24/12/2011
Pour une confédération européenne
Je suis pleinement en phase avec cet article paru sur le le site Polémia. Extraits :
«L’Europe est faite d’Histoire, de sang, de terre et de culture, la réduire à l’Euro ou réduire la construction européenne à la BCE ne peut être un réflexe "patriote". L’eurosceptique radical rejoint en cela, contre toute attente, le marchand mondialisé prétendument euro-fédéraliste.
Ce vieux fantasme d’après-guerre envisageant une union des pays d’Europe à partir d’un marché commun perdure. Etrange monde en effet que celui qui s’évertue à faire passer les fiancés devant le notaire et le banquier avant le maire, le curé ou la chambre à coucher. Mais au-delà des intérêts économiques qui par essence divisent ou renforcent l’individualisme, l’Euro, aujourd’hui dans l’œil du cyclone, peut-être même déjà à terre, prend désormais une valeur hautement symbolique… celle d’un étendard qui pourrait braver les marchés (contre toute attente le dollar ne s’est-il pas déprécié en 2011 par rapport à l’Euro et cela malgré la crise de l’Euroland ?). Un étendard qui fait ressurgir les véritables alliances (lors du dernier sommet européen, Mr Cameron a rejoint tout naturellement le fast-food vermoulu anglo-saxon et sa mafieuse City, sans parvenir à entraîner avec lui ses vieux alliés). Un étendard qui pourrait fédérer et dynamiser à nouveau les pays fondateurs de l’Union potentiellement aux commandes d’un véritable projet européen.
Dans sa dernière livraison du 15 décembre, le LEAP fait montre d’un optimisme surprenant sur la poursuite de l’intégration de l’Euroland et l’accélération de la dislocation anglo-saxonne. On le jugerait volontiers fantaisiste s’il n’avait pas prévu et décortiqué depuis 2006 quasiment au jour près les tsunamis successifs qui se sont abattus sur l’économie mondiale. Il est vrai que l’on a spontanément du mal à détecter un souffle historique dans l’improbable choucroute bling-bling Sarko-Merkel. Pourtant sans le vouloir vraiment et à marche forcée, ces "idiots utiles" fabriquent peut-être à leur insu de l’Histoire. Le LEAP considère que le chemin sur lequel nous sommes est long, complexe et chaotique, mais renforce notre continent et va placer l’Euroland au cœur du monde "d’après la crise".
Faisons en sorte que notre Europe ne soit pas le terrain de jeu de la finance internationale, ni la terre de prédilection d’un certain angélisme. Evacuer l’esprit bourgeois et usurier ne signifie pas pour autant en finir avec l’économie, l’une des trois fonctions vitales et primordiales de notre civilisation. Il nous faudra même nous souvenir qu’à la base de concrétisations politiques d’inspiration confédérale se sont souvent cristallisés des intérêts d’ordre socio-économique.
(...)
Une confédération à la différence d’une fédération, rappelons-le aux eurosceptiques les plus radicaux, est une union d’États indépendants, souverains, mais acceptant de partager sur tous les fronts du vivant une histoire commune en délégant certaines compétences à des organes communs respectueux des identités.
Depuis 1291, nos voisins helvètes partagent un destin commun, se respectent mutuellement entre cantons, politiquement, linguistiquement… Au 13e siècle, des hommes libres des vallées d’Uri, Schwytz et Unterwald trouvèrent leur motivation première à ce pacte d’alliance dans la nécessité "d’aide mutuelle", de protection politique, économique et juridique. La "Landsgemeinde", grande réunion communautaire à vocation sociale et économique, puis progressivement politique illustre remarquablement cette synthèse confédérale qui, au-delà de son creuset identitaire et de ses mythes fondateurs, peut très bien se nourrir de la "nécessité matérielle" pour évoluer vers un projet commun et durable.
Appartenir à sa terre dans une confédération respectueuse des identités ou dépendre d’un système matérialiste à prétention universelle et totalitaire… L’Européen doit choisir. Il y a urgence à ce qu’il trouve, tel Guillaume Tell, une fenêtre de tir pour retrouver le chemin de la puissance et réaliser enfin une Confédération des Euronations. »
Un indispensable complément : ce texte de Marc Rousset.
