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04/03/2011

Dressage

 

- Je vais vous raconter un petit incident, reprit Swammerdam, qui me servit de guide dans la vie, si insignifiant qu'il me parût alors. J'étais encore assez jeune à l'époque, et je venais de souffrir d'une grande déception, si bien que la terre me parut longtemps sombre et pareille à un enfer. Dans cet état d'esprit, presque aigri de voir que le destin me traitait comme un bourreau impitoyable, il arriva que je fus un jour témoin de la manière dont on dressait un cheval.

On l'avait attaché à une longue courroie, et on le faisait tourner en rond sans lui accorder une seconde de repos. Chaque fois qu'il arrivait devant un obstacle qu'il devait sauter, il faisait un bond de côté ou commençait à ruer. Les coups de fouet pleuvaient sur son dos pendant des heures d'affilée, mais il refusait toujours de sauter. L'homme qui le tourmentait n'était pas cruel, et visiblement souffrait lui-même de ce travail pénible qu'il devait accomplir. Il avait un bon visage amical, et il me dit, lorsque je lui fis une observation : "Je lui achèterais volontiers du sucre avec tout mon salaire de la journée, s'il comprenait enfin ce que je veux de lui. J'ai déjà essayé, mais sans résultat ; c'est comme si le diable était logé dans cet animal et lui aveuglait le cerveau. Et pourtant, c'est si peu qu'on lui demande de faire". Je voyais l'angoisse mortelle dans les yeux du cheval ; chaque fois qu'il arrivait devant l'obstacle, j'y lisais cette peur : je vais recevoir des coups de fouet. Je me creusai la tête pour chercher s'il n'y avait pas un autre moyen pour se faire comprendre du pauvre animal. Et comme j'essayais vainement en esprit, puis en paroles, de lui crier de sauter, et qu'alors ce serait tout de suite fini, je dus constater à ma grande douleur que seule la dure souffrance est le maître qui peut finalement nous amener au but ; alors je reconnus subitement que moi-même je n'agissais pas autrement que le cheval : la destinée me frappait de ses coups, et tout ce que je savais, c'était que je souffrais, je haïssais la puissance invisible qui me persécutait ; mais ce que je n'avais pas encore compris, c'est que tout cela n'avait pour but que de me faire accomplir quelque chose, peut-être sauter un obstacle spirituel qui se trouvait devant moi.

Cette petite expérience devint dès lors une borne indicatrice sur mon chemin : j'appris à aimer les invisibles qui me poussaient en avant à coups de fouet, car je sentais qu'ils auraient préféré me donner du "sucre" si cette méthode avait pu réussir à m'élever d'un échelon au-dessus de l'humanité éphémère.

L'exemple que je donne là est naturellement boiteux, continua Swammerdam, car il n'est pas certain que le cheval eût réalisé un progrès en apprenant à sauter ; peut-être aurait-il été préférable de lui rendre sa liberté. Mais en cela je ne vous apprends rien. Ce qui a été surtout important pour moi, c'est ceci : j'avais jusque-là vécu dans la conviction erronée que tout ce qui m'arrivait de mauvais était punition, et je m'étais tourmenté à réfléchir pour découvrir en quoi j'avais bien pu le mériter ; alors tout à coup je vis un sens aux rigueurs du destin, et même si, bien souvent, je n'arrivais pas toujours à comprendre quel obstacle je devais sauter, je devins néanmoins dès lors un cheval des plus dociles.

Je vécus alors pour mon propre compte le verset de la Bible sur le pardon des péchés au sens étrange et caché qui est à la base : avec la notion de châtiment le péché est tombé de lui-même, et l'image caricaturale d'un Dieu vengeur devint, au sens noble, dégagé de la forme, une force bienfaisante désireuse seulement de m'instruire... tout comme l'homme dressait le cheval.

Gustav Meyrink, Le visage vert

16/02/2011

Noirceur du monde ?

 Mais la plus grande douceur est d’occuper les hauts lieux fortifiés par la pensée des sages, ces régions sereines d’où s’aperçoit au loin le reste des hommes, qui errent çà et là en cherchant au hasard le chemin de la vie, qui luttent de génie ou se disputent la gloire de la naissance, qui s’épuisent en efforts de jour et de nuit pour s’élever au faîte des richesses ou s’emparer du pouvoir.

Lucrèce, De la Nature, Livre II

 

Par moments, je me dégoûte d'écrire.

Ce blog ne m'est rien, pour ainsi dire. Il ne me sert pas de passe-temps, puisque je n'ai jamais assez de temps. Il n'est pas un défouloir. Pas plus qu'un filet à gratifications. Malgré ce que peuvent donner à penser mon style parfois vif et mes références parfois nombreuses, rien de ce que j'y laisse n'est entièrement impulsif, ni a contrario pleinement intellectualisé.

