03/10/2010
Battons-nous, ou mourons comme des lâches
Trois films, trois exemples à suivre - quant à leur esprit viril uniquement, puisque l'attaque frontale en terrain découvert serait, de nos jours, aussi suicidaire que stupide et ne fait plus fantasmer que les romantiques au petit pied et les frustrés en mal de défoulement.
D'abord, vive l'Ecosse.
Tirée du film de Mel Gibson, "Braveheart" (1995), la harangue de William Wallace avant la bataille de Stirling (11 septembre 1297), prélude à l'indépendance du pays arrachée à l'ennemi anglais (1328) :
Voilà des mots qui devraient nous toucher particulièrement.
Non seulement parce que les Ecossais sont nos amis, au moins depuis l'Auld Alliance, non seulement à cause de l'exécration que tout bon Français voue à l'Angleterre, et pas uniquement à cause de Jeanne d'Arc ; mais surtout en raison de notre situation de peuple soumis à l'Occident anglo-américain, avec ses pseudo-valeurs et son matérialisme répugnant ; de peuple soumis à l'hyperclasse transnationale issue de cet Occident, et envahi tant par ses produits marchands et sous-culturels que par une immigration de peuplement qui lui sert d'outil de contrôle social.
Comme pour les Ecossais en 1297, ce qui est en jeu pour nous, c'est notre survie et notre liberté en tant que peuple.
Nous ne ferons pas l'économie du combat, et pas seulement derrière un écran d'ordinateur.
*
Ensuite, à bas l'Anglosphère et ces rats de Yankees.
En VO (mais c'est sans importance), extraite du film éponyme de Kevin Kostner (1990), la scène de la libération de "Danse avec les loups", ex John Dunbar, devenu un vrai Sioux Lakota :
... John Dunbar, devenu un vrai Sioux Lakota, puisqu'il est impossible pour "un véritable être humain" (dixit "Oiseau bondissant", le shaman du film) d'avoir quoi que ce soit en commun avec la civilisation des "tuniques bleues", mélange de mercantilisme bien-pensant et d'hystérie vétérotestamentaire assassine.
Car, comme le disaient les généraux Sherman : "Nous devons agir avec une sérieuse détermination contre les Sioux, même jusqu'à leur extermination, hommes, femmes et enfants. (...) Au cours d'un assaut, (...) les soldats ne peuvent s'arrêter pour distinguer entre hommes et femmes, ou même faire une discrimination entre les âges" et Sheridan : "Les seuls bons Indiens que j’aie jamais vus étaient morts".
Alors qu'au contraire, la noblesse est du côté indien.
N'en déplaise aux américanolâtres et aux esprits binaires obsédés par la seule couleur de peau, je trouve jouissif de voir, dans cette scène de bataille, des Sioux sans la moindre arme à feu massacrer des dégénérés surarmés, avec la participation de leur frère blanc qui n'a en rien renié, lui, les qualités de tout homme digne de ce nom.
*
Et enfin, via le rêve d'un monde ressemblant peut-être à notre lointain passé, mais qui est en même temps une allégorie de notre époque, voici une guerre entre l'idéal de nous-mêmes et tout ce qui est sot, agressif et laid.
Aragorn, "Grand-Pas", le héros de Tolkien, fait son véritable retour dans ce troisième volet de la trilogie cinématographique du "Seigneur des anneaux" ("Le retour du roi", 2003), et sera couronné après la défaite du Big Brother de l'histoire, Sauron, "l'oeil qui voit tout" et envoie ses contrefaçons d'humains, les Orques, tenter de conquérir un monde qu'il jalouse et convoite pour une simple et bonne raison : il n'y aura jamais part ; ce qu'il essaie d'en faire est impossible ; le monde des hommes n'est pas pour les monstres et le pouvoir n'y est que transitoire.
Finalement, c'est peut-être à cela que se résume notre destin : vaincre les monstres issus de l'achèvement d'un cycle de civilisation, pour restaurer la sagesse, la force et la beauté, ces trois piliers du temple de notre âme et de notre identité que, pour l'anecdote, la franc-maçonnerie spéculative, cette contrefactrice des arcanes antiques, a repris à son compte dans l'inversion ambiguë de toutes les valeurs.
