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20/11/2011

Coup de balai

Ben quoi, elle est pas belle, ma paille de riz ?

 

Comme les lecteurs de ce blog ont pu s'en apercevoir, la sacro-sainte liberté d'expression, noble ambition mais aussi alibi de bien des âneries, voire des pires insanités, en a pris un coup ici ces derniers temps.

N'ayant que deux bras et ne disposant que d'un temps limité, je me suis aperçu que les réponses aux indésirables sont de plus en plus chronophages.

J'ai notamment reçu, il y a peu, la visite des Dupond et Dupont d'un micro-parti continental : le premier (le Leader Maximo de l'anti-pragmatisme) tout sucre et tout miel, apparemment banni de F.Desouche pour avoir inondé tous les fils de discussion de ses commentaires à sens unique jusqu'à overdose des tauliers, étant manifestement venu sur mon petit blog afin de racoler pour sa chapelle désespérément déserte, et le second (le VOKHR de service) ayant réagi à mes critiques un peu vertes des salamalecs de son gourou par un déluge verbal ordurier et, paradoxalement, par un rappel hypocrite au respect de la « nétiquette », ce truc politiquement correct dont l'invocation confirme une belle mentalité de reptiles, d'ailleurs illustrée récemment, sur le site d'un pseudo-dissident, par un pitoyable étron pseudo-journalistique.

Je passe sur les détails (le gus qui n'accepte pas d'être banni et, tel un troll, utilise un proxy pour pouvoir revenir ; l'envoi d'un mail tout aussi ordurier pour dégueuler le reste de sa haine de frustré congénital...). Sachez juste que ne suis pas le genre à coincer mon pied dans la porte si on ne veut pas me laisser entrer et que, de même, je n'aime pas que des importuns à qui je n'ai rien demandé essaient de s'imposer chez moi. Pour ne pas donner à cet incident totalement hors sujet (spécialité des deux compères) plus de publicité qu'il n'en méritait, j'ai préféré, en définitive, supprimer de mon blog tous les commentaires relatifs à mes échanges avec ces duettistes de l'inutile, y compris les miens, même si l'ensemble constituait à mon avis une jolie petite contre-propagande au micro-parti en question.

Assez chronophages aussi, accessoirement, ont été, depuis quelques mois, les mesures de contrôle afférentes aux délires d'un troll patenté, aux obsessions aussi constantes que mal dirigées en ce qui nous concerne, moi et mes idées. Mais allez faire entendre raison, quand de surcroît vous avez une vie bien remplie, à un illuminé psychorigide dont le quotidien est à l'évidence aussi vide que son temps libre est infini...

Pour me permettre de continuer à alimenter régulièrement ce blog sans perdre un temps croissant à des tâches improductives, un coup de balai était nécessaire.

Bref, je me vois contraints de soumettre désormais tous les commentaires à une validation préalable (ce que le même langage ultra-politiquement-correct appelle une « modération »).

Croyez bien que j'ai en horreur ce genre de procédés et que je suis navré de devoir l'imposer à ceux qui viennent régulièrement commenter ici, comme aux occasionnels. Je m'y étais refusé jusqu'ici, pour éviter de vous en infliger la contrainte. Mais ce n'est vraiment plus possible.

Par conséquent, le temps d'attente entre la rédaction de vos commentaires et leur publication sur le blog sera plus long. Bien sûr, je continuerai de laisser à vos interventions la plus grande liberté de contenu et de ton possible, compte tenu des lois en vigueur. Je compte sur votre compréhension et vous promets de faire au mieux. Merci d'avance.

15/11/2011

« Révoltes encore inconscientes »

 

« Dany-Robert Dufour est philosophe, professeur en sciences de l'éducation à Paris VIII, et ancien directeur de programme au Collège international de philosophie de 2004 à 2010. Il a publié de nombreux ouvrages et articles dont la dominante générale est le refus des deux nouvelles formes de libéralisme qui dominent désormais le monde. Il s'agit du néo-libéralisme qui consacre le pouvoir des entreprises financières sur le reste de l'économie et de l'ultra-libéralisme qui prétend généraliser à l'ensemble de la planète la disparition des Etats et des réglementations de service public. Le second de ces libéralismes est principalement au service du premier.

