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02/01/2011

Alain Soral, nécessaire agitateur d'idées

Le site Ripoublik.com m'a aimablement autorisé à reproduire ici le long entretien qu'il vient de réaliser avec Alain Soral, polémiste talentueux et président de l'association Egalité et Réconciliation.

Je précise d'emblée, tant le sujet est sensible aux yeux de certains patriotes, n'avoir aucun lien avec E&R.

Si je partage une bonne partie de l'analyse qu'elle fait de la société et si, grosso modo, sa charte fondatrice rejoint mes préoccupations, je suis fondamentalement en désaccord avec sa vision assimilationniste du problème de l'immigration allogène, et guère en phase avec l'"antisionisme" par lequel elle entend lutter contre l'influence d'élites et d'officines bien connues, déjà dénoncées ici, parfois autoproclamées représentatives de la communauté juive mais plus souvent cachées derrière le masque des "droits de l'homme".

En effet, l'immigration-invasion que nous subissons et dont Soral dit, à juste titre, qu'elle n'a pas grand-chose à voir avec l'islamisme, est une conquête par capillarité, par submersion ethnique.

Rien, dans l'assimilation (par ailleurs globalement impossible et de toute façon non souhaitable) proposée par E&R, ne permettrait d'espérer la sauvegarde de l'intégrité ethno-culturelle de notre continent, ni donc la survie, ou plutôt la renaissance, de la civilisation européenne.

La réémigration de la grande majorité des allogènes est la seule solution à ce problème et c'est, en ce qui me concerne, un objectif non négociable, même dans le but louable d'éviter une guerre civile, laquelle n'est d'ailleurs aucunement une fatalité, contrairement à ce qu'en pensent les esprits binaires.

Soral lui-même explique particulièrement bien en quoi l'Islam est instrumentalisé par le système, ce dont on peut logiquement déduire que ce dernier n'hésiterait pas à s'en servir pour sa propre survie au cas où elle serait menacée, quitte à l'utiliser pour un conflit armé.

Quant à l' "antisionisme", utiliser ce terme, c'est déjà prendre parti dans le conflit israélo-palestinien, c'est déjà importer ce conflit en France. Or, qui y a intérêt, de part et d'autre, dans notre pays, sinon les Juifs sionistes justement, mais aussi les immigrés musulmans ou arabo-centrés ?

Ce conflit n'est pas le nôtre. Dénoncer l'influence néfaste d'une minorité de la communauté juive en France, c'est une chose. Justifier indirectement la présence et la légitimité des allogènes pro-palestiniens et se ranger de leur côté contre un Etat non-européen, sous prétexte de lutte contre cette influence, c'en est une autre.

Sur ces deux points, je ne peux pas tomber d'accord avec Soral.

De même, sur son avis relatif à F.Desouche. Autant les critiques d'Alain Soral sont justes concernant beaucoup de commentateurs sur le site, autant elles tombent à plat quand elles visent les administrateurs de celui-ci, qui n’ont pas du tout un discours favorable à une guerre civile, ni manifestement une logique d’incitation à la haine.

Certes, le problème pourrait être résolu par l’exigence d’une inscription filtrante au forum du site, mais il me semble que la stratégie de F.Desouche repose essentiellement sur l’influence et la réinformation basique, pour peser sur les médias classiques tout en aidant la fraction la plus intelligente des lecteurs à s’autonomiser, quitte à laisser les imbéciles stagner (ce qui rejoint, somme toute, la vision élitiste de Soral, faite, à mon avis, de pur bon sens).

La partie “influence” de cette stratégie serait évidemment mise à mal par un tel filtrage, qui aboutirait à dissuader une bonne partie du lectorat de rester fidèle au site (les frustrés qui ne pourraient s’exprimer se détourneraient de F.Desouche pour aller sur Bivouac-ID ou autre instrument de récupération atlantiste). Un site de masse n’a en effet d’écho que par la quantité de sa fréquentation.

Les vidéos qui suivent sont, sous ces quelques réserves, passionnantes.

Elles ont l'immense mérite de soulever des questions rarement discutées et surtout, sous un angle original, pour qui en a assez du tintamarre médiatique et des panneaux dans lesquels tant de patriotes tombent si facilement aujourd'hui.

26/12/2010

Selon Pierre Jovanovic, l'anglosphère a déclaré la guerre à la France

Paris XVIIIe, rue Championnet, avril 1944

 

Lors de sa revue de presse du 22 décembre 2010 sur Radio Ici et Maintenant, ce journaliste et écrivain non-conformiste a évoqué le fait suivant, qui, à son avis que je partage, devrait nous inciter à la résistance et à la révolution.

Il est désormais plus cher, pour la finance privée qui nous prête si généreusement de quoi nous esclavager au maximum, de s'assurer contre le non-remboursement de la dette publique française (alors que la France bénéficie pourtant de la note maximale de solvabilité attribuée par les agences), que contre celui du Panama, un pays à la solvabilité considérablement plus faible !

Il faut savoir que, dans le monde, une bonne moitié des contrats d'assurance de ce type, qui font partie de ce qu'on appelle les produits dérivés et, plus particulièrement, des dérivés de crédit (Credit Default Swaps ou CDS, notamment) sont détenus par des grandes banques américaines (quatre surtout : JP Morgan Chase, Bank of America, Citigroup et Goldman Sachs), ce qui est proportionnellement bien supérieur à la part de l'économie américaine dans l'économie mondiale (un quart environ, en partie fictif).

