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21/12/2011

La croissance, c'est fini

Vision post-apocalyptique de Londres (tiens, pourquoi Londres ?)

 

On nous bassine avec les remèdes à l'endettement : faut se serrer la ceinture et bosser, nous dit-on.

Or, ce n’est pas le tout de proposer un travail acharné (le maximum dont est capable la « vertu » bourgeoise, et de préférence si ce sont d’autres qui le font), en plus de telle ou telle prétendue solution financière à la crise – planche à billets, austérité, ou mélange des deux.

Encore faut-il, quand même, que cela serve à quelque chose.

L’idéologie libérale table sur une notion fondamentale, commune au marxisme d’ailleurs : la croissance infinie.

Sans elle, rien ne marche plus.

L’immobilisme, la conservation et le simple renouvellement de ce qui existe ne suffisent jamais à cette grande ambition.

Le Progrès, autre mythe fondateur des « Lumières », exige toujours davantage de moyens matériels, pour finir par faire du monde un paradis et de l’homme une merveille.

Entre parenthèses, on voit bien à quel point ces fadaises ont réussi, non ?

Ah oui, pardon, c’est vrai, nous avons des smartphones, la télé HD et Michel Drucker dedans… Youpi.

Si nous sommes dans la fuite en avant financière pour retarder l’inévitable effondrement économique, ce n’est donc, finalement, qu’un prolongement logique de la fuite en avant dans la croissance.

Qu’une manière d’appliquer aux signes produits par le monde de la croissance, le même traitement que pour obtenir la croissance elle-même.

En effet, comment continuer de s’enrichir toujours davantage (sans parler de simplement entretenir et renouveler tout ce qu’on a accumulé), si ce qui est produit ne se vend plus ?

Autrement dit, pour remédier à l’absence d’acheteurs, que reste-t-il ?

A faire comme si les acheteurs achetaient toujours, pardi.

A mettre dans le circuit des biens qu’ils n’achèteront pas, de l’argent (crédit bancaire, transfert de la richesse publique à la fortune privée, primes d’Etat, cavalerie bancaire publique et privée…) pour permettre de les acheter quand même, et du bon vieux matraquage publicitaire pour y pousser.

Le problème est que cela appauvrit progressivement toute la société (d’abord les moins riches), en détruisant les emplois, en retirant petit à petit à la monnaie toute sa valeur, sans pour autant redonner à la croissance son élan.

Ni aux richesses, leur valeur d’avant la crise (exemple : les biens immobiliers).

Nous sommes, alors que le superflu est encore abondant et peu cher, dans une société où le point d’endettement maximal a été dépassé depuis longtemps.

Persistent les signes de l’opulence, les signes de la croissance et là, le marketing a largement pris le pas sur la réalité.

Même la monnaie a cessé d’exister. Elle est devenue, en fait, le marketing de la monnaie (si on parle d’argent-dette, ce marketing a d’ailleurs existé dès le début).

Plus de croissance ? Mimons-la.

Et donc, produisons comme si nous avions encore des acheteurs.

Et donc, créons de l’argent, comme si ces acheteurs payaient toujours.

Et enfin, surtout, disons partout que tout va déjà mieux.

Le hic : comme dans un excellent film au cinéma, quand tout est feint au point que le spectateur s’oublie lui-même et perd la notion du réel, que se passe-t-il, malgré tout, à la fin de la représentation ?

Il faut bien sortir et retourner au quotidien.

Quand s’opérera une prise de conscience massive de ce qui constitue réellement une richesse (c’est simple, c’est accessible à tout le monde : par exemple, si on n’a pas de quoi manger, à quoi sert le superflu ?), il est fort possible que la société change brutalement, extrêmement vite.

Ah, l’image des hideuses zones commerciales désertées, envahies par les ronces et les genêts !…

J'en rêve.

C'est pour bientôt.

18/12/2011

La paranoïa sécuritaire des Etats-Unis

 

Cet article d'Atlantico est digne d'un commentaire sur Dedefensa :

« Depuis les attentats du 11 Septembre, un gigantesque système s’est mis en place pour assurer la sécurité des Etats-Unis.