Aujourd'hui, Dany-Robert Dufour voit dans la généralisation des crises économiques et sociales en Europe le triomphe des entreprises financières qui mettent la dernière main, via les institutions communautaires et le FMI, à la destruction non seulement des Etats protecteurs et des grands programmes publics dépassant les intérêts particuliers au service de l'intérêt général mais, plus généralement, des valeurs démocratiques de solidarité et de partage. Sans tomber dans le conspirationnisme, on peut en effet penser que les objectifs, conscients ou inconscients, de ces entreprises financières, des gouvernements et des médias qu'elles rémunèrent (les trois oligarchies) visent à ramener le niveau de vie des peuples européens, libre concurrence oblige, à celui des peuples asiatiques. Les Européens seront ainsi obligés de travailler avec un salaire de 1$ par jour à l'accumulation de richesses dont profiteront les seules oligarchies.

Mais comment lutter contre ce mécanisme apparemment implacable de mise en tutelle et d'exploitation ? On pourrait proposer que les populations occidentales se battent plus énergiquement qu'aujourd'hui pour conserver leur situation privilégiée. Cette résistance pourrait prendre la forme d'un retour à un protectionnisme national, voire européen. Mais si rien n'était fait pour lutter, en Europe même, contre les pouvoirs oligarchiques responsables du renforcement des exploitations, aucune résistance sérieuse ne pourra se manifester. Même si les classes moyennes et populaires européennes s'engageaient plus activement qu'aujourd'hui pour conserver leurs avantages comparatifs, elles ne pourront pas résister à la coalition des oligarchies et le poids politico-démographique des pays émergents, qui sont pour le moment des alliés objectifs.

Des changements dans les majorités politiques ne changeraient rien à l'affaire. Les successeurs des gouvernements chassés par la crise, que ce soit Lucas Papademos en Grèce, Mario Monti en Italie, demain François Hollande (ou Marine Le Pen) en France, ne changeront rien aux rapports de force. Le protectionnisme ne remplacera pas l'innovation scientifique et la relance des productions industrielles, qui seraient seules capables de redonner à l'Europe sa puissance perdue. Et comment financer les investissements correspondants sans ressources nouvelles ? Et comment obtenir des ressources nouvelles sans diminuer drastiquement les niveaux de vie de ceux qui, dans l'ensemble, élisent les gouvernements, que ce soit les niveaux de vie des classes moyennes et populaires ou, à l'opposé, ceux de la classe dite des super-riches ?

Si l'on interprétait correctement la pensée de Dany-Robert Dufour, l'on pourrait dire qu'il propose une perspective plus radicale. Il faudrait que les peuples européens et plus généralement occidentaux abandonnent leurs idéaux passés de consommation matérielle et de productivisme pour en revenir à une véritable frugalité, accompagnée par les valeurs de solidarité et de partage qui les sauveraient. D'une part, en ce cas, ils pourraient échapper au chantage des intérêts financiers qui les poussent à travailler toujours plus pour accumuler des plus values dont profitent les seules oligarchies. D'autre part, ils pourraient consacrer leurs forces intellectuelles et matérielles à développer de nouvelles formes d'investissement dans le capital cognitif, qui constitueraient les nouvelles valeurs dont le monde en crise aura besoin.

L'idée n'est pas neuve. Cependant elle peut encore séduire. Beaucoup seront tentés de la reprendre à leur compte. C'est sans doute ce que demandent, plus ou moins inconsciemment, les militants des mouvements de type "Occupy" qui cherchent à sortir du Système imposé par les oligarchies financières et corporatocratiques, sans préciser encore ce qu'ils voudraient mettre à la place. Mais un changement aussi radical dans les modes de consommation et de travail de plus d'un milliard d'humains, ceux des pays dits développés, ne pourra pas se faire par de simples incantations. Les résistances seront considérables, non seulement en provenance des oligarchies directement menacées mais, comme nous venons de le voir, des populations encore favorisées.

Que chacun d'entre nous s'interroge, ceux du moins qui font partie des classes moyennes dites supérieures encore relativement épargnées. Sera-t-il prêt à renoncer à des avantages matériels quasiment entrés dans sa vie, pour rechercher d'autres valeurs plus immatérielles ? Ceci, même s'il sait que les avantages dont il profite actuellement disparaîtront inexorablement dans quelques années, sous la pression de l'ultra-libéralisme et du néolibéralisme dénoncés par Dany-Robert Dufour ?

Par ailleurs, pour qu'une telle révolution se produise, il faudrait une convergence simultanée des volontés de centaines de millions de citoyens. Elle ne pourrait se produire sans la généralisation rapide de la catastrophe annoncée. Autrement, les déterminismes encore obscurs mais certainement solides dictant des comportements conservateurs aux populations, continueront à s'exercer pleinement. Une volonté nécessairement épisodique et isolée de changement, dans la bouche de tel économiste ou de tel homme politique, risque de rester marginale.

