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15/04/2012

Octave Mirbeau : La grève des électeurs (1888)

 

Je ne partage pas le nihilisme politique affiché dans le texte qui suit par Octave Mirbeau, l'auteur anti-étatiste, anarchiste, individualiste et libertaire, pétri de contradictions, mais néanmoins très attachant du célèbre Journal d'une femme de chambre.

La noirceur du tableau qu'il peignait, il y a plus d'un siècle, de la partitocratie sous la IIIème République en plein boulangisme (auquel l'auteur était farouchement opposé, principalement à cause du revanchisme anti-prussien du Général), est néanmoins frappante à bien des égards, en ce qu'elle nous renvoie, d'une telle distance, l'image de notre présent - et de notre futur proche, puisque nous sommes appelés à transhumer une fois de plus, dimanche prochain, vers l'attrape-nigaud électoral d'un système truqué.

J'ai brûlé hier ma carte d'électeur, avec une parfaite indifférence.

Ne plus voter, dans mon esprit, ce n'est pas renoncer. C'est juste refuser un peu plus la manipulation, devenir encore un peu plus radical, un peu plus révolutionnaire.

Mirbeau non plus, idéaliste malgré son pessimisme et sa lucidité, n'avait pas renoncé, lui qui écrivait, en 1898 : « Il ne faut jamais désespérer d’un peuple — si pourri qu’il soit — quand une jeunesse intelligente et brave, se lève pour la défense de la justice et de la liberté ! »

Mais enfin, voilà donc ce qu'il pensait de la comédie électorale :

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10/04/2012

Les élections ? Juste un spectacle...

A mon avis, les deux meilleurs slogans de la campagne présidentielle. Que du flan, pourtant.

 

« (...) L’un des problèmes de cette élection [présidentielle 2012], c’est de laisser croire que la politique est une affaire d’hommes, d’êtres humains ayant plus ou moins de volonté et de talent, alors que la politique est avant tout une question de systèmes. Les discours sur le système me paraissent extrêmement faibles dans cette campagne. C’est d’ailleurs aussi pour cela que Jean-Luc Mélenchon monte : il a un discours sur le système. Ce n’est peut-être pas le bon, mais il s’attaque à cette question. (...)

Je pense que l’électorat français, soit consciemment, soit intuitivement, sait que les hommes politiques sont plus impuissants qu’ils ne le laissent penser au travers de leurs promesses électorales. Parfois, il peut attribuer la responsabilité à des questions de corruption politique, qui n’est à mon avis pas l’essentiel. On peut aussi estimer que c’est une mauvaise volonté des personnalités politiques. Là non plus, je ne crois pas qu’ils soient spécialement de mauvaise foi, même s’ils peuvent être influencés par la classe sociale au sein de laquelle ils passent tout leur temps.

Bon nombre de conséquences sont en réalité dévolues à d’autres institutions, notamment au sein de l’Europe. La formule de la chancelière allemande, Angela Merkel, est d’ailleurs intéressante : "Aujourd’hui, l’Europe, c’est une question de politique intérieure". Le problème, c’est qu’en France, elle reste traitée politiquement et médiatiquement comme un sujet de politique étrangère. Le citoyen est influencé de fait : il a l’impression que c’est distant. Les électeurs pourraient avoir plus de poids s’ils pouvaient s’en préoccuper de manière plus directe.

C’est ce que nous décrivons dans Circus Politicus : un système a été mis en place au sein duquel l’électeur n’a pas le choix parce que tout est prévu par des traités ou par des politiques particulières. Ces responsables politiques sont d’ailleurs très peu responsables devant nos représentants. Dans tous les cas, ils sont très distants des électeurs. (...)

Il y a une mécanique qui implique que, dès lors qu’il y a un grand spectacle de la présidentielle, pour l’intérêt de ce spectacle, il faut laisser penser que tout se joue là. Les journalistes politiques y trouvent leur intérêt : il est plaisant pour eux de fréquenter des gens qui ont les attributs du pouvoir, pour la beauté du spectacle ; tandis que les politiques cherchent à préserver leur pouvoir ou en tout cas l’image de celui-ci. Du point de vue national, laisser penser que l’on a le pouvoir est en soit un élément de pouvoir.

Il y a une forme de fiction par rapport à tout le pouvoir qui a été transféré à Bruxelles ou est dévolu à des entités publiques ou privées.