A l’heure actuelle 1.271 organisations gouvernementales et 1.931 compagnies privées travaillent sur des programmes relatifs à la lutte contre le terrorisme, la sécurité intérieure, et les renseignements... dans 10.000 endroits différents aux Etats-Unis.

En tout, 854.000 personnes disposent d’habilitations sécuritaires, soit 1,5 fois la population de Washington.

Cette ville où pas moins de 33 bâtiments sont en cours de construction ou construits pour abriter des complexes top secret. En prenant autant d’espace que trois Pentagones. Des chiffres révélés dans une enquête du Washington Post, qui donne le tournis.

Nous sommes à McLean, en Virginie. C'est ici, à Liberty Crossing, que se trouve le Centre national de lutte contre le terrorisme. Y travaillent au moins 1.700 employés fédéraux et 1.200 contractuels privés.

Des bâtiments impressionnants, à l'extérieur comme à l'intérieur. Serrures électromagnétiques, caméras rétiniennes, murs fortifiés, machines à rayon X. Tout est sécurisé au maximum.

Un budget annuel faramineux :

Et pour cela, le gouvernement américain n'a pas hésité à mettre les fonds. L'an dernier, le budget alloué à la défense était de 75 milliards de dollars, soit 21,5 fois plus qu'avant le 11 Septembre 2001. Et ce chiffre n'inclut même pas toutes les activités militaires et les programmes nationaux de lutte contre le terrorisme.

En effet, depuis ces attentats, tout a été revu à la hausse. Neuf jours seulement après les attaques, le Congrès a alloué 40 milliards de dollars pour renforcer le système de défense nationale et lancer une vaste offensive contre Al Qaïda. Mais ce n'était qu'un début.

De septembre à décembre 2001, 24 organisations ont été créées, 37 l'année suivante, puis 36, 26, 31... En tout, 236 organisations ont vu le jour ou ont été réorganisées en réponse au 11 septembre. Et qui dit plus d'agences dit plus d'employés, plus de secrétaires, plus de matériel logistique...

Au Pentagone, le nombre d'employés de l'agence de renseignements est passé de 7.500 en 2002 à 16.500 aujourd'hui. Le budget de l'Agence de la Sécurité Nationale, la NSA, a lui doublé. De 35 unités de lutte contre le terrorisme au FBI, on est passé à 106.

Mais alors tout cela est-il efficace ?

Un pays plus sûr ?

Pas tant que cela. Car le problème de ce gigantesque système, c'est que de nombreuses personnes font le même travail. Une perte d'énergie et de temps. 51 organisations fédérales et commandements militaires surveillent ainsi les flux d'argent en provenance et à destination des cellules terroristes.

Les personnes analysant les documents provenant des espions dans le pays et à l'étranger rédigent pas moins de 50.000 rapports chaque année. Un volume tellement important que la plupart ne sont jamais lus.

D'autant que tous n'ont pas accès à ces informations. Au sein du département de la Défense, seuls quelques officiels, surnommés les "Super Users", ont droit d'être informés de toutes les activités du département.

Mais le temps leur manque."Je ne vivrai pas assez longtemps pour être briefé sur tout", explique l'un de ces Super Users, sous le couvert de l'anonymat.

"La complexité de ce système dépasse toute description", ajoute-t-il. Si bien qu'il est parfois "difficile d'obtenir des données précises", affirme l'ex-chef du Pentagone, Robert Gates, dans une interview pour le Post.

Conséquence : il est impossible de savoir si ce système, qui coûte une véritable fortune, rend le pays plus sûr. Car, déjà, la plupart des informations sont classées top secrètes.

Mais pour Leon Panetta, le chef de la CIA, ce qui est certain, c'est que toutes ces dépenses ne pourront pas tenir à terme. "Avec ces déficits, nous allons droit dans le mur", soutient-il.

