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01/04/2012

« Le pire n’est pas à craindre… il est certain »

 

... Et ce n'est pas un poisson d'avril :

« (...) La crise n’est pas finie parce qu’elle ne peut pas finir tant que le processus de désendettement est en cours et encore moins tant que l’on s’acharne à faire croire que le désendettement ne peut se faire que par remboursement des dettes. J’admets qu’il peut vous sembler logique que le désendettement résulte du remboursement, n’est-ce pas du pur bon sens ? Mais le bon sens est très piégeux, car n’est-il pas aussi de pur bon sens de dire que des dettes non remboursables ne sont jamais remboursées et finissent toujours par être effacées, d’une manière ou d’une autre ? Le jour où l’on admettra que la décote de plus de 50% sur la dette grecque n’est pas l’acte unique et ultime de défaut partiel mais le début d’un long processus dont le plus gros morceau sera le reformatage de la dette américaine, alors le travail de deuil sera bien engagé et les économies pourront commencer à se reconstruire sur une nouvelle base. Mais en attendant ce jour, les phases d’optimisme relatif et de pessimisme destructeur se succéderont, au rythme, d’une part, des injections de liquidité des banques centrales qui, sans embrayer sur l’économie réelle, financent les spéculations sordides des bouffons de la finance (lire Goldman Sachs sur la Chronique Agora) et, d’autre part, des coups de menton austères des femmes et hommes politiques qui pensent qu’une bonne cure d’austérité, de démantèlement des services publics éducatifs et de santé constitue la recette miracle du désendettement alors qu’elle n’est que le premier cercle de la descente dans l’enfer de la dépression. Nous sommes dans un douloureux processus de transition entre l’ancien monde post Deuxième Guerre mondiale et un nouveau monde aux contours encore imprécis : ce qui est certain, c’est que les dettes de l’ancien monde n’auront plus nécessairement valeur légale dans le nouveau, et que de nombreux pays seront amenés à s’interroger sur l’opportunité d’un défaut raisonné, comme je l’ai évoqué fin décembre dans une tribune sur Atlantico. (...)

En attendant l’éclaircissement et la concrétisation des perspectives à moyen et long terme sur la dette évoquées en introduction, où en sommes-nous d’un point de vue de court terme ? Derrière deux ou trois statistiques américaines plus ou moins souriantes pour enjoliver le bilan du candidat sortant Obama et fort opportunes pour doper les indices boursiers (en attendant la rechute), la réalité de l’économie mondiale n’est guère brillante : une bonne part de l’Europe est en récession, en croissance zéro ou très faible ; les pays émergents ou émergés patinent et voient pâlir leurs perspectives de croissance ; la Chine est en zone trouble avec des incertitudes économiques fortes (éclatement ou non des bulles immobilières et financières, en interaction) et, en cette année de renouvellement des instances dirigeantes, doute vertigineux qui s’empare des dirigeants les plus lucides sur la pérennité d’un capitalisme sauvage très inégalitaire, appuyé sur des structures politiques autoritaires et corrompues jusqu’à la moelle, de la base au sommet.

La meilleure synthèse des perspectives économiques mondiales est sans doute donnée par le graphique ci-dessous du Baltic Dry Index (BDI), qui constitue un indicateur avancé des perspectives du commerce mondial de vrac (et pas de conteneurs, comme on peut parfois le lire).

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24/06/2011

Jacques Sapir et la « démondialisation »

 

Merci à la société XERFI pour cette vidéo remarquable. Vous trouverez ici les anticipations de cet organisme peu conformiste. Je vous engage à en prendre connaissance, elles sont très intéressantes.

 

Pour ma part, je suis d'accord avec l'essentiel ce que dit Jacques Sapir, sauf en ce qui concerne sa prévision d'un défaut grec, voire d'une explosion de la zone euro.

Sur le fond, je partage plutôt, grosso modo, l’avis du LEAP.

La propagande de l’anglosphère sur l’état financier de l’Europe (pour mémoire, uniquement en chiffres officiels, dette totale US : 370 % du PIB, dette totale de la zone euro : 220 % du PIB) me fait penser que ce sont Franck Biancheri & co. qui ont raison.

Propagande anglosphérique, destinée non à détruire l'euro, mais à le laisser sous pression (il faut que le dollar reste faible pour favoriser les exportations US ; par ailleurs, plus les taux de refinancement des « PIGS » de la zone euro sont élevés et paraissent à risque, moins le Trésor US peine à attirer les investisseurs étrangers - s'il en reste, ce qui est désormais douteux ; mais au départ, c'était cela le plan, c'est une évidence).

Propagande destinée, en même temps, avec la naïveté et la méconnaissance globale qu’ont les Ricains de l’Europe et de ses possibilités de retournement, à saper les velléités nationales au sein du Vieux Continent (« populisme = violence = paaaas bieeeen ») et à encourager les dirigeants européens dans leur fuite en avant fédéraliste, dont les premiers croient que, comme d’habitude par le passé, elle leur profitera éternellement.