Les banques de l'anglosphère sont clairement les principaux acteurs de ce que l'on appelle la titrisation des dettes.

Donc, de qui, à votre avis, le coût dissuasif des CDS-France peut-il majoritairement émaner ? Et à qui cela profite-t-il ?

Alors que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne sont nettement plus endettés que la zone euro (dette totale - publique et privée - des USA : environ 370% du PIB ; zone euro : environ 220% du PIB ; selon les calculs de l'Université de Fribourg en Allemagne, tenant compte de la distinction entre dettes explicites et implicites, l'Amérique arrive même à 624% du PIB rien que pour sa dette publique, soit deux fois plus que la France ou l'Allemagne) ?

Et qu'il leur est de plus en plus difficile de trouver des prêteurs sur les marchés financiers internationaux, alors qu'ils ont d'énormes besoins de financement ?

Pierre Jovanovic a déclaré, à ce sujet :

"Eh oui, il importe de flinguer la France pour préserver l'Angleterre et les Etats-Unis dans une situation bien pire que nous ! C'est ce que j'appelle la guerre de l'information".

Le sujet a été repris sur son blog, à la même date du 22 décembre 2010.

Voilà l'extrait vidéo de son émission, entre des images des récentes émeutes en Grèce et assaisonnée d'un bon humour potache :

21/12/2010

Ancienne URSS, nouvelle Russie

 

La Russie n'est pas très bien vue chez nous, c'est un euphémisme.

Pas une semaine ne se passe sans que le complexe médiatico-politique ne nous serve un petit laïus bien moral sur le méchant FSB, sur le sort funeste qui attend un pays que les donneurs de leçons ont pourtant bien enfoncé en leur temps, sur la "dictature" poutinienne ou encore sur son laxisme quand il s'agit de lutter pour la "diversité" que nos élites aiment tant... N'en jetez plus. Ah si, tiens : encore un autre lien, juste pour rigoler un peu de ces tartuffes.

Certains auteurs, comme Hélène Blanc et Pierre Avril, dont les allégations ont été contestées par Xavier Moreau et Alexandre Latsa, se sont spécialisés dans le dénigrement de la Russie, fondant notamment leurs attaques sur le fait que le pouvoir actuel serait la continuation cachée du régime soviétique.

Sans parler, du côté de la droite catholique, de Pascal Bernardin qui, dans les années 1990, appelait la même thèse au service d'une vision antimondialiste par ailleurs fondée sur des éléments intéressants, quant à l'exploitation des théories du réchauffement climatique. C'est nettement plus pertinent.

En 1984, un transfuge du KGB, Anatoli Golitsyne, publiait un livre intitulé "New lies for old" (De nouveaux mensonges à la place des anciens), dans lequel il dévoilait une stratégie à long terme, élaborée, selon lui, par les Soviétiques dès la fin des années 1950, pour duper l'Occident en travestissant le communisme en libéralisme afin, en définitive, de conquérir le monde par la subversion. Ce plan aurait été mis en application à partir des années 1980.

Aux Etats-Unis, le néo-conservateur Jeffrey Nyquist s'efforce d'accréditer l'idée selon laquelle ce plan serait toujours en cours d'exécution.

Qu'en est-il ?

Une bonne partie des prédictions de Golitsyne se sont réalisées.

Les meilleurs experts américains du renseignement ont été dans l'impossibilité de démontrer que ce transfuge manquait de sincérité.

Les dirigeants de la CIA se sont disputés longtemps à ce sujet, sans jamais parvenir à établir si Golitsyn était ou non un agent double.

Contrairement à ce que se sont demandé certains chercheurs, il n'était pas davantage un agent de longue date de la CIA.

Tout cela donne à penser que le plan a bel et bien existé, mais qu'à un moment donné, il a cessé d'être appliqué, tout en laissant la poursuite des intérêts géopolitiques constants de la Russie faire croire à certains, intéressés ou non, que persistait une continuité globale.

On peut croire d'autant plus à l'existence de ce plan, en lisant le dissident Vladimir Boukovski sur le faux putsch d'août 1991 contre Gorbatchev, en examinant les tenants et les aboutissants du vrai putsch de décembre 1991 contre ce même Gorbatchev, ainsi qu'en faisant le bilan des dévastations de l'ère Eltsine, encouragées et mises à profit par l'Occident.

Mais on peut également croire à l'échec final de ce plan, avec l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, pourtant ancien du KGB et donc, selon les théoriciens du complot soviétique, agent du plan décrit par Golitsyn.

En effet, rien depuis 2000, hormis la continuité de la nation russe (continuité, sauf pendant la période gorbatchévo-eltsinienne du rapprochement suicidaire avec l'Occident), ne va dans le sens de ce plan. Si continuité il y a, elle est nationaliste et géostratégique, mais pas impérialiste ni expansionniste ; autoritaire dans le sens tsariste si on veut (la Russie n’a jamais été démocratique), mais pas totalitaire.

Non seulement la Russie en a fini avec la désintégration, mais elle recommence à parler et à agir comme une puissance de premier plan et - ce qui gêne ses ennemis au plus haut point - comme une puissance pleinement souveraine.

"Russie unie", le parti du président Medvedev et du premier ministre Poutine, se déclare "conservateur", c'est-à-dire ni excessivement libéral (loin, donc, de la grande braderie eltsinienne), ni socialiste, ni internationaliste.

