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05/03/2012

Cornelius Castoriadis sur « La montée de l'insignifiance » (1996)

 

28/02/2012

Pierre-Joseph Proudhon sur le crédit

Jacob Emile Pereire, un des grands financiers du XIXe siècle en France

 

Ces lignes, extraites de l'Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle, déjà cité, ont 160 ans :

« De toutes les forces économiques, la plus vitale, dans une société que les révolutions ont créée pour l’industrie, c’est le crédit. La bourgeoisie propriétaire, industrielle, marchande, le sait bien : tous ses efforts depuis 89, sous la Constituante, la Législative, la Convention, le Directoire, l’Empire, la Restauration, la monarchie de Juillet, n’ont tendu, au fond, qu’à ces deux choses, le crédit et la paix. Que n’a-t-elle pas fait pour se rallier l’intraitable Louis XVI ? Que n’a-t-elle pas pardonné à Louis-Philippe ? — Le paysan le sait aussi : de toute la politique il ne comprend, comme le bourgeois, que ces deux choses : la diminution de l’usure et de l’impôt. Quant à la classe ouvrière, si merveilleusement douée pour le progrès, telle est l’ignorance où elle a été entretenue sur la cause réelle de ses souffrances, que c’est à peine si, depuis février, elle commence à bégayer le mot de crédit et à voir dans ce principe la plus grande des forces révolutionnaires. En fait de crédit, l’ouvrier ne connaît que deux choses : la taille du boulanger et le Mont-de-piété.

Le crédit est à une nation vouée au travail ce que la circulation du sang est à l’animal, l’organe de la nutrition, la vie même. Il ne peut s’interrompre que le corps social ne soit en péril. S’il est une institution qui, après l’abrogation des droits féodaux et le nivellement des classes, se recommandât avant toute autre aux législateurs, assurément c’était le crédit. Eh bien ! aucune de nos déclarations de droits, si pompeuses ; aucune de nos constitutions, si prolixes sur la distinction des pouvoirs et les combinaisons électorales, n’en a parlé. Le crédit, comme la division du travail, l’application des machines, la concurrence, a été abandonné à lui-même ; le pouvoir financier, bien autrement considérable que l’exécutif, le législatif et le judiciaire, n’a pas même eu l’honneur d’une mention dans nos différentes chartes. Livré, par un décret de l’empire du 23 avril 1803, à une compagnie de traitants, il est resté jusqu’à ce jour à l’état de puissance occulte ; à peine si l’on peut citer, en ce qui le concerne, une loi de 1807, laquelle fixe le taux de l’intérêt à cinq pour cent. Après comme avant la révolution, le crédit s’est comporté comme il a pu, ou, pour mieux dire, comme il a plu aux détenteurs en chef du numéraire. Du reste, il est juste de dire que le gouvernement, en sacrifiant le pays, n’a rien réservé pour soi ; comme il faisait pour les autres, il a fait pour lui-même : à cet égard nous n’avons rien à lui reprocher.

Qu’est-il résulté de cette incroyable négligence ?

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20/02/2012

Quand Pierre-Joseph Proudhon flinguait Rousseau (1851)

Portrait de Pierre-Joseph Proudhon en 1853 (avec ses filles), par Gustave Courbet, 1865

 

Merci à @alain21 qui m'a mis sur la piste de ces extraits de l'ouvrage de Proudhon, écrit à la prison Sainte-Pélagie où il était détenu pour « offense au Président de la République » et intitulé Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle :

« (...) Rousseau, dont l’autorité nous régit depuis près d’un siècle, n’a rien compris au contrat social. C’est à lui surtout qu’il faut rapporter, comme à sa cause, la grande déviation de 93, expiée déjà par cinquante-sept ans de bouleversements stériles, et que des esprits plus ardents que réfléchis voudraient nous faire reprendre encore comme une tradition sacrée. (...)

Le Contrat social est l’acte suprême par lequel chaque citoyen engage à la société son amour, son intelligence, son travail, ses services, ses produits, ses biens ; en retour de l’affection, des idées, travaux, produits, services et biens de ses semblables : la mesure du droit pour chacun étant déterminée toujours par l’importance de son apport, et le recouvrement exigible à fur et mesure des livraisons.

Ainsi, le contrat social doit embrasser l’universalité des citoyens, de leurs intérêts et de leurs rapports. — Si un seul homme était exclu du contrat, si un seul des intérêts sur lesquels les membres de la nation, êtres intelligents, industrieux, sensibles, sont appelés à traiter, était omis, le contrat serait plus ou moins relatif et spécial ; il ne serait pas social.

Le contrat social doit augmenter pour chaque citoyen le bien-être et la liberté. — S’il s’y glissait des conditions léonines ; si une partie des citoyens se trouvait, en vertu du contrat, subalternisée, exploitée par l’autre : ce ne serait plus un contrat, ce serait une fraude, contre laquelle la résiliation pourrait être à toute heure et de plein droit invoquée.

Le contrat social doit être librement débattu, individuellement consenti, signé, manu propriâ, par tous ceux qui y participent. — Si la discussion était empêchée, tronquée, escamotée ; si le consentement était surpris ; si la signature était donnée en blanc, de confiance, sans lecture des articles et explication préalable ; ou si même, comme le serment militaire, elle était préjugée et forcée : le contrat social ne serait plus alors qu’une conspiration contre la liberté et le bien-être des individus les plus ignorants, les plus faibles et les plus nombreux, une spoliation systématique, contre laquelle tout moyen de résistance et même de représailles pourrait devenir un droit et un devoir.

