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20/10/2010

Moutons partout, humains nulle part ?

Extraits du film « I comme Icare » (1979), fondés sur l'expérience de Milgram, menée aux Etats-Unis de 1960 à 1963.


 

 

18/10/2010

Que crève le système

Dans le contexte actuel de dé-mondialisation, on a pu lire récemment sur le blog de Paul Jorion, parlant de la divergence désormais avérée des grandes puissances économiques dans leur quête désespérée d'une illusoire reprise : « l’affirmation renforcée d’une politique du chacun pour soi (...) ne fera qu’accentuer la crise ».

C’est exactement ce que dit le LEAP (Laboratoire Européen d'Anticipation Politique) depuis l’an dernier, même si, au plan chronologique, ses prévisions se sont avérées à trop court terme : « d’ici la fin de l’été 2009. Sur fond de cessation de paiement des Etats-Unis s’ouvrira alors la période à partir de laquelle le « chacun pour soi » deviendra la règle du jeu international ».

Or, en effet, même dans le « chacun pour soi », ne gît aucune solution de continuité pour le système.

Parce qu’aucun des prétendus remèdes n’est viable (la planche à billets aux Etats-Unis et au Japon, les politiques d'austérité de droite - réduction des dépenses publiques - comme de gauche - augmentation des recettes publiques - en Europe).

Pas de remède, parce qu'à une crise de la dette, donc à une crise de solvabilité, on répond comme à une crise de trésorerie, donc à une crise de liquidités.

Qu’on veuille, aux USA et au Japon, créer ex nihilo de l’argent pour donner du liquide à quelques grands acteurs de l'économie et/ou relancer l’inflation, ne répond pas au besoin de l’économie réelle, qui a vécu sur le crédit pendant des décennies et n’a tout simplement plus suffisamment de création de richesses à présenter pour garantir sa consommation excessive.

Quand on n’est plus solvable, parce qu’on a vécu au-dessus de ses moyens pendant trop longtemps, qu’on est étranglé par ses créanciers et qu’on n’a plus rien à vendre pour les payer, ce n’est pas l’injection ponctuelle d’un peu de cash qui va régler le problème.

Quant à la politique d’austérité entamée en Europe, on voit déjà ses premiers résultats en Grèce et on peut s'attendre à des métastases partout, notamment en Irlande, en Espagne, au Portugal et même en Italie.

Là encore, ce n’est pas au moment d’une crise de solvabilité qu’il faut accroître la charge pesant sur les débiteurs, comme sur les producteurs (puisqu’on diminue mécaniquement la consommation, donc la croissance).

Or, c’est ce que l’on fait en augmentant les prix et les impôts, en diminuant les revenus, tout cela au profit de la prétendue réduction de la dette publique, sacralisée par l'idéologie libérale (en réalité, on ne fait que freiner les déficits annuels, si bien qu’en fait la dette continue de s’accroître, mais évidemment personne n’explique cela au grand public qui n’y comprend rien).

La seule chance du système aurait été de resolvabiliser ses débiteurs, avant que la machine du crédit ne se grippe complètement – ce qui est le cas aujourd’hui.

Aucune injection pseudo-« keynésienne » (Keynes, tant critiqué par les libéraux d'aujourd'hui, a bon dos, lui dont les remèdes valaient pour une période où, contrairement à notre époque, existaient protectionnisme et, en général, souveraineté monétaire...) de liquidités, à aucun niveau (banques, entreprises, consommateurs), ne peut plus sauver la situation.

La solution, personne ne paraît l’avoir compris ou personne ne veut l’admettre, c’est tout simplement de rompre avec le système.

Les élites actuelles sont-elles capables de penser une telle rupture ? Vu leurs cursus habituels de formation, privilégiant l'autogamie, la pensée analytique, la théorie et l’idéologie en circuit fermé, au détriment de l’esprit de synthèse et du pragmatisme, on peut en douter.

Il conviendrait de redonner leur souveraineté politique, économique et financière aux Etats-nations, par le monopole de la création monétaire, par la restauration d’échanges commerciaux sains et équilibrés au travers de frontières fiscales, douanières et humaines rétablies, par la réindustrialisation de la plupart des pays occidentaux, par l’anticipation de la crise énergétique et alimentaire, par mille et une réorganisations bien éloignées de la gabegie libéralo-soviétique actuelle.

Ce qui est bien, ce qui est juste, ce qui est satisfaisant dans la fuite en avant actuelle, c’est que du refus des puissants de changer de système, ne peut découler qu’une aggravation à l’infini de la situation ; aggravation qui est déjà, en soi, un changement de système puisqu’elle pousse la désorganisation à son paroxysme et qui, surtout, ne peut, à terme, que déboucher sur le nouveau système nécessaire.

 

Ce nouveau système, en quoi devrait-il consister ?

Michel Drac a parfaitement résumé le modèle alternatif idéal :

« Je crois que le « modèle », c’est le bon sens. En gros : l’Etat à sa place, le marché à sa place, une régulation raisonnable et un protectionnisme raisonné. Inutile de vous dire que ce modèle qui n’est pas un modèle est justement ce dont nos « élites » ne veulent pas entendre parler. Leur stratégie : utiliser l’ultra-libéralisme comme repoussoir de l’étatisme forcené, et réciproquement. Et ça dure depuis 100 ans…  »

Ajoutons qu'un des artifices du système consiste à s'abriter derrière la prétendue "science" économique.

Ni les libéraux, ni les collectivistes n’ont rien à faire avec la défense des identités et souverainetés françaises et européennes.

Leurs dogmes, pour la plupart utopiques et irréalisables, quant ils ont pu être appliqués, s'en sont révélés, consciemment ou non, les ennemis.

Les libéraux, de « droite » ou de « gauche » défendent en général, avant tout, les intérêts de leur classe sociale (la bourgeoisie, plus ou moins « bobo  », et sa mentalité d’épicier et/ou de rentier).

Croire sincèrement à un Grand Matin du « vrai » libéralisme aujourd’hui, après que l’histoire économique ait démontré que l’égalité des chances au départ est une fable bisounours, c’est aussi naïf que de succomber au mythe du Grand Soir, chez les voisins d’en face, après avoir lu « Le livre noir du communisme ».

Les collectivistes, dont l’influence a beaucoup baissé compte tenu de l’échec des pays communistes, sont essentiellement représentés, curieusement, non parmi le petit peuple que défendait jadis la gauche, mais parmi les « avantagés » de l’étatisme social-libéral ou libéral-social, parmi les assistés et certains fonctionnaires, parmi les étudiants-poil-aux-dents et les gosses de riches en mal de rébellion boutonneuse.

Et qui représente encore, justement, le peuple, le « pays réel » ?

Les « petits » : artisans, commerçants, ouvriers, « prolos » divers et variés, employés, agriculteurs sur petites exploitations, petits retraités, etc.

