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01/03/2012

« Les Etats-nations sont dépassés, c’est la naissance des nations continents ! »

Un petit morceau de cette Europe que nous aimons tous

 

Philippe Milliau, ancien cadre dirigeant du GRECE, membre du bureau exécutif et responsable de la formation au sein du Bloc Identitaire, n'y va pas par quatre chemins dans une tribune publiée aujourd'hui par Novopress (inutile de vous dire que je suis assez largement d'accord avec ce qui suit) :

« Pour les amuseurs publics et autres bonobos de la pensée qui pontifient dans les médias, la crise que nous subissons n’est qu’un épisode de plus dans la longue liste des soubresauts du capitalisme mondial depuis l’invention de la monnaie par un Homo Sapiens un peu plus malin que ses congénères.

À en croire les augures bien en cour, il suffit d’un peu de patience pour que tout rentre dans l’ordre et pour que la valse des milliards puisse reprendre comme avant pour le plus grand bonheur des manitous du CAC 40, de la Deutsche Boerse, de la City de Londres ou encore de Wall Street.

Et si ce n’était pas du tout ça ?

Et si, à l’opposé de la vision falsifiée véhiculée depuis le début de cette crise, nous vivions un renversement de l’ordre ancien ? Un bouleversement d’un monde tel que nous le connaissions jadis nous obligeant à envisager des mesures radicales pour guérir notre continent des maux qui l’affligent.

Cette hypothèse est bien trop effrayante pour que les élites du système osent en parler. Pourtant, les arguments qui plaident en sa faveur sont nombreux, solides et concordants.

Examinons quelques-uns des faits qui nous amènent à proposer cette explication.

Le dollar a du plomb dans l’aile

Une des manifestations les plus criantes de la fin de cette époque qui nous a tant fait souffrir, qui nous a asservis, comme tous les peuples du monde ou presque, c’est l’état de son pilier principal : le dollar.

Déjà, par rapport à un panier des monnaies dynamiques (yuan, euro, real…), on observe un début de baisse du dollar en valeur relative. La situation économique et politique des États-Unis devrait, en dépit de multiples tentatives pour maintenir cette hégémonie, entraîner une accentuation de cette chute en 2012 et 2013.

Plus significatif : la part du dollar au sein des devises accumulées dans les banques centrales a amorcé une petite baisse tendancielle depuis dix ans au profit de l’euro. Cette baisse semble en cours de nette accentuation en dépit des tribulations de notre devise dues la gestion des dettes souveraines de certains pays européens.

Encore plus significatif : la part des transactions internationales libellées en dollars est en chute libre. L’actuelle crise avec l’Iran n’est pas sans accentuer ce phénomène. Plus de 60% des échanges entre l’Euroland et le reste du monde est maintenant effectué en euros, contre moins de 50% il y a dix ans, et le phénomène s’accélère.

Chacun sait bien ce que veut dire la suprématie du dollar : elle a tout simplement permis le financement gratuit du gigantesque déficit commercial des États-Unis, ainsi que la mobilisation au profit de cette même puissance dominante d’une part considérable de l’épargne mondiale. Le dollar roi, principale monnaie de change et de réserve, véritable étalon remplaçant l’or a dopé depuis quarante ans l’économie de l’Amérique du Nord. C’est en voie de se terminer ; la face du monde en sera changée.

Les Etats-nations sont dépassés, c’est la naissance des nations continents !


Ainsi le Japon, prenant acte de son dépassement économique définitif par la Chine, commence sa sortie de la sphère du dollar pour s’arrimer à celle du yuan. C’est le début d’une entente devenue nécessaire après des siècles de conflit. S’il fallait une évidence du bouleversement d’un monde jusqu’à présent dominé par les Européens continentaux, puis par les Anglo-Saxons, il suffirait d’observer l’émergence rapide de cette formidable puissance asiatique de près de deux milliards d’hommes.

Plus près de nous aussi, on observe l’extension du "modèle turc" sur le pourtour sud de la Méditerranée. En un an, la Turquie elle-même est sortie du "camp occidental" et le printemps arabe, qui n’a pas fini son œuvre, n’instaure pas la démocratie mondialisante comme ont voulu le croire les derniers défenseurs de ce monde à l’agonie. Ce sont bel et bien des gouvernements religieux qui se mettent en place dans cette région, les peuples se réappropriant ainsi une part de leur identité et de leur histoire.

Mentionnons également le cas de l’Inde, qui, protégée par sa civilisation propre et ses structures sociales différenciées, trace une route originale.

À sa façon, l’Afrique noire repart sur le chemin de la croissance, au moins dans ses insolubles problèmes d’absence tragique de maîtrise démographique, d’urbanisation bidonville et de conflits ethniques contrariés par des interventions étrangères brutales.

L’isolationnisme prôné par une nouvelle vague d’hommes politiques aux États-Unis va dans un sens voisin, tout comme les dynamiques des retrouvailles identitaires plus au sud du continent.

C’est bien la raison pour laquelle le futur jeu des Européens passe davantage par Moscou d’abord, et Pékin, New Delhi ou Brasilia ensuite ; et beaucoup moins par la City et Wall Street, refuges de nos anciens maîtres !

Quel destin pour l’Europe ?