Depuis le 11 septembre, les Etats-Unis se sont donc construits une véritable forteresse, un monde parallèle en charge de la sécurité du pays. Un monde qui, à force, devient tout simplement incompréhensible... »

La bureaucratie policière de l'URSS en 1989, les innombrables directions et départements du KGB ? Enfoncées !

Les Ricains sont vraiment les plus forts. Ça fait un siècle qu'ils nous le disent, il est temps de leur donner raison.

Et de voir les Etats-Unis crever enfin, comme le vieillard sénile, dément et tyrannique qu'ils sont devenus.

C'est dimanche...

... alors tenez, pour vous changer un peu de la crise (enfin, hum, sauf si on y réfléchit, symboliquement...), voilà les principaux mouvements de la symphonie Le seigneur des anneaux, composée par le Canadien Howard Shore pour la trilogie cinématographique du même nom, adaptée du chef-d'oeuvre de Tolkien (Shore dirigeait ici l'Orchestre du Festival Montréal en Lumière, en 2004) :

 

 

Et pour les passionnés, voici la version complète :

 

 

Vous n'en avez pas encore plein les oreilles ? Alors, écoutez ça :

 

17/12/2011

Les Etats-Unis, parangon des droits de l'homme

Merci à @Eisbär pour le lien vers cette vidéo de Russia Today (America), du 12 décembre 2011. Les donneurs de leçons des élites américaines épinglés par les méchants Russes :

 

 

J'y ajoute celle-ci, non sous-titrée, où on peut voir les flics new-yorkais empêcher les journalistes de faire leur travail, pendant qu'une armée de condés yankees malmène les manifestants pacifiques d'Occupy dans un « atrium » du World Financial Center.

A 2' 00, apparaît même un policier en train de filmer ces journalistes. Pourquoi donc ?

On se croirait en Chine...

 

 

Pendant ce temps, Occupy tentait de bloquer les principaux ports de la côte Ouest, ce qui a encore donné lieu à des dizaines d'arrestations (parfaitement arbitraires, le droit de manifester étant garanti par la Constitution des Etats-Unis - les quelques manifestants venant armés servant d'alibi aux autorités et étant souvent des agitateurs professionnels ou des policiers en civil).

Lucy Kafanov, journaliste interrogée à la fin de cette dernière vidéo, dit s'attendre à « une explosion du mouvement » Occupy au printemps prochain.

 

16/12/2011

Etats-Unis et Royaume-Uni à l'agonie...

Titanic.jpg

 

... Selon le LEAP :

« (...) Avec 1.800 milliards de Livres d'argent public investis dans les banques pour éviter leur effondrement en 2008, les contribuables britanniques sont (...) ceux qui ont payé le plus cher le sauvetage des établissements financiers. Et le gouvernement anglais peut bien continuer à exclure cette somme du calcul de son endettement public en prétendant qu'elle est un "investissement", de facto, de moins en moins de monde imagine que les banques de la City se remettront de la crise, surtout depuis l'aggravation du second semestre 2011 : les actions achetés par l'Etat ne valent en fait déjà plus rien. Le "hedge fund UK" est au bord du précipice (que soit du fait de la dette publique ou de la dette privée. Ainsi, en 2012 les investisseurs immobiliers britanniques vont être incapables de refinancer 156 milliards de dollars de prêts. Source : Bloomberg, 09/12/2011)… et grâce à David Cameron et à la City, il est isolé, sans personne pour lui venir en aide, ni en Europe ni aux Etats-Unis. (...)

les Etats-Unis terminent l'année 2011 dans un état de faiblesse sans équivalent depuis la Guerre de Sécession. Ils n'exercent plus aucun leadership significatif au niveau international. La confrontation entre blocs géopolitiques s'aiguise et ils se trouvent confrontés à presque tous les grands acteurs du monde : Chine, Russie, Brésil (et plus généralement quasiment toute l'Amérique du Sud) et désormais l'Euroland. Parallèlement, ils n'arrivent pas à maîtriser un chômage dont le taux réel stagne autour de 20% sur fond d'une réduction continue et sans précédent de la population active (qui est tombée désormais à son niveau de 2001 (alors que dans le même temps la population US s'est accrue de 30 millions de personnes, soit une hausse de 10%. Source : Washington Post, 02/12/2011) ).

