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28/03/2012

Occupy Wall Street est de retour

New York, 16 mars 2012

 

« Un peu moins présent cet hiver sur la scène médiatique depuis son éviction de Zuccotti Park en novembre 2011, le mouvement Occupy Wall Street n’a cessé pendant l’hiver d’accroître sa présence en ligne, de s’organiser, de préparer des actions en espérant peser sur la campagne électorale américaine et permettre à la population de débattre de thèmes que certains disent "endormis" par les autorités.

Depuis quelques jours, Occupy Wall Street organise de grandes manifestations, en avance sur son propre calendrier qui prévoit des événements avec les syndicats américains au mois de mai. (...)

Sur Twitter, les hashtags les plus présents après#OccupyWallStreet et #ows étaient #UsDayofRage et #usdor.

Sur leurs sites et pages Facebook, ce groupe revendique la réforme du système de financement des campagnes électorales, des élections nationales et fédérales, l’abolition du statut de "personne physique" pour les entreprises.

Alexa O’Brien, fondatrice du mouvement Days of Rage m’accueille dans son petit appartement du Queens, après qu’elle m’eût posé par mail, téléphone, direct message sur Twitter, de multiples questions. Je me retrouve face à une trentenaire hypra active, souriante mais ponctuant ses propos de référence à de nombreuses peurs, intimidations du FBI envers des militants proches d’Occupy Wall Street : "Je ne sais plus qui est qui, qui joue quel jeu, pour qui. Il faut que tu comprennes qu‘un de mes collègues de travail m’a dit qu’on lui posait des questions sur moi."

Dès le mois de mars 2011, Alexa se sent concernée par ce qu’elle voit, suit "intimement, sur Twitter", les événements en Tunisie et en Égypte, est exaspérée par "le blocage complet de l’engagement citoyen dans l’espace public". Elle est choquée par la puissance accrue des grandes entreprises et décide de créer Days of Rage.


"Cela a été une décision impulsive, je ne m’attendais pas à ce que cela décolle avec une telle force. Nous avons eu 1000 followers en une semaine. Nous avons alors compris que nous avions une responsabilité, de créer un espace pour que les Américains puissent s’engager de manière authentique." (...)

Le slogan "1 citoyen, 1 dollar, 1 vote" que diffuse US Day of Rage sur les réseaux sociaux est repris par des journaux tels The Nation ou The Guardian, deux titres qui ont choisi de couvrir les actions sans aucun répit depuis septembre 2011. Malgré une veille de 4 mois, des lectures diverses, je me suis trompé sur les personnes que je m’attendais à rencontrer. Alexa n’est pas une militante alter-mondialiste, drapeau "Free Tibet" au mur, graines de soja et tofu dans la cuisine. Après avoir travaillé pour les Nations Unies, des sociétés du NYCE, c’est une workaholic, plus expresso que thé vert, qui me reçoit. Elle ne veut pas que son engagement ait une quelconque couleur politique, revendique le sérieux de ses amis, refuse l’image de "hippies ou de gauchistes" que les "mass media cherchent à [leur] coller. Nous n’avons pas une opinion sur la droite ou la gauche, ce n’est pas pertinent", reprend-elle.

"Dans la société américaine, il y a quelque chose qui se nomme l’espace civique, public, cela n’appartient pas aux démocrates, cela n’appartient pas à la droite. Cela appartient aux Américains. Je sais qu’US Day of Rage soutient l’idée d’un gouvernement transparent et nous soutenons des sites de lanceurs d’alerte, comme WikiLeaks."(...)

"Tout le monde se regarde, s’observe ici", me dit-elle.

"Regardez le secteur de la sécurité et du renseignement aux États-Unis, qui ont explosé. Le nombre de personnes américaines qui sont classifiées. Ils ont mis toutes leurs techniques, dans tous les aspects de la société, Internet, la presse, l’espace civique. Ils ont créé des politiques qui sont des politiques de bureaucrates, mais qui affectent la société dans son ensemble."

Dans l’après-midi, le compte Twitter d’Occupy Wall Street annonce une manifestation à Manhattan, en soutien aux Occupy d’Oakland, qui auraient été sévèrement réprimés la veille par les forces de police. Aucun écho sur les sites des grands titres. Je découvre en ligne des vidéos de guérilla urbaine. Une rangée de manifestants qui se protègent derrière des boucliers de fortune, fumigènes, explosions assourdissantes et lacrymos. À 19h00, je rate le départ des Occupy et rencontre deux jeunes femmes qui tentent de les localiser en suivant des fils sur Twitter.  À marche forcée, nous rejoignons 300-400 personnes bloquées sur les trottoirs. Le convoi est encadré par des dizaines de policiers, interdisant toute incursion sur la voie publique. Slogans classiques des 99 %, chants zapatistes, tous âges et classes vestimentaires mélangés.