La tradition nationale est une valeur très importante pour le pouvoir russe, qui entend la concilier avec l'indispensable modernisation sans laquelle le pays ne pourrait résister à ses ennemis.

Si Medvedev et Poutine tentent de rapprocher la Russie de l'Europe de l'Ouest, c'est avant tout en vertu d'une compréhension supérieure des intérêts communs de ces deux entités, au plan économique comme en matière géopolitique (l'Eurasie est la hantise de l'anglosphère, notamment dans la doctrine Brzezinski).

Cela n'a rien à voir avec une fantasmatique tentative de subversion de l'Union européenne, qui est déjà dans un tel état libéral-soviétique (Boukovski précité n'a pas vraiment vu l'aspect libéral, mais n'a pas tort sur le reste...) que c'est plutôt la Russie qui souffrirait de trop se rapprocher d'elle - ce qu'elle ne souhaite heureusement pas.

 

Bref, la grille de lecture des adversaires actuels de la Russie, quand ils sont sincères, a trente ans de retard et de plus, leur point de vue est occidental, à la sauce atlantiste, consciente ou non.

En voyant les choses d’un point de vue strictement européen, en intégrant à la réflexion les impératifs de la stratégie de Poutine (notamment électorale, une grande partie du peuple russe ayant la nostalgie nationaliste de la puissance stalinienne), la situation paraît toute différente de celle décrite par la propagande ambiante.

Exemple : en Ukraine, la Révolution Orange. Combien nous a-t-on seriné que l’empoisonnement du président Iouchtchenko serait l’oeuvre des Russes !

Mais à qui profiterait le crime ? Uniquement à ceux qui soutiennent la Révolution Orange, ourdie par les USA (voir notamment le rôle joué par George Soros, également dans la Révolution des Roses en Géorgie), qui peuvent accuser les Russes à des fins de propagande et ainsi détourner l’attention de l’échec de la tentative de subversion américaine.

Autre exemple : l'officialité soupçonne la Syrie et, derrière elle, la Russie, d’avoir fomenté voire commis l’assassinat de Rafik Hariri. Mais à qui profite le crime ? A Israël et à son allié US, qui peuvent tirer de cette insinuation des arguments de propagande contre la Syrie et ses soutiens iranien et russe.

Et quant à tuer Anna Politkovskaïa, c’est ridicule : quel intérêt ? Les Russes savent très bien que les médias occidentaux sont les plus puissants du monde et que si le pouvoir tuait – en plus, en la flinguant dans un ascenseur ! Le poison, la crise cardiaque, ça n’existe plus ?!… – une journaliste quasiment inconnue en Russie mais chérie des bien-pensants de l’Ouest, ils se feraient traiter d’assassins tout autour du globe (ce qui est arrivé : à qui cela profite-t-il ?) ! Les prend-on pour des imbéciles ?

D’ailleurs, l’indignation sélective fonctionne bien dans ces mêmes médias. D’autres journalistes russes n’ont pas eu droit aux mêmes cris d’orfraie.

Et pourquoi pas Litvinenko (ex-agent du KGB lui aussi, soit dit en passant) ?

Il y a bien d’autres pistes pour ces deux affaires et surtout une, celle qui a été suggérée par les Russes, alors forcément on ne va pas y croire, n’est-ce pas, c’est celle de cette ordure mafieuse de Berezovsky.

On se trompe, et on trompe, sur la Russie.

Contrairement aux USA, les Russes, qu’ils soient ou non encore nostalgiques, au bas de l’échelle sociale, de l’URSS qui leur assurait la sécurité matérielle minimale en échange de leur liberté (définition du communisme par Alexandre Zinoviev), ne veulent pas nous dominer et le voudraient-ils, d’ailleurs, qu’ils n’en auraient pas les moyens.

Ils ont besoin de nous et, principalement, de l’Allemagne et de la France, pour faire contrepoids à la Chine et (encore, mais probablement plus pour très longtemps) aux Etats-Unis ; comme nous avons besoin d’eux.

C’est une nécessité géopolitique, pas une affaire d’idéologies.

Il ne s’agit pas, ni pour nous de nous jeter tout ligotés dans leurs bras, ni pour eux de se livrer garrottés à une UE qui s’empresserait de n’en faire qu’une bouchée mondialiste…

Il s’agit juste de survivre, en tant que peuples et identités, face aux menaces multiples, la première étant encore la pourriture occidentale, dont le centre névralgique est bel et bien aux USA.

 

Personne ne songe à nier l’influence de l’URSS et du KGB pendant la guerre froide, etc.

Il suffit de lire "Le terrorisme intellectuel de 1945 à nos jours" de Jean Sévillia, pour récapituler les effets de tout cela en France.