L'immobilier, fondement de la richesse des ménages US avec la Bourse, continue à voir ses prix chuter année après année malgré les tentatives désespérées de la Fed (pour notre équipe, 2013/2014 va offrir, via le Congrès et du fait d'un soutien massif dans l'opinion publique, une occasion sans précédent de réclamer un démantèlement de la Fed. Les convictions anti-fédérales des Tea Parties et celles anti-Wall Street d'OWS trouveront là un irrésistible point de convergence) de faciliter les prêts à l'économie via son taux zéro. La Bourse a repris sa baisse interrompue artificiellement par les deux Quantitative Easing de 2009 et 2010. Les banques américaines, dont les bilans sont beaucoup plus chargés en produits financiers dérivés que leurs homologues européennes, s'approchent dangereusement d'une nouvelle série de faillites dont MF Global est un signe avant-coureur, démontrant l'inexistence des procédures de contrôle ou d'alerte trois ans après l'effondrement de Wall Street en 2008 (à ce sujet, il est particulièrement intéressant de constater que les agences de notation, Moody's en tête, n'ont à nouveau rien vu venir puisque, jusqu'à la fin de l'été 2011, MF Global était recommandé par ces agences… alors même que la société était déjà en train de ponctionner les comptes de ses clients pour tenter de survivre. Que ceux qui croient que leurs investissements sont mieux protégés à Wall Street ou la City méditent sur ce "détail").

La pauvreté s'étend chaque jour un peu plus dans le pays où un Américain sur six dépend désormais des bons d'alimentation (sources : MSNBC, 11/2011 ; RT, 08/12/2011) et où un enfant sur cinq connaît des épisodes de vie dans la rue (ce sont des chiffres qui classent dorénavant le pays intégralement dans la catégorie "tiers-monde" en matière sociale. Source : Beforeitsnews, 29/11/2011). Les services publics (éducation, social, police, voirie…) ont été considérablement réduits dans tout le pays pour éviter les faillites de villes, comtés ou Etats. Le succès rencontré par la révolte des classes moyennes et des jeunes (TP et OWS) s'explique par ces évolutions objectives. Et les années à venir vont voir ces tendances s'aggraver.

L'état de faiblesse de l'économie et de la société US de 2011 est paradoxalement le résultat des tentatives de "sauvetage" conduites en 2009/2010 (plans de stimulation, QE…) et de la dégradation d'une situation "normale" pré-2008. 2012 va marquer la première année de dégradation à partir d'une situation déjà très détériorée (le pays ne parvient plus à générer de la croissance comme l'explique Gregor McDonald dans SeekingAlpha du 05/12/2011).

Les PME, les ménages, les collectivités locales (source : Washington Post, 29/11/2011), les services publics… n'ont plus de "matelas" pour atténuer le choc de la récession dans laquelle le pays est à nouveau tombé (en fait, il ne l'a jamais quitté depuis 2008, sauf techniquement du fait des mesures macro-économiques. Mais personne ne se nourrit de macro-économie… sauf les économistes). Nous avons anticipé que l'année 2012 allait voir une baisse de 30% du Dollar US par rapport aux principales devises mondiales. Dans cette économie qui importe l'essentiel de ses biens de consommation, cela se traduira par une baisse quasiment équivalente du pouvoir d'achat des ménages US sur fond d'inflation à deux chiffres.

