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03/12/2013

Innocente technologie ?

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« (...) le monde avec téléphone portable n’est pas le monde d’avant, "augmenté" du téléphone portable, mais bien un autre monde.

Chacun peut le constater : nos liens sociaux, notre travail, notre langue, notre rapport au temps et à l’espace, notre organisation personnelle et collective, mais aussi nos villes, les réseaux de transport, les services publics, le commerce – tout a été bouleversé par cette technologie. Sans que jamais nous n’ayons eu notre mot à dire sur cette révolution politique. Sans que jamais ne soit réalisé un bilan – un audit comme on dit dans l’industrie – de cette révolution.

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30/11/2013

Atmosphère, vous avez dit atmosphère ?

 

« Du centre de la Bretagne à Villeneuve-sur-Lot (Aquitaine), du département de l'Oise à Brignoles (Var), des zones industrielles du Nord et de l'Est frappées par le chômage de masse aux régions rurales et industrielles de l'Ouest et du Sud-Ouest atteintes par la crise du modèle intensif et l'essoufflement des capacités redistributives, le décrochage frappe des territoires différents mais qui ont en commun d'être à l'écart des métropoles. Cette France périphérique, qui rassemble 60 % de la population, est celle où se déroule le destin de la grande majorité des catégories populaires.

On peut ainsi relever qu'à l'Ouest la crise ne frappe pas Nantes ou Rennes, mais d'abord les espaces ruraux et industriels et les petites villes. La carte des plans sociaux est calée sur celle de la France périphérique, pas celle de la France métropolitaine, qui produit l'essentiel du PIB français. Pour la première fois dans l'histoire, les catégories populaires ne vivent pas là où se crée la richesse.

Ce qui implose sous nos yeux, ce n'est pas seulement un modèle économique, ce sont aussi nos représentations des classes sociales. Or il faut saisir que des catégories hier opposées, ouvriers, employés, petits paysans, petits indépendants, artisans et commerçants, ou encore retraités populaires, salariés fragilisés du privé comme du public, partagent un sort commun face aux conséquences désastreuses de l'adaptation à marche forcée au modèle économique mondialisé. (...)

La recomposition sociale et politique de la France périphérique dessine non seulement les lignes de nouvelles fractures culturelles, mais aussi une redynamisation à venir du débat et même du conflit en politique. Il convient désormais d'ouvrir les yeux sur le sort des catégories populaires dans la mondialisation. Plutôt que les leçons de morale et les discours incantatoires, prenons au sérieux un malaise social et identitaire qui affecte désormais une part majoritaire de la population. »

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29/11/2013

« Vous allez crever »

 

« (...) Avec la financiarisation de l’économie, les entreprises sont devenues des marchandises qui peuvent se vendre, s’acheter, avec des actionnaires qui exigent toujours plus de dividendes. Selon l’Insee, les entreprises industrielles (non financières) ont versé 196 milliards d’euros de dividendes en 2007 contre 40 milliards en 1993. Vous imaginez à quel niveau nous devons être sept ans plus tard ! Notre livre s’ouvre sur une région particulièrement fracassée des Ardennes, avec l’histoire d’une entreprise de métallurgie, qui était le numéro un mondial des pôles d’alternateur pour automobiles (les usines Thomé-Génot). Une petite entreprise familiale avec 400 salariés, à qui les banques ont arrêté de prêter de l’argent, du jour au lendemain, et demandé des remboursements, parce que cette PME refusait de s’ouvrir à des fonds d’investissement. L’entreprise a été placée en redressement judiciaire. Un fonds de pension l’a récupéré pour un euro symbolique, et, en deux ans, a pillé tous les savoir-faire, tous les actifs immobiliers, puis fermé le site. 400 ouvriers se sont retrouvés au chômage. C’est un exemple parmi tant d’autres ! Si vous vous promenez dans les Ardennes aujourd’hui, c’est un décor de mort. Il n’y a que des friches industrielles, qui disent chaque jour aux ouvriers : "Vous êtes hors-jeu, vous n’êtes plus rien. On ne va même pas prendre la peine de démolir vos usines, pour faire des parcs de loisirs pour vos enfants, ou pour planter des arbres, pour que vous ayez une fin de vie heureuse. Vous allez crever".