Mais :

1/ il n’y a pas eu que l’influence soviétique (beaucoup de marxistes-léninistes, staliniens, trostkistes européens n’ont jamais mis les pieds en URSS ni été en contact avec le PCUS, ni même le PCF pourtant très puissant à l’époque, les petits maoïstes de mai 1968 étaient tous des fils de « bonnes familles » bourgeoises influencés par leurs lectures, plus que par des séjours chez les Komsomol ou dans une ambassade à Moscou comme quelques rares Pierre Joxe) ; la contamination idéologique est aussi venue de la société de consommation et de son confort, permettant de croire que n’importe quelle idée gauchiste n’était pas dangereuse pour la bourgeoisie, que l’on pouvait, dans les beaux quartiers, se payer une tranche de bisounoursisme idéologique sans en subir les conséquences à la Pol Pot (mai 1968, c’était ça : du théâtre ; d’ailleurs, tous les cadres de mai, ou presque, sont assez rapidement devenus très intégrés à la société marchande et politiquement correcte – on dirait UMPS, aujourd’hui) ;

2/ l’URSS, comme l’Occident, ont produit des nomenklaturas (en ce sens, notamment, l’URSS était un capitalisme comme un autre) ; c’est le matérialisme qui fonde les deux systèmes, la croyance en le fait qu’il n’existe rien au-dessus des hommes, que la nature est faite pour être asservie et exploitée, que le bonheur ne peut être que matériel, soit en gagnant de l’argent (libéralisme), soit en travaillant pour partager le produit d’efforts communs (communisme) ; mais, en réalité, il y a toujours une « superclasse » qui profite de la croyance des gogos à ces beaux discours utopiques ;

3/ nous avons, en France, un système hybride, fondé tant sur des illusions libérales que sur des vieilles lunes marxistes, en effet, mais également sur le vieil esprit français, tout simplement, et qui remonte au Moyen-Age et, probablement, à des époques encore antérieures ; la solidarité existe depuis longtemps et est indispensable, ce n’est pas parce que le collectivisme marxiste est venu partiellement couvrir cette solidarité de ses formes idéologiques que cela cesse d’être vrai et, par exemple dans le Sud-Ouest de la France, il existe encore beaucoup de traces d’un vivre-ensemble rural, familial, clanique, qui n’a rien de gauchiste ou métissoïde mais qui aboutit, vu superficiellement, à faire croire que le vote en majorité PS de toutes ces régions est idéologique, alors qu’il est surtout la traduction d’un attachement à un modèle ancien, menacé par la société mercantile ;

4/ le système français, mais aussi occidental en général, de gouvernement, est actuellement soviéto-libéral, ou libéral-soviétique (c’est ce qu’on appelle, en novlangue, la « social-démocratie »), par l’effet d’une convergence progressive des modes de manipulation employés par les élites qui, d’un côté s’enrichissent en faisant venir des immigrés pour peser sur les salaires, mondialisent par le libre échange, déréglementent la finance et le commerce internationaux et, de l’autre, achètent la paix sociale à coups d’Etat-Providence, en cas de crise sauvent les grandes entreprises aux frais du contribuable, promeuvent la régulation quand cela sert leurs intérêts : libéralisme-prétexte et collectivisme-prétexte se rejoignent, toujours au profit des mêmes ;

5/ l’URSS est morte et enterrée et si la Russie, par la voix de Poutine, contrairement aux USA, pointe l’immigration en Europe de l’Ouest (Poutine a déclaré en 1995 à l’agence Tass : "La France deviendra dans moins de vingt ans la colonie de ses anciennes colonies"), ce n’est pas pour l’encourager mais, bien au contraire, pour la déplorer ; parce qu’elle sait, pour des raisons que j’ai déjà évoquées, avoir besoin comme partenaire d’une Europe de l’Ouest forte, et non d’un magma consumériste affaibli par le métissage et les sirènes hédonistes.

Bref, ce n’est pas en faisant une fixation sur l’URSS et le KGB, malgré les réalités indéniables du passé, que nous sortirons de l’étau, actuellement bien réel, de la "soft-idéologie" (François-Bernard Huyghe) dont nous bassine la superclasse, pour nous maintenir dans un esclavage mondialiste et destructeur qui n’a plus de « russe » (et encore, ni Marx, ni Engels, ni Gramsci, ni Althusser, ni Mao, ni Ho Chi Minh, etc., n’étaient russes…), en partie, que l’origine historique.

Il est aussi naïf, aujourd’hui, de croire encore à la réalité du communisme que de croire à celle du libéralisme.

Il n’y a plus que des nigauds pour défendre l’un ou l’autre, alors que les tenants du "système à tuer les peuples" (Guillaume Faye, à l’époque où il était pertinent) se moquent des idéologies et ne poursuivent que leur intérêt propre (voir Brzezinski, qui le dit ouvertement dans ses livres).

On pourrait même dire que tomber dans ce genre de piège aujourd’hui, c’est offrir aux mondialistes soviéto-libéraux une prime au décervelage : la propagande actuelle se réfère toujours au passé.

07/12/2010

Wikileaks et la "dynamique formidable"

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"Ceux qui attendent une révolution, un coup d’Etat, un nouveau président, comme événement déclencheur d’une séquence complètement nouvelle, ceux-là n’ont pas raison. Ces événements surviendront peut-être, sans doute même, mais ils ne seront que les conséquences d’un changement beaucoup plus fondamental, qui prend sa source, qui s'abreuve à notre perception générale (psychologie) de la réelle situation de cette crise terminale, notamment, pour notre cas, par l’influence de nos psychologies percevant cette sorte d’événements que l’on décrit selon ses caractères véritables. L’essentiel est de bien percevoir la vérité du monde, et la séquence Wikileaks nous y aide – encore une fois, quels que soient les buts, les intentions, les desseins cachés ou non, la qualité et les vertus et vices des acteurs impliqués. La séquence-Wikileaks nous montre que la mise en cause du Système ne dépend en rien, en aucune façon, des avatars divers de la situation terrestre et des plans divers des acteurs humains – les intentions ou pas d’Assange, Wikileaks et compagnie –, mais bien d’une dynamique formidable qui est en train de s’ébranler et qui risque bien de secouer le monde, et qui nous dépasse évidemment".

