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08/09/2011

L'amour, le vrai

... Il n'y en a pas d'autre.


 

« (...)

You can't tell me it's not worth dyin' for
Tu ne peux pas me dire que ça ne vaut pas la peine de mourir pour ça

(...)

Take me as I am - Take my life
Prends-moi comme je suis - Prends ma vie
I would give it all - I would sacrifice
Je la donnerais toute entière - Je me sacrifierais

(...)

I would fight for you - I'd lie for you
Je me battrais pour toi - Je mentirais pour toi
Walk the wire for you - Ya I'd die for you
Je marcherais sur un fil pour toi - Oui je mourrais pour toi

(...) »

01:30 Écrit par Boreas dans Musique, Philosophie, Psychologie | Lien permanent | Tags : bryan adams, amour, vrai, mort, mourir, sacrifice |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! |

07/09/2011

L'Allemagne a-t-elle un intérêt commercial à sortir de l'Euro ?

Arrête ton char, Balthazar...

 

Je reproduis ici une petite partie d'un article qui fait justice de cette fable, au sujet de laquelle j'en ai assez de lire n'importe quoi :

« Le commerce extérieur allemand en 2010 : la zone euro représente 55% de l’excédent commercial et l’Europe 80% !

L’office fédéral des statistiques allemand vient de publier ses estimations préliminaires du commerce extérieur en 2010. L’occasion de vérifier une nouvelle fois que les performances exceptionnelles du commerce extérieur outre-Rhin doivent beaucoup aux gentils partenaires européens de l’Allemagne, et bien peu aux pays émergents comme on voudrait nous le faire croire.

En 2010, les exportations allemandes ont atteint 959,497 Md€, soit un niveau tout proche du record de 2008 (985 Md€ selon le FMI), les importations 806,164 Md€ et le solde commercial +153,333 Md€. La machine à exporter est donc repartie à plein régime. Les exportations devraient représenter 46% du PIB, les importations 40,5% et le solde commercial 5,2% du PIB.

La France reste de loin le premier client pour les exportations allemandes (90,694 Md€), devant les Etats-Unis (65,57 Md€). Elle n’est en revanche que le troisième fournisseur de l’Allemagne (61,75 Md€ d’importations), derrière la Chine (76,52 Md€ d’importations) mais aussi les Pays-Bas (68,76 Md€). La France est donc, de loin, le premier contributeur à l’excédent commercial allemand (+28,943 Md€ en faveur de l’Allemagne), devant le Royaume-Uni et les Etats-Unis (+20 Md€ chacun).

Les années passent et la tendance ne se redresse absolument pas …

(...) 

L’Allemagne réalise l’essentiel de son excédent commercial, 85 Md€ sur 153 Md€, vis-à-vis de ses partenaires de la zone euro.

Demander à ces pays d’imiter le modèle allemand (priorité à l’exportation, répression de la demande intérieure) dans le cadre du « Pacte pour l’euro Plus » adopté fin mars aurait donc pour conséquence à terme de réduire très substantiellement la croissance des exportations allemandes. Est-ce vraiment ce que souhaite l’Allemagne ?  »

Islamisation de la France : l’action des décideurs non musulmans

 

Ces jours-ci, les articles de qualité pleuvent sur mes sites préférés. Après Jean-Yves Le Gallou sur Polémia, voilà Thierry Mudry sur Realpolitik.tv.

Morceaux choisis :

« tous les immigrés ne sont pas musulmans, loin s’en faut. Une partie non négligeable d’entre eux provient de l’Extrême-Orient ou de l’Afrique sub-saharienne, chrétienne et animiste. D’autre part, l’immigration musulmane elle-même ne relève bien évidemment pas d’un projet pan-islamiste de conquête de l’Europe, mais bien plutôt de la volonté séculaire du patronat français de disposer sur place d’une main d’œuvre bon marché, et de la volonté des immigrés de trouver en France, pour eux-mêmes et leur famille, des conditions de vie meilleures que dans leur pays d’origine.

En outre, les citoyens ou les résidents français d’origine musulmane sont loin d’être tous pratiquants, voire croyants, et, dans l’immense majorité des cas, leur pratique religieuse, alignée sur les traditions familiales, se limite à consommer de la viande halal (ou, à tout le moins, à ne pas manger de porc) et à observer, plus ou moins rigoureusement, le jeûne du ramadan . Selon un sondage CSA réalisé pour l’hebdomadaire catholique La Vie du 17 avril au 30 août 2006, 88% des musulmans de France affirmaient faire le ramadan, 43% faire les cinq prières quotidiennes, 20% lire le Coran au moins une fois par semaine, 17% aller à la mosquée au moins une fois par semaine, et 4% être déjà allés à La Mecque. Il convient de préciser que ce sondage a été réalisé auprès de personnes se déclarant de confession musulmane, ce qui exclut les personnes d’origine musulmane qui s’affirment incroyantes ou qui adhèrent à un credo religieux non musulman, dont la proportion reste à déterminer ! »

« Au bout du compte, peut-on parler d’une influence religieuse grandissante de l’Islam en France ? Cela reste à prouver : la multiplication des mosquées est, en effet, moins le signe du dynamisme de l’Islam en France que celui de son atomisation, les pratiquants se répartissant en associations cultuelles distinctes, qu’il n’est pas abusif de qualifier pour certaines de « sectes », s’opposant vivement sur l’interprétation du corpus islamique.

En revanche, le poids politique de l’Islam se fait sentir en France, quoi qu’indirectement, avec le Conseil français du culte musulman, volontiers consulté par le pouvoir politique, au même titre toutefois que les représentants des autres confessions de France, chrétiennes et juive ».

« Cette visibilité sociale, ce poids accrus de l’Islam en France sont-ils imputables aux musulmans eux-mêmes ? Ne sont-ils pas plutôt le fait de l’État français, des collectivités publiques et des grandes entreprises, qui manifestent ainsi un parti-pris idéologique en faveur du multiculturalisme (ou de « la diversité », pour reprendre le jargon en vigueur) – un parti-pris favorable qui ne s’étend toutefois pas aux cultures et aux langues régionales – et la volonté de contrôler, ou d’encadrer, les nouvelles populations implantées en France?

Notons d’abord que le Conseil français du culte musulman créé en 2003 à l’instigation des autorités françaises, en particulier de Nicolas Sarkozy alors ministre de l’Intérieur chargé des cultes, n’apparaît guère représentatif de la population musulmane de France. Ses membres sont d’ailleurs élus par un collège électoral restreint composé de délégués des associations cultuelles largement soumises à l’influence des Etats étrangers (Algérie, Maroc et Turquie surtout) et des groupes proches des Frères musulmans ».