Cependant, nul ne peut prédire avec un minimum de scientificité quels sont les ressorts profonds des changements dans les convictions collectives, ce que le sociologue John Casti nomme les "global moods" ou "états d'esprit globaux". Ils peuvent évoluer en masse, secrètement, c'est-à-dire sans que nul ne s'en aperçoive, y compris à l'insu des individus porteurs de tels états d'esprit. Ceci parce que la science ignore encore avec précision comment se forment et se diffusent les contenus cognitifs, tant chez les individus que dans les groupes.

Il est possible que si l'on "radiographiait" les contenus des cerveaux des millions de personnes qui refusent vaguement le Système actuel sans s'engager encore à le changer, de tous ceux qui interrogés ne savent même pas que proposer pour le changer, on ferait des découvertes qui surprendraient les politologues. Peut-être découvrirait-on des voies et volontés de changements bien définies mais encore anesthésiées, n'attendant qu'une étincelle pour se concrétiser et se coordonner au sein de passages à l'acte effectifs. De la même façon, il avait fallu attendre l'été 1789, dans une méconnaissance générale, pour que commencent à cristalliser au sein des populations les ferments de la Grande Révolution.

Pour en savoir plus : Une civilisation en crise. »

Jean-Paul Baquiast

09/11/2011

Michel Clouscard : le capitalisme de la séduction

Merci à @Eisbär, inlassable et irremplaçable dénicheur, pour cette vidéo vieille de près de trente ans, qui n'a pas pris une ride.


 

 

Il faut lire Clouscard (injustement oubliés, ses ouvrages non réédités sont trouvables en occasion) :

- Critique du libéralisme libertaire

- La production de l'individu

- Le capitalisme de la séduction

- Mai 68, la contre-révolution libérale libertaire

Je salue l'initiative des Editions Delga, qui ont entrepris l'édition de ses oeuvres complètes.

Slavoj Žižek à « Occupy Wall Street »

 

Allocution, traduite par mes soins car (grrr) je viens seulement de m'apercevoir que des traductions existaient déjà ailleurs, de l'intéressant philosophe « marxien » slovène (celui qui avait balancé à BHL atterré : « Vous semblez considérer que seul le libéralisme peut sauver la gauche ») à Zuccotti Park, rebaptisé Liberty Place, New York, le 9 octobre 2011.


« Ils disent que nous sommes tous des perdants, mais les véritables perdants sont là-bas, à Wall Street. Ils ont été renflouées par des milliards de notre argent.

Nous sommes appelés socialistes, mais ici, le socialisme c'est toujours pour les riches. Ils disent que nous ne respectons pas la propriété privée, mais dans le krach financier de 2008 il a été détruit davantage de propriété privée durement gagnée que si nous tous, ici, nous étions employés à la détruire nuit et jour pendant des semaines.

Ils vous disent que nous sommes des rêveurs. Les vrais rêveurs sont ceux qui pensent que les choses peuvent continuer indéfiniment telles qu'elles sont. Nous ne sommes pas des rêveurs. Nous sommes l'éveil d'un rêve qui est en train de virer au cauchemar.

Nous ne sommes pas en train de détruire quoi que ce soit. Nous sommes seulement les témoins de la façon dont le système s'autodétruit.

Nous connaissons tous la scène classique des dessins animés. Le chat atteint un précipice, mais il continue à marcher, en ignorant le fait qu'il n'y a rien sous ses pieds. C'est seulement quand il regarde vers le bas et le remarque, qu'il tombe. C'est ce que nous faisons ici. Nous disons aux gars là-bas à Wall Street : "Hé, regardez en bas !"

À la mi-avril 2011, le gouvernement chinois a interdit à la télévision, dans les films et les romans, toute histoire contenant une réalité alternative ou un voyage dans le temps. C'est un bon signe pour la Chine. Ces gens continuent de rêver à des alternatives, donc [le régime est obligé de] leur interdire ces rêves.

Ici, nous n'avons pas besoin d'une interdiction, parce que le système régnant a opprimé jusqu'à notre aptitude à rêver. Regardez les films que nous voyons tout le temps. Il est facile d'imaginer la fin du monde. Un astéroïde détruisant toute vie et ainsi de suite. Mais vous ne pouvez pas imaginer la fin du capitalisme.

Alors, que faisons-nous ici ?

Laissez-moi vous raconter une merveilleuse vieille blague de l'époque communiste. Un gars fut envoyé d'Allemagne de l'Est pour travailler en Sibérie. Il savait que son courrier serait lu par les censeurs, alors il dit à ses amis : "Nous allons établir un code. Si une lettre que vous recevez de moi est écrite à l'encre bleue, ce que je dis est vrai. Si elle est écrite à l'encre rouge, c'est faux". Un mois après, ses amis reçoivent la première lettre. Tout est en bleu. Elle dit, cette lettre : "Tout est merveilleux ici. Les magasins sont remplis de bonne nourriture. Les cinémas montrent des bons films de l'Ouest. Les appartements sont grands et luxueux. La seule chose que vous ne pouvez pas acheter, c'est de l'encre rouge".

