâteau ("une nouvelle répartition des richesses"). La révolution, c'est la conquête. La prise des forteresses aux mains des oligarchies, l'élimination de celles-ci et l'appropriation totale du butin. Sinon, c'est la réforme, où l'on se contente de mieux profiter du Système en trouvant le moyen de mieux y prendre part. La révolution, elle, est anti-Système.

Pour renverser le Système, une révolution ne peut faire l'impasse sur la question de l'identité ni, a fortiori, verser dans l'internationalisme et l'antiracisme, qui sont deux des leitmotiv pourtant les plus éculés du Système. Seuls des inconscients, protégés des "bienfaits" de la Diversité par leur lieu de résidence privilégié ou par un autisme indécrottable, peuvent croire que l'immigration, suscitée et développée par le Système, n'est pas son instrument.

Bref, comme je le disais narquoisement au départ, depuis quelques jours, nous sommes censés être sagement entrés dans l'ère néo-post-soixante-huitarde.

En réalité, nous voyons l'émergence confuse d'une prise de conscience embryonnaire, par une partie du peuple français et notamment, de sa jeunesse, de ce que le Système est une impitoyable machine à broyer les peuples.

Aucune riposte plus appropriée que le camping sauvage sur les places publiques, assorti d'un brain storming que ne désavouerait pas l'équipe marketing d'une entreprise américaine de photocopieurs, et de la multidiffusion tous azimuts d'un package de slogans, n'est montée au cerveau de ces têtes creuses, ahuries par des décennies de communication médiatico-politique docilement avalée, avec des chips, devant le petit écran.

Les soixante-huitards et leurs descendants n'ont toujours pas compris qu'ils ne pourront s'offrir un nouveau mai 68. A la brutalité et au cynisme prédateurs, ils n'ont à opposer que la communication, parce qu'ils ont été formatés pour ne penser qu'en termes de communication.

Cette pseudo-révolte pseudo-révolutionnaire n'est donc qu'une étape sur le chemin d'une prise de conscience plus complète et surtout, de l'action.

La radicalisation ne viendra qu'avec la souffrance. La vraie.

Il faut croire que les "indignés" ne souffrent pas encore assez.

Il est vrai, aussi, que le Système tient encore.

Plus pour longtemps.

15/05/2011

Les Etats-Unis d'Amérique sont VRAIMENT en faillite

Les médias français sont tellement nuls qu'il m'a fallu plusieurs mois pour tomber sur cette information émanant de Laurence Kotlikoff, professeur d'économie à l’Université de Boston, et pourtant reprise, dès le mois d'août 2010, par Bloomberg, le groupe financier et agence de presse du maire de New York et une des principales sources de renseignements économiques américaines. La traduction Google est ici.

A ma connaissance, seule La Chronique Agora, via son fondateur Bill Bonner, incorrigible libéral mais bon critique, avait diffusé ce scoop en France, en novembre 2010. Le moins qu'on puisse dire est que Le Monde, Le Figaro et autres Libération ne se sont pas jetés dessus pour nous en instruire, préférant dauber à l'infini sur les difficultés grecques et la prétendue reprise. Seuls quelques blogs s'en sont fait l'écho, plus en commentaires qu'en articles d'ailleurs.

Je vous livre donc cette bombe, bande de veinards : la dette réelle des USA, si on tient compte des engagements de l'Etat fédéral pour l'avenir, est, non pas d'environ 14.000 milliards de dollars, mais de... 202.000 milliards ! Une énorme différence, due aux trucages comptables dont les Américains sont coutumiers (voir la taille des "hors-bilan" de leurs banques). Et il faudrait que, chaque année, 14 % supplémentaires de leur PIB soient consacrés au financement de cette dette, pour qu'ils puissent s'en sortir. Autant dire, mission impossible.

Alors, quand les médias mainstream vous disent, triomphalement, que la croissance US est de nouveau de 2 ou 3 %, sans même parler de l'inanité d'un tel pourcentage quand on sait ce qui constitue le PIB américain (une grande part de finance et de vent), pensez juste à ces 14 % nécessaires, dont tout devrait aller au Trésor...

Aux incrédules, je signale que l'information, révélée dès juillet 2010 par le FMI (voyez page 54, chapitre 7), a été confirmée par lui en français - FMI, dont le Directeur (notre futur Président, paraît-il, non ?) vient d'être piteusement arrêté et inculpé pour "agression sexuelle"...

Je ne peux que vous suggérer un immense éclat de rire devant ce spectacle uniformément grotesque.

11/05/2011

Trucages anglosphériques (suite)

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Pas encore...

 

Je vous ai déjà parlé de la manipulation du marché des dettes souveraines par l'anglosphère, dénoncée par Pierre Jovanovic.

