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12/12/2011

« Pou-tine-est-fi-ni, Le-Fi-ga-ro-est-dans-la-rue ! »

Un exemplaire du Figaro (non, de Libé, ou plutôt du Nouvel Obs... enfin, je ne sais plus)

 

« Pou-tine-est-fi-ni, Le-Fi-ga-ro-est-dans-la-rue ! », voilà le genre de slogans que devrait glapir la grande presse française aux mains du capital, qui prend ses désirs russophobes pour des réalités.

Par exemple, après s'être réjoui de ce que les dernières élections législatives aient constitué « un sévère revers pour le parti de Poutine », ce bon Pierre Avril - un grand romantique, même sa coiffure en témoigne, hahaha ! -, n'a rien trouvé de mieux que de titrer, dans Le Figaro :

« Russie : un élan démocratique s’oppose à Poutine »

« Poutine ébranlé par une contestation sans précédent ».

On voit que le journal favori de l'UMP rejoint dans le trip révolutionnaire anti-Poutine les gauchistes de Rue89 et les fans du Parti Communiste Russe.

Alors que, avec un système de vote à la proportionnelle (système que ne pratique plus la France de l'UMPS, adepte du scrutin majoritaire, on se demande pourquoi) Russie Unie, le parti de Poutine, a, contrairement aux prévisions de Pierre Avril, conservé la majorité absolue à la Douma avec 49,32 % des voix, un score que lui envieraient tous les partis de France, les médias occidentaux estiment qu'il n'y a pas de démocratie en Russie, rien que des fraudes massives, et que « Poutine ne fait plus rêver les Russes ».

Alors que, suivant l'opposition russe elle-même, les manifestants du 10 décembre à Moscou, ville la plus peuplée d'Europe avec près de 15 millions d'habitants dans l'aire urbaine selon Wikipédia, étaient « 40.000 » et que, selon 20minutes, ils étaient « entre 25.000 et 50.000 », Pierre Avril, lui, en voit « quelque 50.000 », puis « entre 50.000 et 80.000 ». Comme bien des médias occidentaux. Des « manifestations monstres », vraiment ? Allez donc voir les photos de la « révolution des neiges », comme l'appelle Alexandre Latsa... Vous en rigolerez avec moi, tout en tirant les leçons d'une indéniable usure du pouvoir, comme le fait Xavier Moreau qui, par ailleurs, dénonce dans le détail l'influence occidentale sur ce raout manqué.

A en croire les propagandistes inavoués de la ligne Brzezinski-Soros, Poutine serait effrayé par cette véritable marée humaine (comme Sarkozy, je suppose, par le million de manifestants contre la réforme des retraites à l'automne 2010, dans un pays deux fois moins peuplé...) et n'oserait rien dire, tant la vérité lui aurait éclaté à la figure.

Bah, désolé, Messieurs les augures, il n'en est rien. Non seulement il ne se sent pas si contesté que ça et dit que les fraudes électorales sont mineures (N.B. : en France, ça n'existe pas, bien sûr), mais encore Medvedev a ordonné une enquête (N.B. : en France, on fait mieux, hein) et enfin, eh bien tout simplement, Messieurs les larbins de Washington, allez vous faire foutre.

Heureusement, quelques voix plus objectives se font entendre, à commencer par celle de Philippe Migault, chercheur à l'IRIS :

« Ce qui me frappe, c'est la manière dont est interprétée cette élection... Il serait question d'une montée en puissance de l'opposition, mais de quelle opposition parle-t-on ?

Les trois autres partis représentés à la Douma sont loin d'être démocratiques, au sens où l'on entend en Europe occidentale. Il ne faut donc pas s'imaginer que ce sont des forces progressistes :

L'opposition politique n'est donc pas une référence, et il n'est pas certain que les Russes gagneraient au change si Russie Unie perdait la préférence populaire.