Que veulent tous ces gens (aux alentours de 80 % de la population, probablement) ?

Que le politique reprenne le dessus sur l’économique et sur les idéologies.

Qu’on arrête toutes les conneries soviéto-libérales et qu’on mène une politique équilibrée entre :

- la libre entreprise raisonnable (celle qui n’a pas le droit de fabriquer et de vendre n’importe quoi, sous le seul prétexte théorique libéral de la liberté absolue d’entreprendre),

- la juste rémunération du travail et du mérite,

- la solidarité et la justice entre les différentes catégories sociales,

- la protection contre les abus du libéralisme (libre-échange déséquilibré détruisant notre économie par l’exposition à une concurrence avec les pays à bas coût de main-d’oeuvre, encouragements à l’immigration pour pousser à la déflation salariale « compétitive », excès délirants de la finance et de la rente…),

- comme de l’étatisme et du fiscalisme (assistanat hyperbolique et ouvert au monde entier, excès du « maternage » moralisateur en matière de santé et de sécurité, hypertrophie de la Fonction Publique et gabegie népotique…),

- et l’intervention de l’Etat, qui ne peut être limitée aux fonctions régaliennes, dans la mesure où les grandes stratégies industrielles, énergétiques, d’infrastructures, etc., si elles doivent être conduites en concertation avec le secteur privé, ne peuvent lui être abandonnées purement et simplement.

Pour cela, sont préalablement nécessaires :

- le retour aux frontières politiques, économiques et financières, aux Etats-nations, à la souveraineté nationale pleine et entière, notamment en matière de création monétaire,

- l'annulation des dettes publiques, que leur ampleur rend irremboursables, sans parler de leur illégitimité (forfaiture de la loi Pompidou-Giscard du 3 janvier 1973) et la renégociation des dettes privées (« euthanasie du rentier » sans états d’âme, si son capital n’est pas investi dans des entreprises nationales, productives de richesses réelles), la nationalisation des banques sans reprise des dettes spéculatives,

- la dissolution ou la réorientation en profondeur de tous les organismes supranationaux vecteurs des effets négatifs du libre-échange mondialisé : UE, FMI, Banque Mondiale, OMC, etc.,

- la poursuite des échanges internationaux avec une monnaie non indexée sur les métaux précieux (l'étalon-or, notamment, fondé sur un métal trop rare et inégalement réparti dans le monde, est connu pour avoir favorisé la thésaurisation et la rente et donc, l'exploitation des pauvres par les riches ; voir les révolutions industrielles) et ne présentant malgré tout aucun des inconvénients de « l’étalon-dette » que nous connaissons (c'est-à-dire, les monnaies fiduciaires et scripturales obéissant au mécanisme des changes flottants, créées à partir de rien et pourtant vendues fort cher par la finance privée) : Silvio Gesell, le premier, avait imaginé une telle monnaie alternative, baptisée IVA, « International Valuta Association » (voir pages 287 et suivantes – pages 83 et suivantes du fichier PDF où mène ce dernier lien),

- la réindustrialisation nationale à but d’autosuffisance, sinon d’autarcie, tant civile que militaire,

- la suppression des syndicats et la re-création des corporations professionnelles, adaptées de celles qui existaient sous l’Ancien Régime,

- la réémigration pacifique, négociée et aidée, d’au moins 90 % des allogènes installés ou nés en Europe, vers leurs pays d’origine,

- et d’abord, fondamentalement, le préalable à tout : l'éjection de la clique de profiteurs, de boutiquiers, de technocrates, de médiocres arrivistes, de sans-imagination, de sans-couilles qui prétend, comme Christine L’Hagarde, nous imposer toujours plus de grisaille, toujours plus d’idéologie « TINA » (« There Is No Alternative » : il n’y a pas d’alternative - à la mondialisation libérale -, expression prêtée à Margaret Thatcher), toujours plus de soumission à ses intérêts et à ses profits.

Bref, une politique économique mesurée, faisant appel tant à l’initiative privée qu’à l’intervention étatique.

Il paraît que cela a fonctionné, pendant des milliers d’années, un peu partout, avant que des intellectuels aux perruques poudrées et aux idées farfelues ne viennent expliquer au paysan aux mains calleuses comment tenir sa bêche, et au maître artisan héritier de l’efficacité de ses aïeux comment rationaliser sa production.

Le tout, pour qu'en réalité, l'absence de corps intermédiaires imposée par la loi Le Chapelier permette aux libéraux, instigateurs et grands bénéficiaires de la Révolution Française, d'atomiser l’homme et de libéraliser le marché du travail ; c’est-à-dire, d'abaisser les coûts salariaux dans les relations de riche à pauvre.

D’où les révolutions ultérieures.

Mais les syndicats, le droit de grève et les conventions collectives ne remplaceront jamais les corporations de l’Ancien Régime, parce qu’ils ne reflètent plus les anciennes communautés socio-professionnelles organiques.

Ils ne font qu’organiser en lobbies idéologiques et en garanties contractuelles anonymes, l’opposition à la toute-puissance du sacro-saint Marché.

Autant dire qu’ils participent de la déliquescence, plutôt que de la combattre.

On le voit bien, à l’heure où manifestent en masse des pseudo-protestataires, pour le maintien des avantages attendus du système et non contre ce système qui, pourtant, crée les inconvénients dont ils se plaignent.

Pseudo-protestataires qui, en réalité, ont été avalés depuis plusieurs générations par le consumérisme ambiant, voire l’exaltent.

Comme l’écrivait Nietzsche, le prolétaire n’est qu’un bourgeois en devenir.

Nous y sommes. Libéralo-soviétisme.

Il ne s’agit plus que de se partager un gâteau devenu trop petit pour l’avidité de tous.

Bref.

 

J’entends d’ici les habituels cris d’orfraie de la « droite d’argent » (les « nationaux-libéraux ») : « bouh, scandaleux, espèce de communiste, la vérité c’est que tout vient du trop d’Etat, des fonctionnaires, du socialisme, blablabla… ».

Eh bien non, Messieurs les tartuffes.

TOUT ne vient pas QUE d’un excès d’Etat-providence et de collectivisme. Oh que non.

Il va bien falloir un jour que vous sentiez la poutre qui obture votre oeil unique, au lieu de reprocher à certains, moins boutiquiers dans l’âme, la paille que seraient, selon vous, des concessions à votre repoussoir exclusif.

La gauche, le socialisme, le collectivisme, l’Etat providence, la gabegie fiscale, le trop-plein de fonctionnaires, la politique des politiciens, ne sont pas l’explication principale des délocalisations et de la désindustrialisation.

Ils ne sont pas non plus l’explication exclusive, loin de là, de l’énormité de la dette publique.

Ils ne sont toujours pas l’explication exclusive, loin de là, du chômage, de l’immigration-invasion, des excès de la finance, de la pollution, de la corruption, du népotisme qui règne dans les milieux consanguins des affaires et de la politique, etc.