Voilà comment nous vivons. Nous avons toutes les libertés que nous voulons. Mais ce qui nous manque, c'est l'encre rouge : le langage pour exprimer notre non-liberté. La façon dont on nous apprend à parler de la liberté - guerre à la terreur et ainsi de suite - falsifie la liberté. Et c'est ce que vous faites ici. Vous nous donnez à tous de l'encre rouge.

Il y a un danger. Ne tombez pas amoureux de vous-mêmes. Nous passons un bon moment ici. Mais souvenez-vous, les carnavals ne coûtent pas cher. Ce qui importe, c'est le lendemain, quand nous aurons à revenir à une vie normale. Y aura-t-il des changements, alors ? Je ne veux pas que vous vous rappeliez ces jours-ci, vous savez, comme : "Oh, nous étions jeunes et c'était magnifique".

Rappelez-vous que notre message de base est : "Nous sommes autorisés à réfléchir à des alternatives". Si le tabou est brisé, nous [savons que nous] ne vivons pas dans le meilleur des mondes possibles. Mais il y a un long chemin à parcourir. Il y a des questions vraiment difficiles qui nous font face. Nous savons ce que nous ne voulons pas. Mais que voulons-nous ? Quelle organisation sociale peut remplacer le capitalisme ? Quel type de nouveaux dirigeants voulons-nous ?

Rappelez-vous. Le problème n'est pas la corruption ou la cupidité. Le problème est le système. Il vous oblige à être corrompus. Ne vous méfiez pas seulement des ennemis, mais aussi des faux amis qui travaillent déjà à diluer ce processus. De la même manière que vous obtenez du café sans caféine, de la bière sans alcool et de la crème glacée sans matière grasse, ils vont essayer de faire de cela une inoffensive protestation morale. Une protestation décaféinée.

Mais la raison pour laquelle nous sommes ici, c'est que nous en avons eu assez d'un monde où recycler les canettes de Coca, donner deux dollars par charité ou acheter un cappuccino chez Starbucks dont 1% va aux enfants affamés du tiers-monde suffit à nous faire nous sentir bien.

Après l'externalisation du travail et de la torture, après l'externalisation, maintenant, de notre vie amoureuse par les agences matrimoniales, nous pouvons voir que depuis longtemps, nous permettons que notre engagement politique soit également externalisé. Nous voulons qu'il revienne.

Nous ne sommes pas communistes, si le communisme désigne un système qui s'est effondré en 1990. Rappelez-vous qu'aujourd'hui ces communistes sont les plus efficaces, les plus impitoyables des capitalistes. En Chine aujourd'hui, nous avons un capitalisme qui est même encore plus dynamique que votre capitalisme américain, mais qui n'a pas besoin de la démocratie. Ce qui signifie que lorsque vous critiquez le capitalisme, ne cédez pas au chantage qui veut que vous seriez contre la démocratie. Le mariage entre démocratie et capitalisme est terminé.

Le changement est possible. Qu'est-ce que nous percevons aujourd'hui comme possible ? Il suffit de suivre les médias.

D'un côté, en matière de technologie et de sexualité, tout semble être possible. Vous pouvez aller sur la lune, vous pouvez devenir immortel par la biogénétique, vous pouvez avoir des rapports sexuels avec des animaux ou n'importe quoi.

Mais regardez le domaine de la société et de l'économie. Là, presque tout est considéré comme impossible. Vous voulez augmenter un petit peu les impôts pour les riches ? Ils vous disent que c'est impossible, nous perdrions la compétitivité. Vous voulez plus d'argent pour les soins de santé ? Ils vous disent : "Impossible, cela signifie un Etat totalitaire".

Il y a quelque chose qui ne va pas dans un monde où on vous promet l'immortalité, mais où vous ne pouvez pas dépenser un peu plus pour la santé.

Peut-être devons-nous fixer nos priorités ici. Nous ne voulons pas d'un plus haut niveau de vie. Nous voulons un meilleur niveau de vie. Le seul sens dans lequel nous sommes communistes, c'est que nous nous soucions de ce qui nous est commun. Commun dans la nature. Commun dans ce qui est privatisé par la propriété intellectuelle. Commun dans la biogénétique. Pour cela, et uniquement pour cela, nous devrions nous battre.