Une belle scène de bataille, en tout cas, qui voit l'arrivée des cavaliers du royaume du Rohan, au secours de Minas Tirith, la capitale assiégée du Gondor :
La suite (non montrée ici) comporte une lutte victorieuse contre des ennemis venus du sud, montés sur des Oliphants, sortes d'éléphants géants, transparente allusion à la bataille de Zama qui, en 202 avant JC, illustra le triomphe de l'intelligence romaine sur la force carthaginoise.
Qui n'a rếvé de combattre aux côtés d'Aragorn, de se battre pour sa liberté et celle de ses semblables ?
Au lieu de crever dans son lit, comme un bourgeois pétochard essayant juste de conserver son confort, dût-il abdiquer toute dignité ; comme Harpagon protégeant sa cassette.
Alors, battons-nous.
Peut-être pas joliment, comme dans ces films qui ne sont que des évocations.
Mais courageusement, intelligemment et sans trêve.
Soyons rusés et déterminés.
Soyons solidaires, pensons collectif.
Vive la crise.
Vive la révolution.
00:36 Écrit par Boreas dans Cinéma, Histoire, Politique | Lien permanent | Tags : mel gibson, william wallace, braveheart, ecosse, sioux, indiens, kevin kostner, danse avec les loups, tolkien, bataille de zama | Facebook | | Imprimer | |
20/09/2010
L'après-démocratie
L'excellent Scriptoblog a cette qualité rare de ne pas dépendre de l'actualité pour manifester ses talents, ce qui lui permet de publier la recension d'un bouquin paru il y a neuf ans et de faire ainsi découvrir un auteur suisse méconnu : Eric Werner.
Le tout, en un article où je retrouve tellement mes propres idées que j'ai presque l'impression de l'avoir écrit moi-même (j'ai juste ajouté quelques liens).
« L’Après-démocratie » est un recueil de textes, dans lequel Eric Werner (EW) défend la thèse générale suivante : plus personne ne peut décemment croire que nous vivions en démocratie. Il ne reste, du projet démocratique, que des traces – telles que les élections, tous les cinq ans, et qui consistent désormais à choisir entre l’aile gauche et l’aile droite d’un seul et même parti institutionnel.
Aile gauche et aile droite qui, au demeurant, font en pratique à peu près la même politique, imposée par « le vrai pouvoir ».
Un vrai pouvoir qui se situe au niveau de l’hyperclasse, et de son gouvernement mondial. Un vrai pouvoir qui échappe à tout contrôle démocratique, influence de manière décisive la « ligne éditoriale » de la presse, et pilote à distance la plupart des institutions, justice incluse, via des réseaux d’influence ramifiés. Ce vrai pouvoir décide de ce que vous ignorez, donc de ce que vous savez. Il vous éduque, il vous surveille, il vous juge. Il contrôle la démocratie, elle ne le contrôle pas.
Nous voici dans « l’après démocratie ».
*
Comment en est-on arrivé là ?
Fondamentalement, pour EW, il s’agit tout simplement de la mise à jour de ce que la « démocratie occidentale » était de manière latente – mise à jour rendue possible par la disparition de l’ennemi.
Une disparition de l’ennemi qui a levé les barrières que le système était obligé d’entretenir devant lui, pour échapper à son cours spontané…
Depuis que le communisme a été vaincu, l’Occident n’a plus besoin d’entretenir une façade pluraliste. Il s’engage donc dans la voie totalitaire, qu’il a longtemps combattue, mais qui est aussi, secrètement, son essence profonde.
Chronologiquement, l’adoption de la loi Gayssot arrive juste après la chute du Mur de Berlin : le totalitarisme occidental a littéralement éclaté au grand jour, dès que son adversaire ne fut plus là pour l’empêcher de s’exprimer.
Totalitarisme d’ailleurs d’autant plus redoutable que, fait observer EW, il est dissimulé par un formidable voile propagandiste de dénégation, bien plus habile que celui tendu jadis par les systèmes hitlériens ou staliniens.
EW nous renseigne, à ce propos, sur ce qui se produit en ce moment dans le monde germanophone (EW est suisse) – une évolution d’un monde voisin dont nous sommes, nous, en France, sans doute assez mal informés.