C’est votre merveilleux libéralisme, tendance « néo » mais peu importe tant le ver a toujours été dans le fruit, qui, avec sa privatisation de la création monétaire, créatrice d’intérêts injustifiés pour la finance privée, son libre-échangisme mercantile, insoucieux de l’intérêt des peuples, son cynisme darwinien (ou tendance « néo » : pareil, peu importe) pesant sur les salaires, totalement irrespectueux des petits et des sans-grades, jouant l’immigré contre le « de souche », le pays à bas coût de production contre la patrie, le profit immédiat contre le gain à long terme et même souvent contre la santé, les copains et les coquins contre l’intérêt général ; c’est votre merveilleux libéralisme, qui est en grande partie responsable de la situation.

Alors oui, pour ma part, aucun doute, aucune hésitation, je préfère une certaine gauche à cette pseudo-droite qui n’a de nationale que le nom qu’elle se donne elle-même.

Entre gens sincères, on se reconnaît.

Alors que le bourgeois, lui, ne connaît, avant tout, que son intérêt.

Son intérêt qui, trop souvent, n’est pas celui du peuple.

Il est nécessaire de se désolidariser tant du collectivisme que du libéralisme, d'extirper de son cerveau ces deux utopies, soeurs dans ce même matérialisme destructeur d’humanité, à rejeter la primauté donnée à l’intérêt individuel, à retrouver les valeurs éternelles, les identités et les solutions qui ont fait la France.

Il serait bon, également, de relativiser l’importance de l’avoir et de privilégier l’être. Qu’emporterez-vous, dans votre tombe ?

Retenons, dans le domaine économique, les solutions éprouvées de tous les temps, et non uniquement les utopies des idéologies libérale et marxiste.

La révolution se fera d’abord dans les têtes et dans les coeurs.

Il faut donc boycotter les supermarchés du prêt-à-penser et du prêt-à-sentir, même quand leurs démarcheurs se présentent parmi nous en essayant de nous faire croire qu’ils sont des nôtres.

Tout est une question de valeurs et, dans une société normalement organisée, l’économie ne doit pas prévaloir sur le politique, c’est aussi simple que ça.

La mentalité mercantile, qu’elle soit mercantiliste au sens strict ou libre-échangiste, n’est pas porteuse de valeurs suffisantes pour fonder une société (sauf une société anonyme, ce que nous voyons aujourd’hui au plan mondial).

 

Il existe aujourd’hui, à gauche comme à droite, un clivage entre ceux qui défendent leurs intérêts catégoriels, et ceux qui défendent les intérêts du peuple (et de la nation, au sens étymologique de groupe humain de même origine et de même culture).

Les premiers nommés se retrouvent dans le socialisme libéral et dans le libéralisme social, alibi d’un système ayant abouti à l’alliance objective du libéralisme et du soviétisme ; leurs idiots utiles respectifs, idéologues crédules ou hypocrites, étant les libéraux « purs et durs » et les socialistes « réellement de gauche ». Leur système est voué à l’écroulement.

Les seconds, eux, sont l’avenir.

Les lignes bougent, les convergences deviennent conscientes.

Il existe, notamment, une gauche nationale et elle est même en développement.

Ce qui est normal, puisque la gauche socialo-libéralo-marxiste ne défend plus le peuple depuis longtemps.

La gauche historique, celle du mouvement ouvrier et du syndicalisme révolutionnaire, réactions aux révolutions industrielles, n’est d’ailleurs pas particulièrement marxiste. Elle est socialiste et populaire et le marxisme ne convainc pas tous ses membres.

Jusqu’au marxisme d’un Georges Marchais, défendant, malgré l’alignement internationaliste, l’ouvrier français contre l’immigration.

On finirait, sous le déluge de propagande UMPS-NPA et médias, par oublier que Ledru-Rollin, Louis Blanc, Proudhon, Blanqui, Georges Sorel (celui-ci témoignant des hésitations de l’époque entre marxisme et « national-populisme »), ont existé, que Jaurès a été cité par le FN lors d’une récente campagne électorale, que le vote à gauche dans le Sud-Ouest, par exemple, n’est souvent que l’expression d’un attachement viscéral, enraciné, aux solidarités traditionnelles ; comme l’était la première révolte des Canuts de Lyon en 1831, contre « les féodalités de l’argent », contre la monarchie bourgeoise libérale écrasant le petit peuple…

L’internationalisme marxiste n’a pas, loin de là, convaincu et entraîné toute la gauche française (un bon quart des congressistes de la SFIO en 1920, n’ont pas voté l’adhésion à l’Internationale Communiste).

Un Jacques Sapir est, de nos jours, l’illustration d’une vision souverainiste et protectionniste, bien que de gauche (si cet homme large d’esprit voisine, au Parti de Gauche, avec le déplaisant internationaliste Mélenchon, c’est pour des raisons qui lui sont personnelles, mais qui ne transparaissent pas dans ses écrits), de l’économie française.

Aucun grand parti politique de gauche ne représente encore la gauche nationale, mais cela pourrait venir, compte tenu de la progression de la crise et du fait que bien des électeurs penchant « du côté du coeur » commencent à réaliser que l’immigrationnisme et l’internationalisme sont peut-être des mensonges du même ordre que la négation de l’Holodomor et du Goulag à l’époque du PCF aligné sur Moscou…

Je le répète, les lignes commencent à bouger. Il y a beaucoup de gens sincères et naïfs à gauche. Laissons-leur le temps de réaliser qu’ils ont été bernés.

Dans l’immédiat, au-delà d’une tendance déjà dissidente, notamment présente au sein du journal Marianne, encore infectée de miasmes de la gauche « coco », voilà quelques exemples de « gauche nationale » :

- Socialisme et souverainté

- Parti Ouvrier Indépendant

- Organisation socialiste révolutionnaire européenne

Il est aisé de constater qu’il y a de nombreuses convergences entre cette mouvance et « nous » (c'est-à-dire la soi-disant « extrême-droite », en réalité, les patriotes : identitaires, nationalistes, européistes des nations, souverainistes, anti-matérialistes, et même les royalistes, les nostalgiques et les romantiques - bref, toute la galaxie que les belles âmes hypocrites de gauche comme de droite, spécialistes de l'anathème incantatoire, diffamatoire et intéressé, rangent dans la catégorie des « fachos »).

Mais quand je dis « nous », j’exclus radicalement les « nationaux-libéraux », qui font passer leur idéologie libérale avant leur sentiment national.

Leur véritable chapelle est l’UMP.

Ils traitent de « communiste » quiconque critique les méfaits imputables à l'application de leurs dogmes ?

Il veulent des réformes et non une révolution ?

C'est donc bien qu'à supposer qu'il soit amendé selon leurs désirs, le système leur convient ?

Qu'ils crèvent avec lui, alors.