Paradoxalement, cette crise nous offre une nouvelle chance, celle de rompre nos liens de vassalités hérités de l’ordre ancien imaginé à Breton Woods et maintenu contre vents et marées par la force financière et militaire des États-Unis.

Et nous, Européens, dans tout cela ? Serons-nous les derniers croyants d’un ordre mondial et individualiste qui se meurt sans nous avoir vraiment profité ? Nous les donneurs de leçons "français" du nouvel ordre sans-frontiériste, nous qui confions nos temples à des pillards, sommes-nous à l’égal de Rome deux siècles après l’édit de Caracalla ?

En fait, je le crois au fond de moi, rien n’est joué, rien n’est perdu, rien n’est définitif, la culture, le sang, le génie des Européens sont là – certes endormis, mais bien présents !

Pour nous, Français et Européens, fiers d’une histoire que nous ne croyons pas finie, mais sans cesse renaissante à l’image du sol invictus, la situation est un défi, pas une fin.

Redisons le clairement, car le choix est vital : ou les peuples européens trouveront une nouvelle dynamique commune pour le XXI siècle, ou bien ils sortiront de l’Histoire. Le retour nostalgique à la situation de la première moitié du siècle passé, aux États nations dits souverains et indépendants ne fonctionnera pas à l’ère des compétiteurs du monde actuel. Il suffit d’en regarder la taille et les appétits pour s’en convaincre. Cessons une bonne fois de nous complaire dans un nombrilisme dépassé, et regardons le monde tel qu’il est et tel qu’il sera.

Hélas une bureaucratie tatillonne et inefficace, une absence de projet, et pire une absence de définition identitaire, une complicité de larbins au service de la mondialisation et de soumissions aux intérêts transatlantiques ont terni l’image de l’Union européenne, et son centre bruxellois.

Tout n’est pas à jeter dans l’Union telle qu’elle existe

Certes nous n’avons pas de mots assez durs concernant cette Union européenne d’apparatchiks et de fossoyeurs de peuples. Cependant faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain?

Faut-il, comme certains le demandent ardemment, mettre l’euro à mort alors que la suprématie du dollar touche à son terme?

Oui l’euro existe en dépit de ses immenses défauts ; euro qui fut mal construit, mais euro quand même ; un euro qu’il faut sauver puis gouverner efficacement, ne serait-ce que pour éviter d’être hors jeu dans un match dollar-yuan d’où nous serions éliminés.

Et si l’euro s’effondrait ?

Ne broyons pas du noir en permanence : oui, les risques existent, mais si l’euro défaille, c’est-à-dire s’il y a défaut de paiement en chaîne de plusieurs pays européens, c’est le système des garanties (appelé CDS, credit default swaps) qui est appelé, comme dans une assurance après un sinistre. Et qui donc détient 96 % du risque en assurance, réassurance et produits swaps dérivés (pour un extraordinaire montant cumulé de 156 trillons de dollars, soit près de quatre fois le PIB mondial) ? Ce sont les quatre principales banques américaines (Goldman Sachs, JP Morgan, Bank of America, Citybank) et une banque britannique (HSBC). C’est un pan gigantesque de la finance des États-Unis qui serait englouti. Quelque part, c’est échec et mat pour le système qui nous a dominés et qui bouge les dernières pièces du jeu…

Ne nous avait on pas prédit que si la France perdait son triple A elle serait obligée d’emprunter à des taux plus forts ? Et que se passe-t-il depuis lors ? Exactement le contraire !

En des termes simples, cela veut dire qu’il n’y a plus de boussole, de règles, d’habitudes, de certitudes. Tout le monde fait ce qu’il veut, hors de toute contrainte ; même les marchés s’y mettent ! Les agences ne servent plus à rien, envoyons-les à la casse !

Il faut débruxelliser l’Union européenne

Faute d’avoir fait le choix d’un pouvoir politique européen, une classe de bureaucrates sans visages s’est emparée des leviers de l’Union européenne. Nous devons refuser que l’Europe ne soit qu’une construction bureaucratique s’opposant aux Européens mais bel et bien une Europe des peuples, dotée d’institutions démocratiques qui permettront une véritable unité civilisationnelle. Une Europe démocratique et non technocratique, une Europe identitaire et non mondialiste, une Europe subsidiariste et non-jacobine, c’est possible.

Cette Europe que nous appelons de nos voeux est la seule en mesure de satisfaire aux attentes des nouvelles générations largement formée par les échanges universitaires "Erasmus" entre étudiants de différents pays d’Europe.

N’est ce pas réjouissant de voir lors du sommet européen du 9 décembre 2011 les exigences anglaises refusées par des pays continentaux que l’on croyait davantage asservis ? Et le Royaume-Uni de se retirer, seul vers le large, avec le risque d’y sombrer bien seul.

On regardera avec délectation une possible Écosse indépendante demander son entrée dans l’Union européenne et l’adoption de la monnaie unique : la victoire de William Wallace huit siècles plus tard ! La Reconquista espagnole en a bien mis autant !

Oui, nous pouvons, avec d’autres peuples et civilisations, profiter de la fin à venir de la toute-puissance des gendarmes de l’ordre mondial et construire l’Europe qui aurait dû l’être dès le départ, une Europe forte, démocratique et souveraine!

Les dangers qui nous guettent

Oui, nous pouvons accepter, accompagner, profiter des bouleversements considérables dont nous ne voyons que l’infime part du début.