Un chiffre : en Allemagne, le nombre de personnes ayant fait l’objet de procédures pour « connections avec des groupes extrémistes » et « excitation du peuple » se montait, en 1998, à 9.549. En Suisse, deux juges ont été mis en vacances forcées après avoir prononcé une peine jugée trop légère contre un politicien d’extrême droite coupable d’un délit d’opinion. L’affaire fut rejugée, et le politicien a été condamné à 15 mois de prison ferme – pour comprendre l’échelle des peines sous-jacentes à cette décision, notons qu’à la même époque, l’auteur d’un viol sur une fillette de cinq ans fut condamné à une peine de neuf mois de prison avec sursis. Le monde germanophone est majoritairement en train, tout doucement, de basculer dans un totalitarisme ouvert, une répression judiciaire de la pensée dissidente – bien plus vite, bien plus nettement qu’en France.
*
Après avoir planté le décor, EW analyse cette dérive totalitaire.
Reprenant la distinction d’Arendt entre pensée et raisonnement, il montre que l’Occident contemporain est peuplé d’idéologues des Droits de l’homme qui raisonnent, mais ne pensent plus – en ce sens que leur raisonnement ne se réfère plus à la réalité. Cette disposition d’esprit particulière se combine avec des intérêts objectifs (toujours implicites) pour créer une ambiance générale d’intimidation. De là, vers la terreur, qui est désormais repositionnée dans le cadre général de l’insécurité – on ne terrorise plus en brutalisant, mais en exposant à une brutalité latente (économique, sociale, voire physique, avec une délinquance tolérée). Sous l’angle organisationnel, il n’y a évidemment aucun rapport entre l’arrestation par le NKVD au petit matin dans l’URSS des années 30 et l’agression au coin de la rue dans la France de 2010 ; mais sur le plan fonctionnel, le rôle de la terreur dans une mécanique d’intimidation générale et de sidération populaire est comparable. Le « racaille » raciste antiblanc est le SA du totalitarisme multiculturel américanomorphe (un point sur lequel EW revient fréquemment).
Plus profondément, une guerre cognitive est faite aux populations, par des moyens plus subtils que ceux dont disposaient les anciens totalitarismes. La dissolution du « nous » (famille, coutume, tradition, enracinement local et national) rend le « je » impensable (puisqu’il n’est plus inscrit dans rien, il « flotte »), et l’opinion bascule dans la formulation moue d’un consensus auquel « on » se rallie (« on » étant, finalement, un corps collectif « non-social », la somme des individualités disjointes reliées uniquement par le réseau médiatique). Il y a explosion des frontières de l’être mental des Occidentaux, ce sont des organismes sans peau, en voie de dilution, « clients » parfaits du néo-totalitarisme occidental. L’ultime rempart contre l’illusion, l’école, est même désormais tombé, avec la généralisation du « pédagogisme », c'est-à-dire la manipulation des enfants pour leur faire intérioriser des attitudes bien précises, compatibles avec le système dominant.
Au-delà de ce constat somme toute aujourd’hui presque devenu banal, EW tente de mettre en lumière les causalités profondes du mécanisme décrit. Il s’intéresse, par exemple, à la sociologie de cette nouvelle domination, et souligne le rôle particulier qu’y tient manifestement la pègre – historiquement très souvent associée aux régimes totalitaires ou dictatoriaux. Les tyrans, rappelle EW, se méfient toujours beaucoup plus des honnêtes gens que des voyous, chez qui ils vont souvent recruter leur garde personnelle.
D’où une hypothèse sur la convergence spontanée entre l’idéologie de certains sociologues de l’excuse (« pro-racailles ») et le totalitarisme des marchés : version renouvelée du mécanisme décrit par La Boétie et d’autres, mécanisme qui voulait que le tyran, pour garder sous contrôle les « abeilles domestiques », importât des « frelons étrangers ».
Dans cette optique, l’incubation d’une idéologie de la haine de soi n’est, en réalité, qu’un dispositif annexe ; le but est de tenir les « abeilles » dans la peur des « frelons ». Ce n’est ni plus ni moins que la généralisation des techniques utilisées, pendant la période de dénazification de l’Allemagne, par les conquérants américains (destruction programmée du modèle anthropologique germanique, supposé créateur de la « personnalité autoritaire » de type « fasciste » - d’où la fabrication d’une population féminisée, fragilisée, en quête de protection et donc facile à dominer).
