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14/12/2011

Vous avez dit : fuite en avant ?

 

« C'est le chiffre du jour et il fait froid dans le dos : selon l'OCDE, les besoins de refinancement des pays développés atteindront 10.500 milliards de dollars en 2012, contre 10.400 dollars en 2011. Dans l'absolu, ce montant n'est pas un record  : il était légèrement supérieur de quelques centaines de milliards en 2009 et en 2010, en plein coeur de la première phase de la crise financière.
Mais comparé aux niveaux d'avant crise, ce montant est colossal, presque supérieur d'un tiers aux besoins du milieu des années 2000. Entre 2008 et 2012, les Etats de l'OCDE auront emprunté, en brut, plus de 40.000 milliards de dollars. A titre de comparaison, les réserves de change chinoises sont évaluées aux alentours de 3.500 milliards de dollars. C'est dire la dépendance des Etats aux investisseurs privés.

Dans le détail, l'OCDE pointe deux tendances inquiétantes pour nos vieux pays :

- D'abord, les pays développés vont avoir besoin de refinancer 30% de leur dette moyen-long terme arrivant à échéance, au cours des trois prochaines années. C'est colossal. Autrement dit, les Etats devront non seulement financer leurs déficits, mais aussi réemprunter pour rembourser la dette contractée au cours des dernières années.

- Ensuite, il existe une divergence de plus en plus profonde entre pays "riches". Les membres du G7 devraient ainsi voir leur endettement cumuler [sic] à 87,9% du PIB en 2012, alors que la moyenne de l'OCDE sera de 74,9%. Surtout, la sous-catégorie des pays "émergents" au sein de l'OCDE (Mexique, Corée du Sud, Turquie...) vont voir leur besoin de refinancement retomber, en 2012, à leurs niveaux de pré-crise de 2009. Et donc leur endettement se réduire. (...) »

Source

12/12/2011

« Pou-tine-est-fi-ni, Le-Fi-ga-ro-est-dans-la-rue ! »

Un exemplaire du Figaro (non, de Libé, ou plutôt du Nouvel Obs... enfin, je ne sais plus)

 

« Pou-tine-est-fi-ni, Le-Fi-ga-ro-est-dans-la-rue ! », voilà le genre de slogans que devrait glapir la grande presse française aux mains du capital, qui prend ses désirs russophobes pour des réalités.

Par exemple, après s'être réjoui de ce que les dernières élections législatives aient constitué « un sévère revers pour le parti de Poutine », ce bon Pierre Avril - un grand romantique, même sa coiffure en témoigne, hahaha ! -, n'a rien trouvé de mieux que de titrer, dans Le Figaro :

« Russie : un élan démocratique s’oppose à Poutine »

« Poutine ébranlé par une contestation sans précédent ».

On voit que le journal favori de l'UMP rejoint dans le trip révolutionnaire anti-Poutine les gauchistes de Rue89 et les fans du Parti Communiste Russe.

Alors que, avec un système de vote à la proportionnelle (système que ne pratique plus la France de l'UMPS, adepte du scrutin majoritaire, on se demande pourquoi) Russie Unie, le parti de Poutine, a, contrairement aux prévisions de Pierre Avril, conservé la majorité absolue à la Douma avec 49,32 % des voix, un score que lui envieraient tous les partis de France, les médias occidentaux estiment qu'il n'y a pas de démocratie en Russie, rien que des fraudes massives, et que « Poutine ne fait plus rêver les Russes ».

Alors que, suivant l'opposition russe elle-même, les manifestants du 10 décembre à Moscou, ville la plus peuplée d'Europe avec près de 15 millions d'habitants dans l'aire urbaine selon Wikipédia, étaient « 40.000 » et que, selon 20minutes, ils étaient « entre 25.000 et 50.000 », Pierre Avril, lui, en voit « quelque 50.000 », puis « entre 50.000 et 80.000 ». Comme bien des médias occidentaux. Des « manifestations monstres », vraiment ? Allez donc voir les photos de la « révolution des neiges », comme l'appelle Alexandre Latsa... Vous en rigolerez avec moi, tout en tirant les leçons d'une indéniable usure du pouvoir, comme le fait Xavier Moreau qui, par ailleurs, dénonce dans le détail l'influence occidentale sur ce raout manqué.