02:14 Écrit par Boreas dans Crise, Economie, Géopolitique, Histoire, Identité, Politique | Lien permanent | Tags : confédération européenne, nations, europe, ue, union européenne, leap, euroscepticisme, euro, marchés, dollar, david cameron, sarkozy, merkel, finance, bourgeois, usurier, suisse | Facebook | | Imprimer | |
Commentaires
@Boreas
Article posté à 2h14 ? A quelle heure dormez-vous ? ou alors vous n'êtes pas en métropole ;-)
Pour revenir au sujet ,j'ai lu l'article sur le site de Polemia (Fenêtre de tir : Pour une Confédération des Euronations) et j'ai retenu l'extrait suivant ( le passage avant votre longue citation) .
"Et voilà qu’il nous prend sans doute naïvement l’envie de hurler : « régionalistes, souverainistes nationaux et euro-protectionnistes de tout poil retrouvez-vous ! Et devenez des acteurs d’un projet confédéral en refusant de réduire la vie d’un peuple à celle d’un compte d’exploitation. » !!
Je partage aussi le constat ci-après: "L’implosion systémique se confirme de jour en jour. Son épicentre, le monde anglo-saxon, multiplie les rideaux de fumée pour détourner l’attention et retarder artificiellement le désastre qui s’annonce sur ses terres et qui impacte et impactera inévitablement les nôtres."
Écrit par : alain21 | 24/12/2011
Je suis un couche-tard, c'est un fait. :-)
Écrit par : Boreas | 24/12/2011
Oui, il vaut mieux une confédération qu'un fédération, c'est évident. Mais vu le contexte actuel, où on est en train de monter les peuples européens les uns contre les autres (cf les Allemands vs les Grecs), ca va être compliqué....
Écrit par : Imperator. | 24/12/2011
Marc Rousset inside. Excellent texte en effet.
La confédération est une idée tout à fait séduisante.
Je crois que la crise (au sens heuristique du terme) que nous vivons actuellement est une crise de croissance tout simplement. Rome ne s'est pas faite en un jour, la grande Europe est un chemin long et tortueux.
Le sommet de Bruxelles est tout de même un tournant. C'est historique ! Pour la première fois l'Europe a dit le mot de 5 lettres à la City. Je bois du petit lait, je vous assure ! Ce repère de bandits, cette internationale des mafieux enfin moucher comme il faut. Sehr schön !!! :D
Il ne manque plus qu'un rapprochement spectaculaire sur le plan politique avec la Russie et nous y serons. Ca va venir, malgré les gesticulations instrumentalisées dont on nous rebat les oreilles en ce moment.
Je plussoie avec le LEAP, l'Angleterre ne tiendra pas deux ans. Et quant à l'indépendance de l'Ecosse en 2014 suivie de son adhésion à l'euro et de son entrée dans l'Union je crois ce sera le prétexte adéquat à une fiesta mémorable entre amis !!!! :D
Écrit par : Eisbär | 25/12/2011
La vieille Ligue de Haute Allemagne...
Effectivement.
Mais s'agissant là d'un modèle d'organisation politique, économique, militaire et diplomatique favorisant puissance et prospérité, il faut compter avec l'acharnement des ennemis insulaires de l'Europe qui ont toujours œuvré à sa division.
@ Eisbär.
Oui, le grand projet européen est en gestation, depuis des siècles. Les différentes tentatives de fer et de feu, loin de consacrer son abandon ou de signifier son échec ne sont sans doute que les états de transitions nécessaires à l’avènement d'une forme plus aboutie.
C'est un travail de forgeron, et les belles pièces, tout comme Rome, ne se font certes pas en un jour mais demandent bien du temps, de la sueur, parfois de la douleur et toujours, de l’espérance.
Sus à Guessler ! L'incendie des châteaux, approche.
Écrit par : léonidas | 29/12/2011
Confédération européenne ? C'est l'évidence même, et si l'Europe enfin se fait, elle ne pourra se faire que sous cette forme et nullement sous celle de la "fédération" que prônent ceux qui ont intérêt à la détruire. La Finlande n'est pas le Montana et le Portugal n'est pas le Texas, et ils ne le seront heureusement jamais ! Contrairement aux USA, on n'y parle pas la même langue et ce n'est pas la même colonie de peuplement ; ceux-là, ils ont une histoire derrière eux, qui n'est pas née avec le Mayflower ou le reliquat des pontons... Une Europe confédérée et solidaire, avec la grande Russie, ça gêne la thalassocratie et ses épigones et ça la gêne énormément. Il n'y à qu'à voir le déchaînement des forces hostiles contre Poutine, ce grand méchant loup, comme tu le montres très bien, Boréas. Longue vie et merci à toi camarade !
Écrit par : Agaric | 01/01/2012
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