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15/01/2012

Selon le LEAP, « 2012 sera l'année de la colère des peuples »

Image symbolique d'une réalité perçue par l'inconscient collectif ?

 

Souhaitons que Franck Biancheri et ses collaborateurs aient raison, dans leur communiqué de ce jour :

« (...) cette année verra notamment les dernières tentatives des puissances dominantes du monde-d'avant-la-crise de maintenir leur pouvoir global, que ce soit en matière stratégique, économique ou financière. Quand nous utilisons le terme "dernières", nous voulons souligner qu'après 2012 leur puissance sera trop affaiblie pour pouvoir encore prétendre maintenir cette situation privilégiée. La récente dégradation de la plupart des pays de l'Euroland par S&P est un exemple typique de ces tentatives de la dernière chance : poussés par Wall Street et la City, et du fait de leurs besoins insatiables de financement, les Etats-Unis et le Royaume-Uni en sont arrivés au point d'engager une guerre financière ouverte avec leurs derniers alliés, les Européens (le Royaume-Uni est comme un animal pris au piège de la dette. Et du fait du poids gigantesque de la dette du secteur financier britannique, il est condamné à tenter par tous les moyens d'obliger l'Euroland à payer les dettes de la Grèce, etc… La décote des dettes publiques occidentales est un bazooka pointé sur le cœur du Royaume, la City). C'est du suicide géopolitique car cette attitude oblige l'Euroland à se renforcer en s'intégrant toujours plus et en se dissociant des Etats-Unis et du Royaume-Uni ; tandis que l'immense majorité des dirigeants et des populations de la zone Euro ont enfin compris qu'il y avait bien une guerre transatlantique et transmanche conduite contre eux. (...)

Dans un autre registre, les tentatives de créer une "petite guerre froide" avec la Chine ou de tendre un piège à l'Iran sur la question de la libre-circulation dans le détroit d'Ormuz ressortent du même réflexe (la Russie a déjà fait son choix en développant son commerce avec l'Iran en roubles et rials, éliminant le dollar US des transactions entre les deux pays. Quant à l'Europe, elle gesticule sous pression US, mais in fine ne fera pas grand-chose en matière d'embargo car d'ici juin (nouvelle date pour prendre une décision), la carte politique aura bien changé). (....)

Le grand basculement de 2012, c'est aussi celui des peuples. Car 2012 sera aussi l'année de la colère des peuples. C'est l'année où ils vont entrer massivement sur la scène de la crise systémique globale. 2011 aura été un "tour de chauffe" où des pionniers auront testé méthodes et stratégies. En 2012, les peuples vont s'affirmer comme les forces à l'origine des basculements majeurs qui vont marquer cette année-charnière. Ils le feront de manière pro-active parce qu'ils créeront les conditions de changements politiques décisifs via des élections (comme ce sera le cas en France avec l'éviction de Nicolas Sarkozy - ce qui, au passage, remettra la France dans sa logique historique "gaullo-européenne" au lieu de l'ancrage occidentaliste qu'aura incarné la parenthèse Sarkozy) ou via des manifestations massives (Etats-Unis, Monde Arabe, Royaume-Uni, Russie). Et ils le feront aussi de manière plus passive en générant la crainte chez leurs dirigeants, obligeant ces derniers à une attitude "pré-emptive" pour éviter un choc politique majeur (comme ce sera le cas en Chine - où, selon le LEAP, le risque d'explosion populaire majeure se trouve à la croisée d'une situation économique tendue [ce sera le cas en 2012] et d'un accident majeur de santé publique ; beaucoup plus que dans un contexte de remise en cause directement politique ou dans plusieurs pays européens). Dans les deux cas, quoiqu'en pensent les élites des pays concernés, c'est un phénomène constructif car rien d'important ni de durable ne peut émerger de cette crise si les peuples ne s'impliquent pas (l'annonce par les Frères musulmans égyptiens qu'ils soumettront à référendum le traité de paix avec Israël appartient à cette même tendance). (...) Dans le même temps, on continue à voir les investisseurs fuir les bourses et les actifs financiers, notamment aux USA.

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24/12/2011

Pour une confédération européenne

 

Je suis pleinement en phase avec cet article paru sur le le site Polémia. Extraits :

«L’Europe est faite d’Histoire, de sang, de terre et de culture, la réduire à l’Euro ou réduire la construction européenne à la BCE ne peut être un réflexe "patriote". L’eurosceptique radical rejoint en cela, contre toute attente, le marchand mondialisé prétendument euro-fédéraliste.

Ce vieux fantasme d’après-guerre envisageant une union des pays d’Europe à partir d’un marché commun perdure. Etrange monde en effet que celui qui s’évertue à faire passer les fiancés devant le notaire et le banquier avant le maire, le curé ou la chambre à coucher. Mais au-delà des intérêts économiques qui par essence divisent ou renforcent l’individualisme, l’Euro, aujourd’hui dans l’œil du cyclone, peut-être même déjà à terre, prend désormais une valeur hautement symbolique… celle d’un étendard qui pourrait braver les marchés (contre toute attente le dollar ne s’est-il pas déprécié en 2011 par rapport à l’Euro et cela malgré la crise de l’Euroland ?). Un étendard qui fait ressurgir les véritables alliances (lors du dernier sommet européen, Mr Cameron a rejoint tout naturellement le fast-food vermoulu anglo-saxon et sa mafieuse City, sans parvenir à entraîner avec lui ses vieux alliés). Un étendard qui pourrait fédérer et dynamiser à nouveau les pays fondateurs de l’Union potentiellement aux commandes d’un véritable projet européen.

Dans sa dernière livraison du 15 décembre, le LEAP fait montre d’un optimisme surprenant sur la poursuite de l’intégration de l’Euroland et l’accélération de la dislocation anglo-saxonne. On le jugerait volontiers fantaisiste s’il n’avait pas prévu et décortiqué depuis 2006 quasiment au jour près les tsunamis successifs qui se sont abattus sur l’économie mondiale. Il est vrai que l’on a spontanément du mal à détecter un souffle historique dans l’improbable choucroute bling-bling Sarko-Merkel. Pourtant sans le vouloir vraiment et à marche forcée, ces "idiots utiles" fabriquent peut-être à leur insu de l’Histoire. Le LEAP considère que le chemin sur lequel nous sommes est long, complexe et chaotique, mais renforce notre continent et va placer l’Euroland au cœur du monde "d’après la crise".

Faisons en sorte que notre Europe ne soit pas le terrain de jeu de la finance internationale, ni la terre de prédilection d’un certain angélisme. Evacuer l’esprit bourgeois et usurier ne signifie pas pour autant en finir avec l’économie, l’une des trois fonctions vitales et primordiales de notre civilisation. Il nous faudra même nous souvenir qu’à la base de concrétisations politiques d’inspiration confédérale se sont souvent cristallisés des intérêts d’ordre socio-économique.

(...)

Une confédération à la différence d’une fédération, rappelons-le aux eurosceptiques les plus radicaux, est une union d’États indépendants, souverains, mais acceptant de partager sur tous les fronts du vivant une histoire commune en délégant certaines compétences à des organes communs respectueux des identités.