Philippe Grasset


"Cablegate, dans sa version n°3 (les câbles diplomatiques), quoi que prétendent les uns et les autres, quels que soient les arguments ronflants sur les droits de l’homme et la liberté de la presse, représente la première très grande offensive nihiliste à l’échelle globale dans l’histoire des insurrections et des révolutions, volontairement ou involontairement mais dans tous les cas systématiquement et stratégiquement. Ils ne veulent rien, ils ne peuvent rien vouloir d’autre que casser – casser la machine, taper sur la bête, frapper le Système là où ça fait mal. (...)

Le Système est une entité colossale de puissance, qui ne permet à rien de constructif de se faire à cause de cette puissance, et qui a perdu elle-même tout sens, tout aspect constructif et structurant – si elle en eut jamais, d’ailleurs, ce que nous réfutons absolument puisque ce Système n’est rien de moins que “la source de tous les maux”. C’est une idée qu’on trouve déjà chez l’historien britannique Arnold Toynbee, mais qu’il n’a pas poussée assez loin. Cette puissance colossale, invincible, irrésistible, couplée à cette absence abyssale et vertigineuse de sens, donne la machine, le monstre, le Système le plus totalement nihiliste qu’on puisse concevoir, l’inversion même du sens du monde et du sens de la vie, la négation de la Tradition et de la structuration de l’univers. Pour lutter contre cette chose, une seule technique qui est celle du contre-feu (brûler une bande de terrain sous contrôle devant un incendie incontrôlé, pour priver cet incendie d’aliment lorsqu’il arrive sur cette bande déjà brûlée) : opposer le nihilisme au nihilisme, frapper le monstre sans autre but que le frapper..."

Philippe Grasset

10/11/2010

Radiographie de l'anglosphère, par Michel Drac

Emission Méridien Zéro du 7 novembre 2010, sur RBN France (durée : 1 heure).

Thème : "Choc et simulacre", ouvrage collectif disponible ici.


podcast

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Source : Méridien Zéro


07/11/2010

Il est en train de se passer quelque chose...

Ô estimables lecteurs, ne sentez-vous pas qu'il est en train de se passer quelque chose ?

Je sais, l'interprétation des augures n'est pas chose facile, bien des signes se bousculent pour indiquer telles directions comme leurs contraires et la prospective, généralement teintée d'idéologie, est un terrain propice à l'hécatombe des ridicules (sans parler des eschatologues de 2012 dont, après tout, l'erreur n'est pas encore avérée, voyez du côté des économistes et des politologues systémiques).

Tant mieux, d'ailleurs. Je trouve qu'il n'y a rien de plus jouissif, en la matière, que de voir un Bac+12 grassement stipendié pour répandre la bonne parole, se heurter à une réalité d'autant plus niée qu'il avait la prétention de l'avoir savamment décryptée en lui donnant un autre sens.

Cela dit, en ce moment, la cohue paraît plutôt montrer à certains la porte de sortie et à d'autres, l'entrée des artistes ; si bien que le scénario de la pièce pourrait bien changer, si ce n'est pas carrément la pièce elle-même.

Laissons, si vous voulez, nos idées préconçues à la porte de notre cabinet de réflexion personnel, autonome et indépendant, et voyons ce que tout ça peut vouloir dire.

Petit rappel liminaire d'une évidence : la télé, la radio, les journaux du système, tous ces mégaphones portant la parole d'un monde qui, à mon avis, s'en va et ne le sait pas encore, ne sont utiles à une pensée potentiellement dissidente que si on a une grille de lecture. Sinon, la sacro-sainte actualité reste un gloubiboulga insignifiant et illisible.

Par conséquent, il faut un minimum de culture générale, un tantinet de sens critique et... beaucoup d'intuition, ce mot qui fait hurler nos modernes Diafoirus, ennemis jurés de l'empirisme, concurrence (dé)loyale à leurs rentables pseudo-sciences.

Je ne prétends pas réunir idéalement toutes ces qualités et, sans doute, dans l'absolu, personne ne les réunit-il à la perfection, mais on est sur un blog, faut bien causer, alors allons-y. Même pas peur.

Trois faits saillants de l'actualité, en guise d'entrailles de poulet où tenter de lire l'avenir.


Premier fait : Obama vient de se prendre une raclée électorale un peu particulière.

Vous allez me dire, les élections, ce n'est jamais qu'une mascarade, un rideau de fumée, on a l'habitude ; Obama, ce n'est jamais qu'une marionnette, on connaît tout ça, pourquoi est-ce que ces élections-là voudraient dire quelque chose de plus que le "rien" habituel ?

Eh bien, parce que cette fois, perce, derrière le sempiternel bipartisme étasunien, une étrange nouvelle entité, une nébuleuse transcourants baptisée "Tea Party", que le système s'est empressé de dénoncer comme facho et tout ce qu'on voudra de pire.

Dans le contexte de la déliquescence économique la plus grave jamais connue par les Etats-Unis, comme de leur affaiblissement en tant que puissance dominante au plan mondial et des menaces de leur éclatement ethnique interne, il y a là, quoi qu'en pensent les Européens habitués (y compris moi) à juger négativement POUR EUX le libertarianisme d'un Ron Paul, un signe.