D’où, encore, une hypothèse sur l’attitude différenciée des idéologues néo-totalitaires à l’égard du religieux. D’une manière générale, ils s’en méfient, puisque la religion définit un espace mental collectif structuré, donc de nature à s’opposer aux forces de dilution que le néo-totalitarisme instrumentalise. Mais ils se méfient du christianisme plus que des autres religions (islam en particulier), parce que le christianisme construit une métaphysique de la liberté, où la conscience individuelle peut en quelque sorte être équipée de manière autonome – ce qui implique que même si les forces de dilution détruisent toute structure collective, le christianisme peut continuer à structurer une révolte individuelle (chose que l’islam peut plus difficilement faire). D’où sans doute le fait que nos dirigeants combattent l’islam là où il est structurant d’une identité collective réelle (donc en Dar-al-Islam), mais en encourage l’importation chez nous, où il contribue à la déchristianisation.
*
Comment résister à ce néo-totalitarisme ? Voilà, évidemment, la question qu’EW ne peut éviter ; à quoi bon décrire l’ennemi, si ce n’est pas pour le combattre ?
EW souligne tout d’abord qu’il faut combattre en nous la tendance au défaitisme. Quand nous apprenons que 5 % des Suisses n’ont pas la télévision, ne nous lamentons pas qu’ils ne soient que 5 % ; prenons note du fait qu’ils sont déjà 5 %.
Ensuite et surtout, il faut, nous dit-il, sortir du piège consistant à reconnaître au pouvoir actuel un monopole de la capacité à gérer les problèmes qu’il a lui-même créés (l’immigration inassimilable, par exemple). Il faut poser le problème en termes renouvelés, et cesser de confondre révolte et résistance.
Le révolté et le résistant disent « non », l’un et l’autre. Mais pas de la même manière. Le révolté, c’est l’esclave fouetté qui, soudain, se retourne et fait face à son maître. Le résistant, lui, ne fait pas face : il s’efface, il sort du cadre de gestion construit par son maître.
C’est pourquoi le résistant est avant tout un adepte de la stratégie indirecte ; à l’opposé du révolté, qui cherche la confrontation directe avec le tyran à l’intérieur d’un contexte donné, le résistant pense l’action dans la durée, et cette action n’est pas nécessairement un affrontement avec le tyran – c’est avant tout un effort pour se préparer à la modification du contexte.
Le plus souvent, cette modification du contexte est obtenue tout simplement en durant : le résistant gagne tant qu’il ne perd pas, c'est-à-dire tant qu’il n’est pas anéanti. Et finalement, le résistant l’emporte s’il parvient à faire durer sa retraite flexible une seconde de plus que l’élan du pouvoir qui tentait de l’anéantir. Ensuite, une fois que le pouvoir s’est usé, qu’il a fabriqué lui-même la masse de contradictions internes qu’il ne peut plus gérer, alors la résistance peut passer à la contre-offensive.
Et donc, pour conclure, ce que sous-entend EW, c’est qu’il ne faut pas accepter la logique selon laquelle nous devrions tolérer le système parce qu’il est le seul à pouvoir gérer les problèmes qu’il a créés. Nous devons lui résister, pour être là quand il ne pourra plus gérer ces problèmes.
14:14 Écrit par Boreas dans Politique, Société | Lien permanent | Tags : eric werner, démocratie, totalitarisme, hyperclasse, occident, loi gayssot, terreur, immigration, servitude, révolte, résistance | Facebook | | Imprimer | |
23/08/2010
La tenaille
"La démocratie se confond exactement, pour moi, avec la souveraineté nationale. La démocratie, c'est le gouvernement du peuple par le peuple et la souveraineté nationale, c'est le peuple exerçant sa souveraineté sans entrave."
Charles de Gaulle, conférence de presse du 27 mai 1942
"S'il y a quelqu'un ici qui doute encore de ce que l'Amérique soit l'endroit où tout est possible, qui se demande si le rêve de nos Pères fondateurs est encore vivant, qui s'interroge sur le pouvoir de notre démocratie, ce soir vous lui avez répondu."