Depuis 1291, nos voisins helvètes partagent un destin commun, se respectent mutuellement entre cantons, politiquement, linguistiquement… Au 13e siècle, des hommes libres des vallées d’Uri, Schwytz et Unterwald trouvèrent leur motivation première à ce pacte d’alliance dans la nécessité "d’aide mutuelle", de protection politique, économique et juridique. La "Landsgemeinde", grande réunion communautaire à vocation sociale et économique, puis progressivement politique illustre remarquablement cette synthèse confédérale qui, au-delà de son creuset identitaire et de ses mythes fondateurs, peut très bien se nourrir de la "nécessité matérielle" pour évoluer vers un projet commun et durable.

Appartenir à sa terre dans une confédération respectueuse des identités ou dépendre d’un système matérialiste à prétention universelle et totalitaire… L’Européen doit choisir. Il y a urgence à ce qu’il trouve, tel Guillaume Tell, une fenêtre de tir pour retrouver le chemin de la puissance et réaliser enfin une Confédération des Euronations. »

Un indispensable complément : ce texte de Marc Rousset.

16/12/2011

Etats-Unis et Royaume-Uni à l'agonie...

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... Selon le LEAP :

« (...) Avec 1.800 milliards de Livres d'argent public investis dans les banques pour éviter leur effondrement en 2008, les contribuables britanniques sont (...) ceux qui ont payé le plus cher le sauvetage des établissements financiers. Et le gouvernement anglais peut bien continuer à exclure cette somme du calcul de son endettement public en prétendant qu'elle est un "investissement", de facto, de moins en moins de monde imagine que les banques de la City se remettront de la crise, surtout depuis l'aggravation du second semestre 2011 : les actions achetés par l'Etat ne valent en fait déjà plus rien. Le "hedge fund UK" est au bord du précipice (que soit du fait de la dette publique ou de la dette privée. Ainsi, en 2012 les investisseurs immobiliers britanniques vont être incapables de refinancer 156 milliards de dollars de prêts. Source : Bloomberg, 09/12/2011)… et grâce à David Cameron et à la City, il est isolé, sans personne pour lui venir en aide, ni en Europe ni aux Etats-Unis. (...)

les Etats-Unis terminent l'année 2011 dans un état de faiblesse sans équivalent depuis la Guerre de Sécession. Ils n'exercent plus aucun leadership significatif au niveau international. La confrontation entre blocs géopolitiques s'aiguise et ils se trouvent confrontés à presque tous les grands acteurs du monde : Chine, Russie, Brésil (et plus généralement quasiment toute l'Amérique du Sud) et désormais l'Euroland. Parallèlement, ils n'arrivent pas à maîtriser un chômage dont le taux réel stagne autour de 20% sur fond d'une réduction continue et sans précédent de la population active (qui est tombée désormais à son niveau de 2001 (alors que dans le même temps la population US s'est accrue de 30 millions de personnes, soit une hausse de 10%. Source : Washington Post, 02/12/2011) ).

L'immobilier, fondement de la richesse des ménages US avec la Bourse, continue à voir ses prix chuter année après année malgré les tentatives désespérées de la Fed (pour notre équipe, 2013/2014 va offrir, via le Congrès et du fait d'un soutien massif dans l'opinion publique, une occasion sans précédent de réclamer un démantèlement de la Fed. Les convictions anti-fédérales des Tea Parties et celles anti-Wall Street d'OWS trouveront là un irrésistible point de convergence) de faciliter les prêts à l'économie via son taux zéro. La Bourse a repris sa baisse interrompue artificiellement par les deux Quantitative Easing de 2009 et 2010. Les banques américaines, dont les bilans sont beaucoup plus chargés en produits financiers dérivés que leurs homologues européennes, s'approchent dangereusement d'une nouvelle série de faillites dont MF Global est un signe avant-coureur, démontrant l'inexistence des procédures de contrôle ou d'alerte trois ans après l'effondrement de Wall Street en 2008 (à ce sujet, il est particulièrement intéressant de constater que les agences de notation, Moody's en tête, n'ont à nouveau rien vu venir puisque, jusqu'à la fin de l'été 2011, MF Global était recommandé par ces agences… alors même que la société était déjà en train de ponctionner les comptes de ses clients pour tenter de survivre. Que ceux qui croient que leurs investissements sont mieux protégés à Wall Street ou la City méditent sur ce "détail").

La pauvreté s'étend chaque jour un peu plus dans le pays où un Américain sur six dépend désormais des bons d'alimentation (sources : MSNBC, 11/2011 ; RT, 08/12/2011) et où un enfant sur cinq connaît des épisodes de vie dans la rue (ce sont des chiffres qui classent dorénavant le pays intégralement dans la catégorie "tiers-monde" en matière sociale. Source : Beforeitsnews, 29/11/2011). Les services publics (éducation, social, police, voirie…) ont été considérablement réduits dans tout le pays pour éviter les faillites de villes, comtés ou Etats. Le succès rencontré par la révolte des classes moyennes et des jeunes (TP et OWS) s'explique par ces évolutions objectives. Et les années à venir vont voir ces tendances s'aggraver.

L'état de faiblesse de l'économie et de la société US de 2011 est paradoxalement le résultat des tentatives de "sauvetage" conduites en 2009/2010 (plans de stimulation, QE…) et de la dégradation d'une situation "normale" pré-2008. 2012 va marquer la première année de dégradation à partir d'une situation déjà très détériorée (le pays ne parvient plus à générer de la croissance comme l'explique Gregor McDonald dans SeekingAlpha du 05/12/2011).

Les PME, les ménages, les collectivités locales (source : Washington Post, 29/11/2011), les services publics… n'ont plus de "matelas" pour atténuer le choc de la récession dans laquelle le pays est à nouveau tombé (en fait, il ne l'a jamais quitté depuis 2008, sauf techniquement du fait des mesures macro-économiques. Mais personne ne se nourrit de macro-économie… sauf les économistes). Nous avons anticipé que l'année 2012 allait voir une baisse de 30% du Dollar US par rapport aux principales devises mondiales. Dans cette économie qui importe l'essentiel de ses biens de consommation, cela se traduira par une baisse quasiment équivalente du pouvoir d'achat des ménages US sur fond d'inflation à deux chiffres.

TP et OWS ont donc de beaux jours devant eux car la colère de 2011 va devenir de la rage en 2012/2013… »

21:28 Écrit par Boreas dans Crise, Economie, Géopolitique | Lien permanent | Tags : etats-unis, royaume-uni, agonie, leap |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! |

03/11/2011

Grèce : prendre un peu de recul...

 

Le directeur du LEAP se serait ridiculisé en louant les qualités du énième dernier plan de sauvetage européen de la Grèce et en pariant sur son succès, juste avant l'annonce par Papandréou d'un référendum sur la question et ses effets dévastateurs sur les cours de la Bourse.

On peut ne pas partager l'européisme de Franck Biancheri et de ses amis, bien qu'ils se réclament d'une vision plus démocratique de ce constructivisme, que ne le font les eurocrates de Bruxelles.