A en croire les propagandistes inavoués de la ligne Brzezinski-Soros, Poutine serait effrayé par cette véritable marée humaine (comme Sarkozy, je suppose, par le million de manifestants contre la réforme des retraites à l'automne 2010, dans un pays deux fois moins peuplé...) et n'oserait rien dire, tant la vérité lui aurait éclaté à la figure.

Bah, désolé, Messieurs les augures, il n'en est rien. Non seulement il ne se sent pas si contesté que ça et dit que les fraudes électorales sont mineures (N.B. : en France, ça n'existe pas, bien sûr), mais encore Medvedev a ordonné une enquête (N.B. : en France, on fait mieux, hein) et enfin, eh bien tout simplement, Messieurs les larbins de Washington, allez vous faire foutre.

Heureusement, quelques voix plus objectives se font entendre, à commencer par celle de Philippe Migault, chercheur à l'IRIS :

« Ce qui me frappe, c'est la manière dont est interprétée cette élection... Il serait question d'une montée en puissance de l'opposition, mais de quelle opposition parle-t-on ?

Les trois autres partis représentés à la Douma sont loin d'être démocratiques, au sens où l'on entend en Europe occidentale. Il ne faut donc pas s'imaginer que ce sont des forces progressistes :

L'opposition politique n'est donc pas une référence, et il n'est pas certain que les Russes gagneraient au change si Russie Unie perdait la préférence populaire.

Quant aux libéraux, qui ont des valeurs semblables à celles de l'Union européenne, à savoir l'économie de marché et la démocratie, ils ne font que 3% des voix. »

Comme d'habitude, c'est encore chez nos amis de Realpolitik.tv qu'on trouve l'analyse la plus synthétique, celle qui prend le plus de recul :

« Les élections législatives marquent à n’en pas douter, un ancrage définitif de la Russie dans un modèle de développement démocratique autonome, éloigné des influences occidentales. La baisse de Russie Unie était prévisible tant le résultat de 2007 fut exceptionnel, avec plus de 60% des voix. Le parti au pouvoir conserve une confortable avance sur ses rivaux. L’importance de ces élections n’est pas dans cette baisse de Russie Unie, qui n’empêchera pas, de toute façon, Vladimir Poutine de gouverner pendant son prochain mandat. Ce qui compte avant tout, c’est le rejet massif de l’influence occidentale par le peuple russe. Les moyens engagés par les ONG américaines l’auront été en pure perte. Même à Moscou, le parti Yabloko, considéré comme le plus libéral, recueille à peine 10%. La nouvelle classe moyenne russe ou les milieux populaires, lorsqu’ils n’ont pas voté Russie unie (49,7%), ont voté communiste (KPRF : 19,15%), Russie Juste (parti proche de Russie Unie : 13,16%) ou pour les ultra-nationalistes de Vladimir Jirinowski (LDPR : 11,7%). Au total, plus de 90% du corps électoral russe rejette l’influence occidentale.

La Russie semble définitivement guérie de son engouement pour le modèle occidental du début des années 90. Le modèle consumériste, si visible à Moscou, n’est pas venu à bout à bout de l’âme russe. Les trois millions de fidèles qui ont défilé devant la ceinture de la Vierge dans toute la Russie, attendant pendant des heures, la nuit et dans le froid sont là pour en témoigner. Les Russes, soutenus en cela par leurs élites reconstruisent leur identité autour du christianisme, ce qui est également une rupture nette avec l’Occident ou la laïcité militante est devenue religion d’État.

Absence de partis pro-occidentaux à la Douma, reconstruction de l’identité russe autour du christianisme, piété populaire, refus de l’affrontement civilisationnel, interdiction du prosélytisme homosexuel, c’est le modèle européiste au complet qui est rejeté par le peuple russe et ses élites dirigeantes. Paradoxalement, c’est un modèle de développement qui pourrait inspirer les sociétés européennes enfoncées dans une crise autant économique que morale. »

A méditer par les droitards qui trouvent sympa le fils d'oligarque propriétaire de France Soir, le journal qui se réjouit de ce que le Centre Carnegie de Moscou parle de « crise politique grave », parce que ce type a dit qu'il voterait pour Marine Le Pen... On a les amis auxquels on ressemble.

