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11/03/2011

"Inside job" en intégral, VOSTFR

Ce film, c'est un cadeau de l'ami SPOILER. Merci à ce grand dénicheur.

Prévoyez le couscous et le pinard, y en a pour près de deux heures.

 

08/03/2011

fortune.fdesouche.com en mode "veille"

 

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... C'est la nouvelle du jour.

Depuis un an et demi, ce blog remarquable avait entrepris de démolir tous les mythes droitards éculés (libéralisme, croissance, compétitivité, libre-échange, haine de l'Etat sous prétexte des abus Degôôôche...), soi-disant indispensables au nationalisme français et soi-disant indissociables d'une vision enracinée, voire identitaire, de notre combat.

Pour l'essentiel simple revue de presse (je connais un peu les tauliers et peux attester de la faiblesse des moyens et des effectifs, comme du sacrifice quotidien de la vie privée), mais aussi tribune pour des penseurs dissidents comme Michel Drac et Patrick Reymond, Fortune a placé les questions sociales, environnementales, géopolitiques, au coeur de ses préoccupations, ouvrant des horizons à quelques-uns, mécontentant aussi, parfois jusqu'à l'insulte, les obsessionnels du complot anti-libéral comme parfois les adeptes un peu trop simplistes d'autres théories de la machination mais, en tout cas, brossant par une inédite réunion de sujets épars un tableau de l'économie et surtout, de la crise, bien différent de celui qui domine dans la sphère médiatique, comme de celui que les "nationaux-libéraux", ces imposteurs de la défense du pays, voudraient présenter comme le seul pertinent.

Comme je le disais ici même il y a quelques temps, l'attelage soviéto-libéral qui nous entraîne à la ruine mais qui, ce faisant, permettra probablement notre libération quand il s'effondrera sur lui-même, est un trucage, une synergie permanente et homogène dans ses fondements et ses buts.

Cette vision des choses, celle de la troisième voie en économie, est clairement aussi celle de Fortune.

Par conséquent, les libéraux pourront toujours hurler au "socialisme", voire au "communisme", ce n'est que pure mauvaise foi.

Il n'y a pas plus de communisme que de libéralisme dans la ligne éditoriale que Fortune a suivie.

D'ailleurs, l'entreprise privée n'a pas attendu le libéralisme pour prospérer, pas plus que la solidarité n'a attendu le collectivisme marxiste pour s'exprimer, dans des sociétés où, certes, le matérialisme n'était pas l'alpha et l'oméga de la conception du monde.

Fortune a, je crois, contribué à relancer nos débats sur l'identité vers un sujet qui leur a longtemps manqué : la question sociale.

On peut le voir dans les évolutions récentes du programme du Front National (que, pourtant, je ne soutiens pas, parce que, dans une sorte d'étrange compensation, s'il a adopté, parfois maladroitement, une ligne économique et sociale plus pertinente, il a en échange renoncé à une lutte totale contre l'immigration allogène).

Fortune a-t-il influencé Marine Le Pen ? C'est fort possible.

En tout cas, ce qui est certain, c'est que nous ne pourrons pas prétendre à une révolution populaire (ou "populiste", comme disent les gougnafiers de l'establishment), sans le peuple.

Il est bien temps de se rendre compte que négliger la question sociale, indissociable de la question identitaire, c'est négliger le peuple, c'est laisser le champ libre à la gauche libérale ou pseudo-révolutionnaire (marxiste) comme aux requins du libre-échange mondialisé, c'est alimenter la division artificielle entre droite et gauche, toutes deux systémiques. C'est laisser le peuple à ses maîtres corrupteurs, c'est l'abandonner au vide du consumérisme et de l'atomisation individualiste.

Au contraire, Fortune en mode "veille", c'est un appel à reprendre le flambeau de la troisième voie économique et sociale, à le porter bientôt au pouvoir.

Lecteurs de Fortune, si vous partagez cette idée, autonomisez-vous et agissez de votre côté.