« Quant aux grandes entreprises, en accordant des salles de prière sur le lieu de travail, des aménagements des horaires de travail en fonction des fêtes religieuses et des repas halal à leurs employés, sans même que des exigences dans ce sens aient été formulées par leurs employés musulmans ou par une majorité de ceux-ci, elles entendent clairement développer une stratégie « identitaire » de gestion des ressources humaines dans le droit fil du multiculturalisme ambiant.

C’est là qu’il apparaît clairement que l’islamisation de la France, voire de l’Europe, s’accorde parfaitement avec leur américanisation, avec la transposition locale du modèle américain.

Il n’y a à cela rien d’étonnant quand on sait que, loin d’être nécessairement hostile aux États-Unis, l’Islam, dans certaines de ses expressions dont la Turquie de l’A.K.P., la fraction moderniste des Frères musulmans et les Etats du Golfe offrent l’exemple le plus éclairant, peut se révéler parfaitement américano-compatible, géopolitiquement et économiquement parlant, et même sur le plan civilisationnel, ainsi qu’en témoignent la reconnaissance et l’approbation par ces courants islamistes de l’hégémonie états-unienne, leur adhésion au néo-libéralisme mondialisé décrit comme profitable aux élites musulmanes, et leur promotion du consumérisme de masse à peine amendé par quelques interdits alimentaires et prescriptions vestimentaires ».

[Suit un rappel de la collusion de l'Etat et du secteur privé, dans les affaires du Quick halal et de l'abattage rituel.]

« On voit bien que, si islamisation de la France il y a, celle-ci, même si elle répond aux vœux d’une minorité des musulmans, est essentiellement le résultat de l’action des décideurs – des décideurs non musulmans ».

Pour lire l'article en entier, cliquez ici.

04/09/2011

« La Novlangue de l'Union européenne » : un bréviaire indispensable

« La guerre, c'est la paix. L'esclavage, c'est la liberté. L'ignorance, c'est la force. » (George Orwell, 1984)


C'est encore l'excellent Jean-Yves Le Gallou, qui est l'auteur de ce petit manuel de décryptage de la propagande fédéralo-mondialiste en usage chez les eurocrates de Bruxelles.

Vous trouverez ça sur Polémia, en deux parties, et ici.

Quelques extraits particulièrement remarquables :

« Le mot peuple n’apparaît guère qu’une fois dans le Traité consolidé issu des négociations de Lisbonne, je cite : "Les peuples d’Europe en établissant ente eux une union sans cesse plus étroite ont décidé de partager un avenir pacifique fondé sur des valeurs communes". Une affirmation au demeurant inexacte puisque les peuples français et néerlandais ont rejeté par référendum le texte qui leur était proposé en 2005 ; qu’à la suite de ce vote, le référendum prévu en Pologne a été supprimé et qu’en 2007 le peuple irlandais a refusé, lui, le traité de Lisbonne qui reprenait quasiment le même texte. En fait, les institutions de Bruxelles n’aiment pas l’expression collective des peuples, ils lui préfèrent le concept individualiste de "citoyen" ».

« Les valeurs européennes : telles qu’évoquées par l’Union, elles ne s’appuient sur aucun héritage, ni sur les chants de l’Iliade et de l’Odyssée, ni sur la Vie des hommes illustres de Plutarque, ni sur la vie des saints, ni sur cette merveilleuse synthèse qu’on a appelé les Humanités classiques depuis la Renaissance jusqu’aux dernières décennies du XXe siècle. Non, les valeurs de l’Union européenne sont hors sol, hors histoire, hors civilisation ! Les voici, selon la Charte des droits fondamentaux de l’Union : "L’Union se fonde sur les valeurs indivisibles et universelles de dignité humaine, de liberté, d’égalité et de solidarité, elle repose sur le principe de la démocratie et le principe de l’État de droit". Tout dépend évidemment de l’interprétation… »

« Le mot identité n’apparaît lui aussi que marginalement.

L’identité européenne n’est nulle part définie. Si ce n’est négativement dans la mesure où la référence chrétienne a été délibérément évacuée, notamment selon Valéry Giscard d’Estaing, rédacteur du premier projet de Constitution, pour ne pas heurter les religions minoritaires, qui précisément ne sont pas constitutives de l’identité européenne.

L’identité nationale, elle, est évoquée marginalement ; mais sans contenu réel, pour au moins trois raisons :

  • L’Union européenne est une machine à normaliser et donc à éradiquer les particularités nationales.
  • L’Union européenne interdit explicitement (article 81), je cite : "toute discrimination en raison de la nationalité".
  • Enfin le principe généralisé d’ouverture des frontières interdit toute préférence nationale ou locale.

Le mot préférence a lui aussi disparu alors même que la notion de "préférence communautaire" était au cœur du premier Traité de Rome. Deux mots se sont imposés à sa place : libre circulation (y compris pour les ressortissants et les marchandises des pays tiers) et non discrimination.

Quant au mot frontière, il apparaît certes mais… négativement :

  • D’abord, l’Union européenne n’a pas défini de frontières, ni géographiques, ni culturelles : ainsi la Turquie a participé comme observateur aux négociations sur les derniers traités ; or c’est pour l’essentiel un pays asiatique de culture musulmane ; l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne mettrait celle-ci directement en contact avec la Géorgie, l’Arménie, l’Irak, l’Iran et la Syrie… L’élargissement au monde balkanique ne va non plus sans poser des problèmes. Sans parler d’Israël ou du Maroc.
  • Ensuite, le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) interdit (article 63) toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre États membres mais aussi entre États membres et pays tiers ; c’est le même esprit qui prévaut à l’article 32 sur l’Union douanière qui insiste (paragraphe a) sur "la nécessité de promouvoir les échanges commerciaux entre les états membres et les pays tiers".
  • S’agissant de la circulation des hommes, c’est la même idéologie libre-échangiste, laisser-fairiste et sans-frontiériste qui prévaut : d’une part, l’Union supprime les contrôles aux frontières intérieures y compris pour les migrants ; d’autre part, elle encadre les contrôles extérieurs tout en protégeant les droits des migrants ».