11/12/2011

FED : 30.000 / BCE : 274

Drapeau de style aussi écossais que la suite

 

Y a pas à dire, dans le domaine de la propagande, les Ricains sont ultra-compétitifs. Un véritable exemple pour les sous-doués que nous sommes.

Ça fait maintenant deux bonnes années qu'ils nous bassinent avec la crise de la zone euro et que, décidément, nous faisons trop les cons pour piger.

Selon leurs exemplaires médias, relayés par des modèles d'objectivité anglais comme le Telegraph et le Financial Times, nous serions dans la merde la plus noire qu'on ait jamais connue. Nous serions les pays les plus endettés de la planète, nous aurions les économies les plus pourries au monde, nous traînerions avec la Grèce, l'Espagne, l'Italie, le Portugal et l'Irlande, voire avec la France et l'Allemagne, des boulets intraînables, nos banques seraient les plus vérolées de la collection printemps-été-automne-hiver, tout ça ne mériterait que dégradations de notes en rafale et déplacements d'urgence de Timothy Geithner, afin de nous apprendre les rudiments de l'économie à l'américaine et du simple bon sens.

Sans parler de notre atavique incapacité à nous mettre d'accord pour marcher un minimum dans la même direction, malgré les leçons de démocratie, de commerce et de fédéralisme que veut bien donner le bienveillant Oncle Sam, depuis soixante ans, à notre Union européenne qu'il a portée sur les fonts baptismaux, encouragée, soutenue, tenté par tous les moyens de mettre périodiquement à jour comme les meilleurs systèmes Microsoft, mais toujours contrarié en tout cela par notre infinie nullité, par notre indécrottable socialisme, par notre insane volonté de mettre en place, en réalité, une pitoyable UERSS dont le monde entier ne peut que se gausser.

Les Etats-Unis, eux, vertueux parangons du poker gagnant de la monnaie-phare planétaire qui permet éternellement de tout se payer sans rien payer, de la financiarisation audacieuse d'une économie appuyée sur Wal-Mart, l'industrie militaire et la Silicon Valley (cette dernière donnant une plus-value insurpassable à des ordinateurs et des téléphones fabriqués en Chine et revendus à des gogos du monde entier), des bulles exemplaires par leur démesure comme par les remèdes géniaux qui leurs sont toujours apportés par de sages Milton Friedman ou Ben Bernanke ; les Etats-Unis, eux, ne sont pas comme ça. Heureusement pour le monde.

Car aux Etats-Unis, non seulement on a l'esprit d'entreprise, on ne se laisse pas limiter par un esprit étriqué comme celui des Européens, on ne met pas systématiquement un frein à ce qui rapporte et permet à celui qui s'enrichit de faire ruisseler ses bienfaits sur ses collaborateurs, on sait reconnaître le mérite et le travail contrairement à ce que peuvent faire croire les socialistes comme Obama et les gauchistes comme ceux d'Occupy Wall Street, mais encore on est malin, bordel. Tellement finaud qu'on sait faire des compromis permettant aux nerfs de la guerre, les banques, de continuer à financer la prospérité contre vents et marées.

Eh oui, les grands principes, c'est bon pour les nigauds. Et les Etats-Unis d'Amérique nous prouvent, à nous autres sots, que dans ce domaine aussi, ils nous battent à plate couture. Il n'y a pas photo.

A tel point que le titre de ce billet a dû être condensé. Sinon, il ne tenait pas dans l'espace dévolu aux titres.

L'ampleur du score est en effet telle, qu'elle évoque davantage la longueur d'un voyage Terre-Lune qu'une raisonnable mesure de la différence entre l'intelligence et la puissance américaines et la balourdise européenne.

J'ai déjà évoqué, à plusieurs reprises, l'écrasante supériorité des dettes de l'anglosphère. C'est à croire - passons sur leur volume astronomique - qu'elles doivent être sacrément de meilleure qualité que les nôtres pour que personne ne leur accorde l'importance qu'une telle performance mérite. C'est à désespérer - passons sur le faible talent de nos journalistes et de nos économistes, décidément inférieurs en tout à leurs homologues anglo-saxons - de l'honnêteté de nos médias qui pourraient quand même reconnaître au moins une telle valeur à l'emprunt anglo-saxon, sur lequel nous devrions prendre exemple. Las ! Comme dans tant d'autres domaines, nous sommes sans doute trop accablés par un écart aussi humiliant.