J'aime à penser que je m'adresse à mes frères, à mes soeurs, à ma famille. Avec tout l'intérêt et le respect que je voue à ce peuple, à ces peuples, de France et d'Europe. Avec la familiarité, aussi, des liens de sang et d'amitié. Avec mon coeur, en tout cas, bien plus qu'avec de simples cellules grises.

Je suis bien loin de tout savoir et j'évite soigneusement de m'exprimer sur des sujets dont je m'estime insuffisamment instruit. Encore ai-je dû me tromper souvent, malgré tout, et sans doute le referai-je. Cent fois sur le métier...

Toujours est-il que par moments, je me dégoûte d'écrire.

Non pas parce l'auditoire ne serait pas à la hauteur. De multiples commentaires de haute tenue m'ont plutôt convaincu que cela valait le coup de se lancer dans une entreprise aujourd'hui aussi banale qu'un blog, pourvu qu'on soit fidèle à ses idées et que celles-ci aient quelque intérêt collectif.

Non pas, non plus, parce que la banalité apparente de notre quotidien me ferait perdre le goût de prendre du recul pour son décryptage, ou parce qu'il y aurait lieu d'être blasé sur des sujets mille fois traités ailleurs et mieux qu'ici, ou encore, a fortiori, parce que la radicalité serait subitement devenue hors de saison.

Non.

Mais simplement, parce que nous baignons dans "le règne de la quantité" (Guénon) et que, quoi qu'on dise, quoi qu'on écrive, quel que soit le degré de qualité qu'on tente de mettre dans un texte envoyé sur la Toile, il ira, lui aussi, surpeupler un cyberespace déjà complètement saturé des milliards de dégueulis verbaux de cohortes d'infinis crétins.

Et un tel merdier, parfois, ça dégoûte. Si tout vaut tout, et c'est bien le cas quantitativement dans cette méga-démocrassie du Net, c'est que rien ne vaut rien. Donc, à quoi bon ?  Y a des jours, je préfère me taire et me retrancher du monde, plutôt que de balancer mes réflexions dans le gélatinodrôme.


Un ami me disait récemment : "ton problème, c'est que tu crois encore en l'Homme".

J'ai pas mal médité cette observation, bien plus remplie, à la vérité, de bonne sollicitude que de désespoir ou de nihilisme. Mais que le solipsisme de son auteur n'exempte pas d'inévitable subjectivité.

Entre autres, je l'ai méditée, bien sûr, sous l'angle de l'éternel antagonisme théorique de l'universalisme et du nominalisme : l'Homme (abstrait) existe-t-il ? Si oui, quel est-il, blablabla...

Mais, heureusement pour moi, surtout sous l'angle social. Vivant.

J'ai donc une réponse. Toute bête, au ras des pâquerettes. Et qui me suffit, sous réserve d'une quelconque validité de notre petit théâtre d'ombres au regard du chant des galaxies et de la complainte des enzymes gloutons.

Oui, je crois en ceux des hommes qui m'ont prouvé que je faisais bien de placer en eux ma confiance. Et je crois en tous leurs semblables qui, nécessairement, existent sans que je les aie rencontrés ni ne puisse espérer les rencontrer jamais (sauf, notamment, par le biais de ce blog).

Il est vrai que de tels hommes, il y en a fort peu, et que c'est pour cela, entre cent autres raisons, que je suis élitiste.

Quant aux autres, dois-je le dire tout net, au fond, je m'en fous. Avec une nuance. Comme disait Franz Liszt : "Aime le peuple, évite la foule". Comprenne qui pourra.

Les vertus humaines sont comme les vices humains. Elles sont enracinées profondément dans quelques natures d'exception, qui n'ont d'autre justification à exister que de les incarner en les exprimant (drôle d'image, je sais), pour la plus grande gloire de ce que les Anciens appelaient les Dieux, ou les Archétypes, ou les Idées.

Pensez seulement aux Jeux Olympiques (les vrais, pas leur parodie moderne, même encore coubertinesque).

En fait, ainsi que Gustav Meyrink l'a écrit dans Le Golem (quand il parle du tirage de boules de couleurs différentes et du rôle des criminels dans la société), c'est ça, le problème de la qualité ; comme celui de la "noirceur du monde" est celui de la quantité.

C'est le fait que ce qui est donné à quelqu'un, lui est donné une fois pour toutes. Et que ce qui ne l'est pas, ne le sera jamais.

Toutes les controverses sur l'inné et l'acquis m'ont toujours fait me gondoler de rire. La bonne sagesse des soudards de tous les pays, exprimée dans un humour souvent scatologique, contient plus de vérité à cet égard que tous les traités savants.

En résumé, un caractère fort, c'est un caractère fort. Vous aurez du mal à le plier à ce qui ne lui convient pas, mais il développera aisément ses qualités naturelles. Et un caractère faible, c'est le contraire. Vous aurez beau lui proposer la meilleure éducation, les meilleures chances sociales et professionnelles, il cédera trop facilement, là où un concurrent moins aidé mais plus doué se jouera de l'obstacle.

