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25/02/2014

Game over

 

Dennis Meadows est l'un des auteurs du fameux livre de 1972 "Les limites à la croissance dans un monde fini". Partant de l'idée de bon sens que la croissance indéfinie est impossible dans un monde fini, les auteurs, un groupe de scientifiques du M.I.T. américain, utilisaient une modélisation des interactions entre ressources, technologie, pollution et population au niveau du monde entier pour tenter de caractériser des "avenirs possibles" du système économique, de la population humaine et de la planète. Leurs résultats les amenèrent à alerter sur le risque qu’en continuant un développement économique sans limite, l’humanité risquait d'épuiser les ressources de la planète et même de dépasser la capacité de la nature à se renouveler elle-même.

L'étude de 1972 a décrit plusieurs scénarios d'évolution possible de l'économie, de la population et des ressources mondiales, chaque scénario correspondant à des choix différents que l'humanité pouvait collectivement faire à partir de 1972. Leur scénario "On continue comme avant", qui correspond grosso modo à ce qui s'est passé par la suite, prédisait que l'approche des limites de la planète commencerait à exercer un fort impact sur la croissance à partir des environs de l'année 2010, impact qui irait ensuite croissant, finissant par déboucher d'ici 2050 au plus tard sur un effondrement, c'est-à-dire une baisse précipitée du niveau de vie et peut-être de la population mondiale, dans une situation d'épuisement des ressources et de l'environnement naturel.

Il est certes permis de mettre en rapport cette alerte précoce avec l'augmentation d'un facteur 2,5 du prix du pétrole depuis 2005, la tendance au plafonnement de la production de carburants liquides, les tensions alimentaires qui se manifestent depuis 2007 ainsi qu'avec la crise financière initiée en 2008 et toujours en cours.

Voici en exclusivité pour Nœud Gordien la version française d'une récente interview de Dennis Meadows, accordée au magazine autrichien Format à l'occasion des quarante ans de l'étude originelle de 1972.

Le discours de Meadows est d'un pessimisme frappant. Il est tentant – et il serait rassurant – de le rejeter d'emblée comme extrémiste. Attention cependant, car Dennis Meadows est tout sauf un excité apocalyptique ! Avoir été à l'origine de l'étude visionnaire des "Limites à la croissance" dès 1972 lui confère une très forte crédibilité. Il mérite d'être écouté, que son regard sur les prochaines décennies soit trop sombre ou qu'il soit justifié, et les questions qu'il pose sont quoi qu'il en soit judicieuses, bien que fort dérangeantes.

La version originale de l'interview est disponible en allemand sur le site de Format.

Une version anglaise est également disponible sur le site Damn the Matrix.

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26/08/2013

L'inégalité du partage des richesses mondiales

20:41 Écrit par Boreas dans Crise, Economie, Géopolitique | Lien permanent | Tags : inégalités, richesses, partage, monde |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! |

08/04/2012

Basculement de l'économie-monde

(cliquez pour agrandir)

Source : Eurostat (graphique publié par Le Parisien Aujourd'hui en France du 30 mars 2012, p. 3)

Bien sûr, ce premier graphique ne concerne que les échanges commerciaux de l'Union européenne.

Pour une représentation (presque) complète, voyons la balance commerciale Chine - Etats-Unis, mais alors là, accrochez-vous bien, parce que l'illustration ne porte pas sur une année, mais sur... un seul mois !

Depuis 2009, ça n'a pas vraiment changé.

Il y a comme une dynamique. Ou plutôt, un tsunami.

01/03/2012

« Les Etats-nations sont dépassés, c’est la naissance des nations continents ! »

Un petit morceau de cette Europe que nous aimons tous

 

Philippe Milliau, ancien cadre dirigeant du GRECE, membre du bureau exécutif et responsable de la formation au sein du Bloc Identitaire, n'y va pas par quatre chemins dans une tribune publiée aujourd'hui par Novopress (inutile de vous dire que je suis assez largement d'accord avec ce qui suit) :

« Pour les amuseurs publics et autres bonobos de la pensée qui pontifient dans les médias, la crise que nous subissons n’est qu’un épisode de plus dans la longue liste des soubresauts du capitalisme mondial depuis l’invention de la monnaie par un Homo Sapiens un peu plus malin que ses congénères.

