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29/04/2012

Le FN en voie de finisation

Le logo bleu du parti italien de la « dédiabolisation », 1995

 

Marine de la SARL Le Pen et son entourage multiplient les déclarations sur un éventuel changement de nom du Front National.

Déjà, le 12 avril 2012, tout en affirmant que son « objectif » était « d'arriver au second tour » (pas de bol, c'est loupé, et largement), elle disait au Monde, à ce sujet : « On veut faire un rassemblement pour les législatives. Si c'est un succès, si cet élargissement devient une réalité, c'est une réflexion que l'on aura ».

Que l'on aura, ou qu'on a déjà ?

Toujours ce discours « stratégique », toujours cette communication politicienne cousue de fil blanc.

Déjà, pour sa campagne présidentielle, MLP a fait disparaître de ses affiches le nom de son parti et son logo.

Pour les législatives, ce sera le « Rassemblement bleu Marine » et plus si affinités (voir aux environs de 8'00). Si affinités avec qui ? De la part de quelqu'un qui veut faire imploser (ou exploser, on ne s'embarrasse pas de sémantique) l'UMP ? Devinez.

Plus amusant encore - enfin, c'est selon -, alors que les Français sont demandeurs d'une parole politique vraie et sincère, sans langue de bois médiatique, loin de l'électoralisme partitocratique et de ses figures imposées ou plutôt communément admises par ses acteurs, le magazine Challenges nous apprenait, le 24 avril 2012, qu'en réalité Louis Aliot (Monsieur Marine) a déposé « en toute discrétion » à l'INPI (Institut National de la Propriété Industrielle), le 12 janvier dernier, le nom « Alliance pour un rassemblement national ».

Vous, je ne sais pas, mais pour ma part, cette onomastique mercatique (« c'est chié, hein ? », comme dirait Jack Lang pastiché par Laurent Gerra), alliée à une stratégie transparente, me rappelle furieusement un certain Gianfranco Fini.

Comment s'appelait le parti de ce grand homme ? Ah oui, « Alleanza Nazionale » (Alliance Nationale). Tiens, déjà.

Et où en sont-ils, maintenant ?

Sans abuser d'une comparaison qui n'est pas parfaite et à laquelle ne tiennent que les gauchistes obtus, puisque le FN n'a jamais rien eu (pas plus que moi, je le précise au passage) de « néo-fasciste », notons quand même que le MSI (Mouvement Social Italien) était solidement implanté dans le paysage politique italien depuis le début des années 1970, sous l'impulsion de Giorgio Almirante, quand celui-ci passa la main à Fini (1987).

A partir de 1994, Fini décide de se « dédiaboliser » (encore : déjà !) et entre au gouvernement de Silvio Berlusconi. Au congrès de Fiuggi en 1995, du MSI naît l'Alliance Nationale. Le colossal succès électoral de 1996 fait croire à Fini que sa stratégie, consistant à multiplier les reniements et les gages d'honorabilité bien-pensante, est la bonne. Il ne cesse alors de couler son discours dans le moule du conformisme le plus politiquement correct, le plus libéral et le plus atlantiste.

Le logo du MSI, la flamme tricolore qui avait d'ailleurs été copiée par le FN en France, est conservé (on ne sait jamais, des fois que ça continuerait à amener des voix...), mais intégré sur le mode mineur dans un macaron à dominante... bleue. Même si ce bleu n'est pas un bleu marine.

Bref. Tout ça pour quoi ?

Dissoute en 2009, l'Alliance Nationale se fond dans Le Peuple de la liberté, mouvement au nom aussi attrape-tout que celui de l'UMP chez nous, aussi creux que son président Berlusconi et au logo (là aussi) bleu.

Fini, qui a clairement joué sa carte personnelle pendant toutes ces années où, comme en France la SARL Le Pen (dans un autre genre), il a renié son passé, trahi ses amis qui ont vainement essayé de s'en relever politiquement, un peu comme chez nous à travers le MNR, le Parti de la France et la Nouvelle Droite Populaire ; Fini, donc, est fini, comme la « droite nationale » italienne a été laminée par son action.