Barack Hussein Obama, discours du 04 novembre 2008
Comment se fait-il que l'immense majorité des populations occidentales croie vivre en démocratie ?
Comment est-il possible que, scrutin après scrutin, l'électeur revote pour ceux qu'il avait écartés lors d'une précédente élection, au profit d'autres tout aussi peu fiables ?
Comment en arrive-t-on à une pareille stabilité du régime, à une semblable pérennité d'une forme de gouvernement et surtout, à une telle continuité dans l'alternance des gouvernants ?
Questions, certes, d'une insigne banalité, et dont l'importance est généralement écartée par les esprits forts en se référant au fameux mot de Churchill ("La démocratie est le pire des systèmes, à l'exclusion de tous les autres") et par le populaire en citant Coluche, après Jean-Louis Barrault ("La dictature, c'est 'ferme ta gueule' ; la démocratie, c'est 'cause toujours'") .
Dame, c'est pas terrible, mais y a pas mieux, on vous dit. C'est tout simple, non ?
Admettons.
Par conséquent, nécessairement, presque tout le monde reconnaît que ce qui est censé être le pouvoir du peuple n'est, en réalité, que la captation de ses voix (enfin, de celles du nombre sans cesse décroissant des électeurs qui croient encore suffisamment à ce système pour se rendre aux urnes, là où ils n'y sont pas obligés par la loi, comme en Belqique).
Captation, comme l'a dit Noam Chomsky, par la propagande ("La propagande est aux démocraties ce que la violence est aux dictatures") ou fabrication du consentement.
Et pourtant, presque tout le monde s'en fout.
Vous ne me croyez pas ?
Allez donc admirer l'ardeur de la transhumance quotidienne vers les centres commerciaux...
Comme l'écrivait Jack London, "J'aspire à l'avènement d'une époque où l'homme réalisera des progrès d'une plus grande valeur et plus élevés que son ventre, où il y aura pour pousser les hommes à l'action un stimulant plus noble que le stimulant actuel, qui est celui de leur estomac." (Ce que la vie signifie pour moi, 1905).
Le même Jack London qui, l'année de sa mort, faisait dire à un de ses personnages : "La plupart des hommes sont des imbéciles, et c'est la raison pour laquelle il faut se préoccuper des rares hommes qui sont sages" (Les Ossements de Kahekili, 1916).
Rien de nouveau sous le soleil.
Sauf que le gouvernement des imbéciles par d'autres, tout aussi imbéciles mais plus rusés, pourrait bien échoir bientôt aux "rares hommes qui sont sages"... Faute de sous pour acheter la paix civile, faute d'idées pour remplacer les sous. Mais n'anticipons pas.
Le premier principe d'un système de domination accepté de bon gré par les dominés, c'est de revêtir une apparence innocente. En d'autres termes, d'être invisible ou, au moins, de passer inaperçu.
En matière politique et donc, également, économique (car si, dans le passé, l'économie a toujours été subordonnée au politique, de nos jours, elle se confond avec lui au point qu'on parle de "gérer" un pays...), il s'agit, en pratique, de transposer au réel un principe ternaire.
C'est la bonne vieille dialectique (souvent considérée, à tort, comme hégélienne), la trinité "thèse-antithèse-synthèse", détournée par nos modernes satrapes, qu'ils soient marxistes ou libéraux.
Le principe en est simple et déclinable à l'infini, suivant les orientations propagandiques de chaque composante du système de domination et à tous les étages de celui-ci.
Par exemple, il a été résumé par François-Bernard Huyghe, en ce qui concerne les néo-conservateurs nord-américains, comme étant "un usage sans complexe de la force au service d’un usage moral du pouvoir".
Autrement dit, "l'Occident est pacifique et bon et doit être préservé" (thèse), "l'Irak est mauvais car il soutient Al Qaïda qui attaque l'Occident" (antithèse), "donc nous devons taper sur l'Irak même si nous sommes pacifiques" (synthèse).