Quand même, depuis 2008, 30.000 milliards de dollars de planche à billets pour la FED, contre seulement 274 milliards de dollars pour la BCE (si on prend un dollar à 1,35 euro, ce qui est encore optimiste par les temps qui courent), il faut le dire, c'est parfaitement lamentable. C'est la honte, je ne crains pas de le dire, moi.

Et encore, non contents de ne faire que 274 malheureux milliards, nous trouvons le moyen de nous plaindre que ce serait trop. Authentique.

Encore un peu, et il va falloir que les banquiers européens supplient la BCE de les aider. Pas étonnant que nous soyons dans la panade.

Où allons-nous, je vous le demande.

08/12/2011

Le malentendu du « socialisme » révolutionnaire

« Sur les quais », allégorie d'un détournement mafieux des principes de la solidarité sociale

 

Louis Alexandre et Fredérik Melville, deux sympathiques membres de la petite mais dynamique OSRE (Organisation Socialiste Révolutionnaire Européenne) et de sa revue Rébellion étaient, dimanche dernier, les invités de Méridien Zéro. Je reprends ici le podcast de l'émission :


podcast

Pour ma part, et pour renvoyer une fois de plus à l'oeuvre de Michéa, je préfère à « socialiste », mot devenu valise tant pour les gauchistes que pour les libéraux, le terme un peu moins connoté de « solidariste » (quoique, pour ceux qui ont entendu parler de Jean Thiriart, cette appellation puisse évoquer autre chose...).

Il n'empêche que, bien comprises (ce qui est le cas, concernant l'OSRE), les bases sont bonnes.

A ce sujet, je souligne que ces bases sont anciennes en Europe, notamment dans le mouvement ouvrier qui a suivi la Révolution Française et au sein d'une partie du christianisme social, mais aussi dans le cadre de la Révolution Conservatrice allemande, comme l'illustrent, par exemple, cet article et cet autre texte.

La longue tradition consistant, pour les éléments les plus intelligents de ce qu'on nomme parfois abusivement « l'extrême droite », à prendre en compte la question sociale, a un bel avenir. Car la clé de cet avenir (révolutionnaire) est étroitement liée à cette question.

Reste à espérer qu'au sein de ce que j'appelle la « vraie gauche » (parmi les intellectuels, Michéa en est l'exemple emblématique), naîtra une véritable prise de conscience de la question, indissociable, de l'identité.

Je suis confiant. Les malentendus sémantiques, comme les aveuglements idéologiques, ne sont pas essentiels, dans la mesure où, contrairement aux stases mentales des périodes de confort, les prises de conscience massives, en période de crise, sont plus concrètes qu'intellectuelles.

Dimitri Orlov : survivre à l'effondrement

On ne présente plus Dimitri Orlov. Ni son blog.

Cette conférence date de février 2009 et n'a pas pris une ride. Il en existe une transcription en français, mais rien ne remplace la possibilité d'en voir cet enregistrement et, entre autres, de savourer l'humour de l'auteur.

 

06/12/2011

Les vertus de l'inaccessibilité : fdesouche.com et fortune.fdesouche.com

 

Depuis bientôt une semaine, les deux sites de réinformation se battent courageusement, avec leurs moyens limités de bénévoles (il ne faut pas croire que les dons font vivre l'équipe de François), contre un piratage informatique dont la seule chose pertinente qu'on peut en dire, actuellement, est qu'il est dirigé contre une des expressions de la vérité.

C'est le piratage par l'ignorance et l'inconscience. On aurait tort d'y voir la fantasmatique toute-puissance d'une hypothétique conspiration car, si les sphères de pouvoir voulaient la mort de Fdesouche, il leur serait facile d'y parvenir.

Connaissant un peu une petite partie de l'équipe de François, je sais que l'inaccessibilité des deux sites depuis aujourd'hui n'est que momentanée. Combien de temps durera-t-elle ? A priori, quelques jours au maximum.