Je sais, Fini fini, c'est facile ; mais c'est vrai. Après avoir été plusieurs fois ministre et avoir participé à la rédaction du traité de Lisbonne, il est encore président de la Chambre des députés, mais a été en conflit avec Berlusconi après avoir mangé trop longtemps au même râtelier, scandale immobilier et autres bagatelles à la clé, et voit désormais son salut personnel dans le centrisme.

Devenu un politicien-savonnette comme les autres, il a créé récemment un énième mouvement-parti, Futur et liberté pour l'Italie (tout un programme). Vous vous doutez que, contrairement à son nom, la finalité de ce gadget éphémère n'est pas le service de la nation et du peuple italiens, mais tout simplement celui de ses dirigeants qui, comme toute la classe politique, visent avant tout la meilleure place devant la gamelle.

Alors certes, me diront les marinolâtres, il n'existe aucune preuve que leur idole et son parti se dirigent vers un destin similaire à celui du triste sire Fini.

C'est vrai. Les preuves ne se constituent qu'au fil du temps et ce qui n'est pas encore arrivé ne peut donc être démontré d'avance.

Mais les indices s'accumulent, vous ne trouvez pas ?

12/12/2011

« Pou-tine-est-fi-ni, Le-Fi-ga-ro-est-dans-la-rue ! »

Un exemplaire du Figaro (non, de Libé, ou plutôt du Nouvel Obs... enfin, je ne sais plus)

 

« Pou-tine-est-fi-ni, Le-Fi-ga-ro-est-dans-la-rue ! », voilà le genre de slogans que devrait glapir la grande presse française aux mains du capital, qui prend ses désirs russophobes pour des réalités.

Par exemple, après s'être réjoui de ce que les dernières élections législatives aient constitué « un sévère revers pour le parti de Poutine », ce bon Pierre Avril - un grand romantique, même sa coiffure en témoigne, hahaha ! -, n'a rien trouvé de mieux que de titrer, dans Le Figaro :

« Russie : un élan démocratique s’oppose à Poutine »

« Poutine ébranlé par une contestation sans précédent ».

On voit que le journal favori de l'UMP rejoint dans le trip révolutionnaire anti-Poutine les gauchistes de Rue89 et les fans du Parti Communiste Russe.

Alors que, avec un système de vote à la proportionnelle (système que ne pratique plus la France de l'UMPS, adepte du scrutin majoritaire, on se demande pourquoi) Russie Unie, le parti de Poutine, a, contrairement aux prévisions de Pierre Avril, conservé la majorité absolue à la Douma avec 49,32 % des voix, un score que lui envieraient tous les partis de France, les médias occidentaux estiment qu'il n'y a pas de démocratie en Russie, rien que des fraudes massives, et que « Poutine ne fait plus rêver les Russes ».

Alors que, suivant l'opposition russe elle-même, les manifestants du 10 décembre à Moscou, ville la plus peuplée d'Europe avec près de 15 millions d'habitants dans l'aire urbaine selon Wikipédia, étaient « 40.000 » et que, selon 20minutes, ils étaient « entre 25.000 et 50.000 », Pierre Avril, lui, en voit « quelque 50.000 », puis « entre 50.000 et 80.000 ». Comme bien des médias occidentaux. Des « manifestations monstres », vraiment ? Allez donc voir les photos de la « révolution des neiges », comme l'appelle Alexandre Latsa... Vous en rigolerez avec moi, tout en tirant les leçons d'une indéniable usure du pouvoir, comme le fait Xavier Moreau qui, par ailleurs, dénonce dans le détail l'influence occidentale sur ce raout manqué.

A en croire les propagandistes inavoués de la ligne Brzezinski-Soros, Poutine serait effrayé par cette véritable marée humaine (comme Sarkozy, je suppose, par le million de manifestants contre la réforme des retraites à l'automne 2010, dans un pays deux fois moins peuplé...) et n'oserait rien dire, tant la vérité lui aurait éclaté à la figure.