Le signe de quoi ?

Le signe d'une ultime contorsion d'un système épuisé, visant à faire croire à une alternative qui sera en réalité récupérée, au bout du compte, par le jeu des réseaux et des lobbys, misant sur le caractère hétéroclite de la contestation et les intérêts particuliers de ses représentants ?

Ou plutôt, le signe d'un début de révolution, au sens pacifique, populaire et anti-systémique du terme, appelée à fédérer plus ou moins directement tout ce que les Etats-Unis comptent de pan-sécessionnistes, en vue d'un nouvel isolationnisme et donc, d'une tentative d'évasion hors de la course à l'abîme ?

Difficile à dire.

Une chose me paraît sure : il est trop tard. Quoi que fassent les Américains désormais, la crise est, chez eux, trop avancée pour ne pas produire encore, pendant des années, des effets catastrophiques sur leur économie, sur leur société, sur leur puissance en tant que pays.

Le mouvement "Tea Party" est une réaction désespérée, mais une réaction tout de même, dont le message est : "STOP !"

Et ce message "populiste" est, dans une perspective révolutionnaire, le témoignage d'une inversion du courant.

 

Deuxième fait : nos Tartarins européistes ont décidé d'en faire davantage pour empêcher les Etats-nations membres de la zone euro de "déraper" financièrement et, en plus, ils vont graver cette vertueuse déclaration d'intentions dans le marbre juridique (dame, on sait bien que le papier timbré, ça impressionne Mâme Michu).

Le "non" au traité de Lisbonne, en 2005, ne les pas guéris de leur propension à l'autoritarisme "démocratique", ni de leur constructivisme fédéraliste.

Il faut reconnaître que, si on ajoute les raisons invoquées (le poids des dettes publiques, le sauvetage de la Grèce et le risque d'autres défauts de paiement) au très contradictoire libre-échangisme fanatique de ces schizophrènes, lequel n'arrange rien bien au contraire, ça nous fait un sacré morceau de fuite en avant (dans une "rigueur" et une "austérité" de toute façon totalement insuffisantes pour réduire les dettes et même seulement les déficits annuels, sans même parler de l'illégitimité de l'endettement) ; fuite en avant, dont les mobiles sont en réalité douteux et tournent autour des engagements des banques privées.

On entend néanmoins, comme d'habitude, sur des forums, ou ailleurs, des "patriotes" défaitistes (termes contradictoires, là aussi, ou bien j'idéalise ?) pleurer lamentablement leurs rêves de liberté sacrifiés à une croyance victimaire, en prêtant à cette entreprise une toute-puissance dont nous devrions, selon eux, tous nous persuader.

Bah oui, bouhouhou y a le CFR, bouhouhou y a le Bilderberg, bouhouhou y a la Trilatérale, bouhouhou y a l'OTAN, bouhouhou y a la CIA, bouhouhou y a le Nouvel Ordre Mondial, bouhouhou ils sont trop forts, bouhouhou d'ailleurs Attali l'a dit, bouhouhou on est foutus...

Pour ces naïfs amateurs d'une dramaturgie apocalyptique aussi réellement fantasmée par certains mondialistes qu'irréalisable concrètement par eux (sinon, ils l'auraient déjà menée à bien - enfin, à mal), une petite parenthèse relevant de la psychologie élémentaire.

Quand on fuit en avant, avec une raideur croissante, dans un contexte où tout montre, pourtant, que la fuite n'est pas la solution, qu'est-ce que cela révèle, habituellement ?

La peur, l'impuissance, l'incapacité à se remettre en question, la tentative de passage en force pour maintenir ce qui s'écroule.

En l'occurrence, trois facteurs compromettent la fuite en avant de l'Union européenne vers un fédéralisme dictatorial.

1- La volonté des peuples. Bon, mais ça, on s'en fout ; la démocratie ce n'est qu'un slogan pour les technocrates et les politiciens de Bruxelles, non ? Eh bien, pas forcément. Au plan national, les peuples, ce sont quand même encore des électeurs. Ce ne sont pas les Autrichiens qui diront le contraire. Le système électoral est truqué, d'accord, mais il ne le restera que si le pouvoir n'en décide pas autrement.

2- Or, les "entrepreneurs politiques", comme les appelle Jean-Claude Werrebrouck, ne sont pas tous suicidaires. Il ne leur manque que de comprendre que, justement, la fuite en avant dans la mondialisation libre-échangiste est une folie suicidaire et que, pour conserver une chance de garder quelques miettes du système de demain, via le rejet de l'utopie mondialiste et une approche plus souverainiste des échanges internationaux, il leur faut non seulement descendre du train en route vers l'abîme, mais également proposer à leur clientèle une alternative viable.

3- Les finances feront bientôt défaut, quoi qu'en dise l'officialité. L'UE et, avec elle, ses politico-technocrates mondialo-libre-échangistes (ouf ! Oui, c'est une nouvelle race, celle des PTMLE donc ; heureusement, elle a un défaut génétique qui fait qu'elle va bientôt crever...),  ne vivent que grâce aux subsides des Etats-membres. Autre signe de crispation du "Machin" bleu étoilé, sur ce point : la volonté des PTMLE de créer un impôt européen, pour éviter d'en passer par là. Mais les Etats n'en veulent pas ; curieux, non ?