À en croire les augures bien en cour, il suffit d’un peu de patience pour que tout rentre dans l’ordre et pour que la valse des milliards puisse reprendre comme avant pour le plus grand bonheur des manitous du CAC 40, de la Deutsche Boerse, de la City de Londres ou encore de Wall Street.

Et si ce n’était pas du tout ça ?

Et si, à l’opposé de la vision falsifiée véhiculée depuis le début de cette crise, nous vivions un renversement de l’ordre ancien ? Un bouleversement d’un monde tel que nous le connaissions jadis nous obligeant à envisager des mesures radicales pour guérir notre continent des maux qui l’affligent.

Cette hypothèse est bien trop effrayante pour que les élites du système osent en parler. Pourtant, les arguments qui plaident en sa faveur sont nombreux, solides et concordants.

Examinons quelques-uns des faits qui nous amènent à proposer cette explication.

Le dollar a du plomb dans l’aile

Une des manifestations les plus criantes de la fin de cette époque qui nous a tant fait souffrir, qui nous a asservis, comme tous les peuples du monde ou presque, c’est l’état de son pilier principal : le dollar.

Déjà, par rapport à un panier des monnaies dynamiques (yuan, euro, real…), on observe un début de baisse du dollar en valeur relative. La situation économique et politique des États-Unis devrait, en dépit de multiples tentatives pour maintenir cette hégémonie, entraîner une accentuation de cette chute en 2012 et 2013.

Plus significatif : la part du dollar au sein des devises accumulées dans les banques centrales a amorcé une petite baisse tendancielle depuis dix ans au profit de l’euro. Cette baisse semble en cours de nette accentuation en dépit des tribulations de notre devise dues la gestion des dettes souveraines de certains pays européens.

Encore plus significatif : la part des transactions internationales libellées en dollars est en chute libre. L’actuelle crise avec l’Iran n’est pas sans accentuer ce phénomène. Plus de 60% des échanges entre l’Euroland et le reste du monde est maintenant effectué en euros, contre moins de 50% il y a dix ans, et le phénomène s’accélère.

Chacun sait bien ce que veut dire la suprématie du dollar : elle a tout simplement permis le financement gratuit du gigantesque déficit commercial des États-Unis, ainsi que la mobilisation au profit de cette même puissance dominante d’une part considérable de l’épargne mondiale. Le dollar roi, principale monnaie de change et de réserve, véritable étalon remplaçant l’or a dopé depuis quarante ans l’économie de l’Amérique du Nord. C’est en voie de se terminer ; la face du monde en sera changée.

Les Etats-nations sont dépassés, c’est la naissance des nations continents !

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15/02/2012

« L'Histoire s'est emballée »

 

« (...) vous suivez, comme vous le pouvez, l’actualité bringuebalante, cherchant à en tirer du sens, des conséquences. Sauf que  depuis quelque temps, vous avez du mal à y trouver du sens, des repères. Vous nourrissez un vague malaise, sentant que l’Histoire s’accélère à un rythme effréné et chaotique. En une seule année, vous avez été exposé aux "feuilletons" des révolutions arabes, de la catastrophe de Fukushima, de la mort de Ben Laden, de l’affaire DSK, de la guerre en Libye et des violences en Syrie, tout cela sur fond de crise grecque et d’annonces définitives sur la fin de l’euro. Et comme si cela ne suffisait pas, votre énergie se trouve à présent mobilisée par les pronostics des présidentielles française et américaine, par la perspective d’une guerre contre l’Iran, voire d’une troisième guerre mondiale.

(...) Désormais, c’est chaque jour ou presque que l’actualité vous assomme avec un nouveau lot de bouleversements majeurs ; à peine avez-vous commencé à digérer un événement et à en soupeser les implications que s’en manifestent d’autres encore plus spectaculaires. L’intensité que l’on pouvait jadis vivre sur dix ans, on la vit aujourd’hui sur trois mois. Et les analyses qui noircissent les papiers de journaux ont pour horizon-temps le week-end suivant, ou quelques mois. On ne lit presque plus rien sur ce que sera le monde d’ici dix, vingt ou trente ans, échéances pourtant courtes au regard de l’Histoire. S’informer devient une épreuve perturbante, chronophage et énergivore à l’extrême. Vous n’en pouvez plus, et vous êtes nombreux à avoir cessé de lire les journaux tous les jours. Vous voulez vous abriter de cette tempête médiatique, de cette hydre informationnelle devenue dévorante et toxique, ajoutant à votre stress oxydatif sans pour autant vous éclairer sur l’avenir.