Le président de la République reste au cœur de la décision d’un point de vue national. Il a son importance à Bruxelles et au Conseil européen. Le problème, c’est que l’on ne sait pas dans quelles conditions il négocie car tout est à huis-clos. Certains remarquent que c’est aussi le cas pour le conseil des ministres. Mais la différence, c’est que dans ce dernier, les gens qui sont autour de la table sont responsables devant les citoyens français. Au Conseil européen, il n’y a qu’une personne sur 27 qui soit responsable devant nous. (...)

Aujourd’hui, l’Europe a des compétences budgétaires de plus en plus grandes, notamment avec l’instauration du semestre européen qui consiste à soumettre les budgets nationaux aux autorités de Bruxelles pour qu’elles émettent un avis de coordination avant le vote définitif du budget. Cette prise en charge des problématiques budgétaires par Bruxelles fait qu’elle est maintenant compétente dans beaucoup d’aspects de la vie économique et sociale dès lors qu’elles ont un impact budgétaire.

Cette situation s’est construite au fur et à mesure de l’intégration européenne. Cela a été progressif. Les campagnes électorales sont par ailleurs de plus en plus fondées sur le spectacle. C’est une forme de divertissement qui est décalée de la réalité de la vie politique.

Les politiques prennent toujours d’énormes précautions pour aborder les questions institutionnelles parce qu’ils pensent que ça ennuie les gens. Ils ont une propension croissante à traiter les problèmes concrets, médias, de vie quotidienne, comme si les Français ne raisonnaient qu’au premier degré en se préoccupant de questions très personnelles : mon essence, ma prime de rentrée scolaire… On s’adresse à des consommateurs. Il n’y a pas de stratégie sur le modèle social ou sur la compétitivité des entreprises. On est plus dans un discours d’épiciers qui cherche à répondre sur le prix de chacun de ses produits plutôt que dans une vision à long terme. Ils sous-estiment les gens. Bien sûr, ils s’inquiètent de l’état de leur portefeuille. Mais ils sont tout à fait capables de s’intéresser à des problématiques plus larges. »

Christophe Deloire

03/04/2012

Stratégie russe vis-à-vis de la Chine

 

« La version finale de la Stratégie-2020 publiée la semaine dernière comporte un certain scoop, auquel on n'a pas encore accordé toute l'attention qu'il mérite. Dans la partie du document consacrée aux questions de l'économie et de la politique étrangères de la Russie, il est dit: "Les principaux risques pour la Russie associés à l'apparition de nouveaux "centres de force" sont dus à la montée du potentiel économique et du rehaussement du statut international de la Chine."

Selon les auteurs, "la transformation imminente du yuan en une monnaie mondiale, puis d'investissement et de réserve pourrait conduire à la déstabilisation du système monétaire international et à la limitation des possibilités d'utilisation du rouble russe dans les transactions internationales." "La haute compétitivité de l'industrie de traitement chinoise continuera d'être un facteur d'évincement des producteurs russes fabriquant des marchandises similaires du marché russe et fera obstacle à l'expansion du commerce et des investissements des entreprises russes à l'étranger." "Le renforcement des positions de la Chine en Asie centrale est capable de saboter les perspectives d'implication de cette région dans les projets d'intégration russes." Enfin, "le comportement plus actif en termes de négociation et d'intervention de la Chine en tant que "nouveau membre riche" du "club des leaders mondiaux", le renforcement du format G2 (Etats-Unis et Chine) dans la gestion des processus économiques dans le monde et l'augmentation de l'influence de la Chine au sein du Fonds monétaire international (FMI) et de l'Organisation mondiale du commerce (OMC)" nuiront au développement des pays tiers, notamment de la Russie.

Toutefois, par la suite le document précise qu'il est impossible d'accélérer la modernisation de la Russie, notamment de la Sibérie et de l'Extrême-Orient russes, "sans utiliser les capacités financières, d'innovation et d'investissement de l'Asie-Pacifique en tant que source de développement de l'économie du pays. La Chine est un partenaire prioritaire de la Russie en Asie-Pacifique."

La Stratégie-2020 est le résultat du long travail de divers experts. Pendant la dernière étape, qui a demandé 18 mois, sur ordre du premier ministre russe Vladimir Poutine a été créé un organisme composé d'une vingtaine de groupes de travail dirigé par deux économistes libéraux, Iaroslav Kouzminov du Haut collège d'économie et Vladimir Maou de l'Académie d'économie nationale. Bien que le document publié ne reflète pas entièrement le programme d'action du futur président et du gouvernement russes, il décrit la situation et les mesures à accomplir. Le statut de celui qui a commandé la recherche confère à cette dernière davantage d'importance, bien qu'on ignore généralement dans ce genre de cas dans quelle mesure le document reflète les idées des auteurs ou les desiderata de l'initiateur. (...) »

Fedor Loukianov

29/03/2012

Une heure avec Jean-Yves Le Gallou

28/03/2012

Occupy Wall Street est de retour

New York, 16 mars 2012

 

« Un peu moins présent cet hiver sur la scène médiatique depuis son éviction de Zuccotti Park en novembre 2011, le mouvement Occupy Wall Street n’a cessé pendant l’hiver d’accroître sa présence en ligne, de s’organiser, de préparer des actions en espérant peser sur la campagne électorale américaine et permettre à la population de débattre de thèmes que certains disent "endormis" par les autorités.