Ne comptez pas sur moi pour vous en dire davantage, ni pour vous expliquer pourquoi je ne peux le faire. Je le sais, de source bien informée, et c'est tout. Ce n'est pas pour faire mon intéressant que je l'écris, ni pour faire de la publicité à mon blog, mais juste pour rassurer ceux qui s'inquiètent.

En attendant, vous pouvez vous rabattre sur le site de secours, vers lequel renvoient, en temps normal, vos liens habituels.

Il n'est pas possible, pour le moment, d'y laisser des commentaires, ce qui devrait d'ailleurs, bien que les deux sujets ne soient pas liés, en conduire certains à méditer sur le fond et la forme de leurs interventions qui ne sont pas autre chose, en général, que des défoulements virtuels, comme sur leur utilité à la cause qu'ils prétendent défendre... Bref.

Même si les diarrhées verbales binaires, agressives, voire haineuses de cette minorité de lecteurs et de commentateurs me débectent et que je pense qu'elles font du tort à Fdesouche, mon but n'est pas de faire la morale à quiconque, de quel droit d'ailleurs ? Je comprends qu'on puisse avoir envie de se défouler, et qu'on ne soit pas nécessairement mal intentionné en le faisant.

Mais si à quelque chose malheur est bon, que le mutisme forcé de ces incontinents verbaux leur serve au moins à se regarder un peu dans un miroir (d'où le verbe réfléchir).

De même, en ce qui concerne le sevrage momentané des soucho-dépendants.

Le but de la réinformation n'est pas de transformer les suiveurs du "Système" en suiveurs de la dissidence.

Pour que cette dissidence vive et envahisse le réel, il est nécessaire que ses membres gagnent en autonomie et en initiative. Le virtualisme de la Toile est déjà suffisamment hypnotique. Il n'est pas souhaitable qu'en plus de river à un écran plusieurs heures par jour, la réinformation devienne une drogue, aboutissant à continuer de subir, mais avec l'alibi de la lucidité. En France, la contestation passive s'exprime dans les urnes depuis près de quarante ans, avec quel résultat ?

A partir d'un certain niveau de connaissance de la réalité, quel besoin y a-t-il de le ressasser ? Au-delà des rencontres internétiques, au demeurant fort agréables, que l'on peut faire sur Fdesouche, et du sentiment communautaire que l'on peut souhaiter cultiver dans le virtuel, quel est le but de la réinformation ? Mener à une routine plaisante, à d'aimables conversations dans un rassurant entre-soi, voire à un défoulement ? Ou bien se libérer de ses chaînes intellectuelles, voire mentales tout simplement, et approfondir sa réflexion par soi-même, pour la transposer dans l'action et devenir soi-même utile ?

La question me paraît mériter d'être posée, ne serait-ce que par respect pour le travail considérable et désintéressé des deux sites concernés.

26/11/2011

Naomi Klein : la stratégie du choc

Je remercie @Eisbär de m'avoir fait découvrir ce film.

 

19/11/2011

Zbigniew Brzezinski constate l'affaiblissement de l'influence américaine

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Il évoque la dimension économique et financière, mais aussi politique de cette perte d'influence dans le monde, due selon lui à la mondialisation et à l'absence d'une direction correspondant à la montée de la puissance spéculative planétaire, sans centre ni régulation, qu'il décrit comme totalement hors de contrôle.

Brzezinski déplore l'ignorance et l'indifférence où il voit la classe politique américaine, quant aux conséquences sociales de cette absence de direction et aux répercussions mondiales de ce provincialisme intellectuel sur l'image des Etats-Unis et leur rayonnement.

Il estime qu'une réaction populaire contre la dynamique insensée de la mondialisation spéculative, les inégalités, les injustices et l'insécurité qu'elle génère, est en train de naître, et il prône une meilleure répartition des richesses.

Même s'il la trouve quelque peu manichéenne, il juge positivement cette réaction populaire, susceptible, selon lui, d'inciter les gagnants de la finance à rendre une partie de leurs profits à la société et les politiciens américains à prendre des mesures de transparence et de contrôle en ce sens. 