Mais je persiste à penser que, si on s’extrait une minute de l’actualité immédiate (les réactions à courte vue des marchés, le tintamarre médiatique sensationnaliste), Biancheri et le LEAP ont toujours assez largement raison.

Attention, je ne prends pas parti pour l’UE actuelle, ni pour sa politique, reflet néanmoins, ne l’oublions pas, des politiques nationales de ses Etats membres. J’essaie juste de deviner l’évolution globable de la situation.

Quelle que soit l’issue du référendum grec (si référendum il y a), la zone euro a fait la preuve, à l’initiative de l’Allemagne et malgré tous les lamentables cafouillages propres à la calamiteuse architecture politique européiste :

- de sa capacité (certes relative, mais tout de même) à faire payer les banques (au point qu’on peut se demander si Papandréou, outre son problème de légitimité politique interne à la Grèce, n’est pas en mission – il est demi-américain de naissance et a fait ses études aux Etats-Unis – pour la finance américaine) ;

- de son refus d’emboîter le pas aux délirants QE américains de Bernanke and Co. ;

- de sa volonté politique de conserver l’euro et d’en faire une monnaie de réserve susceptible de prendre le relais du dollar ;

- désormais, de laisser la Grèce suivre sa route (a priori, encore moins drôle sans l’euro qu’avec, mais c’est une opinion personnelle, je ne connais pas l’avenir), marquant ainsi non seulement une certaine lucidité quant à l’importance réelle (faible : 2,65 % du PIB de la zone euro) de ce pays au sein de l’Union monétaire, mais surtout, contrairement à ce qu’on peut lire ici et là, une volonté moins « totalitaire » que prévu.

A ce sujet, il est quand même assez amusant de voir Dupont-Aignan reprocher à la zone euro (en fait, au couple Sarkozy-Merkel, traités d’ « apprentis dictateurs ») de faire du chantage à la Grèce pour qu’elle renonce à son référendum ou fasse en sorte que le vote soit favorable à l’euro.

Qu’est-ce que les défenseurs à tous crins de la souveraineté et de la dignité des Grecs face aux banques entendent par ce « chantage » ?

Simplement, le fait qu’en cas de « non » à un éventuel référendum, eh bien, le dernier plan de sauvetage conclu avec l’accord des dirigeants grecs, ne serait pas appliqué. Fin des aides financières à la Grèce. Quoi de plus normal, puisque la Grèce n’en veut plus ?

Eh bien non. Les mêmes Français soucieux de leurs « petits sous », tellement en défaveur de toutes les aides à la Grèce tout en déplorant, la main sur le coeur, la situation du peuple grec (- « Oh, t’as vu le pauvre mendiant ? » – « Ah oui, c’est triste, mais faut surtout pas lui donner d’argent »…), viennent maintenant dire qu’il serait dégueulasse de faire ce qu’ils souhaitent, c’est-à-dire d’arrêter de donner (pardon, de prêter) à la Grèce ! C’est grotesque.

Il n’y a pas de « chantage ». Pourquoi les contribuables de la zone euro devraient-ils aider la Grèce malgré le revirement des dirigeants grecs sur le plan de sauvetage, aussi imparfait soit-il ?

Je veux bien que le peuple grec soit victime de la corruption de ses élites depuis des lustres, victime aussi de l’aide intéressée apportée à ses dirigeants par certaines grandes banques, que le prêt à intérêt c’est du vol, etc.

Mais tout de même, à un moment donné, il faut arrêter les mouchoirs et regarder la réalité en face.

La Grèce est un pays « souverain », comme certains aiment à le dire de la Slovaquie ; pays souverain, qui vit au-dessus de ses moyens depuis des lustres en truquant sa comptabilité publique, où la corruption est quasi-généralisée, où aucun effort de rationalisation fiscale n’a jamais été fait et qui a largement profité de son entrée dans la zone euro pour redoubler d’emprunts.

Et on voudrait nous faire croire que les Grecs sont tous des victimes, que ce sont les Français et les Allemands, riches prêteurs via leurs banquiers privés, les salauds ?

Le petit peuple grec est à plaindre. Le reste des Grecs, tout ceux qui ont bien profité du système, non. Que les élites grecques s’expliquent avec leurs électeurs et clients, cela ne nous regarderait que si nous adoptions le détestable « devoir d’ingérence » cher à Kouchner et BHL.

Personnellement, si Papandréou et l’ensemble des politiciens grecs étaient, dans les prochains mois, lynchés par une foule de nouveaux pauvres et pendus aux réverbères d’Athènes, je ne lèverais même pas un sourcil.

Mais qu’on ne vienne pas me dire qu’aider la Grèce contre la volonté de ses dirigeants, voire contre celle de son peuple (puisqu’il paraît que le référendum verrait un « non » massif au plan de sauvetage européen – j’en suis beaucoup moins sûr que les médias et la droâte nationale, tous d’accord avec les altermondialistes pour le coup, mais enfin…) ; qu’on ne vienne pas me dire, donc, qu’aider la Grèce si elle le refuse, ce serait justifiable d’une façon quelconque.

Ah au fait, une question à tous les grands savants furieusement en faveur d’une sortie de l’euro de la part de la Grèce : à qui ce pays ruiné va-t-il bien pouvoir emprunter pour continuer de financer son train de vie largement au-dessus de ses moyens ?

Admettons même que le gouvernement tombe et que, miracle, un autre plus intègre lui succède (on peut toujours rêver).

Admettons, suprême audace onirique, que ce gouvernement intègre décide de répudier la dette publique grecque, de faire défaut, de repartir de zéro.

Bon. Moi, je suis pour, hein. Jamais aimé les banquiers. Rien à foutre des épargnants qui seraient lésés par le défaut grec.

Seulement, le problème, pour la Grèce, c’est que, si elle pourra repartir (je suis d’accord avec Patrick Reymond qui donne l’exemple de l’Islande : quand on a fait faillite une bonne fois, on vous reprête, après ; sauf que l’Islande a des ressources naturelles et industrielles, et une réputation de travail, toutes choses qui ne sont pas si évidente du côté d’Athènes), il faudra quand même qu’elle encaisse un appauvrissement carabiné.

Que produit la Grèce ? Qu’a-t-elle à manger, à vendre, à exporter ? Sa marine marchande, à l’heure de la démondialisation ?

A force de ne voir que la finance, on en oublie l’essentiel, l’économie réelle.

La vraie question, c’est : comment les Grecs vont-ils encaisser une décroissance pour le moins gratinée, bien pire encore que celle contre laquelle ils manifestent déjà ? En développant le tourisme ? Si les touristes sont « accueillis » par le spectacle des Black blocks et de leurs barres de fer, le chiffre d’affaires risque d’être limité.

Les Grecs ont le choix : être prolongés de quelques années maximum par la zone euro et faire défaut avec tout le monde (ce qui est quand même plus convivial, plus festif : j’imagine les evzones dansant le sirtaki devant la fontaine Saint Michel en balançant des liasses d’euros sans valeur, applaudis par des ex-touristes allemands subitement néo-pauvres, coincés à Paris sans même un ticket de métro) ou plonger seuls, tout de suite, peut-être dans la révolution mais, avec certitude, dans la misère.