Le communisme a totalement échoué, mais les problèmes posés par ce qui nous est commun persistent.

Ils vous disent que nous ne sommes pas des Américains, ici. Mais les fondamentalistes conservateurs qui prétendent qu'ils sont vraiment américains doivent se rappeler quelque chose : qu'est-ce que le christianisme ? C'est le Saint-Esprit. Qu'est-ce que le Saint-Esprit? C'est une communauté égalitaire des croyants qui sont liés par l'amour mutuel, lequel ne dépend que de leur propre liberté et de leur responsabilité. En ce sens, le Saint-Esprit est ici, maintenant. Et là-bas à Wall Street, il y a des païens qui adorent des idoles blasphématoires.

Ainsi, tout ce dont nous avons besoin est la patience.

La seule chose que je crains, c'est que nous rentrions simplement un jour à la maison et qu'alors nous nous réunissions une fois par an, buvant de la bière, et nous souvenions nostalgiquement : "Quel bon moment nous avons passé ici". Promettez-vous que ce ne sera pas le cas . Nous savons que souvent les gens désirent quelque chose, mais ne le veulent pas vraiment. N'ayez pas peur de vouloir vraiment ce que vous désirez.

Merci beaucoup. »

Source


Et à titre purement documentaire, les vidéos correspondantes en VO (difficilement supportables, l'auditoire proche relayant après chaque phrase les paroles de Žižek démuni de micro, pour que tout le monde puisse l'entendre) :

 

22/10/2011

« De la corruption considérée comme un des beaux-arts »

« Le Pont sur L'Atlantique, renforçant les relations particulières » (entre les USA et la G-B)

 

« Quoi que nous imaginerons, ils feront toujours plus et mieux, c’est-à-dire toujours pire. La démission du ministre britannique de la défense Liam Fox, à cause d’une affaire d’amitié particulière avec son conseiller Adam Werritty et ses prolongements de corruption plutôt courants que particuliers, affectant tous les domaines possibles, met en lumière la prodigieuse pourriture transatlantique. Tout s’organise autour d’une association de lobbying présentée comme caritative dans son centre Atlantic Bridge, mise en place (dans ce cas, par Fox) pour une corruption à caractères transatlantique, mais multinationale, multiconfessionnelle (pourquoi pas ?) et multi professionnelle. On y trouve bien entendu les Tories britannique (Fox n’est pas le seul ministre à figurer dans Atlantic Bridge), les neocons US, les bailleurs de fonds de Tea Party, l’industrie d’armement, les entreprises de relations publiques et de lobbying, Israël, ses “services” et son Lobby, et quelques satellites annexés (telle ou telle firme d’armement, tel ou tel intermédiaire, au Pakistan, au Sri Lanka et ainsi de suite). Il y a aussi des donations venues des industries pharmaceutiques, du tabac, des pétroliers et de “l’industrie du jeu” liée à Cosa Nostra, le crime organisé US (dans d’autres pays moins policés et plus mal vus, on dit : “mafia”). La structure de corruption est, en perspective, prodigieuse d’importance et de ramification, et elle a été établie, sous le patronage de l’indestructible quoique fort avancée Lady Thatcher, essentiellement durant les années Bush. (...)

L’“anglosphère”, ou entité anglo-saxonne, a poussé les activités de corruption au-delà de tout ce qu’on pouvait imaginer, installant la postmodernité dans le pur domaine de la transformation de toutes les activités en sources de profit et d’influence pour le profit, offrant sa substance même au pourrissement direct. Il ne s’agit même plus vraiment d’une organisation de pression politique pour un peu plus américaniser le Royaume-Uni, pour des intérêts politiques nationaux. Il s’agit bien de liens de parti à parti (les Tories et les républicains) comme l’on dit de gang à gang, avec une impressionnante participation du big business, pour les questions essentiellement de business, – l’agenda politique étant soumis à l’impératif de business. (...)

Comme les directions politiques elles-mêmes, la corruption ne s’intéresse plus prioritairement à la politique et à l’idéologie, mais à l’activité de corruption d'une façon générale et pluraliste, – “considérée comme un des beaux-arts”, si l'on veut. Il s’agit du pas ultime vers la subversion et même vers l’inversion entraînant la dissolution du Système. Cette orientation induit, en effet, que le Système est en train de perdre, si ce n’est déjà complètement perdu, tous ses impératifs structurels en matière de politique et d’idéologie. Il se trouve sur la dernière marche du pourrissement de la décadence, lorsque cette dernière marche, en bois pourri, cède sous le poids et s’effondre comme une symbolique de la Chute. Il n’y a plus de complots, plus de manipulations, plus de machinations type-Murdoch avec tout de même un sens politique, il n’y a plus que la course effrénée dans la corruption, avec un personnel politico-machin-chose qui a perdu la moindre capacité de réflexion de combat sur un terme constructif, pour la cause qu’il défend prétendument. (...) »

