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30/03/2011

Musique de circonstance...

Extraits des "Tableaux d'une exposition" de Modeste Moussorgski (orchestration : Maurice Ravel), par l'orchestre symphonique de la NHK, dirigé par le fantasque Valeri Guerguiev, en 1996 à Tokyo.

De tout coeur avec le Japon et son pauvre peuple.

 

29/03/2011

La vérité sur Fukushima

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Hiroshima, 1945

 

Je reproduis ici la première partie d’une interview de Hirose Takashi par Yoh Sen'ei et Maeda Mari, diffusée par NewStar Asahi TV, le 17 mars 2011 à 20 heures. Traduction du japonais en anglais et présentation par Douglas Lummis. Traduction de l’anglais en français par next-up.org, un peu corrigée par moi.

Ce n'est pas vraiment ce qu'on nous raconte d'habitude...

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Hirose Takashi, qui est un éminent expert, a écrit de nombreux livres, principalement concernant le secteur de l'énergie nucléaire et le complexe militaro-industriel. Son meilleur livre connu est probablement "Nuclear Power Plants for Tokyo" où il a provoqué les industriels du nucléaire : "si vous êtes sûrs qu'elles sont sûres (les centrales nucléaires), alors pourquoi ne pas les construire dans les centres villes plutôt qu’à des centaines de kilomètres, ce qui génère par la distance une forte déperdition d’énergie électrique par les lignes THT" [la déperdition se transforme en réalité en une pollution électromagnétique environnementale qui provoque une électrocution sournoise de la population avec les effets dévastateurs sur la santé qui sont constatés auprès des personnes qui vivent dans les couloirs des THT].

Il donne actuellement de nombreuses interviews télévisées, dont celle-ci, qui est partiellement traduite. Je lui ai parlé au téléphone aujourd'hui (22 mars 2011) et il m'a dit que s’il était logique de s'opposer à l'énergie nucléaire avant, maintenant que la catastrophe a commencé, il serait "juste" de garder le silence, mais il y a à la radio et à la télévision tellement de mensonges grossiers des autorités qu'il ne peut pas garder le silence, c’est un devoir pour lui de dire la vérité. J'ai traduit seulement le premier tiers de l'interview concernant la partie qui se rapporte en particulier à ce qui se passe dans la centrale nucléaire de Fukushima (disponible en intégralité en japonais sur Youtube : parties 1 - 2 - 3).

Après ses analyses, nous pouvons apporter des réponses globales sur le "pourquoi en est-on arrivé à cette situation ?". Néanmoins, il constate qu’actuellement l’approche économique du nucléaire est toujours au premier plan, malgré la catastrophe en cours.

D’ailleurs, accepter la solution du sarcophage, ce serait admettre qu'ils se sont trompés et qu'ils ne contrôlent pas les événements.

D'autre part, pour ces industriels, qui sont aussi des humains, c'est beaucoup trop de culpabilité à supporter, cela signifie la défaite de l'idée de l'énergie nucléaire, une idée qu'ils tiennent en dévotion presque religieuse.

Ils savent que cela signifie non seulement la perte de ces six (ou dix) réacteurs, mais que cela signifie aussi à terme la fermeture de tous les autres, ainsi si c’est une catastrophe sanitaire et environnementale inégalée qui se profile, elle est aussi financière pour eux.

S’ils arrivent à refroidir et à contrôler de nouveau la situation, ils pourront dire : "vous voyez, le nucléaire n'est pas si dangereux, après tout".

Fukushima est un drame qui se déroule sous les yeux du monde entier, et peut se terminer par la défaite ou (c’est leur fragile espoir, que je pense être sans fondement) la victoire de l’industrie nucléaire.

Hirose peut nous aider à comprendre de quoi il retourne.

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Yoh Sen'ei : Beaucoup de gens aujourd'hui ont vu qu’on pulvérise en l’air de l’eau sur les réacteurs, mais est-ce efficace ?

Hirose Takashi : ... Si vous voulez refroidir un réacteur avec de l'eau, vous devez le faire en faisant circuler l'eau à l'intérieur et évacuer la chaleur à l’extérieur par un circuit, sinon cela n'a pas de sens. Donc, la seule solution est de remettre en état les circuits d’électricité, pour essayer de refaire fonctionner les systèmes des circuits de refroidissement. Sinon, c'est comme verser de l'eau sur la lave d’un volcan, cela ne sert à rien.