Or, le paradigme a déjà changé et, derrière les crétins Barroso et Van Rompuy et leur bureaucratie ridicule, pointe une réelle solidarité européenne, contrainte et forcée, « realpolitik », vers un objectif de survie, tant et si bien qu’il est prévu que même les sacro-saintes banques devront mettre la main à la poche (alors qu’il s’agissait d’abord de les sauver…). Et ce n’est sans doute qu’un début.

Les « populistes » pourraient bien aborder le navire UE dès 2012 et ravager l’entrepont à coups de sabres.

Sans parler des interactions, interdépendances, tutelles, idéologies et dilemmes complexes dans lesquels sont pris les pays et les dirigeants européens. Bref.

Certains s’imaginent apparemment que la fin de l’euro signerait la fin de l’UE. Ce n’est pas le cas.

Egalement, que la fin de l’euro marquerait le début des résurgences nationales et populaires. Ce n’est pas le cas non plus.

 

A mon avis, il ne faut pas se focaliser sur la question de l’euro, ni sur celle de l’UE.

La priorité des priorités, c’est la fin du protectorat américain sur l’Europe.

Or, puissance (économique) contre puissance, je ne donne pas cher de la peau de l’anglosphère, dans l’année qui vient ou dans les deux qui viennent.

C’est une chose de railler l’Europe médiatiquement et ainsi, d’affoler les foules ; c’en est une autre, de glisser soi-même, en réalité, le long de la pente, sans se faire mal à l’arrivée.

Sans parler de le cacher longtemps, à l’heure de Wikileaks et du Tea Party.

Pour ce qui est de la zone euro, personne n’a intérêt à en sortir EN CE MOMENT (même si Sapir a mille fois raison sur les inconvénients de la monnaie unique).

Donc, je pense que personne ne le fera, d’autant plus qu’un pays membre ne peut pas en être expulsé, ce qui empêche les Allemands de conditionner leur participation à la collectivisation des dettes, à un « nettoyage censitaire » du club…

Les Allemands étant les plus exposés aux dettes des « PIGS », sont sans doute ceux qui ont le plus intérêt à rester dans l’euro.

Si les PIGS tombent, l’Allemagne tombe. Et tout les autres aussi (dominos).

C’est aussi simple que ça.

Soit la zone euro tient bon (et, à mon avis, c’est ce qui va se passer, même au prix de la monétisation des dettes par la BCE sans garde-fou, c’est-à-dire sans statut de prêteur en dernier ressort et sans capital suffisant – de toute façon, comme le dit Olivier Delamarche, aujourd’hui, tout passe, on peut faire n’importe quoi, les marchés sont dans la stratosphère, dans la biture intégrale ; donc, pourquoi se gêner ?) ; soit elle craque et nous sommes morts.

Parce que les USA ne nous rateront pas, une fois à terre. Ils pilleront tout, comme ils l’ont fait après l’effondrement de l’URSS. Ne nous leurrons pas sur la possibilité d’instaurer miraculeusement, dans cette hypothèse, au plan national et dans l’urgence, tout ce qui manque aujourd’hui : élites politiques désintéressées, souveraineté monétaire et financière, protectionnisme, réindustrialisation… Luna Park !

C’est, de ce point de vue, une lutte à mort (ou plutôt pour la survie, ce qui revient au même), pas une partie de Monopoly où nous aurions une seconde chance.

 

Il faut donc absolument que les USA, centre de l’Occident et centre du monde, s’effondrent les premiers, quel qu’en soit le prix.

Après, bien sûr, ce sera l’effondrement général, en dominos, de toutes les périphéries.

On ne résiste pas économiquement, dans l’interdépendance du libre-échange mondialisé, à la chute du quart du PIB mondial (même s’il est très surfait).

Mais au moins, personne ne sera plus là pour nous garder sous tutelle et nous empêcher de reprendre notre liberté.

Par conséquent, mieux vaut survivre, dans la folie financière, jusqu’à l’effondrement des Ricains, qui, encore une fois, provoquera évidemment le nôtre, mais sans nous tuer et en nous donnant l’opportunité de nous libérer.

Une fois le protectorat levé du fait de cet effondrement économique des USA, et même déjà maintenant (on voit l’Allemagne se tourner vers la Russie, la France soutenir l’Allemagne contre son propre intérêt économique, et l’inverse, finalement, alors qu’apparemment cette solidarité est contre-nature… l’euromondialisme devient, certes encore timidement, de l’europrotectionnisme, en commençant par l’eurosolidarisme à base évidemment bancaire, mais en prévoyant de mettre à contribution la finance privée) ; une fois, donc, le protectorat américain levé, tout est envisageable quant à l’influence croissante des mouvements « populistes » en Europe, à un éclatement de l'UE ou à l’avènement d’une UE moins bureaucratique, plus protectionniste, plus respectueuse des peuples et des identités.

Quelle que soit l’issue (survie économique européenne, ou effondrement après implosion de l’anglosphère), je pense que cette révolution-là est en marche.

Sans être, pour autant, européiste et donc, sans croire au besoin d’une structure supranationale en Europe, il me semble que pour faire face, dans un proche avenir (avant la chute réelle des ressources énergétiques et donc alimentaires), à la Chine principalement, une Europe politiquement émiettée n’est pas la meilleure formule.