« La confusion entre l’Union européenne (institution politico-bureaucratique politiquement correcte) et l’Europe (héritage culturel et mythologique) est un mensonge qui fait beaucoup de mal. Car ce qui va de travers est attribué à l’Europe alors que ce qui est en cause, c’est l’Union européenne et son idéologie néfaste ».

Terrorismes - Violence et Propagande

François-Bernard Huyghe m'a fait l'honneur de m'inclure dans sa liste de diffusion pour annoncer la sortie de son dernier livre. Je relaie donc cette information concernant un auteur que j'apprécie tout particulièrement.

« La mort d’Oussama Ben Laden, la commémoration du 11 septembre 2001, les débats autour d'une décennie de "guerre au terrorisme"… autant d’événements qui suscitent l’envie de comprendre un phénomène qui concerne aujourd'hui tous les États. Depuis la fin des années 1870, des groupes armés clandestins commettent des attentats à but politique, souvent pour venger et éveiller – disent-ils – les opprimés.

Tuer pour l'idée, répandre l'idée... Les milliers d'attentats commis chaque année sous toutes les latitudes montrent la permanence d’une violence politique et symbolique née dans la Russie tsariste. Depuis, des centaines de groupes ont pratiqué la lutte armée clandestine au nom de leur idéologie : nihilisme ou anarchisme, indépendantisme ou anticolonialisme, réaction ou révolution mondiale, peurs apocalyptiques ou jihad planétaire. IRA, ETA, "bande à Baader", Action directe, Brigades rouges, groupes palestiniens, Tigres tamouls, FARC ou Al-Qaïda marquent leur époque.

François-Bernard Huyghe analyse les terrorismes à travers la diversité des discours et symboles qui les inspirent et pose la question de leur efficacité stratégique : le terrorisme fait-il avancer les causes dont il se réclame ? Y a-t-il une fin au terrorisme comme forme de lutte du faible ?

Introduction

Dix ans après le 11 septembre 2001, le spectre du terrorisme hante la mondialisation.

Chapitre 1 - Tuer pour l'idée

Répandu à partir du XIXe siècle, le terrorisme est une méthode de combat qui met la violence au service de l'idéologie, qu'elle soit anarchiste, nationaliste, révolutionnaire, jihadiste, etc., et qui justifie le crime par l'idéal.

Chapitre 2 - Modes d'action

Tout groupe armé clandestin, quelle que soit sa couleur politique, doit résoudre des contraintes pratiques et inventer des stratégies pour mener la « guerre du pauvre » : survivre, s'armer,se cacher.

Chapitre 3 - Discours

Le groupe terroriste a besoin de s'exprimer, donc de médias et de tribunes, pour revendiquer, convaincre ou provoquer. À l'époque de la rotative comme à l'ère numérique, le terrorisme reste une propagande par le fait.

Chapitre 4 - Une fin au terrorisme

Comment finit un groupe terroriste ? Vainqueur aux yeux de l'Histoire ? Écrasé militairement, arrêté par la police ? Converti ou découragé ? À moins qu'il ne se rallie à l'action politique classique. »


Editions Gallimard
Collection Découvertes (Histoire)
Paru le 25 août 2011
ISBN : 978-2-0704-4207-2
128 pages, 13,20 €

Retrouvez tous les écrits de François-Bernard Huyghe sur son blog.

31/08/2011

Un peu de joie dans un monde trop triste

20:34 Écrit par Boreas dans Musique | Lien permanent | Tags : laura pausini, joie |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! |

30/08/2011

L'avenir de l'Euro : quelles perspectives concrètes ?

 Dionysos enfant chevauchant un tigre

(mosaïque d'El Djem, Tunisie, époque impériale romaine)

 

Après m'être heurté à une certaine incompréhension et avoir essuyé quelques insultes lors d'un récent débat sur un excellent blog consacré à la crise, je ne pouvais qu'avoir envie de compiler et compléter ici mes réflexions, plus générales que techniques (je laisse ce soin aux spécialistes, aux écrits desquels je renvoie), sur le sort de l'Euro, mauvaise monnaie unique mais possible bonne monnaie commune, dans un cadre non fédéral, si son évolution lui faisait prendre cette voie.

 

Il est désormais d'usage, au sein de la « droite nationale » paraît-il largement groupée derrière Marine Le Pen et le nouveau programme économique du Front National, de déduire des justes critiques faites à l'Euro, notamment par des économistes, hétérodoxes ou libéraux, comme Jacques Sapir, Alain Cotta, Jean-Claude Werrebrouck, Hervé Juvin, Gérard Lafay, Jean-Jacques Rosa, etc., la nécessité d'en finir avec la monnaie unique et de revenir aux monnaies nationales.

C'est même un leitmotiv chez beaucoup de patriotes qui, comme les Français en général, sont plutôt peu instruits en matière économique mais qui, de plus, sont nostalgiques du Franc et anti-européens, ce que les Français en général ne sont pas, ni au plan monétaire, ni au plan économique.

A noter, que l'anti-européanisme paraît souvent confondu avec l'anti-européisme. Pourtant, le fédéralisme européen des eurocrates de Bruxelles n'est pas la seule possibilité politique envisageable pour parvenir à une Europe-puissance, dont il est éminemment souhaitable que, contrairement à lui, elle préserve les souverainetés et les particularismes locaux et nationaux. Mais il est vrai que les tentacules technocratiques et non-démocratiques de l'Union Européenne peuvent avoir, intellectuellement, un effet hypnotique proportionné à l'ampleur de leurs ingérences inacceptables, dans des domaines de plus en plus étendus de la vie quotidienne...

Quoi qu'il en soit, il est impossible, ces temps-ci, d'échapper au constat, qui réjouit fort la « droite nationale », de l'essor, bien sûr imputable aux inquiétudes nées de la crise des dettes publiques, des idées anti-Euro dans les médias dominants : Le Parisien, Le Monde, Le Figaro, L'Express, Le Nouvel Obs, Les Echos, Libération, La Tribune, etc., se sont tous plus ou moins fait l'écho de cette nouveauté, donnant souvent la parole aux contestataires confidentiels d'hier, presque devenus des augures admirés aujourd'hui.

Loin de s'étonner de ce curieux retournement de tendance médiatique, en général la « droite nationale » se contente de l'explication simple du révélateur que constitue la crise. Pourtant, que les médias qui, hier, ne juraient que par la monnaie unique et le constructivisme européiste, appellent presque, aujourd'hui, au souverainisme, a de quoi intriguer.