Votre réaction est des plus saines. Ce n’est pas une vue de l’esprit. Depuis la crise financière de 2008, qui dure jusqu’à ce jour, l’Histoire s’est bel et bien emballée. L’Occident ayant dû sauver sa situation au prix de sa quasi-faillite, la transition vers un nouvel équilibre des forces international s’accélère, prenant la forme de tensions financières et géopolitiques extrêmes. Face aux Etats-Unis, des puissances importantes veulent imposer leur agenda, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale : la Chine, la Russie, l’Iran s’allient pour contester la suprématie américaine, alors que la Grande-Bretagne elle aussi n’a jamais été si affaiblie. Dans ce monde en mutation rapide, qui semble se déliter de toutes parts, il est essentiel de prendre de la hauteur, de suivre le tracé des grandes tendances. Inutile de se noyer dans les détails de chaque sommet européen de sauvetage de la Grèce, de s’échiner sur les microparticularités d’une Convention de double imposition conclue par la Suisse, ou sur celles d’une affaire DSK ou Hildebrand qui, le lendemain, seront de toute façon balayées par la nouvelle version du jour. Il faut s’extraire du tsunami médiatique. Se contenter d’en effleurer la crête pour y prélever l’échantillon qui suffira à nourrir des réflexions à long terme, les seules qui importent. Ce sont ces milliards de détails qui nous abrutissent et nous empêchent de voir se dessiner le monde de demain, et de voir que ce monde est déjà à notre porte. »

Myret Zaki

18/05/2011

Fukushima : « cauchemar » est un euphémisme

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Michael Wolgemut, Danse des morts, 1493 (Allemagne)

Gravure pour le Liber chronicarum dit “Chronique de Nuremberg” de Hartmut Schedels

Bayerische Staatsbibliothek, Munich (Allemagne)


Pendant que le satyre du FMI croupit enfin dans un endroit approprié à ses turpitudes exceptionnelles et que les naïfs Français degôôôche prennent peu à peu conscience de ce que leurs leaders sont tous des scélérats (en attendant que les rejoignent ceux dedroâââte), la vérité surgit enfin de dessous le boisseau japonais.

Une vérité à côté de laquelle le (présumé, hahaha) violeur des Sofitels fait figure de sale gosse inconscient et ses complices, de mauvais farceurs infantiles.

Une vérité qui me laisse sans mots, tant aucun superlatif, même outrancier, même carnavalesque, même fabuleux, n'est à la hauteur de la catastrophe qu'une entreprise privée criminelle, soutenue par un gouvernement corrompu, a tout fait pour dissimuler le plus longtemps possible aux yeux du monde.

Le prix en sera exorbitant, voire létal, pour le Japon, et pour le reste de la planète qui sait ?

13/03/2011

Zbigniew Brzezinski et "l'éveil politique" de l'humanité

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« Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, pratiquement toute l’humanité est politiquement active, politiquement consciente et politiquement interactive. Il ne reste que quelques poches dans les coins les plus reculés qui ne sont pas politiquement éveillés et connectés aux troubles politiques qui sont si répandus dans le monde. Le militantisme global fait émerger l’exigence d’un respect culturel et de justice économique dans un monde marqué par le souvenir de dominations coloniales ou impériales... L’aspiration globale à la dignité humaine constitue le défi principal inhérent au phénomène de prise de conscience politique globale.

L’Amérique doit affronter une nouvelle réalité globale : la population mondiale connaît une prise de conscience politique sans précédent de par son ampleur et son intensité. Il en résulte que les politiques populistes sont en train de transformer les politiques de pouvoir. La nécessité de répondre à ce phénomène massif pose un dilemme historique à l’Amérique : quel devrait être la définition du rôle global de l’Amérique ? Le défi principal de notre époque n’est pas le terrorisme global mais plutôt les troubles croissants provoqués par le phénomène de prise de conscience politique globale. Cette prise de conscience est massive en termes sociaux et radicale en termes politiques.

