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28/06/2014

Business as usual

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La Russie est le 20e partenaire commercial des Etats-Unis, alors que les Etats-Unis sont le 5e de la Russie. L'UE est le 1er partenaire commercial de la Russie, alors que la Russie est le 3e de l'UE. Echanges annuels en milliards de dollars. Source : CNN, 07 mai 2014.

 

« (...) il est profondément troublant de voir l'Association nationale des entreprises industrielles [américaines] et la Chambre de commerce des Etats-Unis mener une campagne avertissant les États-Unis de ne pas prendre des sanctions unilatérales contre la Russie parce que cela pourrait nuire aux intérêts économiques américains. Les deux organisations - de puissantes citadelles du capitalisme américain - soutiennent qu'il y a peu de chances que des sanctions autonomes permettent d'atteindre des objectifs relevant de la politique étrangère des Etats-Unis. Jay Timmons, président de l'association des entreprises industrielles, prétend qu'il serait préférable de fournir au monde des marchandises et des services grâce à "des politiques favorisant le commerce et de la diplomatie multilatérale". Ce sont de jolis mots, mais les associations économiques ont une vision à court terme.

Quand la Russie était troublée par l'incertitude et le changement dans les années 1990 et même dans les années 2000, il était judicieux de s'engager et l'engagement a fait beaucoup de bien. Mais quelque chose de fondamental a changé. M. Poutine a étouffé la démocratie, a forgé un modèle économique fondé sur le capitalisme de copinage et mis en oeuvre subterfuges et subversion contre l'Ukraine. Il est déplacé de suggérer que tout ira bien si seulement nous pouvons vendre à la Russie davantage d'avions et de baskets. Cela ne changera pas d'un iota le comportement de M. Poutine. (...) »

Source (extrait traduit par mes soins)

Bref, les Etats-Unis et surtout l'Europe ont largement les moyens de claquer le museau au gang de Poutine, ce que le ministre russe de l'Economie vient une nouvelle fois de confirmer officiellement.

Pourquoi ne le font-ils pas ? Tout simplement parce que les épiciers ont peur de voir un peu baisser leur chiffre d'affaires.

Pendant ce temps, des Ukrainiens meurent. Comme d'habitude, les marchands occidentaux n'en ont rien à foutre, préférant continuer de commercer avec la Russie.

Et après, la « dissidence » autoproclamée, cette bande de larbins du Kremlin, voudrait nous faire croire que ces mêmes marchands seraient derrière « les fascistes de Kiev »... Quelle sinistre farce !

27/06/2014

Aucune confiance dans les mots de Poutine

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Poutine au KGB

 

Que les partenaires soient russophones ou pas, le Kremlin et les Occidentaux n’utilisent pas les mêmes concepts pour dialoguer, une situation qui amplifie les quiproquos politiques et diplomatiques, beaucoup plus que linguistiques. Les commentateurs russes et ukrainiens effectuent quelques mises en garde et décryptages à l’usage de leurs homologues en mal de logique.

L’origine du casse-tête devant lequel nous nous trouvons, explique l’historien Iouri Felchtinskyi auteur de nombreux essais sur l’histoire russe et soviétique, viendrait entre autres de notre confiance exagérée dans les mots. « Nous croyons que les mots qui sortent de la bouche d’un chef d’Etat ont une valeur », et constituent, de sa part, un engagement. L’histoire récente en offre pourtant plusieurs exemples contraires. Ainsi V. Poutine a déclaré en 2005 que la Russie ne se livrerait pas à une révision des frontières et n’envahirait pas la Crimée. « Et nous avons pensé qu’il croyait ce qu’il disait. De même lorsque V. Poutine dit à Obama que la Russie souhaite faire partie du monde civilisé, B. Obama l’écoute et le suit ». Mais les mots pour les chefs de l’Etat russe ou américain n’ont pas le même but. « Le mot, explique l’historien, est pour Poutine une arme, une ruse de guerre. Il s’agit d’un procédé typique d’un homme du KGB : le mot est l’outil qui permet le recrutement des agents, un instrument qui sert à tromper l’ennemi. Pour nous, les mots sont porteurs d’informations, tandis que Poutine les manie comme des instruments de désinformation. »

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24/06/2014

Une camisole de force...