Yoh : Rebrancher l'électricité - c'est-à-dire redémarrer le système de refroidissement ?

Hirose : Oui, c’est exactement cela. L'accident a été causé par le fait que le tsunami a inondé les générateurs de secours et emporté leurs réservoirs de carburant. Si nous n’y arrivons pas, il n'y a aucun moyen de récupérer cet accident.

Yoh : Tepco [Tokyo Electric Power Company, le propriétaire / exploitant des centrales nucléaires] dit qu'ils s'attendent à mettre sous tension les lignes ce soir.

Hirose : Oui, il y a un peu d'espoir là-bas. Mais ce qui est inquiétant, c'est que les réacteurs nucléaires ne sont pas comme sur les photos (schémas) qui sont montrées (Hirose montre une représentation graphique d'un réacteur, comme celles utilisées à la télévision). C'est juste un schéma.

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Voici à quoi ressemble en réalité un réacteur sous sa coupole de confinement (il montre une photo). C'est immense un réacteur. Regardez de plus près c'est une forêt de commutations, de galeries, de fils et de tuyaux. A la télévision ces pseudo-savants parlent et nous donnent des explications simples, mais ils ne savent rien, car se sont des professeurs d'université. Seuls les ingénieurs connaissent. Vous voyez, c’est ici que l'eau a été répandue dans ces labyrinthes avec cette multitude de tuyaux, ces vues réelles sont suffisantes pour vous donner le vertige. Une telle structure est beaucoup trop complexe à comprendre pour nous.

Travaux de maintenance à l'extérieur de la zone de confinement d'un réacteur à eau bouillante

 

Depuis une semaine maintenant, ils versent de l'eau par là. Et c'est de l'eau salée ! Si vous versez de l'eau salée sur un four chaud, que pensez-vous qu’il se passe ? Vous obtenez du sel. Ce sel se dépose partout et finit par bloquer toutes les vannes qu’il sera impossible de faire fonctionner. Cette eau salée passe partout dans les labyrinthes, va de partout et va tout obstruer. Donc, je ne peux pas croire que c'est juste une simple question qui sera résolue en reconnectant l'électricité que l'eau va recommencer à circuler. Je pense que n'importe quel ingénieur avec un peu d'imagination peut le comprendre. Nous sommes en face d’un système incroyablement complexe et puis, en fait, déverser de l'eau sur les réacteurs à partir d'un hélicoptère - peut-être qu'ils ont une idée de comment cela pourrait agir, mais je ne peux pas comprendre.

Yoh : Il faudra plus de 1.300 tonnes d'eau pour remplir les piscines qui contiennent les barres de combustible irradiées dans les réacteurs 3 et 4. Ce matin nous en sommes à 30 tonnes. Ensuite, les Forces d'autodéfense avec leurs 5 camions pompes ont peut-être réussi à en déverser aussi 30 tonnes, mais où ? Ce qui est sûr, c’est que tout ceci est très loin d'être suffisant ; même s’il y a une suite, cela ne changera en rien la situation ?

Hirose : En principe, cela ne peut pas. Parce que, même quand un réacteur est en fonctionnement normal, il nécessite un contrôle constant de maintien de la température pour la sécurité. Maintenant, c'est un désordre complet à l'intérieur des installations et quand je pense aux 50 personnes qui y travaillent, j'en ai les larmes aux yeux. Je suppose qu'ils sont exposés à de très grandes quantités de rayonnements et qu'ils restent car ils ont accepté de faire face à la mort. Combien de temps peuvent-ils tenir ? Je veux dire, physiquement ? C'est la situation à ce jour.

Alors quand je vois ces beaux parleurs à la télévision, je veux leur dire, "Si c'est ce que vous dites, alors allez-y faire le travail vous-même !" Vraiment c’est honteux de les entendre, ils parlent, c’est un non-sens, ils essayent de rassurer tout le monde surtout pour éviter la panique. Ce qu'il nous faut maintenant, c'est "une bonne panique contrôlée", parce que la situation est arrivée au point où le danger est réel.