Sans parler du FMI et autres vautours et donc, d’une autre « tutelle » que celle de la zone euro, car qui voudra des obligations d’Etat grecques avec le taux record desquelles on nous bombarde quotidiennement ? Qui d’autre que le FMI voudra prêter à la Grèce ?

Alors, je pense… que malgré tout, la Grèce va rester dans l’euro.

Nous verrons bien.

Probablement, le LEAP s'illusionne sur la pérennité économique et financière de l'Europe actuelle. Il faut espérer, d'ailleurs, qu'il s'illusionne, parce que dans le cas contraire nous aurons, à terme, troqué la domination de l'hyperclasse anglo-saxonne, désormais vouée à l'affaiblissement voire à l'implosion, contre celle, exclusive, de l'hyperclasse ouest-européenne continentale.

Mais cela n'enlève rien, à mes yeux, à la pertinence de ses analyses par ailleurs.

19/04/2011

Signes avant-coureurs...

Le-chevalier-la-mort-et-le-diable.jpg

Albrecht Dürer : Le chevalier, la mort et le diable

 

Standard & Poor's vient d'abaisser "la perspective de la note des Etats-Unis de stable à négative", ce qui a un peu effrayé les marchés.

La veille, le directeur de la Banque Mondiale avait averti : "le monde est à un choc d'une véritable crise".

Nouriel Roubini, pour sa part, annonçait, un peu plus tôt, la fin de la croissance en Chine.

Même DSK, qui il y a un an clamait que tout allait bien, nous annonce carrément un risque de guerre.

Quant au LEAP, il prédit pour cet automne une triple crise aux USA, celle du dollar, celle des bons du Trésor et celle du budget fédéral.

Le prix du pétrole repart vers les cimes de l'été 2008, celui des denrées alimentaires atteint lui aussi des sommets, l'Angleterre plonge vers les bas-fonds de l'austérité improductive, l'Irlande s'est ruinée pour sauver ses banques, le Portugal et l'Espagne sont au bord du gouffre, les taux d'intérêts octroyés à la Grèce explosent, la crise japonaise sombre dans le cauchemar, personne ne sait où l'absurde conflit libyen va entraîner une France aux mains d'un gouvernement en pleine psychose néo-conne à retardement, les saisies immobilières aux Etats-Unis vont crever tous les plafonds et, pour couronner le tout, les dettes privées et les produits dérivés (surtout aux USA), dont personne ou presque ne parle jamais, restent à des niveaux apocalyptiques.

Je ne prétends pas savoir quand débutera le Grand Effondrement (à mon avis, il a déjà commencé, avec la démondialisation et le basculement de l'économie productive vers l'Asie, mais 1/ la résistance du Système, qui repose sur le virtualisme, la communication et la confiance des marchés, est assez étonnante au regard de l'immense fragilité de l'édifice, certes fondé sur la psychologie de la crédulité - la monnaie fiduciaire, les titres, le crédit - mais pas conçu pour résister à des déséquilibres aussi grands et 2/ l'écroulement ne peut pas être totalement soudain, il est global et donc, par définition, obéit à des séries de phases, de convergences de catastrophes, de fluctuations ressemblant parfois, surtout avec l'aide de la propagande médiatique, à des rémissions, puis de rechutes, toujours plus loin et plus profond...).

Ce qui me paraît évident, c'est qu'il est inévitable et qu'il fonce sur nous à une vitesse de plus en plus folle.

Vous ne trouvez pas, vous, que le temps accélère son cours ?

En tout cas, pronostic numéro 1 : effondrement d'un grand pays anglo-saxon.

Ensuite, effondrement des périphéries (Europe de l'Ouest surtout).

Puis, effondrement des périphéries de ces périphéries, à commencer par l'Afrique du Nord (le Maghreb, périphérie de la France, notamment).

Enfin, contagion globale, avec une souffrance particulière pour les continents et pays surpeuplés et non autarciques dans le domaine alimentaire, ou seulement avec une énergie fossile à bas coût (Afrique noire surtout, mais aussi Chine et Inde).

Bref, l'inconnu, le Big bang, mais offrant à l'Europe et à la France autant de chances de libération et de régénération que de dangers et de menaces.

Pas le choix, tout le monde y aura droit.

"Tremble, carcasse !"

16/02/2011

Noirceur du monde ?

 Mais la plus grande douceur est d’occuper les hauts lieux fortifiés par la pensée des sages, ces régions sereines d’où s’aperçoit au loin le reste des hommes, qui errent çà et là en cherchant au hasard le chemin de la vie, qui luttent de génie ou se disputent la gloire de la naissance, qui s’épuisent en efforts de jour et de nuit pour s’élever au faîte des richesses ou s’emparer du pouvoir.

Lucrèce, De la Nature, Livre II

 

Par moments, je me dégoûte d'écrire.

Ce blog ne m'est rien, pour ainsi dire. Il ne me sert pas de passe-temps, puisque je n'ai jamais assez de temps. Il n'est pas un défouloir. Pas plus qu'un filet à gratifications. Malgré ce que peuvent donner à penser mon style parfois vif et mes références parfois nombreuses, rien de ce que j'y laisse n'est entièrement impulsif, ni a contrario pleinement intellectualisé.

J'aime à penser que je m'adresse à mes frères, à mes soeurs, à ma famille. Avec tout l'intérêt et le respect que je voue à ce peuple, à ces peuples, de France et d'Europe. Avec la familiarité, aussi, des liens de sang et d'amitié. Avec mon coeur, en tout cas, bien plus qu'avec de simples cellules grises.

Je suis bien loin de tout savoir et j'évite soigneusement de m'exprimer sur des sujets dont je m'estime insuffisamment instruit. Encore ai-je dû me tromper souvent, malgré tout, et sans doute le referai-je. Cent fois sur le métier...

Toujours est-il que par moments, je me dégoûte d'écrire.

Non pas parce l'auditoire ne serait pas à la hauteur. De multiples commentaires de haute tenue m'ont plutôt convaincu que cela valait le coup de se lancer dans une entreprise aujourd'hui aussi banale qu'un blog, pourvu qu'on soit fidèle à ses idées et que celles-ci aient quelque intérêt collectif.

Non pas, non plus, parce que la banalité apparente de notre quotidien me ferait perdre le goût de prendre du recul pour son décryptage, ou parce qu'il y aurait lieu d'être blasé sur des sujets mille fois traités ailleurs et mieux qu'ici, ou encore, a fortiori, parce que la radicalité serait subitement devenue hors de saison.

Non.

Mais simplement, parce que nous baignons dans "le règne de la quantité" (Guénon) et que, quoi qu'on dise, quoi qu'on écrive, quel que soit le degré de qualité qu'on tente de mettre dans un texte envoyé sur la Toile, il ira, lui aussi, surpeupler un cyberespace déjà complètement saturé des milliards de dégueulis verbaux de cohortes d'infinis crétins.