(...) nous sommes toujours dans un système oligarchique. Nos dirigeants sont tous formés dans les mêmes écoles. Quelle différence entre Dominique Strauss-Kahn et Nicolas Sarkozy ? Je ne suis pas capable de vous le dire. L’histoire bégaye. Un exemple : le secrétaire général adjoint de l’Élysée est actuellement Emmanuel Macron, qui arrive directement de la banque d’affaires Rothschild. Sous Nicolas Sarkozy, ce poste était occupé par François Pérol, qui venait aussi de chez Rothschild. Les banques Lazard et Rothschild sont comme des ministères bis et conseillent en permanence le ministre de l’Économie et des Finances. La mission de constituer la Banque publique d’investissement (BPI) a été confiée par le gouvernement à la banque Lazard... Et la publicité sur le crédit d’impôt lancé par le gouvernement a été confiée à l’agence Publicis. Qui après avoir conseillé Nicolas Sarkozy conseille maintenant Jean-Marc Ayrault. On se moque de nous !

Pierre Moscovici et François Hollande avait promis une loi pour plafonner les salaires de grands patrons. Ils y ont renoncé. Pierre Moscovici a annoncé, sans rire, qu’il préférait "l’autorégulation exigeante". Des exemples de renoncement, nous en avons à la pelle ! Le taux de rémunération du livret A est passé de 1,75 % à 1,25 %, le 1er août. Le même jour, Henri Emmanuelli, président de la commission qui gère les livrets A, a cédé au lobby bancaire, en donnant accès aux banques à 30 milliards d’euros supplémentaires sur ces dépôts. Alors qu’elles ont déjà reçu des centaines de milliards avec Nicolas Sarkozy ! Elles peuvent prêter à la Grèce, au Portugal, avec un taux d’intérêt de 8 ou 10 %... Avec le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), entré en vigueur le 1er janvier 2013, c’est encore 20 milliards d’euros de recettes fiscales en moins chaque année, offerts aux entreprises, et qui plombent le déficit public de façon absolument considérable. (...) »

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26/11/2013

« L’oligarchie est condamnée par l’union des membres du corps social »

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« (...) Parce que l’oligarchie ne règne qu’en divisant et mystifiant, son pouvoir est condamné, parce qu’elle ne peut plus ni mystifier, ni diviser. Son pouvoir est condamné par la réunion des membres du corps social, devenus solidaires, dans les territoires, au moment même où ils se libèrent des illusions.

Ainsi allons-nous nous réapproprier le crédit et la monnaie, rebâtir notre industrie, instaurer une laïcité effective en mettant à bas la dictature d’une culture nihiliste érigée en religion d’Etat, restaurer la démocratie.

Telle est la détermination qui est destinée à se renforcer dans une prise de conscience continue au cours des mois et années qui viennent.

Face à cette marée montante, l’oligarchie est privée de toute vision nationale, européenne ou globale, sauf de s’accrocher au pouvoir et de continuer sa prédation en radicalisant ses dogmes, en supprimant les libertés des Français, en leur volant leur travail et leur propriété, et en essayant de les affaiblir mentalement par la corruption des mœurs et la confusion des idées.

Ce travail de destruction peut obtenir des succès, mais comme nous sommes en fin de cycle, la défaite de l’oligarchie est de loin le scénario plus probable. Comme me disait il y a quelques jours un jeune professionnel, les oligarques sont encore en position de négocier honorablement leur départ. S’ils choisissent de s’accrocher et de tyranniser, ils finiront très mal. (...) »

Henri Hude

24/11/2013

François Hollande, libéral de longue date

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(...) François Hollande a collaboré à un ouvrage, La Gauche bouge, édité en 1985, aujourd’hui « épuisé ». Ce livre témoigne de l’adhésion au libéralisme d’un homme politique encore très jeune. Âgé de trente et un ans, François Hollande est alors conseiller référendaire à la Cour des comptes et maître de conférences à Sciences Po. Le livre est publié sous le pseudonyme de Jean-François Trans, mais les noms du futur président de la République et des quatre auteurs figurent en page 6. Il s’agit de : Jean-Michel Gaillard, trente-neuf ans, conseiller référendaire à la Cour des comptes et maître de conférences à l’ENA ; Jean-Pierre Jouyet, camarade de promotion à l’ENA de François Hollande, trente et un ans, inspecteur des finances et président du club Démocratie 2000 ; Jean-Yves Le Drian, trente-huit ans, agrégé d’histoire, député-maire de Lorient, actuel ministre de la Défense ; Jean-Pierre Mignard, trente-quatre ans, avocat au barreau de Paris, ancien membre de la direction politique du PSU, adhérent d’une organisation catholique internationale de défense des droits de l’homme.