... Quand on connaît un peu la réalité des faits, c'est vraiment tout ce que mérite Sergueï Glazyev, ancien député communiste à la Douma et actuel conseiller économique de Poutine. Schizophrénie, paranoïa, mythomanie, tout y passe dans cette diatribe « anti-nazie » autour du thème : « les Etats-Unis contrôlent l'Ukraine afin que son immense armée attaque la Russie » (!)...

Comme par hasard, ce dingue à tête de gnome alcoolique est très apprécié des disciples du cinglé, faussaire et escroc Lyndon LaRouche (en France, leur antenne s'appelle Solidarité et Progrès), ancien trotskiste et pape des débilo-complotistes américains, lesquels disciples ont traduit un des bouquins de Glazyev. C'est dire à quel point ses délires dépassent même le niveau Soral-Meyssan... Dingue, Glazyev, ou menteur comme un arracheur de dents ? Je renonce à dépenser de l'énergie pour tenter de répondre à cette question.

Désolé, les sous-titres ne sont qu'en anglais.

(Merci à @Dix Sémaphores pour le tuyau) ;-)

Sans rapport étroit avec le sujet mais pour nous éloigner un peu de l'hystérie de la clique de Poutine, je vous recommande la lecture de cette présentation détaillée de la situation macroéconomique de l'Ukraine.

18/06/2014

L'expérience ukrainienne

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Il y a un film allemand qui s'appelle « L'Expérience » et qui n'est pas très récent : il a dû sortir en 2000. Une vingtaine de personnes décident de participer à une expérience et de passer deux semaines en prison. Deux groupes sont créés : les détenus et les gardiens. Il faut passer deux semaines en s'imaginant dans une prison allemande et toucher son salaire à la fin. L'expérience tourne à une véritable tragédie, avec des tortures et des morts.

La République de Donetsk est aussi une expérience sociale. Je suis sûr que ce qui se passe actuellement dans l'est de l'Ukraine deviendra un sujet de recherche en sciences sociales d’ici peu de temps. Les jeunes scientifiques ukrainiens ne peuvent se plaindre du manque de sujets de recherche. La République Populaire de Donetsk est ce champ de sociologues, de politologues, de militaires, de spécialistes en communication. Un laboratoire du Kremlin.

Les expériences menées par les Russes dans la région de Donetsk ne sont pas moins inhumaines que celles du fameux docteur Mengele. Devant le monde entier, les habitants de la région intègrent des rôles écrits bien avant cette guerre civile (l'opération antiterroriste ?).

L’expérience « République Populaire de Donetsk » est une mise en route de la guerre en Ukraine, commencée par les spécialistes en communication moscovites. Elle n'a pas commencé en 2014. Les tentatives pour provoquer un conflit en Ukraine ont commencé il y a dix ans : la Russie s'est mise à investir dans un scénario de guerre dans un Etat voisin. Cette décennie a été marquée par une guerre de l'information contre l'Ukraine, à laquelle notre pays ne répondait presque pas.

Pendant des années, le Kremlin a dépensé des millions de dollars pour approfondir la séparation dans la société ukrainienne. A partir de 2004 et jusqu’en 2014, la machine des médias publics russes a attaqué l'Ukraine. La population russophone était inondée par la propagande russe semant la haine et la violence.

L'argent russe a payé les maisons d'édition publiant des ouvrages sur la guerre civile à venir, la guerre civile entre l'est et l'ouest ukrainiens. La modélisation suivait un schéma simple : les Ukrainiens de l'ouest se démarqueraient par des crimes de guerre, tandis que les Ukrainiens de l'est seraient des héros se battant pour la liberté.

Un simple exemple. En 2007, Gleb Bobrov, un écrivain haïssant tout ce qui est ukrainien, a publié une œuvre littéraire « L'époque des mort-nés » décrivant la guerre des habitants du Donbass contre le reste de l'Ukraine et les armées de l’OTAN.