Ne laissez pas le flambeau s'éteindre.

04/03/2011

Dressage

 

- Je vais vous raconter un petit incident, reprit Swammerdam, qui me servit de guide dans la vie, si insignifiant qu'il me parût alors. J'étais encore assez jeune à l'époque, et je venais de souffrir d'une grande déception, si bien que la terre me parut longtemps sombre et pareille à un enfer. Dans cet état d'esprit, presque aigri de voir que le destin me traitait comme un bourreau impitoyable, il arriva que je fus un jour témoin de la manière dont on dressait un cheval.

On l'avait attaché à une longue courroie, et on le faisait tourner en rond sans lui accorder une seconde de repos. Chaque fois qu'il arrivait devant un obstacle qu'il devait sauter, il faisait un bond de côté ou commençait à ruer. Les coups de fouet pleuvaient sur son dos pendant des heures d'affilée, mais il refusait toujours de sauter. L'homme qui le tourmentait n'était pas cruel, et visiblement souffrait lui-même de ce travail pénible qu'il devait accomplir. Il avait un bon visage amical, et il me dit, lorsque je lui fis une observation : "Je lui achèterais volontiers du sucre avec tout mon salaire de la journée, s'il comprenait enfin ce que je veux de lui. J'ai déjà essayé, mais sans résultat ; c'est comme si le diable était logé dans cet animal et lui aveuglait le cerveau. Et pourtant, c'est si peu qu'on lui demande de faire". Je voyais l'angoisse mortelle dans les yeux du cheval ; chaque fois qu'il arrivait devant l'obstacle, j'y lisais cette peur : je vais recevoir des coups de fouet. Je me creusai la tête pour chercher s'il n'y avait pas un autre moyen pour se faire comprendre du pauvre animal. Et comme j'essayais vainement en esprit, puis en paroles, de lui crier de sauter, et qu'alors ce serait tout de suite fini, je dus constater à ma grande douleur que seule la dure souffrance est le maître qui peut finalement nous amener au but ; alors je reconnus subitement que moi-même je n'agissais pas autrement que le cheval : la destinée me frappait de ses coups, et tout ce que je savais, c'était que je souffrais, je haïssais la puissance invisible qui me persécutait ; mais ce que je n'avais pas encore compris, c'est que tout cela n'avait pour but que de me faire accomplir quelque chose, peut-être sauter un obstacle spirituel qui se trouvait devant moi.

Cette petite expérience devint dès lors une borne indicatrice sur mon chemin : j'appris à aimer les invisibles qui me poussaient en avant à coups de fouet, car je sentais qu'ils auraient préféré me donner du "sucre" si cette méthode avait pu réussir à m'élever d'un échelon au-dessus de l'humanité éphémère.

L'exemple que je donne là est naturellement boiteux, continua Swammerdam, car il n'est pas certain que le cheval eût réalisé un progrès en apprenant à sauter ; peut-être aurait-il été préférable de lui rendre sa liberté. Mais en cela je ne vous apprends rien. Ce qui a été surtout important pour moi, c'est ceci : j'avais jusque-là vécu dans la conviction erronée que tout ce qui m'arrivait de mauvais était punition, et je m'étais tourmenté à réfléchir pour découvrir en quoi j'avais bien pu le mériter ; alors tout à coup je vis un sens aux rigueurs du destin, et même si, bien souvent, je n'arrivais pas toujours à comprendre quel obstacle je devais sauter, je devins néanmoins dès lors un cheval des plus dociles.

Je vécus alors pour mon propre compte le verset de la Bible sur le pardon des péchés au sens étrange et caché qui est à la base : avec la notion de châtiment le péché est tombé de lui-même, et l'image caricaturale d'un Dieu vengeur devint, au sens noble, dégagé de la forme, une force bienfaisante désireuse seulement de m'instruire... tout comme l'homme dressait le cheval.

Gustav Meyrink, Le visage vert