Dès l’introduction, le lecteur est prévenu : « Finis les rêves, enterrées les illusions, évanouies les chimères. Le réel envahit tout. Les comptes doivent forcément être équilibrés, les prélèvements obligatoires abaissés, les effectifs de la police renforcés, la Défense nationale préservée, les entreprises modernisées, l’initiative libérée » (page 9). Pas de langue de bois pour ce club des cinq qui veut gagner des postes importants au sein du Parti socialiste, puis, à terme, au niveau national, en fondant un mouvement, « Trans-courants », chargé de balayer les rentes des féodalités installées dans les différentes tendances du Parti socialiste, au bénéfice d’un consensus autour d’une gauche dite « moderne » et libérale. Les membres de ce petit club prirent l’habitude de se retrouver dans une arrière-salle de la maison d’édition P.O.L. dont Jean-Jacques Augier possédait alors 60 % des parts. « Il ne s’agit plus à la fin du XXe siècle d’assurer la représentation politique de la classe ouvrière alors que les catégories sociales perdent en cohésion et que le salariat s’est profondément recomposé, ou de renforcer encore l’État-providence alors que celui-ci parvient de plus en plus difficilement à se financer et que les risques traditionnels sont correctement couverts » (page 11).

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Jean-Luc Gréau sur le néolibéralisme

« L'Occident prisonnier du système néolibéral » par Jean-Luc Gréau, conférence à l'Institut d'Etudes Avancées de Nantes, le 14 mai 2013.

21/11/2013

La petite entreprise qui ne connaît pas la crise

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« Le parquet de Paris a ouvert en avril une enquête préliminaire, toujours en cours, sur le micro-parti de la présidente du FN Marine Le Pen, a-t-on appris jeudi de source judiciaire, confirmant une information de Mediapart.

Cette enquête, confiée à la Brigade financière de la police judiciaire parisienne, porte aussi sur le micro-parti de Jean-Marie Le Pen, Cotelec. Les investigations concernent notamment les prêts accordés par ces deux structures à des candidats FN lors des cantonales de 2011 et des législatives de 2012, a-t-on précisé à l'AFP.

Selon la source judiciaire, l'enquête a démarré après une "dénonciation" de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), qui n'a souhaité faire aucun commentaire à l'AFP. Le micro-parti Jeanne, lancé fin 2010, est dirigé par des proches de la présidente du FN. (...)

Alors que Mediapart évoque des taux d'intérêts "particulièrement élevés de 6,5% ou 7%" dans les prêts accordés par Jeanne à des candidats frontistes, Marine Le Pen a répondu qu'il s'agissait d'un "débat (...) complètement dérisoire quand on sait que ces prêts sont de court terme".

Selon Mediapart, Jeanne a fourni des kits de campagne électorale aux candidats FN pour les cantonales de 2011 et les législatives de 2012, kits conçus par la société Riwal, dirigée par Frédéric Chatillon, un proche de Marine Le Pen et ancien leader du Gud, le syndicat étudiant d'extrême droite. Une source au FN a confirmé que Riwal était le "prestataire principal" de Jeanne.

Selon les comptes du micro-parti pour l'année 2011, consultables sur le site de la CNCCFP, Jeanne a effectué cette année-là pour quelque 1,7 million d'euros d'achats et a facturé pour 1,8 million d'euros de "services" aux "candidats pour les campagnes électorales". Selon Mediapart, ce chiffre a atteint près de 9 millions d'euros en 2012, année des législatives.

Pour Marine Le Pen, "la CNCCFP a validé les comptes de Jeanne sans aucune remarque et les comptes de campagne des candidats qui ont bénéficié des prêts ont tous été validés sans aucune remarque".

La CNCCFP avait validé les comptes de la campagne présidentielle 2012 de Marine Le Pen et jugé qu'elle devait être remboursée par l'Etat au maximum légal, soit 8 millions d'euros. Mais la commission avait exclu plusieurs dépenses, estimant que celles-ci ne devaient pas être remboursées. Parmi elles, les intérêts de prêts accordés à la candidate par Cotelec et Jeanne. A ce titre, 254.430 euros d'intérêts d'emprunts avaient été retirés. »

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16/11/2013

Suicide nucléaire, mode d'emploi

Inévitable décroissance (N.B. : droitards, s'abstenir)

Si ça vous intéresse, lisez aussi cet article, tiens.