Il n’y a en réalité que deux dangers qui puissent être mortels pour notre peuple. L’un est clair, connu, visible : la perte de nos identités charnelles et culturelles par totale submersion migratoire ; mais comme le disait le grand poète Hölderlin, "là où croît le danger, là croît ce qui sauve". Je crois profondément qu’au travers de toutes nos terres d’Europe, la conscience s’éveille, maintenant.

Il est un second danger, c’est le retour aux égoïsmes nationaux, puis la désignation du voisin comme ennemi. On a déjà donné, merci bien ! Lorsque la France et l’Allemagne sont unies, l’Europe est forte et grande. La mission sacrée des identitaires est claire : nous avancer vers le chemin de la foi en une civilisation, une volonté, un désir d’Europe. Pas leur Europe, la nôtre !

Il nous faut trouver sans défaillance les moyens concrets de redonner un destin particulier à notre histoire.

Pour demain, quelles orientations ? Quelles perspectives ?

Quelles mesures nous faudrait-il adopter pour faire de l’Europe non pas un vassal des États unis et de l’hyper classe mondiale mais une puissance souveraine dans ce monde multipolaire en devenir?

Voici une liste de mesures que nous jugeons importantes et que nous pourrions d’ores et déjà mettre en œuvre :

Promouvoir de nouvelles générations de responsables politiques pour chasser les classes politiques corrompues, en particulier celles des pays méditerranéens.

Mettre en route une harmonisation fiscale des pays de l’Eurozone, selon le principe de base : pas de monnaie unique possible sans convergence fiscale ; régler le cas épineux de la concurrence déloyale de l’Irlande et de sa faible imposition sur les bénéfices.

Transferts de parts de budgets nationaux vers des budgets communautaires, correspondant aux transferts de souveraineté : pas de souveraineté fictive !

Rapatriement et contrôle des marchés financiers à la frontière de la zone euro ; obligation d’exécution en euros de ces marchés, comme de la quasi-totalité des échanges commerciaux intra européens.

Création d’euro bonds et rachat systématique des dettes des Etats pour diminuer les taux d’intérêt des emprunts. Limitation à 25% au maximum de l’exposition des dettes des pays européens aux marchés hors zone euro.

Création immédiate d’une agence de notation européenne.

Mesures de protection vis-à-vis des marchés financiers : interdiction des produits dérivés, des ventes spéculatives et ventes à terme. Augmentation progressive de la taxation des transactions financières jusqu’à l’obtention de l’équilibre souhaitable par rapport à la taxation du travail et de la consommation.

Partenariats bilatéraux pour les principaux achats nécessaires d’énergie et de matières premières ; les achats libellés en Euros seront privilégiés.

Exigence d’équilibre budgétaire, et remboursement progressif de la dette publique existante. Mobilisation de l’épargne en vue d’accélérer ces remboursements et de lancer un grand plan européen d’investissement.

UNE RENAISSANCE DYNAMIQUE PAR UN GRAND PLAN D’INVESTISSEMENT

L’épargne privée, au moins dans certains pays de la zone euro, est forte ; en Italie par exemple. Mobilisée par un vrai pouvoir souverain européen dans le cadre d’une confiance restaurée, elle peut permettre un double effet positif et nécessaire : desserrer la dépendance des états auprès du système bancaire, et aussi lancer une vraie dynamique de sortie de crise pour l’emploi et l’économie.  Ce plan d’un montant jamais atteint devrait se fixer 10 objectifs vitaux :

ÉNERGIE : plus économique, plus propre et écologique, plus indépendante. Partenariat avec nos cousins russes.

TRANSPORTS : pour la partie intra européenne, une harmonie technique, et des moyens de transport plus rapides, moins chers. En revanche plus chers vers l’extérieur.

DÉMOGRAPHIE : relance de la natalité, de l’adoption d’Européens, de la protection maternelle et infantile.

PROTECTION DE LA FRONTIÈRE : moyens douaniers, policiers, diplomatiques et militaires pour une réelle protection de l’espace européen.

MISE A NIVEAU ET CONVERGENCE. Ce que la France a su faire pour les Antilles ou Mayotte, l’Europe doit pouvoir le faire pour ses régions et pays à la traîne !

HARMONISATION STRATÉGIQUE ET MILITAIRE. Un vrai projet de guidage par satellite par une refonte souveraine de Galiléo, le concurrent du GPS américain. Une mise en commun des potentiels stratégiques, militaires et de recherche.

UN RÉSEAU UNIVERSITAIRE EUROPEEN : pas de diplôme d’études supérieures sans un an au moins dans un autre pays d’Europe. Erasmus multiplié par 10, c’est le moyen de passionner la génération montante pour un devenir commun.

LOCALISME ET ORGANISATION DE LA PROXIMITE. Fiscalité favorable aux produits du cru et à l’embauche locale, labels de qualité, traçabilité totale particulièrement du halal, voilà des investissements favorables à l’écologie, la santé et l’emploi. Restauration systématique d’une terre vivante et d’une agriculture saine et pérenne.

RE INDUSTRIALISATION après la spécialisation des productions à l’échelle mondiale, réapprendre à produire et former à des métiers disparus.