Si j'étais le Premier Ministre Kan, j’ordonnerais de faire ce que l'Union Soviétique a fait quand le réacteur de Tchernobyl a explosé, la solution sarcophage, enterrer le tout dans du béton fourni par toutes les entreprises du Japon. Ceci, parce que vous avez à assumer le pire des cas. Pourquoi ? Parce que, dans la centrale nucléaire de Fukushima, il y a aussi l'usine de Daiichi avec six réacteurs et l'usine de Daini avec quatre, ce qui fait un total de dix réacteurs. Si un seul d'entre eux développe le pire des cas [fusion incontrôlée ou atteinte de criticité], alors les travailleurs n’y pourront plus rien, il faudra évacuer le site en attendant l'effondrement.

Donc, si, par exemple, l'un des réacteurs de Daiichi s’enfonce, pour les cinq autres cela ne sera qu'une question de temps.

Nous ne pouvons pas savoir dans quel ordre cela risque de se produire, mais certainement ils suivront tous le même chemin. Et si par malheur cela arrive, Daini n'est pas si loin, alors, probablement, les autres réacteurs eux aussi s’enfonceront. Je suppose qu’aucun travailleur ne sera en mesure de rester sur cette zone.

Je parle du pire des cas, mais la probabilité n'est pas faible. C'est le danger que le monde regarde et qui menace l’humanité, mais il est caché au Japon.

Comme vous le savez, des six réacteurs de Daiichi, quatre sont dans un état très endommagé. Donc, même si dans le cas où un irait bien et que la circulation de l'eau soit rétablie pour trois d’entre eux, la crise ne serait pas finie, je déteste le dire, mais je suis pessimiste. Alors, pour sauver le peuple, nous devons réfléchir à un moyen de réduire les fuites de rayonnements au niveau le plus bas possible. Non par pulvérisation d'eau par des tuyaux, comme l'eau d'arrosage dans un désert, mais par une solution radicale de sarcophage et de refroidissement souterrain immédiat.

De plus imaginez, tout le monde sait combien de temps prend une forte dépression atmosphérique pour passer sur le Japon... C'est avec une vitesse de vent de deux mètres par seconde, il ne faut donc environ que quelques jours pour que l'ensemble du Japon soit couvert par des radiations. Nous ne parlons donc plus de distances de 20 km, 30 km ou 100 km. Cela signifie bien sûr que Tokyo, Osaka seront touchés inévitablement en fonction de la vitesse à laquelle un nuage radioactif pourrait se propager. Bien sûr, cela dépend de la météo ; nous ne pouvons pas savoir à l'avance la façon dont le rayonnement sera diffusé. Ce serait effectivement bien si le vent soufflait toujours vers la mer, mais malheureusement cela ne sera pas toujours le cas. Il y a deux jours, le vent soufflait vers Tokyo. Voilà ce qu'il en est...

Yoh : Chaque jour, les autorités gouvernementales locales effectuent des mesures de la radioactivité. Toutes les stations de télévision disent que toutes les radiations sont à la hausse, mais qu’elles ne sont encore pas encore assez hautes pour être un danger pour la santé. Ils les comparent à une radiographie aux rayons X du corps et si elles augmentent, ils conseillent de porter un appareil dosimétrique. Qu’est-ce que cela changera à la question ?

Hirose : Par exemple, hier autour de Fukushima, la station de Daiichi a mesuré 400 millisieverts par heure. Avec cette mesure, Edano le chef du cabinet de la préfecture a admis pour la première fois qu'il y avait un danger pour la santé, mais il n'a pas expliqué ce que cela signifie.

Je pense que tous les médias d'information sont en faute. Ils disent des choses stupides comme : nous sommes exposés à des rayonnements tout le temps dans notre vie quotidienne, nous sommes soumis aux rayons cosmiques, mais c'est un millisievert par an. Une année compte 365 jours, un jour a 24 heures, multipliez 365 par 24, vous obtenez 8.760. Multipliez les 400 millisieverts, vous obtenez 3.500.000 [millisieverts], la dose actuelle dans cette zone. Vous appelez cela sécuritaire ?

Et est-ce que les médias ont signalé ces valeurs d’irradiation ? Aucun.

Ils les comparent à un scanner, qui est un plus pour un instant, ce qui n'a absolument rien à voir avec ce que nous vivons. La radioactivité qui ne peut pas être mesurée est celle de la matière radioactive qui s'échappe du site nucléaire, c’est celle des particules radioactives. Se sont ces particules contaminantes qui sont les plus dangereuses, car se sont elles qui en pénétrant dans votre corps amènent une source de radioactivité directement au contact de vos cellules et organes en l’irradiant de l’intérieur.