TP et OWS ont donc de beaux jours devant eux car la colère de 2011 va devenir de la rage en 2012/2013… »

21:28 Écrit par Boreas dans Crise, Economie, Géopolitique | Lien permanent | Tags : etats-unis, royaume-uni, agonie, leap |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! |

« Les banquiers sont les dictateurs de l’Occident »

Infâmes gauchistes molestant des défenseurs de la loi et de l'ordre

 

Traduction d'un article de Robert Fisk paru le 10 décembre 2011 dans le journal anglais The Independent, dont il est le correspondant à Beyrouth :

« Écrivant depuis la région même qui produit plus de clichés, au mètre carré, que n’importe quelle autre "histoire" - le Moyen-Orient -, je devrais peut-être marquer une pause avant de dire que je n’ai jamais lu autant de conneries, autant de radotage absolu, que je ne l'ai fait sur la crise financière mondiale.

Mais je ne vais pas me retenir. Il me semble que l’information sur l’effondrement du capitalisme a atteint un nouveau périgée que même le Moyen-Orient ne peut dépasser, pour ce qui est de l'obéissance pure aux mêmes institutions et "experts" de Harvard qui ont aidé à provoquer toute cette catastrophe criminelle.

Commençons avec le "Printemps arabe" - en soi, une déformation verbale grotesque du grand réveil arabo-musulman qui agite le Moyen-Orient - et les parallèles tocards avec les protestations sociales dans les capitales occidentales. Nous avons été submergés de rapports sur la façon dont les pauvres ou les défavorisés de l'Occident ont "pris une feuille" du livre du "printemps arabe", dont les manifestants, en Amérique, au Canada, en Grande-Bretagne, en Espagne et en Grèce ont été "inspirés" par les énormes manifestations qui ont fait tomber les régimes égyptien, tunisien et - jusqu'à un certain point - libyen. Mais ce sont des bêtises.

La véritable comparaison, inutile de le dire, a été éludée par les journalistes occidentaux, si prompts à vanter les rébellions anti-dictateurs des Arabes, si soucieux d'ignorer les protestations contre les gouvernements occidentaux "démocratiques", si prêts à tout pour dénigrer ces manifestations, pour suggérer qu'elles ne font simplement que copier la dernière mode dans le monde arabe. La vérité est quelque peu différente. Ce qui a conduit les Arabes, par dizaines de milliers puis par millions, dans les rues des capitales du Moyen-Orient, était une demande de dignité et un refus d'accepter que les dictateurs locaux sous domination familiale, possèdent leurs pays. Les Moubarak et les Ben Ali et les Kadhafi et les rois et émirs du Golfe (et de Jordanie) et les Assad ont tous cru qu'ils avaient des droits de propriété sur leurs nations entières. L'Egypte appartenait à Moubarak Inc., la Tunisie à Ben Ali Inc. (et à la famille Traboulsi), la Libye à Kadhafi Inc. Et ainsi de suite. Les martyrs arabes contre la dictature sont morts pour prouver que leurs pays appartenaient à leur propre peuple.

Et c'est cela, le véritable parallèle avec l'Occident. Les mouvements de protestation sont en effet dirigés contre le Big Business - une cause parfaitement justifiée - et contre les "gouvernements". Ce qu'ils ont réellement deviné, cependant, quoique un peu tard, c'est qu'ils ont investi depuis des décennies dans une démocratie frauduleuse : ils ont consciencieusement voté pour des partis politiques - qui ont ensuite remis leur mandat démocratique et le pouvoir du peuple aux banques et aux traders de produits dérivés et aux agences de notation, tous trois soutenus par la coterie négligée et malhonnête des "experts" des universités les plus cotées d'Amérique et des "think tanks", qui maintiennent la fiction que c'est une crise de la mondialisation plutôt qu'une arnaque financière massive imposée aux électeurs.

Les banques et les agences de notation sont devenues les dictateurs de l'Occident. Comme les Moubarak et Ben Ali, les banques croyaient - et croient encore - qu'elles sont propriétaires de leurs pays. Les élections qui leur donnent le pouvoir sont - à travers le manque de cran et la collusion des gouvernements - devenues aussi fausses que les scrutins derrière lesquels les Arabes ont été forcés de s'aligner décennie après décennie pour consacrer leurs propres propriétaires nationaux. Goldman Sachs et la Royal Bank of Scotland sont devenus les Moubarak et Ben Ali des États-Unis et du Royaume-Uni, chacune engloutissant la richesse du peuple dans des récompenses factices et des bonus pour leurs patrons vicieux, à une échelle infiniment plus rapace que leurs cupides dictateurs-frères arabes ne pouvaient l'imaginer.