Quant aux libéraux, qui ont des valeurs semblables à celles de l'Union européenne, à savoir l'économie de marché et la démocratie, ils ne font que 3% des voix. »

Comme d'habitude, c'est encore chez nos amis de Realpolitik.tv qu'on trouve l'analyse la plus synthétique, celle qui prend le plus de recul :

« Les élections législatives marquent à n’en pas douter, un ancrage définitif de la Russie dans un modèle de développement démocratique autonome, éloigné des influences occidentales. La baisse de Russie Unie était prévisible tant le résultat de 2007 fut exceptionnel, avec plus de 60% des voix. Le parti au pouvoir conserve une confortable avance sur ses rivaux. L’importance de ces élections n’est pas dans cette baisse de Russie Unie, qui n’empêchera pas, de toute façon, Vladimir Poutine de gouverner pendant son prochain mandat. Ce qui compte avant tout, c’est le rejet massif de l’influence occidentale par le peuple russe. Les moyens engagés par les ONG américaines l’auront été en pure perte. Même à Moscou, le parti Yabloko, considéré comme le plus libéral, recueille à peine 10%. La nouvelle classe moyenne russe ou les milieux populaires, lorsqu’ils n’ont pas voté Russie unie (49,7%), ont voté communiste (KPRF : 19,15%), Russie Juste (parti proche de Russie Unie : 13,16%) ou pour les ultra-nationalistes de Vladimir Jirinowski (LDPR : 11,7%). Au total, plus de 90% du corps électoral russe rejette l’influence occidentale.

La Russie semble définitivement guérie de son engouement pour le modèle occidental du début des années 90. Le modèle consumériste, si visible à Moscou, n’est pas venu à bout à bout de l’âme russe. Les trois millions de fidèles qui ont défilé devant la ceinture de la Vierge dans toute la Russie, attendant pendant des heures, la nuit et dans le froid sont là pour en témoigner. Les Russes, soutenus en cela par leurs élites reconstruisent leur identité autour du christianisme, ce qui est également une rupture nette avec l’Occident ou la laïcité militante est devenue religion d’État.

Absence de partis pro-occidentaux à la Douma, reconstruction de l’identité russe autour du christianisme, piété populaire, refus de l’affrontement civilisationnel, interdiction du prosélytisme homosexuel, c’est le modèle européiste au complet qui est rejeté par le peuple russe et ses élites dirigeantes. Paradoxalement, c’est un modèle de développement qui pourrait inspirer les sociétés européennes enfoncées dans une crise autant économique que morale. »

A méditer par les droitards qui trouvent sympa le fils d'oligarque propriétaire de France Soir, le journal qui se réjouit de ce que le Centre Carnegie de Moscou parle de « crise politique grave », parce que ce type a dit qu'il voterait pour Marine Le Pen... On a les amis auxquels on ressemble.

Commentaires

En France , nos zélites n'ont pas besoin de magouiller les résultats : ils n'en tiennent pas compte tout simplement .

Rappelons nous des résultats du TCE : 55% de non , mais nos zélus ont voté son frère jumeau , le traité de Lisbonne sans que les media dominants ne disent rien ; ces mêmes media qui donnent actuellement des leçons de démocratie.

Écrit par : alain21 | 12/12/2011

Boreas,

Passé l'énervement vis-à-vis du traitement de l'info en Russie par la presse-pravda, en y réfléchissant un peu tout cela semble bien positif. En effet l'heure doit être à la panique chez les "occidentaux" pour qu'ils s'agitent ainsi.
A la lumière de tout ceci, il parait évident qu'ils abattent en ce moment une de leurs dernières cartes. Avec Poutine il n'y aura pas d'intervention possible en Syrie ni en Iran ....

Ça sent bon la fin de leur monde.

A nous d'en profiter.

Salutations

Écrit par : mandrin | 12/12/2011

Effectivement, l'analyse de cette élection par Realpolitik est la plus juste... et la plus réaliste!

Qu'est-ce qui change à l'issu de cette élection? Rien, ou pas grand chose: Poutine (en tant que premier ministre) garde une majorité au Parlement pour gouverner. Il sera certainement (sauf exception) réélu à la présidentielle de mars 2012; Medvedev sera à nouveau son premier ministre, et jusqu'en 2016. Et puis voilà...

Je ne savais pas que le journal détenu par Pougatchev avait parlé de "crise politique grave". Bizarre...

Écrit par : Imperator. | 12/12/2011

oui
A nous d en profiter.
Le vent tourne, vengeons, les chouans, 1848, la commune. A mort ( pardon, a bas ) la bourgeoisie .....