RE MIGRATION et partenariats bilatéraux de développement et d’éducation. Aides aux micro-projets en vue du retour au pays. Formations orientées en vue d’une nouvelle migration pour la majeure partie des populations dans le cadre d’un vaste partenariat de développement entre l’Europe et l’Afrique.

Dix orientations pour un vrai investissement massif et coordonné. Dix points clefs pour une vraie renaissance. Les peuples de notre continent, les français au premier chef ont l’avenir devant eux… s’ils le veulent bien.

À l’heure où de provisoires et compréhensibles engouements portent tout un pan fragilisé des populations européennes vers les sirènes des souverainistes davantage porteurs de nostalgie que de vraie espérance, notre voie est toute tracée. Il nous appartient de construire cette Europe des peuples, cette Europe ni impérialiste ni ethno masochiste, cette Europe fière de son héritage et tournée vers son avenir, bref une Europe identitaire !

Oui, on peut l’affirmer. Le monde d’après ne sera pas le retour au monde d’avant. »

Commentaires

C'est bien joli, très lyrique, mais...

L'idée d'une communauté européenne (aides et assistances mutuelles entre pays européens) reste bonne; une union, une Europe supra-nationale, c'est hors de question.

De même pour l'euro: il faut la transformer en monnaie commune, et non monnaie unique! Le système de "serpent monétaire" marchait très bien.

D'accord par contre avec l'auteur sur les deux dangers qui menacent. Les politiques ont l'art de désigner un bouc émissaire pour cacher leur incompétence, lâcheté, etc. Mais n'est-ce pas là les surestimer? Une guerre entre Européens, ou "Européens"....
Quant au Grand Remplacement, c'est LE danger principal. Mais je ne doute pas qu'on va le stopper, faute d'argent. Peut-on songer à la remigration? Là j'ai des doutes...

Écrit par : Imperator. | 01/03/2012

"c’est le système des garanties (appelé CDS, credit default swaps) qui est appelé, comme dans une assurance après un sinistre. Et qui donc détient 96 % du risque en assurance, réassurance et produits swaps dérivés (pour un extraordinaire montant cumulé de 156 trillons de dollars, soit près de quatre fois le PIB mondial) ? Ce sont les quatre principales banques américaines (Goldman Sachs, JP Morgan, Bank of America, Citybank) et une banque britannique (HSBC). C’est un pan gigantesque de la finance des États-Unis qui serait englouti. Quelque part, c’est échec et mat pour le système qui nous a dominés et qui bouge les dernières pièces du jeu…"

Oui.

C'est la raison pour laquelle :"Les CDS sur la Grèce ne seront pas déclenchés".

http://fortune.fdesouche.com/273411-les-cds-sur-la-grece-ne-seront-pas-declenches#more-273411

CQFD.

Écrit par : léonidas | 02/03/2012

L'idée de l'état-continent est séduisante, mais je n'y crois pas.
Pas plus qu'en Asie, qu'en Afrique, ou qu'en Europe.
En Europe, on ne peut réparer, par exemple, le conflit millénaire entre sa partie occidentale et sa partie orientale, qui a prit plusieurs formes au cours des siècles.
Et certainement pas avec cette forme de volontarisme moderne, à base de programme, de planification et d'économie.
Etre européen ne suffit pas à avoir une politique commune.

Écrit par : Three piglets | 02/03/2012

C'est bien pour ça que je suis pour une Europe confédérale, et non fédérale :

http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2011/12/24/pour-une-confederation-europeenne.html

C'est l'une de mes seules réticences à l'égard des Identitaires.

Écrit par : Boreas | 02/03/2012

Il est vrai que le modèle fédéral, appliqué aux vieilles nations européennes, à la fois liées par une histoire commune faite d'antagonisme, d'alliances et de querelles est difficilement envisageable en dehors d'un cadre autoritaire, seul capable de s'imposer aux particularismes parfois très forts toujours susceptibles de faire obstacle à son bon fonctionnement.

Et nous constatons chaque jour les étapes de la transition qui nous mène peu à peu vers cette structure qui ne peut exister que par l'écrasement de ce qui fut.

A l'inverse, si le système confédéral est basé sur une subsidiarité (au sens politique) de principe, elle ne permet pas forcément un développement de puissance (au sens géopolitique). L'exemple historique du développement des cantons de la vieille ligue de haute Allemagne nous le montre assez bien. Ce système a su leur garantir un certain niveau de croissance et de prospérité mais, la confédération ne fut jamais en capacité de dépasser, ou alors de façon très temporaire, son cadre géographique d'origine.
Et ce, en dépit d'une indéniable force de frappe militaire durant près de 200 ans. Trop d'intérêts divergents la travaillaient et la rendaient perméable, à la fois aux intérêts français, allemands, milanais ou pontificaux qui avaient d'ailleurs tous intérêt à la conservation cet état de faiblesse géopolitique des cantons.

Si ce modèle (en tant que modèle de puissance, soyons clair), appliqué à une population réduite et relativement homogène installée sur une faible surface à l'échelle du continent n'a pas pu permettre l'émergence d'une entité suffisamment solide pour lui garantir le succès de ses ambitions, alors, il est tout de même difficile de l'envisager pour l'Europe.