Et un tel merdier, parfois, ça dégoûte. Si tout vaut tout, et c'est bien le cas quantitativement dans cette méga-démocrassie du Net, c'est que rien ne vaut rien. Donc, à quoi bon ?  Y a des jours, je préfère me taire et me retrancher du monde, plutôt que de balancer mes réflexions dans le gélatinodrôme.


Un ami me disait récemment : "ton problème, c'est que tu crois encore en l'Homme".

J'ai pas mal médité cette observation, bien plus remplie, à la vérité, de bonne sollicitude que de désespoir ou de nihilisme. Mais que le solipsisme de son auteur n'exempte pas d'inévitable subjectivité.

Entre autres, je l'ai méditée, bien sûr, sous l'angle de l'éternel antagonisme théorique de l'universalisme et du nominalisme : l'Homme (abstrait) existe-t-il ? Si oui, quel est-il, blablabla...

Mais, heureusement pour moi, surtout sous l'angle social. Vivant.

J'ai donc une réponse. Toute bête, au ras des pâquerettes. Et qui me suffit, sous réserve d'une quelconque validité de notre petit théâtre d'ombres au regard du chant des galaxies et de la complainte des enzymes gloutons.

Oui, je crois en ceux des hommes qui m'ont prouvé que je faisais bien de placer en eux ma confiance. Et je crois en tous leurs semblables qui, nécessairement, existent sans que je les aie rencontrés ni ne puisse espérer les rencontrer jamais (sauf, notamment, par le biais de ce blog).

Il est vrai que de tels hommes, il y en a fort peu, et que c'est pour cela, entre cent autres raisons, que je suis élitiste.

Quant aux autres, dois-je le dire tout net, au fond, je m'en fous. Avec une nuance. Comme disait Franz Liszt : "Aime le peuple, évite la foule". Comprenne qui pourra.

Les vertus humaines sont comme les vices humains. Elles sont enracinées profondément dans quelques natures d'exception, qui n'ont d'autre justification à exister que de les incarner en les exprimant (drôle d'image, je sais), pour la plus grande gloire de ce que les Anciens appelaient les Dieux, ou les Archétypes, ou les Idées.

Pensez seulement aux Jeux Olympiques (les vrais, pas leur parodie moderne, même encore coubertinesque).

En fait, ainsi que Gustav Meyrink l'a écrit dans Le Golem (quand il parle du tirage de boules de couleurs différentes et du rôle des criminels dans la société), c'est ça, le problème de la qualité ; comme celui de la "noirceur du monde" est celui de la quantité.

C'est le fait que ce qui est donné à quelqu'un, lui est donné une fois pour toutes. Et que ce qui ne l'est pas, ne le sera jamais.

Toutes les controverses sur l'inné et l'acquis m'ont toujours fait me gondoler de rire. La bonne sagesse des soudards de tous les pays, exprimée dans un humour souvent scatologique, contient plus de vérité à cet égard que tous les traités savants.

En résumé, un caractère fort, c'est un caractère fort. Vous aurez du mal à le plier à ce qui ne lui convient pas, mais il développera aisément ses qualités naturelles. Et un caractère faible, c'est le contraire. Vous aurez beau lui proposer la meilleure éducation, les meilleures chances sociales et professionnelles, il cédera trop facilement, là où un concurrent moins aidé mais plus doué se jouera de l'obstacle.

De même, prenez deux êtres dont les dons physiques sont inversement proportionnels à la force mentale, et faites-les se mesurer (dans des limites raisonnables, hein, je ne vous parle pas d'emblée d'ordalie ou de flingage à la Rambo). En général, c'est le mental qui fera la différence, l'esprit dominant la matière.

De même, prenez un type énergique, de nature loyale, porté à la finesse et à la droiture, et mettez-le au défi de convaincre une chiffe molle consensuelle, sans idées ni valeurs ni fidélité, que le grand jeu de l'existence consiste à sortir de l'horizontalité pour se se mettre sur un axe vertical. Vous m'en direz des nouvelles, si vous n'êtes pas carrément saisi d'une envie de meurtre au bout de cinq minutes.


Ce déterminisme est difficile à encaisser pour des Occidentaux, chez lesquels la gratification égotique représente le summum de la réussite existentielle et pour qui le mythe de la "Liberté" est le pauvre postulat théorique d'un libre-arbitre aussi illusoire que nié par toutes les sociétés traditionnelles.

Il est quasiment inacceptable, pour ce type "humain", de percevoir que la seule liberté réside dans la qualité de l'acceptation. Acceptation de ce qui arrive (quoi que ce soit), non de ce qu'on fait arriver... Mais là, il faudrait parler aussi du fantasme du "faire", comme de pourquoi il faut néanmoins jouer son rôle, et je crois avoir déjà donné.

Croire qu'on peut faire débouler, sur commande, de la qualité dans notre civilisation purement quantitative, ou dans un humanoïde pur consommateur de quantité, c'est non seulement une ânerie de champion du monde, contraire à toute réalité observable, mais c'est surtout un crédo du confusionnisme régnant, par lequel le système arrive à faire des esclaves même avec des bonnes intentions, de type humaniste, éducatif et libéral.

Culturellement, le type européen le plus évidemment opposé à cette guimauve intellectuelle et sentimentale de l' "éducation" et de la "liberté", avec son carnaval ultime des droits-de-l'homme, c'est le type grec. Celui de la tragédie grecque aussi, par conséquent, petite partie, chronologiquement, de la création théâtrale de la Grèce Antique ; tragédie, qui n'a certes pas existé pour inspirer aux Grecs classiques une terreur, disons judéomorphe, de leurs dieux...

Qui sait, d'ailleurs, que le mot "tragédie" vient du grec "tragos", qui signifie "bouc", animal sacrifié en l'honneur de Dionysos à l'ouverture des festivals de théâtre athéniens ? L'analogie me vient toujours à l'esprit, avec la morphologie du dieu Pan, diabolisé ensuite par les Chrétiens à qui il fallait absolument un diable...

Pour en revenir à l'opposition entre le type grec antique et le type occidental moderne, il me paraît évident que le premier était tout en rites, en culte concret et symbolique d'une philosophie (au sens pratique et religieux), alors que le second n'est que pétitions de principes, discours creux sur des prémisses erronées, propagande, marketing, mensonge sur toute la ligne.

Et donc, par moments, étant du premier mais plongé dans le second, je me dégoûte d'écrire...

Je sais bien que j'ai tort. Que même si la noirceur quantitative de notre monde est d'une matérialité épaisse,  même si les marées noires (la réalité et le symbole ne sont jamais loin l'une de l'autre)  succèdent aux Tchernobyl, même si les pesticides agricoles le disputent aux vaccins dans l'empoisonnement de la planète et de ses habitants, même si l'escroquerie monétaire et financière cherche à faire passer la corruption politique pour encore pire qu'elle,  même si des foules d'ahuris gobent à peu près tout ce que leurs éleveurs en batterie leurs serinent, tout cela n'est qu'une apparence.