Intriguer, si on oublie à qui ils appartiennent.

Un exemple parmi d'autres : dans Le Monde, Gérard Lafay, professeur d'université dont je ne conteste en rien la pertinence des critiques envers l'Euro depuis toujours, appelle une fois encore à revenir au Franc. Banal, me direz-vous, puisqu'il l'a souvent fait par le passé. Certes. Sauf que, cette fois, il a associé sa plume à celle de Philippe Villin, un personnage libéral-libertaire clairement lié au monde de la finance, qui a déjà sévi, dans la même veine, avec un autre économiste libéral, Jean-Jacques Rosa, précité, mais plus discrètement (les trois compères unissent maintenant leurs efforts).

Que de pareilles gens et leur chef de file, le prophète Pascal Salin, veuillent la fin du fédéralisme européen et de la monnaie unique dont la plupart des libéraux sont, quoi qu'en disent ces hérétiques minoritaires, les plus fervents supporters, pour revenir à une organisation politique et monétaire nationale (qui, a priori, les arrange moins puisqu'elle ne facilite pas le libre-échange auquel ils tiennent tant), cela s'explique, sans doute, par la vision juste des méfaits de l'Euro, à laquelle d'autres s'associent sans pour autant partager leur idéologie. Pour l'anecdote, « Trois profs et un banquier », ça ferait un bon titre de comédie, vous ne trouvez pas (eh oui, Pascal Salin, Gérard Lafay et Jean-Jacques Rosa sont fonctionnaires de l'Education Nationale, comme beaucoup de libéraux, on se demande pourquoi...) ?

Ce qui est étrange n'est pas qu'ils s'expriment de la sorte, c'est qu'ils soient entendus maintenant, au seul prétexte de la crise des dettes publiques. Ce serait un motif suffisant, car raisonnable, si nous n'étions pas soumis à un système médiatique aux mains du capital ; mais, comme le robinet à paroles ne s'ouvre que quand de grandes mains argentées le tournent, je peine à croire à une explication aussi simple que celle qui consisterait en une soudaine compréhension, par les oligarchies financières, d'une impasse, potentiellement ruineuse pour eux, de la monnaie unique. La fortune est voyageuse et n'a nul besoin de s'attacher à une monnaie en particulier.

Encore plus étonnant, même si les motifs affichés ne sont pas les mêmes (à Londres, alors que le Royaume-Uni n'a jamais voulu entrer dans la zone Euro, on défend le fédéralisme et la marche en avant vers l'intégration européenne, vers la gouvernance économique commune !),  les médias anglo-saxons se sont également mis à prôner la rupture, comme le Times, qui conseille, sans rire, à la France de Sarkozy de virer l'Allemagne de Merkel (enfin, de l'inciter à partir d'elle-même, puisque la virer est juridiquement impossible), pour lui apprendre à vivre de n'être pas assez solidaire des dettes des autres. Il est vrai qu'elle n'a pas été très altruiste dans d'autres domaines non plus...

 

Néanmoins, prenons un peu de recul. L'économie, la finance, ce ne sont que des moyens, qui en principe devraient être soumis au politique.

Or, l’avenir est à la coopération franco-allemande (bientôt, nos cousins germains ne pourront se passer de notre agriculture et nous, de leur industrie, etc.) et, par la suite, à l’axe Paris-Berlin-Moscou, indispensable à notre survie dans un monde de blocs géopolitiques régionaux.

Critiquer les méfaits de l’Euro tel qu’il est ne peut suffire. Il faut proposer des remèdes qui tiennent la route et qui, politiquement, ne livrent pas pieds et poings liés une Europe éclatée à la merci de la haute finance anglo-saxonne, de manière pire encore qu’aujourd’hui.

En la matière, le souverainisme au petit pied (c’est-à-dire nationaliste seulement) ne peut suffire.

C’est le piège dans lequel l’anglosphère voudrait que tombe l’Europe continentale de l’Ouest, et dans lequel tombent les nostalgiques sentimentaux du Franc et les démagogues politiques pseudo-dissidents (comme Dupont-Aignan et Asselineau, par exemple), sans parler de Marine Le Pen, dont le plan de sortie de l'euro a été critiqué par Jacques Sapir qui, pourtant, est lui-même favorable à une telle issue.

Quand notre ennemi propose de maintenir un système qui devrait être réformé en profondeur, tout en appelant à la division entre les partenaires naturels que sont la France et l’Allemagne, qu’est-ce que cela veut dire ?

Ne serions-nous pas plus profitables à cet ennemi si nous acceptions tous, Français et Allemands, de continuer à jouer le jeu de l’instrument de servage ? Pourquoi, au contraire, l’ennemi veut-il nous dissuader de poursuivre dans cette voie et nous inciter, sous la houlette de notre Prézydent néo-con, à rompre avec l’Allemagne ?

Bien sûr, le but de la propagande médiatique bien connue (cela fait au moins deux ans que cela dure, notamment de la part du Financial Times) est, comme d’habitude, de faire chuter les Bourses européennes au profit des spéculateurs anglo-saxons, d’affaiblir l’image de l’Europe pour attirer les investisseurs vers les TBonds US (s’il y a encore des gogos quelque part !), et de masquer la situation catastrophique de l’anglosphère derrière un rideau de fumée…

Mais sur le fond, à mon avis, il s'agit surtout de maintenir l’UE dans l’état d’impuissance et de tutelle dans laquelle elle se trouve, en partie à cause des manigances anglo-saxonnes depuis 60 ans mais surtout en raison des propres faiblesses des Européens. De nous inciter à mater l’Allemagne qui commence à se rebeller un peu (de plus en plus anti-fédéraliste) et sous l’impulsion de laquelle, justement, des réformes importantes pourraient s’amorcer.

Le souhait affiché de voir sauver l'Euro sous sa forme actuelle sous-entend, en réalité, de l’empêcher d’évoluer vers la forme plus solide qu’il pourrait prendre si l’Allemagne en restait le moteur, tout en acceptant sa réforme (dans l'immédiat, avec la BCE devenant prêteur en dernier ressort, des défauts partiels sur les dettes, éventuellement une hiérarchisation de celles-ci selon l’idée de Jacques Delpla, des Eurobons, etc.) en contrepartie de l’abandon du fédéralisme.

L'anglosphère veut juste affaiblir l’Euro – mais s'il coulait, elle n’en ferait pas une maladie (l’impuissance européenne n’a pas attendu l’Euro pour exister).