Même si d'un point de vue idéal, il est clair que cette solution me parait la plus équilibrée et la plus à même de garantir nos libertés et nos particularismes, j'ai peur qu'elle ne soit tout simplement pas à la hauteur des défis qui nous attendent dans la perspective d'un monde multipolaire articulé autour de grands blocs à la fois économiques et identitaires, sinon ethniques, sans que ce dernier terme soit entendu dans un sens péjoratif ou réducteur.

La remarque de TP quant aux effets du grand schisme de 1054 est très pertinente (ce point constitue d'ailleurs un des enjeux majeurs pour l’Église catholique du XXIème siècle, mais c'est une autre histoire) et illustre l'ampleur du chantier et de la quantité d'énergie nécessaire à sa mise en œuvre.
Une énergie que pourra difficilement autoriser un système confédéral dont le principal défaut pour ce faire réside hélas dans la plus grande de ses qualités, à savoir la démocratie et l'incontournable dispersion des volontés au profit de 1000 intérêts de lobbies internes, ou pire, étrangers.

La transition européenne que nous vivons en est un peu le reflet. Les politiques arrêtées ou mises en œuvre tant par la Commission que par le Parlement de l'Union sont soumises à toutes sortes de pressions domestiques ou exotiques. Elles n'ont donc ni queue ni tête, s'en tiennent au court terme, sont devenues incompréhensibles pour les citoyens qui observent chaque jour leurs spécificités ou leurs besoins foulés aux pieds par des technocrates, effectivement sans visage comme le souligne le texte de ce billet.

Pour faire court, j'ai bien peur que nous soyons collectivement condamnés à "rester dans l'histoire" sous le joug d'une Europe fédérale impériale qui aura su s'imposer aux nations de manière autoritaire ou bien à en sortir sans gloire, mais non pas sans douleur, dans la chienlit économique, politique, ethnique et religieuse;Rideau !

Comme je suis quelqu'un de curieux, j'opte, par défaut, pour la première.

Il vaut sans doute mieux, au final, accompagner ce mouvement irrésistible en emmenant dans nos bagages toute la force de notre héritage historique séculaire, même transformé, adapté (altéré ?). Il en sortira toujours quelque chose de positif pour nous, ou ceux qui nous suivrons.
Oui, plutôt ça, que d'assister à sa lente et inexorable dilution dans un salmigondis sans nom et à sa disparition pure et simple, c'est à dire à notre disparition.

Écrit par : léonidas | 02/03/2012

Léonidas

Globalement d'accord sur les faiblesses du modèle confédéral.

A cela près que ce modèle ne concerne véritablement que les trois grands acteurs de l'axe idéal Paris-Berlin-Moscou, les autres protagonistes n'ayant alors géopolitiquement que le choix de s'y rallier ou d'aller chercher dans leurs périphéries un modus vivendi à dépendances également incontournables.

Donc, à la limite, peu importent le nom et la forme exacte de la chose, pourvu que la coopération et l'alliance nécessaires existent - et je pense que dans la nécessité, les volontés politiques ne pourront qu'exister, même imparfaitement. Elles se dessinent déjà entre la Russie de Poutine et l'Allemagne de Schröder-Merkel, et les impératifs géoéconomiques en sont déjà clairs pour celles-ci, même si les contraintes géopolitiques ne sont pas, quant à elles, encore vraiment conscientes, en tout cas à l'Ouest.

Quant à un modèle alternatif "impérial" (séduisant en théorie par l'apparente simplicité de sa forme, mais en réalité plus difficile à réaliser compte tenu de toutes les divergences que vous évoquez et donc, du degré supérieur d' "intégration" à atteindre), le tout est de savoir si une Europe fédérale autoritaire ne serait pas simplement, durablement, le véhicule de l'actuelle hyperclasse "européenne"... Je n'y crois pas, vu les bouleversements et donc la rotation des élites qui s'annoncent, mais la possibilité n'en est quand même pas à écarter complètement, sans parler de la question, ensuite, de l'intégrité des éventuels "successeurs" ou au moins de leur degré minimal d'intégrité.

Une chose me paraît sure, comme vous le soulignez : le mouvement est irrésistible (même si à mon avis sa forme future est encore indécidable malgré les apparences URSSiennes de l'UE, celle-ci étant à mon sens vouée à muter ou à disparaître) et nous n'avons que le choix de l'accompagner en cherchant à l'infléchir, ou de nous y opposer vainement dans un combat qui déjà détourne une bonne part de la dissidence de luttes plus essentielles.

En tout cas, ne serait-ce qu'en raison de la corruption de nos élites qui interdit d'envisager, au travers d'un retour à l'échelle locale, un mieux par rapport au degré européiste, mais aussi du fait de la globalisation actuelle, irréversible à court terme, des structures économiques et financières, le souverainisme national voire nationaliste ne répond plus aux exigences de l'heure, même si ses exigences identitaires, quand elles existent, restent prégnantes. Le souverainisme étant généralement devenu, dans ses diverses expressions, du fait de son irréalisme politique et économique, un simple idiot utile de l'européisme bruxellois, voire de l'atlantisme ; particulièrement au moment où l'anglosphère cherche à affaiblir la zone euro pour des raisons financières.

Alors, je sais bien que ce serait une grave erreur de stratégie de ne penser la forme de notre indépendance et de notre puissance qu'en fonction des stratégies de l'ennemi, mais nous ne pouvons non plus négliger celles-ci et tomber dans le piège confortable de la nostalgie et du fixisme historique, comme le fait notamment la "droite nationale" française.