Ces chercheurs-porte-parole de l'industrie viennent à la télévision ; que disent-ils ? Ils disent que si vous vous éloignez, le rayonnement est réduit en raison inverse du carré de la distance. Je tiens à dire le contraire.

L'irradiation interne se produit lorsque les particules radioactives sont ingérées, dans votre corps. Que se passe-t-il ?

Disons par exemple qu'une particule radioactive est à 1 mètre de vous et que vous l’inhalez dans vos poumons. La distance de la source radioactive est maintenant de l’ordre du micron, puisqu’elle colle à votre organe ! Un mètre est égal à 1.000 millimètres et un micron à un millième de millimètre. C’est mille fois mille (c'est-à-dire mille au carré).

C’est la véritable signification de l'irradiation "inversement proportionnelle au carré de la distance par rapport à la source radioactive", car, dans ce cas, il n’y a plus de distance mesurable et le facteur d’irradiation, même s’il est faible et surtout variable en fonction du type de particules radioactives (radionucléides), s’en trouve augmenté d’un billion (10 ¹² soit 1.000 milliards) !

En conséquence, L'inhalation de la plus infime particule radioactive, c'est le danger ["Inhaling even the tiniest particle, that’s the danger"].

Yoh : Donc, comme à la TV, faire des comparaisons avec les rayons X des radiographies et la tomodensitométrie, n'a pas de sens. Il ne faut donc pas respirer (inahaler), ni ingérer des matières radioactives.

Hirose : C’est exact. Quand elles pénètrent dans le corps, on ne sait pas où elles vont migrer et se fixer. Le plus grand danger est celui des femmes enceintes en particulier, des bébés et des petits enfants.

Maintenant, ils parlent d'iode et de césium, mais ce n'est qu'une partie des contaminants radioactifs et en plus, la plupart du temps, ils ne possèdent pas les instruments de détection appropriés. Ce qu'ils appellent leurs moyens de surveillance des mesures de la valeur des rayonnements dans l'air (balises) ne détectent pas ce que nous pouvons inhaler. Ce qu’ils mesurent n'a aucun lien avec la quantité de matières radioactives dans l’air...

Yoh : Donc, les dommages causés par les rayons radioactifs et les dommages causés par les particules de matières radioactives, ne sont pas les mêmes.

Hirose : Si vous me demandez, ici dans ce studio : "ce sont tous des rayonnements radioactifs provenant de la centrale nucléaire de Fukushima ?", la réponse sera non. Mais par contre, pour les particules radioactives qui sont transportées ici par l'air, la réponse sera oui. Lorsque le noyau d’un réacteur commence à fondre, des éléments radioactifs de l'intérieur s’échappent par les ouvertures (crevasses et dommages) vers l’extérieur, c’est ce qui est actuellement le cas et, avec la chaleur, elles montent vers le haut dans l’atmosphère.

Yoh : Est-il possible de détecter ces particules radioactives ?

Hirose : J'ai été informé par un journaliste que maintenant TEPCO n'est pas encore équipé d’un tel équipement (collecteur de particules) pour faire un suivi régulier. Ils ne prennent qu’occasionnellement de telles mesures de valeurs de densité, avec le centre de contrôle d’Etat géré par Edano.

Il faudrait prendre des mesures en permanence, mais ils n’ont pas les moyens de le faire. Elles seraient nécessaires pour évaluer l’ampleur et le nombre de fuites radioactives. Cela nécessite des instruments de mesure très sophistiqués. Mesurer seulement un niveau de rayonnement dans l'air, par exemple lorsque vous vous déplacez en voiture, n’est absolument pas suffisant, qu’il soit faible ou élevé cela n’est pas la donnée la plus fondamentale pour la santé.

Nous avons besoin de savoir quel type de matières en particules radioactives s'échappent, et où elles vont pour les suivre et donner l’alerte, malheureusement ils n'ont pas un système en place pour le faire maintenant.

26/03/2011

Nucléaire ? Rien à signaler !

Merci à Ferris, sur fortune.fdesouche.com, pour le lien initial vers cette vidéo.

Encore un article incontournable de Michel Drac...

... Allez le lire sur l'excellentissime Scriptoblog, vous découvrirez en détail pourquoi et comment l'économie financière occidentale sur laquelle se fondent TOUS les économistes des médias systémiques, est une bulle au moins trois fois plus grosse que la valeur réelle des choses.