Je n'ai pas eu besoin d'Inside Job de Charles Ferguson sur BBC2 cette semaine - bien qu'il y ait aidé - pour m'apprendre que les agences de notation et les banques américaines sont interchangeables, que leur personnel passe sans heurt d'agence à banque et à gouvernement américain. Les gars des notations (presque toujours des gars, bien sûr) qui avaient noté AAA les subprimes et dérivés en Amérique sont maintenant - via leur influence toxique sur les marchés - en train de planter leur griffes dans les peuples d'Europe en menaçant d'abaisser ou de retirer les mêmes notes à des pays européens qu'ils avaient abreuvés d'éloges sur des criminels avant le krach financier aux Etats-Unis. Je crois que l'euphémisme tend à dominer les débats. Mais, pardonnez-moi, qui sont ces créatures dont les agences de notation effraient désormais davantage les Français que Rommel en 1940 ?

Pourquoi mes copains journalistes à Wall Street ne me le disent-ils pas ? Comment se fait-il que la BBC et CNN et - oh là là, même Al-Jazeera - traitent ces communautés criminelles comme d'incontestables institutions de pouvoir ? Pourquoi aucune enquête - Inside Job a ouvert la voie - sur ces fourbes scandaleux ? Cela me rappelle tellement la façon tout aussi lâche dont tant de journalistes américains couvrent le Moyen-Orient, évitant étrangement toute critique directe d'Israël, incités par une armée de lobbyistes pro-Likoud à expliquer aux téléspectateurs pourquoi on peut faire confiance à l'entreprise de "pacification" américaine dans le conflit israélo-palestinien, pourquoi les bons gars sont des "modérés", les mauvais gars des "terroristes".

Les Arabes ont au moins commencé à faire fi de ces bêtises. Mais quand les manifestants de Wall Street font de même, ils deviennent des "anarchistes", les "terroristes" sociaux des rues américaines qui osent demander que les Bernanke et Geithner fassent face au même genre de procès que Hosni Moubarak. Nous en Occident - nos gouvernements - avons créé nos dictateurs. Mais, à la différence des Arabes, nous ne pouvons pas les atteindre.

Le Premier ministre irlandais, Enda Kenny, a solennellement informé ses compatriotes, cette semaine, qu'ils n'étaient pas responsables de la crise dans laquelle ils se trouvent. Ils le savaient déjà, bien sûr. Ce qu'il ne leur a pas dit, c'est qui était à blâmer. N'est-il pas temps que lui et ses collègues premiers ministres de l'UE nous le disent ? Et nos journalistes, aussi ? »

(Traduction par mes soins. – Reproduction autorisée sous réserve de citer verslarevolution.hautetfort.com en source.)

15/12/2011

Sur George Orwell

Entretien avec Olivier François, journaliste à Eléments et Le spectacle du monde, le 12 décembre 2011 sur Méridien Zéro. Je remercie @Eisbär pour le tuyau.

 

14/12/2011

Vous avez dit : fuite en avant ?

 

« C'est le chiffre du jour et il fait froid dans le dos : selon l'OCDE, les besoins de refinancement des pays développés atteindront 10.500 milliards de dollars en 2012, contre 10.400 dollars en 2011. Dans l'absolu, ce montant n'est pas un record  : il était légèrement supérieur de quelques centaines de milliards en 2009 et en 2010, en plein coeur de la première phase de la crise financière.
Mais comparé aux niveaux d'avant crise, ce montant est colossal, presque supérieur d'un tiers aux besoins du milieu des années 2000. Entre 2008 et 2012, les Etats de l'OCDE auront emprunté, en brut, plus de 40.000 milliards de dollars. A titre de comparaison, les réserves de change chinoises sont évaluées aux alentours de 3.500 milliards de dollars. C'est dire la dépendance des Etats aux investisseurs privés.