11/10/2010

De l'absurdité du "choc des civilisations"

Cette émission date de 2002, mais n'a rien perdu de sa pertinence :

04/10/2010

Sérénité

Erik Satie, Gymnopédie n° 1 (1888)



18:57 Écrit par Boreas dans Musique | Lien permanent | Tags : erik satie, gymnopédie n° 1 |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! |

03/10/2010

Battons-nous, ou mourons comme des lâches

Trois films, trois exemples à suivre - quant à leur esprit viril uniquement, puisque l'attaque frontale en terrain découvert serait, de nos jours, aussi suicidaire que stupide et ne fait plus fantasmer que les romantiques au petit pied et les frustrés en mal de défoulement.

D'abord, vive l'Ecosse.

Tirée du film de Mel Gibson, "Braveheart" (1995), la harangue de William Wallace avant la bataille de Stirling (11 septembre 1297), prélude à l'indépendance du pays arrachée à l'ennemi anglais (1328) :

Voilà des mots qui devraient nous toucher particulièrement.

Non seulement parce que les Ecossais sont nos amis, au moins depuis l'Auld Alliance, non seulement à cause de l'exécration que tout bon Français voue à l'Angleterre, et pas uniquement  à cause de Jeanne d'Arc ; mais surtout en raison de notre situation de peuple soumis à l'Occident anglo-américain, avec ses pseudo-valeurs et son matérialisme répugnant ; de peuple soumis à l'hyperclasse transnationale issue de cet Occident, et envahi tant par ses produits marchands et sous-culturels que par une immigration de peuplement qui lui sert d'outil de contrôle social.

Comme pour les Ecossais en 1297, ce qui est en jeu pour nous, c'est notre survie et notre liberté en tant que peuple.

Nous ne ferons pas l'économie du combat, et pas seulement derrière un écran d'ordinateur.

*

Ensuite, à bas l'Anglosphère et ces rats de Yankees.

En VO (mais c'est sans importance), extraite du film éponyme de Kevin Kostner (1990), la scène de la libération de "Danse avec les loups", ex John Dunbar, devenu un vrai Sioux Lakota :

... John Dunbar, devenu un vrai Sioux Lakota, puisqu'il est impossible pour "un véritable être humain" (dixit "Oiseau bondissant", le shaman du film) d'avoir quoi que ce soit en commun avec la civilisation des "tuniques bleues", mélange de mercantilisme bien-pensant et d'hystérie vétérotestamentaire assassine.

Car, comme le disaient les généraux Sherman : "Nous devons agir avec une sérieuse détermination contre les Sioux, même jusqu'à leur extermination, hommes, femmes et enfants. (...) Au cours d'un assaut, (...) les soldats ne peuvent s'arrêter pour distinguer entre hommes et femmes, ou même faire une discrimination entre les âges" et Sheridan : "Les seuls bons Indiens que j’aie jamais vus étaient morts".

Alors qu'au contraire, la noblesse est du côté indien.

N'en déplaise aux américanolâtres et aux esprits binaires obsédés par la seule couleur de peau, je trouve jouissif de voir, dans cette scène de bataille, des Sioux sans la moindre arme à feu massacrer des dégénérés surarmés, avec la participation de leur frère blanc qui n'a en rien renié, lui, les qualités de tout homme digne de ce nom.

*

Et enfin, via le rêve d'un monde ressemblant peut-être à notre lointain passé, mais qui est en même temps une allégorie de notre époque, voici une guerre entre l'idéal de nous-mêmes et tout ce qui est sot, agressif et laid.

Aragorn, "Grand-Pas", le héros de Tolkien, fait son véritable retour dans ce troisième volet de la trilogie cinématographique du "Seigneur des anneaux" ("Le retour du roi", 2003), et sera couronné après la défaite du Big Brother de l'histoire, Sauron, "l'oeil qui voit tout" et envoie ses contrefaçons d'humains, les Orques, tenter de conquérir un monde qu'il jalouse et convoite pour une simple et bonne raison : il n'y aura jamais part ; ce qu'il essaie d'en faire est impossible ; le monde des hommes n'est pas pour les monstres et le pouvoir n'y est que transitoire.

Finalement, c'est peut-être à cela que se résume notre destin : vaincre les monstres issus de l'achèvement d'un cycle de civilisation, pour restaurer la sagesse, la force et la beauté, ces trois piliers du temple de notre âme et de notre identité que, pour l'anecdote, la franc-maçonnerie spéculative, cette contrefactrice des arcanes antiques, a repris à son compte dans l'inversion ambiguë de toutes les valeurs.

Une belle scène de bataille, en tout cas, qui voit l'arrivée des cavaliers du royaume du Rohan, au secours de Minas Tirith, la capitale assiégée du Gondor :


La suite (non montrée ici) comporte une lutte victorieuse contre des ennemis venus du sud, montés sur des Oliphants, sortes d'éléphants géants, transparente allusion à la bataille de Zama qui, en 202 avant JC, illustra le triomphe de l'intelligence romaine sur la force carthaginoise.

Qui n'a rếvé de combattre aux côtés d'Aragorn, de se battre pour sa liberté et celle de ses semblables ?

Au lieu de crever dans son lit, comme un bourgeois pétochard essayant juste de conserver son confort, dût-il abdiquer toute dignité ; comme Harpagon protégeant sa cassette.

Alors, battons-nous.

Peut-être pas joliment, comme dans ces films qui ne sont que des évocations.

Mais courageusement, intelligemment et sans trêve.

Soyons rusés et déterminés.

Soyons solidaires, pensons collectif.

Vive la crise.

Vive la révolution.

20/09/2010

L'après-démocratie

L'excellent Scriptoblog a cette qualité rare de ne pas dépendre de l'actualité pour manifester ses talents, ce qui lui permet de publier la recension d'un bouquin paru il y a neuf ans et de faire ainsi découvrir un auteur suisse méconnu : Eric Werner.

Le tout, en un article où je retrouve tellement mes propres idées que j'ai presque l'impression de l'avoir écrit moi-même (j'ai juste ajouté quelques liens).

totalitarisme_laine.jpg

« L’Après-démocratie » est un recueil de textes, dans lequel Eric Werner (EW) défend la thèse générale suivante : plus personne ne peut décemment croire que nous vivions en démocratie. Il ne reste, du projet démocratique, que des traces – telles que les élections, tous les cinq ans, et qui consistent désormais à choisir entre l’aile gauche et l’aile droite d’un seul et même parti institutionnel.

Aile gauche et aile droite qui, au demeurant, font en pratique à peu près la même politique, imposée par « le vrai pouvoir ».