Écrit par : libherT | 12/12/2011

"Ça sent bon la fin de leur monde."

En effet, camarade Mandrin, ça y ressemble.

Écrit par : Boreas | 12/12/2011

Hier soir, dans l'épouvantable émission de RTL "on refait le monde" (qui après une étonnante phase de liberté est revenue au politiquement correct le plus calamiteux), le nommé BUISSON du Figaro magazine a défendu Poutine, que les autres traitaient d'affreux dictateur, Clémentine AUTAIN dénonçant l'interdiction à Moscou de la plus parfaite démonstration de la démocratie et des droits de l'Homme réunis, la Gay Pride...

Écrit par : Aramis | 13/12/2011

En fait de chef d'oeuvre de désinformation vous auriez pu mettre en avant l'article paru dans l'I-monde sous la plume de l'ineffable André Glucksman ce jour : http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/12/13/apres-kadhafi-poutine_1617796_3232.html

Je ne suis pas certain du tout que l'élection de Vladimir Poutine empêchera une intervention en Syrie ou en Iran. J'ai même furieusement l'impression que ça ne change rien. L'élection était programmée de longue date par conséquent pourquoi avoir provoqué des troubles en Syrie il y a déjà plusieurs mois alors que du côté de l'axe Washington - Londres - Tel-Aviv on était à peu près certain que Poutine serait élu à nouveau ?

Je pense que guerre chaude il y aura avec la Syrie et l'Iran. Trop de gens sceptiques à cet égard sont obnubilés par l'arme atomique et mettent l'utilisation de cette dernière en postulat à l'impossibilité d'une guerre planétaire alors qu'il n'est pas évident que le recours à cette arme où tout le monde finit perdant soit envisagée autrement que comme un épouvantail par bien des états majors. Les années de guerre froide ont laissé des traces. L'Irak a été attaqué par les anglo-américains et Poutine n'a pas pu lever le petit doigt. Rien n'a été fait pour contrecarrer les attaques sur la Libye. Je suis sceptique quand à l'arrêt du plan américain par peur de la puissance nucléaire russe. Très sceptique même.

Les anglo-américains semblent avoir un calendrier serré, ils s'y tiennent. Je crois qu'au point où ils en sont ils n'ont pas d'autre solution que de tenter la politique du pire. Ce sont de formidables joueurs de poker, il faut le reconnaître.

Si l'on regarde l'état de catastrophe générale actuel on observe que :

- L'offensive économique contre l'Europe n'a pas trouvé de contre feu de la part des européens. Vide politique et colonisation par la finance anglo-saxonne suivent leur cours. Où est le positif là-dedans ?

- L'offensive contre l'Europe d'un point de vue militaire se confirme. Le cordon vert islam placé sur le pourtour sud de la Méditerranée n'annonce rien moins que la guerre. En armant les pays du Maghreb devenus islamistes par leurs soins diligents, les anglo-américains (avec notre aide : Libye) ont placé les pions du futur conflit européen.

- L'offensive contre l'Eurasie se poursuit. Economiquement au-travers de l'agression contre l'Union Européenne car si l'Union Européenne tombe dans le marasme quid du paiement des fournitures de pétrole russe, quid des débouchés pour les babioles chinoises vendues de manière prioritaire aux crétins de salariés consommateurs européens.

- L'offensive militaire contre l'Eurasie se poursuit et donc la Syrie puis l'Iran seront des cibles.

Je ne vois pas où une inversion de tendance se dessine ? Je dois être bête à bouffer du foin.... ou viscéralement pessimiste voir aveugle bref... j'imagine que ça doit être entièrement de ma faute.

Écrit par : Eisbär | 13/12/2011

Bah, ils peuvent bien glapir...

Ce sont là les gémissements de renardeaux aveugles et inoffensifs.

La Russie est l'avenir énergétique des États européens, Allemagne en tête, et donc, en grande partie l'avenir de notre économie et de notre petit confort.

Surtout depuis la décision de la chancelière de se retirer du nucléaire...

La dépendance de l'Allemagne vis à vis du gaz russe va rapidement atteindre les 70 %.