De même, prenez deux êtres dont les dons physiques sont inversement proportionnels à la force mentale, et faites-les se mesurer (dans des limites raisonnables, hein, je ne vous parle pas d'emblée d'ordalie ou de flingage à la Rambo). En général, c'est le mental qui fera la différence, l'esprit dominant la matière.

De même, prenez un type énergique, de nature loyale, porté à la finesse et à la droiture, et mettez-le au défi de convaincre une chiffe molle consensuelle, sans idées ni valeurs ni fidélité, que le grand jeu de l'existence consiste à sortir de l'horizontalité pour se se mettre sur un axe vertical. Vous m'en direz des nouvelles, si vous n'êtes pas carrément saisi d'une envie de meurtre au bout de cinq minutes.


Ce déterminisme est difficile à encaisser pour des Occidentaux, chez lesquels la gratification égotique représente le summum de la réussite existentielle et pour qui le mythe de la "Liberté" est le pauvre postulat théorique d'un libre-arbitre aussi illusoire que nié par toutes les sociétés traditionnelles.

Il est quasiment inacceptable, pour ce type "humain", de percevoir que la seule liberté réside dans la qualité de l'acceptation. Acceptation de ce qui arrive (quoi que ce soit), non de ce qu'on fait arriver... Mais là, il faudrait parler aussi du fantasme du "faire", comme de pourquoi il faut néanmoins jouer son rôle, et je crois avoir déjà donné.

Croire qu'on peut faire débouler, sur commande, de la qualité dans notre civilisation purement quantitative, ou dans un humanoïde pur consommateur de quantité, c'est non seulement une ânerie de champion du monde, contraire à toute réalité observable, mais c'est surtout un crédo du confusionnisme régnant, par lequel le système arrive à faire des esclaves même avec des bonnes intentions, de type humaniste, éducatif et libéral.

Culturellement, le type européen le plus évidemment opposé à cette guimauve intellectuelle et sentimentale de l' "éducation" et de la "liberté", avec son carnaval ultime des droits-de-l'homme, c'est le type grec. Celui de la tragédie grecque aussi, par conséquent, petite partie, chronologiquement, de la création théâtrale de la Grèce Antique ; tragédie, qui n'a certes pas existé pour inspirer aux Grecs classiques une terreur, disons judéomorphe, de leurs dieux...

Qui sait, d'ailleurs, que le mot "tragédie" vient du grec "tragos", qui signifie "bouc", animal sacrifié en l'honneur de Dionysos à l'ouverture des festivals de théâtre athéniens ? L'analogie me vient toujours à l'esprit, avec la morphologie du dieu Pan, diabolisé ensuite par les Chrétiens à qui il fallait absolument un diable...

Pour en revenir à l'opposition entre le type grec antique et le type occidental moderne, il me paraît évident que le premier était tout en rites, en culte concret et symbolique d'une philosophie (au sens pratique et religieux), alors que le second n'est que pétitions de principes, discours creux sur des prémisses erronées, propagande, marketing, mensonge sur toute la ligne.

Et donc, par moments, étant du premier mais plongé dans le second, je me dégoûte d'écrire...

Je sais bien que j'ai tort. Que même si la noirceur quantitative de notre monde est d'une matérialité épaisse,  même si les marées noires (la réalité et le symbole ne sont jamais loin l'une de l'autre)  succèdent aux Tchernobyl, même si les pesticides agricoles le disputent aux vaccins dans l'empoisonnement de la planète et de ses habitants, même si l'escroquerie monétaire et financière cherche à faire passer la corruption politique pour encore pire qu'elle,  même si des foules d'ahuris gobent à peu près tout ce que leurs éleveurs en batterie leurs serinent, tout cela n'est qu'une apparence.

Il est évident que tout ce gâchis ne peut pas durer. Il est surtout évident qu'au plan qualitatif, sa valeur est zéro. Que le système ne peut se maintenir encore un peu qu'en continuant  "à abolir le réel". Et que c'est là que ça coince. Parce que pour une telle ingénierie sociale, totalement matérialiste, il faut des moyens matériels colossaux, qui vont bientôt faire défaut. Comme le souligne le dernier communiqué du LEAP, ce qui se passe dans les pays arabes présente des analogies avec la chute du Mur de Berlin et annonce la chute du Mur des pétro-dollars, sinon celle du Mur Dollar tout court.

Mais quand même, par moments, trop de cons et de conneries, ça passe difficilement. D'où mon relatif silence ces derniers temps.

Mille pardons, patient lecteur.

17/01/2011

Des vessies, ou des lanternes ?

 

Je vous propose un petit test (ATTENTION : âmes sensibles, s'abstenir - je vous aurai prévenus !).

Pour y participer, il vous faudra avant tout jouer le jeu : c'est très simple, il vous suffit de respecter strictement l'ordre de lecture de ce billet, sans tricher en changeant le processus proposé.