Là où la dimension européaniste (et non européiste au sens eurocratique) est présente, il y a des perspectives d'avenir à creuser et j'ai bien peur, comme vous et malgré les inconvénients qu'elles sont susceptibles de présenter dans leur concrétisation, qu'elles soient les seules, en réalité, bon gré mal gré, à porter en germe des possibilités de survie de tout ce pour quoi nous devrons nous battre.

Écrit par : Boreas | 02/03/2012

Amen, révérend ^^.

Pour apporter encore un peu d'eau au moulin :

Une intervention très intéressante de la part d'un membre de Team Europe, réseau de conférenciers de la Commission européenne : Olivier VEDRINE, partisan du rapprochement Union européenne-Russie et auteur de l’idée du "continentalisme", espace commun européen allant de Lisbonne à Vladivostok :

Il y a donc, au sein des centres de réflexion de l'actuelle UE, des germes d'une évolution continentale. Tous ne sont pas vendus au intérêts atlantistes ou plus prosaïquement anglo-saxons.
En tous les cas, il résume très bien les enjeux qui sont les nôtres et partage votre optimisme quand à la mise en place d'un système, quel qu'il soit, sur le fondement des nécessités. (Je pense néanmoins qu'il nous faudra quand même des "élites" bien faites et un brin vertueuse pour y parvenir, sachant user du compromis tout en bannissant les compromissions.

http://french.ruvr.ru/radio_broadcast/5646129/64703358.html


Pour le reste, je souscris, sans surprise, à votre analyse.

Le souverainisme nationaliste d'une France autonome de 60 millions d'habitants ne veut plus dire grand chose dans un monde où la masse démographique critique des ensembles géopolitiques qui se constituent imposent un ticket d'entrée à 800 millions...

C'est un postulat de base, les conditions minimales nécessaires pouvoir désormais s'asseoir à la table et continuer à jouer.

Ne pas le voir, ne pas le sentir, c'est être sot, ou malhonnête ( les deux ?!! Est ce possible ? Ah si, j'oubliais les idéologues ^^).

Pourtant, point besoin de dons de divination, pas besoin d'être un grand mage.
Il suffit d'ouvrir les yeux (et un peu l'esprit quand même) pour observer ce qui se passe, prendre en compte les données factuelles qui s'offrent quotidiennement à nous.

Cela ne veut bien évidemment pas dire qu'il faut tirer un trait sur le passé, mais qu'il convient justement d'aller de l'avant pour faire fructifier cet héritage avant qu'il ne moisisse et se gâte, argument qui devrait pourtant parler aux boutiquiers qui s'accrochent encore à leur étal.

Écrit par : léonidas | 03/03/2012

Merci pour le lien, mon Père^^.

Il y a quand même une critique souverainiste intelligente que je prends en compte, c'est celle de Patrick Reymond au sujet de la déplétion énergétique :

http://lachute.over-blog.com/article-crise-mondiale-en-route-pour-le-monde-d-apres-100340966.html

La vitesse de cette déplétion est une variable majeure à intégrer à la réflexion. L'ennui, c'est qu'elle est quasiment une inconnue et, dans ce qu'elle a de relativement connu, il est quand même très difficile de prévoir ses impacts respectifs et globaux sur les différents acteurs géoéconomiques et géopolitiques, notamment quant au délai qu'elle leur laissera pour exister.

L'atout de l'Europe sur ce point, c'est la Russie, véritable mine géante.

Mais à terme, si aucune alternative ne se présente, les empires continentaux (à supposer qu'ils se réalisent dans l'intervalle), c'est inéluctablement terminé. On ne va pas à pied ou à cheval, couramment, de Brest à Vladivostok ni de Taipei à Tachkent...

Écrit par : Boreas | 03/03/2012

"On ne va pas à pied ou à cheval, couramment, de Brest à Vladivostok ni de Taipei à Tachkent..."

Sauf si on s'appelle Marco Polo ^^.

Certes, la pénurie à venir des énergies fossiles va occasionner des "réajustements", sans doute importants.
Mais cela ne se fera pas du jour au lendemain, la transition sera plus ou moins longue et il sera évidemment difficile de spéculer sur son terme et ses conséquences.

En effet, la raréfaction fera monter les prix et deviendront rentables des gisements importants qui aujourd'hui ne le sont pas (je sais, c'est un lieu commun, mais bon, il n'en est pas moins vrai, jusqu'à un certain point...il faut qu'il y ai des clients encore assez fortunés).

par ailleurs, la situation exigera le développement des autres formes d'énergies, les "bio" et les autres, notamment l'atome qui si elles ne seront peut être pas en mesure de fournir au même rythme, permettront toutefois de sacraliser les fonctions vitales.

Enfin, quand bien même, des entités géopolitiques très étendues peuvent se mettre en place et perdurer mille ans (Alarme! Point Godwin !!) sans se reposer sur les énergies fossiles ^^.
Les grands empires historiques ne manquent pas pour nous le rappeler.
Il y a certes une limite au delà de laquelle les distances sont trop grandes pour que la voile où le cheval garantissent la cohésion de l'ensemble, mais tout de même, on s'aperçoit qu'il y a de la marge.

Seul le rythme change.