Laurent Ozon vient d’émettre l’idée que les anglo-saxons veulent instrumentaliser MLP et le FN contre l’Euro. Encore un élément qui tend à montrer que le souverainisme national pur et simple ne suffit pas, et que la sortie de l’Euro n’est pas la solution, puisque c’est ce que l’ennemi souhaite.

Pour certains, néanmoins, la solution, ce serait de tout faire sauter. Ils ne voient que l’état actuel de l’UE (et encore, avec un temps de retard sur l’évolution des opinions au sein des élites dirigeantes, quant à l’idéologie fédéraliste, de plus en plus moribonde) : cet état leur paraît, à juste titre, assez négatif, et donc ils veulent supprimer tout ce qui leur déplaît.

Or, il est manifeste que l’ennemi, lui, ne craint pas du tout une telle suppression. Il ne craint pas du tout ce qui pourrait en résulter : une Europe émiettée, une série de pays trop faibles pour peser en tant que bloc contre lui ; trop faibles, surtout, pour lui résister financièrement et économiquement.

Ce qu’il craint, c’est une évolution vers des réformes susceptibles de transformer l’Europe, à terme, en une réelle puissance, tant financière (réformes de la BCE et de l’Euro) qu’économique (protectionnisme européen, réindustrialisation et relocalisation) et politique (confédération plutôt que fédération, fin de la technocratie-bureaucratie, respect des souverainetés et des identités, démocratisation et populisme, fin du « multiculturalisme »).

 

Il est nécessaire de faire front contre l’anglosphère, éventuellement avec l’aide de la Chine qui a toujours soutenu l’Euro, mais surtout, en développant un certain degré de solidarité européenne.

En ce sens, de multiples économistes plus ou moins hétérodoxes, cités au début de ce billet, ont proposé des solutions pour améliorer l’Euro et en faire une véritable monnaie commune, profitant à l’ensemble de sa zone, au lieu d’une monnaie unique permettant des déflations compétitives pour les pays économiquement forts et des explosions d’endettement pour les pays économiquement faibles. Je renvoie à leurs écrits abondamment cités sur Fortune et ailleurs, et n’y reviens pas.

Le problème est que nos élites, actuellement empêtrées dans les freins bureaucratiques et l’impuissance politique dus à l’idéologie fédéraliste européenne impulsée depuis les années 1950, et par ailleurs soumises à la proximité consanguine et corruptrice de la finance et du grand capital, ont le plus grand mal à envisager autre chose que la fuite en avant dans la préservation de leurs intérêts « nationaux » mal compris.

Comme le dit Jean-Claude Werrebrouck, ces intérêts sont avant tout clientélistes : « (…) il est probable que la négociation portant sur le fédéralisme sera vite bloquée par la prise de conscience des entrepreneurs politiques, du risque de se trouver rapidement évincés par les populismes. Et comme il faudra – malgré tout – encore gagner du temps, il n’est pas impossible qu’un accord puisse être trouvé non plus sur l’impossible fédéralisme, mais sur la monétisation de la dette, ce qui suppose bien sûr la fin de l’indépendance de la banque centrale… et le début d’une nouvelle histoire monétaire… parallèle à une large modification des parts de marchés, ou/et des positionnements stratégiques, entre entreprises politiques européennes ».

Néanmoins, à la guerre comme à la guerre.

Pour le moment, nous sommes embarqués bon gré mal gré, politiquement, sur le frêle esquif Union Européenne, dont l’essentiel (la zone Euro) dépend, pour son cap et son pilotage, d’aussi piètres marins que Jose Manuel Barroso, Herman Van Rompuy et Jean-Claude Trichet.

Nous ne pouvons rien y faire (on a bien vu comment le « non » français au référendum de 2005 a aussitôt été « corrigé », dès 2007, sous l’impulsion du simulateur de populisme Sarkozy…) ; rien d’autre que de travailler, de toutes les manières possibles, à faire monter ce populisme qui force déjà, de plus en plus nettement, les dirigeants européens à se détourner du fédéralisme et à aller vers un système alternatif, respectueux des pays et des identités… un système confédéral, par exemple ; en attendant que nos élites soient remplacées par d’autres plus capables.

Il faut faire avec ce que nous avons et essayer pragmatiquement, « politique d’abord », même au prix d’une folie financière momentanée, de l’infléchir dans notre sens, au lieu de vouloir couler toute solidarité européenne, vitale contre l’ennemi anglo-saxon, en fantasmant sur un retour au souverainisme prospère des Trente Glorieuses.

 

Dans l'immédiat, quelle est la situation, en ce qui concerne les deux grands acteurs de la zone Euro ?

Atlantiste, Sarkozy l'est sans doute ; mais Merkel (ancienne hiérarque communiste en RDA, même si elle n’était pas une fervente du régime) l'est beaucoup moins. Contre l’entrée de la Turquie dans l’UE, elle était aussi contre l’indépendance du Kosovo, a reconnu que le « Multikulti » est un échec, a été critiquée par Helmut Schmidt notamment à cause de sa volonté d’interdire la spéculation par la vente à découvert, etc. Pas vraiment un clone d’américain, quand même.

Et puis, il y a les contraintes économiques et énergétiques, qui rapprochent inexorablement l’Allemagne de la Russie.

Merkel, critiquée par son propre camp pour le sauvetage de la zone Euro, sait très bien que la monnaie unique rapporte pourtant plus à l’Allemagne qu’il ne lui coûte (certes, pas en termes de simples subventions), malgré toutes les récriminations allemandes, dont les siennes propres, car ce qui compte avant tout pour l’Allemagne, ce sont ses exportations, menacées par la récession.

Or, la dévaluation compétitive apportée aux Allemands par leur politique unilatérale de déflation salariale, favorise ces exportations. Sans parler de l’exposition maximale des banques allemandes à la Grèce et aux « PIGS » en général. Bref, l’Allemagne a intérêt à rester dans l’Euro et elle le sait pertinemment.

Mais elle a aussi intérêt, à mon avis, à des réformes de l’Euro, qui lui permettraient de mieux accepter de jouer le jeu de la solidarité européenne. J’ai déjà parlé de cela, notamment en donnant cet autre lien, fort intéressant me semble-t-il.

Les Allemands sont des pragmatiques (« Realpolitik » est d’ailleurs un mot allemand).