Si vous êtes d'accord :

1/ allez d'abord consulter l'article auquel mène ce lien ; ensuite, revenez ici ;

2/ puis, cliquez sur cet autre lien et prenez connaissance de ce à quoi il conduit ; puis, revenez de nouveau ici ;

3/ laissez-moi un commentaire pour me faire part de vos impressions.

Je m'engage à répondre ensuite à vos éventuelles questions, dans la mesure de mes moyens.

01/01/2011

Recueillement

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma douleur, donne-moi la main ; viens par ici,

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées ;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;

Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

Charles Baudelaire


03:21 Écrit par Boreas dans Philosophie, Poésie | Lien permanent | Tags : charles baudelaire, recueillement |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! |

12/12/2010

Sortir du matérialisme par le haut

Merci au camarade "Father Mackenzie" d'avoir rappelé quelques évidences :

"Comme la quasi-totalité des Français je ne comprends rien à l’économie, d’ailleurs je suis persuadé que personne, absolument personne, n’ y comprend quoi que ce soit, pas même les économistes, pas plus que les météorologues ne captent quoi que ce soit à la météo. D’ailleurs, si quelqu’un y entravait quelque chose il n’y aurait pas trente-cinq écoles, vingt-six chapelles et autant de polémiques que d’économistes. Ce bousin est à peu près aussi scientifique que la psychanalyse. Par contre, en toute humilité, comme beaucoup de Français, je crois comprendre quelque chose à la politique et une chose que je sais, c’est que dans ce domaine il n’ y a pas de fatalité, mais qu’ en dernier lieu ce qui décide du sort des peuples, c’est la volonté de puissance. Ce que je vois aussi, c’est que cette prépondérance de l‘économie sur le possible est un ORDRE, un ordre se refuse, comme les ordres peuvent se refuser. Cette crise est le passage d’un ordre à un autre, il ne tient qu’aux principaux intéressés, les peuples, que cet ordre soit à leur service et non pas à celui de leurs nouveaux « propriétaires ». Et quand bien même cette option serait douloureuse, il y a de fortes chances qu’elle le soit moins que de s‘en remettre aux solutions imposés par ceux-là mêmes qui ont créé la situation en cause. De plus, il est largement temps de cesser de penser en boutiquiers et de réhabiliter quelques valeurs comme l’ honneur, le danger et la liberté. C’est un sortilège que de vouloir assujettir nos vies à l’économique, c’est la politique qui doit tout déterminer et non l’inverse. Ceux qui ont répandu la croyance inverse l’ont fait pour assurer leur domination. L’intendance suivra !"

... et de m'avoir fait connaître cette chanson de ce bon vieux Lou Reed, "Men of Good Fortune" (1973) :

Une version un peu plus "musclée" :

Men of good fortune
often cause empires to fall
While men of poor beginnings
often can’t do anything at all

The rich son waits for his father to die
the poor just drink and cry
And me, I just don’t care at all

Men of good fortune
very often can’t do a thing
While men of poor beginnings
often can do anything

At heart they try to act like a man
handle things the best way they can
They have no rich daddy to fall back on

Men of good fortune
often cause empires to fall
While men of poor beginnings
often can’t do anything at all

It takes money to make money they say
look at the Fords, but didn’t they start that way
Anyway, it makes no difference to me

Men of good fortune
often wish that they could die
While men of poor beginnings
want what they have and to get it they’ll die

All those great things that life has to give
they wanna have money and live
But me, I just don’t care at all

Men of good fortune
Men of poor beginnings
...

 

Les hommes de bonne naissance
causent souvent la chute d'empires
Alors que les hommes d'origine pauvre
ne peuvent souvent rien faire du tout

Le fils de riche attend la mort de son père
les pauvres se contentent de boire et de pleurer
Et moi, je ne m'en soucie seulement pas

Les hommes de bonne naissance
ne peuvent
très souvent pas faire une chose
Alors que les hommes d'origine pauvre
ne peuvent souvent rien faire

Au fond ils essaient d'agir comme des hommes
se débrouillent du mieux qu'ils peuvent
Ils n'ont pas de papa riche sur qui se reposer

Les hommes de bonne naissance
causent souvent la chute d'empires
Alors que les hommes d'origine pauvre
ne peuvent souvent rien faire du tout

Il faut de l'argent pour faire de l'argent ils disent
regarde les Ford, mais n'ont-ils pas commencé comme ça
De toute façon, ça ne fait pas de différence pour moi

Les hommes de bonne naissance
voudraient souvent mourir
Alors que les hommes d'origine pauvre
veulent ce qu'ils ont et pour l'avoir pourraient mourir

Toutes ces grandes choses que la vie a à donner
ils veulent avoir de l'argent et vivre
Mais moi, je ne m'en soucie seulement pas

Les hommes de bonne naissance
Les hommes d'origine pauvre
...

06/12/2010

L'archéologie hérétique

Entre ce que certains adeptes des religions monothéistes nous content des origines de l'espèce humaine (créationnisme fixiste ou par "dessein intelligent") et ce que prétend mieux nous en apprendre la "science" officielle (transformisme, puis théorie de l'évolution), où est la vérité ?