Si, après ça, vous estimez que cette bulle ne risque pas d'éclater d'un jour à l'autre, à la merci de la moindre perte de confiance des marchés qui l'ont portée jusque-là ou, tout simplement, du manque de solvabilité avéré et croissant de l'économie réelle et des Etats en Occident, allez donc rejoindre la dream team d'Obama ou de David Cameron avec quelques rails de coke supplémentaires.

23/03/2011

L' "écologie", un vrai-faux obstacle pour la partitocratie

Sarkozy (américano) et Cohn-Bendit (écolo), copains comme cochons

 

Dans son style habituel de justicier irascible, Jean-Luc Mélenchon a piqué une colère contre les écolos, coupables de ne pas vouloir se désister au profit du Front de Gauche dans les cantons où celui-ci, qualifié pour le second tour des élections en cours, est arrivé devant Europe Ecologie - Les Verts.

"Vous devez tous vous désister en faveur de celui qui est arrivé en tête, c'est ou ça ou la guerre civile, ou les élections démocratiques tranquilles et fermes, ou alors on se met des gifles", a-t-il élégamment déclaré, avec le sens de la mesure qui le caractérise (sans parler de l'insinuation selon laquelle ne pas lui donner satisfaction serait faire le lit de la Bête Immonde, antienne inoxydable des menteurs professionnels, ici sous forme de "guerre civile", ce qui renouvelle un peu le genre...).

Et il a ajouté : "ça vient de la période où tous les républicains quelle que soit leur allégeance se regroupaient tous au deuxième tour pour empêcher les monarchistes ou les bonapartistes de passer. C'est une vieille histoire, la gauche a toujours fait ça".

Certes, les élections étant vues par les politiciens comme un tremplin financier (subventions) et médiatique, sans parler de la rémunération personnelle des élus, Mélenchon n’a aucun mal à trouver une forte motivation pour ses diatribes apparemment idéalistes, et en réalité tout bonnement intéressées.

Mais, au-delà de cet intérêt de bas étage, la fameuse "gamelle" commune à toute notre classe politique, il joue un rôle, ça me paraît évident.

Celui du passionné, sincèrement indigné, excessif certes dans la forme (c’est pour attirer l’attention) mais "vraie gauche" sur le fond… du moins essaie-t-il de le faire croire, en mélangeant allègrement d’assez bonnes analyses économiques, sur certains points, avec un extrémisme républicain immigrationniste et métissolâtre ; ce qui est bien entendu absurde, puisque défendre d’une main le niveau de vie des Français et inviter de l’autre le monde entier à venir le faire baisser (en niant la réalité du phénomène) est aussi inepte que de prétendre vider la mer avec une cuiller.

Bref, Mélenchon est manifestement en mission pour le PS en particulier et, au-delà de l’étiquette « socialiste » (sociale-libérale, en réalité ; l’UMP étant libérale-sociale), pour les classes dirigeantes, dont le club Le Siècle et autres instances transverses illustrent les nombreuses convergences.

Il a pour fonction de détourner cette fameuse "vraie gauche" (qui existe encore), sincère et motivée, ainsi, par conséquent, que le plus souvent trop naïve, de l’objectif éminemment respectable de défendre réellement les intérêts des Français, ce qui nécessiterait de commencer par leur reconnaître une identité ethno-culturelle bien au-delà de ce que j'appelle "l’extrémisme républicain".

Il a également pour rôle de rabattre vers son parti, et vers la grande fable internationaliste métissolâtre, ceux d’entre les écolos dont ce n’est pas le principal dada (même chez Génération Ecologie – Les Verts, il y a, contrairement à ce que l’on croit souvent, pas mal de gens très pertinents dans leurs spécialités, comme Michèle Rivasi ou Yves Paccalet, évidemment dangereux pour les intérêts de lobbies puissants : pétroliers, nucléaires, pharmaco-agro-chimiques, des opérateurs de téléphonie mobile et, par répercussion, financiers).