Au sujet de la stratégie de l'anglosphère, Michel Drac a écrit : « Brzezinski souhaite dans une certaine mesure le développement des liens germano-russes, mais seulement si l’Allemagne est, via l’Union Européenne codirigée avec une France capable de maintenir une forme de parité, ancrée dans un monde atlantique lui-même sous leadership américain. Brzezinski parle, pour décrire l’Europe qu’il souhaite, de "tête de pont de la démocratie" (en clair : de l’Amérique). Et donc, une situation, où la France serait trop faible pour maintenir cette parité, modifierait fondamentalement l’attitude des USA à l’égard de la question germano-russe – surtout si, dans le même temps, l’Amérique est si affaiblie qu’elle n’a plus les moyens de faire clairement percevoir son leadership global.

Nous avons confirmation de cette lecture plus loin : "A long terme, la France est un partenaire indispensable pour arrimer définitivement l’Allemagne à l’Europe. […] Voilà pourquoi, encore, l’Amérique ne saurait choisir entre la France et l’Allemagne".

En clair : aussi longtemps que l’Europe s’unifie sous la tutelle américaine, l’Allemagne doit être poussée à étendre sa zone d’influence vers l’est. Mais si ce nouveau Drang nach Osten devait déboucher sur la définition d’un axe Berlin-Moscou émancipé de la tutelle US, alors il faudrait que les USA donnent les moyens à la France de rééquilibrer l’Europe. Ce point est, évidemment, pour nous, Français, d’une grande importance. Nous allons peut-être avoir, enfin, la possibilité de desserrer l’étau de l’alliance germano-américaine ».

Si nous en sommes, désormais, à lire dans le Times de Londres, en substance : « puisque l’Allemagne ne veut pas payer davantage pour le fédéralisme européen (d’impulsion atlantiste), la France n’a qu’à la punir en faisant sa propre UE, ce qui poussera l’Allemagne à (je cite) revenir en rampant, la queue entre les jambes », c’est que l’Allemagne bloque le fédéralisme français (sarkozyste atlantiste) et que l’anglosphère en est réduite, parce que c’est un signe de sa faiblesse et de son impuissance à forcer l’UE à devenir fédérale, à ce plan de secours.

« Revenir en rampant, la queue entre les jambes » : incroyables expressions, pleines de mépris et de haine, vous ne trouvez pas ? Ils l’ont mauvaise contre l’Allemagne, les Ricains et les Godons…

A mon sens, cet article du Times est un signe encourageant de ce qu’avec la progression de la crise (la crise en général, parce qu’on nous parle toujours des dettes publiques, mais en réalité les vrais problèmes ne sont pas là, ils sont dans la crise de l’économie réelle, dans le basculement Occident/Orient du fait du libre-échangisme mondialisé et de la désindustrialisation occidentale, dans l’autodestruction du « Système » par pléthore et par abus de financiarisation, avec des dettes privées qui sont bien supérieures aux dettes publiques…) ; un signe encourageant de ce qu’avec la progression de la crise, dis-je, l’anglosphère perd de son influence, à mesure que chacun cherche, au plan national, des solutions pour se sauver sans que l’idéologie entre encore autant en ligne de compte qu’auparavant.

Les élections de 2012 seront très importantes, en France comme aux Etats-Unis. Celles de 2013 ne le seront pas moins, en Allemagne. Montée du populisme, influence sur les élites installées qu’elles le veuillent ou non (clientélisme électoral)…

Qui sait ce qui peut se passer d’ici-là, mais une chose me paraît sure : ce n’est pas avec la Finlande, les Pays-Bas et l’Autriche (30 pauvres millions d’habitants au total) que l’Allemagne pourrait, en faisant sécession, sauver ses exportations, déjà que celles-ci ne cessent de chuter quand elles sont à destination des Etats-Unis.

Des gens aussi avisés que Merkel à la CDU-CSU et Steinbrück au SPD, le savent pertinemment et ce ne sont pas les déclarations tonitruantes du politiquement insignifiant Christian Wulff, par ailleurs sous le coup d’une enquête pour abus de biens sociaux, qui y changeront quelque chose, même si le contexte lui paraît favorable dans l’immédiat (à noter que Merkel en avait fait son candidat au poste de président – c’est dire le peu de fidélité de cet opportuniste).

Par ailleurs, l’UE, ni la zone Euro, ne peuvent expulser aucun pays. Donc, il faudrait, pour que la zone Euro « éclate » comme le claironnent désormais tous les médias mainstream, qu’un grand pays s’en retire. Mais lequel ?

La France de Sarkozy ? Certainement pas, ni Naboléon l’américain, ni François Hollande (désormais favori de la primaire socialiste comme de l’élection de 2012), ni aucun autre atlanto-propulsé de la classe des fossiles, ne prendront jamais le contrepied de Jean Monnet, de Robert Schuman, de Pierre Mendès France et tutti quanti. Et MLP ne gagnera pas en 2012.

L’Allemagne de Merkel ? Je n’y crois pas du tout, notamment en raison du poids du patronat, dont Michel Drac souligne l'importance. Le patronat industriel allemand, conquérant mais qui ne peut se passer de l'Euro (c'est-à-dire de l'Euro fort, mais tout se négocie), est en train de prendre le dessus, politiquement, sur le patronat financier, englué jusqu’au cou dans la responsabilité de l’exposition [ce lien : voir pp 10 ss : « Les foyers de risque »…] aux dettes des PIGS et aux actifs toxiques datant des subprimes.

Un exemple ? Malgré son anti-fédéralisme, Hans-Peter Keitel, le président de l'Union fédérale de l'industrie allemande, a été invité par la CDU à prendre part à l'élection du président de la République fédérale allemande en 2010, ce qui est un honneur marqué, alors qu'Andreas Schmitz, son alter égo de l'Union des banques, qui en était absent, vient d'appeler Berlin, pour sauver l'Union monétaire, à « montrer le chemin » dans un sens fédéraliste certes plus classique, mais au rebours de la tendance politique de fond outre-Rhin.

Le patronat industriel allemand se prononce clairement pour l'Euro sous condition de rigueur budgétaire (le Pacte de compétivité, qui est bien sûr une erreur, puisque la rigueur peut tuer ses clients au sein de l'Union : il sera donc obligé de lâcher du lest ultérieurement, notamment quand les dirigeants politiques allemands négocieront avec la France, pénalisée, elle, par l'Euro fort - le FESF et le MES sont d'ailleurs déjà de premières concessions), mais il le fait dans cette optique anti-fédéraliste qui est intéressante. Le patronat bancaire, lui, reste sur une ligne certes également pro-Euro, mais politiquement dépassée, influente sans doute uniquement au plan financier (la fuite en avant dans la dette, inévitable, contre la fuite en avant dans la rigueur, intenable).