Chaque jour, fort de ce constat, l'atlantisme de Berlin (et de Paris) se fissure un peu plus, les conséquences géopolitiques artificielles de la seconde guerre mondiale s'estompent.

La nature des choses et des hommes reprend peu à peu ses droits.

Que pèsent les Clémentine Autin, les buissons et tous les Figaro observateurs libérés dans la balance de l'Histoire.

Poser la question revient même à leur prêter un intérêt qu'il n'ont pas.

Dérisoire...

Les parangons de vertu démocratique peuvent bien s'agiter. Encore l'histoire de la paille et de la poutre. Encore...et toujours.

Écrit par : léonidas | 13/12/2011

Factuellement , il semble que la situation en Libye a été un pierre d'acchopement entre Poutine de Medvedev

http://fr.rian.ru/world/20110322/188948897.html

"International
Libye: la position officielle de la Russie est celle de son président"

"Le chef du gouvernement russe (POUTINE NDA21) a chargé lundi contre les bombardements en Libye menés par la coalition sous l'égide des Etats-Unis, les comparant aux croisades. Le président Dmitri Medvedev a publiquement désapprouvé de tels propos, en estimant qu'ils pourraient conduire à un "choc des civilisations.""

Ou alors c'est une stratégie de communication good cop - bad cop

Mais on peut comprendre que l'anglosphère trouvant Medvedev plus conciliant va tout faire pour déstabliser Poutine avant son retour au pouvoir présidentiel .

Écrit par : alain21 | 14/12/2011

@ Boreas

Pour valider le précédent commentaire , j'ai eu à taper (comme le veut la procédure ) le code CAPTCHA suivant : l'Angleterre.

Je m'insurge :-)

Ce blog est il vendu à l'anglosphère ? ;-)

Écrit par : alain21 | 14/12/2011

Eisbär

Victime du virtualisme américanocentré ? Ordonnance : visiter plus souvent un site comme Dedefensa.

Ou relire les commentaires ici :

http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2011/10/04/petit-baton.html

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Léonidas

Bien d'accord avec vous.

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Alain

Sur la pseudo-discorde Poutine-Medvedev :

http://www.realpolitik.tv/2010/09/poutine-medvedev-le-mythe-de-la-discorde-ou-quand-loccident-se-fait-plaisir-au-detriment-de-la-realite/

http://www.realpolitik.tv/2011/09/passation-de-pouvoir-poutine-medvedev/

Sinon, oui, je suis un agent de la CIA et du MI6, comme du Maussade d'ailleurs, c'est bien connu. :-)

Écrit par : Boreas | 14/12/2011

@Boreas

j'évoque moi-même une stratégie bad cop- good cop ( mauvais flic -bon flic) comme dans les polars . c'est la preuve que je m'interroge aussi .

De toute façon , cela ne change rien au fond de l'affaire : la tentative de déstabilisation de la Russie par l'anglosphère .

Pour le reste ( CIA , MI6 , et Mossad) , cela ne m'étonne pas ;-)

Écrit par : alain21 | 14/12/2011

Boréas

Je sais bien que l'Amérique est très affaiblie militairement : http://www.dailymotion.com/video/xm7k1q_xerfi-canal-aurelien-duthoit-defense-vers-la-fin-de-l-hegemonie-americaine_news et que l'effondrement économique ne va faire qu'accroître ce déclin.

C'est précisément pourquoi je pense comme cette personne : http://www.bilan.ch/editoriaux/mz/2012-sous-le-signe-de-la-guerre

qu'ils précipiteront le monde dans le chaos : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-declin-inexorable-de-l-occident-106130

Quant à la Russie, et c'est le partisan d'une Europe puissance basée sur l'axe Paris-Berlin-Moscou qui vous l'écrit, elle est condamnée à l'isolement et c'est bien ce que veut l'Impérium puisqu'elle n'est pas docile (relisez le grand échiquier). Isolée, la Russie ne joue qu'un rôle très limitée et elle en a pris acte en se bornant à gérer son espace intérieur et ses marges : http://www.dailymotion.com/video/xhrez5_1-2-l-union-douaniere-russie-belarus-kazakhstan_news#from=embed. Sans compter qu'il ne faut pas trop fantasmer sur ses potentialités économiques (malgré les ressources naturelles) ni sur ses potentialités militaires.