L'humain va de nouveau évoluer dans un monde taillé à sa mesure, tant sur le plan de l'espace que de celui du temps.

Ce sera enfin le retour à des jours plus apaisés, la fin de l'agitation. A ne pas confondre avec un immobilisme mortel, mais avec une avancée certes lente (pour notre référentiel), mais régulière, contrôlée, loin de la fuite en avant secouée que nous vivons.
La saveur de l'instant présent va remplacer le diktat de l'immédiateté.

Dans l'intervalle, plus ou moins grand, bien des choses se passeront, et l'histoire prouve encore que Moscou, c'est effectivement pas si loin de Paris, même à pied ou à cheval, ça se fait très bien, et dans les deux sens!

быстро ! быстро!

Écrit par : léonidas | 03/03/2012

"L'atout de l'Europe sur ce point, c'est la Russie, véritable mine géante."

Quand je parle d'imaginaire collectif historique, voila le mal-entendu qu'il faut analyser:
La Russie ne s'est jamais considérée comme Européenne , c'est à dire dans leur esprit à l'Occident.
Cela remonte, au minimum, à la conversion à l'orthodoxie de la Sainte Patrie.
L'héritage Grec, déjà en conflit avec l'Occident, se retrouve profondément dans l’âme russe.
A cela, on rajoute la politique de leur géographique, hors-norme vis à vis des dimensions des nations européennes historiques, et vous avez un savant mélange qui pose des problèmes si l'on veut faire une politique commune avec ce géant.
Il ne suffit pas de partager une même couleur de peau pour faire une grande politique civilisationnelle.
Je pense que l'on fait fausse route en jacobinisant une question géo-politique.
Déjà partager une meme structure politique avec les teutons est un casse-tete insoluble, rappelons qu'historiquement ils n'ont jamais été dans le giron romain et que cela est une donne a ne pas négliger.
Soit nous faisons preuve d'imagination pour créer un ensemble cohérent, donc en laissant tomber les vieilles recettes du passé, soit nous resterons à un jeu d'alliances classiques.
Ce qui est déjà bien en soi, vu notre état actuel de soumission à l'ordre océanique marchand.

Écrit par : Three piglets | 04/03/2012

Je ne parle pas d'Europe au sens de l'Occident moderne, TP.

Et il ne s'agit surtout pas de "jacobiniser une question géopolitique", nous sommes bien d'accord.

De même, "laisser tomber les vieilles recettes du passé, faire preuve d'imagination pour créer un ensemble cohérent" (quel que soit son nom et sa forme : confédération ou autre, mais qui nous permette de garder nos identités), me paraît effectivement indispensable car il n'est nullement question que nous devenions russes (ou allemands).

La nécessité géoéconomique et géopolitique dont je parle exige avant tout une rotation de nos élites et un retour à nos racines (grecques, justement, au sens culturel, civilisationnel et politique).

J'y crois, parce que la langue française notamment en est profondément porteuse : http://www.projethomere.com/ressources/ARTICLES_PROJETHOMERE/Etymologie-francais-doit-au-grec.pdf (c'est peut-être pourquoi elle était devenue celle des Cours de Prusse et de Russie au XVIIIe siècle, sans pour autant insuffler à la Prusse et à la Russie davantage qu'un superficiel vernis des "Lumières"...).

Il existe, à mon sens, une séduction réciproque franco-russe, une complémentarité qui repose, dans les mentalités respectives de ces deux peuples, sur un fonds commun de résistance, voire d'opposition, profondément ancrées, à l'Occident moderne et à ses contre-valeurs.

De même, l'Allemagne, entité politiquement plus récente, conserve en son sein, dormantes mais culturellement puissantes (son actuelle économie exportatrice en est, à mon avis, symboliquement, la seule expression, certes déformée et quelque peu grotesque, qui lui soit autorisée depuis 1945), la mémoire de l'empire carolingien, puis des expansions-interpénétrations médiévales et jusqu'aux appels des tsars aux déplacements vers l'Est de populations allemandes (la Grande Catherine et Alexandre 1er aux XVIIIe et XIXe siècles).

Quant à la France, pays frère au Moyen Age, puisqu'après la mort de Charlemagne elle est née, pour des questions successorales, de la Francie occidentale tandis que l'actuelle Allemagne est issue de la Francie orientale, elle est l'objet, historiquement, d'une grande admiration outre-Rhin ("Heureux comme Dieu en France" y est passé en proverbe).

L'Allemagne est un trait d'union entre France et Russie, pas seulement au plan géopolitique mais culturellement. Je pense qu'on peut dire que la parenthèse des "Lumières" qui, après les questions dynastiques et religieuses qui ont divisé l'Europe pendant près de mille ans, a maintenu cette division pour des raisons philosophico-idéologico-politiques, est en train de se refermer.

Exemple contemporain de la vision russe de l'Allemagne :

http://fr.rian.ru/analysis/20040204/40779001.html

Sur les relations franco-russes :

http://www.paris-berlin-moscou.org/docs/Relations_juridico-politiques_fr.pdf

Sur les relations franco-allemandes actuelles :

http://www.xing.com/net/connexionfrancaise/culture-franco-allemande-deutsch-franzosische-kultur-litterature-literaturhinweise-3514/france-allemagne-ces-amis-qui-ne-se-connaissent-pas-536697/

Écrit par : Boreas | 04/03/2012

La Russie ne s'est jamais considérée comme Européenne.