C'était le 17 octobre 2011, dans l'émission Morning Joe sur MSNBC. La version intégrale est ici (Désolé, c'est en VO).

03/11/2011

Grèce : prendre un peu de recul...

 

Le directeur du LEAP se serait ridiculisé en louant les qualités du énième dernier plan de sauvetage européen de la Grèce et en pariant sur son succès, juste avant l'annonce par Papandréou d'un référendum sur la question et ses effets dévastateurs sur les cours de la Bourse.

On peut ne pas partager l'européisme de Franck Biancheri et de ses amis, bien qu'ils se réclament d'une vision plus démocratique de ce constructivisme, que ne le font les eurocrates de Bruxelles.

Mais je persiste à penser que, si on s’extrait une minute de l’actualité immédiate (les réactions à courte vue des marchés, le tintamarre médiatique sensationnaliste), Biancheri et le LEAP ont toujours assez largement raison.

Attention, je ne prends pas parti pour l’UE actuelle, ni pour sa politique, reflet néanmoins, ne l’oublions pas, des politiques nationales de ses Etats membres. J’essaie juste de deviner l’évolution globable de la situation.

Quelle que soit l’issue du référendum grec (si référendum il y a), la zone euro a fait la preuve, à l’initiative de l’Allemagne et malgré tous les lamentables cafouillages propres à la calamiteuse architecture politique européiste :

- de sa capacité (certes relative, mais tout de même) à faire payer les banques (au point qu’on peut se demander si Papandréou, outre son problème de légitimité politique interne à la Grèce, n’est pas en mission – il est demi-américain de naissance et a fait ses études aux Etats-Unis – pour la finance américaine) ;

- de son refus d’emboîter le pas aux délirants QE américains de Bernanke and Co. ;

- de sa volonté politique de conserver l’euro et d’en faire une monnaie de réserve susceptible de prendre le relais du dollar ;

- désormais, de laisser la Grèce suivre sa route (a priori, encore moins drôle sans l’euro qu’avec, mais c’est une opinion personnelle, je ne connais pas l’avenir), marquant ainsi non seulement une certaine lucidité quant à l’importance réelle (faible : 2,65 % du PIB de la zone euro) de ce pays au sein de l’Union monétaire, mais surtout, contrairement à ce qu’on peut lire ici et là, une volonté moins « totalitaire » que prévu.

A ce sujet, il est quand même assez amusant de voir Dupont-Aignan reprocher à la zone euro (en fait, au couple Sarkozy-Merkel, traités d’ « apprentis dictateurs ») de faire du chantage à la Grèce pour qu’elle renonce à son référendum ou fasse en sorte que le vote soit favorable à l’euro.

Qu’est-ce que les défenseurs à tous crins de la souveraineté et de la dignité des Grecs face aux banques entendent par ce « chantage » ?

Simplement, le fait qu’en cas de « non » à un éventuel référendum, eh bien, le dernier plan de sauvetage conclu avec l’accord des dirigeants grecs, ne serait pas appliqué. Fin des aides financières à la Grèce. Quoi de plus normal, puisque la Grèce n’en veut plus ?

Eh bien non. Les mêmes Français soucieux de leurs « petits sous », tellement en défaveur de toutes les aides à la Grèce tout en déplorant, la main sur le coeur, la situation du peuple grec (- « Oh, t’as vu le pauvre mendiant ? » – « Ah oui, c’est triste, mais faut surtout pas lui donner d’argent »…), viennent maintenant dire qu’il serait dégueulasse de faire ce qu’ils souhaitent, c’est-à-dire d’arrêter de donner (pardon, de prêter) à la Grèce ! C’est grotesque.

Il n’y a pas de « chantage ». Pourquoi les contribuables de la zone euro devraient-ils aider la Grèce malgré le revirement des dirigeants grecs sur le plan de sauvetage, aussi imparfait soit-il ?

Je veux bien que le peuple grec soit victime de la corruption de ses élites depuis des lustres, victime aussi de l’aide intéressée apportée à ses dirigeants par certaines grandes banques, que le prêt à intérêt c’est du vol, etc.

Mais tout de même, à un moment donné, il faut arrêter les mouchoirs et regarder la réalité en face.