Cette dialectique est utilisée pour convaincre un maximum de gens, et ça marche (si vous en rigolez rétrospectivement, rappelez-vous quand même le nombre d'Américains, et même d'Européens, convaincus par les diatribes relatives à "l'Axe du Mal" et aux "armes de destruction massive").
L'outil est articulé, avec le soutien des médias, pour disqualifier tout contradicteur.
Comment, vous ne croyez pas que l'Occident soit intrinsèquement bon ? C'est donc que vous êtes un soutien aux fondamentalistes musulmans, ou au moins un idiot utile !
Comment, vous ne croyez pas que l'Irak soutienne Al Qaïda et possède des armes de destruction massive ? Vous n'avez pas vu ce qu'ILS ont fait au World Trade Center ? C'est donc que vous êtes un naïf, ou un sans coeur !
Comment, vous ne croyez pas qu'il faille taper sur l'Irak ? C'est donc que vous avez l'ensemble des deux défauts précédents !
Bref, vous êtes prié de croire que c'est nous les bons et eux, les méchants.
Si vous dites "menteurs", vous êtes un con et un salaud.
CQFD.
En fait, c'est encore beaucoup plus rusé que ça.
En tant que Français, vous vous êtes dit, en voyant Villepin à l'ONU, s'opposer à une intervention militaire en Irak : "Ah, le brave homme !" ou, au moins : "Ouf, en France au moins, nous ne tombons pas dans l'excès bushiste !"
Que nenni. Poudre de perlimpinpin.
Pensez-vous vraiment que ce bon Galouzeau, apparemment intègre et droit puisque s'opposant à la saloperie bushienne, se souciait réellement de l'Irak ?
Et à supposer qu'il s'en fût soucié, que sa bravade onusienne mettait en cause, en quoi que ce soit, non seulement, concrètement, le principe même de l'attaque mais, surtout, l'adhésion de Villepin au système de domination et à son fonctionnement ?
Un indice : ce personnage est un copain d'Azouz Begag, sympathique allogène, ancien ministre, qui vient de rejoindre son très désintéressé mouvement République Solidaire et avait déclaré, en 2005 : "il faut traverser le périphérique, aller chez les indigènes là-bas, les descendants de Vercingétorix... Il faut casser les portes et, si elles ne veulent pas s'ouvrir, il faut y aller aux forceps. Partout où la diversité n’existe pas, ça doit être comme une invasion de criquets, dans les concours de la fonction publique, dans la police nationale… Partout, de manière à ce qu’on ne puisse plus revenir en arrière".
Passons.
Il faut bien comprendre qu'une telle collusion n'est pas isolée.
Bien au contraire, elle est emblématique.
Emblématique aussi, et bien davantage encore, le financement de la Révolution russe et de l'URSS par la haute finance et les grandes entreprises occidentales.
Tout autant que les fondamentaux consanguins du gauchisme et du libéralisme économique.
Non moins que le prétendu clivage entre "droite" et "gauche", dont l'effacement ridiculise l'obstination avec laquelle l'establishment essaie encore de faire croire au droitisme des libéraux, comme au souci du peuple de la gauche internationaliste.
Le libre-échangisme international provoque-t-il des délocalisations, des fermetures d'entreprises, des baisses de salaires ? Le volet social et public du "libéralisme" est là pour prendre en charge les chômeurs et les accompagner dans leur déchéance, en collectivisant donc les pertes dues à l'initiative privée.
La bureaucratie nationale ou européenne freine-t-elle le développement des multinationales ? Le volet libéral du "socialisme" se fait un devoir de pousser à la roue de l'immigration, en finançant celle-ci avec l'argent des travailleurs-contribuables, qui subissent ainsi une seconde pression déflationniste sur leurs salaires.
La "gauche" accusera la "droite" d'horreurs concurrentielles et libérales, sans toutefois s'attaquer à son internationalisme destructeur des peuples et de leur prospérité, contribuant ainsi aux profits du capital.
La "droite" taxera la "gauche" d'infâmies bureaucratiques et collectivistes, sans s'en prendre au financement public des conséquences du libre-échange, puisque l'idéologie qui motive les aides publiques sert les intérêts marchands.
Et pour cause, puisque "droite" et "gauche" sont en toc.