Pour être puissante, la Russie devrait être intégrée à l'espace européen. Or qui en Europe incarne politiquement un rapprochement vers la Russie ? Ne cherchez pas la réponse elle est simple : personne ! Cette situation étant largement inhérente aux activités de domination US sur le monde politique européen. Après ça on peut toujours gloser sur des vérités immanentes et sur des lendemains radieux, sauf que pour l'instant, la Russie est isolée (comme toujours, et c'est la force de l'anglosphère de l'y contraindre) et qu'elle se pose beaucoup de questions sur son avenir économique elle aussi.

Donc certes les US s'effondrent, mais comme ils sont et dingos et aux abois, ils vont pratiquer la politique du pire : LA GUERRE en espérant en tirer bénéfice comme lors des deux précédentes. En fait je pense qu'ils ne peuvent rien faire d'autre. La raison et le réel ne peuvent rien contre l'engrenage psychopathologique qui fait se mouvoir l'anglosphère. Le syndrome du joueur, comme jadis pour le mage de Berlin... et les russes ne pourront pas l'empêcher, ni les russes, ni personne.


PS : Dde est dans mes favoris depuis belle lurette !

Re PS : Je précise bien sur que je ne défends nullement l'anglosphère ni que je blâme la Russie, Poutine est loin d'être fini (il est le seul politique pour qui j'ai une once d'estime). Néanmoins il est loin d'être omnipotent et la Russie sans l'Europe est loin d'être sur-puissante. Je m'efforce d'être objectif.

Écrit par : Eisbär | 14/12/2011

Eisbär

Euh, Myret Zaki (dont je vois que vous êtes devenu un fidèle, vous aussi, sans jeu de mots :-) ) ne dit pas que les Etats-Unis VONT faire une guerre. Elle dit juste qu'ils en auraient besoin, ce qui me paraît effectivement évident. Elle paraît penser, elle aussi, qu'ils n'y parviendront pas, sans même parler du risque d'attaquer l'Iran :

http://www.atlantico.fr/decryptage/nucleaire-militaire-iran-moyen-orient-guerre-israel-etats-unis-europe-rapport-aiea-ardavan-amir-aslani-219154.html

En 2002, les Ricains ont fait une simulation d'attaque navale "contre l'Iran" (pas officiellement). Résultat : 35 % de leur flotte détruite ou endommagée ( http://en.wikipedia.org/wiki/Millennium_Challenge_2002 ). Et c'était avant que l'Iran ne se dote de missiles chinois Silkworm...

Déjà qu'ils ont pris l'habitude de perdre toutes leurs guerres, ils vont bientôt devoir s'accoutumer à ne plus pouvoir les faire du tout. Surtout que l'élection présidentielle américaine approche et que l'opinion publique y est défavorable :

http://www.dedefensa.org/article-l_iran_premiere_guerre_de_l_ere_occupy__14_11_2011.html

Le soft/smart power ne marche pas très bien non plus, d'ailleurs :

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=28151

http://fr.rian.ru/tribune/20111214/192704283.html

... sauf dans le domaine du virtuel. Et si vous lisez Dedefensa, vous savez que la classe dirigeante américaine est assez conne pour croire en celui-ci bien plus qu'à la guerre (domaine où elle y croit aussi d'ailleurs, d'une certaine façon, d'où ses échecs répétés).

Bref, l'impuissance devient, comme le dit Dedefensa, la règle de l'Amérique.

Quant à la Russie, elle n'est pas si isolée que cela (le BRICS, ça existe ; les sommets Russie-UE et l'adhésion à l'OMC aussi... et les Russes, malins, se servent à merveille de tous les "machins" internationaux, exemple : http://fr.rian.ru/world/20111214/192703959.html ... ce qui oblige les Ricains à ceci : http://fr.rian.ru/world/20111214/192716109.html ) et les tendances de fond et de longue durée, géoéconomiques et géopolitiques, dans ses rapports avec l'Europe de l'Ouest, lui sont favorables, comme l'a souligné Léonidas en ce qui concerne la question énergétique.