Philippe Grasset

Trois citations insolites

« J'emmerde la cupidité du monde des affaires » - New York, 15 octobre 2011

 

  • « Je n’ai pas le pouvoir, la France comme le reste du monde est assujettie à une dictature financière qui gère tout. »

(François Mitterrand, cité par sa veuve Danielle dans « Le Livre de ma mémoire », Editions Jean-Claude Gawsewitch, 2007 - cf. la Tribune de Genève du 22 novembre 2007)

 

  • « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique . Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort. »

(Francois Mitterrand juste avant de mourir, cité par Georges-Marc Benamou dans « Le dernier Mitterrand », Editions Plon - Omnibus, 1997 - cf. Vigile.net)

 

  • « Une haute bourgeoisie s’est renouvelée. (…) C’est l’appareil d’Etat qui a fourni au capitalisme ses nouveaux dirigeants. (…) Venus d’une culture du service public, ils ont accédé au statut de nouveaux riches, parlant en maîtres aux politiques qui les avaient nommés. »

(François Hollande dans « Devoirs de vérité », Editions Stock, Paris, 2006, p. 159-161 - cf. le Monde diplomatique, juin 2010)

20/10/2011

« Les 99% aboient, et le 1% passe »

 

« On critique la faillite de Dexia, qui venait de passer un "stress test". Mais on oublie que son bilan s’est détérioré avec les attaques spéculatives.

C’est une année où nous avons tout vu : une vague d’indignation mondiale des classes moyennes, qui prennent conscience de la redistribution des richesses du contribuable moyen vers l’élite financière. Et ils ne sont pas seuls : les plus grandes fortunes des Etats-Unis s’indignent à leur tour. Le père de l’Américain le plus riche, Bill Gates, et le fils du deuxième Américain le plus riche, Warren Buffett, se sont tous deux élevés contre les inégalités sociales et les taux d’imposition trop bas des plus riches.


Indignation vs. lobbying

Un autre membre du 1% le plus aisé, Bill Gross, numéro un de la gestion obligataire, a "tweeté" il y a quelques jours : "Une guerre des classes menée par les 99% les plus pauvres contre le 1% le plus riche ? Evidemment, ils nous tirent dessus après que nous leur avons tiré dessus pendant trente ans". Propos qui rappellent ceux tenus par Warren Buffett en 2006 : "Il y a une guerre des classes, c’est vrai, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui fait la guerre". Même le célèbre raider Asher Edelman, qui a inspiré le rôle de Gordon Gekko dans le film "Wall Street" de 1987,  soutient les manifestations et déclare : "La cupidité des banques est la cause de cette terrible situation économique". On croit rêver. Enfin, le chef des investissements du puissant fonds de pension CalPERS, vient de mettre sa pierre à l’édifice de l’indignation: "Je comprends pourquoi les gens protestent : Wall Street est un jeu truqué". Et si le parlementaire texan Ron Paul a depuis longtemps déclaré que le système est truqué en faveur des riches et contre les pauvres, il est désormais admis que, lorsqu’il s’agit de sauver le secteur bancaire, l’Etat se mue en planificateur socialiste, et lorsqu’il s’agit de sauver le petit peuple, l’Etat n’a plus un sou et le système devient ultra-libéral. Tout le monde est donc d’accord sur le diagnostic. C’est déjà une première. Mais ce sera insuffisant. L’indignation des plus riches contre les inégalités, fort touchante,  ne se traduit pas en action politique. En revanche, l’indignation des plus riches contre la réglementation du secteur financier et la hausse des taux d’imposition se traduit, elle, en action politique. Les lobbies financiers ont dépensé, après 2008, quelque 600 millions de dollars pour influencer des membres du Congrès et mettre des entraves à la réglementation financière. Certes, il convient de rappeler, comme l’a fait le gérant de hedge funds John Paulson face aux indignés contre Wall Street, que 41% des recettes fiscales de l’Etat de New York proviennent du 1% le plus riche de cet Etat. Mais il faut aussi rappeler que les gérants de fonds spéculatifs paient, aux Etats-Unis, seulement 12% d’impôts (pour ceux qui n’échappent pas carrément à toute imposition en s’implantant offshore) et que les Américains les plus riches restent les champions de l’évasion fiscale :  le montant des avoirs non déclarés au fisc des Etats-Unis s’élève à au moins 1600 milliards de dollars, soit plus du double de l’évasion allemande.

