Tomislav Sunic, à ne pas rater (11/03/2012)
« (...) Dans ses ouvrages, Ernst Jünger décrit les temps du destin par rapport aux temps technocratiques, linéaires et mesurables du Système. Est-ce que la situation en Europe d’aujourd’hui peut être encore pire que ce qu’elle est déjà ? "Le destin peut être deviné, senti, et craint, mais il ne peut jamais être connu. Si cela devait changer, l’homme mènerait la vie d'un prisonnier qui connaît l'heure de son exécution" (Ernst Jünger, Le Mur du temps, 1959). Par conséquent, afin de mettre en place un avenir prévisible, le Système doit exiger de ses citoyens de se comporter comme des détenus dociles dans le couloir de la mort.
Pour beaucoup d’Européens - et surtout pour les anciens critiques du Système communiste -, le communisme fut le symbole de la fin des temps qui devait fatalement exclure tous les temps ultérieurs. Le cours du temps dans le communisme semblait être bloqué pour toujours. Après le désastre de 1945, de nombreux Européens avaient commencé à croire non seulement à la fin d'un monde mais à la fin du monde tout court. Pour les Européens de la postmodernité, la même question se pose : vit-on les temps finaux européens, ou est-on témoin de la fin des temps mondiaux ? Il se peut que les temps européens soient bien révolus depuis longtemps et il se peut que tous les Européens vivent depuis des décennies dans un profond déclin racial. Peut-être sont-ils arrivés à la fin d’une époque qui n’a pas encore reçu son nom ? Le problème réside dans le fait que les temps du Système actuel, quoique d’une brièveté certaine dans le cadre de la grande histoire, possèdent une durée pénible pour un rebelle. Comment doit-on évaluer ces temps-là ? (...)
On devrait se rappeler la figure de l’Anarque d’Ernst Jünger dans son roman Eumeswil. Le protagoniste, Martin Venator, vit sa double vie dans une société postmoderne et multiculturelle à coté de la casbah d’Eumeswil. Or l’Anarque n'est ni rebelle, ni dissident, ni anarchiste quoiqu’au moment donné, il puisse revêtir toutes ces trois figures à la fois. D’ailleurs, l’Anarque semble s’être très bien inséré dans le système de la pensée unique et de l’autocensure du Système. Il attend patiemment son moment ; il va frapper seulement quand le moment sera mûr. Ce roman de Jünger peut être considéré comme le Bildungsroman pour la génération actuelle de jeunes Européens dont le rôle didactique peut leur faciliter le choix de la figure du rebelle.
L’arrivée en masse d’immigrés d’une culture et d’une race étrangère à l'Europe exige de tous les Européens de bien réfléchir à quelle figure de comportement choisir, c’est à dire à quelle nouvelle identité jouer. Historiquement, les figures du rebelle nationaliste en Europe centrale et orientale n'ont jamais eu d’effet convergent sur les peuples européens. Elles ont été nuisibles et doivent donc être rejetées. Toutes les formes et figures de la rébellion – que ce soit l’appartenance à sa tribu ou à son Etat aux dépens de son voisin blanc, comme en témoignent les guerres entre la Pologne et l'Allemagne, entre les Serbes et les Croates, entre les Irlandais et les Anglais – semblent devenues dérisoires aujourd’hui. L’Europe balkanisée, avec ses figures rebelles des nationalismes exclusifs, ne fait que donner davantage de légitimité au projet multiracial du Système. Toute figure de dissident au Système, comme fut autrefois la figure de l’anarchiste ou du partisan est désormais vouée à l’échec dans un Système possédant des moyens de surveillance totale. Ce qui reste maintenant aux nouveaux rebelles, c’est le devoir de se définir comme héritiers européens, nonobstant le pays où ils vivent, que ce soit en Australie, en Croatie, au Chili, ou en Bavière.
Compte tenu de l'afflux massif d’immigrés non-européens, les Européens ne peuvent plus s’offrir le luxe de l’esprit de clocher. Le danger imminent de leur mort peut les aider à se débarrasser de leur particularisme territorial. En effet, qu’est-ce que cela veut dire aujourd’hui être Allemand, Français, Américain, vu le fait que plus de 10 pour cent d’Allemands et de Français et plus de 30 pour cent des Américains sont d'origine non-blanche ? (...)
Les responsables de la balkanisation de l'Europe et de l'Amérique sont les capitalistes. Il est dans leur intérêt d'obtenir une armée de travailleurs de réserve en provenance du Tiers-Monde. Ils savent pertinemment que les travailleurs non-européens importés en Europe n'appartiennent pas forcément à l'élite intellectuelle de leurs pays d'origine, que leur conscience sociale n'est souvent qu'embryonnaire et qu'ils n'ont généralement aucun sens du destin européen. C'est pourquoi ils sont plus aisément manipulables. Leur marchand n'a pas d'identité, non plus. Un banquier allemand ou un ex-communiste croate devenu spéculateur dans l’immobilier ne se soucie guère de sa résidence ni de la leur - tant qu'il gagne de l'argent. Même le père fondateur du capitalisme, l’infâme Adam Smith a écrit : "Le marchand n'est pas forcément citoyen d’aucun pays". Par conséquent, le nouvel Anarque, à savoir le nouveau rebelle, ne doit pas être choqué par la nouvelle sainte alliance entre le Commissaire et le Commerçant, entre les grandes entreprises et la Gauche caviar. La Gauche est en faveur de l'immigration de masse parce que la figure de l’immigré tient lieu aujourd'hui du prolétaire d’antan. Les capitalistes d’une part, et les "antifas", les pédérastes, les militants des droits de l’homme et les militants chrétiens de l'autre, sont désormais devenus les porte-parole de l'abolition des frontières et les haut-parleurs d’une Europe multiraciale et sans racines. Le capitaliste vise à réduire l'État-providence, car chaque État lui coûte cher. Un antifa veut abolir l'État, parce que tout État, lui rappelle "la bête immonde du fascisme". (...)