Ce n'est certes pas faux, bien qu'il faille nuancer, je pense.

La Russie ne s'est jamais identifiée à la vieille Europe, car elle possède déjà sa propre âme, sa propre identité.
En revanche, et outre le fait que les intérêts de la Russie la porte en grande partie à s'impliquer à l'Ouest, et ce depuis longtemps (les débouchés en méditerranée sont aussi important que la façade pacifique), il y a en Russie de la considération et de l'admiration pour ce qui fut et ce qui demeure chez nous. (une différence essentielle d'avec nos "amis" américains).


Saint-Pétersbourg n'est elle pas la plus française des villes russes, au moins sur le plan de l'architecture, n'a t'on d'ailleurs jamais parlé français à la cour du tsar (comme dans toute l'Europe d'ailleurs)?, la révolution bolchevik ne s'est elle pas vu comme la petite sœur de celle de 1789 ?

Quid du niveau des investissements russe en France?
Et il ne s'agit pas seulement des placements dans l'immobilier de luxe de quelques oligarques, mais bien d’acquisitions d'entreprises dans des secteurs de pointe ou du luxe. Je passe sur les châteaux, vignobles, structures hôtelières, et autres PME.

Des russes emploient aujourd'hui plusieurs milliers de personnes en France.

N'a t'on pas vu récemment la Russie acquérir des BPC (bâtiment de projection et de commandement) Mistral français pour sa flotte en dépit d'un tir de barrage de l'OTAN qui s'opposait fermement à cette transaction ?
Et comme on comprend ces messieurs de l'OTAN.
Après le camouflet reçu à l'occasion de l'aventure géorgienne, l'acquisition par la Russie de systèmes d'armes modernes dédiés à la "Projection" signe le retour de l'Ours sur le plan géostratégique.

On pourrait développer à loisir le volet énergétique qui verra un rapprochement de l'Allemagne et de la Russie dans le cadre d'un partenariat dans ce domaine (souhaitons que la France soit du voyage de noce).

Enfin, comme souligné, l'immensité russe est sous peuplé, et son ventre mou, sibérien en la matière, est au contact d'un voisin qui ne manque pas d'hommes pour occuper cet espace considéré comme asiatique.
La nature ayant horreur du vide, la Russie sera confronté tôt ou tard aux conséquences de cette problématique géographique, démographique et économique.
Une partie non négligeable de la solution passe par l'alliance européenne.

Au final, je partage, TP, votre conclusion :

De tout ça, il ne sortira pas forcément l’émergence d'un bloc homogène, car effectivement, des différences notables existent et perdureront, fruits de la nature et de l'histoire qui structurent nos contrés respectives.
C'est pourquoi, oui, il nous faut innover, s'engager, faire preuve d'audace, en un mot écrire l'histoire qui peut nous mener au-delà du simple partenariat géostratégique.

Écrit par : léonidas | 04/03/2012

Je ne peux que souscrire à ce qui a été dit ici. L'alliance entre la France, l'Allemagne et la Russie sera mutuellement profitable.

@Léonidas

"Enfin, comme souligné, l'immensité russe est sous peuplé, et son ventre mou, sibérien en la matière, est au contact d'un voisin qui ne manque pas d'hommes pour occuper cet espace considéré comme asiatique.
La nature ayant horreur du vide, la Russie sera confronté tôt ou tard aux conséquences de cette problématique géographique, démographique et économique. "

Oui et non.
La Chine est certes très peuplée, mais son vieillissement a commencé (cf émission sur Radio Courtoisie - je ne me souviens plus laquelle): les moins de 20 ans seront désormais moins nombreux que les plus de 50 ans. Vu leur problème de manque de femmes* cela va même se faire assez rapidement. Donc, si un gouvernement chinois veut se lancer dans une colonisation de l'immensité sibérienne...Eh bien ce n'est plus possible.

Par contre, la région de Vladivostok intéressent les Chinois. Elle faisait partie autrefois de l'empire chinois, jusqu'en 1860. 7 millions de Russes; en face 60 millions de Chinois.... C'est précisément là qu'il y a eu, et qu'il y aura à nouveau des frictions. C'est là que la Russie aura besoin de notre aide. Du temps de l'URSS, elle pouvait faire face à la Chine. Maintenant c'est nettement plus difficile.

La démographie russe est compliquée à cerner; il faut dire que nos média mainstream n'aident pas à comprendre: on verse volontiers dans le catastrophisme, non sans arrière pensées... Je vous invite à consulter le blogue d'Alexandre Latsa. C'est très pédagogique.

A moyen terme, le problème ne viendra pas de Chine (je ne parle même pas de cet Etat croupion qu'est la Corée du Nord), mais de l'Asie Centrale, principalement avec l'Ouzbékistan et sa fertilité élevée. Sans pétrole (ou à un prix astronomique), la grande mer d'Aral qui va s'assécher, quelles perspectives? N'aurait-on pas la tentation de prendre les armes et d'aller voir ailleurs?

*Faute de statistiques fiables (sous-enregistrement, oubli, etc), difficile de bien cerner le problème, et donc d'évaluer correctement les conséquences.

Écrit par : Imperator. | 04/03/2012

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