Car, comme l'illustre la fabrication, par l'Angsoc, du faux ennemi Goldstein, dans "1984" d'Orwell, la dialectique du système de domination emploie des adversaires qui n'en sont pas.
Libéralisme et collectivisme, droite et gauche, toujours les deux mâchoires de la même tenaille.
Tentez d'éviter l'un et vous aurez l'autre. A tour de rôle.
De toute manière, on ne vous proposera jamais que l'un ou l'autre.
Voire, un repoussoir (les "extrêmes") censé incarner la dictature, mais qui n'a pas la moindre chance d'hériter du pouvoir.
L'oligarchie cosmopolite qui a confisqué celui-ci, n'entend pas laisser quiconque sortir de son système.
Ses armes, les seules : l'argent et la connerie de la foule. Les deux lui sont indispensables.
Il est illusoire d'espérer voir diminuer la connerie, mais quant à l'argent...
00:34 Écrit par Boreas dans Economie, Histoire, Politique, Société | Lien permanent | Tags : démocratie, élections, dialectique, dictature, noam chomsky, propagande, jack london, système, george orwell, de gaulle, françois-bernard huyghe, azouz begag, villepin | Facebook | | Imprimer | |
13/08/2010
Avant la tempête
Ouh la la, le titre... Ouh la la, la photo...
Ça commence mal.
C'est qu'il ne faut pas, paraît-il, effrayer l'investisseur, le rentier, la ménagère de moins de cinquante ans, les agences de marketing, les Bisounours adeptes du vivre-ensemble, le ban et l'arrière-ban de la bien-pensance autosatisfaite.
Imaginez : vous êtes sur une plage, au mois d'août, à vous dorer la pilule en étudiant malgré vous l'anatomie de cette fraction séduisante de la gent féminine qui vous empêche de lire tranquillement le dernier Marc Lévy.
Soudain, se fait entendre une voix grave au micro des Maîtres Nageurs Sauveteurs : "Votre attention, s'il vous plaît. Une lame de fond née d'un séisme sous-marin se dirige vers la côte. Veuillez vous éloigner immédiatement de la plage."
Affolement général. Hurlements. On détale. La gracieuse gent féminine fait preuve d'un style de course douteux mais d'une vitesse insoupçonnée, des parents apeurés appellent anxieusement leurs enfants égaillés, vous-même vous dressez d'un bond pour ramasser précipitamment vos affaires, vous trébuchez dans le sable mou...
Merde alors !
Non non, pas possible, nous vivons dans une société de précaution, de prévention, d'hyperprudence... "Fumer tue". "Pour votre sécurité, contrôles automatiques". "Apprenez-lui le caniveau". "Méfiez-vous des idées qui puent."
Ça ne peut pas être vrai. Enfin si, mais ça ne peut pas être aussi grave.
Allez, vous reculez d'une petite dizaine de mètres, vous gagnez un ou deux mètres d'altitude, ça suffira. Et puis, le spectacle d'un petit raz-de-marée, ici... Mmmhhh, un spectacle gratuit, c'est excitant... S'passe jamais rien, alors...
Et là, vous entendez un grondement du côté de l'océan. Ça monte, ça enfle. Comme le bruit d'un train qui approche.
Et puis... vous la voyez. Elle se lève, haute comme... comme un immeuble de dix étages.
Oups.
Depuis le 15 septembre 2008, vous connaissez l'existence d'une "crise financière" mondiale. Même la télé en a parlé, c'est dire si c'est vrai.
Mais c'est fini. Enfin, de toute façon, elle était seulement "financière", la crise, elle ne concernait que de l'argent invisible, des chiffres de banquiers, alors vous ne l'avez pas sentie. Elle ne vous a pas empêché d'acheter une Mégane neuve en profitant de la prime à la casse, ni de partir en vacances.
Au boulot, vous aviez bien perçu comme une petite crispation, entre le Responsable Commercial qui a piqué sa... crise, sur les objectifs non atteints - mais bon, comme chaque année, hein -, et la Direction qui a ferraillé avec les Syndicats refusant un gel des salaires.
Mais c'est la reprise, maintenant, pas vrai ? Tout le monde le dit, à commencer par le gouvernement, l'OCDE, le FMI...