On peut se poser la même question, quant à la validité de ce que nous devrions logiquement accepter comme conclusions pratiques de l'une ou l'autre de ces théories ; car ce ne sont que des théories : les preuves manquent, comme vous pourrez le constater ici.

Conclusions, qui présentent de troublantes similitudes, au point qu'on peut se demander si la "science" moderne n'est pas, en grande partie, une laïcisation matérialiste du monothéisme.

Dans le cas du créationnisme : mythe du Salut, vision linéaire de l'Histoire, moralisme (individuel et social) ou déterminisme (prédestination).

Dans le cas de la "science" : mythe du Progrès, vision linéaire de l'Histoire, darwinisme social (toujours en vigueur dans les hautes sphères de nos chères élites) ou utilitarisme.

Partout, l'idée selon laquelle demain sera meilleur qu'hier ; que le bonheur n'est pas ici mais dans l'avenir ou, en tout cas, ailleurs ; que le passé est à rejeter comme obscurantiste et sous-développé.

Même si le documentaire qui suit n'est qu'un résumé très peu détaillé, il est, quant à lui, fondé sur des faits.

Il peut, en sapant les bases des théories créationnistes et évolutionnistes, conduire à mettre également en doute la validité de leurs implications pratiques.

29/11/2010

Jean-Claude Michéa flingue le libéralisme

Jean-Claude Michéa, prof de philo (en général, je n'aime ni les profs, ni les profs de philo en particulier, dont Ladislav Klíma disait qu'on les fabrique à partir de la crotte de chien ; mais celui-là est une exception), est l'auteur de plusieurs livres, influencés par la pensée de George Orwell.

Dans l'un d'entre eux en particulier, "L'empire du moindre mal", il démontre que le libéralisme (économique, politique, peu importe, fondamentalement c'est la même chose, avec des variantes dont se servent certains "puristes" pour tenter de faire croire, ou se persuader eux-mêmes, qu'il y existerait des différences radicales - un peu comme entre sectes chrétiennes protestantes aux Etats-Unis) ; que le libéralisme, donc, est en réalité plus progressiste que le collectivisme marxiste lui-même, lequel est notamment moins enclin à la libéralisation des moeurs et donc, à la destruction définitive des structures sociales.

En effet, après la faillite de celui-ci, le libéralisme poursuit, dans la même voie matérialiste, l'achèvement du constructivisme utopique fondateur des "Lumières", ambitionnant  prétendument de réaliser, sous les auspices du "Progrès", au moyen de la croissance et de la "liberté", le bonheur de l'Humanité.

En fait, un cauchemar totalitaire croissant, désormais transhumaniste, dans le cadre d'une guerre des classes au sujet de laquelle un des plus distingués parangons des élites libérales, Warren Buffett, troisième fortune mondiale, a élégamment déclaré :

"La guerre des classes existe, c’est un fait. Mais c’est la mienne, celle des riches, qui mène cette guerre et nous sommes en train de la remporter " (New York Times, 26 novembre 2006).

L'orgueil précède la chute...

En tout cas, cette toute récente interviouve nous montre ce dont Michéa est capable en moins de vingt minutes, sans notes ni stylo. Ça flingue dur. Avec un fin sourire, en plus.

 

20/11/2010

Les certitudes et l'orgueil

James Oliver Curwood

 

Un ancien franc-maçon d'obédience "égyptienne", souhaitant conserver l'anonymat, est l'auteur du texte qui suit. Celui-ci, daté de 1995, était sa dernière "planche" avant qu'il ne quitte sa Loge.

Il est à noter que ce genre de franc-maçonnerie, parfois non-reconnue par les obédiences dominantes, n'est pas, en principe, constituée de "loges d'affaires", et déclare ne poursuivre d'autre but que le perfectionnement de ses adeptes, dans des domaines ni politiques, ni économiques, sans pratiquer aucun lobbying.

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Quand nous étions tout petits, nous étions comme nos frères et soeurs : les animaux, les végétaux, les minéraux.

Inconscients de nous-mêmes, nous faisions partie de la Nature et participions à son grand jeu, sans fard, sans masque, sans souci du passé ni du futur, du gain ni de la perte, dans l'instant présent.

Quiconque plonge son regard dans celui d'un bébé humain ou d'un animal, ou contemple une plante ou un caillou, peut au moins sentir cela.

Puis, peu à peu, la plupart d'entre nous oublient ce lien simple et vrai qui les rattache à la Nature. Parce que rares sont, parmi nous, ceux qui sont "solaires", c'est-à-dire d'un caractère indépendant et autonome ; parce que nous sommes, pour l'essentiel, "lunaires", c'est-à-dire dépendants et imitateurs ; et parce que l'hérédité et l'éducation contribuent le plus souvent à nous faire perdre ce lien, nous devenons presque tous des êtres dénaturés.