Ajoutons que le contrat social, dont il est ici question, n’a rien de commun avec le contrat de société, par lequel, ainsi que nous l’avons démontré dans une précédente étude, le contractant aliène une partie de sa liberté et se soumet à une solidarité gênante, souvent périlleuse, dans l’espoir plus ou moins fondé d’un bénéfice. Le contrat social est de l’essence du contrat commutatif : non-seulement il laisse le contractant libre, il ajoute à sa liberté ; non-seulement il lui laisse l’intégralité de ses biens, il ajoute à sa propriété ; il ne prescrit rien à son travail, il ne porte que sur ses échanges : toutes choses qui ne se rencontrent point dans le contrat de société, qui même y répugnent.

Tel doit être, d’après les définitions du droit et la pratique universelle, le contrat social. Faut-il dire maintenant que de cette multitude de rapports que le pacte social est appelé à définir et à régler, Rousseau n’a vu que les rapports politiques, c’est-à-dire qu’il a supprimé les points fondamentaux du contrat, pour ne s’occuper que des secondaires ? Faut-il dire que de ces conditions essentielles, indispensables, la liberté absolue du contractant, son intervention directe, personnelle, sa signature donnée en connaissance de cause, l’augmentation de liberté et de bien-être qu’il doit y trouver, Rousseau n’en a compris et respecté aucune ?

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21/12/2011

La croissance, c'est fini

Vision post-apocalyptique de Londres (tiens, pourquoi Londres ?)

 

On nous bassine avec les remèdes à l'endettement : faut se serrer la ceinture et bosser, nous dit-on.

Or, ce n’est pas le tout de proposer un travail acharné (le maximum dont est capable la « vertu » bourgeoise, et de préférence si ce sont d’autres qui le font), en plus de telle ou telle prétendue solution financière à la crise – planche à billets, austérité, ou mélange des deux.

Encore faut-il, quand même, que cela serve à quelque chose.

L’idéologie libérale table sur une notion fondamentale, commune au marxisme d’ailleurs : la croissance infinie.

Sans elle, rien ne marche plus.

L’immobilisme, la conservation et le simple renouvellement de ce qui existe ne suffisent jamais à cette grande ambition.

Le Progrès, autre mythe fondateur des « Lumières », exige toujours davantage de moyens matériels, pour finir par faire du monde un paradis et de l’homme une merveille.

Entre parenthèses, on voit bien à quel point ces fadaises ont réussi, non ?

Ah oui, pardon, c’est vrai, nous avons des smartphones, la télé HD et Michel Drucker dedans… Youpi.

Si nous sommes dans la fuite en avant financière pour retarder l’inévitable effondrement économique, ce n’est donc, finalement, qu’un prolongement logique de la fuite en avant dans la croissance.

Qu’une manière d’appliquer aux signes produits par le monde de la croissance, le même traitement que pour obtenir la croissance elle-même.

En effet, comment continuer de s’enrichir toujours davantage (sans parler de simplement entretenir et renouveler tout ce qu’on a accumulé), si ce qui est produit ne se vend plus ?

Autrement dit, pour remédier à l’absence d’acheteurs, que reste-t-il ?

A faire comme si les acheteurs achetaient toujours, pardi.

A mettre dans le circuit des biens qu’ils n’achèteront pas, de l’argent (crédit bancaire, transfert de la richesse publique à la fortune privée, primes d’Etat, cavalerie bancaire publique et privée…) pour permettre de les acheter quand même, et du bon vieux matraquage publicitaire pour y pousser.

Le problème est que cela appauvrit progressivement toute la société (d’abord les moins riches), en détruisant les emplois, en retirant petit à petit à la monnaie toute sa valeur, sans pour autant redonner à la croissance son élan.

Ni aux richesses, leur valeur d’avant la crise (exemple : les biens immobiliers).

Nous sommes, alors que le superflu est encore abondant et peu cher, dans une société où le point d’endettement maximal a été dépassé depuis longtemps.

Persistent les signes de l’opulence, les signes de la croissance et là, le marketing a largement pris le pas sur la réalité.

Même la monnaie a cessé d’exister. Elle est devenue, en fait, le marketing de la monnaie (si on parle d’argent-dette, ce marketing a d’ailleurs existé dès le début).

Plus de croissance ? Mimons-la.

Et donc, produisons comme si nous avions encore des acheteurs.

Et donc, créons de l’argent, comme si ces acheteurs payaient toujours.

Et enfin, surtout, disons partout que tout va déjà mieux.

Le hic : comme dans un excellent film au cinéma, quand tout est feint au point que le spectateur s’oublie lui-même et perd la notion du réel, que se passe-t-il, malgré tout, à la fin de la représentation ?

Il faut bien sortir et retourner au quotidien.

Quand s’opérera une prise de conscience massive de ce qui constitue réellement une richesse (c’est simple, c’est accessible à tout le monde : par exemple, si on n’a pas de quoi manger, à quoi sert le superflu ?), il est fort possible que la société change brutalement, extrêmement vite.

Ah, l’image des hideuses zones commerciales désertées, envahies par les ronces et les genêts !…

J'en rêve.

C'est pour bientôt.

08/10/2011

La vraie Gauche

Un petit plus - Jean-Claude Michéa sur France Inter le 09 octobre 2011 (je remercie @alain21) :

http://www.franceinter.fr/emission-parenthese-la-gauche-a...

 

Jean-Claude Michéa sur France Culture, le 06 octobre 2011 :