Alors qui, en définitive, pour se retirer de la zone Euro ? Personne.

Personne n’a intérêt à sortir de l’Euro, ou la volonté de le faire.

Alors quoi ?

 

La monétisation des dettes par la BCE, si combattue, tant par les fédéralistes européens (pour qui la BCE doit rester le petit toutou des politiciens, des financiers monétaristes comme Trichet ou Draghi, des idéologues de la sacralisation des dettes) que par les souverainistes et les nationalistes (au nom, plus légitimement, des défauts techniques criants de l’Euro et de l’UE, comme de la lutte contre la techno-bureaucratie de Bruxelles, tout sauf démocratique, et pour le retour au pré carré national), que par l’Allemagne (essentiellement pour d’autres raisons évoquées plus haut : le souhait de ne pas avoir à payer pour les autres), cette monétisation des dettes est pourtant probablement la seule solution à court terme.

Et je pense qu’on y viendra. En réalité, outre ce qu’on sait de ses achats de titres sur le marché secondaire, la BCE a déjà commencé, secrètement (et, nécessairement, avec l’accord de l’Eurosystème ; c’est-à-dire, malgré l’indépendance des banques centrales nationales sur le papier, avec l’accord des dirigeants politiques feignant de l’ignorer).

Et le FESF, puis le MES, continueront dans cette voie, et je pense qu’ils seront abondés autant que possible. Angela Merkel vient d’annuler un rendez-vous germano-russe pour cause de FESF, c’est dire si en réalité elle y tient. Et elle assure, selon moi de façon crédible, qu'elle parviendra, fin septembre, à faire voter l'accord de renforcement des pouvoirs de ce Fonds.

Jean-Claude Werrebrouck a déjà parlé de cette course au crédit, bien mieux que je ne saurais le faire.

Evidemment, tout cela est pitoyable, c’est une fuite en avant jusqu’aux prochaines élections pour maintenir l’illusion électoraliste que tout va encore à peu près bien.

La monnaie unique, avantageuse pour les pays économiquement forts, se révèle, comme certains l’avaient prévu bien avant même sa naissance, être le pire des carcans et des instruments d’appauvrissement, en l’absence de direction commune et de souplesse géographique dans son application.

Là encore, Jean-Claude Werrebrouck l’avait parfaitement expliqué.

Difficile de prévoir l’avenir de la fuite en avant.

Le fédéralisme idéologique paraît désormais en être exclu par le véto allemand, mais comme l’Euro est toujours voulu par les acteurs de sa zone, il va bien falloir pour le sauver, s’ils ne veulent pas se heurter tôt ou tard au mur de la dévaluation carabinée (qui peut néanmoins présenter quelques avantages commerciaux concurrenciels, mais truciderait les banques que tout le monde veut absolument sauver en priorité actuellement, et précipiterait la récession), qu’ils se résolvent à le réformer, lui et sa fameuse « gouvernance ».

Et, au fur et à mesure de la montée des populismes, peut-être verrons-nous des évolutions… souverainistes européennes, sans être fédérales, ni donc eurocratiques et antidémocratiques. J’ai déjà dit quelles formes elles pourraient prendre (transformation de l’Euro en monnaie commune, de la BCE en prêteur en dernier ressort, défauts partiels sur dettes hiérarchisées à la carte suivant l’idée de Jacques Delpla, eurobons assortis de garanties, contribution forcée de la finance…).

Cela suppose, bien sûr, des évolutions politiques importantes. Mais celles-ci ne se produisent-elles pas, en général, quand nécessité fait loi ?

Et comme toujours, Jean-Claude Werrebrouck est un guide précieux.

Quels que soient les moyens, il va bien falloir un jour sortir de l’impasse, ce qui suppose de transiter par des étapes imparfaites, voire apparemment contraires aux buts recherchés (qui sont, bien sûr : la mort de l’escroquerie bancaire, la restauration des souverainetés, la puissance européenne confédérale ou quelle que soit sa forme non-supranationale), quitte à ce que ces évolutions soient portées par des gens que nous exécrons et nous imposent provisoirement des épreuves supplémentaires.

N’oublions jamais que, pendant ce temps, notre pire ennemi agonise. La vengeance est un plat qui se mange froid. Quant à notre liberté, elle mérite bien que nous nous mettions, nous aussi, à la Realpolitik.

D’autant plus que nous sommes peu de choses, politiquement, sinon carrément rien ; nous ne sommes pas au pouvoir et sans doute pas près d’y accéder, en tout cas dans un contexte où l’argent ne fait pas défaut à la partitocratie et à ses commanditaires et clients pour en verrouiller les portes et stipendier leurs kapos.

Notre travail actuel, même si nous souhaitons ardemment ne pas être que des spectateurs de la folie financière en cours, ne peut porter que sur la compréhension de la situation et le militantisme populiste (et identitaire – pléonasme) à de multiples niveaux.

27/08/2011

Marine Le Pen manipulée ?

 

Depuis quelques mois, on sait que la présidente du Front National s'est assuré les services de conseillers occultes et notamment, de deux hauts (?) fonctionnaires, à l'anonymat paraît-il obligé pour cause de sécurité professionnelle.

Je viens d'apprendre, sans pouvoir nommer mon informateur, que, de sources internes au FN, MLP serait complètement soumise intellectuellement, pour les aspects économiques et écologiques de son programme et de ses discours, à ces deux inconnus dont personne ne sait de quel chapeau ils sortent, mais qui émargeraient au Ministère des Finances, et que le départ de Laurent Ozon serait bel et bien lié à leur influence.

Ozon aurait soumis le résultat de ses travaux à MLP, qui à son tour, ne jurant que par ses deux éminences grises, le leur aurait transmis pour approbation. Les deux conseillers secrets l'auraient rejeté et remplacé par leur propre travail de « plumes », très différent, avec la bénédiction de la présidente. Ce dont Laurent Ozon, qui faisait allusion récemment à « deux plumes néocons de MLP » sur son compte Twitter, ne pouvait que tirer une conclusion logique, quant à l'utilité de sa présence au sein de l'équipe, officielle celle-ci, du FN.