Un vrai pouvoir qui se situe au niveau de l’hyperclasse, et de son gouvernement mondial. Un vrai pouvoir qui échappe à tout contrôle démocratique, influence de manière décisive la « ligne éditoriale » de la presse, et pilote à distance la plupart des institutions, justice incluse, via des réseaux d’influence ramifiés. Ce vrai pouvoir décide de ce que vous ignorez, donc de ce que vous savez. Il vous éduque, il vous surveille, il vous juge. Il contrôle la démocratie, elle ne le contrôle pas.

Nous voici dans « l’après démocratie ».

*

 

Comment en est-on arrivé là ?

Fondamentalement, pour EW, il s’agit tout simplement de la mise à jour de ce que la « démocratie occidentale » était de manière latente – mise à jour rendue possible par la disparition de l’ennemi.

Une disparition de l’ennemi qui a levé les barrières que le système était obligé d’entretenir devant lui, pour échapper à son cours spontané…

Depuis que le communisme a été vaincu, l’Occident n’a plus besoin d’entretenir une façade pluraliste. Il s’engage donc dans la voie totalitaire, qu’il a longtemps combattue, mais qui est aussi, secrètement, son essence profonde.

Chronologiquement, l’adoption de la loi Gayssot arrive juste après la chute du Mur de Berlin : le totalitarisme occidental a littéralement éclaté au grand jour, dès que son adversaire ne fut plus là pour l’empêcher de s’exprimer.

Totalitarisme d’ailleurs d’autant plus redoutable que, fait observer EW, il est dissimulé par un formidable voile propagandiste de dénégation, bien plus habile que celui tendu jadis par les systèmes hitlériens ou staliniens.

EW nous renseigne, à ce propos, sur ce qui se produit en ce moment dans le monde germanophone (EW est suisse) – une évolution d’un monde voisin dont nous sommes, nous, en France, sans doute assez mal informés.

Un chiffre : en Allemagne, le nombre de personnes ayant fait l’objet de procédures pour « connections avec des groupes extrémistes » et « excitation du peuple » se montait, en 1998, à 9.549. En Suisse, deux juges ont été mis en vacances forcées après avoir prononcé une peine jugée trop légère contre un politicien d’extrême droite coupable d’un délit d’opinion. L’affaire fut rejugée, et le politicien a été condamné à 15 mois de prison ferme – pour comprendre l’échelle des peines sous-jacentes à cette décision, notons qu’à la même époque, l’auteur d’un viol sur une fillette de cinq ans fut condamné à une peine de neuf mois de prison avec sursis. Le monde germanophone est majoritairement en train, tout doucement, de basculer dans un totalitarisme ouvert, une répression judiciaire de la pensée dissidente – bien plus vite, bien plus nettement qu’en France.

 

*

 

Après avoir planté le décor, EW analyse cette dérive totalitaire.

Reprenant la distinction d’Arendt entre pensée et raisonnement, il montre que l’Occident contemporain est peuplé d’idéologues des Droits de l’homme qui raisonnent, mais ne pensent plus – en ce sens que leur raisonnement ne se réfère plus à la réalité. Cette disposition d’esprit particulière se combine avec des intérêts objectifs (toujours implicites) pour créer une ambiance générale d’intimidation. De là, vers la terreur, qui est désormais repositionnée dans le cadre général de l’insécurité – on ne terrorise plus en brutalisant, mais en exposant à une brutalité latente (économique, sociale, voire physique, avec une délinquance tolérée). Sous l’angle organisationnel, il n’y a évidemment aucun rapport entre l’arrestation par le NKVD au petit matin dans l’URSS des années 30 et l’agression au coin de la rue dans la France de 2010 ; mais sur le plan fonctionnel, le rôle de la terreur dans une mécanique d’intimidation générale et de sidération populaire est comparable. Le « racaille » raciste antiblanc est le SA du totalitarisme multiculturel américanomorphe (un point sur lequel EW revient fréquemment).

Plus profondément, une guerre cognitive est faite aux populations, par des moyens plus subtils que ceux dont disposaient les anciens totalitarismes. La dissolution du « nous » (famille, coutume, tradition, enracinement local et national) rend le « je » impensable (puisqu’il n’est plus inscrit dans rien, il « flotte »), et l’opinion bascule dans la formulation moue d’un consensus auquel « on » se rallie (« on » étant, finalement, un corps collectif « non-social », la somme des individualités disjointes reliées uniquement par le réseau médiatique). Il y a explosion des frontières de l’être mental des Occidentaux, ce sont des organismes sans peau, en voie de dilution, « clients » parfaits du néo-totalitarisme occidental. L’ultime rempart contre l’illusion, l’école, est même désormais tombé, avec la généralisation du « pédagogisme », c'est-à-dire la manipulation des enfants pour leur faire intérioriser des attitudes bien précises, compatibles avec le système dominant.

Au-delà de ce constat somme toute aujourd’hui presque devenu banal, EW tente de mettre en lumière les causalités profondes du mécanisme décrit. Il s’intéresse, par exemple, à la sociologie de cette nouvelle domination, et souligne le rôle particulier qu’y tient manifestement la pègre – historiquement très souvent associée aux régimes totalitaires ou dictatoriaux. Les tyrans, rappelle EW, se méfient toujours beaucoup plus des honnêtes gens que des voyous, chez qui ils vont souvent recruter leur garde personnelle.

D’où une hypothèse sur la convergence spontanée entre l’idéologie de certains sociologues de l’excuse (« pro-racailles ») et le totalitarisme des marchés : version renouvelée du mécanisme décrit par La Boétie et d’autres, mécanisme qui voulait que le tyran, pour garder sous contrôle les « abeilles domestiques », importât des « frelons étrangers ».

Dans cette optique, l’incubation d’une idéologie de la haine de soi n’est, en réalité, qu’un dispositif annexe ; le but est de tenir les « abeilles » dans la peur des « frelons ». Ce n’est ni plus ni moins que la généralisation des techniques utilisées, pendant la période de dénazification de l’Allemagne, par les conquérants américains (destruction programmée du modèle anthropologique germanique, supposé créateur de la « personnalité autoritaire » de type « fasciste » - d’où la fabrication d’une population féminisée, fragilisée, en quête de protection et donc facile à dominer).

D’où, encore, une hypothèse sur l’attitude différenciée des idéologues néo-totalitaires à l’égard du religieux. D’une manière générale, ils s’en méfient, puisque la religion définit un espace mental collectif structuré, donc de nature à s’opposer aux forces de dilution que le néo-totalitarisme instrumentalise. Mais ils se méfient du christianisme plus que des autres religions (islam en particulier), parce que le christianisme construit une métaphysique de la liberté, où la conscience individuelle peut en quelque sorte être équipée de manière autonome – ce qui implique que même si les forces de dilution détruisent toute structure collective, le christianisme peut continuer à structurer une révolte individuelle (chose que l’islam peut plus difficilement faire). D’où sans doute le fait que nos dirigeants combattent l’islam là où il est structurant d’une identité collective réelle (donc en Dar-al-Islam), mais en encourage l’importation chez nous, où il contribue à la déchristianisation.