La Grèce est un pays « souverain », comme certains aiment à le dire de la Slovaquie ; pays souverain, qui vit au-dessus de ses moyens depuis des lustres en truquant sa comptabilité publique, où la corruption est quasi-généralisée, où aucun effort de rationalisation fiscale n’a jamais été fait et qui a largement profité de son entrée dans la zone euro pour redoubler d’emprunts.

Et on voudrait nous faire croire que les Grecs sont tous des victimes, que ce sont les Français et les Allemands, riches prêteurs via leurs banquiers privés, les salauds ?

Le petit peuple grec est à plaindre. Le reste des Grecs, tout ceux qui ont bien profité du système, non. Que les élites grecques s’expliquent avec leurs électeurs et clients, cela ne nous regarderait que si nous adoptions le détestable « devoir d’ingérence » cher à Kouchner et BHL.

Personnellement, si Papandréou et l’ensemble des politiciens grecs étaient, dans les prochains mois, lynchés par une foule de nouveaux pauvres et pendus aux réverbères d’Athènes, je ne lèverais même pas un sourcil.

Mais qu’on ne vienne pas me dire qu’aider la Grèce contre la volonté de ses dirigeants, voire contre celle de son peuple (puisqu’il paraît que le référendum verrait un « non » massif au plan de sauvetage européen – j’en suis beaucoup moins sûr que les médias et la droâte nationale, tous d’accord avec les altermondialistes pour le coup, mais enfin…) ; qu’on ne vienne pas me dire, donc, qu’aider la Grèce si elle le refuse, ce serait justifiable d’une façon quelconque.

Ah au fait, une question à tous les grands savants furieusement en faveur d’une sortie de l’euro de la part de la Grèce : à qui ce pays ruiné va-t-il bien pouvoir emprunter pour continuer de financer son train de vie largement au-dessus de ses moyens ?

Admettons même que le gouvernement tombe et que, miracle, un autre plus intègre lui succède (on peut toujours rêver).

Admettons, suprême audace onirique, que ce gouvernement intègre décide de répudier la dette publique grecque, de faire défaut, de repartir de zéro.

Bon. Moi, je suis pour, hein. Jamais aimé les banquiers. Rien à foutre des épargnants qui seraient lésés par le défaut grec.

Seulement, le problème, pour la Grèce, c’est que, si elle pourra repartir (je suis d’accord avec Patrick Reymond qui donne l’exemple de l’Islande : quand on a fait faillite une bonne fois, on vous reprête, après ; sauf que l’Islande a des ressources naturelles et industrielles, et une réputation de travail, toutes choses qui ne sont pas si évidente du côté d’Athènes), il faudra quand même qu’elle encaisse un appauvrissement carabiné.

Que produit la Grèce ? Qu’a-t-elle à manger, à vendre, à exporter ? Sa marine marchande, à l’heure de la démondialisation ?

A force de ne voir que la finance, on en oublie l’essentiel, l’économie réelle.

La vraie question, c’est : comment les Grecs vont-ils encaisser une décroissance pour le moins gratinée, bien pire encore que celle contre laquelle ils manifestent déjà ? En développant le tourisme ? Si les touristes sont « accueillis » par le spectacle des Black blocks et de leurs barres de fer, le chiffre d’affaires risque d’être limité.

Les Grecs ont le choix : être prolongés de quelques années maximum par la zone euro et faire défaut avec tout le monde (ce qui est quand même plus convivial, plus festif : j’imagine les evzones dansant le sirtaki devant la fontaine Saint Michel en balançant des liasses d’euros sans valeur, applaudis par des ex-touristes allemands subitement néo-pauvres, coincés à Paris sans même un ticket de métro) ou plonger seuls, tout de suite, peut-être dans la révolution mais, avec certitude, dans la misère.

Sans parler du FMI et autres vautours et donc, d’une autre « tutelle » que celle de la zone euro, car qui voudra des obligations d’Etat grecques avec le taux record desquelles on nous bombarde quotidiennement ? Qui d’autre que le FMI voudra prêter à la Grèce ?

Alors, je pense… que malgré tout, la Grèce va rester dans l’euro.

Nous verrons bien.