Ces écolos, il s’agit, pour Mélenchon, de les rabattre vers le PS dans la perspective des présidentielles de 2012, avec une rengaine du genre : "à gauche d’abord, finalement l’écologie c’est secondaire" ou bien : "sans gauche, pas d’écologie ; donc, priorité à la gauche" ; enfin, des sornettes très classiques, pour capter des soutiens et des voix et, là encore, détourner les véritables écolos (je ne parle pas des Nicolas Hulot ou autres histrions médiatiques) des sujets qui devraient les préoccuper en priorité, à la grande satisfaction des destructeurs de la nature et des négateurs d’alternatives…

Evidemment, je ne peux prouver ce que j'avance, dans la mesure où il n'existe pas de trace accessible d'une collusion franchement exprimée entre le sieur Mélenchon et ses commanditaires.

Mais tout le passé du bonhomme (ancien soixante-huitard - leader lycéen -, ancien trotskiste lambertiste membre de l'OCI, membre du PS de 1977 à 2008, sénateur sous cette étiquette pendant dix-sept ans, ancien ministre sous le gouvernement Jospin, en compagnie de Laurent Fabius et autres Ségolène Royal, révolutionnaires bien connus...) est celui d'un apparatchik du régime.

Même s'il pose au défenseur du peuple contre l'oligarchie (avec laquelle il a collaboré pendant trente ans), même s'il claironne qu'avec DSK candidat en 2012, la gauche irait "au désastre", comment pourrait-on penser un seul instant qu'au second tour, il n'appellerait pas à "veauter" pour le sémillant actuel directeur du FMI - pardon, "contre" les ogres fâââchistes Sarkozy ou Marine Le Pen ?

Je veux bien qu'à défaut de pouvoir changer, on puisse évoluer, mais là...

Maintenant, élargissons un peu la réflexion qui, jusqu'ici, bien qu'anticonformiste, ne nous fait pas beaucoup dépasser l'analyse courante de la politique politicienne.

Posons-nous juste trois questions, beaucoup plus intéressantes que les basses manoeuvres du pantin Mélenchon :

1 – Pourquoi, depuis trente ans, l’écologie (terme d’ailleurs inapproprié, désignant  une science essentiellement anthropocentrique, à l'origine du malentendu selon lequel les tenants de l'écologie politique auraient pour but la préservation de la nature, alors qu'elle ne vise, le plus souvent, qu'à rendre acceptable sa destruction partielle au profit du confort humain ; d'où l'emploi, notamment, du très matérialiste terme "environnement", qui élude toute connotation de sacré et de supra-humain) est-elle toujours "de gauche" ?

Réponse : parce que les classes dirigeantes, soumises aux pouvoirs financiers et industriels (dits "de droite" : des écologistes du même bord étant donc réputés peu crédibles), ont intérêt à ce que les débats et actions relatifs à la préservation de la nature soient stérilisés, en s’inscrivant dans le cadre d’une pseudo-alternative de "la gauche" à "la droite" ; pseudo-alternative qui génère, par amalgames, des oppositions au moins aussi fortes que ses soutiens (de toute façon récupérés par "la gauche", et pas au profit des vrais défenseurs de la nature).

2 – Pourquoi, alors qu’une très forte proportion de Français se soucie de la préservation de la nature, les écologistes "de gauche" sont-ils, dans bien des domaines, non seulement globalement inefficaces, mais encore régulièrement divisés par d’invraisemblables luttes intestines, les discréditant régulièrement ?

Réponse : pour permettre, justement, de discréditer les constats, idées, discours ayant trait à la nécessité de préserver la nature ; tout en suscitant l’impression, dans l’opinion, que ce sujet suscite d’intenses débats et une forte activité ; alors que, pendant ce temps, la prédation et la pollution planétaires ne font que progresser de manière géométrique ; ceux qui pourraient plus efficacement lutter contre, ne bénéficiant quasiment d’aucune tribune médiatique.

3 – Pourquoi, a contrario, malgré tout le battage des médias en leur faveur, les scores électoraux des Verts, puis de Génération Ecologie – Les Verts, sont-ils si faibles, si disproportionnés à ce que mériterait un véritable contre-pouvoir écologiste ?

Réponse : parce que les écologistes "de gauche" sont effectivement assez souvent des utopistes ridicules ou de purs hypocrites, de toute façon globalement inefficaces, et que les nombreux électeurs (et abstentionnistes surtout) qui ne sont pas des bobos, ni de doux rêveurs moutonnants, se rendent bien compte de ce qu’ils ne seraient pas représentés par de pareils champions.