À chaque croisement de rue, certains, le visage caché sous des masques Anonymous, nous encouragent à en profiter pour faire une incursion au milieu de la circulation. Une femme d’une cinquantaine d’années déborde un groupe de policier, brandit une pancarte "NY – Oakland Occupy everywhere". Les forces de l’ordre courent vers elle. Elle revient sur le trottoir se fondre dans la foule.

Quelques minutes plus tard, voix portées imitant une sirène. Une dizaine de policiers fonce sur les trottoirs, met à terre un militant et exfiltre en moins d’une minute, sous une nuée de téléphones portables, tablettes et ordinateurs portables qui filment la scène, captent les “Shame on you”.
Un jeu de cache-cache s’installe. À chaque croisement, nous ne savons pas si nous allons tourner à droite ou à gauche. Marche, course, marche, course pendant trois heures dans Manhattan, sans que je puisse déceler un but précis.

Un groupe de personnes hèle des policiers : "You’re also the 99%". (...)

Tim Pool, un live-streamer saisit chaque action, en commentant d’une voix calme les événements, tournant vers lui son iPhone. Dès le mois de septembre dernier, il est en tête des manifestations. Pas forcément militant, mais "journaliste citoyen". Ses chaînes sur les différentes plateformes de sont les plus regardées, son nom est régulièrement cité par CNN lors des évènements. (...)

Tim porte un regard très critique envers les journalistes des mass media : "Ils font généralement une des choses suivantes en fonction de leur manière de voir la politique. Soit ils attendent la fin d’une manifestation pour commencer à filmer. Un moment où évidemment il reste très peu de monde. Vous pouvez voir les tout derniers manifestants et le commentaire c’est : “Regardez, il n’y avait personne”.  Et il y a l’opposé. Ceux qui attendent le pic de participation pour filmer et dire : “Regardez, il y avait 10.000 personnes…” En fait dans les deux cas, ils fabriquent la réalité en fonction de leur sensibilité politique. Dans mon idée, la transparence, cela veut dire que les gens ont le droit de savoir ce qui se passe. Ce qui a lieu en public affecte le public. Il n’y a pas à tergiverser, on doit raconter ce qui s’est passé, point." (...)

Depuis quelques jours, bien que de nombreuses références aient été faites aux , ici on se définit comme "Occupy", pas comme "indignés". Je n’ai rencontré personne qui connaisse Stéphane Hessel. En revanche, c’est la seconde fois que l’on me cite L’insurrection qui vient, et que l’on me pose des questions sur Tarnac, l’influence de Julien Coupat sur la jeunesse française. (...)

Alexandre est médecin épidémiologiste. Toutes les connaissances acquises dans le champs médical lui servent aujourd’hui dans ses actions virales en ligne.

"Le jeu, jouer et l’art, ces choses sont des moyens d’éviter l’opposition directe, et aussi de faire réfléchir les gens. Ça les fait réfléchir à protester d’une autre manière, à considérer la révolution d’une manière différente.
Ici, nous essayons de révolutionner la révolution." »

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Commentaires

"ici on se définit comme "Occupy", pas comme "indignés". Je n’ai rencontré personne qui connaisse Stéphane Hessel. "

Bien entendu, c'est évident: le terme "indigné" est de la pure propagande médiatique du système (pure propagande tiré de l'infâme Stephane Hessel), afin de féminiser, donc d'adoucir, un mouvement qui se nomme "occupy", un joli terme militaire, donc masculin, donc de combat.
Les médias et les journalistes sont les pires propagandistes du pouvoir actuel, à juger au même titre que l'hyperclasse.

Écrit par : Three piglets | 29/03/2012

Le système US est contesté par 2 mouvements : OWS et le Tea Party .

Le premier conteste le capitalisme ; l'autre le gouvernement fédéral .

Imaginons un rapprochement de ces 2 mouvements sur une base commune : la contestation du lien entre les grandes entrprises et le système politique fédéral ( financement , lobby ) .

Le système américain pourra t'il supporter une telle prise en tenaille si elle se réalisait ?

Écrit par : alain21 | 29/03/2012

Tout à fait d'accord avec Three Piglets. C'est la phrase que je retiendrai de l'article, et je soupçonne même que c'est celle qui a motivé sa publication par l'honorable maître des lieux.

Ces propagandistes sont une vraie plaie. Ce sont eux qui répandent le sida mental dans la population. D'ailleurs quand je parle autour de moi de propagande très sophistiquée et omniprésente on me prend presque pour un fou. Il y a pourtant une vraie guerre des mots à la sauce orwellienne.

Écrit par : Huscarl | 29/03/2012

"C'est la phrase que je retiendrai de l'article, et je soupçonne même que c'est celle qui a motivé sa publication par l'honorable maître des lieux."

En effet, elle y est pour beaucoup.

Le tort de bien des internautes de la "droite nationale" est de rejeter en bloc le contenu des médias degôôôche, alors qu'on y trouve parfois des pépites (mêlées, comme dans les médias dedroâte d'ailleurs, à de la propagande).

Écrit par : Boreas | 29/03/2012

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