… Il n’est pas exagéré de dire que maintenant au 21ème siècle la population d’une bonne partie des pays en voie de développement est politiquement agitée et dans de nombreux cas en ébullition. C’est une population dotée d’une conscience aiguë des injustices sociales, sans précédent, et souvent irritée contre ce qu’elle perçoit comme un manque de dignité politique. L’accès quasi généralisé à la radio, à la télévision et de plus en plus à l’Internet est en train de créer une communauté qui partage les mêmes analyses et ressentiments qui pourraient être galvanisés et canalisés par des passions politiques ou religieuses démagogiques. Ces énergies transcendent les frontières et représentent un défi à la fois pour les états existants et la hiérarchie globale existante, au sommet de laquelle se trouve encore l’Amérique.

La jeunesse du Tiers Monde est particulièrement agitée et irritée. De plus, la révolution démographique est une bombe politique à retardement. A l’exception de l’Europe, du Japon et de l’Amérique, le groupe démographique des tranches d’age autour de 25 ans est en rapide expansion et est en train de créer une masse énorme de jeunes impatients. Leurs esprits ont été agités par les sons et les images lointains qui amplifient leur désaffection pour tout ce qui les entoure. L’avant-garde d’une révolution potentielle émergera probablement de ces millions d’étudiants concentrés dans les « troisièmes niveaux » intellectuellement douteuses des systèmes éducatifs des pays en voie de développement. Selon la définition des troisièmes niveaux, il y a actuellement entre 80 et 130 millions d’étudiants « d’université ». Typiquement, ils sont originaires des classes moyennes inférieures et sont enflammés par un sentiment de révolte social et ces millions d’étudiants sont des révolutionnaires en puissance, déjà à moitié mobilisés au sein de larges congrégations, connectés par Internet et prépositionnés pour rejouer à une plus grande échelle les événements qui ont eu lieu il y a quelques années à Mexico City ou sur la place Tienanmen. Leur énergie physique et leurs frustrations émotionnelles n’attentent que l’étincelle d’une cause, d’une croyance ou d’une haine pour exploser. »

Extraits d'un discours prononcé par Zbigniew Brzezinski à Chatham House (l'équivalent anglais du CFR) en novembre 2008, et dont une version édulcorée a été reprise par le New York Times.

Pour approfondir le sujet, lire cet article.

16/02/2011

Noirceur du monde ?

 Mais la plus grande douceur est d’occuper les hauts lieux fortifiés par la pensée des sages, ces régions sereines d’où s’aperçoit au loin le reste des hommes, qui errent çà et là en cherchant au hasard le chemin de la vie, qui luttent de génie ou se disputent la gloire de la naissance, qui s’épuisent en efforts de jour et de nuit pour s’élever au faîte des richesses ou s’emparer du pouvoir.

Lucrèce, De la Nature, Livre II

 

Par moments, je me dégoûte d'écrire.

Ce blog ne m'est rien, pour ainsi dire. Il ne me sert pas de passe-temps, puisque je n'ai jamais assez de temps. Il n'est pas un défouloir. Pas plus qu'un filet à gratifications. Malgré ce que peuvent donner à penser mon style parfois vif et mes références parfois nombreuses, rien de ce que j'y laisse n'est entièrement impulsif, ni a contrario pleinement intellectualisé.

J'aime à penser que je m'adresse à mes frères, à mes soeurs, à ma famille. Avec tout l'intérêt et le respect que je voue à ce peuple, à ces peuples, de France et d'Europe. Avec la familiarité, aussi, des liens de sang et d'amitié. Avec mon coeur, en tout cas, bien plus qu'avec de simples cellules grises.

Je suis bien loin de tout savoir et j'évite soigneusement de m'exprimer sur des sujets dont je m'estime insuffisamment instruit. Encore ai-je dû me tromper souvent, malgré tout, et sans doute le referai-je. Cent fois sur le métier...

Toujours est-il que par moments, je me dégoûte d'écrire.

Non pas parce l'auditoire ne serait pas à la hauteur. De multiples commentaires de haute tenue m'ont plutôt convaincu que cela valait le coup de se lancer dans une entreprise aujourd'hui aussi banale qu'un blog, pourvu qu'on soit fidèle à ses idées et que celles-ci aient quelque intérêt collectif.

Non pas, non plus, parce que la banalité apparente de notre quotidien me ferait perdre le goût de prendre du recul pour son décryptage, ou parce qu'il y aurait lieu d'être blasé sur des sujets mille fois traités ailleurs et mieux qu'ici, ou encore, a fortiori, parce que la radicalité serait subitement devenue hors de saison.