 

*

 

Comment résister à ce néo-totalitarisme ? Voilà, évidemment, la question qu’EW ne peut éviter ; à quoi bon décrire l’ennemi, si ce n’est pas pour le combattre ?

EW souligne tout d’abord qu’il faut combattre en nous la tendance au défaitisme. Quand nous apprenons que 5 % des Suisses n’ont pas la télévision, ne nous lamentons pas qu’ils ne soient que 5 % ; prenons note du fait qu’ils sont déjà 5 %.

Ensuite et surtout, il faut, nous dit-il, sortir du piège consistant à reconnaître au pouvoir actuel un monopole de la capacité à gérer les problèmes qu’il a lui-même créés (l’immigration inassimilable, par exemple). Il faut poser le problème en termes renouvelés, et cesser de confondre révolte et résistance.

Le révolté et le résistant disent « non », l’un et l’autre. Mais pas de la même manière. Le révolté, c’est l’esclave fouetté qui, soudain, se retourne et fait face à son maître. Le résistant, lui, ne fait pas face : il s’efface, il sort du cadre de gestion construit par son maître.

C’est pourquoi le résistant est avant tout un adepte de la stratégie indirecte ; à l’opposé du révolté, qui cherche la confrontation directe avec le tyran à l’intérieur d’un contexte donné, le résistant pense l’action dans la durée, et cette action n’est pas nécessairement un affrontement avec le tyran – c’est avant tout un effort pour se préparer à la modification du contexte.

Le plus souvent, cette modification du contexte est obtenue tout simplement en durant : le résistant gagne tant qu’il ne perd pas, c'est-à-dire tant qu’il n’est pas anéanti. Et finalement, le résistant l’emporte s’il parvient à faire durer sa retraite flexible une seconde de plus que l’élan du pouvoir qui tentait de l’anéantir. Ensuite, une fois que le pouvoir s’est usé, qu’il a fabriqué lui-même la masse de contradictions internes qu’il ne peut plus gérer, alors la résistance peut passer à la contre-offensive.

Et donc, pour conclure, ce que sous-entend EW, c’est qu’il ne faut pas accepter la logique selon laquelle nous devrions tolérer le système parce qu’il est le seul à pouvoir gérer les problèmes qu’il a créés. Nous devons lui résister, pour être là quand il ne pourra plus gérer ces problèmes.

19/09/2010

Electroencéphalogramme plat

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La plupart des gens ne pensent pas.

Quand je dis : "la plupart", j'estime la proportion de ces anencéphales virtuels à environ 95% de la population.

Et quand je dis : "ne pensent pas", je dois généralement préciser : "par eux-mêmes", justement parce que l'auditeur... ne pense pas. En effet, comment prétendre penser, s'il s'agit juste de régurgitation d'un conditionnement par autrui ?

Bref, ils ne pensent pas.

Néanmoins, ils croient penser, bien sûr.

D'ailleurs, quand je dis qu'ils ne pensent pas, cela ne choque personne. Aucune manifestation de susceptibilité, parce que l'auditeur croit qu'il n'est pas concerné. Mais aussi parce qu'il s'en fout, de penser.

Pour lui, ce n'est pas une valeur.

Ce qui se passe, c'est que les gens ne sont pas là pour penser, mais juste pour engouffrer.

Engouffrer deux douzaines de concepts basiques que leurs parents, le système scolaire, les médias, l'entreprise qui les emploie, leur conjoint, leur déversent dans ce qui leur sert de système d'orientation au sein de la société, et puis c'est marre.

Après, dans n'importe quelle situation, suffit de remuer tout ça, comme dans un shaker - "agitez bien !" -, et la réponse juste, l'attitude juste, c'est à dire adaptée au grand foutage de gueule général, sort comme d'un distributeur automatique, rétribuée en intégration collective, en gratifications sociales variées, en grégarisme renforcé.

Le prêt-à-penser, c'est ça. Et vous pouvez l'appliquer à quasiment toutes les situations, ça marche.

Engouffrer, ce n'est donc pas tout, puisqu'il y a aussi régurgiter, pour obtenir autre chose à engouffrer.

Mais tout de même, engouffrer, c'est le principal, pour l'Homo festivus.

Parce que le but de la vie de ces 95 % de non-pensants, consiste essentiellement à jouir et donc, à capter, acquérir, prendre, dérober, voler, garder, conserver, thésauriser, consommer, posséder, manger, ingérer, absorber, se goinfrer, profiter, savourer, se délecter, se goberger ; bref, à s'en foutre plein la poire, à s'en faire péter la sous-ventrière, à être un imbécile heureux de son indigestion.

Oui, parce qu'à la fin :

"Il n’y a que le ver pour faire aussi bonne chère qu’un empereur. Nous engraissons toutes les autres créatures pour nous engraisser, et nous nous engraissons nous-mêmes pour les asticots... Roi bien gras et mendiant maigre, cela ne fait qu’un menu varié – deux plats, mais pour une seule table. Tout finit par là."

(William Shakespeare, Hamlet - Acte IV, scène III)

Or doncques, vous qui pensez ou tentez au moins de le faire, sachez qu'il est inutile de discuter littérature, philosophie, poésie, arts en général, ou d'un quelconque sujet intelligent, avec l'immense majorité des braves gens qui vous entourent.

Ils n'y entravent que dalle, ils n'en pipent pas une broque, ils sont bouchés à l'émeri, ils ont la cervelle barrée.

Mais surtout, gardez bien ça en tête, ils s'en tamponnent le coquillard, ils s'en balancent, ils s'en battent l'oeil avec une queue de sardine, ils s'en soucient comme d'une guigne.

Et pourquoi ?

Simplement parce que penser, d'abord ils n'ont aucune, mais alors absolument aucune idée de ce que ça peut bien vouloir dire, et ensuite et principalement, à leurs yeux, ça ne rapporte rien, que des ennuis.

Eux, leur truc, c'est tout ce que j'ai déjà dit (en engouffrer un max, etc.).

Ça peut aller de se taper un bon gueuleton à s'acheter fort cher une voiture moche et inutile, de débiner un collègue pour prendre sa place à pleurer de joie au mariage d'un rejeton, de regarder le dernier épisode de "Plus belle la vie" à se payer le dernier smartphone (je mets le lien Wikipédia, parce que les gens intelligents savent rarement ce que c'est, alors que les cons, toujours)...

Il y a une infinité de choses que ces gens-là aiment et veulent.

Le tout premier indice de ce qu'on est peut-être en train de commencer à penser, c'est de s'apercevoir qu'on n'aime ni ne veut quasiment rien de ce que eux, ils aiment et veulent.