Dans le détail, l'OCDE pointe deux tendances inquiétantes pour nos vieux pays :

- D'abord, les pays développés vont avoir besoin de refinancer 30% de leur dette moyen-long terme arrivant à échéance, au cours des trois prochaines années. C'est colossal. Autrement dit, les Etats devront non seulement financer leurs déficits, mais aussi réemprunter pour rembourser la dette contractée au cours des dernières années.

- Ensuite, il existe une divergence de plus en plus profonde entre pays "riches". Les membres du G7 devraient ainsi voir leur endettement cumuler [sic] à 87,9% du PIB en 2012, alors que la moyenne de l'OCDE sera de 74,9%. Surtout, la sous-catégorie des pays "émergents" au sein de l'OCDE (Mexique, Corée du Sud, Turquie...) vont voir leur besoin de refinancement retomber, en 2012, à leurs niveaux de pré-crise de 2009. Et donc leur endettement se réduire. (...) »

Source

13/12/2011

Quel talent...

Je ne connaissais pas KT Tunstall, quelle découverte !

Décidément, vive l'Écosse.

 

 

 

22:27 Écrit par Boreas dans Musique | Lien permanent | Tags : kt tunstall, push that knot away, ecosse, talent |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! |

12/12/2011

« Pou-tine-est-fi-ni, Le-Fi-ga-ro-est-dans-la-rue ! »

Un exemplaire du Figaro (non, de Libé, ou plutôt du Nouvel Obs... enfin, je ne sais plus)

 

« Pou-tine-est-fi-ni, Le-Fi-ga-ro-est-dans-la-rue ! », voilà le genre de slogans que devrait glapir la grande presse française aux mains du capital, qui prend ses désirs russophobes pour des réalités.

Par exemple, après s'être réjoui de ce que les dernières élections législatives aient constitué « un sévère revers pour le parti de Poutine », ce bon Pierre Avril - un grand romantique, même sa coiffure en témoigne, hahaha ! -, n'a rien trouvé de mieux que de titrer, dans Le Figaro :

« Russie : un élan démocratique s’oppose à Poutine »

« Poutine ébranlé par une contestation sans précédent ».

On voit que le journal favori de l'UMP rejoint dans le trip révolutionnaire anti-Poutine les gauchistes de Rue89 et les fans du Parti Communiste Russe.

Alors que, avec un système de vote à la proportionnelle (système que ne pratique plus la France de l'UMPS, adepte du scrutin majoritaire, on se demande pourquoi) Russie Unie, le parti de Poutine, a, contrairement aux prévisions de Pierre Avril, conservé la majorité absolue à la Douma avec 49,32 % des voix, un score que lui envieraient tous les partis de France, les médias occidentaux estiment qu'il n'y a pas de démocratie en Russie, rien que des fraudes massives, et que « Poutine ne fait plus rêver les Russes ».

Alors que, suivant l'opposition russe elle-même, les manifestants du 10 décembre à Moscou, ville la plus peuplée d'Europe avec près de 15 millions d'habitants dans l'aire urbaine selon Wikipédia, étaient « 40.000 » et que, selon 20minutes, ils étaient « entre 25.000 et 50.000 », Pierre Avril, lui, en voit « quelque 50.000 », puis « entre 50.000 et 80.000 ». Comme bien des médias occidentaux. Des « manifestations monstres », vraiment ? Allez donc voir les photos de la « révolution des neiges », comme l'appelle Alexandre Latsa... Vous en rigolerez avec moi, tout en tirant les leçons d'une indéniable usure du pouvoir, comme le fait Xavier Moreau qui, par ailleurs, dénonce dans le détail l'influence occidentale sur ce raout manqué.

A en croire les propagandistes inavoués de la ligne Brzezinski-Soros, Poutine serait effrayé par cette véritable marée humaine (comme Sarkozy, je suppose, par le million de manifestants contre la réforme des retraites à l'automne 2010, dans un pays deux fois moins peuplé...) et n'oserait rien dire, tant la vérité lui aurait éclaté à la figure.