Non.

Mais simplement, parce que nous baignons dans "le règne de la quantité" (Guénon) et que, quoi qu'on dise, quoi qu'on écrive, quel que soit le degré de qualité qu'on tente de mettre dans un texte envoyé sur la Toile, il ira, lui aussi, surpeupler un cyberespace déjà complètement saturé des milliards de dégueulis verbaux de cohortes d'infinis crétins.

Et un tel merdier, parfois, ça dégoûte. Si tout vaut tout, et c'est bien le cas quantitativement dans cette méga-démocrassie du Net, c'est que rien ne vaut rien. Donc, à quoi bon ?  Y a des jours, je préfère me taire et me retrancher du monde, plutôt que de balancer mes réflexions dans le gélatinodrôme.


Un ami me disait récemment : "ton problème, c'est que tu crois encore en l'Homme".

J'ai pas mal médité cette observation, bien plus remplie, à la vérité, de bonne sollicitude que de désespoir ou de nihilisme. Mais que le solipsisme de son auteur n'exempte pas d'inévitable subjectivité.

Entre autres, je l'ai méditée, bien sûr, sous l'angle de l'éternel antagonisme théorique de l'universalisme et du nominalisme : l'Homme (abstrait) existe-t-il ? Si oui, quel est-il, blablabla...

Mais, heureusement pour moi, surtout sous l'angle social. Vivant.

J'ai donc une réponse. Toute bête, au ras des pâquerettes. Et qui me suffit, sous réserve d'une quelconque validité de notre petit théâtre d'ombres au regard du chant des galaxies et de la complainte des enzymes gloutons.

Oui, je crois en ceux des hommes qui m'ont prouvé que je faisais bien de placer en eux ma confiance. Et je crois en tous leurs semblables qui, nécessairement, existent sans que je les aie rencontrés ni ne puisse espérer les rencontrer jamais (sauf, notamment, par le biais de ce blog).

Il est vrai que de tels hommes, il y en a fort peu, et que c'est pour cela, entre cent autres raisons, que je suis élitiste.

Quant aux autres, dois-je le dire tout net, au fond, je m'en fous. Avec une nuance. Comme disait Franz Liszt : "Aime le peuple, évite la foule". Comprenne qui pourra.

Les vertus humaines sont comme les vices humains. Elles sont enracinées profondément dans quelques natures d'exception, qui n'ont d'autre justification à exister que de les incarner en les exprimant (drôle d'image, je sais), pour la plus grande gloire de ce que les Anciens appelaient les Dieux, ou les Archétypes, ou les Idées.

Pensez seulement aux Jeux Olympiques (les vrais, pas leur parodie moderne, même encore coubertinesque).

En fait, ainsi que Gustav Meyrink l'a écrit dans Le Golem (quand il parle du tirage de boules de couleurs différentes et du rôle des criminels dans la société), c'est ça, le problème de la qualité ; comme celui de la "noirceur du monde" est celui de la quantité.

C'est le fait que ce qui est donné à quelqu'un, lui est donné une fois pour toutes. Et que ce qui ne l'est pas, ne le sera jamais.

Toutes les controverses sur l'inné et l'acquis m'ont toujours fait me gondoler de rire. La bonne sagesse des soudards de tous les pays, exprimée dans un humour souvent scatologique, contient plus de vérité à cet égard que tous les traités savants.

En résumé, un caractère fort, c'est un caractère fort. Vous aurez du mal à le plier à ce qui ne lui convient pas, mais il développera aisément ses qualités naturelles. Et un caractère faible, c'est le contraire. Vous aurez beau lui proposer la meilleure éducation, les meilleures chances sociales et professionnelles, il cédera trop facilement, là où un concurrent moins aidé mais plus doué se jouera de l'obstacle.

De même, prenez deux êtres dont les dons physiques sont inversement proportionnels à la force mentale, et faites-les se mesurer (dans des limites raisonnables, hein, je ne vous parle pas d'emblée d'ordalie ou de flingage à la Rambo). En général, c'est le mental qui fera la différence, l'esprit dominant la matière.