Je mets tout cela au conditionnel, car l'héritière de la SARL Le Pen a pris l'habitude de dégainer les dépôts de plaintes comme Lucky Luke son 45, mais selon ma source, parmi les cadres du FN, dont beaucoup désapprouveraient la confiance placée par leur tête d'affiche en ses deux mentors officieux, ce serait un secret de polichinelle.

Il faut rappeler que, selon Laurent Ozon, « l'objectif prioritaire poursuivi par ce groupe » [comprendre : « les deux plumes néocons de MLP » et ceux qui sont derrière] « est l'instrumentalisation du FN et de sa présidente comme bélier contre l'€uro ».

L'Euro, qui sera encore le sujet de mon prochain billet.

26/08/2011

L'arnaque de la baisse des impôts et du « moins d'État »

Les libéraux adeptes de l'« économie de l'offre », comme Sarkozy notamment (même si son discours, toujours opportuniste et teinté de bonapartisme, a changé depuis la crise), nous serinent depuis belle lurette maintenant que, quand on baisse les impôts, on va provoquer une hausse du PIB, « créer de la richesse », comme ils disent. Au bénéfice de qui, d'ailleurs, puisque la répartition sera moindre ?

Ce qui est énervant chez le libéral de base, c'est qu'il se défend, le plus souvent, de croire à cette théorie débile, contredite par les faits. Ou alors, il l'admet, mais avec une infinité de nuances techniques. Et puis, non, il n'est pas contre l'existence de l'Etat (il faut bien en garder un peu pour pouvoir le critiquer, on n'est pas libertarien, quand même...). Etc. Alors, quelques rappels.

Milton Friedman, en 2003 : « ce n’est pas demain que nous vivrons dans de pures sociétés libérales… Il faut d’abord se demander ce que serait une telle société. Ma définition serait la suivante : est  "libérale" une société où les dépenses publiques, toutes collectivités confondues, ne dépassent pas 10 à 15 % du produit national. Nous en sommes très loin. Il existe évidemment d’autres critères tels que le degré de protection de la propriété privée, la présence de marchés libres, le respect des contrats, etc. Mais tout cela se mesure finalement à l’aune du poids global de l’État. 10 %, c’était le chiffre de l’Angleterre à l’apogée du règne de la reine Victoria, à la fin du XIXe siècle. À l’époque de l’âge d’or de la colonie, Hong Kong atteignait moins de 15 %. Toutes les données empiriques et historiques montrent que 10 à 15 % est la taille optimale. Aujourd’hui, les gouvernements européens se situent à quatre fois plus en moyenne. Aux États-Unis, nous en sommes seulement à trois fois ».

Nicolas Sarkozy, lui, est libéral quand ça l’arrange (avec Balladur en 1995, sur le paquet fiscal…). Petite phrase, en 2006 : « Je suis libéral mais j’ai la force de dire qu’il y a des dérives de la finance qui ne sont pas acceptables ». C'est bien, il le dit, quel courage ! En 2008, il prononce un discours, salué par… le MEDEF. Qui, comme chacun sait, réserve ses louanges aux staliniens.

Et le paquet fiscal, en tout cas, a bien été mis en place sous Sarkozy, avec l’alibi de la recherche de la croissance : « Christine Lagarde a assuré que le "paquet fiscal", créerait "un demi-point de croissance en 2008" ».

Guy Sorman, en 2010 : « l’ Europe est repartie dans l’autre sens, plus libéral, dont on connait le mode de fonctionnement : moins d’Etat pour plus d’investissement privé espéré ».

En plus de nier leurs propres lubies idéologiques, ces hypocrites, qui avancent masqués, tout douceureux, la main sur le coeur, jonglant avec le social du social-libéralisme pour faire passer les pilules du libre-échange mondialisé, des délocalisations et de l'immigration de masse facteur de déflation salariale, voudraient nous faire croire qu'il serait nécessaire, dans un souci de justice et d'équité, que les riches ne paient pas plus que les pauvres.

Il paraît évident à toute personne sensée qu’une réforme fiscale est nécessaire et qu'il faut que la fiscalité soit différenciée, entre les gros et les petits. Le CAC 40 ne souffre pas de la taxation comme l'artisan.

Problème : la plupart des libéraux sont favorables à une stricte égalité fiscale (la fameuse flat tax).

Et pour cause, ce système avantage les gros et pénalise les petits : « un euro gagné par un millionnaire lui rend moins service qu'un euro touché par un rmiste (c'est d'ailleurs pour cela que le premier peut être taxé davantage…) ». Comme d’habitude, entre la théorie et la pratique…

Décidément, comme le communisme, le libéralisme, cache-sexe du capital, est une idéologie utopique et surtout, une arnaque. Il n'y a que le mouton pour croire que le loup lui propose la « liberté » pour faire son bonheur...

22/08/2011

In Memoriam - Michael Collins

Michael Collins est mort pour son peuple, le 22 août 1922. En ce jour de commémoration, puisse l'exemple de sa dissidence et de son dévouement nous inspirer.

 

 

Fils de paysan du début du siècle
Dans tes veines coulait un torrent de sang celte
Tu rêvais de libérer ton peuple
Avec ton fidèle ami De Valera
Tu mènes tout au long de ta vie un violent combat
Pour une noble cause
Tu t'imposes

Son nom était Michael Collins
C'était un résistant gaélique
Pourfendeur du royaume britannique
Libérateur d'une Irlande catholique

En quelques semaines, tu accèdes au pouvoir
Le peuple irlandais retrouve enfin l'espoir
Après cinq siècles d'occupation
Mais les plus farouches de tes camarades
Refusent la partition et se cachent dans la lande
L'heure est à l'insurrection

En quelques semaines, tu mates la rébellion
Qui déchire l'Irlande et sème la confusion
Dans ton esprit et ceux de tes compagnons
Et c'est au cours d'une tournée d'inspection
Qu'une balle perdue ou non,
Jamais nous ne saurons
Dans l'histoire inscrit ton nom

Et si en Ulster, il reste fort à faire,
De toi l'Irlande restera fière.

In Memoriam (oui, je sais, ce n'est ni du Rimbaud, ni du Mozart...)

 

En 1996, le réalisateur irlandais Neil Jordan a rendu un hommage cinématographique à ce grand homme : la bande annonce de cet excellent film est . Un extrait significatif ici (cliquer sur "bande annonce").


Pour finir, un point tout récent de la situation en Irlande du Nord, par François Vincent, un journaliste qui vit sur place depuis 22 ans (merci à Novopress) :