Il est évident que tout ce gâchis ne peut pas durer. Il est surtout évident qu'au plan qualitatif, sa valeur est zéro. Que le système ne peut se maintenir encore un peu qu'en continuant  "à abolir le réel". Et que c'est là que ça coince. Parce que pour une telle ingénierie sociale, totalement matérialiste, il faut des moyens matériels colossaux, qui vont bientôt faire défaut. Comme le souligne le dernier communiqué du LEAP, ce qui se passe dans les pays arabes présente des analogies avec la chute du Mur de Berlin et annonce la chute du Mur des pétro-dollars, sinon celle du Mur Dollar tout court.

Mais quand même, par moments, trop de cons et de conneries, ça passe difficilement. D'où mon relatif silence ces derniers temps.

Mille pardons, patient lecteur.

18/10/2010

Que crève le système

Dans le contexte actuel de dé-mondialisation, on a pu lire récemment sur le blog de Paul Jorion, parlant de la divergence désormais avérée des grandes puissances économiques dans leur quête désespérée d'une illusoire reprise : « l’affirmation renforcée d’une politique du chacun pour soi (...) ne fera qu’accentuer la crise ».

C’est exactement ce que dit le LEAP (Laboratoire Européen d'Anticipation Politique) depuis l’an dernier, même si, au plan chronologique, ses prévisions se sont avérées à trop court terme : « d’ici la fin de l’été 2009. Sur fond de cessation de paiement des Etats-Unis s’ouvrira alors la période à partir de laquelle le « chacun pour soi » deviendra la règle du jeu international ».

Or, en effet, même dans le « chacun pour soi », ne gît aucune solution de continuité pour le système.

Parce qu’aucun des prétendus remèdes n’est viable (la planche à billets aux Etats-Unis et au Japon, les politiques d'austérité de droite - réduction des dépenses publiques - comme de gauche - augmentation des recettes publiques - en Europe).

Pas de remède, parce qu'à une crise de la dette, donc à une crise de solvabilité, on répond comme à une crise de trésorerie, donc à une crise de liquidités.

Qu’on veuille, aux USA et au Japon, créer ex nihilo de l’argent pour donner du liquide à quelques grands acteurs de l'économie et/ou relancer l’inflation, ne répond pas au besoin de l’économie réelle, qui a vécu sur le crédit pendant des décennies et n’a tout simplement plus suffisamment de création de richesses à présenter pour garantir sa consommation excessive.

Quand on n’est plus solvable, parce qu’on a vécu au-dessus de ses moyens pendant trop longtemps, qu’on est étranglé par ses créanciers et qu’on n’a plus rien à vendre pour les payer, ce n’est pas l’injection ponctuelle d’un peu de cash qui va régler le problème.

Quant à la politique d’austérité entamée en Europe, on voit déjà ses premiers résultats en Grèce et on peut s'attendre à des métastases partout, notamment en Irlande, en Espagne, au Portugal et même en Italie.

Là encore, ce n’est pas au moment d’une crise de solvabilité qu’il faut accroître la charge pesant sur les débiteurs, comme sur les producteurs (puisqu’on diminue mécaniquement la consommation, donc la croissance).

Or, c’est ce que l’on fait en augmentant les prix et les impôts, en diminuant les revenus, tout cela au profit de la prétendue réduction de la dette publique, sacralisée par l'idéologie libérale (en réalité, on ne fait que freiner les déficits annuels, si bien qu’en fait la dette continue de s’accroître, mais évidemment personne n’explique cela au grand public qui n’y comprend rien).

La seule chance du système aurait été de resolvabiliser ses débiteurs, avant que la machine du crédit ne se grippe complètement – ce qui est le cas aujourd’hui.

Aucune injection pseudo-« keynésienne » (Keynes, tant critiqué par les libéraux d'aujourd'hui, a bon dos, lui dont les remèdes valaient pour une période où, contrairement à notre époque, existaient protectionnisme et, en général, souveraineté monétaire...) de liquidités, à aucun niveau (banques, entreprises, consommateurs), ne peut plus sauver la situation.

La solution, personne ne paraît l’avoir compris ou personne ne veut l’admettre, c’est tout simplement de rompre avec le système.

Les élites actuelles sont-elles capables de penser une telle rupture ? Vu leurs cursus habituels de formation, privilégiant l'autogamie, la pensée analytique, la théorie et l’idéologie en circuit fermé, au détriment de l’esprit de synthèse et du pragmatisme, on peut en douter.

Il conviendrait de redonner leur souveraineté politique, économique et financière aux Etats-nations, par le monopole de la création monétaire, par la restauration d’échanges commerciaux sains et équilibrés au travers de frontières fiscales, douanières et humaines rétablies, par la réindustrialisation de la plupart des pays occidentaux, par l’anticipation de la crise énergétique et alimentaire, par mille et une réorganisations bien éloignées de la gabegie libéralo-soviétique actuelle.

Ce qui est bien, ce qui est juste, ce qui est satisfaisant dans la fuite en avant actuelle, c’est que du refus des puissants de changer de système, ne peut découler qu’une aggravation à l’infini de la situation ; aggravation qui est déjà, en soi, un changement de système puisqu’elle pousse la désorganisation à son paroxysme et qui, surtout, ne peut, à terme, que déboucher sur le nouveau système nécessaire.

 

Ce nouveau système, en quoi devrait-il consister ?

Michel Drac a parfaitement résumé le modèle alternatif idéal :

« Je crois que le « modèle », c’est le bon sens. En gros : l’Etat à sa place, le marché à sa place, une régulation raisonnable et un protectionnisme raisonné. Inutile de vous dire que ce modèle qui n’est pas un modèle est justement ce dont nos « élites » ne veulent pas entendre parler. Leur stratégie : utiliser l’ultra-libéralisme comme repoussoir de l’étatisme forcené, et réciproquement. Et ça dure depuis 100 ans…  »

Ajoutons qu'un des artifices du système consiste à s'abriter derrière la prétendue "science" économique.

Ni les libéraux, ni les collectivistes n’ont rien à faire avec la défense des identités et souverainetés françaises et européennes.

Leurs dogmes, pour la plupart utopiques et irréalisables, quant ils ont pu être appliqués, s'en sont révélés, consciemment ou non, les ennemis.

Les libéraux, de « droite » ou de « gauche » défendent en général, avant tout, les intérêts de leur classe sociale (la bourgeoisie, plus ou moins « bobo  », et sa mentalité d’épicier et/ou de rentier).

Croire sincèrement à un Grand Matin du « vrai » libéralisme aujourd’hui, après que l’histoire économique ait démontré que l’égalité des chances au départ est une fable bisounours, c’est aussi naïf que de succomber au mythe du Grand Soir, chez les voisins d’en face, après avoir lu « Le livre noir du communisme ».

Les collectivistes, dont l’influence a beaucoup baissé compte tenu de l’échec des pays communistes, sont essentiellement représentés, curieusement, non parmi le petit peuple que défendait jadis la gauche, mais parmi les « avantagés » de l’étatisme social-libéral ou libéral-social, parmi les assistés et certains fonctionnaires, parmi les étudiants-poil-aux-dents et les gosses de riches en mal de rébellion boutonneuse.