Bref, nous sommes clairement devant une bande d'autistes, ou d'enfants gâtés sourdingues et cons, comme on voudra, qui, voyant que leur jouet est sur le point de se casser, deviennent tout rouges de colère et crient : "nan, on jouera quand même, na !"

Pitoyable et, à mes yeux en tout cas, très éclairant sur le sens réel de ces gesticulations, ainsi que, surtout, sur l'évolution réelle des choses, bien différente de celle qu'on essaie de nous vendre au "vingt heures".

 

Troisième fait : une certaine gauche (je suis tenté de l'appeler "la vraie", même si elle ne l'est pas encore tout à fait) est, en France, en train de prendre enfin la mesure de la confiscation du pouvoir par l'oligarchie, de droite comme de gauche.

Derrière l'argument constitutionnel de l'illégitimité de ce pouvoir, développé par Jacques Sapir, je lis la critique de la bipolarité systémique telle qu'elle a fonctionné depuis près d'un siècle, d'abord partagée entre marxistes et libéraux, puis, depuis trente ans, entre post-marxistes inassumés (en plein embourgeoisement soixante-huitard, pour tout dire) et sociaux-libéraux, les deux finissant par se rejoindre dans le circuit fermé de l'UMPS, entre les strapontins-repoussoirs du FN et du NPA.

De Marx, cette gauche en rupture de ban garde les éléments d'analyse économique les plus valables.

Saura-t-elle se détacher entièrement de ses solutions utopiques ?

Il est permis de l'espérer, dans la mesure où elle ferait l'effort d'une véritable remise en cause sur la question de l'identité.

Chez elle, cette question est en effet la clé de la rupture d'avec l'extrémisme républicain, consistant à sacraliser le droit du sol et la citoyenneté purement juridique (lecteurs passionnés de Oui-Oui, je vous entends vous étrangler et je vous réponds que je maintiens quand même le terme "extrémisme"...) ; la clé, surtout, des retrouvailles de la gauche avec le peuple "de souche" qu'elle a abandonné une première fois en 1920 et une seconde fois il y a trente ans.

Il ne s'agit pas de savoir, avec certitude, si Mélenchon, issu du système et surmédiatisé, est sincère ou non, ou si ses compagnons de route sont tous sur la même ligne que Jacques Sapir.

Il ne s'agit même pas de savoir si nous sommes pleinement d'accord avec cette gauche qui se veut alternative : nous avons un certain nombre de points de convergence avec elle et, dans une perspective de révolution transcourants, c'est la seule chose qui doit nous intéresser.

Non, la vraie question est de savoir, Messieurs du Parti de Gauche, si vous sentez comme le peuple français a besoin de l'incarnation politique de la question sociale,  certes, mais indissociable de son identité ethno-culturelle (et c'est là que vous butez sur un os) ; si vous entendez comme il vous en crie, comme à toute la classe politique d'ailleurs, l'injuste abandon pour des raisons et pseudo-pudeurs purement idéologiques (je ne parle pas ici, évidemment, de l'intérêt matériel qu'y ont trouvé d'autres responsables, derrière ces alibis théoriques).

Si vous le sentez et l'entendez comme moi, si vous arrivez à admettre enfin que le citoyen multicolore et multiculturel rêvé par l'extrémisme républicain n'a rien à faire avec la question sociale française, vous ne ferez pas l'économie de la remise en cause identitaire.

Dans le cas contraire, vous finirez dans les poubelles de l'Histoire et le "mouvement social" s'incarnera dans d'autres que vous (et que les syndicats-traîtres, dominés par l'adhésion au système).

Ce dont je suis certain, moi, c'est qu'il s'incarnera nécessairement.

La critique par Sapir de l'illégitimité du pouvoir, en est un signe avant-coureur.

La "droite nationale", dans son congélateur estampillé FN (ou plutôt Le Pen), ferait d'ailleurs bien de méditer également la question sociale (la vraie aussi, pas seulement celle de sa constituante bourgeoise libérale et de ses larbins), si elle veut vraiment jouer un jour un rôle autre que médiatique...

 

Que retenir de tout cela, de cette éphémère ronde des phénomènes qui paraît annoncer des changements majeurs dans notre petit aquarium humain ?

La sacralisation libérale des dettes au détriment des peuples, ajoutée à l'entropie générale des structures du système en raison de la crise du sens, font que ça dégringole gentiment vers une révolution qui, si nous savons nous y prendre, nous donnera l'occasion d'une restauration, d'une remontée.

Comme me le disait notre excellent camarade Three piglets (qui a donné le lien vers la vidéo d'hier, ce dont je le remercie au passage) : 

"Un peu de patience et beaucoup de travail".

28/10/2010

Quand Zbigniew Brzezinski reconnaissait qu' "il n'y a pas d'islamisme global"

 

Au risque de passer, à leurs yeux myopes, pour un défenseur de "l'islamisme", ce que je ne suis pas du tout, j'ai été repêcher à l'intention des quelques indécrottables qui s'imaginent que le monde tourne autour de l'opposition entre le gentil Occident et le méchant Islam, une vieille interviouve du mentor néolibéral d'Obama, Brzezinski, l'auteur du fameux "Grand échiquier".

On notera que le bonhomme avoue par ailleurs que les Etats-Unis ont poussé l'URSS à la guerre en Afghanistan. Détail...