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17/06/2014

« Traître à la nation »

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Femme tchétchène exécutée, Grozny, 1995

 

Arkadiy Babchenko fait partie d'une espèce en voie de disparition – un journaliste russe essayant de comprendre la situation en Ukraine orientale sans rendre un service partisan à la position officielle du gouvernement russe. Il n'a pas peur de poser des questions honnêtes et d'être tabassé pour cela. S'en tenir à des principes éthiques a fait de lui un paria du journalisme russe. Son travail est publié sur son blog et est soutenu financièrement par des dons de ses lecteurs. Beaucoup ont pris son blog pour référence ; beaucoup d'autres l'ont désigné comme « traître à la nation » à cause de lui. Arkadiy nous a tenus informés de la deuxième guerre de Tchétchénie, de la guerre de Géorgie, de la révolution au Kirghizistan et des manifestations en Turquie. Il était aussi sur le Maïdan en 2013 et 2014.

(Entretien avec Anastasiya Ryngis, publié le 8 juin 2014)

Quelle est la différence entre la situation à Sloviansk et les conflits sur lesquels vous avez travaillé auparavant ?

Toutes les guerres sont les mêmes. Personne ne remarque comment et quand exactement elles commencent. Personne ne prend cela au sérieux et tout le monde dit que les « fusillades » cesseront très bientôt et que la guerre n'aura pas vraiment lieu. Et ensuite, le conflit échappe à tout contrôle et nous avons une guerre grandeur nature sur les bras. La seule chose qui sort du lot à Sloviansk est le réel effort de l'armée ukrainienne pour éviter de faire des victimes civiles. J'ai vu cela de mes propres yeux et cela sort vraiment de l'ordinaire.

Est-ce même réaliste, dans les conditions actuelles ?

Les victimes civiles sont inévitables lors d'une guerre. Il y en a déjà eu plusieurs à Sloviansk et il y en aura beaucoup plus. Dans n'importe quelle guerre, les deux côtés s'endurcissent au combat, des pulsions de cruauté émergent, des barrières psychologiques tombent. Cette guerre n'est pas différente et une variété locale de lieutenant Calley (un officier qui ordonna le massacre d'un village entier de civils pendant la guerre du Viêt-Nam) est une possibilité. Les enlèvements et des exécutions sont possibles également. Ces choses arrivent dans la foulée de la guerre. Mais jusqu'ici, l'armée ukrainienne montre une claire compréhension de ces risques et fait de son mieux pour réduire la possibilité de leur réalisation.

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11/06/2014

Comment la Russie gagne la guerre de la propagande

Pauvre Poutine, manifestement méprisé par les médias...

 

Puisque certains poutinophiles, selon lesquels les médias occidentaux mentent à 100% (!) alors que les médias d'Etat russes seraient parole d'évangile, trouvent crédible, parce que cela les arrange, un article du torchon à sensation Bild am Sonntag affirmant que des mercenaires américains opéreraient en Ukraine, ils ne s'offusqueront pas que je traduise (voir plus bas) une analyse du Spiegel, journal allemand autrement plus sérieux...

On a confirmation, en lisant cette analyse et si l'on n'est pas dupe du discours patriotique du pouvoir, que les médias d'Etat russes sont considérés par le régime de Poutine comme des outils pour la guerre de quatrième génération et traités comme tels, avec un financement conséquent et des objectifs définis.

Dès lors, est encore une fois amusante ou pitoyable, au choix, la rhétorique des empoutinés français qui présentent la propagande russe comme un petit poucet face au mastodonte médiatique occidental (toujours vu comme un monolithe menaçant, dans la droite ligne du binarisme obsidional habituel en la matière). Par ailleurs, si le soft power occidental était si unitaire et si puissant, ce n'est pas moi qui aurais eu à traduire l'article qui suit. Les gros médias français se seraient empressé de le faire.

Il serait intéressant de disposer d'une analyse des médias chinois semblable à celle que fait le Spiegel des médias russes car, là aussi, des grandes manoeuvres sont en cours. Bientôt, les chevaliers blancs de la dénonciation à sens unique d'un Occident caricatural décalqué des schémas soralo-meyssaniens auront peut-être, ironie de l'Histoire, à défendre contre des mensonges d'Etats étrangers une vérité plus nuancée que leur représentation actuelle. Ce qui pourrait impliquer autre chose que des mots...