L'information, l’arme ultime

Pendant que les masses s’indignent dans les rues, les plus nantis s’indignent dans les allées des parlements, armés de leur imparable chéquier. Ou alors, armés de leur force de frappe spéculative, ils mènent à la faillite, sur les marchés, les rivaux qui pourraient leur faire de l’ombre : il en va ainsi de la guerre spéculative et financière menée contre l’euro, les Etats de la zone et à présent ses banques. On critique la banque Dexia, qui avait passé le "stress test" européen  en juillet, pour faire faillite deux mois plus tard. Mais a-t-on regardé ce qui s’est passé, entre deux, sur les marchés ? Son action a perdu 75%. Le cours de ses obligations s’est effondré sous le poids des paris baissiers, qui ont fait exploser le risque  de défaut du titre, dégradant encore et par là-même le bilan de la banque franco-belge. Les titres de toutes les banques européennes ont subi, en septembre, une véritable razzia sur le marché spéculatif des dérivés (CDS). Reste qu’en face de cette force de frappe financière, s’érigent des citoyens mieux informés, l’information étant la première arme de la démocratie. Du printemps arabe à l’automne financier, on assiste à une seule grande révolte contre le fossé grandissant qui sépare la haute finance et les masses. Les journalistes financiers se retrouvent dans la position de reporters de guerre. Et comme dans toute guerre, le plus dur et le plus essentiel, c’est de séparer l’info de l’intox. »

Myret Zaki

19/10/2011

Plainte contre Jack Lang pour viol sur une fillette de 4 ans

 

Plus d'informations en cliquant ici et encore ici.

16/10/2011

« Le système de l’argent périra par l’argent »

 

« (...) Les excès du prêt à intérêt étaient condamnés à Rome, ainsi qu’en témoigne Caton selon qui, si l’on considère que les voleurs d’objets sacrés méritent une double peine, les usuriers en méritent une quadruple. Aristote, dans sa condamnation de la chrématistique, est plus radical encore. "L’art d’acquérir la richesse", écrit-il, "est de deux espèces : l’une est sa forme mercantile et l’autre une dépendance de l’économie domestique ; cette dernière forme est nécessaire et louable, tandis que l’autre repose sur l’échéance et donne prise à de justes critiques, car elle n’a rien de naturel […] Dans ces conditions, ce qu’on déteste avec le plus de raison, c’est la pratique du prêt à intérêt parce que le gain qu’on en retire provient de la monnaie elle-même et ne répond plus à la fin qui a présidé à sa création. Car la monnaie a été inventée en vue de l’échange, tandis que l’intérêt multiplie la quantité de monnaie elle-même […] L’intérêt est une monnaie née d’une monnaie. Par conséquent, cette façon de gagner de l’argent est de toutes la plus contraire à la nature" (Politique).

Le mot "intérêt" désigne le revenu de l’argent (foenus ou usura en latin, tókos en grec). Il se rapporte à la façon dont l’argent "fait des petits". Dès le haut Moyen Age, l’Eglise reprend à son compte la distinction qu’avait faite le droit romain pour le prêt de biens mobiliers : il y a des choses qui se consument par l’usage et des choses qui ne se consument pas, qu’on appelle commodatum. Exiger un paiement pour le commodat est contraire au bien commun, car l’argent est un bien qui ne se consume pas. Le prêt à intérêt sera condamné par le concile de Nicée sur la base des "Ecritures" – bien que la Bible ne le condamne précisément pas ! Au XIIe siècle, l’Eglise reprend à son compte la condamnation aristotélicienne de la chrématistique. Thomas d’Aquin condamne également le prêt à intérêt, avec quelques réserves mineures, au motif que "le temps n’appartient qu’à Dieu". L’islam, plus sévère encore, ne fait même pas de distinction entre l’intérêt et l’usure.

La pratique du prêt à intérêt s’est pourtant développée progressivement, en liaison avec la montée de la classe bourgeoise et l’expansion des valeurs marchandes dont elle a fait l’instrument de son pouvoir. A partir du XVe siècle, les banques, les compagnies de commerce, puis les manufactures, peuvent rémunérer des fonds empruntés, sur dérogation du roi. Un tournant essentiel correspond à l’apparition du protestantisme, et plus précisément du calvinisme. Jean Calvin est le premier théologien à accepter la pratique du prêt à intérêt, qui se répand alors par le biais des réseaux bancaires. Avec la Révolution française, le prêt à intérêt devient entièrement libre, tandis que de nouvelles banques apparaissent en grand nombre, dotées de fonds considérables provenant surtout de la spéculation sur les biens nationaux. Le capitalisme prend alors son essor.