Actuellement, France contre Monde = défaite de la France.

Donc, si l’échelon national ne convient pas actuellement, l’échelon continental, au moins dans le domaine économique et malgré toutes ses énormes imperfections, au moins dans le seul but survivaliste en tant que puissance, jusqu’à ce que l’anglosphère s’effondre, pourquoi pas ?

Je ne suis pas nationaliste, je me fous de la forme et de la stratégie, tant que nos peuples et nos identités survivent et conservent une chance de retrouver leurs souverainetés.

De toute façon, à mon avis, le retour à des entités politiques et économiques autonomes de plus petite taille, nécessite d’abord que la décroissance des échanges (imposée par celle des ressources) gagne la terre entière.

Cette crise est mondiale, elle ne peut être résolue que par une chute mondiale des fondements du système actuel.

Pas par une révoltounette de quartier ou un changement de monnaie.

20/06/2011

Jean-Michel Quatrepoint sur l'économie mondiale

 

Il est bon, parfois, de rappeler quelques évidences.

C'est ce qu'a fait le journaliste économique Jean-Michel Quatrepoint lors d'un entretien accordé à Jean-Paul Baquiast, bien connu des lecteurs de Philippe Grasset. Extrait :

« Ce à quoi on assiste est un gigantesque transfert de richesse. Il découle d'un pacte tacite entre le parti communiste chinois, Wall Street et les multinationales, fonctionnant pour le plus grand profit de ses membres. Pour schématiser, les multinationales ont délocalisé leurs activités en Chine (et accessoirement dans d'autres pays à bas coûts de main d'oeuvre), le parti communiste chinois a empoché les recettes et accumulé les réserves. Ceci a permis l'apparition d'une classe moyenne en Chine et dans certains pays émergents, couronnée par une couche de milliardaires.

Les super-riches des pays occidentaux se sont de leur côté hyper-enrichis, parce que les revenus des multinationales ont explosé et qu'ils s'en sont réservé la plus grande part. Leurs profits sont eux-aussi délocalisés là où il n'y a pas d'impôts. Ils sont gagnants sur tous les plans. Les membres de ce pacte font d'énormes bénéfices et la grande crise des années 2008 ne les a pas finalement affectés.

Mais il faut bien que certains payent. Ceux qui le font sont les classes moyennes des pays occidentaux. Il en résulte un transfert de richesse vers les classes moyennes des pays émergents et une caste de ce que l'on aurait appelé au 20e siècle des ploutocrates. Ceux-ci ne représentent que quelques millions de personnes, mais leurs revenus sont astronomiquement élevés au regard de ceux des classes moyennes occidentales. La paupérisation de ces dernières s'accélère, On a masqué le phénomène, dans la fin des années 90 jusqu'aux années 2000, avec les possibilités de crédit qui leur avaient été ouvertes, notamment aux Etats-Unis, en Grande Bretagne et en Espagne. Mais maintenant il n'y a plus de crédit, il n'y a plus de bulles. Le roi est nu.

Les emprunteurs privés ne pouvant plus rembourser leurs dettes, il a fallu transférer les dettes privées sur les dettes publiques. Celles-ci à leur tour sont saturées, partout. Il n'est donc plus possible de créer d'emplois. Aux Etats Unis par exemple les multinationales entre 1990 et 2010 n'ont pas créé un seul emploi industriel sur le sol national. Les seuls emplois créés l'ont été dans les services privés non soumis à la concurrence internationale, par exemple dans les collectivités territoriales. Il s'agit d'emplois sous-payés, sous qualifiés, supportés finalement par les collectivités publiques autrement dit par les contribuables ne pouvant échapper à l'impôt. Or en ce cas, devenu la règle, c'est l'inexistence de la création d'emplois productifs qui crée les déficits publics.

La grande question se posant à nos pays est en effet de savoir comment générer des emplois productifs. Aux Etats-Unis, on refuse de faire encore le lien entre déficit commercial (importations) et chômage élevé. Les Républicains et même certains Démocrates ont refusé d'encourager un protectionnisme industriel susceptible de créer de l'emploi. Au lieu de cela, ils veulent plus que jamais pratiquer l'ultralibéralisme.

Cela tient au fait que les lobbies qui gouvernent le système, les agences de notation, Wall Street, les représentants des entreprises chinoises, n'ont aucun intérêt à voir taxer les importations chinoises et financer des activités concurrentes sur le sol américain. Les Chinois ont maintenant suffisamment d'argent pour racheter l'Amérique. Ce sera leur revanche sur deux siècles d'humiliation. Ils le font discrètement encore mais d'une façon inexorable. Ils prennent des participations dans des firmes phares de divers secteurs stratégiques, achetant par la corruption l'accord des personnels politiques américains heureux de voir ce type d'acquisitions recréer chez eux un peu d'activité.

Or ce qui dorénavant est bon pour General Motors n'est plus bon pour l'Amérique. Il en est de même chez nous. L'avenir des multinationales n'est plus dans leurs pays d'origine. Leur croissance se fait dans et sur les pays émergents. »

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