Et qui représente encore, justement, le peuple, le « pays réel » ?

Les « petits » : artisans, commerçants, ouvriers, « prolos » divers et variés, employés, agriculteurs sur petites exploitations, petits retraités, etc.

Que veulent tous ces gens (aux alentours de 80 % de la population, probablement) ?

Que le politique reprenne le dessus sur l’économique et sur les idéologies.

Qu’on arrête toutes les conneries soviéto-libérales et qu’on mène une politique équilibrée entre :

- la libre entreprise raisonnable (celle qui n’a pas le droit de fabriquer et de vendre n’importe quoi, sous le seul prétexte théorique libéral de la liberté absolue d’entreprendre),

- la juste rémunération du travail et du mérite,

- la solidarité et la justice entre les différentes catégories sociales,

- la protection contre les abus du libéralisme (libre-échange déséquilibré détruisant notre économie par l’exposition à une concurrence avec les pays à bas coût de main-d’oeuvre, encouragements à l’immigration pour pousser à la déflation salariale « compétitive », excès délirants de la finance et de la rente…),

- comme de l’étatisme et du fiscalisme (assistanat hyperbolique et ouvert au monde entier, excès du « maternage » moralisateur en matière de santé et de sécurité, hypertrophie de la Fonction Publique et gabegie népotique…),

- et l’intervention de l’Etat, qui ne peut être limitée aux fonctions régaliennes, dans la mesure où les grandes stratégies industrielles, énergétiques, d’infrastructures, etc., si elles doivent être conduites en concertation avec le secteur privé, ne peuvent lui être abandonnées purement et simplement.

Pour cela, sont préalablement nécessaires :

- le retour aux frontières politiques, économiques et financières, aux Etats-nations, à la souveraineté nationale pleine et entière, notamment en matière de création monétaire,

- l'annulation des dettes publiques, que leur ampleur rend irremboursables, sans parler de leur illégitimité (forfaiture de la loi Pompidou-Giscard du 3 janvier 1973) et la renégociation des dettes privées (« euthanasie du rentier » sans états d’âme, si son capital n’est pas investi dans des entreprises nationales, productives de richesses réelles), la nationalisation des banques sans reprise des dettes spéculatives,

- la dissolution ou la réorientation en profondeur de tous les organismes supranationaux vecteurs des effets négatifs du libre-échange mondialisé : UE, FMI, Banque Mondiale, OMC, etc.,

- la poursuite des échanges internationaux avec une monnaie non indexée sur les métaux précieux (l'étalon-or, notamment, fondé sur un métal trop rare et inégalement réparti dans le monde, est connu pour avoir favorisé la thésaurisation et la rente et donc, l'exploitation des pauvres par les riches ; voir les révolutions industrielles) et ne présentant malgré tout aucun des inconvénients de « l’étalon-dette » que nous connaissons (c'est-à-dire, les monnaies fiduciaires et scripturales obéissant au mécanisme des changes flottants, créées à partir de rien et pourtant vendues fort cher par la finance privée) : Silvio Gesell, le premier, avait imaginé une telle monnaie alternative, baptisée IVA, « International Valuta Association » (voir pages 287 et suivantes – pages 83 et suivantes du fichier PDF où mène ce dernier lien),

- la réindustrialisation nationale à but d’autosuffisance, sinon d’autarcie, tant civile que militaire,

- la suppression des syndicats et la re-création des corporations professionnelles, adaptées de celles qui existaient sous l’Ancien Régime,

- la réémigration pacifique, négociée et aidée, d’au moins 90 % des allogènes installés ou nés en Europe, vers leurs pays d’origine,

- et d’abord, fondamentalement, le préalable à tout : l'éjection de la clique de profiteurs, de boutiquiers, de technocrates, de médiocres arrivistes, de sans-imagination, de sans-couilles qui prétend, comme Christine L’Hagarde, nous imposer toujours plus de grisaille, toujours plus d’idéologie « TINA » (« There Is No Alternative » : il n’y a pas d’alternative - à la mondialisation libérale -, expression prêtée à Margaret Thatcher), toujours plus de soumission à ses intérêts et à ses profits.

Bref, une politique économique mesurée, faisant appel tant à l’initiative privée qu’à l’intervention étatique.

Il paraît que cela a fonctionné, pendant des milliers d’années, un peu partout, avant que des intellectuels aux perruques poudrées et aux idées farfelues ne viennent expliquer au paysan aux mains calleuses comment tenir sa bêche, et au maître artisan héritier de l’efficacité de ses aïeux comment rationaliser sa production.

Le tout, pour qu'en réalité, l'absence de corps intermédiaires imposée par la loi Le Chapelier permette aux libéraux, instigateurs et grands bénéficiaires de la Révolution Française, d'atomiser l’homme et de libéraliser le marché du travail ; c’est-à-dire, d'abaisser les coûts salariaux dans les relations de riche à pauvre.

D’où les révolutions ultérieures.

Mais les syndicats, le droit de grève et les conventions collectives ne remplaceront jamais les corporations de l’Ancien Régime, parce qu’ils ne reflètent plus les anciennes communautés socio-professionnelles organiques.

Ils ne font qu’organiser en lobbies idéologiques et en garanties contractuelles anonymes, l’opposition à la toute-puissance du sacro-saint Marché.

Autant dire qu’ils participent de la déliquescence, plutôt que de la combattre.

On le voit bien, à l’heure où manifestent en masse des pseudo-protestataires, pour le maintien des avantages attendus du système et non contre ce système qui, pourtant, crée les inconvénients dont ils se plaignent.

Pseudo-protestataires qui, en réalité, ont été avalés depuis plusieurs générations par le consumérisme ambiant, voire l’exaltent.

Comme l’écrivait Nietzsche, le prolétaire n’est qu’un bourgeois en devenir.

Nous y sommes. Libéralo-soviétisme.

Il ne s’agit plus que de se partager un gâteau devenu trop petit pour l’avidité de tous.

Bref.

 

J’entends d’ici les habituels cris d’orfraie de la « droite d’argent » (les « nationaux-libéraux ») : « bouh, scandaleux, espèce de communiste, la vérité c’est que tout vient du trop d’Etat, des fonctionnaires, du socialisme, blablabla… ».

Eh bien non, Messieurs les tartuffes.

TOUT ne vient pas QUE d’un excès d’Etat-providence et de collectivisme. Oh que non.

Il va bien falloir un jour que vous sentiez la poutre qui obture votre oeil unique, au lieu de reprocher à certains, moins boutiquiers dans l’âme, la paille que seraient, selon vous, des concessions à votre repoussoir exclusif.

La gauche, le socialisme, le collectivisme, l’Etat providence, la gabegie fiscale, le trop-plein de fonctionnaires, la politique des politiciens, ne sont pas l’explication principale des délocalisations et de la désindustrialisation.

Ils ne sont pas non plus l’explication exclusive, loin de là, de l’énormité de la dette publique.