Notre coeur, siège de la vie, de la conscience, de l'instinct, de l'intelligence, se ferme et se dessèche au profit de notre cerveau, de notre intellect surchargé de constructions mentales, d'abord apprises, puis répétées à l'infini dans un tourbillon de folie stérile.

De simple fonction, d'outil soumis à la main de l'artisan, le mental en vient à se prendre pour un individu à part entière, doté d'un corps physique comme simple exécutant de ses volontés, et pourvu d'une identité continue dans le temps et l'espace.

Coupé de la Nature, il dit "Je pense", "Je suis", "Je fais" ; il projette le voile de ses réflexions sur le monde qu'il ne connaît plus mais prétend désormais modeler et utiliser.

Très jeunes déjà, nous avons baissé pavillon devant la dictature de cet usurpateur ; pire, nous cultivons sans relâche notre identification à ses folies, sans nous apercevoir qu'elles ne constituent qu'une série de cercles vicieux. Et nous voilà entraînés dans la course à la gratification sous toutes ses formes, articulée autour de deux grands objectifs : comment acquérir le plus possible d'avantages, et comment échapper au plus possible d'inconvénients.

Parce que nous avons peur : de souffrir, de mourir, de manquer, de ne pas être considérés en proportion de la très haute valeur que nous nous attribuons ; et parce que nous ne savons plus voir la richesse des cadeaux que le monde nous fait à chaque instant ; nous courons après les liens matériels, après la reconnaissance sociale, affective, professionnelle.

Pris à ce jeu pervers, nous en venons à nier notre propre nature. Notre égoïsme se développe à mesure que croît notre orgueil, si bien que nous ne considérons même plus notre prochain comme tel... sauf, bien entendu, si nous nous trouvons des intérêts communs.

Nous nous donnons sans cesse des priorités, des objectifs absurdes et illusoires qui, échafaudés sur le vent des pensées qui nous traversent et que nous croyons nôtres, nous éloignent toujours plus de la réalité.

Enfiévrés de craintes et de désirs, nous n'avons même pas la satisfaction d'aboutir, en contrepartie, à un apaisement même momentané. Perdus dans les mirages de la possession et de la conservation, ne sachant plus faire autrement puisque nous avons oublié la Nature, nous poursuivons insatiablement nos chimères toujours nouvelles.

En effet, chaque but, une fois atteint, ne nous paraît jamais correspondre à l'image que nous nous en faisions et nous laisse insatisfaits.

Loin de comprendre le message que le monde, si bienveillant à notre égard même quand nous le trouvons si injuste, nous délivre ; loin d'en tirer profit et de remettre en cause notre prétendue identité, notre vision des choses, notre façon de traiter notre univers ; nous nous renfrognons dans nos certitudes imbéciles et dans notre orgueil stupide.

Comme parfois nos échecs nous blessent, nous nous fabriquons une carapace d'images de nous-mêmes, à notre convenance, une carapace d'insensibilité, une carapace de savoir purement intellectuel, une carapace de pseudo-courage, une carapace de pauvre idiot aveugle et sourd, pour pouvoir continuer notre route circulaire.

Nous ne sommes plus nous-mêmes un seul instant et de toute façon, pourrions-nous l'être ?

Notre propre nature, celle qui s'exprimait encore un peu lorsque nous étions enfants, pourrions-nous, à supposer que nous ayons la lucidité et le courage de nous regarder en face, l'accepter et nous y conformer ? Pourrions-nous jeter bas le masque et admettre de nous montrer tels que nous sommes, à nous-mêmes d'abord et aux autres dont le regard déjà nous brûle, même à travers notre armure de comédiens ? Cela ne nous ferait-il pas mal, terriblement mal, mal à en mourir ?

La vérité, désormais, nous fait horreur.

Un défaut, même léger, que nous nous évertuons à cacher, prend à nos yeux des proportions gigantesques, effrayantes.

Une émotion ressentie devant un fait dont, intellectuellement, nous nions l'impact sur notre coeur ; une émotion, donc, étouffée sous des tonnes d'orgueil et d'insensibilité voulue, nous paraît, si nous la laissons s'exprimer, honteuse, avilissante, menaçante même.

Nos actions passées, si nous reconnaissons leurs vraies motivations, souvent égoïstes et intéressées, nous répugnent et nous écrasent de remords.

Si, par extraordinaire, nos certitudes et notre orgueil ne nous piègent pas assez pour nous empêcher tout à fait de nous interroger sur ce genre de sujets, qu'importe, une autre chausse-trappe, bien plus subtile, nous attend à l'étape suivante.

Brûlant de sortir du cercle vicieux menant du désir insatisfait à la crainte inapaisée, nous cherchons des solutions dans les religions, dans les théories philosophiques, dans les pratiques ésotériques, dans les ascèses.

Toujours aussi "lunaires", nous lisons beaucoup, nous nous gavons de doctrines, d'enseignements, de préceptes de sagesse, que nous tentons bravement de mettre en pratique, même si leur sens exact nous échappe.