Écrit par : Boreas | 15/12/2011

@Eisbâr

Comme Boreas , je suis un peu plus optimiste en ce qui concerne le rapprochement entre l'Europe de l'Ouest et la Russie .

Malheureusement , il ne s'agit pas de la France mais de l'Allemagne qui est leader dans ce rapprochement .

Rapprochement sur base énergétique ( voir le gazoduc NordStream : le président du conseil de surveillance de la société qui le gère n'est rien d'autre que Gerhard Schröder , ancien chancelier allemand ; Gazprom détenant 51% de la société )

Rapprochement diplomatique : la position de l'Allemagne sur le cas libyen est un preuve qu'elle n'est plus forcément alignée sur l'anglosphère.

Boreas le soulignait justement dans un article récent sur les déclarations "germanophobes" de Montebourg ; ces dernières ne font que renforcer l'anglosphère et Montebourg , le souverainiste , est un idiot utile de l'axe Washington-Londres.

http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2011/12/03/l-allemagne-avec-nous-et-l-inverse-surtout.html

Sarkozy a choisi de s'aligner de plus en plus sur l'anglosphère au moment même où celle-ci est en perte de vitesse : complètement à contre-temps.

Écrit par : alain21 | 15/12/2011

Je suis intervenu plusieurs fois dans le chat du "Monde" concernant la conférence de presse de Poutine
http://www.lemonde.fr/europe/live/2011/12/15/suivez-en-direct-l-intervention-de-vladimir-poutine_1618686_3214.html

Commentaire de la part de alain21
Quel est le poids des "libéraux" en Russie ?
09h31

Il faut distinguer les libéraux au sens économique, comme on l'entend en Occident, et les libéraux au sens démocratique, qui prône un respect des libertés individuelles et une démocratisation de la Russie. Les partis officiels d'opposition, en Russie, dits "libéraux", sont faibles. En raison des fraudes, mais aussi à cause du souvenir des années 1990 tumultueuses, marquées par des privatisations tronquées, plusieurs crises économiques graves et une instabilité politique.

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Commentaire de la part de alain21
Y a t'il une volonté de déstabiliser Poutine et la Russie au moment où cette dernière oppose son veto à des résolutions sur l'Iran et la Syrie à l'ONU ?
10h12

@alain21 Les dizaines de milliers de personnes sorties dans les rues de Moscou, Saint-Pétersbourg et d'autres villes de province n'étaient ni manipulées, ni payées. Ce qui déstabilise le régime russe, c'est le régime russe; qui considère tout contradicteur véritable comme un adversaire. Vladimir Poutine a immédiatement utilisé une ficelle très usée, après les manifestations de samedi, en citant Hillary Clinton et l'administration américaine. Le premier ministre russe a été très profondément marqué par les "révolutions de couleur" en Géorgie et en Ukraine. Il veut à tout prix éviter qu'un feu semblable prenne en Russie.


J'ai répondu à la dernière intervention par la remarque suivante :



@votre commentaire de 10h12 Les liens entre des officines US et les mouvements soutenant les révolutions de couleur a été prouvés . Normal que Poutine s'inquiète. Je renvoie à la revue HERODOTE 2008/2 "Stratégies américaines aux marches de la Russie" http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=HER_129_0007 . Voir également le rapport 2007 de l'USAID ( gouvernement américain) "In Georgia, Ukraine and Kyrgyzstan, USAID will help consolidate democratic gains and show U.S. commitment to support those governments'

J'attends que "le Monde" publie ma dernière intervention.

Écrit par : alain21 | 15/12/2011

C'est drôle dans ce chat de lire les commentaires des journalistes obligés de reconnaitre que les manifestants ne représentent qu'une petite minorité :

10h33


Commentaire de la part de expat
Pour avoir vécu en Russie ces 4 derniers mois, j'en profite pour vous dire que vous exagérez complètement le mouvement de contestation. Que le régime soit pourri est une évidence. Mais il n'y a aucun soulevement de la classe moyenne. Ni d'aucune classe. La conscience politique ici est extremement faible. Je ne sais pas qui vous a dit le contraire.
10h35

@expat Il ne s'agit pas d'un soulèvement. Mais d'un mouvement de colère inédit au sein d'une partie de la population, urbaine, éduquée, tournée vers l'extérieur, voyageant souvent. On peut ne pas être politisé au sens partisan du terme mais se sentir humilié lorsqu'on a le sentiment que le bulletin déposé dans l'urne n'est pas pris en compte.