Conclusion : il faut bien comprendre que la préservation de la nature et, notamment, de ses ressources, est indispensable et qu’elle n’est ni "de droite", ni "de gauche".

Ce n’est pas parce qu’une bonne partie des "écologistes" sont "de gauche" que tous sont forcément des bobos et des abrutis, ni qu’ils sont dans l’erreur sur  tous les thèmes "écologiques" qu’ils défendent.

Ce n’est pas parce qu’une bonne partie des "écologistes" sont des crétins ou des escrocs, que l’ "écologie", dans la mesure où elle se préoccupe de dénoncer la destruction de la nature et  de tenter de l'empêcher, est en elle-même une crétinerie ou une escroquerie (tout dépend des sujets abordés, mais la plupart sont amplement légitimes et le seraient d’autant plus s’ils étaient traités correctement).

Il serait temps que les formations politiques nationalistes ou identitaires, qui se veulent une alternative systémique, mettent davantage l’accent sur la préservation de la nature, comme cela commence à être fait quant à la question sociale, trop longtemps laissée par elles à l'arrière-plan de leurs programmes et surtout, de leurs discours quand ils pouvaient être médiatisés.

En effet, ce ne sont pas les ridicules Hulot et Arthus-Bertrand, ni même, plus sérieusement, l’Equipe Cousteau, Brigitte Bardot ou la CRIIRAD, qui, malgré leurs efforts trop isolés, pourront empêcher notre monde de devenir très bientôt invivable si rien n’est fait au plan politique ; ce qui nous concerne tous, tant individuellement que collectivement.

21/03/2011

Le nucléaire, c'est super !

Merci à l'ami SPOILER pour ces deux vidéos.


Déchets, le cauchemar du nucléaire

 

La bataille de Tchernobyl

Les USA et l'obsession du machiavélisme

 

"Hier [vendredi 18 mars 2011], à la Commission européenne, c’est-à-dire dans les couloirs nombreux et très longs, on se félicitait de l’incomparable habileté de la partie américaniste dans cette affaire d’intervention en Libye. Ainsi va l’interprétation qui procurait des gloussements de plaisir : les “interventions anti-interventionnistes” du secrétaire à la défense Robert Gates constituaient une manœuvre d’une suprême habileté pour contenir les pressions anti-guerres des Chinois et des Russes, alors qu’on préparait l’intervention, dont les boys seraient évidemment. Gates aurait donc “joué” à être l’opposant qu’il ne serait finalement pas, à cette opération contre la Libye avec participation US. Il est toujours surprenant de mesurer l’extrême ignorance de ce qu’est la psychologie américaniste, de la part de tous ces bureaucrates non-US éperdus d’amour depuis bien plus d’un demi-siècle pour le parrain Sam d’Outre-Atlantique. Mais quoi, ne dit-on pas que l’amour rend aveugle ?

Si un Gates proclame partout qu’il est contre tout nouvel engagement extérieur, y compris et particulièrement en Libye, s’il le dit publiquement et devant les futures élites de la nation (les élèves-officiers de West Point, d’Annapolis ou de l’Air Force Academy), c’est qu’il le pense vraiment. On ne plaisante pas avec la formation morale des futures élites de la nation, c’est-à-dire qu’on ne les floue pas avec des mensonges tactiques. La psychologie américaniste n’a pas l’habitude de dissimuler lorsque l’image et le statut de la puissance américaniste sont en jeu ; elle déteste le machiavélisme d’essence européenne, qui a toujours marqué cette politique européenne que l’Amérique a dénoncée dès son origine.

Les USA pratiquent des politiques cyniques, vicieuses, brutales, sans le moindre souci des convenances et des obligations, mais ils ne s’en dissimulent pas, justifiant d’ailleurs ces politiques par des buts qu’ils jugent élevés (notamment l’instauration de la démocratie, de style US et à l’avantage des USA) et dans lesquels ils croient. Si Washington avait été uni dans sa volonté d’intervenir en Libye et selon une décision déterminée depuis un certain temps, il l’aurait fait savoir également depuis un certain temps ; Washington (le Pentagone) n’aurait pas permis que cette intervention soit envisagée hors du cadre OTAN, où elle aurait dû se couler dès le début et d’une façon stricte, il aurait exigé le commandement visible et proclamé de l’opération de toutes les façons, y compris la plus visible par proclamation publique et mondiale."