Là commencent les emmerdements, parce que sortir du prêt-à-penser, du mode festivus festivus, du processus binaire bien-mal noir-blanc juste-injuste, de la tétralogie conjoint-bagnole-maison-enfants qui débouche sur l'idéal : "Une vie réussie"... c'est le plus grand sacrilège qui soit, le plus grand blasphème contre la religion jouisseuse des anencéphales et des gastéropodes à visage humain.

Le sens, plutôt que le profit ; le fond, plutôt que la forme ; la vérité, plutôt que le plaisir ; la connaissance, plutôt que le savoir ; voilà des aspirations que les déficitaires du bulbe, les bas du front, les étroits du bonnet et les nécessiteux du neurone ne vous pardonneront pas.

Non pas parce qu'ils seront jaloux de votre intelligence pour elle-même (bien qu'ils sentent parfois confusément que ça leur manque), mais parce qu'ils croiront que vous détenez quelque chose qui pourrait leur profiter ; pour briller en société, ou lever davantage de poules, ou monter des combines lucratives, par exemple.

Donc, ils vous créeront des emmerdes, pour voir s'ils ne pourraient pas vous prendre quelque chose ou, au moins, se prouver que, finalement, vous n'êtes que de la daube.

Par conséquent, si vous voulez vivre tranquille, passez plutôt pour un inoffensif original, pour un savant cosinus, pour un gentil fada.

Et puis, comme disait Courteline, "Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet."

Il aurait pu ajouter que, de toute façon, on n'a pas vraiment le choix.

C'est ça, ou rejoindre le troupeau, ce qui est impossible.

Apprendre à penser, c'est un voyage sans retour.

10/09/2010

Maintenant

Maintenant

Les âmes mortes ne me pèsent plus

Les phrases creuses ne me blessent plus

Les regards mornes ne m'étonnent plus

Les charmes vides ne m'attirent plus

 

Maintenant

Que le jour et la nuit ne guerroient plus

Que la perte et le gain n'ont plus de sens

Que la mort est soeur de la naissance

Que l'existence ne m'importe plus

 

Maintenant

Quoique n'étant rien je suis aussi tout

De mes yeux ouverts sort le monde entier

Autour de mon axe tourne la roue

Et même brisé mon coeur est léger


20:54 Écrit par Boreas dans Philosophie, Poésie | Lien permanent | Tags : maintenant |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! |

05/09/2010

"Plus humain que l'humain, telle est notre devise"

"Blade Runner", de Ridley Scott, 1982

Un chef-d'oeuvre visuel, doublé d'une réflexion sur la nature humaine.

 

 Vidéo 1 : une bande-annonce qui n'en est pas une

 

Vidéo 2 : la meilleure scène de ce film-culte, en VF, dans la version "director's cut" de 1992

 

Vidéo 3 : pour les passionnés, la même scène plus complète, en VO, dans la version "final cut" de 2007 (observez bien, là où s'envole la colombe, une différence, esthétiquement très importante)

 

Vidéo 4 : le générique et le début du film, version initiale et "director's cut". A couper le souffle.

 

Vidéo 5 : le générique, version "final cut", qui confirme les intentions du réalisateur.

 

04/09/2010

Pourquoi nous vivons...

...Ou plutôt, pourquoi ce que nous croyons être, feint de le savoir.

 

 J'entends déjà les décérébrés : "Pouah, quelle priiise de têêête !"

Comme quoi, ce sont bien ceux qui en ont le moins (de tête) qui en parlent le plus.

Dans l'Antiquité - vous savez, cette époque d'heroic fantasy où des mecs coiffés de casques à cimier trucidaient des hydres, et autres balivernes, pour on ne sait plus quelles raisons - ; dans l'Antiquité, au fronton des temples grecs, on pouvait lire :

"Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux".

Dépassé, ça. Aujourd'hui, on se connaît, non ? Y a des psy pour aider, d'ailleurs.

Et, pour ce qui est de l'univers, des astronomes et même des astrophysiciens. C'est vous dire si on connaît.

Mais quant aux dieux... Faut arrêter, hein, c'est pour les enfants, ça.

Non, sérieux. Parole d'élites et d'Education Nationale (et pas de ce farceur d'André Prévot qui osait dire que "l'instruction consiste à faire d'un imbécile ignorant un imbécile instruit").

Vraiment, ça ne sert à rien, A NOTRE EPOQUE, on vous dit, EN 2010 ! De se poser des questions.

Des questions, non mais on vous demande un peu...

On sait tout, aujourd'hui ; d'ailleurs, la Terre est devenue toute petite, avec le progrès, la science et tout le bazar. A preuve, on en fait le tour en moins de temps qu'il n'en fallait à nos bouseux d'arrière-grands-parents pour aller de Montauban à Pithiviers.

Et on sait tout sur tout le monde. Par exemple, tenez, les Tibétains qui sont opprimés par les Chinois, on sait qu'ils vivent en altitude (sacrément haut, même), qu'ils sont bouddhistes, qu'ils s'habillent drôlement, y a qu'à voir le Dalaï Lama, et une foule d'autres choses. Vous croyez qu'on savait tout ça, dans le passé ? Que mamie Joséphine et papy Victurnien étaient au courant de tout ça ? Qu'ils avaient connaissance des galaxies et des supernovae ?

Nan, dans le temps, on vivait ignare et crasseux, comme des ploucs, dans un espace confiné, au milieu de superstitions invraisemblables, à cause de la trouille qu'on avait de tout ce qu'on ne savait pas. Histoires de sorts et de sorciers, de maléfices et de malédictions, loups-garous, clouage de chauves-souris aux portes des granges, etc. Beurk.

Et on arquait tout ce qu'on pouvait, juste pour pouvoir bouffer, esclavagé qu'on était par quelques richards à particule qui se prélassaient dans des châteaux et dilapidaient du pognon qu'ils ne gagnaient pas. Pour se consoler, on était obligé de se plier à tout un tas de bondieuseries.

Alors qu'aujourd'hui, libéralisme politique et économique, mâtinés de "modèle social", de culture et de technologie, se mettent en quatre pour nous apporter LE CONFORT et LE BONHEUR.

Symboliquement, nous sommes en pleine lumière, sacrebleu !

Des néons partout. Luna Park. La Voie Lactée. A se pâmer dans les éblouissements stroboscopiques. Orgasme du savoir et de l'intelligence.

Notamment, aux rayons cosmétiques et électroménager de votre supermarché préféré.

Là où, entre deux transhumances compulsives, le bétail pseudo-instruit et réputé pensant s'agglutine en ectoplasmes indistincts, pour copuler communier dans l'adoration de rassurants substituts d'âme.

 

Eclairé, notre monde l'est tellement que vous ne pouvez même pas regarder par terre sans qu'un vendeur surgi de nulle part ne vous propose un devis pour faire goudronner l'allée de votre supposé jardin, avec un financement sur trois ans à taux imbattable.