Cette fois, c'est l'excellente Myret Zaki qui vous explique une partie du truc :

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La dette souveraine manipulée par les CDS

Le marché des CDS a le même pouvoir qu’une agence de notation : il peut dégrader de facto la note d’un pays, en dictant son niveau de risque.

Il y a quelques jours, le « marché » (c’est-à-dire les investisseurs) a décidé que le risque de la dette grecque à deux ans méritait un taux d’intérêt astronomique de plus de 25 %. La zone euro n’a d’autre choix que de revoir les conditions de l’aide (de 110 milliards d’euros) accordée à Athènes. On revit la même situation depuis 2010, dans laquelle c’est le marché des CDS (dérivés sur le risque de défaut de crédit) qui définit presque à lui seul la solvabilité des pays périphériques d’Europe, les agences de notation se cantonnant de plus en plus à entériner par une mauvaise note un état de fait que les CDS avaient déjà favorisé en amplifiant le risque de l’obligation souveraine qu’ils ciblent. Ceci est particulièrement vrai dans le cas de la Grèce, où des banques d’affaires comme Goldman Sachs (conseillère financière d’Athènes) et certains hedge funds clients de la banque étaient au courant d’informations dont les agences de rating sont habituellement les premières à disposer.

Un pouvoir démesuré sur le coût de financement des pays

Est-il normal que la qualité de crédit et, in fine, le destin d’une nation de plusieurs millions d’habitants, soient décidés par un marché aussi opaque et dominé par un si petit nombre d’acteurs que celui des CDS ? C’est pourtant bel et bien la tendance révélée par la crise de la dette de l’Europe périphérique. A travers l’attaque ciblée d’une dette souveraine comme celle de la Grèce, de l’Irlande ou du Portugal, qui fait monter en flèche le coût de financement de ces dernières en faisant chuter la valeur des obligations, le marché des CDS a le pouvoir de rétrograder de facto cette même dette, pour lui conférer un statut spéculatif, se substituant ainsi aux agences de notation. Et cette mesure du risque que sont les taux des CDS (ou plus précisément leur écart par rapport aux taux sans risque comme celui du Bund allemand) décidée par un marché privé jouit aujourd’hui de la même crédibilité, aux yeux des investisseurs, que celle des agences de notation. Et pourtant, il existe une différence majeure entre CDS et agences de rating : tandis que les agences - malgré les manquements que l’on sait - prétendent à un travail objectif qui sert à la fois la communauté des investisseurs et le gouvernement du pays concerné, et qu’une rétrogradation n’a pas pour but de permettre à ces agences d’engranger des profits démesurés, il en va tout autrement des spéculateurs du marché.

Les traders de CDS agissent clairement en vue d’un profit, et ont à leur disposition un outil facilitant largement la manipulation des marchés obligataires, en suivant le principe qu’une prophétie (ou rumeur) qu’ils lancent va s’auto-réaliser pour leur plus grand avantage. Malgré cette différence de buts, les protagonistes des marchés de la « spec » ont aujourd’hui autant de pouvoir sur la perception des investisseurs que les agences de notation. En réalité, les spreads des CDS et les notations des agences agissent de concert, et leur effet crée en soi un risque de déstabilisation des marchés financiers, qui sont aujourd’hui très interdépendants, comme l’explique le FMI dans un papier de recherche récent. Et ce n’est pas seulement la solvabilité du pays qui est en jeu. Rétrograder la dette souveraine d’un pays donné peut affecter la rentabilité de banques basées dans d’autres pays, qui la détiennent dans leurs books de négoce et aussi de crédit. C’est encore plus vrai dans le cas spécifique de l’Europe, où les engagements croisés entre banques de différents pays rendent la courroie de transmission bancaire vulnérable à la détérioration de crédit d’un seul de ses pays membres.

Les chercheurs du FMI expliquent dans le papier précité que les CDS jouent un rôle clé dans la propagation du risque systémique posé par l’abaissement d’un rating souverain par une agence de notation. Selon le FMI, « les annonces des agences de notation concernant la dette souveraine de pays comme la Grèce, surtout lorsqu’il s’agit d’un abaissement au statut de dette spéculative, peuvent entraîner des effets domino considérables d’un pays et d’un marché à l’autre et peuvent être elles-mêmes à l’origine d’une instabilité financière de type systémique ». Ainsi, le FMI calcule qu’une rétrogradation de la note de la Grèce provoque un écartement du spread (soit une hausse du risque de la dette) de 17 points de base (pb) pour la Grèce, et que le même abaissement provoque aussi une montée de 5 pb du spread sur la dette irlandaise, et ce même si le rating de l’Irlande est resté inchangé. Une spirale infernale.

Source : Bilan.ch