De même, prenez un type énergique, de nature loyale, porté à la finesse et à la droiture, et mettez-le au défi de convaincre une chiffe molle consensuelle, sans idées ni valeurs ni fidélité, que le grand jeu de l'existence consiste à sortir de l'horizontalité pour se se mettre sur un axe vertical. Vous m'en direz des nouvelles, si vous n'êtes pas carrément saisi d'une envie de meurtre au bout de cinq minutes.


Ce déterminisme est difficile à encaisser pour des Occidentaux, chez lesquels la gratification égotique représente le summum de la réussite existentielle et pour qui le mythe de la "Liberté" est le pauvre postulat théorique d'un libre-arbitre aussi illusoire que nié par toutes les sociétés traditionnelles.

Il est quasiment inacceptable, pour ce type "humain", de percevoir que la seule liberté réside dans la qualité de l'acceptation. Acceptation de ce qui arrive (quoi que ce soit), non de ce qu'on fait arriver... Mais là, il faudrait parler aussi du fantasme du "faire", comme de pourquoi il faut néanmoins jouer son rôle, et je crois avoir déjà donné.

Croire qu'on peut faire débouler, sur commande, de la qualité dans notre civilisation purement quantitative, ou dans un humanoïde pur consommateur de quantité, c'est non seulement une ânerie de champion du monde, contraire à toute réalité observable, mais c'est surtout un crédo du confusionnisme régnant, par lequel le système arrive à faire des esclaves même avec des bonnes intentions, de type humaniste, éducatif et libéral.

Culturellement, le type européen le plus évidemment opposé à cette guimauve intellectuelle et sentimentale de l' "éducation" et de la "liberté", avec son carnaval ultime des droits-de-l'homme, c'est le type grec. Celui de la tragédie grecque aussi, par conséquent, petite partie, chronologiquement, de la création théâtrale de la Grèce Antique ; tragédie, qui n'a certes pas existé pour inspirer aux Grecs classiques une terreur, disons judéomorphe, de leurs dieux...

Qui sait, d'ailleurs, que le mot "tragédie" vient du grec "tragos", qui signifie "bouc", animal sacrifié en l'honneur de Dionysos à l'ouverture des festivals de théâtre athéniens ? L'analogie me vient toujours à l'esprit, avec la morphologie du dieu Pan, diabolisé ensuite par les Chrétiens à qui il fallait absolument un diable...

Pour en revenir à l'opposition entre le type grec antique et le type occidental moderne, il me paraît évident que le premier était tout en rites, en culte concret et symbolique d'une philosophie (au sens pratique et religieux), alors que le second n'est que pétitions de principes, discours creux sur des prémisses erronées, propagande, marketing, mensonge sur toute la ligne.

Et donc, par moments, étant du premier mais plongé dans le second, je me dégoûte d'écrire...

Je sais bien que j'ai tort. Que même si la noirceur quantitative de notre monde est d'une matérialité épaisse,  même si les marées noires (la réalité et le symbole ne sont jamais loin l'une de l'autre)  succèdent aux Tchernobyl, même si les pesticides agricoles le disputent aux vaccins dans l'empoisonnement de la planète et de ses habitants, même si l'escroquerie monétaire et financière cherche à faire passer la corruption politique pour encore pire qu'elle,  même si des foules d'ahuris gobent à peu près tout ce que leurs éleveurs en batterie leurs serinent, tout cela n'est qu'une apparence.

Il est évident que tout ce gâchis ne peut pas durer. Il est surtout évident qu'au plan qualitatif, sa valeur est zéro. Que le système ne peut se maintenir encore un peu qu'en continuant  "à abolir le réel". Et que c'est là que ça coince. Parce que pour une telle ingénierie sociale, totalement matérialiste, il faut des moyens matériels colossaux, qui vont bientôt faire défaut. Comme le souligne le dernier communiqué du LEAP, ce qui se passe dans les pays arabes présente des analogies avec la chute du Mur de Berlin et annonce la chute du Mur des pétro-dollars, sinon celle du Mur Dollar tout court.

Mais quand même, par moments, trop de cons et de conneries, ça passe difficilement. D'où mon relatif silence ces derniers temps.

Mille pardons, patient lecteur.

13/01/2011

Le monde est parfait...

... décidément.

 

 

Encore, encore !


02:37 Écrit par Boreas dans Musique, Nature | Lien permanent | Tags : monde, parfait, nature, son, bruit |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! |