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10/06/2014

La mafia russe en Ukraine, en deux graphiques

L'argent russe historiquement blanchi à Chypre, c'est, par sa présentation, un véritable marronnier, toujours d'actualité, dont on ne parle pourtant guère qu'en termes de faits divers, au lieu d'en tirer des conclusions. Une bonne part de cet argent est réinvestie en Ukraine, les graphiques qui suivent illustrent cette évidence. Question subsidiaire : qui bénéficie de ces investissements ? Je vous donne un indice : oligarques.

Source

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Après, que les tenants de la théorie du complot américain en Ukraine viennent donc nous vanter l'influence soi-disant déterminante des 5 milliards de dollars depuis 1991 évoqués par Nuland ! Quand on parle de l'argent russe investi dans le pays via Chypre, il s'agit de près de 20 milliards PAR AN (sans compter les investissements directs russes), contre 5 malheureux milliards EN 23 ANS... A votre avis, en supposant que le pouvoir s'achète ainsi, à qui va-t-il ?

« Notre héros, c'est Lénine »

C'est à 19' 30" :

Source

Ce documentaire rappelle notamment (aux alentours de 28' 00") que les grandes puissances se sont entendues sur le démantèlement de l'arsenal nucléaire ukrainien au début des années 1990, laissant le pays sans réelle défense. Le mémorandum de Budapest de 1994, censé garantir l'intégrité territoriale de l'Ukraine, a ainsi été violé par l'un de ses signataires, la Russie, lors de l'annexion de la Crimée le 18 mars 2014.

Passage intéressant également, à partir de 45' 00" environ, sur les oligarques ukrainiens. En oubliant largement, hélas, de parler de leurs liens (« business is business ») avec les oligarques russes et la mafia russe. Cela a au moins le mérite de souligner que le pouvoir n'est pas entre les mains du peuple ukrainien et que, n'en déplaise à la propagande, les patriotes n'ont rien à voir avec les affairistes corrompus traditionnellement au pouvoir à Kiev (comme à Moscou).

La charmante Katia, Russe mariée à un Ukrainien et favorable au mouvement de Maïdan, est le fil rouge de ce reportage qui, en tout cas, ne tombe pas dans le manichéisme ambiant.

09/06/2014

Etats-Unis et Russie veulent s'entendre sur le dos de l'Ukraine

Cétait à Paris, le 5 juin 2014.

Le nouveau président-oligarque ukrainien Porochenko (qui a fait fortune avec les Russes après la chute de l'URSS et que Poutine tient par ses intérêts en Crimée et en Russie) et son premier ministre Iatseniouk (ouvertement mondialiste et ayant travaillé dans une banque qui blanchit de l'argent mafieux russe), sont d'ores et déjà prêts à parvenir à la paix à tout prix.

Etonnant, non ?

En fait, non. Derrière les vitrines diplomatiques, il y a une convergence de fond des stratégies d'entente impérialistes américaine et russe.

Si ce n'était pas si triste, il serait amusant de souligner à quel point les poutinophiles rejoignent Caroline Fourest pour considérer que les patriotes ukrainiens seraient des « néo-nazis » et rejoignent Moscou, ce qui n'a rien de surprenant, mais aussi Washington, pour estimer que l'armée ukrainienne doit cesser d'essayer de reprendre le Donbass aux terroristes et à leurs soutiens mercenaires venus de Russie.

Le patriotisme, c'est mauvais pour les affaires.

08/06/2014

Immense popularité de la lutte « antifasciste » à Donetsk

Un concert organisé par les représentants de la très démocratique « République populaire de Donetsk » sous le slogan « Sauvons le Donbass des fascistes » a eu lieu (a priori) le 6 juin à Donetsk. A en juger par la foule amassée pour l'occasion (la statue de Lénine étouffait manifestement de tant de promiscuité), les dirigeants de la RPD vont chercher des « fascistes » pendant quelque temps encore, avant d'arracher la région à leurs griffes. Ne parlons pas de la qualité musicale de la manifestation. Après tout, c'est peut-être elle qui a attiré tant de monde...

Source

Blague à part, écoutez un peu ce que disait cette dame russe, toujours à Donetsk, il y a un peu plus d'une semaine. C'est à partir de 8' 30", jusqu'à 9' 20" :