03/04/2012
Stratégie russe vis-à-vis de la Chine
« La version finale de la Stratégie-2020 publiée la semaine dernière comporte un certain scoop, auquel on n'a pas encore accordé toute l'attention qu'il mérite. Dans la partie du document consacrée aux questions de l'économie et de la politique étrangères de la Russie, il est dit: "Les principaux risques pour la Russie associés à l'apparition de nouveaux "centres de force" sont dus à la montée du potentiel économique et du rehaussement du statut international de la Chine."
Selon les auteurs, "la transformation imminente du yuan en une monnaie mondiale, puis d'investissement et de réserve pourrait conduire à la déstabilisation du système monétaire international et à la limitation des possibilités d'utilisation du rouble russe dans les transactions internationales." "La haute compétitivité de l'industrie de traitement chinoise continuera d'être un facteur d'évincement des producteurs russes fabriquant des marchandises similaires du marché russe et fera obstacle à l'expansion du commerce et des investissements des entreprises russes à l'étranger." "Le renforcement des positions de la Chine en Asie centrale est capable de saboter les perspectives d'implication de cette région dans les projets d'intégration russes." Enfin, "le comportement plus actif en termes de négociation et d'intervention de la Chine en tant que "nouveau membre riche" du "club des leaders mondiaux", le renforcement du format G2 (Etats-Unis et Chine) dans la gestion des processus économiques dans le monde et l'augmentation de l'influence de la Chine au sein du Fonds monétaire international (FMI) et de l'Organisation mondiale du commerce (OMC)" nuiront au développement des pays tiers, notamment de la Russie.
Toutefois, par la suite le document précise qu'il est impossible d'accélérer la modernisation de la Russie, notamment de la Sibérie et de l'Extrême-Orient russes, "sans utiliser les capacités financières, d'innovation et d'investissement de l'Asie-Pacifique en tant que source de développement de l'économie du pays. La Chine est un partenaire prioritaire de la Russie en Asie-Pacifique."
La Stratégie-2020 est le résultat du long travail de divers experts. Pendant la dernière étape, qui a demandé 18 mois, sur ordre du premier ministre russe Vladimir Poutine a été créé un organisme composé d'une vingtaine de groupes de travail dirigé par deux économistes libéraux, Iaroslav Kouzminov du Haut collège d'économie et Vladimir Maou de l'Académie d'économie nationale. Bien que le document publié ne reflète pas entièrement le programme d'action du futur président et du gouvernement russes, il décrit la situation et les mesures à accomplir. Le statut de celui qui a commandé la recherche confère à cette dernière davantage d'importance, bien qu'on ignore généralement dans ce genre de cas dans quelle mesure le document reflète les idées des auteurs ou les desiderata de l'initiateur. (...) »
16:51 Écrit par Boreas dans Economie, Géopolitique, Stratégie | Lien permanent | Tags : russie, économie, politique étrangère, chine, 2020, yuan, rouble, système monétaire international, compétitivité, fmi, omc, modernisation, développement, vladimir poutine, experts | Facebook | | Imprimer | |
Commentaires
20 millions d'habitants dans l'extrême orient russe contre 1 milliard en Chine ....
Russes et Chinois doivent s'entendre à moins de vouloir créer une nouvelle zone de tension qui profiterait indirectement aux USA.
Écrit par : alain21 | 04/04/2012
Un très intéressant article d'Alexandre Latsa :
"(...) [les] réformes annoncées par Dimitri Medvedev ont sans aucun doute eu le soutien total de Vladimir Poutine. Elles laissent penser que la Russie pourrait entrer dans une nouvelle période, que l’on pourrait qualifier de "nouvelle perestroïka". Mais il est probable qu’à la différence de la "perestroïka naufrage" de Michael Gorbatchev qui avait amené le pays à l’anarchie, cette potentielle "nouvelle perestroïka" sera sans doute une perestroïka méticuleusement préparée et développée, sous contrôle. Comme l’avait annoncé le député Sergei Markov sur Ren-Tv le 11 décembre dernier, "la modernisation continuera sa route, pas par pas". Cette modernisation mise en avant par le président Medvedev dès son arrivée au pouvoir en 2008 sera donc sans doute visiblement l’un des éléments essentiels du développement de la Russie d’aujourd
’hui, et de demain. Pour l’analyste Alexandre Rahr, "Vladimir Poutine est visiblement prêt a donner carte blanche a un futur gouvernement Medvedev, pour poursuivre des reformes radicales". Le message serait clair: "le tandem existe toujours, et Dimitri Medvedev est plausiblement un leader politique de la génération russe suivante".
On voit donc bien que les mesures proposées par Dimitri Medvedev, dans le but de réformer la vie des partis politiques, ont le soutien entier de Vladimir Poutine et que le tandem n’a jamais été aussi soudé. Cette "nouvelle perestroïka" coïncide du reste parfaitement avec le ton qui a été donné au futur mandat de Vladimir Poutine, (2012-2018). Son porte parole a en effet récemment indiqué que: "Le nouveau Poutine (…) sait parfaitement où il va et ce qu'il devra faire", mais également que si "le premier et le deuxième mandat représentaient respectivement la réanimation et la restauration de la Russie, le troisième mandat de Vladimir Poutine serait celui du développement physique et spirituel du pays, de son économie et de tous les autres domaines".
Contrairement à certaines analyses donc, cette libéralisation-soft et cette ouverture politique annoncées sont un autre chapitre de la reconstruction de la Russie, qui vient après la restauration de l’autorité de l’état et le redressement de l’économie du pays."
http://fr.rian.ru/tribune/20120404/194176449.html
Écrit par : Boreas | 06/04/2012
Frictions entre la Chine et la Russie lors du dernier sommet du SCO au sujet de l'Asie Centrale : ou comment interfèrent l'Union Eurasiatique et la Nouvelle Route de la Soie :
In one of the most direct messages of the day, Alexander Lukin, also of the Russian Foreign Ministry’s MGIMO, tried to tell China to back off. “Russia would like to retain its traditional influence in Central Asia,” Lukin said. “The political system of the countries of Central Asia is substantially closer to that of Russia’s than that of any other country.”
SCO Secretary General Dmitry Mezentsev acknowledged the existence of Chinese-Russian economic competition in Central Asia. “Of course different forms of economic cooperation bring with them an element of competition. But that competition will be healthy,” Mezentsev insisted. “The Eurasian Economic Union is a regional integration project. The Silk Road Economic Belt, as I understand, is not.”
http://www.eurasianet.org/node/68756
On dirait que l'Alliance Stratégique a fait long feu ... ;D
Écrit par : Symmaque | 27/06/2014
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