Savant, notre monde vous prouve sa maîtrise infinie de tout et de n'importe quoi, le soir à la télé, en vous décrivant finement la flore, la faune et les moeurs des habitants du Sulawesi occidental, après douze pubs pour du dentifrice et des téléphones et avant une émission de téléréalité permettant d'approfondir la psychologie des cons.

Aseptisé, notre monde l'est assez pour offrir à chacun une place pleinement désinfectée, récurée, nickel, pour une personnalité débarrassée de toute filiation, une place au soleil de ses fausses valeurs, dans l'enfer de ses besoins artificiels, toujours recréés, jamais satisfaits.

Dans cette haute civilisation, nous sommes là pour être renseignés, de manière à nous conduire toujours en consommateurs avisés et responsables et ainsi, participer pleinement à l'élévation globale du niveau de l'humanité (occidentale) - "Ouais, pasque si t'as pas de thune, mon pote, tu peux toujours aller t'élever ailleurs", me souffle un passant qui souhaite conserver l'anonymat.

Ainsi édifiés, fort logiquement puisque la raison nous gouverne, par cette incomparable et bienfaisante omniscience, que faisons-nous ?

Bah, nous achetons, bien sûr.

Et pas que des fringues et des bagnoles et des jeux vidéo et du soda et des voyages et des détergents et de la bouffe industrielle et d...

Non. Aussi de quoi tenir debout dans notre miroir et ne pas trop crever de trouille.

De quoi éviter que la baudruche et le gaz inconnu qui la gonfle, ce que nous appelons "moi" sans même nous être demandé ce qui nous a conditionnés à nous donner ce nom, ni moins encore si une telle identification se justifie ; de quoi éviter, donc, que notre image de nous-mêmes ne se volatilise.

De quoi échapper à la terreur, la vraie, celle qui pointe devant ce que nous savons pertinemment, au fond, être bien pire encore que l'ignorance de notre vraie nature : LA CONNAISSANCE DU NEANT DE CE QUE NOUS CROYONS ETRE. De ce néant tel qu'il est, peut-être, ou du moins, tel que notre matérialisme nous l'enseigne à chaque instant.

Alors, avoir pour être, nous achetons aussi la croyance à notre réalité et à notre importance.

Oh, pas principalement dans les supermarchés... Là, avec notre barbaque fouaillée par la pétoche, nous traînons notre vile hypocrisie, notre sale mauvaise foi, comme partout mais juste, en plus, avec le sentiment bien enfoui, généralement inconscient, d'aller au Temple de notre vraie religion, pour y faire des emplettes qui nous distrairont de notre angoisse.

Non, c'est partout et tout le temps, par tous les moyens, que nous achetons de quoi fuir et nous étourdir. Posséder, être possédé. Nous le vendons d'ailleurs aussi aux autres, tellement nous y croyons, tellement nous voulons y croire, tellement la Camarde nous guette et tellement nous n'avons aucune foi ni aucun feu, tellement nous sommes déjà morts.

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En vérité, si nous sommes quelque chose, nous sommes l'incarnation de la lâcheté. Ou du sommeil profond.

 

C'est pourquoi, il faut d'abord nous réveiller.

Ou plutôt, nous éveiller, parce que nous réveiller signifierait que nous n'avons pas toujours dormi et cela, nous n'en savons rien.

"Dès que leurs visages furent tournés vers le dehors, les hommes devinrent incapables de se voir eux-mêmes, et c'est notre grande infirmité. Ne pouvant nous voir, nous nous imaginons. Et chacun, se rêvant soi-même et rêvant les autres, reste seul derrière son visage. Pour se voir, il faut d'abord être vu, se voir vu. Or, il y a sûrement une possibilité pour l'homme de réapprendre à se voir, de se refaire un oeil intérieur. Mais le plus grave, et le plus étrange, c'est que nous avons peur, une peur panique, non pas tellement de nous voir nous-mêmes que d'être vus par nous-mêmes ; telle est notre absurdité fondamentale. Quelle est la cause de cette grande peur ? C'est peut-être le souvenir de la terrible opération chirurgicale que nos ancêtres ont subie quand ils furent coupés en deux ; mais alors, ce que nous devrions craindre le plus, c'est qu'en continuant à nous séparer de nous-mêmes par une brillante fantasmagorie, nous allions nous exposer à être encore une fois coupés en deux - et c'est ce qui arrive déjà. Si nous avons peur de nous voir, c'est bien parce qu'alors nous ne verrions pas grand-chose ; notre fantôme a peur d'être démasqué.

C'est par peur de cette horrible révélation que nous nous grimons et que nous grimaçons. Et notre tête, modeleuse de masques et conteuse d'histoires, au lieu de nous guider vers la vérité, est devenue notre machine à nous mentir." (René Daumal)

Si ce blog s'appelle "Vers la Révolution", ce n'est pas seulement parce que le théâtre d'ombres où nous errons en nous imaginant y jouer un rôle et y avoir des ennemis extérieurs à vaincre, donne une pièce dont nous sommes les héros (les zéros ?) et où une nouvelle élite doit remplacer les destructeurs du Beau, du Bon et du Vrai.

C'est, en premier lieu, pour la raison que cette pièce nécessite que la Révolution intervienne d'abord en chacun de ces héros.

Il n'est pas nécessaire qu'il s'agisse d'un bouleversement complet, immédiat et renversant.

Comme l'a dit Maître Eckhart :

"Dehors, il y a le vieil homme, l’homme terrestre, la personne extérieure, l’ennemi, le serviteur. A l’intérieur de nous tous, il y a l’autre personne, l’homme intérieur, que les Ecritures appellent l’homme nouveau , l’homme céleste, la personne jeune, l’ami, l’aristocrate."

Devenons d'abord un peu l'ami de cet ami.

Cessons de fuir, d'acheter tout ce qu'on nous vend et qu'en réalité, nous nous vendons à nous-mêmes, sous prétexte du monde alentour, pour nous distraire de l'ici et du maintenant.

Tournons-nous vers le grand livre de la nature, où tout est dit, y compris ce que nous sommes et deviendrons. Et paradoxalement, pour devenir "l'homme nouveau", inspirons-nous de notre Histoire et de nos traditions.

Un simple pas dans la bonne direction, et nous pourrions découvrir une étrange aptitude du changement intérieur à modifier l'apparence de toutes choses "extérieures". De subie, la pièce de théâtre pourrait devenir jouée.

Il n'y a pas de petit pas. Même le premier, qui seul coûterait, paraît-il.

Loin d'être facile ou romantique, cette simple réorientation demande, certes, un effort largement au-delà des capacités de la plupart des homoncules qui rampent sur la pente de leur prétendue existence.

Mais ce travail de toute une vie, n'est-il pas le seul qui vaille de vivre ?

De toute façon, ce n'est jamais la foule qui fait la Révolution, mais toujours et uniquement une élite.

Ça a déjà commencé.

En fait, c'est le jeu éternel. Ici et maintenant.

En route.

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Victoire