Nous posons, à droite, à gauche, tant de questions que nous finissons par tomber sur une bonne âme qui, devant notre insistante motivation, nous livre quelques clés tirées d'une méthode ou d'une autre.

Nous nous précipitons donc dans ce nouveau rêve de délivrance. Or, bien souvent, rien ne se produit et pourtant, que de sacrifices ! Que cette expérience, éventuellement assortie du respect obligatoire d'un tas de règles, de pratiques et d'exercices, a été fastidieuse et pénible !

Pourtant, nous avions été prévenus qu'il ne fallait rien en attendre et surtout pas un résultat et nous nous sommes généralement appliqués à bien faire semblant de suivre ce conseil...

Mais alors, qu'est-ce qui a bien pu clocher ?

A ce stade, plusieurs réactions peuvent être envisagées : primo, tout plaquer et retourner à sa vie passée en se disant que, là au moins, il y a parfois un profit au terme d'un travail ; secundo, tout recommencer et même, entamer une série d'exercices différents, dans l'espoir que cela marche mieux ; tertio, se persuader que le but est atteint mais qu'il n'est pas encore réalisé consciemment, subtile distinction conceptuelle aidant à bâtir une existence positive ; quarto, persévérer dans la pratique sans limite de temps, en y sacrifiant tout, dans la conviction qu'il faut une longue ascèse pour atteindre à un but aussi élevé ; etc.

Quelle que soit l'attitude adoptée, il y aura eu une constante : c'est que nous aurons considéré le fameux but, la libération, l'éveil, comme un objet à conquérir, à acquérir comme un bien de consommation, au prix d'un travail, monnaie d'échange.

C'est la réalisation de notre propre nature, le simple "être soi-même", "deviens ce que tu es", la seule chose vraie que nous puissions faire, que nous aurons ravalée au rang d'un vulgaire paquet de lessive dont nous attendrions un linge chimériquement plus blanc !

Nos certitudes livresques et verbales soutenant notre immense orgueil, nous trouvons nénamoins moyen de nier cette bassesse et, nous raccrochant aux branches, nous dénichons une explication quelconque à notre échec, tout en compensant notre frustration par quelques citations bien choisies, tirées de notre panthéon personnel d'auteurs de référence.

Pas un instant, nous ne songerons que nous avons peut-être pris des vessies pour des lanternes, que nous n'étions peut-être pas mûrs pour les exercices en question, que nous désirons peut-être trop pour obtenir quoi que ce soit, que notre but n'était peut-être qu'une illusion, que nos discours n'étaient peut-être que l'expression d'un savoir appris et non d'un expérience comprise puisque vécue.

Bien pire, nous prétendrons parfois nous intéresser derechef à de hautes sciences, issues des Mystères de l'Antiquité, nous disserterons sur la magie, l'alchimie, l'immortalité... Rien n'est trop beau pour nous ; donc, nous ne craignons de brûler aucune étape.

C'est en groupe que nous nous sentons le mieux. C'est là que notre système intellectuel, construit pièce par pièce au prix de patients efforts d'analyse de textes, se cimente, se renforce au contact des autres, nourris aux même seins.

C'est là que nos certitudes et notre orgueil, moteurs de nos efforts ascétiques, se ressourcent avant de repartir à l'assaut du paradis.

Et, comme le dit Brigitte Fontaine dans l'une de ses chansons, "ça rend sourd, ce trip métaphysique" !

Sourds, nous le sommes le plus souvent, au point de répéter avec une totale conviction des phrases correspondant à des expériences que nous, nous n'avons pas vécues ; au point, même, de ne pas nous croire concernés par des avertissements qui devraient nous toucher, comme ceux de Trungpa dans "Pratique de la voie tibétaine", pourtant sous-titré "Au-delà du matérialisme spirituel".

Plus ou moins inconsciemment, encore une fois, la vérité nous fait peur.

La perspective de voir tous nos beaux châteaux en Espagne s'écrouler, s'évanouir en fumée ; de devoir en rabattre, de constater que nous ne sommes rien, que la grenouille qui se veut aussi grosse que le boeuf ; de devoir repartir de zéro avec une humilité dont nous pensons pouvoir nous dispenser, cramponnés que nous sommes à nos splendides illusions ; tout cela nous terrifie et nous nous bloquons, nous nous fermons de plus en plus.

Nous préférons sacrifier encore un peu plus nos talents naturels, nos tendances, nos moyens d'expression, au profit d'une ascèse de plus en plus étouffante ; si bien qu'à la fin, oui, c'est bien vrai, nous sommes "délivrés", en quelque sorte ; mais c'est parce que nous ne sentons plus rien du tout.

Au passage, nous aurons tout singé : les gourous, vrais ou faux, que nous nous serons trouvés ; le détachement, que nous aurons confondu avec notre insensibilisation ; et jusqu'à la modestie, dont nous avons lu qu'elle s'impose mais dont nous croyons qu'on en dispose.