Depuis quelques jours, Occupy Wall Street organise de grandes manifestations, en avance sur son propre calendrier qui prévoit des événements avec les syndicats américains au mois de mai. (...)

Sur Twitter, les hashtags les plus présents après#OccupyWallStreet et #ows étaient #UsDayofRage et #usdor.

Sur leurs sites et pages Facebook, ce groupe revendique la réforme du système de financement des campagnes électorales, des élections nationales et fédérales, l’abolition du statut de "personne physique" pour les entreprises.

Alexa O’Brien, fondatrice du mouvement Days of Rage m’accueille dans son petit appartement du Queens, après qu’elle m’eût posé par mail, téléphone, direct message sur Twitter, de multiples questions. Je me retrouve face à une trentenaire hypra active, souriante mais ponctuant ses propos de référence à de nombreuses peurs, intimidations du FBI envers des militants proches d’Occupy Wall Street : "Je ne sais plus qui est qui, qui joue quel jeu, pour qui. Il faut que tu comprennes qu‘un de mes collègues de travail m’a dit qu’on lui posait des questions sur moi."

Dès le mois de mars 2011, Alexa se sent concernée par ce qu’elle voit, suit "intimement, sur Twitter", les événements en Tunisie et en Égypte, est exaspérée par "le blocage complet de l’engagement citoyen dans l’espace public". Elle est choquée par la puissance accrue des grandes entreprises et décide de créer Days of Rage.

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24/03/2012

Le multiculturalisme, c'est la mort

22/03/2012

Quoi, Mohamed ?

Politiciens sincèrement désolés

 

Mohamed Merah, pur produit du « Système », déraciné d'Algérie ayant grandi sans repères dans une famille monoparentale, au milieu de tous les stéréotypes racailleux, avant de rencontrer en prison un modèle moral interprété de manière totalitaire, est en train de devenir, en termes de communication, l'alibi universel de ce même « Système » et un parfait instrument de l'ingénierie sociale schizophrène (égalitariste-communautariste, donc impossible) car, en définitive, il arrange tout le monde.

Sauf ses victimes, certes ; mais comptent-elles vraiment aux yeux de tous ces politiciens tartuffes qui, au nom de la compassion et de la solidarité, assistent à leurs funérailles comme des hyènes à un festin de lions, sous le regard des vautours journalistiques ?

Mohamed Merah arrange, bien sûr, ceux qui nous rebattent les oreilles avec la « nécessité de l'immigration » et le « vivre-ensemble », parce qu'il ne cadre pas avec l'image idyllique d'une société « diverse » et apaisée telle que nous la vantent les pubs Nike et Coca Cola, si bien qu'en tant qu'exception psychopathologique et incarnation de la nébuleuse islamiste, il est le garant de l'échec prétendu minimal des « grands principes ».

Exemple : Claude Guéant qui, en dévoilant le « profil » du tueur, répond à la question « Est-il d'origine algérienne ? » par : « Il est de nationalité française » (vers 3' 00) ! Après François Hollande et sa velléité de gommer le terme de « race » du premier article de la Constitution, peut-on imaginer plus belle négation de la réalité ?

Notre ministre de l'Intérieur reste droit dans ses bottes grandprincipielles, il n'y a pas de races, pas de différences, tout-le-monde-il-est-français, sous-entendu : si quelqu'un s'écarte des « grands principes », il ne peut être qu'une exception ; quant à nous, n'est-ce pas, nous sommes l'Empire du Bien, l'immense majorité des détenteurs du papier-sésame-de-nationalité ne peut qu'être d'accord et marcher avec nous vers la société idéale.

Des tartuffes dedroâte aux tartuffes degôche, c'est partout la même chanson.