Commentaire de la part de Nicolas
@expat. Je vis à Novossibirsk depuis bientôt 3 ans. Effectivement la conscience politique est très faible, mais les manifestations qui ont eu lieu le 10 décembre démontre qu'une (faible, on s'entend) partie de la population commence à en avoir marre.

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"Le Monde" cite Jean Bonnevey (Métamag) qui reprend l'analyse de Realpolitik sur les élections :le vote est un vote de volonté de puissance.

10h56 @Nicolas A ce propos, une analyse expliquant le bon score des communistes et des nationalistes du LDPR : http://www.metamag.fr/metamag-564-Poutine-a-t-il-vraiment-perdu-les-elections-russes--Des-urnes-s-est-degage-un-vote-de-volonte-de-puissance.html L'auteur estime que les électeurs "veulent un retour de la puissance russe, et cela va du rouge vif au brun foncé".

Écrit par : alain21 | 15/12/2011

@ Eisbär :

Faut il craindre le pire ? Sans faire de catastrophisme, surement.

Du moins si on se base sur les références passées existantes. Les tentatives d'hégémonies continentales européennes se sont toujours soldées par des conflits d'origine insulaire...suivez mon regard. Ce fut vrai au XVIII, au XIX, au XX...

Confrontés, une fois de plus à la même adversité, on peut effectivement parier que les anglo-saxons appliqueront la même stratégie et feront tout leur possible pour susciter des conflits.
Écoutant ce matin France "Info", il est clair que la machine à conditionner les esprits (faibles et entretenus dans l'ignorance) s'est mise en route.
"La colère gronde en Russie" et de faire un parallèle éhonté avec le printemps arabe, tout ça pour nous parler d'une exposition sur la Russie...
Bref.

Ceci dit, l'hypothèse d'une action de domino n'est pas à exclure, qu'elle ait été planifiée ou qu'elle soit le fruit d'un opportunisme dicté par un pragmatisme atavique.

Et après les tentatives avortées de révolutions colorées, la moindre aspérité dans les affaires intérieures de la Russie sera exploité, monté en épingle et en tragédie pour convaincre les opinions occidentales que Poutine = Ben Ali = Moubarak = Kadhafi etc.

Construire cette "vérité" et la vendre à tout le monde pour justifier les sombres dessins destinés à empêcher l'émergence d'une alliance de fait entre la Russie et l'UE.

En fait, sur ce front également, la guerre a déjà commencé.

Écrit par : léonidas | 15/12/2011

Léonidas

Vous m'avez compris sur le fond ; c'est à dire que l'anglosphère veut une guerre et qu'elle s'y emploie.

La problématique étant de mon point de vue que :

- Tout est possible et que cette possibilité se mesure à l'aune du niveau de gabegie et de folie qui règne dans les hautes sphères de l'Imperium anglo-saxon.

Contrairement @ tous (et même si les hautes sphères américaines décideuses constituent un espace complexe, non monolithique et surdéterminé) je suis intimement convaincu que nombres de forces agissantes aux US sont dingos de chez dingo et que ça peut nous mener loin. Je crois qu'il faut penser l'Amérique selon des critères qui ne SONT PAS RATIONNELS pour mesurer le degré de dangerosité de la situation qui s'ouvre devant nous.

C'est un petit reproche que je ferai @ Boréas. Vous les jugez comme si ils avaient conscience des risques et des conséquences que leur politique fait courir au monde, alors qu'en réalité c'est précisément l'inverse. Pour moi ils sont aussi dangereux qu'Hitler, et je dirai même qu'Hitler en fin de cycle. Je crois que dans certains cercles ils sont convaincus qu'ils peuvent tout tenter sans se soucier des conséquences ; d'où ce que l'on voit et entend un peu partout en ce moment. Après je ne me prononce pas sur une victoire, je dis simplement qu'ils sont à l'oeuvre et qu'ils sont suffisamment secoués pour aller très loin, quoiqu'en pense et que fasse le camarade Poutine. Je les crois capable même de vouloir, dans certains cercles agissants, le sacrifice de leur peuple. Et ce n'est pas du débilo complotisme. Je crois que tout cela est très sérieux et que cela peut nous mener bien plus loin qu'on ne le pense.