Philippe Grasset

19/03/2011

Lucidité française

On a beau dire, et moi le premier, que "les gens sont cons", s'énerver contre leur caractère moutonnier et leur panurgisme consumériste... parfois, une autre vérité saute au yeux.

Illustration, ce sondage commandé par Marianne et Europe 1 :


Tableau 1 : Êtes-vous plutôt d’accord ou plutôt pas d’accord avec chacune des affirmations suivantes... ?

 

Tableau 4 : Quand vous pensez aux dernières années, diriez-vous plutôt que... ?

15/03/2011

Notre poison quotidien, par Marie-Monique Robin


Après son passionnant Le monde selon Monsanto, Marie-Monique Robin sort également un livre au titre identique à ce dernier documentaire, diffusé ce soir sur arte : Notre poison quotidien.

Il faut vraiment se cacher la tête dans le sable pour nier la réalité qu'on y trouve...

13/03/2011

Zbigniew Brzezinski et "l'éveil politique" de l'humanité

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« Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, pratiquement toute l’humanité est politiquement active, politiquement consciente et politiquement interactive. Il ne reste que quelques poches dans les coins les plus reculés qui ne sont pas politiquement éveillés et connectés aux troubles politiques qui sont si répandus dans le monde. Le militantisme global fait émerger l’exigence d’un respect culturel et de justice économique dans un monde marqué par le souvenir de dominations coloniales ou impériales... L’aspiration globale à la dignité humaine constitue le défi principal inhérent au phénomène de prise de conscience politique globale.

L’Amérique doit affronter une nouvelle réalité globale : la population mondiale connaît une prise de conscience politique sans précédent de par son ampleur et son intensité. Il en résulte que les politiques populistes sont en train de transformer les politiques de pouvoir. La nécessité de répondre à ce phénomène massif pose un dilemme historique à l’Amérique : quel devrait être la définition du rôle global de l’Amérique ? Le défi principal de notre époque n’est pas le terrorisme global mais plutôt les troubles croissants provoqués par le phénomène de prise de conscience politique globale. Cette prise de conscience est massive en termes sociaux et radicale en termes politiques.

… Il n’est pas exagéré de dire que maintenant au 21ème siècle la population d’une bonne partie des pays en voie de développement est politiquement agitée et dans de nombreux cas en ébullition. C’est une population dotée d’une conscience aiguë des injustices sociales, sans précédent, et souvent irritée contre ce qu’elle perçoit comme un manque de dignité politique. L’accès quasi généralisé à la radio, à la télévision et de plus en plus à l’Internet est en train de créer une communauté qui partage les mêmes analyses et ressentiments qui pourraient être galvanisés et canalisés par des passions politiques ou religieuses démagogiques. Ces énergies transcendent les frontières et représentent un défi à la fois pour les états existants et la hiérarchie globale existante, au sommet de laquelle se trouve encore l’Amérique.

La jeunesse du Tiers Monde est particulièrement agitée et irritée. De plus, la révolution démographique est une bombe politique à retardement. A l’exception de l’Europe, du Japon et de l’Amérique, le groupe démographique des tranches d’age autour de 25 ans est en rapide expansion et est en train de créer une masse énorme de jeunes impatients. Leurs esprits ont été agités par les sons et les images lointains qui amplifient leur désaffection pour tout ce qui les entoure. L’avant-garde d’une révolution potentielle émergera probablement de ces millions d’étudiants concentrés dans les « troisièmes niveaux » intellectuellement douteuses des systèmes éducatifs des pays en voie de développement. Selon la définition des troisièmes niveaux, il y a actuellement entre 80 et 130 millions d’étudiants « d’université ». Typiquement, ils sont originaires des classes moyennes inférieures et sont enflammés par un sentiment de révolte social et ces millions d’étudiants sont des révolutionnaires en puissance, déjà à moitié mobilisés au sein de larges congrégations, connectés par Internet et prépositionnés pour rejouer à une plus grande échelle les événements qui ont eu lieu il y a quelques années à Mexico City ou sur la place Tienanmen. Leur énergie physique et leurs frustrations émotionnelles n’attentent que l’étincelle d’une cause, d’une croyance ou d’une haine pour exploser. »

Extraits d'un discours prononcé par Zbigniew Brzezinski à Chatham House (l'équivalent anglais du CFR) en novembre 2008, et dont une version édulcorée a été reprise par le New York Times.

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