La Chine et sa croissance à deux chiffres... Les Etats-Unis repartent et annoncent le redécollage des économies occidentales... La crise grecque, terminée ; l'Europe a joué son rôle.
"Tout-va-bien", répétez après moi...
Eh bien, désolé, mais non.
Les économistes Bac + 12 qui n'avaient rien vu venir, même encore le 14 septembre 2008, sont les mêmes que ceux qui, aujourd'hui, vous prédisent cette sacro-sainte reprise.
Les politiciens et les médias qui vous serinaient, il y a deux ans, leur douce berceuse hédoniste, européiste, obamaniaque, orientée "vivre-ensemble", "développement durable" et "soft power", font aujourd'hui comme s'ils s'étaient faits bisser par un public aux anges.
Alors que rien n'est réglé et qu'au contraire, la situation, non seulement financière mais économique, réelle, s'est aggravée. Dette partout, chômage exponentiel, jeunesse désabusée, délocalisations...
Ce ne serait rien, ou presque, si ce problème était le seul.
Rêvons un peu.
Si un quart de notre population n'était d'origine extra-européenne et très majoritairement inassimilable, si nos "élites" n'étaient un tas de cons et de salauds de déconnectés du réel, si la pseudo-Education Nationale n'avait jeté l'instruction publique à la poubelle, si la religion officielle du pékin moyen n'était la déambulation extasiée dans les galeries commerciales, si...
Nous pourrions régler très facilement la question des finances et de l'économie. Reprendre rapidement une existence tranquille et saine, consacrée à "sculpter [notre] propre statue" (Plotin), dans la culture et la pérennité de nos traditions.
D'ailleurs, la crise ne serait même pas née.
Les banquiers, sale race de parasites inutiles, n'existeraient peut-être même pas, la monnaie serait uniquement un instrument d'échange et non de profit ; bref, "l'intendance suivrait", comme dans toute société normalement organisée.
Pourquoi cette désagréable nécessité de s'intéresser à la finance et à l'économie, disciplines des plus ennuyeuses et des plus indignes d'un homme de goût ?
Tout simplement parce que le Système périt par où il a péché et qu'à la racine du problème, de tous les problèmes modernes, il y a l'avidité, l'esprit de lucre, l'appât du gain. Moteur remplaçant de toutes les fois déchues, outil de confort, d'épaisse et consolante matérialité.
Certes, ce n'est pas là que les nostalgiques et les idéalistes attendent leur espoir de révolution. Mais c'est bien de là qu'il pourrait naître.
Alors, il faut bien essayer de comprendre, et tant pis si on manque de diplômes en pseudo-sciences pour scruter les arcanes fêlés de la Grande Boutique qui prétend nous apporter bonheur et prospérité.
Pour le moment, prière de le croire, rien ne paraît irrémédiable. Rien n'a l'air fichu, rien ne semble perdu pour les amateurs de notre belle civilisation baignée d'eau de rose consumériste et global-villagiste.
A regarder le journal de vingt heures, à lire les journaux, à twitter et facebooker gentiment dans le cyber-espace, il ne s'est presque rien passé. Crise virtuelle aussi, finalement. Ça va repartir à la hausse. "Tout-va-bien", on vous dit.
S'il n'y avait quelques illuminés, comme Philippe Grasset et Patrick Reymond, pour insinuer perfidement que le leader métisso-présidentié de l'Occident, du monde libre, annonciateur de la grande partouze parousie planétaire, est en plein effondrement, c'est qu'on y croirait presque, à l'inéluctabilité de cette ouate médiatiquement annoncée, bercé qu'on est par la douce quiétude de ce mois d'août...
Vous y croyez, vous ?
Pas moi.
Je pense même que la plus grande crise de système et de civilisation, depuis deux bons siècles, notre seul espoir de réveil et de rétablissement, a déjà commencé.
Et que la principale confirmation en est que toute l'officialité s'escrime à nous persuader du contraire.
Sur la plage, au mois d'août...
19:33 Écrit par Boreas dans Crise, Economie, Politique, Société | Lien permanent | Tags : reprise, croissance, propagande, médias, etats-unis, usa, patrick reymond, philippe grasset, france, europe, chine, économistes, politiciens | Facebook | | Imprimer | |