Bah, désolé, Messieurs les augures, il n'en est rien. Non seulement il ne se sent pas si contesté que ça et dit que les fraudes électorales sont mineures (N.B. : en France, ça n'existe pas, bien sûr), mais encore Medvedev a ordonné une enquête (N.B. : en France, on fait mieux, hein) et enfin, eh bien tout simplement, Messieurs les larbins de Washington, allez vous faire foutre.

Heureusement, quelques voix plus objectives se font entendre, à commencer par celle de Philippe Migault, chercheur à l'IRIS :

« Ce qui me frappe, c'est la manière dont est interprétée cette élection... Il serait question d'une montée en puissance de l'opposition, mais de quelle opposition parle-t-on ?

Les trois autres partis représentés à la Douma sont loin d'être démocratiques, au sens où l'on entend en Europe occidentale. Il ne faut donc pas s'imaginer que ce sont des forces progressistes :

L'opposition politique n'est donc pas une référence, et il n'est pas certain que les Russes gagneraient au change si Russie Unie perdait la préférence populaire.

Quant aux libéraux, qui ont des valeurs semblables à celles de l'Union européenne, à savoir l'économie de marché et la démocratie, ils ne font que 3% des voix. »

Comme d'habitude, c'est encore chez nos amis de Realpolitik.tv qu'on trouve l'analyse la plus synthétique, celle qui prend le plus de recul :

« Les élections législatives marquent à n’en pas douter, un ancrage définitif de la Russie dans un modèle de développement démocratique autonome, éloigné des influences occidentales. La baisse de Russie Unie était prévisible tant le résultat de 2007 fut exceptionnel, avec plus de 60% des voix. Le parti au pouvoir conserve une confortable avance sur ses rivaux. L’importance de ces élections n’est pas dans cette baisse de Russie Unie, qui n’empêchera pas, de toute façon, Vladimir Poutine de gouverner pendant son prochain mandat. Ce qui compte avant tout, c’est le rejet massif de l’influence occidentale par le peuple russe. Les moyens engagés par les ONG américaines l’auront été en pure perte. Même à Moscou, le parti Yabloko, considéré comme le plus libéral, recueille à peine 10%. La nouvelle classe moyenne russe ou les milieux populaires, lorsqu’ils n’ont pas voté Russie unie (49,7%), ont voté communiste (KPRF : 19,15%), Russie Juste (parti proche de Russie Unie : 13,16%) ou pour les ultra-nationalistes de Vladimir Jirinowski (LDPR : 11,7%). Au total, plus de 90% du corps électoral russe rejette l’influence occidentale.

La Russie semble définitivement guérie de son engouement pour le modèle occidental du début des années 90. Le modèle consumériste, si visible à Moscou, n’est pas venu à bout à bout de l’âme russe. Les trois millions de fidèles qui ont défilé devant la ceinture de la Vierge dans toute la Russie, attendant pendant des heures, la nuit et dans le froid sont là pour en témoigner. Les Russes, soutenus en cela par leurs élites reconstruisent leur identité autour du christianisme, ce qui est également une rupture nette avec l’Occident ou la laïcité militante est devenue religion d’État.

Absence de partis pro-occidentaux à la Douma, reconstruction de l’identité russe autour du christianisme, piété populaire, refus de l’affrontement civilisationnel, interdiction du prosélytisme homosexuel, c’est le modèle européiste au complet qui est rejeté par le peuple russe et ses élites dirigeantes. Paradoxalement, c’est un modèle de développement qui pourrait inspirer les sociétés européennes enfoncées dans une crise autant économique que morale. »

A méditer par les droitards qui trouvent sympa le fils d'oligarque propriétaire de France Soir, le journal qui se réjouit de ce que le Centre Carnegie de Moscou parle de « crise politique grave », parce que ce type a dit qu'il voterait pour Marine Le Pen... On a les amis auxquels on ressemble.