Quand je parle d'isolement russe c'est par rapport à l'Europe. Ce n'est certes pas de la faute de Poutine mais je crains fort que l'axe Paris-Berlin-Moscou mettra du temps à exister. C'est peut-être même un voeux pieu. Et la faute en revient prioritairement à la France qui est à mon avis un pays bien plus fondamentalement atlantiste qu'on ne veut bien le croire.

@alain 21

Vous avez raison sur Sarkozy mais je crains, hélas, qu'il ne soit pas le seul russophobe et germanophobe des éligibles que l'on nous propose. C'est bien cela tout le problème.

Un petit indice sur le degré d'amour que le PS porte aux forces du continent par un social démocrate très océanien ; Cambridge inside (à visionner jusqu'au bout même si c'est écoeurant) : http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=W8Yobb2ULko

Écrit par : Eisbär | 15/12/2011

Tiens tiens, que vois je...

Syrie: La Russie propose une résolution surprise au Conseil de sécurité de l'ONU.

«Un événement extraordinaire»

L'ambassadeur français à l'ONU, Gérard Araud, a immédiatement salué dans un communiqué «un événement extraordinaire puisque la Russie a enfin décidé de sortir de son inaction et de nous présenter une résolution sur la Syrie». «Le texte qui nous est présenté est un texte qui mérite évidement beaucoup d’amendements car il est déséquilibré. Mais c’est un texte sur la base duquel nous allons négocier», a-t-il ajouté.

http://www.20minutes.fr/monde/russie/843566-syrie-russie-propose-resolution-surprise-conseil-securite-onu

Si les anglo-saxons sont pragmatiques et opportunistes, n'oublions pas que les russes sont fortiches aux échecs.

Écrit par : léonidas | 16/12/2011

Eisbär, je ne dis pas qu'il n'y a pas de psychopathes aux Etats-Unis ni qu'ils n'y ont pas d'influence, comme dans le monde entier d'ailleurs (j'ai lu le remarquable livre de d'Andrzej Lobaczewski, "Ponérologie Politique", que vous connaissez sûrement, et je le recommande même si je ne souhaite pas faire de la pub à son éditeur, qui mélange abondamment le vrai et le faux dans ses autres publications).

Je ne dis pas que ce serait débilo-complotiste de le penser.

Je ne suis pas davantage sourd aux avertissements d'un Brzezinski par exemple :

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/12/14/97001-20111214FILWWW00261-iran-usa-la-mise-en-garde-de-brzezinski.php

... ni aux rumeurs relatives à de belliqueuses déclarations d'intentions russo-chinoises :

http://gold-up.blogspot.com/2011/12/la-chine-rejoint-la-russie-la-solution.html

Attention, toutefois, aux sources souvent iraniennes et donc, suspectes car intéressées, de ces rumeurs, reprises surtout par des sites débilo-complotistes et des sites musulmans (une brève recherche sur Google, en sélectionnant les entrées vieilles de moins d'un mois, vous le confirmera, par exemple en tapant "Iran guerre - ou "war" - Hu Jintao").

Si vous prêtez attention parallèlement aux sources officielles, occidentales comme russes et chinoises, c'est un autre son de cloche, nettement plus nuancé :

http://french.peopledaily.com.cn/International/7646315.html

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/12/06/chine-hu-jintao-demande-a-la-marine-d-etre-prete-au-combat_1613973_3216.html

http://fr.rian.ru/defense/20111215/192730486.html

Mais, globalement, je reste sur mon idée que les moyens sont plus "surdéterminants", comme vous diriez, que les intentions.

A cet égard, je vous rappelle que cela fait cinq ans environ qu'il est question d'une attaque contre l'Iran, et que celle-ci n'a toujours pas été lancée. Pourquoi ?

Écrit par : Boreas | 16/12/2011

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