Ils ne sont toujours pas l’explication exclusive, loin de là, du chômage, de l’immigration-invasion, des excès de la finance, de la pollution, de la corruption, du népotisme qui règne dans les milieux consanguins des affaires et de la politique, etc.

C’est votre merveilleux libéralisme, tendance « néo » mais peu importe tant le ver a toujours été dans le fruit, qui, avec sa privatisation de la création monétaire, créatrice d’intérêts injustifiés pour la finance privée, son libre-échangisme mercantile, insoucieux de l’intérêt des peuples, son cynisme darwinien (ou tendance « néo » : pareil, peu importe) pesant sur les salaires, totalement irrespectueux des petits et des sans-grades, jouant l’immigré contre le « de souche », le pays à bas coût de production contre la patrie, le profit immédiat contre le gain à long terme et même souvent contre la santé, les copains et les coquins contre l’intérêt général ; c’est votre merveilleux libéralisme, qui est en grande partie responsable de la situation.

Alors oui, pour ma part, aucun doute, aucune hésitation, je préfère une certaine gauche à cette pseudo-droite qui n’a de nationale que le nom qu’elle se donne elle-même.

Entre gens sincères, on se reconnaît.

Alors que le bourgeois, lui, ne connaît, avant tout, que son intérêt.

Son intérêt qui, trop souvent, n’est pas celui du peuple.

Il est nécessaire de se désolidariser tant du collectivisme que du libéralisme, d'extirper de son cerveau ces deux utopies, soeurs dans ce même matérialisme destructeur d’humanité, à rejeter la primauté donnée à l’intérêt individuel, à retrouver les valeurs éternelles, les identités et les solutions qui ont fait la France.

Il serait bon, également, de relativiser l’importance de l’avoir et de privilégier l’être. Qu’emporterez-vous, dans votre tombe ?

Retenons, dans le domaine économique, les solutions éprouvées de tous les temps, et non uniquement les utopies des idéologies libérale et marxiste.

La révolution se fera d’abord dans les têtes et dans les coeurs.

Il faut donc boycotter les supermarchés du prêt-à-penser et du prêt-à-sentir, même quand leurs démarcheurs se présentent parmi nous en essayant de nous faire croire qu’ils sont des nôtres.

Tout est une question de valeurs et, dans une société normalement organisée, l’économie ne doit pas prévaloir sur le politique, c’est aussi simple que ça.

La mentalité mercantile, qu’elle soit mercantiliste au sens strict ou libre-échangiste, n’est pas porteuse de valeurs suffisantes pour fonder une société (sauf une société anonyme, ce que nous voyons aujourd’hui au plan mondial).

 

Il existe aujourd’hui, à gauche comme à droite, un clivage entre ceux qui défendent leurs intérêts catégoriels, et ceux qui défendent les intérêts du peuple (et de la nation, au sens étymologique de groupe humain de même origine et de même culture).

Les premiers nommés se retrouvent dans le socialisme libéral et dans le libéralisme social, alibi d’un système ayant abouti à l’alliance objective du libéralisme et du soviétisme ; leurs idiots utiles respectifs, idéologues crédules ou hypocrites, étant les libéraux « purs et durs » et les socialistes « réellement de gauche ». Leur système est voué à l’écroulement.

Les seconds, eux, sont l’avenir.

Les lignes bougent, les convergences deviennent conscientes.

Il existe, notamment, une gauche nationale et elle est même en développement.

Ce qui est normal, puisque la gauche socialo-libéralo-marxiste ne défend plus le peuple depuis longtemps.

La gauche historique, celle du mouvement ouvrier et du syndicalisme révolutionnaire, réactions aux révolutions industrielles, n’est d’ailleurs pas particulièrement marxiste. Elle est socialiste et populaire et le marxisme ne convainc pas tous ses membres.

Jusqu’au marxisme d’un Georges Marchais, défendant, malgré l’alignement internationaliste, l’ouvrier français contre l’immigration.

On finirait, sous le déluge de propagande UMPS-NPA et médias, par oublier que Ledru-Rollin, Louis Blanc, Proudhon, Blanqui, Georges Sorel (celui-ci témoignant des hésitations de l’époque entre marxisme et « national-populisme »), ont existé, que Jaurès a été cité par le FN lors d’une récente campagne électorale, que le vote à gauche dans le Sud-Ouest, par exemple, n’est souvent que l’expression d’un attachement viscéral, enraciné, aux solidarités traditionnelles ; comme l’était la première révolte des Canuts de Lyon en 1831, contre « les féodalités de l’argent », contre la monarchie bourgeoise libérale écrasant le petit peuple…

L’internationalisme marxiste n’a pas, loin de là, convaincu et entraîné toute la gauche française (un bon quart des congressistes de la SFIO en 1920, n’ont pas voté l’adhésion à l’Internationale Communiste).

Un Jacques Sapir est, de nos jours, l’illustration d’une vision souverainiste et protectionniste, bien que de gauche (si cet homme large d’esprit voisine, au Parti de Gauche, avec le déplaisant internationaliste Mélenchon, c’est pour des raisons qui lui sont personnelles, mais qui ne transparaissent pas dans ses écrits), de l’économie française.

Aucun grand parti politique de gauche ne représente encore la gauche nationale, mais cela pourrait venir, compte tenu de la progression de la crise et du fait que bien des électeurs penchant « du côté du coeur » commencent à réaliser que l’immigrationnisme et l’internationalisme sont peut-être des mensonges du même ordre que la négation de l’Holodomor et du Goulag à l’époque du PCF aligné sur Moscou…

Je le répète, les lignes commencent à bouger. Il y a beaucoup de gens sincères et naïfs à gauche. Laissons-leur le temps de réaliser qu’ils ont été bernés.

Dans l’immédiat, au-delà d’une tendance déjà dissidente, notamment présente au sein du journal Marianne, encore infectée de miasmes de la gauche « coco », voilà quelques exemples de « gauche nationale » :

- Socialisme et souverainté

- Parti Ouvrier Indépendant

- Organisation socialiste révolutionnaire européenne

Il est aisé de constater qu’il y a de nombreuses convergences entre cette mouvance et « nous » (c'est-à-dire la soi-disant « extrême-droite », en réalité, les patriotes : identitaires, nationalistes, européistes des nations, souverainistes, anti-matérialistes, et même les royalistes, les nostalgiques et les romantiques - bref, toute la galaxie que les belles âmes hypocrites de gauche comme de droite, spécialistes de l'anathème incantatoire, diffamatoire et intéressé, rangent dans la catégorie des « fachos »).

Mais quand je dis « nous », j’exclus radicalement les « nationaux-libéraux », qui font passer leur idéologie libérale avant leur sentiment national.

Leur véritable chapelle est l’UMP.

Ils traitent de « communiste » quiconque critique les méfaits imputables à l'application de leurs dogmes ?

Il veulent des réformes et non une révolution ?

C'est donc bien qu'à supposer qu'il soit amendé selon leurs désirs, le système leur convient ?

Qu'ils crèvent avec lui, alors.