Et pourtant, partout il est écrit aussi - mais nous ne lisons et répétons que ce qui nous plaît et nous paraît confortable - qu'il faut souffrir pour apprendre, que ce sont les épreuves de la vie qui nous proposeront des leçons.

Ces leçons, comment pouvons-nous prétendre, du haut de notre douillette sécurité matérielle, confortablement étayée de certitudes prétentieuses ; comment pouvons-nous prétendre les faire entrer dans un organe qui n'est pas fait pour les recevoir (notre cerveau analytique) au moyen de simples exercices, sans doute très précieux si nous étions assez dégrossis pour ne pas en attendre un gain ?

Autant tenter d'entraîner un obèse à faire du trapèze volant ! Il faudrait d'abord que l'existence le fasse un peu maigrir...

Si la Nature nous trouvait encore un peu dignes d'elles, sa clémence alors devrait se faire sévère pour, justement, nous faire maigrir, nous faire souffrir. Mais cela, nous ne le voulons surtout pas.

Nous aimons mieux nous complaire dans notre orgueil vain et creux qui, pourtant, si nous nous ouvrions un peu, serait aussitôt taillé en pièces, sitôt sortis de chez nous, par nombre de ces "gens ordinaires", de ce "vulgaire", "vulgum pecus" auquel nous nous sentons plus ou moins consciemment supérieurs, pénétrés que nous sommes de notre très intellectuel accès aux "mystères" !

Alors qu'il faudrait avoir "les pieds sur terre et la tête dans le ciel", nous allons les pieds dans les nuages et la tête bien enterrée, les yeux et les tympans crevés et le tout, en décomposition...

Un grand écrivain américain, James Oliver Curwood, écrivait dans un essai intitulé "Le coeur de la Nature" :

" Il serait à souhaiter qu'une puissance prestigieuse surgît et montrât à l'homme sa petitesse. Seulement alors les épines et les broussailles s'écarteront du sentier qui mène à la paix et au bonheur vers lesquels il soupire, et qu'il découvrirait s'il n'était aveuglé par sa propre importance. De toute la création, l'homme est le suprême égoïste. Sa fatuité et sa suffisance atteignent parfois au blasphème. C'est le paon humain, gonflé d'orgueil et convaincu que l'univers entier a été créé pour lui. (...) La vanité l'empêche de voir les faits. (...) Il existe un professeur, tout près de nous, accessible au pauvre comme au riche, disposé à nous montrer le peu que nous sommes, et à nous faire comprendre le sens de la vie. C'est la nature..., source de repos et de paix. La nature est le Grand Docteur, capable de guérir plus de maladies physiques et morales que tous les médecins et les prédicateurs du monde. (...) La nature règne partout et ses pages sont ouvertes à chacun d'entre nous. Elle se livre sans mystère et vibre du désir de se faire comprendre. Le seul miracle exigé de l'homme, c'est qu'il descende des nuées de son égoïsme et remplace son amour de la destruction par le besoin d'apprendre. (...) Je le répète une fois de plus, les preuves de la Divinité sont si proches de l'homme qu'il ne les voit pas. Il ne sentira la présence de Dieu que lorsque son orgueil s'écroulera. Les esprits des morts ne reviendront pas sur terre pour calmer ses folies, pas plus que les anges ne descendront du ciel. La Puissance divine est trop vaste pour cela. Dieu, le Tout-Puissant, n'est pas un prestidigitateur, ni un saltimbanque, et pas davantage un avocat défendant sa cause. Il est la Vie. Et cette Vie, qui ne meurt jamais, ne connaît aucun favoritisme. "

29/10/2010

Sombreville

Après Blade Runner, encore un film allégorique de l'état de sommeil où est plongé notre monde : "Dark City" (littéralement, Sombreville), d'Alex Proyas (1998).

Un monde urbain dont les habitants se réveillent sans mémoire, où tout s'arrête à minuit pour être remodelé à la guise de mystérieux machinistes, les "Etrangers", dont personne ne sait rien.

Bien meilleur, à mon avis, que le pauvre Matrix-machin-truc (sauf la première partie du premier volet, avec son excellente idée de pilule bleue / pilule rouge).

Bande annonce :

Début du film (en VO, hélas - impossible de trouver une VF) :

Un long passage en VF :

10/09/2010

Maintenant

Maintenant

Les âmes mortes ne me pèsent plus

Les phrases creuses ne me blessent plus

Les regards mornes ne m'étonnent plus

Les charmes vides ne m'attirent plus

 

Maintenant

Que le jour et la nuit ne guerroient plus

Que la perte et le gain n'ont plus de sens

Que la mort est soeur de la naissance

Que l'existence ne m'importe plus

 

Maintenant

Quoique n'étant rien je suis aussi tout

De mes yeux ouverts sort le monde entier

Autour de mon axe tourne la roue

Et même brisé mon coeur est léger


20:54 Écrit par Boreas dans Philosophie, Poésie | Lien permanent | Tags : maintenant |  Facebook | |  Imprimer | Pin it! |