A l’origine, l’usure désigne simplement l’intérêt, indépendamment de son taux. Aujourd’hui, on appelle "usure" l’intérêt d’un montant abusif attribué à un prêt. Mais l’usure est aussi le procédé qui permet d’emprisonner l’emprunteur dans une dette qu’il ne peut plus rembourser, et à s’emparer des biens qui lui appartiennent, mais qu’il a accepté de donner en garantie. C’est très exactement ce que nous voyons se passer aujourd’hui à l’échelle planétaire.

Le crédit permet de consommer l’avenir dès le moment présent. Il repose sur l’utilisation d’une somme virtuelle que l’on actualise en lui attribuant un prix, l’intérêt. Sa généralisation fait perdre de vue le principe élémentaire selon lequel on doit limiter ses dépenses au niveau de ses ressources, car on ne peut perpétuellement vivre au-dessus de ses moyens. L’essor du capitalisme financier a favorisé cette pratique : certains jours, les marchés échangent l’équivalent de dix fois le PIB mondial [là, Alain de Benoist, auteur de l'article, se trompe, mais peu importe car il a raison sur le principe], ce qui montre l’ampleur de la déconnexion avec l’économie réelle. Lorsque le système de crédit devient une pièce centrale du dispositif du Capital, on rentre dans un cercle vicieux, l’arrêt du crédit risquant de se traduire par un effondrement généralisé du système bancaire. C’est en brandissant la menace d’un tel chaos que les banques ont réussi à se faire constamment aider des Etats.

La généralisation de l’accession au crédit, qui implique celle du prêt à intérêt, a été l’un des outils privilégiés de l’expansion du capitalisme et de la mise en place de la société de consommation après la guerre. En s’endettant massivement, les ménages européens et américains ont incontestablement contribué, entre 1948 et 1973, à la prospérité de l’époque des "Trente Glorieuses". Les choses ont changé lorsque le crédit hypothécaire a pris le dessus sur les autres formes de crédit. "Le mécanisme de recours à une hypothèque comme gage réel des emprunts représente infiniment plus", rappelle Jean-Luc Gréau, "qu’une technique commode de garantie des sommes prêtées, car il bouleverse le cadre logique d’attribution, d’évaluation et de détention des crédits accordés […] Le risque mesuré cède la place à un pari que l’on prend sur la faculté que l’on aura, en cas de défaillance du débiteur, de faire jouer l’hypothèque et de saisir le bien pour le revendre à des conditions acceptables". C’est cette manipulation d’hypothèques transformées en actifs financiers, jointe à la multiplication des défauts de paiement d’emprunteurs incapables de rembourser leurs dettes, qui a abouti à la crise de l’automne 2008. On voit l’opération se répéter aujourd’hui, aux dépens des Etats souverains, avec la crise de la dette publique.

C’est donc bien au grand retour du système de l’usure que nous sommes en train d’assister. Ce que Keynes appelait un "régime de créanciers" correspond à la définition moderne de l’usure. Les procédés usuraires se retrouvent dans la manière dont les marchés financiers et les banques peuvent faire main basse sur les actifs réels des Etats endettés, en s’emparant de leurs avoirs au titre des intérêts d’une dette dont le principal constitue une montagne d’argent virtuel qui ne pourra jamais être remboursé. Actionnaires et créanciers sont les Shylock de notre temps.

Mais il en est de l’endettement comme de la croissance matérielle : ni l’un ni l’autre ne peuvent se prolonger à l’infini. "L’Europe commise à la finance", écrit Frédéric Lordon, "est sur le point de périr par la finance". C’est ce que nous avons écrit nous-mêmes depuis longtemps : le système de l’argent périra par l’argent. »

Source : Métapo infos

15/10/2011

« Occupy Wall Street » vu par Russia Today

 

Il me paraît difficile d'assimiler simplement « Occupy Wall Street » aux Indignés européens, comme de croire aux différentes tentatives de discréditer ce mouvement, soit en le traitant de gauchiste, alors qu'il est manifestement multiforme, soit encore en l'assimilant à George Soros ou à d'autres oligarques, comme Al Gore, auxquels il est aisé de déclarer leur « compréhension » et leur « sympathie », sachant que ce pseudo-soutien risque surtout de semer la confusion, tant en humanisant les requins de la finance aux yeux des naïfs qu'en faisant douter les sympathisants potentiels de la sincérité de la contestation.

Difficile de croire à tout cela, oui ; surtout quand je vois que ce sont les néo-cons « européens » qui diffusent cette propagande, notamment en France.

Je signale aussi la très intéressante série d'articles de Philippe Grasset sur le sujet :