Probablement, le LEAP s'illusionne sur la pérennité économique et financière de l'Europe actuelle. Il faut espérer, d'ailleurs, qu'il s'illusionne, parce que dans le cas contraire nous aurons, à terme, troqué la domination de l'hyperclasse anglo-saxonne, désormais vouée à l'affaiblissement voire à l'implosion, contre celle, exclusive, de l'hyperclasse ouest-européenne continentale.

Mais cela n'enlève rien, à mes yeux, à la pertinence de ses analyses par ailleurs.

28/10/2011

Marre de l'économie ?

 

La crise ? La crise ? Mais c'est toujours la crise ! La vie entière est une crise. C'est « l'inconvénient d'être né ».

Vous en avez assez qu'on ne vous parle plus que de l'explosion prétendument imminente de la « zone euro » (comme si ce n'était pas assez la zone comme ça...) ?

Ça vous fait bâiller que les médias débiles des vendeurs de « temps de cerveau disponible » n'aient plus à la bouche que les montants astronomiques de la dette grecque, les plans de sauvetage, les écart de taux des obligations soi-disant « souveraines » et la valse du CAC 40, quand ils n'en pipaient mot à l'époque, pas si lointaine, où vous, vous connaissiez déjà tout ça par coeur  ?

Parce qu'en plus, ces clowns, bien dressés à coups de pubs Coca Connard, ils oublient toujours l'éléphant au milieu du couloir : vous savez, les grands patrons de New York et de la City, les mafiosi, les dealers de billets verts tout frais sortis de la planche à imprimer et de CDS adossés à l'air du temps, c'est-à-dire au vide sidéral d'une production si délocalisée qu'elle est partie en voyage sur le Styx...

Ils ne disent pas le quart de la vérité et cette vérité est si déformée, si commanditée, que leur matraquage racoleur finira par abrutir jusqu'au plus dopé des traders (vous me direz, on n'abrutit pas les abrutis...).

Dans ce brouhaha incantatoire de banquiers interlopes, de politicards demi-mondains et de vraies putes journalistiques, on finirait presque par se demander ce qui peut bien nous rester, à nous les proscrits, les interdits de parole, les pestiférés « fâââchistes », à part sortir le flingue virtuel de nos piaffantes velléités révolutionnaires et défourailler dans le gras de tous ces histrions communicants pour leur apprendre à fermer leurs mouilles.

Eh ben, mes camarades, c'est comme la pluie. On attend un peu, et le soleil reparaît. Toujours. Bon, perso j'aime la pluie, donc ce n'est pas une image idéale, mais pourtant c'est aussi simple que ça.

Donc, on attend. De préférence, comme c'est l'automne, au coin du feu, tous instruments d'abrutissement médiatique éteints ou lancés à les écrabouiller, depuis belle lurette, dans le conteneur à ordures dont ils n'auraient jamais dû sortir, et on se prélasse un peu. Avec une jolie femme ou, faute de grive, avec une tablette de chocolat noir aux noisettes et une bonne bouteille de Corbières. Et des bouquins. Et même de la musique.

Bah oui, l'action, ce n'est pas toujours de se remuer. Ce qui manque aujourd'hui, c'est plus souvent la réflexion (sans parler de la pensée), la tranquillité, la sensualité, et le silence. Et pourtant, on dit « se cultiver » et moi, ça m'évoque davantage les labours, l'odeur de la terre et de la sueur, l'effort du paysan et du petit hobereau sur les paysages français, que le smokinge à l'opéra ou les tortillages de cul aux vernissages d'art contemporain...

A propos, un bon feu, c'est facile à faire. Une jolie femme, des tablettes de chocolat et des bouteilles de Corbières, c'est facile à trouver et ça ne coûte pas cher (enfin, sauf la jolie femme bien sûr). Et des bons bouquins, d'hier et d'aujourd'hui, vous n'aurez pas assez de toute votre vie pour en lire.

Pour ma part, je préfère la compagnie d'Ernst Von Salomon à celle de Jacques Attali, celle de Dominique Venner à celle de Marc Fiorentino et celle de Jure Georges Vujic à celle de Herman Van Rompuy.

Vous pouvez aussi écouter ça, par exemple, c'est tellement équilibré que ça vaut presque le silence :


 

Aaaaahhh... Ça va déjà mieux, non ?