15/11/2013

Convergences tactiques vs abstractions idéologiques

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« Les événements bretons font beaucoup parler et, de façon amusante, à gauche comme à droite.

Lorsqu’un mouvement échappe au contrôle des Parisiens et de leurs états-majors, il suscite la méfiance et forcément appelle sur lui une stigmatisation sans pitié. Le plus divertissant de ce dégoût exprimé par le sérail des beaux quartiers est probablement à lire à gauche : non parce que la gauche est moins tolérante que la droite, mais parce que son embarras vis-à-vis d’une rébellion spontanée permet, comme une étude de cas, de mesurer toute l’ambiguïté de la notion de "mouvement social" tant aimée par les révolutionnaires du dimanche. Lorsqu’un "mouvement social" survient, on découvre subitement que ceux qui l’appelaient de leurs voeux le trouvent beaucoup moins pittoresque que dans leur imagination. On veut bien la Révolution, mais à condition d’en choisir le contenu et les acteurs, et de pouvoir la désavouer si elle nous échappe ou nous déborde par la droite. Sans mauvais jeu de mots. (...)

Ainsi, au moment même où les députés débattaient de la généralisation de la complémentaire santé par un mode de distribution qui nourrit les organisations syndicales (les accords de branche), la CFDT écrivait : "Condamnant la violence de la manifestation du 26 octobre, la CFDT Bretagne et le syndicat CFDT de l’agroalimentaire Bretagne refusent l’instrumentalisation de la légitime inquiétude des salariés et des entrepreneurs de la région".

La CFDT ne fut évidemment pas la seule à prendre ses distances. La CGT a pour sa part écrit un communiqué triomphaliste sur la manifestation de Carhaix : "Tandis que les médias n’avaient d’yeux que pour les bonnets rouges rassemblés à Quimper samedi dernier, les organisations syndicales bretonnes de la CGT, FSU, Solidaires réussissaient à rassembler 3.000 salariés à Carhaix pour contribuer à faire un choc de clarification face aux manipulations opérées par le patronat, ainsi que par des forces politiques". Surtout, ne soupçonnons pas la CGT de participer à une révolution, qui est forcément une manipulation patronale.

En soi, cette prise de distance est révélatrice du fossé qui s’est creusé entre les "officiels" de la Ve République, transis d’admiration pour des mouvements sociaux idéalisés et pour ainsi dire abstraits, d’un côté, et le pays réel, de l’autre, qui mélange allègrement les forces et les classes pour mener des opérations tactiques d’une efficacité redoutable. Le mouvement breton constitue là encore un objet d’analyse passionnant : il illustre un basculement de la société française dans une forme de conflictualité qui n’est plus contrôlée par le pouvoir en place. (...)

Statistiquement, il est (...) possible d’objectiver le malaise breton en mettant en exergue le sentiment de déclassement et de fragilisation qui explique une bonne part de la révolte à laquelle nous assistons. Il y a bien un sujet de classe sociale en Bretagne.

Faut-il en déduire que le mouvement breton est un "mouvement social" au sens où la gauche traditionnelle l’entend, c’est-à-dire l’expression d’une réaction du prolétariat contre la domination dont il est victime ? Probablement pas, puisque sa force provient de l’alliance tactique passée entre forces de gauche et forces de droite, forces patronales et forces salariales.

Précisément, l’action bretonne nous délivre un enseignement plutôt intéressant : non, la Révolution ne naît [pas] d’une action unilatérale d’une force sociale contre les autres. Elle naît plutôt de la convergence tout à fait transitoire et brinquebalante, tout à fait accidentelle et circonstancielle, entre des forces souvent opposées, mais qui se découvrent un intérêt temporaire commun. Ajoutons que, s’agissant de la Bretagne, cette convergence s’appuie sur une identité politique forte (la lutte millénaire qui oppose Bretons et "Francs") et sur des relais d’opinion structurés, qui permettent à cette convergence d’exister.

Ces quelques ingrédients sont à mûrir longuement pour une reproduction éventuelle de la recette. »

Eric Verhaeghe