Dans l’optique optimiste, même un aveugle peut s’apercevoir que le Système est mort. L’expérience avec ses dogmes abstraits de multiculturalisme et de progrès économique a échoué. Tant en Europe qu’aux États-Unis, on voit chaque jour que l'expérience libérale a touché à sa fin il y bien longtemps. Il y a suffisamment de preuves empiriques pour nous démontrer ce fait. On n’a qu’à choisir le plus visible et le plus audible. Il est caractéristique de la classe politique moribonde de vanter la "perfectibilité", "l’éternité", et la "véracité" de son Système – précisément au moment où son Système est en train de s'écrouler. Ces vœux pieux et d’auto-satisfaction, on a pu les observer tant et tant de fois dans l'Histoire. Même les notions de la classe dirigeante actuelle portant sur la fin des temps et la "fin de l'Histoire" nous rappellent la mentalité de la classe politique des anciens pays communistes, en l’occurrence la Yougoslavie peu avant son effondrement. En 1990, il y avait encore de grands défilés pro-yougoslaves et procommunistes en Yougoslavie où les politiciens locaux se vantaient de l'indestructibilité du Système yougoslave. Quelques mois plus tard, la guerre commença - et le Système mourut.
Dans l’Union européenne, la classe dirigeante d'aujourd'hui ne sait plus où elle va et ce qu'elle veut faire avec elle-même. Elle est beaucoup plus faible qu'elle ne veut le laisser voir à ses citoyens. Le nouvel Anarque vit de nouveau dans un vide historique et il dépend de sa seule volonté de remplir ce vide avec le contenu de son choix. La charrue peut facilement se muer en épée. »
23:58 Écrit par Boreas | Lien permanent | Tags : tomislav sunic, ernst jünger, anarque, rebelle, dissident, temps, europe, européens, immigration, immigrés, système, balkanisation, capitalisme, antifas, multiracialisme, libéralisme, communisme, union européenne, racines, travailleurs, manipulation, etat | Facebook | | Imprimer | |
Commentaires
Cette figure de l'anarque est peut etre la plus belle invention de Jünger.
Elle a peut etre un avenir plus grnad qu'on ne croit.
Écrit par : DP | 12/03/2012
Bien que je sache ce que signifie être francais ou allemand, si on ne s'arrête pas à l'appartenance administrative, je souscris à ce texte excellent.
Le nationalisme à la papa est mort, aucune raison de s'y accrocher en pensant sauver les meubles.
Alors, la droite nationale...
Écrit par : Three piglets | 12/03/2012
"En effet, qu’est-ce que cela veut dire aujourd’hui être Allemand, Français, Américain, vu le fait que plus de 10 pour cent d’Allemands et de Français et plus de 30 pour cent des Américains sont d'origine non-blanche ? (...)"
Le sophisme européiste me gonfle! Je suis Français, pas Allemand, ni Espagnol, etc. J'ai grande estime pour la culture allemande, espagnole, etc mais c'est pour ca que je vais me fondre dans... dans quoi d'ailleurs?
Nous avons des problèmes communs (dénatalité, immigration délirante, crise économique structurelle, etc) entre pays européens, et j'ai la faiblesse de croire que nous ayons des solutions communes à envisager (après, si tel ou tel pays n'en veut pas, tant pis pour lui): relance de la natalité européenne, relocalisation, arrêt - ou mieux remigration - de l'immigration, etc.
Quant aux Etats-Unis, c'est pas mon problème. Cet empire va s'effondrer, et son idéologie avec! Il est gentil cet auteur de parler de sous l'angle de la race, mais je ne me sens pas du tout "solidaire" avec des Américains - à l'exception de mes cousins québecois. Nous avons suffisamment de problèmes ici, en France et en Europe, pour partir dans je ne sais quelle histoire....
Bref, à part ca, ce texte sonne juste.
Écrit par : Imperator. | 12/03/2012
Imperator.
Je vous rassure, pas le moindre "sophisme européiste" chez Sunic. Juste un "élitisme" intelligent, transcendant les frontières et cherchant une application pratique en situation d'urgence, dans l'espoir de la survie de ceux qui ne sont pas corrompus par l'occidentalisme.
Si vous croyez qu'il a de la sympathie pour les Américains, regardez donc ça :
http://www.dailymotion.com/video/xoh3os_comprendre-la-mentalite-biblique-americaine-par-tomislav-sunic_news
Écrit par : Boreas | 12/03/2012
Merci, vous m'ôtez d'un doute.
Écrit par : Imperator. | 12/03/2012