C'était dans le Nouvel Observateur du 15 janvier 1998 :

« Oui, la CIA est entrée en Afghanistan avant les Russes... »

Le Nouvel Observateur. – L’ancien directeur de la CIA Robert Gates l’affirme dans ses Mémoires (1) : les services secrets américains ont commencé à aider les moudjahidine afghans six mois avant l’intervention soviétique. A l’époque, vous étiez le conseiller du président Carter pour les affaires de sécurité ; vous avez donc joué un rôle clé dans cette affaire. Vous confirmez ?

Zbigniew Brzezinski (2). – Oui. Selon la version officielle de l’histoire, l’aide de la CIA aux moudjahidine a débuté courant 1980, c’est-à-dire après que l’armée soviétique eut envahi l’Afghanistan, le 24 décembre 1979. Mais la réalité, gardée secrète jusqu’à présent, est tout autre : c’est en effet le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l’assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul. Et ce jour-là, j’ai écrit une note au président dans laquelle je lui expliquais qu’à mon avis cette aide allait entraîner une intervention militaire des Soviétiques.

N. O. – Malgré ce risque, vous étiez partisan de cette « covert action » [opération clandestine]. Mais peut-être même souhaitiez-vous cette entrée en guerre des Soviétiques et cherchiez-vous à la provoquer ?

Z. Brzezinski. – Ce n’est pas tout à fait cela. Nous n’avons pas poussé les Russes à intervenir, mais nous avons sciemment augmenté la probabilité qu’ils le fassent.

N. O. – Lorsque les Soviétiques ont justifié leur intervention en affirmant qu’ils entendaient lutter contre une ingérence secrète des Etats-Unis en Afghanistan, personne ne les a crus. Pourtant, il y avait un fond de vérité... Vous ne regrettez rien aujourd’hui ?

Z. Brzezinski. – Regretter quoi ? Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d’attirer les Russes dans le piège afghan et vous voulez que je le regrette ? Le jour où les Soviétiques ont officiellement franchi la frontière, j’ai écrit au président Carter, en substance : « Nous avons maintenant l’occasion de donner à l’URSS sa guerre du Vietnam. » De fait, Moscou a dû mener pendant presque dix ans une guerre insupportable pour le régime, un conflit qui a entraîné la démoralisation et finalement l’éclatement de l’empire soviétique.

N. O. – Vous ne regrettez pas non plus d’avoir favorisé l’intégrisme islamiste, d’avoir donné des armes, des conseils à de futurs terroristes ?

Z. Brzezinski. – Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide ?

N. O. – « Quelques excités » ? Mais on le dit et on le répète : le fondamentalisme islamique représente aujourd’hui une menace mondiale…

Z. Brzezinski. – Sottises ! Il faudrait, dit-on, que l’Occident ait une politique globale à l’égard de l’islamisme. C’est stupide : il n’y a pas d’islamisme global. Regardons l’islam de manière rationnelle et non démagogique ou émotionnelle. C’est la première religion du monde avec 1,5 milliard de fidèles. Mais qu’y a-t-il de commun entre l’Arabie Saoudite fondamentaliste, le Maroc modéré, le Pakistan militariste, l’Egypte pro-occidentale ou l’Asie centrale sécularisée ? Rien de plus que ce qui unit les pays de la chrétienté...

Propos recueillis par Vincent Jauvert

(1) « From the Shadows », par Robert Gates, Simon and Schuster.

(2) Zbigniew Brzezinski vient de publier « le Grand Echiquier », Bayard Editions.

 

Brzezinski s'inquiète aujourd'hui officiellement de "l'éveil politique des masses" (ne prêtez pas attention à la présentation "conspi" de la vidéo à laquelle mène ce lien, seul le film a de l'importance).

Avec l'approfondissement de la crise, il est à espérer que cet éveil se concrétise par l'éjection de ce salopard et de ses semblables.

En attendant, ces jours-ci, Oussama Ben Laden, dont plus personne n’a la moindre preuve d’existence depuis des années, nous menacerait soi-disant des pires maux si nous ne quittions pas l’Afghanistan (où nous n’avons aucun intérêt à rester, sauf celui des USA).

"La France authentifie le message de Ben Laden" (ou plutôt, s’empresse de le faire, en bon toutou qu'elle est des Etats-Unis - il faut dire que notre Prézydent pourrait avoir quelques accointances avec eux) et l’ex-maoïste Kouchner, devenu néo-con(servateur), de japper que ces menaces sont "inacceptables".

Or, on sait que "Al Qaïda n’existe plus", selon un ex-chef de la DGSE.

Sans oublier que, même pour l'Histoire officielle, la CIA est pour beaucoup dans la création d’Al Qaïda et l’émergence de Ben Laden, et qu’elle a déjà fait diffuser de fausses vidéos de celui-ci.

Traduction : l’Oncle Sam a encore besoin de nous en Afghanistan, mais notre opinion publique est contre ; donc, l’Oncle Sam (voire le Quai d’Orsay aux ordres) bidouille un message radio de l’autre barbu pour que le brave pékin s’indigne et dise : “puisque c’est comme ça, on va y rester, sale con de barbu !”.

Se faire avoir encore par des manipulations si grossières, ce serait être incurable.

11/10/2010

De l'absurdité du "choc des civilisations"

Cette émission date de 2002, mais n'a rien perdu de sa pertinence :