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11/03/2012

Tomislav Sunic, à ne pas rater

 

« (...) Dans ses ouvrages, Ernst Jünger décrit les temps du destin par rapport aux temps technocratiques, linéaires et mesurables du Système. Est-ce que la situation en Europe d’aujourd’hui peut être encore pire que ce qu’elle est déjà ? "Le destin peut être deviné, senti, et craint, mais il ne peut jamais être connu. Si cela devait changer, l’homme mènerait la vie d'un prisonnier qui connaît l'heure de son exécution" (Ernst Jünger, Le Mur du temps, 1959). Par conséquent,  afin de mettre en place un avenir prévisible, le Système doit exiger de ses citoyens de se comporter comme des détenus dociles dans le couloir de la mort.

Pour beaucoup d’Européens - et surtout pour les anciens critiques du Système communiste -, le communisme fut le symbole de la fin des temps qui devait fatalement exclure tous les temps ultérieurs. Le cours du temps dans le communisme semblait être bloqué pour toujours. Après le désastre de 1945, de nombreux Européens avaient commencé à croire non seulement à la fin d'un monde mais à la fin du monde tout court. Pour les Européens de la postmodernité, la même question se pose : vit-on les temps finaux européens, ou est-on témoin de la fin des temps mondiaux ? Il se peut que les temps européens soient bien révolus depuis longtemps et il se peut que tous les Européens vivent depuis des décennies dans un profond déclin racial. Peut-être sont-ils arrivés à la fin d’une époque qui n’a pas encore reçu son nom ? Le problème réside dans le fait que les temps du Système actuel, quoique d’une brièveté certaine dans le cadre de la grande histoire, possèdent une durée pénible pour un rebelle. Comment doit-on évaluer ces temps-là ? (...)

On devrait se rappeler la figure de l’Anarque d’Ernst Jünger dans son roman Eumeswil. Le protagoniste, Martin Venator, vit sa double vie dans une société postmoderne et multiculturelle à coté de la casbah d’Eumeswil. Or l’Anarque n'est ni rebelle, ni dissident, ni anarchiste quoiqu’au moment donné, il puisse revêtir toutes ces trois figures à la fois. D’ailleurs, l’Anarque semble s’être très bien inséré dans le système de la pensée unique et de l’autocensure du Système. Il attend patiemment son moment ; il va frapper seulement quand le moment sera mûr. Ce roman de Jünger peut être considéré comme le Bildungsroman pour la génération actuelle de jeunes Européens dont le rôle didactique peut leur faciliter le choix de la figure du rebelle.

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10/03/2012

Syndicats-patronat-gouvernements : les dés sont pipés

Source

 

Vous pouvez télécharger l'intégralité du Rapport Perruchot ici.

07/03/2012

Igor Panarine : la spiritualité, fondement du renouveau eurasiatique

 

Ci-dessous, la traduction d'un article d'Igor Panarine, l'homme qui a prédit la fin des Etats-Unis (même s'il s'est trompé de date pour cela).

Article, paru dans Russia Today le 02 mars 2012 et qui, dès le lendemain, a fait l'objet d'une très intéressante analyse par Philippe Grasset.


« Bien des événements de l'année 2011 ont explicitement démontré que le monde est entré dans une phase de profonds changement et transformation en ce qui concerne les domaines politique, idéologique, financier et économique. Au moment où la situation économique et les normes sociales aux États-Unis et en Europe continuent de se détériorer, le Nouvel Ordre Mondial est devenu à jamais flagrant en créant un chaos contrôlé. C'est devenu particulièrement évident depuis l'affaire libyenne, quand des membres de l'OTAN ont fait naître un précédent très dangereux à l'intervention dans des nations souveraines et aux semailles du chaos. Aujourd'hui, nous assistons au même scénario en Syrie. Où devons-nous attendre le prochain - en Chine, Inde ou Russie ?

La Russie n'est clairement pas intéressée à déclencher l'instabilité mondiale. Elle prône la transformation au moyen d'un progrès étape par étape, fondé sur une attitude positive. La situation internationale requiert une réponse adéquate de la Russie, particulièrement en termes de création d'un mécanisme de défense contre l'agression des médias étrangers.

Donc, la tâche principale du nouveau chef de la Russie sera de préserver la stabilité de l'Etat et de la société dans un contexte de transformation mondiale complète.

Le président russe devrait d'abord reconnaître que l'idéologie et l'information sont les vulnérabilités de longue date de l'Etat russe, qui ont causé son effondrement à deux reprises au 20e siècle. Par conséquent, il serait utile au développement de l'Etat russe que le gouvernement établisse une idéologie d'Etat (spiritualité, grandeur, dignité) et mette sur pied un mécanisme spécial pour contrer l'agression étrangère des médias, à travers un ensemble de mesures administratives, de relations publiques et médiatiques. Cela permettrait à la Russie de devenir un centre de gravité pan-eurasiatique, en deux sens : économique et spirituel.

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