Bah, désolé, Messieurs les augures, il n'en est rien. Non seulement il ne se sent pas si contesté que ça et dit que les fraudes électorales sont mineures (N.B. : en France, ça n'existe pas, bien sûr), mais encore Medvedev a ordonné une enquête (N.B. : en France, on fait mieux, hein) et enfin, eh bien tout simplement, Messieurs les larbins de Washington, allez vous faire foutre.

Heureusement, quelques voix plus objectives se font entendre, à commencer par celle de Philippe Migault, chercheur à l'IRIS :

« Ce qui me frappe, c'est la manière dont est interprétée cette élection... Il serait question d'une montée en puissance de l'opposition, mais de quelle opposition parle-t-on ?

Les trois autres partis représentés à la Douma sont loin d'être démocratiques, au sens où l'on entend en Europe occidentale. Il ne faut donc pas s'imaginer que ce sont des forces progressistes :

L'opposition politique n'est donc pas une référence, et il n'est pas certain que les Russes gagneraient au change si Russie Unie perdait la préférence populaire.

Quant aux libéraux, qui ont des valeurs semblables à celles de l'Union européenne, à savoir l'économie de marché et la démocratie, ils ne font que 3% des voix. »

Comme d'habitude, c'est encore chez nos amis de Realpolitik.tv qu'on trouve l'analyse la plus synthétique, celle qui prend le plus de recul :

« Les élections législatives marquent à n’en pas douter, un ancrage définitif de la Russie dans un modèle de développement démocratique autonome, éloigné des influences occidentales. La baisse de Russie Unie était prévisible tant le résultat de 2007 fut exceptionnel, avec plus de 60% des voix. Le parti au pouvoir conserve une confortable avance sur ses rivaux. L’importance de ces élections n’est pas dans cette baisse de Russie Unie, qui n’empêchera pas, de toute façon, Vladimir Poutine de gouverner pendant son prochain mandat. Ce qui compte avant tout, c’est le rejet massif de l’influence occidentale par le peuple russe. Les moyens engagés par les ONG américaines l’auront été en pure perte. Même à Moscou, le parti Yabloko, considéré comme le plus libéral, recueille à peine 10%. La nouvelle classe moyenne russe ou les milieux populaires, lorsqu’ils n’ont pas voté Russie unie (49,7%), ont voté communiste (KPRF : 19,15%), Russie Juste (parti proche de Russie Unie : 13,16%) ou pour les ultra-nationalistes de Vladimir Jirinowski (LDPR : 11,7%). Au total, plus de 90% du corps électoral russe rejette l’influence occidentale.

La Russie semble définitivement guérie de son engouement pour le modèle occidental du début des années 90. Le modèle consumériste, si visible à Moscou, n’est pas venu à bout à bout de l’âme russe. Les trois millions de fidèles qui ont défilé devant la ceinture de la Vierge dans toute la Russie, attendant pendant des heures, la nuit et dans le froid sont là pour en témoigner. Les Russes, soutenus en cela par leurs élites reconstruisent leur identité autour du christianisme, ce qui est également une rupture nette avec l’Occident ou la laïcité militante est devenue religion d’État.

Absence de partis pro-occidentaux à la Douma, reconstruction de l’identité russe autour du christianisme, piété populaire, refus de l’affrontement civilisationnel, interdiction du prosélytisme homosexuel, c’est le modèle européiste au complet qui est rejeté par le peuple russe et ses élites dirigeantes. Paradoxalement, c’est un modèle de développement qui pourrait inspirer les sociétés européennes enfoncées dans une crise autant économique que morale. »

A méditer par les droitards qui trouvent sympa le fils d'oligarque propriétaire de France Soir, le journal qui se réjouit de ce que le Centre Carnegie de Moscou parle de « crise politique grave », parce que ce type a dit qu'il voterait pour Marine Le Pen... On a les amis auxquels on ressemble.